La Passion de l'Église

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  • La canonisation de Jean-Paul II : une "si grande contradiction" (He XII, 3).

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Faire enfin le point exact sur l'unicité pontificale aux temps ecclésiaux de Benoît et... de François

 
 
Faire enfin le point exact sur l'unicité pontificale
aux temps ecclésiaux de Benoît et... de François
               
               
        L'association "Terre et famille", de mouvance conservatrice, vient de faire, hier 27 février, l'envoi collectif par courriel, dont j'ai été l'un des destinataires, d'une vidéo exposant la thèse pontificale survivantiste du journaliste italien Andrea Cionci, sans un mot d'accompagnement. On trouvera cette vidéo au lien suivant : https://terre-et-famille.fr/dies-irae-rien-que-la-verite-sur-la-demission-de-benoit-xvi/.
               
        Bien qu'ayant déjà réfuté en règle la thèse survivantiste, qui s'avère n'être en fait qu'une sorte de sédévacantisme original mais illuministe, dans plusieurs articles fort charpentés et construits (cf. notamment : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/12-refutation-de-la-these-survivantiste & https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/encore-du-survivantisme-pontifical?Itemid=1), articles de fond que, bien entendu, ceux qui devraient les lire pour se convertir ne lisent pas parce qu'ils ont peur de... se convertir, j'ai cru devoir à nouveau, une fois visionné un peu par pénitence cette vidéo, rembarrer succinctement et à chaud les faux raisonnements qui y sont exposés, en les réduisant à rien par l'exposé simple de la vérité catholique qu'ils contredisent. Donc, j'ai envoyé un petit courriel de réponse hier à cette association "Terre et famille", ainsi rédigé :   
               
        "Bonjour,
               
        "La thèse exposée sur cette vidéo est radicalement fausse, quoique possédant un fond de vérité.
               
        "Elle est fausse pour deux raisons essentielles :
               
        "1/ Benoît XVI n'était pas du tout un traditionaliste au niveau de la Foi, mais seulement un conservateur parmi les modernistes. Il est donc en soi parfaitement faux de le voir comme un pape tradi défenseur de la Foi catholique intégrale et subissant le martyre pour cela, en fallacieuse opposition dialectique avec le pape François qui, lui, attaque la Foi, comme faisant parti des méchants. Vous le comprendrez en lisant mon dernier article : ‌https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/Que%20le%20pape%20Beno%C3%AEt%20XVI,%20MALGR%C3%89%20%20TOUT,%20repose%20en%20paix%20dans%20le%20Christ?Itemid=1.
               
        "2/ Le cardinal Billot, sous Pie XI, l'avait fort bien dit, et il ne faisait là que résumer la Foi catholique la plus certaine en la matière : le criterium premier de la Légitimité pontificale, en avant de tous les autres, est LA RECONNAISSANCE ECCLÉSIALE UNIVERSELLE DE LA QUALITÉ DE PONTIFE ROMAIN SUR TELLE PERSONNE. L'organe juridique pour poser cette dite reconnaissance est le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique des 2/3. Et il pose cet acte de reconnaissance dans la cérémonie solennelle d'intronisation du pape devant toute l’Église, qui suit généralement dans l'octave l'élection conclavique proprement dite du nouveau pape. Or, Bergoglio a dûment et légitimement bénéficié de cet acte de reconnaissance ecclésiale universelle de sa qualité de pape, puisque tous les cardinaux l'ayant posé sur lui en 2013 étaient certainement vrais cardinaux, ayant tous été créés soit par Benoît XVI soit par ses légitimes prédécesseurs. DONC, Bergoglio est pape. Et donc, le raisonnement qui veut le voir comme un antipape est archi-faux, in radice.
               
        "Pour ces deux raisons, la thèse Cionci est théologiquement insoutenable, irrecevable, une seule de ces deux raisons, d'ailleurs, suffirait à la dirimer.
               
        "Cependant, il y a un grand fond de vrai dans cette thèse qui veut voir le pape Benoît comme «pape empêché». Je l'ai expliqué dans plusieurs autres de mes articles, par exemples : http://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/feedback-sur-le-pape-benoit-xvi-ou-le-mystere-de-la-papaute-bicephale-actuelle-eclaire-et-resolu-par-la-passion-de-l-eglise?Itemid=1‌,
               
        "Ou encore :
               
        "Je vous souhaite une bonne et fructueuse lecture de ces trois articles dont je vous mets les liens ci-dessus.
               
        "Passez une bonne fin de journée.
               
        "Vincent Morlier,                
        "Écrivain catholique.                
        "https://www.eglise-la-crise.fr/".               
               
        Puis, le lendemain... c'est-à-dire aujourd'hui même, j'ai réfléchi que réfuter négativement la thèse Cionci n'est pas suffisant, quand bien même c'est nécessaire, il faut de plus expliquer positivement la situation théologique de ce pontificat double que nous ont montré Benoît et François entre 2013 et 2023. Or, ce qui n'est pas très-connu et certainement pas de Cionci, il y a un précédent historique entre deux papes du VIIème siècle, tous deux légitimes et fonctionnant un très-court laps de temps en même temps, qui permet d'exposer la situation théologique précise d'un pontificat fonctionnant en bi-double, à épeler au présent composé. Ce précédent historique permet au catholique de comprendre ce qui s'est passé de nos jours entre Benoît et François, sur le plan de la Légitimité pontificale. Je n'ai pas pensé à le dire hier dans mon courriel, j'ai donc renvoyé un nouveau petit courriel aujourd'hui même à cette association "Terre et Famille", ainsi rédigé :               
               
        "Bonjour,
               
        "J'ai omis, hier, en vous écrivant sur la thèse Cionci, de vous apporter une importante précision, que voici : il y a un précédent historique dans l'Histoire des papes, où l'on a vu deux papes parfaitement légitimes en même temps dans l’Église, et la solution apportée à cette situation par nos Pères dans la Foi nous permet de solutionner aussi notre situation, celle de Benoît et de François. Mais d'abord, voici l'épisode historique :
               
        "«Au mois d'octobre 649, Martin 1er convoqua le célèbre concile du Latran où l'hérésie monothélite fut condamnée. Quatre ans plus tard, le pape fut arrêté [par l'empereur d'Orient, qui favorisait l'hérésie], le 17 juin 653, qui le fit conduire à Constantinople après un an de captivité dans l'île de Naxos. L'enlèvement du pape avait eu lieu dans la basilique constantinienne attenante au Palais du Latran. La soldatesque envahit le saint-lieu, brisant tout sur son passage. Le pontife, malade, fut invectivé par l'exarque, qui lui reprocha de s'être emparé illégalement de ses fonctions et de n'être pas digne d'occuper le Siège apostolique. Condamné à la déposition et à l'exil, Martin fut embarqué le 26 mars 655 pour la Chersonèse où il mourut le 16 septembre suivant, exténué par les privations. Les insultes s'étaient ajoutées aux souffrances. (...) Il fut honoré comme un martyr et sa dépouille mortelle fut ramenée plus tard à Rome où elle repose dans l'église de saint-Martin-des-Monts. À l'automne de 654, saint Martin avait écrit de Constantinople que son exil ne justifiait pas l'élection d'un successeur et que l'archidiacre, l'archiprêtre et le primicier, ou chef des notaires apostoliques, devaient être tenus pour ses représentants pendant son absence [ces dignitaires ecclésiastiques étaient les ancêtres des cardinaux les plus importants, chefs d'ordre]. Aussi, les romains, qui ne voulaient pas qu'on leur imposât un pape monothélite, avait-ils attendu jusqu'au 10 août 655 [donc : avant la mort du pape Martin 1er] pour faire élire [pape] et consacrer le saint clerc Eugène 1er. Martin ne protesta point, se contentant de prier pour que le nouveau Pontife fût préservé de toute hérésie. Tant que vécut Martin, Eugène ne pouvait être tenu pour le Pape légitime, mais à sa mort, il lui succéda sans difficulté. Il se montra aussi ferme que ses prédécesseurs, repoussant toute concession aux professions de foi byzantine favorisant l'hérésie monothélite, etc.» (Histoire des papes illustrée, Gaston Castella, t. I, p. 123).
               
        "Il est facile de voir l'impressionnant parallèle avec notre situation pontificale Benoît-François. Le saint pape Martin fut mis par les méchants dans l'impossibilité d'exercer le ministerium (= "faire le pape", comme dit le chroniqueur de la vidéo que vous avez envoyée hier à vos correspondants), quoique restant le pape véritable de l'Église en possession du munus (= "être le pape", redit-il dans sa vidéo). Exactement comme Benoît fut mis lui aussi dans l'impossibilité d'exercer son ministerium, tout en gardant le munus. Cependant, pour remplacer les deux papes «empêchés», afin de permettre au ministerium pontifical d'être toujours mis en œuvre et en activité dans l'Église, ceux qui ont pouvoir et mandat divins de le faire ont alors élu deux nouveaux papes, et, ce faisant, ils n'ont pu le faire qu'en leur communiquant obligatoirement, de droit divin, le munus (car il est rigoureusement strictement impossible, théologiquement, de mettre en oeuvre le ministerium si l'on n'est pas en possession du munus) : Eugène pour remplacer Martin, et François pour remplacer Benoît. Or, notez bien que «Martin ne protesta point» contre l'élection pontificale d'Eugène... de même que Benoît n'a pas protesté, et il ne l'a jamais fait, contre l'élection pontificale de François. Martin se contenta et se cantonna juste à un devoir de prière pour celui qui le remplaça dans le ministerium... et, là encore, ce fut très-exactement la même fort édifiante attitude qu'adopta le pape Benoît envers François, beaucoup plus édifiante encore, d'ailleurs, de sa part, que chez le pape Martin (car Eugène qui remplaça Martin était dans le camp ami et du même parti catholique que Martin, tandis que François qui remplace Benoît est dans le camp ennemi qui persécuta Benoît).
               
        "Car, comme je vous le disais hier dans mon courriel, ce qui fait qu'un pape est vrai pape est, d'abord et en avant de toutes autres conditions, qu'il soit désigné par l'Église Universelle pour l'être, c'est la règle prochaine et le droit divin de la Légitimité pontificale. Or, Eugène est légitimement désigné par l'Église Universelle représentée par l'unanimité des grands-clercs romains de l'époque pour remplacer Martin... et François, de nos jours, est légitimement désigné exactement de même par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique représentant l'Église Universelle, pour remplacer Benoît. ILS FURENT DONC TOUS DEUX, EUGÈNE ET FRANÇOIS, DÈS QUE FUT POSÉ SUR EUX L'ACTE DE RECONNAISSANCE ECCLÉSIALE UNIVERSELLE DE LEUR QUALITÉ DE PAPE, TRÈS-CERTAINEMENT VRAIS PAPES, VERUS PAPA, C'EST-À-DIRE EN POSSESSION DU MUNUS. Quand bien même, très-anormalement et contradictoirement eu égard à la Constitution divine de l'Église, les papes «empêchés» qu'ils remplaçaient gardaient eux aussi la possession dudit munus. Mais puisque un seul pape peut être en possession actuelle du munus, les nouveaux papes Eugène et François, tant qu'ont vécu leurs prédécesseurs «empêchés» Martin ou Benoît, ne purent être tenus que comme papes virtuels. Ils ne furent vraiment pape que lorsque leurs prédécesseurs «empêchés» moururent : «À sa mort [de Martin], il [Eugène] lui succéda [comme vrai pape] SANS DIFFICULTÉ». Et de même pour notre situation à nous, François n'étant, comme Eugène, que pape virtuel tant que Benoît vécut, il lui succéda comme vrai pape sans difficulté lorsque Benoît mourut. Et tous les actes pontificaux posés par Eugène et François sous le mode d'un "munus passif" dû au fait que leurs prédécesseurs "empêchés" vivaient encore, prennent rétroactivement tous leurs effets, pleins et entiers, lorsque, à la mort de Martin et de Benoît, ils deviennent ipso-facto actifs. Par exemple, la création des cardinaux par François avant que Benoît ne meure, par un munus sous mode passif, devient effective et réelle sans autre forme de procédure, dès que Benoît meurt : ils sont dès lors vraiment cardinaux, par le seul fait que le munus de François, de passif, devient actif à la mort de Benoît.
               
        "Si donc, pour conclure d'une manière générale, il est possible de dire que François ne fut pas pleinement pape en 2013, n'étant alors que pape virtuel, il l'est désormais maintenant, depuis que Benoît est mort le 31 décembre 2022. Et il l'est ipso-facto, c'est-à-dire par le fait même de la mort de Benoît, sans qu'il soit besoin d'aucune autre procédure canonique ou théologique supplémentaire de légitimation de sa Charge pontificale, l'ayant reçue dûment dès son intronisation en 2013 ; Eugène succéda à Martin de la même manière, par le seul fait ipso-facto de la mort de Martin.
               
        "Il nous faut donc bien saisir ceci. En fait et en droit, Martin et Eugène ne furent qu'un seul pape, certes pendant un très-court laps de temps, seulement un bon mois, et il en fut de même de nos jours pour Benoît et François, pour un laps de temps cette fois-ci beaucoup plus long, neuf années. Benoît avait donc fort bien raison de dire sans cesse, pendant ces neuf longues années, très-intelligemment : «IL N'Y A QU'UN SEUL PAPE» sans JAMAIS préciser la personne humaine, de lui ou de François, endossant cette unicité pontificale. Et si on l'avait obligé à préciser, il aurait fallu qu'il nomme, et François, et lui-même, Benoît. Exactement de la même manière qu'aux temps de l'hérésie monothélite, il n'y avait qu'un seul pape, dans un laps de temps certes beaucoup plus court que les neuf longues années de Benoît et de François, seulement un mois bien tassé, du 10 août 655 au 16 septembre 655, et c'étaient à la fois Martin et Eugène...
               
        "Voilà. Fin de ma démonstration.
               
        "Je ne sais pas comment contacter Cionci, n'arrivant pas à trouver son e-mail même sur son blog (...?), mais il serait bon qu'il prenne connaissance de cette démonstration que je viens de faire, qui montre l'inanité complète de sa thèse et sa fort dangerosité pour la Foi (c'est en effet du sédévacantisme à la fois hérétique et schismatique, à vocation sectaire certaine), Foi catholique que nous devons entretenir en nous pure de tout illusionnisme sédévacantiste hérétique, de tout illuminisme schismatique Petite-Église, qui pourrait mettre gravement en péril notre salut si nous y accrochions notre âme.
               
        "Passez une excellente journée sous le regard de Dieu, en ce saint temps de Carême.
               
        "Vincent Morlier,                
        "Écrivain catholique.                
               
         Cette situation pontificale qui fonctionne un temps au présent composé est de toutes façons une situation tout-à-fait extra-ordinaire, qui ne peut avoir pour cause qu'une très-grande contradiction subie et vécue de force par l'Église. Prenons bien conscience que l'écartèlement qu'elle manifeste va presque à renverser la Constitution divine de l'Église fondée par le Christ. Et, quant à nous qui vivons la fin des temps, qui l'avons vu exister pendant neuf longues années interminables fort significatives, très-loin du seul mois où elle a existé fugitivement et comme en passant au VIIème siècle, elle ne peut vraiment se comprendre que par "LA PASSION DE L'ÉGLISE", ainsi que je l'ai expliqué il me semble aux mieux dans l'article Feedback sur le pape Benoît XVI, etc., qu'on pourra consulter au lien Internet rappelé ci-dessus.
               
        Je souhaite un très-bon temps pénitentiel de Carême à mes lecteurs.
 
 
En la fête de saint Romain, martyr,
ce 28 février 2023.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
Basilica dei Santi Silvestro e Martino ai Monti
 Basilique mineure Saint-Martin-des-Monts (Rome)
où repose le saint pape martyr Martin 1er (v. 600-655)
 
 
 
 
 
 
28-02-2023 17:53:00
 

Que le pape Benoît XVI, MALGRÉ TOUT, repose en paix dans le Christ

 
 
 
 
 
Que le pape Benoît XVI,
MALGRÉ TOUT,
repose en paix dans le Christ
               
               
        ... Malgré tout ?, qu'est-ce à vouloir dire ? Malgré tout quoi ?
           
        Éh bien, premièrement, malgré la Foi pour le moins extrêmement mélangée de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, qui fut doctrinalement très-moderniste sous des dehors paradoxalement conservateurs, quand par ailleurs sa piété personnelle et son amour sincère envers Dieu sont restés cependant intacts et même édifiants, sans faille, durant toute sa vie jusqu'à sa mort, de manière certes si grandement contradictoire pour celui qui ne comprend pas "LA PASSION DE L'ÉGLISE", qui ne comprend pas ce que vivent l'Église et les hommes d'aujourd'hui...
           
        Et puis, secondement, malgré la cérémonie de ses obsèques, que le pape François a visiblement volontairement bâclée et même saccagée le plus que cet énergumène de pape, pardon, a pu faire, d'une manière absolument honteuse, scandaleuse, et on peut même dire sacrilègement attentatoire à la dignité de l'église de Rome, mère universelle de toutes les églises. Benoît XVI avait vraiment de quoi s'en retourner dans son cercueil...
           
        Il me semble intéressant, pour le bon entretien de notre Foi en ce début d'année 2023 qui enregistre le rapide rappel à Dieu du pape crucifié (certains parlent de pape empêché, et la formule n'est pas du tout mauvaise si on sait ne pas lui donner une connotation sédévacantiste...), de mettre un peu l'accent sur ces deux points importants dans ce nouvel article, tout en tâchant de situer la place spirituelle de Joseph Ratzinger-Benoît XVI dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Je l'ai certes déjà fait en profondeur dans plusieurs de mes articles (très-notamment dans celui-ci : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/feedback-sur-le-pape-benoit-xvi-ou-le-mystere-de-la-papaute-bicephale-actuelle-eclaire-et-resolu-par-la-passion-de-l-eglise?Itemid=1), mais il convient, dans l'occasion de son rappel à Dieu, de le refaire à nouveau.
           
bon Pasteur chapelle du Carme Marienthal Alsace  
Que Jésus, le Bon Pasteur, fasse miséricorde
à l'âme de Joseph Ratzinger-Benoît XVI,
enfermée dans les ronces du modernisme !
  
           
        Quant au premièrement, il n'est que trop vrai que Joseph Ratzinger-Benoît XVI a eu en effet une Foi extrêmement moderniste sur le plan doctrinal.
           
        Et c'est hélas dès son jeune âge sacerdotal qu'on perçoit cette déviance gravissime dans son esprit. En juillet 1953, il a vingt-sept ans et est prêtre depuis deux ans, il devient docteur en théologie et prépare alors sa thèse d'habilitation afin de devenir professeur d'université. Or, dans son travail de thèse, "il développe l'idée que la Révélation est «un acte dans lequel Dieu se montre», mais cette Révélation ne peut se réduire aux propositions qui découlent des penseurs néo-scolastiques. En effet, pour Joseph Ratzinger, la Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté» (Benoît XVI, le choix de la Vérité, George Weigel, 2008, p. 233)". Autrement dit, dans l'acte premier de la Révélation et non dans la phase seconde de sa réception, l'homme compte métaphysiquement autant que Dieu. Cette conception de la Révélation fut à juste titre vivement critiquée par son co-directeur de thèse, Michel Schmaus, comme étant moderniste. Joseph Ratzinger fut alors obligé de revoir son travail en y supprimant cette doctrine moderniste sur la Révélation, ce qu'il fit ; et cela lui permit d'obtenir son habilitation, qui lui fut accordée le 21 février 1957, il a à peine trente ans, puis il fut nommé maître de conférences à l'université de Munich. Mais il est trop évident qu'il ne s'est pas du tout converti de cette pensée moderniste sur la Révélation qu'il a formulée dans sa thèse d'habilitation et qu'on l'a obligé d'y retirer, la suite le démontrera très-rapidement, comme nous allons le voir tout-de-suite, notamment lorsque Joseph Ratzinger collaborera quelques courtes années plus tard, dans le cadre de Vatican II, avec un certain Karl Rahner (suivez mon regard) pour élaborer tous deux un schéma sur la Révélation qu'ils auraient bien voulu voir adopter par les Pères conciliaires...
           
        Or, cette pensée moderniste fondamentale sur la Révélation, "thème de prédilection du principal conseiller du cardinal [Frings] de Cologne, Joseph Ratzinger" (Joseph Ratzinger dans la tourmente de Vatican II, Blandine Delplanque), est à mon sens le péché originel qui va faire germer en rejetons d'icelui toutes les subséquentes déviances hétérodoxes de Joseph Ratzinger puis du pape Benoît XVI, qui seront trop nombreuses par la suite dans tous les domaines, œcuménique, biblique, liturgique, dogmatique, ecclésiologique, etc., dont je vais éplucher quelques-unes plus loin dans mon travail, sans, hélas, aucunement prétendre à l'exhaustivité.
           
        Je vais rester un bon bout de temps sur cette pensée moderniste de fond de Joseph Ratzinger quant à la Révélation, car elle est en effet extrêmement grave et hétérodoxe, en voulant, dans un premier temps, mettre à rang d'égalité l'ontologie humaine avec l'Être Transcendant de Dieu, extrinsèque à l'homme, puis, en dernière étape obligée du processus métaphysique, en opérant carrément la supplantation luciférienne du Dieu Transcendant par l'homme, ce que ne voulaient sans doute pas tous ceux qui l'ont professée au départ sans prendre conscience de toutes ses ultimes implications (et sûrement pas Joseph Ratzinger), mais sans pouvoir empêcher que, par une dynamique obligée, elle n'aboutisse in fine jusqu'à cette supplantation métaphysique terminale luciférienne et antichristique du Dieu véritable par l'homme.
           
        Car bien développée dans toutes ses conséquences ultimes, cette pensée moderniste sur la Révélation est en effet pas moins que L'HÉRÉSIE DE L'ANTÉCHRIST. Lorsqu'il paraîtra en ce très-bas monde pour la punition des hommes, l'Antéchrist-personne ne fera rien d'autre que la mettre en œuvre radicalement sans y rien rajouter en terme de perversité doctrinale. On ne peut pas aller plus loin, en effet, dans la perversité hérétique, que cette pensée moderniste le fait. La raison métaphysique en est fort simple. Si je mets deux dieux à rang d'égalité et ensemble dans un même cosmos comme le veut Joseph Ratzinger pour la Révélation, alors, pour rester dieu, l'un va automatiquement et obligatoirement phagocyter l'autre. Car un dieu ne peut souffrir un autre dieu à côté de lui dans un même cosmos, sous peine de ne plus pouvoir être et s'appeler dieu. Certes, du côté de Dieu Transcendant, Trine, Lui n'anéantit pas le dieu-homme ou déité qu'Il a créé. Mais c'est parce qu'il est Amour substantiel (I Jn IV, 8). Et l'Amour substantiel, au contraire d'anéantir le dieu-homme, va le transformer, épanouir sa déité jusqu'à le rendre semblable à Lui, Dieu Amour Transcendant, l'assimiler à Lui, véritablement le convertir par inhabitation en sa propre Substance d'Amour super-essentielle, pour l'Éternité bienheureuse. Mais du côté du dieu-homme taré du péché originel, si on le met à rang d'égalité avec le Dieu Transcendant comme le fait le moderniste, alors, puisque lui n'est pas Amour substantiel, il va anéantir en lui le Dieu Transcendant, pas forcément d'ailleurs par haine, du moins au départ, mais juste pour rester dieu dans son cosmos. C'est précisément là la phase terminale de la pensée moderniste : phagocyter radicalement le Dieu Transcendant par et dans l'homme-dieu ou déité. Or, ce péché "qui perce la voûte des cieux" (Secret de La Salette), le plus grave qui puisse être commis par la créature de Dieu, est celui qui a été commis au tout début des temps par l'ange rebelle, Lucifer, et il sera commis à nouveau par l'Antéchrist-personne à la toute-fin des temps, dont le règne maudit s'annonce de nos jours à la terre de manière pressante et imminente, précisément, signe topique indéniable, par l'apostasie moderniste qui s'épanouit affreusement et universellement non seulement parmi les enfants des hommes mais parmi les plus grand'clercs de l'Église... jusqu'au pape légitime sur le Siège de Pierre, depuis Vatican II.
           
        Cette pensée de fond est en effet, sous différentes formes inchoatives plus ou moins abouties, le dénominateur commun de tous ces théologiens modernistes-progressistes, majoritairement allemands et français ou pays voisins, qui grouilleront ensemble dans la vie de l'Église pendant les années pré-conciliaires, et auxquels, d'instinct, s'affectionnera et s'acoquinera rapidement, avec une très-grande conviction et un très-grand enthousiasme, notre jeune théologien Joseph Ratzinger : les Henri de Lubac, qui sera un de ses maîtres à penser, les Hans Urs von Balthazar, les Hans Küng même, avec lequel il se séparera certes plus tard, mais non pas sur le fond, seulement sur les conséquences extrêmes professées par Küng entées sur leur hérésie de fond, qui, quant à elle, leur est et restera commune. Lorsque Vatican II s'ouvre, ils s'entendent effectivement tous admirablement bien comme cul et chemise dans leur projet fervemment souhaité, ardemment entretenu, de modernisation de l'Église, en témoigne par exemple "Yves Congar qui écrit dans son Journal du concile : «Heureusement, il y a Ratzinger. Il est raisonnable, modeste, désintéressé, d’une grande aide», ou encore Henri de Lubac, qui définit Ratzinger comme un «théologien aussi pacifique et bienveillant que compétent»" (Ratzinger au concile Vatican II, Robert Cheaib). En 2013, le pape Benoît XVI, officiellement démissionnaire du Souverain pontificat, fort loin d'être dégrisé de ce compagnonnage illuministe de ses bouillonnantes années pré-conciliaires et conciliaires (il ne s'en dégrisera hélas jamais), se félicitera encore et toujours d'avoir, à Vatican II, "connu de grandes figures comme le Père de Lubac, Daniélou, Congar, etc." (Discours de Benoît XVI au clergé de Rome, 14 février 2013 ; cf. http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2013/february/documents/hf_ben-xvi_spe_20130214_clero-roma.html).
           
        Le plus puissamment illuminé de tous ces progressistes-modernistes et comme leur chef de file, est évidemment le trop célèbre Karl Rahner (1904-1984). C'est lui qui va désenvelopper la pensée moderniste dans ses caractères les plus radicaux et abominablement clairs, hérétiquement clairs, comme je vais le montrer tout-à-l'heure. Or, il n'est pas banal ni anodin que Rahner choisisse le théologien bavarois, Joseph Ratzinger, qui fut son élève et disciple, comme meilleur collaborateur de sa pensée moderniste pour l'infuser dans Vatican II. Quand le concile arriva, dans ses travaux, au décret sur la Révélation, qui deviendra Dei Verbum, nos deux penseurs modernistes qui avaient tous deux été nommés peritus, c'est-à-dire experts officiels du concile nommés et agréés par le pape, arriveront presque à faire passer la doctrine moderniste que Joseph Ratzinger avait formulée en 1957 comme on l'a vu, en préparant ensemble, tous les deux, un texte devant remplacer le défunt schéma De Fontibus présenté par le cardinal Ottaviani au nom de la Curie, basé sur la traditionnelle doctrine des deux sources de la Révélation, l'Écriture sainte et la Tradition, schéma qui avait été refusé par le cardinal Frings auquel s'étaient alliés les prélats progressistes franco-allemands pour faire bloc, et dont il faut noter soigneusement que ce refus ne pouvait qu'être le fruit des consultations que le cardinal allemand avait eues avec le théologien privé qu'il avait amené avec lui dans ses bagages à Rome pour le concile... Joseph Ratzinger.
           
        Remettons-nous devant les yeux ce qu'avait professé notre théologien moderniste en 1957, dans sa thèse pour son habilitation au professorat : "La Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté»". Autrement dit, pour nos modernistes, la personne humaine est métaphysiquement nécessaire à l'existence de la Révélation, ce qui, comme je le disais plus haut, est la mettre à rang d'égalité dans un même cosmos métaphysique avec le Dieu Transcendant. Ce qui signifie que, pour eux, la Tradition ne saurait être une des sources de la Révélation, puisque, définitionnellement, la Tradition n'a pas de personne vivante en face d'elle et ne peut métaphysiquement en avoir jamais ! Tradition, en effet, veut dire : "1/ Doctrine, pratique, transmise de siècle en siècle, originellement par la parole ou l'exemple. La tradition juive, chrétienne, islamique. 2/ Ensemble de notions relatives au passé, transmises de génération en génération. Tradition orale. 3/ Transmission du contenu de la vérité révélée à partir de l'Écriture, par les écrits des Pères de l'Église, les conciles, les écrits des docteurs de l'Église, la liturgie et les documents pontificaux, dans la fidélité à l'action du Saint-Esprit" (Larousse). La Tradition, on l'a compris, est exclusivement de l'ordre du passé. Or, puisque dans le passé il n'y a pas et ne saurait exister de personne humaine vivante, il n'y a donc pas de Révélation par la Tradition pour le moderniste, puisque, pour lui, la personne humaine vivante est théologiquement nécessaire pour que la Révélation puisse exister, Joseph Ratzinger nous l'a formellement dit dans son texte condamné de 1957.
           
        C'est bien pourquoi le moderniste rejette la doctrine traditionnelle de la Révélation basée sur ses deux sources, Écriture et Tradition. Pour lui, il n'y a plus que l'Écriture à compter pour acter la Révélation, à la condition expresse qu'elle soit faite à une personne vivante (car en fait, si on va au fond de son raisonnement, le seul criterium qui compte vraiment pour le moderniste qui a été jusqu'au bout de sa doctrine luciférienne, ce n'est pas Dieu qui fait la Révélation, c'est le sujet-réceptacle, l'homme vivant, qui la reçoit : la première condition métaphysique pour que la Révélation ait lieu, pour lui, est l'homme vivant, avant la condition métaphysique de Dieu, qu'il considère seconde...). Mais comme cette doctrine amputée de la Tradition et donc réduite à l'Écriture ressemble par trop à l'hérétique sola Scriptura des protestants, le moderniste va créer un pseudo-distinguo pour prétendument se démarquer de l'hérésie protestante qui, en réalité, est une absurdité, à savoir le concept de "tradition vivante", la formule n'étant en fait qu'un oxymore aussi absurde qu'un... jour nocturne (mais cela faisait écran de fumée pour les Pères traditionalistes en les rassurant, puisque le mot "tradition" était employé...).
           
        Mais laissons nos modernistes vider eux-mêmes leur sac sur la table : "Le schéma Rahner-Ratzinger affirmera que l’Église dépend de la Parole de Dieu. Les deux théologiens montreront comment l’Église «est gardienne de la Parole de Dieu révélée dans les Saintes Écritures, elle sert cette parole, elle vit de cette parole. En elle, elle trouve sa richesse». Mais le schéma prend aussi des distances par rapport à la formule protestante sola Scriptura puisque «jamais l’Écriture ne se suffit à elle-même, mais c’est seulement dans la Tradition vivante de l’Église qu’elle devient pour nous cette parole vivante de Dieu qui nous appelle de notre dépression à devenir un seul homme nouveau (Eph 2,15)». Il y a un caractère bilatéral qui unit l’Écriture et la Tradition : «L’Église ne peut prêcher autre chose que l’Écriture, mais l’Écriture ne vit que dans la prédication et dans la foi de l’Église, qui la clarifie et en définit le véritable sens par son autorité»" (Ratzinger au concile Vatican II, Robert Cheaib).
           
        Autrement dit, pour fonder et acter la Révélation, il n'y a plus que l'Écriture et ce que nos modernistes veulent appeler par absurde oxymore la "tradition vivante", qui en fait, dans leur concept, est juste le Magistère ecclésial du présent mais à l'exclusion radicale et formelle du Magistère ecclésial du passé. La doctrine moderniste le veut formellement puisqu'elle pose la personne humaine vivante comme nécessaire à la manifestation réelle de la Révélation et qu'il ne saurait y avoir de personne vivante dans le passé. En fait, il faut bien saisir que ce qui intéresse par-dessus tout le moderniste dans le Magistère ecclésial du présent, auquel il fait mine de se soumettre avec force déférence et profonds salamalecs, c'est beaucoup moins l'Autorité de l'Église actuelle, que l'homme vivant de la génération ecclésiale du présent auquel ce Magistère du présent s'adresse. En fait, l'homme vivant SEUL compte pour lui, Dieu, métaphysiquement, ne compte à tout le mieux qu'après (et il en est bien sûr de même pour sa Parole dans l'Écriture ou bien dans le Magistère ecclésial du présent), nous allons en voir tout-à-l'heure l'abominable raison, le pourquoi, avec Karl Rahner... Et il est si entiché de son homme vivant qu'il va jusqu'à tricher avec les textes sacrés ou les écrits des saints, pour le magnifier, le glorifier. On se rappelle le leitmotiv des modernistes au lendemain de Vatican II, ils ne cessaient de rabâcher que "La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant", qu'ils disaient être tiré de saint Irénée de Lyon. Mais la vérité, c'est que ce grand docteur des tout premiers siècles chrétiens avait écrit : "La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant ; la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu" (Contra Haereses, IV, 20, 7). Il n'y a donc pas de vie de l'homme sans qu'il contemple Dieu, et donc c'est Dieu qui est en première cause métaphysique de l'homme vivant, comme le dit si bien le grand saint Irénée, exactement contrairement à ce que professe en luciférien le moderniste quand il professe quant à lui en rester à l'homme vivant seul...
           
        Et c'est cette doctrine moderniste que nos deux compères, Karl Rahner et Joseph Ratzinger, veulent, dans l'élaboration de leur schéma, faire passer aux Pères conciliaires pour qu'ils la promulguent comme document magistériel sur la Révélation. Cependant, ils n'y arriveront pas. En effet, "les critiques [de leur schéma] fusent, notamment de la part des traditionnalistes français, à l’encontre de Joseph Ratzinger et de son ami le théologien Karl Rahner" (Joseph Ratzinger dans la tourmente de Vatican II, Blandine Delplanque). Ou plus exactement dit, ils n'y arriveront... pas tout-à-fait, car le décret final qui fut voté par les Pères de Vatican II, Dei Verbum, est très-fortement incliné vers leur doctrine moderniste : "L’empreinte fortement rahnérienne du document [préparé par nos deux peritus modernistes] empêchera qu’il soit inséré comme base de la discussion conciliaire, même si plusieurs Pères conciliaires soutiennent le texte. Ainsi, ce document disparaîtra explicitement mais il travaillera implicitement les cœurs, comme en témoignent les actes du concile qui attestent combien ce document, ainsi que d’autres facteurs, a contribué à renverser la perspective, qui sera officiellement reconnue dans Dei Verbum" (Ratzinger au concile Vatican II, Robert Cheaib).
           
        Le positionnement moderniste de Joseph Ratzinger est d'ailleurs bien connu des spécialistes, quand bien même ils n'en tirent, par manque de Foi, aucune conséquence. On voit par exemple George Weigel écrire : "La thèse presque avortée de Ratzinger sur Bonaventure et la place de la Révélation de Dieu fut en grande partie reprises par le concile Vatican II, dans la constitution Dei Verbum, qui considère que la Révélation de Dieu n'est pas une simple affirmation de Dieu, mais doit être comprise comme une rencontre de Dieu avec l'homme" (Benoît XVI, le choix de la vérité, p. 346). Mais qu'ai-je besoin d'aller chercher des témoins du modernisme de Joseph Ratzinger, puisque l'intéressé lui-même, devenu pape Benoît XVI, y souscrit encore et toujours, sans aucun complexe ni retour sur lui-même, dans son dernier discours public aux prêtres romains, en 2013 : "C’est seulement si nous croyons que ce ne sont pas des paroles humaines, mais que ce sont des paroles de Dieu, et seulement si le sujet vivant auquel Dieu a parlé et parle vit, que nous pouvons bien interpréter la Sainte Écriture" (Discours de Benoît XVI au clergé de Rome, 14 février 2013).
           
        Pour ne pas faire trop long dans ce nouvel article, je ne ferai pas d'autres zooms sur l'influence moderniste avérée qu'a eue, à bien des carrefours très-importants du concile moderne, Joseph Ratzinger, en compagnie étroite et serrée avec les Rahner, de Lubac et autre Congar, estimant suffisant le petit rappel théologico-historique ciblé que je viens de faire.
           
        Il est trop vrai de dire que Joseph Ratzinger fut un ultra-progressiste, un fieffé moderniste, au concile Vatican II, auquel il se rendait d'ailleurs en costard-cravate (ce qui, du reste, ne lui allait pas du tout), quoique prêtre...
 
 
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        Je disais donc plus haut que Joseph Ratzinger avait pris comme maître à penser, Henri de Lubac. Or, ce jésuite progressiste professait "dès 1946, dans son livre Surnaturel, que l'ordre surnaturel est nécessairement impliqué dans l'ordre naturel. Il en résulte que le don de l'ordre surnaturel n'est pas gratuit puisqu'il est redevable à la nature. En fait, la nature, en raison même de son existence, s'identifie au surnaturel. Dès 1938, dans son livre Catholicisme, il n'hésitait d'ailleurs pas à écrire : «En révélant le Père, et en étant révélé par Lui, le Christ achève de révéler l'homme à lui-même [= c'est-à-dire : comme une surnature, un Dieu, un Christ, nous allons voir tout-à-l'heure Jean-Paul II le dire crûment et sans voile dans son Noël 1978, et Joseph Ratzinger souscrire lui aussi à cette pensée extrême]» (p. 295). (...) Cette conception du surnaturel nécessairement lié à la nature humaine, est aussi clairement proposée par Karl Rahner depuis les années 30" (Pierre, m'aimes-tu ?, abbé Daniel Le Roux, 1988, p. 53). Pour en rester à Henri de Lubac, il n'est pas besoin d'être grand'clerc en théologie pour comprendre la parfaite similitude de doctrine fondamentale entre ce qu'il professe et ce que professe Joseph Ratzinger : si la nature humaine est nécessaire à la Surnature pour que cette dernière puisse vraiment et concrètement exister hic et nunc, comme le professe de Lubac, alors il est évident que la Révélation a nécessairement besoin de l'homme auquel elle s'adresse pour pareillement vraiment et concrètement exister, comme le dira plus tard Joseph Ratzinger.
           
        Mais laissons l'abbé Le Roux continuer sur Rahner. Comme je le disais plus haut, nous allons apprendre de lui ce que les modernistes entendent par l'homme vivant et pourquoi il est le seul à vraiment exister métaphysiquement : "En fait, il dépasse même la pensée du Père de Lubac. Fortement influencé par Hegel, «Rahner se propose surtout d'éclaircir théologiquement les conditions de la possibilité d'une incarnation», de l'aveu même de son plus fidèle disciple, Hans Küng. (...) Dans son ouvrage Teologia dall'incarnazione, écrit en 1967, Rahner affirme tout d'abord que l'essence de Dieu est la même que la nôtre : «Quand le Logos se fait homme... cet homme en tant qu'homme est précisément l'auto-manifestation de Dieu dans son auto-expression. L'essence, en effet, est la même en nous et en Lui ; nous, nous l'appelons nature humaine». D'autre part, l'union hypostatique est un évènement qui a eu lieu «dans et par la conscience humaine. (...) Cette vision immédiate et effective de Dieu, n'est autre chose que la conscience initiale, non-objective, d'être le Fils de Dieu ; et cette conscience est donnée par le seul fait que celle-ci est l'union hypostatique» (Considerazioni dogmatiche sulla scienza et autocoscienza di Cristo, Rome 1967, p. 224). Rahner enseigne même que l'acte de Foi est inutile «parce que, écrit-il dans Teologia dall'incarnazione, p. 119, dans mon essence il y a Dieu ; parce que toutes les actions, c'est Dieu qui les fait. Celui qui accepte son existence, donc son humanité, celui-là, même sans le savoir, dit oui au Christ. Celui qui accepte complètement son être-homme a accepté le Fils de l'homme parce qu'en celui-ci Dieu a accepté l'homme»" (ibid., pp. 53-56). On ne saurait aller plus loin dans la perversion doctrinale que ne le fait le modernisme : c'est dans les dernières déductions métaphysiques qu'on se rend bien compte que le moderniste phagocyte, supprime le Dieu Transcendant en lui pour ne plus considérer que sa propre déité déifiée, surnaturellement veut-il croire, par sa nature d'homme-déité...
           
        Cette pensée moderniste exprimée jusque dans ses conséquences lucifériennes ultimes et extrêmes, je l'ai baptisée personnalisme subjectiviste lorsque je l'ai dénoncée chez Jean-Paul II, dans mon article sur sa canonisation (cf. http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/LaCanonisationDeJeanPaulIIMisEnForme.pdf), car le prédécesseur de Benoît XVI sur le Siège de Pierre l'a moult enseignée magistériellement lorsqu'il fut pape, avec une ardeur d'apôtre incroyable, y revenant sans cesse et le plus souvent possible. C'est pourquoi d'ailleurs, dès qu'ils se découvriront l'un l'autre, Joseph Ratzinger et Karol Wojtyla s'entendront immédiatement formidablement bien et de plus en plus, dans les années post-conciliaires (Ratzinger évoquera "cette sympathie spontanée entre nous, et nous avons parlé (…) de ce que nous devrions faire, de la situation de l'Église" ― Weigel, p. 248), jusqu'à les voir mettre ensemble comme s'ils n'étaient qu'un seul auteur cette pensée moderniste qu'ils professaient dans l'encyclique Veritatis Splendor, rédigée à quatre mains au piano forte et même fortissimo, encyclique bougrement hégélienne que j'ai dénoncée ici : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/veritatis-splendor-l-encyclique-majeure-de-jean-paul-ii-extremement-loin-d-etre-catholique-enseigne-l-heresie-apostasie-de-l-antechrist?Itemid=1.
           
        Si je parle maintenant de Jean-Paul II, dont tout le monde, donc, sait la très-étroite collaboration et l'intime communion de pensée qu'il eut avec Joseph Ratzinger, c'est à dessein, car aucun moderniste ne manifestera la pensée moderniste dans son désenveloppement antichristique lapidaire et radical comme il osera le faire, professant carrément que l'homme a communication des idiomes ou identités théologiques avec Dieu, et donc est Dieu lui-même, ce qui est la dernière déduction métaphysique de la doctrine moderniste comme je l'ai établi plus haut, en totale communion avec Karl Rahner, un de ses principaux maîtres à penser. Il osera le faire dans son message de Noël 1978, ... le jour de Noël !!, son premier Noël pontifical, ainsi :
           
        "Ce message [de Noël] s’adresse à chaque homme, à l’homme dans son humanité. Noël est la fête de l’homme. C'EST LA NAISSANCE DE L'HOMME. L’un des milliards d’hommes qui sont nés, qui naissent et qui naîtront sur la terre. Un homme, un élément de cette immense statistique [... évidemment, si tout homme est le Christ depuis l'Incarnation, alors, la naissance de Jésus-Christ est la naissance de tout homme, Il n'est Lui-même qu'un homme parmi les milliards d'autres !!!...]. (...) Et en même temps un être unique, absolument singulier. Si nous célébrons aujourd’hui de manière aussi solennelle la naissance de Jésus, nous le faisons pour rendre témoignage au fait que chaque homme est unique, absolument singulier. (...) Ce message [de la Noël] est adressé à chaque homme, précisément en tant qu’il est homme, à son humanité. C’est en effet l’humanité qui se trouve élevée dans la naissance terrestre de Dieu. L’HUMANITÉ, LA «NATURE» HUMAINE, SE TROUVE ASSUMÉE DANS L'UNITÉ DE LA PERSONNE DIVINE DU FILS, DANS L'UNITÉ DU VERBE ÉTERNEL, DANS LEQUEL DIEU S'EXPRIME ÉTERNELLEMENT LUI-MÊME. (...) Dans la solennité de ce jour, nous nous élevons aussi vers le mystère insondable de cette naissance divine. En même temps, la naissance de Jésus à Bethléem témoigne que Dieu a exprimé cette Parole éternelle, son Fils unique, dans le temps, dans l’Histoire. De cette «expression», il a fait et il continue à faire la structure de l’histoire de l’homme".
           
        Ce que j'ai mis en rouge, qui est du Karl Rahner craché et théologiquement achevé, et qu'à ma connaissance aucun tradi n'a remarqué en son temps, ce désenveloppement radical et complet, sans voile, de la pensée moderniste que Joseph Ratzinger exprimera à sa façon en 1957 en parlant de la Révélation (mais en allant moins loin, cependant, que Karol Wojtyla dans ce Noël 1978), est tellement é-nhaur-me que cela passe dans les cœurs chrétiens habitués à un langage de Foi véritable de la part du pape, sans que personne ne se rende compte de la prodigieuse hérésie-apostasie ici FORMELLEMENT affirmée par le pape Jean-Paul II sans qu'il soit possible de lui donner le moindre sens orthodoxe, chacun rectifiant inconsciemment cette langue antéchristique radicale pour la méditer quant à soi dans l'orthodoxie.
           
        Mais il s'en faut que la langue de Jean-Paul II soit orthodoxe, nous sommes vraiment ici en présence de la "voix de dragon" dénoncée par saint Jean dans l'Agneau de la fin des temps c'est-à-dire dans le dernier pape légitime (Apoc XIII, 11), quand il est en train de dire sans ambigüité aucune, au contraire en toute proposition hérétique formelle, que, par l'Incarnation, le Verbe divin s'est uni à la nature humaine en tant que telle, c'est-à-dire à TOUT homme qui a existé depuis que le monde est monde, avant le Christ, au temps du Christ, et qui existera après Son passage terrestre il y a 2 000 ans, vous, moi, ceux qui naîtront et mourront après nous !! Car bien sûr, sa proposition est totalement hérétique : non pas toutes les humanités de la nature humaine, mais SEULE l'Humanité singulière, au singulier, qui a été ineffablement donnée par Dieu à l'homme Jésus à la Noël au moyen du canal immaculé de la très-sainte Vierge Marie, son humanité particulière que les théologiens appellent à juste titre la Sainte-Humanité de Jésus-Christ, participe théandriquement à la Divinité du Verbe dans sa Personne unique ! Et strictement aucune autre humanité n'a communication théandrique avec le Verbe divin !! Or ici, Jean-Paul II affirme au contraire, en prenant une formulation théologique bien connue des théologiens, que tous et chacun des hommes, à l'égal de l'homme Jésus, participent théandriquement, par la communication des idiomes, à la Divinité du Dieu Transcendant. Il n'en fallait pas tant, il s'en faut extrêmement, pour que l'Inquisition sévisse, au Moyen-Âge, les impénitents finissant sur le bûcher...
           
        Dans ce premier message de Noël 1978, Jean-Paul II ose donc dire carrément que c'est TOUTE humanité existante qui se trouve unie de soi au Verbe divin, de par le fait même de l'Incarnation et de la Noël, et qui, par-là même, est Dieu-Verbe elle-même. Ce qui signifie donc, sans ambiguïté aucune, en toute clarté théologique... et formidablement antéchristique-hérétique !!, je le répète, que l'homme, tout homme vivant actuel, a communication métaphysiquement immédiate avec le Verbe divin, c'est-à-dire est... Dieu-Christ lui-même !!! Et c'est bien pourquoi d'ailleurs, notons-le avec soin, le texte pontifical écrit, dans la proposition théologique de Jean-Paul II que j'ai soulignée en rouge : la «nature» humaine AVEC DES GUILLEMETS (j'ai été vérifier le texte sur le site officiel du Vatican : les guillemets modernistes-antéchristiques y sont bel et bien, qu'on en juge sur pièce : http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/urbi/documents/hf_jp-ii_mes_19781225_urbi.html). Parce que, comme le disait Karl Rahner, la nature humaine est une autre manière d'appellation, juste un surnom, de la Nature divine... qui est la seule existante. En fait, il faut lire SURNATURE DIVINE quand on lit NATURE HUMAINE !!!
           
        Et c'est justement bien cette illumination antéchristique radicale, qui est la finalisation terminale de la pensée moderniste, que le pape Jean-Paul II veut communiquer, ... et avec quel enthousiasme !, ... quelle ardeur de prosélyte !, au monde entier, quand il finit son abominable Homélie de Noël 1978 : "Je m’adresse donc à toutes les communautés dans leur diversité. Aux peuples, aux nations, aux régimes, aux systèmes politiques, économiques, sociaux et culturels [dans son exaltation, excitation hérétique, qui confine à la folie, Jean-Paul II va jusqu'à vouloir enseigner son hérésie à des... idéologies ou des systèmes abstraits qui n'ont pas d'âmes et qui donc ne peuvent pas recevoir un enseignement !, ... mais pourquoi donc ne s'adresse-t-il pas aussi aux petits chiens sur les trottoirs ?!], et je leur dis : — Acceptez la grande vérité [!] sur l’homme ! — Acceptez la vérité entière [!] sur l’homme qui a été dite dans la nuit de Noël. — Acceptez cette dimension de l’homme [!], qui s’est ouverte à tous les hommes [!!] en cette sainte nuit ! — Acceptez le mystère dans lequel vit tout homme [!], depuis que le Christ est né ! — Respectez ce mystère ! — Permettez à ce mystère d’agir [!] en tout homme ! — Permettez-lui de se développer [!] dans les conditions extérieures de son être terrestre. Dans ce mystère se trouve la force de l’humanité [!]. La force qui irradie sur tout ce qui est humain [!!]".
           
        L'Antéchrist-personne n'aura pas un autre prêche. Nous sommes là dans la phase terminale du modernisme qui, si je puis dire vertement, sex-appeal de toutes ses forces l'avènement de l'homme d'iniquité... qui finira bien par venir, la Providence de Dieu laissant faire pour punir les hommes, mais encore pour que l'Écriture s'accomplisse.
           
        À ma connaissance, la pensée moderniste n'a pas connu une expression plus radicale ni plus formelle, allant lapidairement plus au fond de son essence antichristique, que dans ce Noël 1978 de Jean-Paul II, et c'est pourquoi je m'y suis un peu attardé.
           
        Or hélas, on ne peut que prendre acte que ce pire du pire de la pensée moderniste abominablement explicitée par Jean-Paul II est absolument partagé par Joseph Ratzinger. En mai 2005, juste après son élection au Siège de Pierre, les dominicains traditionalistes d'Avrillé ont fait paraître une brochure dans laquelle, reprenant un livre du cardinal Ratzinger, ils écrivent : "Que dire, quand nous sommes contraints de constater que le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi professe dans ses livres de théologie, que, en Jésus, ce n'est pas Dieu qui s'est fait homme, mais qu'un homme est devenu Dieu ? Qui est, en fait, Jésus-Christ pour Ratzinger ? C'est «cet homme dans lequel se manifeste la réalité définitive de l'être de l'homme et qui, en cela même, est simultanément Dieu» (La Foi chrétienne, hier et aujourd'hui, 2005, p. 126). Que signifie cela, sinon que l'homme, dans sa «réalité définitive» est Dieu, et que le Christ est un homme, lequel est, ou mieux, est devenu Dieu, par le seul fait qu'en Lui est venue à la Lumière, «la réalité définitive de l'être de l'homme» ?" (Qui est le pape Benoît XVI ?, p. 14). Il n'est pas besoin de souligner l'absolue identité de doctrine entre la formule wojtylienne et celle ratzingérienne...
           
        Tout cela est du rahnérisme poussé jusqu'au dernier wagon tamponne-cul dans le pire extrémisme moderniste, pur jus pur fruit d'enfer. L'homme, puisqu'il est Christ-Dieu, devient une norme auto-suffisante, auto-rédemptrice, qui se justifie par immanence vitale, et donc prétend métaphysiquement se sauver par lui-même, avec lui-même et en lui-même, per ipsum et cum ipso et in ipso, dans une pseudo-liturgie à l'envers, anthropocentrique.
           
        On est bien obligé d'en conclure que Rahner, Wojtyla, Ratzinger, c'est un même substantiel combat...
           
        Pour résumer ce chapitre. C'est donc dans tout ce courant moderniste ultra, que se meut avec grand enthousiasme et passion, comme poisson frétillant dans l'eau, Joseph Ratzinger, avant de devenir pape en 2005, duquel courant on ne peut hélas, affligé pour lui, que constater qu'il ne voudra jamais sortir et ne sortira jamais (dans son dernier refuge terrestre, ne couvait-il pas encore dans sa bibliothèque toute l'oeuvre de Romano Guardini, un moderniste notoire en matière liturgique... ― Mgr Viganò a été plus lucide et courageux : il a humblement compris l'hétérodoxie moderniste viscérale de Vatican II et l'a rejetée ; loin de dire comme Benoît XVI voulant s'imaginer le plus faussement du monde que tout le mauvais du post-concile est hors-concile -"Tout le concile, mais rien que le concile" soutiendra-t-il à tort-, Mgr Viganò tranchera dans la Foi en disant de Vatican II : "Ce qu’il faut faire une fois pour toutes, c’est de le laisser tomber «en bloc» et de l’oublier"... ce qui par ailleurs est théologiquement totalement impossible, et je dénonçais cette "solution" que Mgr Viganò voulait donner à "la crise de l'Église" dans l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-survol-tres-superficiel-de-mgr-vigano?Itemid=1).
 
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        Mais voyons maintenant les applications que Joseph Ratzinger va faire de la pensée moderniste qu'il professe, dans les domaines œcuménique, biblique, liturgique, dogmatique, ecclésiologique, etc., comme j'annonçais de le faire plus haut. Elles vont toutes dériver de son péché originel moderniste sur la Révélation, comme je le disais en commençant ces lignes.
           
        Commençons par son œcuménisme hérétique avec les juifs actuels qui ne croient pas que Jésus-Christ est le Messie attendu des siècles vétérotestamentaires, à la fois Dieu et homme, pour sauver l'humanité. Dans ce domaine, au reste, il est bon de remarquer que Benoît XVI ne fera rien d'autre que suivre son prédécesseur sur le Siège de Pierre, Jean-Paul II, qui lui-même suivait l'enseignement hérétique de Vatican II dans Nostra Aetate, sur les juifs. Tout d'abord, rappelons que l’Église catholique enseigne infailliblement que l’Ancienne Alliance a cessé avec la venue du Christ, et a été remplacée par la Nouvelle Alliance. Voilà pourquoi le concile de Florence a édicté que ceux qui pratiquent l’Ancienne Loi et la religion juive pèchent mortellement, sont "étrangers à la foi du Christ et qu'ils ne peuvent pas du tout avoir part au salut éternel, sauf si un jour ils reviennent de ces erreurs" (Denzinger, Enchiridion Symbolorum, Symboles et définitions de la foi catholique, n° 1348). Car, comme dit saint Jean : "Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ?" (I Jn II, 22).
           
        Or, voici ce qu'écrit Benoît XVI dans son livre-programme, une fois élu au Siège de Pierre : "La Lecture de l’Ancien Testament peut aussi éloigner du Christ : la direction vers lui n’est pas indiquée de manière univoque. Et si les juifs ne peuvent pas estimer qu’il s’accomplit en lui, il ne s’agit pas simplement d’une mauvaise volonté. C’est à cause de l’obscurité des paroles [!]... On peut donc, pour de bonnes raisons, refuser au Christ l’Ancien Testament et dire : non, ce n’est pas cela qu’il disait. Mais on peut, pour d’aussi bonnes raisons, le lui attribuer. C’est tout le débat entre les juifs et les chrétiens" (Voici quel est notre Dieu, Le Credo du nouveau pape, 2007, pp. 147-148). En d'autres termes, l'Ancien-Testament ne révèlerait pas formellement que Jésus est le Messie, Fils de Dieu et Fils de l'homme, et donc les juifs, en ne reconnaissant pas que Jésus est le Messie de Dieu seraient sans péché et toujours dans la voie du salut, quoique non-chrétienne.
           
        Voilà qui est absolument contredit par... Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même, lorsqu'Il reproche ainsi aux juifs de ne pas croire qu'Il est leur Messie : "Vous scrutez les Écritures [il s'agit évidemment de celles de l'Ancien-Testament, celles du Nouveau-Testament n'étant pas encore écrites], parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle ; ce sont elles aussi qui rendent témoignage de Moi. (...) Ne pensez pas que ce soit Moi qui vous accuserai devant le Père [de ne pas croire que Je suis le Messie] ; celui qui vous accuse, c'est Moïse, en qui vous espérez. Car, si vous croyiez à Moïse, vous croiriez aussi en Moi, puisque c'est de Moi qu'il a écrit" (Jn V, 39 & 45-46).
           
        La proposition de Benoît XVI, qui ose mensongèrement évoquer une soi-disant "obscurités des paroles" vétérotestamentaires, est donc condamnée de plein fouet par le Christ Lui-même. Mais ce qu'il formulait ainsi dans son premier livre de pontificat n'était rien d'autre que l'aboutissement de sa pensée moderniste sur le sujet. Voici en effet ce que Joseph Ratzinger, alors cardinal, écrivait en 1998 : "J'en suis venu à penser que le judaïsme et la foi chrétienne exposée dans le Nouveau Testament sont deux modes différents d'appropriation des textes sacrés d'Israël, tous deux ultimement déterminés par la façon d'appréhender le personnage de Jésus de Nazareth. L'Écriture que nous nommons aujourd'hui Ancien Testament est en soi ouverte sur ces deux voies" (Ma Vie, Souvenirs, 1998, pp. 63-64). Il récidivera deux ans plus tard, aggravant même considérablement son propos en l'élargissant à tous les non-croyants que le Christ est le Messie de Dieu : "Nous sommes d'accord qu'un Juif, et cela est vrai pour les croyants d'autres religions, n'a pas besoin de connaître ou reconnaître le Christ comme le Fils de Dieu pour être sauvé..." (Zenit, 5 septembre 2000), ce qui est en complète opposition avec ce que dit Jésus-Christ, lorsqu'Il envoie ses Apôtres pour l'évangélisation du monde : "Et Il leur dit : Allez dans le monde entier, et prêchez l'Évangile [dont le dogme principal est bien sûr la croyance en la messianité de Jésus-Christ] à toute créature. Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé; mais celui qui ne croira pas [en Moi] sera condamné" (Mc XVI, 15-16). Il nuancera peut-être un peu plus son propos, dans son premier livre pontifical : "Le «non» [des juifs] au Christ, d’un côté, met les Israélites dans une situation conflictuelle avec l’action de Dieu qui continue, mais nous savons aussi, d’un autre côté, qu’en même temps la fidélité de Dieu leur est assurée. Ils ne sont pas exclus du salut..." (ibid., p. 106). Le juif post-christique, quoique ne croyant pas au Christ, est cependant sans faute sur cela, il reste dans la voie du salut, selon la doctrine moderniste professée par Joseph Ratzinger-Benoît XVI...
           
        On ne saurait donc s'étonner, sur de telles hérétiques prolégomènes, que ce juif non-chrétien doit être considéré spirituellement comme notre frère et que nous devons donc cohabiter ensemble dans la voie du salut qui mène à Dieu, quoique nos voies soient messianiquement différentes. Benoît XVI ne manque pas d'œuvrer à ce devoir : "Depuis désormais deux décennies, la Conférence épiscopale italienne consacre cette Journée au judaïsme, dans le but de promouvoir la connaissance et l'estime mutuelles et pour accroître la relation d'amitié réciproque entre la communauté chrétienne et la communauté juive, une relation qui s'est développée de manière positive après le concile Vatican II et après la visite historique du Serviteur de Dieu Jean-Paul II à la Grande Synagogue de Rome... Je vous invite donc tous à adresser aujourd'hui une invocation insistante au Seigneur, afin que les juifs et les chrétiens se respectent, s'estiment..." (Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, 17 janvier 2007, § 2).
           
        Mais nous qui avons percé le fond du tonneau de la perversion moderniste, nous comprenons bien pourquoi il raisonne ainsi. Reprenons la proposition moderniste de Joseph Ratzinger de 1957 quant à la Révélation, pour bien le saisir : "Toute Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté»". Il s'ensuit de là que la Révélation du Christ-Messie au juif n'est pas faite puisque le juif ne la perçoit pas, ne la reçoit pas. Car en effet, comme je le disais plus haut, dans le processus métaphysique de la Révélation vu par le moderniste, ce n'est pas Dieu qui fait la Révélation qui compte en premier, c'est l'homme vivant à qui est adressée la Révélation qui vient en première condition métaphysique de la réalité de la Révélation, c'est lui son étalon-or, par son acte de conscientisation d'icelle ! Puisque donc l'homme vivant juif ne reçoit pas, ne perçoit pas la Révélation du Christ, elle ne lui est donc pas faite, "aucun voile n'est ôté", et donc il n'est pas en faute de ne pas y croire. C'est aussi simple et abominablement blasphématoire que cela (car cela ne tient aucun compte que Dieu Transcendant a, de son divin côté, bel et bien fait la Révélation du Christ-Messie Jésus au juif, comme à tout homme venant en ce monde). C'est pourquoi, pour le moderniste, nous ne devons donc pas considérer le juif post-christique dans une voie de damnation, nous devons même, comme le fait honteusement et scandaleusement Joseph Ratzinger-Benoît XVI et tous les papes modernes depuis l'hérétique Nostra Aetate de Vatican II, tricher avec la Sainte-Écriture pour le déresponsabiliser de ne pas croire à la Révélation de Jésus-Christ... quand bien même c'est condamné par Jésus-Christ Lui-même, qui affirme qu'Il est le sujet messianique formel de l'Ancien-Testament en Jn V, 39 & 45-46, comme nous venons de le voir.
           
        Le même schème pervers antichristique sera appliqué par les modernistes pour tous les non-croyants, soit au Christ Jésus soit à l'Église catholique qui est "Jésus-Christ continué" (Bossuet), puisque le seul considérant métaphysique à prendre en compte, pour eux, est l'homme vivant, et non le Dieu Transcendant ou son Église.
           
        Voici par exemple le positionnement de notre moderniste Joseph Ratzinger-Benoît XVI avec les orthodoxes orientaux schismatiques.
           
        Il va les dédouaner de toute faute, ... car la révélation de la primauté juridictionnelle du Pontife romain sur l'orbe catholique toute entière ne leur est pas faite puisqu'ils ne la perçoivent pas !, ainsi : "Mais d’un autre côté, on ne peut absolument pas considérer la manière dont se présente la primauté [juridictionnelle pontificale] aux XIXe et XXe siècles comme étant la seule possible et qui s’imposerait à tous les chrétiens [donc aussi aux orientaux schismatiques]. Les gestes symboliques de Paul VI, jusqu’à son agenouillement devant le représentant du patriarche œcuménique [le schismatique Athénagoras], veulent justement exprimer cela..." (Les principes de la théologie catholique, 1982, p. 221).
           
        Or, voilà qui est contre la doctrine catholique en la matière, comme le rappellera le pape Pie IX au concile Vatican 1er : "... Nous renouvelons la définition du concile œcuménique de Florence, qui impose aux fidèles de croire que le Saint-Siège apostolique et le pontife romain détiennent le primat sur tout l'univers [et Pie IX entend parler là d'un primat juridictionnel, et non pas seulement d'honneur ou de charité]... Telle est la doctrine de la vérité catholique, dont personne ne peut s'écarter sans danger pour la foi et le salut" (Denzinger, nn° 3059-3060), ce qui du reste n'était qu'un simple rappel de ce qu'avait enseigné infailliblement le pape Boniface VIII dans sa célèbre bulle Unam sanctam en plein Moyen-Âge (1302) : "...Nous déclarons, disons et définissons qu'il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d'être soumise au pontife romain" (Denzinger, n° 875).
           
        Mais, pour le moderniste, il n'est pas et ne saurait jamais être question de contredire la non-révélation aux orientaux schismatiques de la primauté juridictionnelle du pape, ce serait attenter à l'homme vivant qu'est tout oriental schismatique, ce qui est pour lui le péché métaphysique suprême. Il faut même aller jusqu'à dire que la non-révélation de la primauté juridictionnelle du pape pour les orientaux schismatiques est plus sage de sagesse divine que la révélation de cette dite primauté, qui est de droit divin !!! Je n'exagère nullement, c'est ce qu'ose dire Joseph Ratzinger en 1982, lisons-le : "Et le Patriarche [schismatique] Athénagoras renforce la pensée d’une nouvelle nuance : «Contre toute attente humaine, se trouve parmi nous l’évêque de Rome, le premier en honneur parmi nous, celui qui préside dans la charité». Il est clair que le Patriarche [schismatique] ne quitte pas le terrain de l’Église orientale et ne se met pas à professer un primat occidental de juridiction. Mais il met clairement en évidence ce que l’Orient a à dire sur la situation réciproque des évêques de l’Église, égaux en rang et en droit, et il vaudrait bien la peine de se demander si cette confession archaïsante qui ne sait rien de la «primauté de juridiction» mais reconnaît la première place en «honneur et charité», ne pourrait pas être considérée comme une conception de la place de Rome dans l’Église, suffisante pour l’essentiel" (Les principes de la théologie catholique, pp. 243-244) !!!
           
        On croit rêver ou plutôt cauchemarder : Joseph Ratzinger ose soutenir, en moderniste qui va au bout du toub de son raisonnement pervers, que la pensée de l'homme vivant oriental schismatique manifeste plus la sagesse divine que la Parole du Christ "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église" (Matth XVI, 18), c'est-à-dire toute mon Église, en ce compris bien sûr celle orientale ! Voilà qui contredit totalement la doctrine catholique en la matière, bien rappelée par le pape Pie IX au concile Vatican 1er : "Si donc quelqu'un dit que le pontife romain n'a qu'une charge d'inspection ou de direction et non un pouvoir plénier et souverain de juridiction sur toute l'Église, non seulement en ce qui touche à la foi et aux mœurs mais encore en ce qui touche à la discipline et au gouvernement de l'Église répandue dans le monde entier, ou qu'il n'a que la part la plus importante et non pas la plénitude totale de ce pouvoir suprême... qu'il soit anathème" (Denzinger, n° 3064).
           
        Cependant, pour oser soutenir que la formule du patriarche schismatique de vouloir considérer le pape de Rome comme seulement primus inter pares est "archaïsante", encore faut-il prouver la vérité de ce prétendu archaïsme, démontrer que la formule schismatique orientale est bien l'écho authentique de ce qui était cru sur le sujet dans l'antiquité des premiers âges chrétiens, c'est-à-dire avant l'an mille. Le moderniste Joseph Ratzinger ne va pas manquer de s'y atteler, contre la vérité ecclésiale historique indéniable bien connue même des élèves en théologie, qui savent fort bien, ne serait-ce que par le Contra Haereses du IIe siècle de saint Irénée de Lyon qui l'affirme sans ambigüité, que la primauté juridictionnelle de Pierre et de ses successeurs romains est professée par toute l'antiquité chrétienne dès les tout premiers siècles chrétiens. Mais le grand théologien Ratzinger... ne le sait pas : "Rome ne doit pas exiger de l’Orient, au sujet de la doctrine de la Primauté, plus que ce qui a été formulé et vécu durant le premier millénaire. Lorsque le Patriarche Athénagoras, lors de la visite du Pape au Phanar, le 25 juillet 1967, désignait ce Pape comme le successeur de Pierre, le premier en honneur d’entre nous, celui qui préside à la charité, on retrouvait, dans la bouche de ce grand chef d’Église, le contenu essentiel des énoncés du premier millénaire au sujet de la primauté, et Rome ne doit pas exiger davantage" (Les principes de la théologie catholique, p. 222). On ne saurait mentir plus effrontément...! "Personne ne doute et tous les siècles savent, dira par exemple le pape Pie IX au concile Vatican 1er, que le saint et heureux Pierre, chef et tête des apôtres, a reçu les clés du Royaume de notre Seigneur Jésus Christ, sauveur et rédempteur du genre humain" (Denzinger, 3056-3057).
           
        Passons maintenant aux protestants. Comment Joseph Ratzinger leur applique-t-il sa potion magique moderniste ? De la manière la plus simple du monde, en leur disant qu'il ne faut pas que l'homme vivant protestant renie sa "propre histoire de foi". Pas question de leur prêcher un œcuménisme de retour, c'est-à-dire pour les protestants, de revenir dans le bercail de l'Église catholique. Écoutons-le proclamer son reniement de la Foi au nom de son modernisme, c'était aux JMJ de 2005 : "Et à présent, demandons-nous : que signifie rétablir l'unité de tous les chrétiens ?... cette unité ne signifie pas ce que l'on pourrait appeler un œcuménisme du retour : c’est-à-dire renier et refuser sa propre histoire de foi. Absolument pas !" (Rencontre œcuménique à l'Archevêché de Cologne, 19 août 2005, § 7). C'est carrément prendre le contre-pied du langage de la Foi, comme le soulignait le pape Pie XI en ces termes : "... Il n'est pas permis, en effet, de procurer la réunion des chrétiens autrement qu'en poussant au retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ" (Mortalium Animos).
           
        Le 12 septembre 2006, Benoît XVI organise un service de vêpres œcuméniques où il réunit un maximum de chrétiens de diverses confessions, dans lequel il fait cette homélie : "Chers frères et sœurs dans le Christ ! Nous sommes réunis, chrétiens orthodoxes, catholiques et protestants (des amis juifs se trouvent également avec nous), nous sommes réunis pour chanter ensemble les Louanges vespérales de Dieu... Il s'agit d'une heure de gratitude pour le fait que nous puissions ainsi réciter ensemble les psaumes et que, en nous adressant au Seigneur, nous puissions croître également en même temps dans l'unité entre nous. (...) Notre koinonia [communion] est tout d'abord une communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ dans l'Esprit Saint ; elle est la communion avec Dieu Trine lui-même, rendue possible par le Seigneur à travers son incarnation et l'effusion de l'Esprit. Cette communion avec Dieu crée ensuite également la koinonia entre les hommes, comme participation à la foi des Apôtres..." (Célébration Œcuménique des vêpres dans la Cathédrale de Ratisbonne, 12 septembre 2006).
           
        Qu'il parle ou qu'il écrive, il n'a pas un autre langage à propos des protestants : "Le catholique ne mise pas sur la dissolution des confessions et sur la décomposition de la réalité ecclésiale qui se trouvent dans le monde protestant mais, tout à l’inverse, il espère un renforcement de la confession et de la réalité ecclésiale" (Les principes de la théologie catholique, 1982, p. 226). Logique avec son hérésie moderniste, Joseph Ratzinger professe que l'homme vivant protestant qui vit sa Foi dans la non-Révélation intégrale qui est celle catholique et elle seule, peut très-bien y trouver Dieu et se sauver par ladite non-Révélation... Ce qui compte en effet pour le moderniste, c'est ce que croit l'homme vivant, c'est l'auto-Foi, la Foi qu'il se donne à lui-même qui le sauve, car l'homme vivant est la seule réalité métaphysique qui existe, par-dessus le Dieu Transcendant. C'est pourquoi il n'est pas gêné de dire : "Entre temps, l’Église catholique n’est pas en droit d’absorber d’autres églises... Une unité basique d’églises, restant les églises qu’elles sont, bien que ne devenant qu’une seule église, doit remplacer l’idée de conversion..." (Cit. Catholic Family News, Father Ratzinger’s Denial of Extra Ecclesia Nulla Salus, juillet 2005, Postscript de l’Éditeur, p. 11). On ne saurait donc s'étonner de le voir bénir l'oeuvre de Taizé : "... Taizé apparaît comme le grand exemple d’une inspiration œcuménique... Il faudrait réaliser ailleurs, de façon analogue, une communauté de foi et de vie..." (Les principes de la théologie catholique, p. 341).
           
        Il s'agit, pour le moderniste, d'auto-justifier le chemin, la voie de l'homme vivant protestant, car cette voie, ce chemin, ne saurait qu'être une voie de salut puisque, comme le professe Karl Rahner, le principe surnaturel de Dieu s'incarne dans tout homme vivant, qui donc s'auto-sauve dans la voie qu'il se choisit... puisqu'il est Dieu et Christ à la fois, comme le dira en toute clarté des termes théologiques Jean-Paul II dans son abominable Noël 1978, et Ratzinger lui-même s'en fera l'écho, ainsi que nous l'avons vu. Le devoir du moderniste est donc de justifier à tout prix le chemin, quelqu'il soit, de tout homme vivant, ce que Joseph Ratzinger s'échine à faire avec tout non-croyant, jusqu'à l'abolition pure et simple du dogme catholique ou le mensonge historique, c'est-à-dire sans tenir aucun compte donc, du Dieu Transcendant, qui est ainsi véritablement phagocyté par l'homme vivant.
           
        Continuons à le regarder faire avec les protestants, après l'avoir vu faire avec les juifs et les orthodoxes schismatiques : "De même, une théologie qui s’appuie sur la notion de la «succession» [apostolique], telle que c’est le cas dans l’Église catholique et dans l’Église orthodoxe, ne nie pas forcément la présence salvifique du Seigneur dans la cène protestante [!!]" (Faire route avec Dieu, L’Église comme communion, 2003, p. 233). Et encore : "... La question pesante [!!] de la succession [apostolique] n’enlève au Christianisme protestant rien de sa dignité spirituelle ni de la force salvifique du Seigneur dans son milieu" (ibid., p. 235). Et, pour finir : "Au cours d’une histoire d’ores et déjà séculaire, le protestantisme est devenu une composante sérieuse de la foi chrétienne réalisée ; il a pu remplir une fonction positive dans l’expansion du message chrétien ; surtout, il a suscité, de diverses manières, chez l’individu non catholique, une disposition loyale et profonde à la foi, dont l’éloignement de la confession catholique n’a plus rien de commun avec la pertinacia qui caractérise l’hérétique comme tel. Le protestantisme contemporain est autre chose qu’une «hérésie» au sens traditionnel, c’est un phénomène dont l’exacte position théologique reste encore à découvrir" (Frères dans le Christ, 2005, pp. 108-109).
           
        ... Benoît XVI, pape conservateur ? Zut, c'est gênant, tout-de-même, ce qu'il dit et écrit, qui fait plutôt penser à un pape très-progressiste, au moins autant que François...!
           
        Le haut-clergé moderniste post-vaticandeux est si fou de sa folie totale d'auto-justifier toute voie, toute croyance de l'homme vivant quelqu'il soit, annihilant totalement dans son âme la réalité surnaturelle du Dieu Transcendant, qu'on va le voir aller jusqu'à prétendre justifier... la non-transsubstantiation dans certaines liturgies assyriennes schismatiques orientales, qui, excusez du peu, ne contiennent pas... de canon consécratoire, de récit d'Institution ! Or, en 2001, le Vatican permit aux catholiques d'assister à ces offices et d'y recevoir la communion, et vice-versa, permit aux assyriens schismatiques de recevoir la communion dans les offices catholique.
           
        Joseph Ratzinger, alors cardinal, approuva le fait, et le commenta dans un de ses livres de la manière suivante : "Ce cas a nécessité des études particulières parce que l’anaphora d’Addai et de Mari qui sont le plus souvent employées chez les Assyriens ne contient pas de récit d’institution. Cependant ces difficultés ont pu être résolues..." (Faire route avec Dieu, 2002, p. 217). Et l'on comprend hélas de quelle manière elles ont été résolues, ces difficultés, car notre moderniste explique dans un autre de ses livres que :"La validité de la liturgie dépend d’abord non pas de mots déterminés mais de la communauté de l’Église..." (Les principes de la théologie catholique, 1982, p. 421). Nous sommes là en plein dans les pires déductions hérétiques du modernisme, où la voie de l'homme vivant est tellement auto-déifiée qu'elle peut se permettre de se passer de Dieu Transcendant et de son Institution divine... Tout homme est roi et prêtre, et donc peut se fabriquer lui-même sa liturgie, comme je l'avais déjà noté et dénoncé chez Mgr Arthur Roche, l'actuel préfet de la Congrégation pour le culte divin, dans un de mes précédents articles (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-conception-liturgique-pseudo-millenariste-de-mgr-arthur-roche-prefet-de-la-congregation-pour-le-culte-divin-anticipation-vaticandeuse-luciferienne-d-une-nouvelle-economie-de-salut-1?Itemid=1).
           
        Mais, au moins, quant à la lecture de la bible, Joseph Ratzinger-Benoît XVI ne peut qu'être un créationniste traditionnel ? Voilà qui serait bien étonnant, car le créationnisme laisse beaucoup trop de place au Dieu Transcendant pour le moderniste. Ne soyons donc pas surpris de voir le cardinal Ratzinger écrire que le récit biblique de la création s'appuie "pour une part sur les récits de création païens" (Un chant nouveau pour le Seigneur, la foi dans le Christ et la liturgie aujourd’hui, 1995, p. 101). Mais s'il en était vraiment ainsi, cela signifierait que le récit biblique génésiaque ne serait ni authentiquement originel ni surtout inspiré directement par Dieu comme vérité enseignée à tous les hommes, il ne serait au contraire que le fruit de la pensée humaine universelle... donc, pas forcément doté de l'infaillibilité... donc, l'évolutionnisme, autre pensée humaine, pourrait se mettre à rang d'égalité avec la pensée créationniste. Cela est radicalement opposé à la Foi catholique en la matière : "En effet, tous les livres entiers que l'Église a reçus comme sacrés et canoniques dans toutes leurs parties, ont été écrits sous la dictée de l'Esprit-Saint. (...) Telle est la croyance antique et constante de l'Église, définie solennellement par les Conciles de Florence et de Trente, confirmée enfin et plus expressément exposée dans le Concile du Vatican" (Providentissimus Deus, Léon XIII, 1893).
           
        Sa désacralisation moderniste du Livre de l'Exode est encore pire que pour le Livre de la Genèse. Après avoir cité Exode XXXI, 18 (= "Or, le Seigneur ayant achevé les discours de cette sorte sur la montagne de Sinaï, donna à Moïse les deux tables de pierre du témoignage, écrites du doigt de Dieu"), voici son commentaire profondément désacralisant et même impie où l'on voit Joseph Ratzinger appliquer en copier-coller son concept moderniste de 1957 sur la Révélation, quasi en parfaite décalcomanie : "Mais la question se pose : ces commandements ont-ils vraiment été transmis lors d’une apparition de Dieu à Moïse sur la montagne ? Sur des tables de pierre «écrites de la main de Dieu» comme il est dit ?... Mais dans quelle mesure ces commandements viennent-ils réellement de Dieu ? [!!] Il s’agit ici d’un homme [Moïse] touché par Dieu et qui, à cause de la relation d’amitié avec lui, a pu donner à la volonté de Dieu une forme nous permettant d’y percevoir la Parole de Dieu ; cette volonté de Dieu qui n’avait été exprimée jusque-là que fragmentairement et dans d’autres traditions. Que les tables de pierre aient réellement existé est une autre question... Dans quelle mesure cet épisode est à prendre à la lettre est une autre question" (Voici quel est notre Dieu, 2001, pp. 116-118).
           
        On est là en pleine application pratique de son concept moderniste de la Révélation formulée dans sa thèse d'habilitation de 1957, et que je rappelle encore une fois : "La Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté»" (supra). La révélation des dix commandements de Dieu, selon Ratzinger, n'existe que parce que l'homme vivant Moïse a donné à la volonté de Dieu une forme ! Autrement dit : c'est l'homme qui a donné activement aux hommes la révélation des dix commandements, la volonté de Dieu, autrement, n'aurait pas pu faire cette révélation, restant métaphysiquement virtuelle et passive !! Joseph Ratzinger va même beaucoup plus loin, jusqu'au bout de la perversion moderniste : non seulement c'est par Moïse et non par Dieu que la Révélation des dix commandements est faite, mais en plus, comme elle est faite par un canal humain particulier, l'homme vivant Moïse, il ose mettre en doute que, passant par cedit canal, il s'agisse authentiquement de la Parole de Dieu (= "Mais dans quelle mesure ces commandements viennent-ils réellement de Dieu ?") !!! N'oublions pas que, pour le moderniste qui va jusqu'au bout de sa perversion, la croyance initiée par une Révélation à l'homme vivant lui est personnelle, elle n'est faite qu'à la personne qui la reçoit, perçoit ; ainsi donc, dans le cas des dix commandements, cette Révélation, en outrant à peine les choses vues par le moderniste, n'obligerait formellement, au sens le plus fort du verbe, que... le seul Moïse !
           
        Son attitude quant à l'Islam ne dépare pas le tableau d'ensemble, le contraire aurait étonné. Il s'agit toujours et encore de voir la manifestation de Dieu dans et par l'homme vivant, quelle que soit sa croyance. "Le croyant, et nous tous en tant que chrétiens et musulmans sommes croyants... [commence-t-il son allocution, puis de poursuivre :] Vous guidez les croyants de l'islam et vous les éduquez dans la foi musulmane... Vous avez donc une grande responsabilité dans la formation des nouvelles générations" (Rencontre avec les représentants de diverses communautés musulmanes à l'Archevêché de Cologne, 20 août 2005). "J'espère qu'en divers moments de ma visite (par exemple, lorsque j'ai souligné à Munich combien il est important de respecter ce qui est sacré pour les autres) est apparu clairement mon profond respect pour les grandes religions et, en particulier, pour les musulmans, qui «adorent le Dieu unique»..." (Audience, 20 septembre 2006). Ce qui est faux, les musulmans n'adorent qu'un Dieu Un non-Trine, donc métaphysiquement inexistentiel, et par conséquent n'adorent PAS DU TOUT le vrai Dieu Un qui est Trine, sinon rien.
           
        "... Je voudrais aujourd’hui redire toute l’estime et le profond respect que je porte aux croyants musulmans, rappelant les propos du concile Vatican II qui sont pour l’Église catholique la Magna Charta du dialogue islamo-chrétien : «L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant»... Au moment où pour les musulmans commence la démarche spirituelle du mois de Ramadan, je leur adresse à tous mes vœux cordiaux, souhaitant que le Tout-Puissant leur accorde une vie sereine et paisible. Que le Dieu de la paix vous comble de l’abondance de ses Bénédictions, ainsi que les communautés que vous représentez !" (Audience aux Ambassadeurs de vingt-et-un pays à majorité musulmane accrédités près le Saint-Siège et à quelques représentants des communautés musulmanes en Italie, 25 septembre 2006).
           
        Ici, le haut-pic du blasphème est atteint, comme je l'avais déjà souligné en gras et en rouge dans un de mes précédents articles : quant à sa relation avec les musulmans, la papauté moderne s'appuie sur le blasphème hérétique ou l'hérésie blasphématoire comme on veut, d'oser appeler dans Nostra Aetate le dieu islamique, Allah, un dieu... "vivant et subsistant". Or, bien sûr, le dieu Allah ne peut être "vivant et subsistant" puisqu'il n'est pas trinitaire, et que le seul Dieu à être "vivant et subsistant" est précisément le Dieu Trine, Père, Fils et Saint-Esprit (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/l-erreur-profonde-de-benoit-xvi-et-de-sandro-magister-partie-1?Itemid=1) !
           
        Quant aux païens, que Jean-Paul II avait réuni dans ce qui fut le plus grand scandale ecclésial du XXe siècle, je veux parler de l'abominable cérémonie d'Assise en 1986, une abomination de la désolation dans le Lieu-Saint à elle toute seule, Benoît XVI se garderait bien d'être en reste : "Nous célébrons cette année le XXe anniversaire de la Rencontre interreligieuse de Prière pour la Paix, voulue par mon vénéré prédécesseur, Jean-Paul II, le 27 octobre 1986, dans cette ville d'Assise. Comme on le sait, il invita à cette rencontre non seulement les chrétiens des diverses confessions, mais également des représentants des diverses religions. (...) Parmi les aspects caractéristiques de la Rencontre de 1986, il faut souligner que cette valeur de la prière dans l'édification de la paix fut témoignée par les représentants de diverses traditions religieuses, et cela eut lieu non pas à distance, mais dans le cadre d'une rencontre... Nous avons plus que jamais besoin de cette pédagogie... Je suis donc heureux que les initiatives en programme cette année à Assise aillent dans cette direction et que, en particulier, le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux ait pensé à en tirer une application spécifique pour les jeunes... Je saisis volontiers l'occasion pour saluer les représentants des autres religions qui prennent part à l'une ou l'autre des commémorations d'Assise. Comme nous, chrétiens, eux aussi savent que c'est dans la prière qu'il est possible de faire une expérience particulière de Dieu et d'en tirer des encouragements efficaces dans le dévouement à la cause de la paix" (Message à l'évêque d'Assisi-Nocera à l'occasion du XXe anniversaire de la rencontre interreligieuse de prière pour la paix, 2 septembre 2006).
           
        ... Je rappellerai ici, un peu pour rire et se détendre les nerfs de la Foi, mis à très-rude épreuve par le déballage ratzingérien bougrement moderniste que dessus, la formule sophistique imbécile du cardinal Roger Etchegaray, ou plutôt Etch-égaré (qui fut lui aussi peritus au concile Vatican II, où Joseph Ratzinger se félicitait, dans son discours aux prêtres romains en 2013, de l'avoir rencontré : "Au Collège de l’Anima, où j’habitais, nous avons eu de nombreuses visites : le cardinal [Frings] était très connu, nous avons vu des cardinaux du monde entier. Je me rappelle bien la silhouette haute et svelte de Mgr Etchegaray, qui était secrétaire de la Conférence épiscopale française"...), formule par laquelle il prétendait justifier à l'époque la cérémonie d'Assise qu'il avait reçu de Jean-Paul II la charge d'organiser, contre les critiques tellement justifiées des tradis contre elle : "Nous sommes ensemble pour prier, et non pour prier ensemble".
           
        Sans doute le cardinal basque de Jean-Paul II sentait-il en lui-même quelque bonne raison quand il écrivit son livre intitulé J'avance comme un âne ! Car nous voilà-t-il pas là, effectivement, en pleine application pratique mais surtout absurde de la doctrine moderniste où l'homme vivant seul existe, quand le Dieu Transcendant est viré comme un malpropre. Si, catholiquement parlant, des hommes en effet sont ensemble dans un but de prière, ce ne peut et doit être uniquement que pour prier le Dieu Transcendant, le vrai Dieu catholique, Un et Trois ! Car l'objet premier de toute vraie prière, c'est le vrai Dieu Transcendant... et non l'homme qui prie ! Si donc nous ne sommes pas dans un même endroit pour "prier ensemble" le vrai Dieu, il est hors de question de se réunir "ensemble pour prier" ! Impossible, pour un catholique bien né qui se respecte et surtout qui respecte le vrai Dieu, d'accepter de prier en communion et pour un même but de prière avec à ses côtés l'adepte d'une secte qui priera quant à lui son faux dieu... qui en vérité est un démon, comme le révèle saint Paul ("Mais ce que les païens immolent, ils l'immolent aux démons, et non à Dieu. Or je ne veux pas que vous soyez en société avec les démons. Vous ne pouvez pas boire le calice du Seigneur, et le calice des démons ― I Cor X, 20) ! À moins de supposer, comme l'apostat moderniste le professe, que Dieu N'EXISTE PAS, n'y ayant que l'homme qui se réunit avec son semblable À EXISTER !! Et c'est bien là, précisément, la profession de "foi" apostate radicale du moderniste, que la formule du cardinal Etch-égaré exprime, comme je l'ai déjà exposé en commençant ces lignes : l'homme vivant SEUL existe, parce que l'aboutissement métaphysique obligé de la doctrine moderniste est la supplantation luciférienne de Dieu Transcendant par l'homme... C'est pourquoi il suffit métaphysiquement à l'homme moderniste d'être "ensemble pour prier", car l'homme vivant seul existe avec son semblable, et il n'a que faire de "prier ensemble" qui, ... ô sainte horreur !, n'a plus d'objet pour lui, car, de la manière la plus radicalement apostate qui se puisse concevoir, il a phagocyté le Dieu Transcendant dans son âme lucifériennement pervertie.
           
        Mais le moderniste ne peut pas comprendre ce que je viens d'écrire. Laissons Joseph Ratzinger-Benoît XVI nous exprimer cette incompréhension apostate qui est la sienne, tirée de son modernisme : "Mais il y avait aussi des chrétiens violents et fanatiques, qui ont détruit les temples, ne considérant le paganisme que comme idolâtrie, qu’il fallait éliminer de manière radicale" (Voici quel est notre Dieu, p. 263). Mais oui, cher Joseph Ratzinger-Benoît XVI, mais oui, figurez-vous que c'est même représenté sur les vitraux de nos églises catholiques, et non comme un témoignage de honte comme vous osez le dire en calomniant nos pères dans la Foi du haut de votre modernisme apostat mais comme un témoignage de gloire ! Voyez plutôt :
 
 
 Vitrail Quimper
Détail d'un vitrail de la Cathédrale Saint-Corentin
(Quimper, Petite-Bretagne, France)
           
        Mais le modernisme de Joseph Ratzinger-Benoît XVI ne peut décidément pas comprendre cela. "Nous ne manquons pas de respect à l'égard des autres religions et cultures, nous n'offensons pas le profond respect pour leur foi..." (Homélies, Messe sur l’esplanade de la Neue Messe, Munich, 10 septembre 2006). Notons bien qu'il ne s'agit pas de respecter l'adepte d'une fausse croyance, mais la fausse croyance elle-même, car "... la liberté religieuse est une expression fondamentale de la liberté humaine et la présence active des religions dans la société est un facteur de progrès et d’enrichissement pour tous" (Rencontre avec le Corps Diplomatique accrédité auprès la République de Turquie, 28 novembre 2006). Comme on le voit sans peine, ou plutôt avec beaucoup de peine, la déclaration du pape François à Abu d'Ahbi n'est pas nouvelle, et les conservateurs se couvrent de ridicule, comme je l'ai déjà dit dans mon article À la foire aux fous (au pluriel) !!! (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/a-la-foire-aux-fous-au-pluriel-1?Itemid=1), en voulant voir une opposition doctrinale fondamentale entre, d'une part, les papes Jean-Paul II et Benoît XVI qui prétendument auraient été les glorieux gardiens de la Foi traditionnelle, et, d'autre part, le pape François qui la saccage en progressiste virulent ! En vérité, il n'y en a aucune, d'opposition entre eux, il y a tout au contraire une très-grande continuité entre tous ces papes post-conciliaires, le dernier en place sur le Siège de Pierre rajoutant juste un "supplément d'âme" moderniste dans l'Église plus les temps avancent, ce qui finira par faire venir l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, selon l'oracle salettin lapidaire : "Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist".
           
        Mais tout ce modernisme impie est déjà condamné par la Foi catholique, comme le rappelait fort bien le pape Pie X : "Ce que Nous voulons observer ici, c'est que la doctrine de l'expérience [religieuse], jointe à l'autre du symbolisme, consacre comme vraie toute religion, sans en excepter la religion païenne. Est-ce qu'on ne rencontre pas dans toutes les religions, des expériences de ce genre ? Beaucoup le disent. Or, de quel droit les modernistes dénieraient-ils la vérité aux expériences religieuses qui se font, par exemple, dans la religion mahométane ? Et en vertu de quel principe attribueraient-ils aux seuls catholiques le monopole des expériences vraies ? Ils s'en gardent bien : les uns d'une façon voilée, les autres ouvertement, ils tiennent pour vraies toutes les religions. C'est aussi bien une nécessité de leur système" (Pascendi Dominici Gregis, Pie X).
           
        On ne saurait mieux dire.
           
        ... Certains veulent mettre en avant l'objection que Joseph Ratzinger-Benoît XVI est très-conservateur, voire même traditionaliste dans certaines options de Foi. D'une certaine manière, c'est assez vrai, on pourrait même dire qu'il est le plus conservateur... mais parmi les modernistes, mais parmi les progressistes. Tout le monde a en tête, bien sûr, le haut-pic de son conservatisme, qui fut très-apprécié des tradis, lorsqu'il libéralisa, ... pardon pour l'emploi antinomique de ce verbe !, la messe selon l'ancien rite pour toute l'Église dans Summorum Pontificum : ni Jean-Paul II, ni surtout François, ne l'ont fait et ne le feront jamais (au moment où j'écris ces lignes, j'apprends que François s'apprête au contraire à guillotiner le vetus ordo radicalement, paraît-il, Traditionis Custodes n'ayant pas frappé assez fort...).
           
        Ce côté conservateur est certes très-fort et inné d'ailleurs en Joseph Ratzinger, il se manifeste très tôt... dès la fin du concile moderne. Dès 1964-65, il commence à prendre ses distances avec certaines exagérations progressistes. "Ainsi, le 18 juin 1965, il fait une conférence sur le thème de «la fausse et la vraie rénovation dans l’Église». Il se demande devant ses étudiants de Münster «si les choses sous le régime de ceux qu’on nomme conservateurs, n’allaient pas mieux que sous l’empire du progressisme». Il appelle à une nouvelle simplicité et considère que le contraire du conservatisme selon le Concile n’est pas le progressisme mais l’esprit missionnaire, et que c’est là le vrai sens de l’ouverture au monde. (...) En 1966, nouvelles critiques dans ses cours magistraux : «l’Église a certes ouvert ses portes au monde, mais le monde n’a pas afflué dans cette maison grande ouverte, il la harcèle encore davantage» ― «Bien sûr j’étais pour un progrès», confie t-il à Peter Seewald [plus d'un demi-siècle plus tard], mais «à l’époque cela ne signifiait pas faire exploser la foi de l’Église, cela visait à mieux faire comprendre et vivre la foi des origines»" (Joseph Ratzinger dans la tourmente de Vatican II, Blandine Delplanque). Le problème, c'est que cette fameuse "foi des origines" était conçue par lui de façon moderniste...
           
        Et tout est à l'avenant, hélas, chez Joseph Ratzinger. Car si sa forme est souvent très-conservatrice, le fond de sa doctrine reste entièrement et même extrêmement moderniste, comme on vient d'en prendre acte dans ce chapitre sulfureux. Son conservatisme s'appuie sur le fondement moderniste, il ne s'appuie pas sur le fondement traditionnel de la Foi.
           
        En voici une illustration, à simple titre d'exemple. On le voit, en 1985, "critique[r] les théologiens [trop progressistes] qui exagèrent l'importance donnée aux autres religions non-catholiques en les présentant comme des voies ordinaires de salut au lieu de les présenter comme des voies extraordinaires (Entretiens sur la Foi, p. 247)" (Les hérésies de Benoît XVI, abbé Méramo, p. 2). Mais, en voulant que les religions non-chrétiennes puissent être seulement des voies extraordinaires de salut, Ratzinger reste doctrinalement, quant au fond, absolument aussi hérétique que les modernistes ultra : car les fausses religions non seulement ne sont pas des voies ordinaires de salut, mais elles ne sont pas plus des voies extraordinaires de salut. Dire donc, comme le fait Joseph Ratzinger, qu'elles le sont est se mettre autant dans le camp de l'hérésie, que le moderniste ultra qui professe qu'elles sont des voies ordinaires de salut : les deux positionnements sont basés sur la même hérésie, à savoir, nier que la Religion et l'Église catholiques soient la SEULE voie du salut, ordinaire... comme extraordinaire.
           
        Je terminerai ce point important du conservatisme de Joseph Ratzinger, qui remue surtout les âmes qui restent à la surface et à la superficie des choses, souvent par sentimentalisme et/ou mondanité, en évoquant les deux revues théologiques qui furent fondées dans la foulée de Vatican II : Concilium, dès la fin du concile, et Communio, un peu plus tard, en 1972. Il est bien connu que la première citée est progressiste ultra quand la seconde est progressiste modérée, défendant toujours le point de vue romain, elle fut d'ailleurs fondée essentiellement pour servir de frein à la première.
           
        Or, Joseph Ratzinger collabore au plus près voire est co-fondateur autant de l'une que de l'autre revue. "Le jeune théologien Joseph Ratzinger, après avoir lui aussi fait partie du comité de rédaction de Concilium (comme membre de la section de théologie dogmatique entre 1965 et 1972) et fait cause commune avec Congar, Rahner et Küng, rejoint également Communio non sans avoir signé avec plusieurs centaines de théologiens l'appel lancé en 1968 par Concilium réclamant la fin des entraves et des sanctions contre les théologiens réformateurs d'alors" (Wikipedia, à Concilium). De même, quant à Communio : "De nombreux théologiens, comme Joseph Ratzinger, Henri de Lubac et Walter Kasper, participent à la fondation de la revue" (Wikipedia, à Communio).
           
bon Pasteur chapelle du Carme Marienthal Alsace
           
        Voilà donc ce qu'est Joseph Ratzinger-Benoît XVI sur le plan doctrinal, je veux parler du for externe de son âme : un antichrist, compagnonnant avec tous ses compères de papes modernes aussi antichrists que lui, un véritable précurseur de l'Antéchrist-personne, lequel doit formellement clore tous les temps historiques en manifestant épiphaniquement à la face du monde entier et de l'Église l'affreux épanouissement du mysterium iniquitatis (non certes pas pour qu'il triomphe définitivement, comme voudraient bien le croire les impies, mais tout au contraire pour qu'il puisse être définitivement expurgé de cette terre, par le déluge de feu et l'exorcisme universel foudroyant que constituera le Retour en Gloire du Christ pour le terrasser). C'est pourquoi, j'avais baptisé Karol Wojtyla-Jean-Paul II, en considérant uniquement sa doctrine, de "Jean-Baptiste luciférien de l'Antéchrist", c'était dans un commentaire du Secret de La Salette que j'avais écrit en 1988. Mais on vient de voir que cela, sur le plan doctrinal, s'applique pareillement et aussi fortement à Joseph Ratzinger-Benoît XVI.
           
        Serait-ce à dire que le jugement quant à Joseph Ratzinger-Benoît XVI et plus généralement à tous les modernistes en place aux plus hauts-postes dans l'Église, en ce compris le Siège de Pierre, doit s'arrêter là ? À ce constat certes absolument indéniable qu'ils professent tous et chacun, peu ou prou, la doctrine de l'Antéchrist, on vient de le voir copieusement dans la première partie de mon travail quant à Benoît XVI ?
           
        IL S'EN FAUT EXTRÊMEMENT. S'arrêter là, à ce seul et unique constat, en absolutisant ce qui n'est qu'un seul élément d'un ensemble beaucoup plus vaste, serait juste le meilleur moyen de ne pas pouvoir comprendre "la crise de l'Église", le drame eschatologique, la tragédie cornélienne, qu'elle vit sous la motion supérieure de l'Esprit de Dieu dans notre fin des temps ultime, ce serait s'engouffrer dans une voie de garage "noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir" à vocation fanatique, sectaire, extrémiste, obscurantiste, comme par exemple les sédévacantistes, qu'ils soient barbaresques purs et durs brut(e)s de décoffrage, guérardiens mitigés comme les robinets d'eau chaude et froide, ou survivantistes illuminés comme sapin de Noël, nous en donnent une pénible illustration.
           
        Ce premier élément, certes à prendre en compte impérativement pour ne pas vivre "l'aujourd'hui de la Foi" dans une cruelle illusion, n'est en effet que le tout premier départ de la réflexion sur "la crise de l'Église", avec lui, il faut surtout bien comprendre qu'on est encore juste dans les starting-blocks. Pour avancer dans la compréhension profonde de "la crise de l'Église", il faut le compléter tout-de-suite par un deuxième élément que nous enseigne la Providence divine, à propos de tous ces papes modernes issus de Vatican II qui sont doctrinalement antichristiques : tous sont désignés par le Saint-Esprit pour remplir légitimement le Siège de Pierre, tous sont vrais papes, verus papa. C'est le deuxième élément qui, sous peine d'embrasser une vision de "la crise de l'Église" complètement déséquilibrée et obnubilée du mal jusqu'au manichéisme, sous contrôle victorieux de Satan qui serait son maître d'œuvre et non plus la Providence de Dieu, doit venir très-vite compléter le premier dans notre esprit, et il nous aiguille déjà beaucoup mieux, presque parfaitement, sur la compréhension globale que nous devons avoir dans la Foi quant à "la crise de l'Église".
           
        Les papes non pas seulement modernes mais modernistes, issus de Vatican II et antéchristisés, des papes vraiment... légitimes ? Nous en avons en effet la certitude formelle, impérée par la Foi et le dogme catholique, parce que tous et chacun d'eux ont bénéficié et bénéficie toujours quant à François, de la désignation-reconnaissance de leur personne par l'Église Universelle pour être le vrai Vicaire actuel du Christ, chacun à leur tour. La règle prochaine de la Légitimité pontificale est effectivement, comme je l'ai soigneusement établi dans mes deux précédents articles réfutant in radice le sédévacantisme (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-fable-s-d-vacantiste-mensong-re-de-la-bulle-de-paul-iv-et-de-son-contexte-historique?Itemid=1), la désignation-reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape, verus papa, sur telle personne, laquelle est théologiquement et infailliblement achevée lorsque les cardinaux font leur obédience au nouveau pape, dans la cérémonie très-solennelle de l'intronisation qui a lieu à la face de toute l'Église et du monde entier, rituellement dans l'octave de l'élection conclavique proprement dite. Or, tous les papes vaticandeux et post, en ce compris bien entendu Joseph Ratzinger-Benoît XVI, ont dûment bénéficié sur leur personne de cet acte ecclésial doté de l'infaillibilité, en tant que fait dogmatique, qui est règle prochaine de la Légitimité pontificale. Par-là même, digitus Dei hic est, le Saint-Esprit les ayant choisi, ils sont vrais papes, verus papa, ils sont les élus du Saint-Esprit pour être, chacun à leur tour, de Jean XXIII à François, en passant par Paul VI, Jean-Paul 1er, Jean-Paul II et bien entendu Benoît XVI, les papes actuels de l'Église catholique, apostolique et romaine dans nos temps antéchristiques.
           
        Nous avons donc déjà deux éléments en notre possession pour élaborer en nos âmes la parfaite compréhension de "la crise de l'Église". 1/ Les papes modernes sont doctrinalement antichristiques ; 2/ les papes modernes sont, tous et chacun, certainement légitimes. Il faut rajouter un troisième et dernier élément, et alors l'intelligence de la Foi pourra nous être donnée et libérer nos âmes dans la vérité, veritas liberabit vos, si nous le voulons bien.
           
        Si le Saint-Esprit les a tous choisis comme vrai pape, nous ne pouvons qu'en déduire que c'est donc pour un but de sainteté, de Gloire de Dieu et de salut des âmes. Le troisième élément consiste donc à comprendre que tous ces papes vaticandeux et post, étant le choix certain de l'Esprit-Saint, ne peuvent qu'accomplir, de par leur Charge suprême, le dessein surnaturel supérieur du Saint-Esprit sur l'Église de notre temps. Or, quel est-il, pour notre temps, le dessein du Saint-Esprit pour l'Épouse-Église ? C'est, car nous sommes rendus dans les derniers temps ultimes, de lui faire vivre la Passion du Christ. Et nous en avons la preuve formelle précisément, justement, par le seul fait que les papes modernes antéchristisés crucifient, matériellement seulement (= c'est-à-dire dans l'inadvertance, comme je vais l'établir tout-de-suite), le Magistère ecclésial contemporain par leur doctrine antichristique. Par-là même, ils font, sans même s'en rendre compte, vivre à l'Épouse du Christ sa Passion, une véritable Passion qui, comme pour le Christ, va l'amener à sa mort terrestre. L'Église, depuis Vatican II pour faire court, est, éminemment par ses papes modernes antéchristisés, "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), elle vit en croix dans "la si grande contradiction" (He XII, 3), sous "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53). Or, faire vivre l'économie de la Passion à l'Église n'est pas un acte mauvais, la Passion n'est pas un péché, c'est tout au contraire une Volonté divine du Saint-Esprit que, à leur insu, les papes modernes et même modernistes accomplissent dans l'Église présentement, depuis Vatican II, sous la motion surnaturelle du Saint-Esprit. C'est précisément là le but de sainteté, de Gloire de Dieu et de salut des âmes que le Saint-Esprit a en vue et ordonne pour notre temps (et qui aboutira à la co-Rédemption de l'Église, dont le fruit surnaturellement savoureux et plein de gloire sera la nouvelle économie de salut du Millenium, qui sera donnée par l'Époux à l'Épouse après la Parousie).
           
        Par contre, la doctrine antichristique crucifiera formellement le Magistère de l'Église, et donc la fera ainsi mourir dans son économie présente dite du Temps des nations et de Rome son centre, seulement, uniquement, lorsque l'Antéchrist-personne la manifestera en toute malice de coulpe et advertance à la terre et surtout dans l'Église, à partir du Siège de Pierre. Mais nous n'en sommes pas encore là. Pour l'instant présent de la vie de l'Église, l'Antéchrist-personne n'est pas encore paru, ne manifeste pas encore le péché suprême qui fera mourir l'Église, quand bien même, par l'accroissement évident de la subversion de l'Église par la doctrine antichristique sous le pontificat du pape François, l'avènement de son règne maudit devient de plus en plus senti et imminent.
           
        Un point important à comprendre, c'est que la doctrine antichristique a d'abord corrompu les personnes privées de ceux qui sont devenus papes vaticandeux et post, mais une fois investis légitimement de la fonction pontificale suprême, ils ont promulgué très-notamment à Vatican II cette doctrine antichristique non plus en tant que personne privée mais in Persona Ecclesiae, c'est-à-dire au nom et pour le compte de l'Église, dans le cadre du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité, dont l'emploi est indiscutable à Vatican II. Mais que ce soit dans leur personne privée ou in Persona Ecclesiae, cette doctrine antichristique ne les a infestés et corrompus, eux d'abord, l'Église ensuite, que matériellement et non formellement. C'est-à-dire dans l'inadvertance complète du caractère antichristique de la doctrine qu'ils embrassaient avec passion et que, une fois sur le Siège de Pierre, ils ont fait embrasser à l'Église de même manière. Il est capital de comprendre que SEUL l'Antéchrist-personne, "l'homme d'iniquité", pèchera dans l'advertance et la malice la plus formelle et complète lorsque son heure maudite viendra pour très-peu de temps, mane, thecel, pharès.
           
        L'inadvertance totale de la malice contenue dans la doctrine antichristique qu'ils promeuvent en Église et qui la crucifie et la met dans l'économie de la Passion, chez les papes vaticandeux et post, est facile à prouver, et je vais le faire tout-de-suite. Mais avant cela, je veux montrer que le même cas de figure se vérifie lors de la première et archétypale Passion, celle de Notre-Seigneur Jésus-Christ. En effet, la sainte-Écriture nous enseigne fort bien que les juifs et les romains, qui ensemble récapitulent métapolitiquement le monde tout entier, étaient dans l'inadvertance complète du péché pourtant hyper-gravissime qu'ils commettaient en mettant à mort la Personne du Christ-Messie. Quel péché, en effet, est plus grave que le déicide ? En vérité, il n'y en a aucun. Mais pour autant, ce péché, le plus grave possible, fut commis par les hommes dans l'inadvertance. C'est Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même qui nous le dit et enseigne du haut de la croix : "Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu'ils font" (Lc XXIII, 34). S'ils savaient ce qu'ils faisaient, ils seraient certes remplis de malice comme les démons dans l'enfer ou l'Antéchrist-personne dans son règne maudit. Mais ils ne savent pas ce qu'ils font en mettant à mort le Christ, et donc pèchent par inadvertance. Oh !, certains parmi eux, il y a 2 000 ans, ont probablement commis le péché de déicide avec malice et advertance, peu ou prou, nous verrons cela au Jugement dernier, mais globalement, d'une manière générale, Jésus-Christ enseigne que les hommes l'ont fait mourir par inadvertance, ne sachant ce qu'ils faisaient.
           
        Saint Pierre, il n'en pouvait être autrement, confirmera l'enseignement du Christ quant à cette inadvertance générale non seulement des romains mais même des juifs qui Le crucifièrent : "Mais vous [hommes israélites], vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu'on vous accordât la grâce d'un meurtrier ; et vous avez fait mourir l'Auteur de la vie, que Dieu a ressuscité d'entre les morts ; ce dont nous sommes témoins. C'est à cause de la foi en Son nom que ce nom a raffermi cet homme [saints Pierre et Jean venaient de guérir miraculeusement un malade], que vous voyez et connaissez ; et la foi qui vient de Lui a opéré en présence de vous tous cette parfaite guérison. Et maintenant, mes frères, je sais que vous avez agi par ignorance, aussi bien que vos chefs [... même les chefs, les grand-prêtres donc, les Anne, les Caïphe, notons-le soigneusement, ne sont pas exclus par saint Pierre de l'inadvertance de leur péché d'avoir fait mettre à mort le Christ...]. Mais Dieu, qui avait prédit par la bouche de tous les prophètes que Son Christ devait souffrir, l'a ainsi accompli" (Act III, 14-18).
           
        Ce que dit saint Pierre est très-intéressant dans le v. 18, à savoir que non seulement les hommes, et donc en ce compris les chefs juifs, ont péché par inadvertance lorsqu'ils firent mourir Jésus-Christ, mais que c'était en fait la Volonté divine qui l'avait ordonné ainsi ; en dernière analyse en effet, c'est Dieu qui a accompli son dessein de la Rédemption en ordonnant par sa Providence l'inadvertance des hommes lorsqu'ils firent mourir le Christ.
           
        C'est extrêmement éclairant pour notre situation de seconde Passion, "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que nous vivons et mourons présentement. En fait, c'est très-exactement la même chose. Cette inadvertance des papes modernes, et singulièrement celle de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, à crucifier l'Église par leur doctrine antichristique, est effectivement et en dernière analyse, providentiellement voulue et opérée en eux par Dieu pour pouvoir mettre en œuvre justement "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Cette inadvertance du caractère hérétique de la doctrine moderniste qu'il promeut en Église se voit très-clairement avec Benoît XVI, dont l'âme restera toujours, quant à son privé, fervente et vivant d'une vraie spiritualité ordonnée à Dieu, quand bien même cette ferveur vraie cohabitera, pour que l'Écriture s'accomplisse, avec la doctrine antichristique dans son âme.
           
        Inadvertance de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, bien montrée par la Présence de Dieu dans son âme. Ce sera très-perceptible quand, dans ses fameuses Notes de 2019 sur les mauvaises mœurs du clergé actuel, il sera quasi le seul à oser publiquement bien poser le fond du problème spirituel, en disant que de tels péchés gravissimes ne pouvaient être commis que parce qu'il y a absence de Dieu dans les âmes cléricales et la perte de la Foi en Dieu même dans l'Église. Le cardinal Sarah s'était à juste titre enthousiasmé d'un diagnostic spirituel aussi fort et aussi surnaturellement vrai : "Comment pourrions-nous résumer la thèse de Benoît XVI ? Permettez-moi de le citer simplement : «Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En dernière analyse, la raison en est l’absence de Dieu» (III, 1). Tel est le principe architectonique de toute la réflexion du pape émérite. Telle est la conclusion de sa longue démonstration. (...) La crise de la pédophilie dans l’Église, la multiplication scandaleuse et effarante des abus a une et une seule cause ultime : l’absence de Dieu. Benoît XVI le résume en une autre formule tout aussi claire, je cite : «C’est seulement là où la foi ne détermine plus les actions de l’homme que de tels crimes sont possibles» (II, 2). (...) Mesdames, Messieurs, le génie théologique de Joseph Ratzinger rejoint ici non seulement son expérience de pasteur des âmes et d’évêque, père de ses prêtres, mais aussi son expérience personnelle, spirituelle et mystique. La crise des abus sexuels est le symptôme d’une crise plus profonde : la crise de la foi, la crise du sens de Dieu. (...) Le Pape Ratzinger veut montrer et démontrer qu’un climat d’athéisme et d’absence de Dieu crée les conditions morales, spirituelles et humaines d’une prolifération des abus sexuels. (...) Les explications psychologiques ont certes leur intérêt, mais elles ne font que permettre de repérer les sujets fragiles, disposés au passage à l’acte. Seule l’absence de Dieu peut expliquer une situation de prolifération et de multiplication si épouvantable des abus. (...) il faut dire que les enquêtes à propos des abus sur mineurs ont fait apparaître la tragique ampleur des pratiques homosexuelles ou simplement contraires à la chasteté au sein du clergé. Et ce phénomène est lui aussi une douloureuse manifestation, comme nous le verrons, d’un climat d’absence de Dieu et de perte de la foi" (fin de citation). Et Benoît XVI, de dire : "C'est à notre époque que le slogan «Dieu est mort» a été forgé. Lorsque Dieu meurt effectivement au sein d'une société, elle devient libre, nous assurait-on. (...) La société occidentale est une société dont Dieu est absent de la sphère publique et qui n’a plus rien à lui dire" (Notes).
           
        Or, la plupart des universitaires qui ont commenté ces Notes du pape Benoît XVI n'ont même pas été capable de prendre conscience de cette cause... première, à savoir l'absence radicale de Dieu, prouvant par eux-mêmes hélas trop bien, donc, le bien-fondé de l'analyse du pape Ratzinger ! Ils sont passés complètement à côté de Dieu, raisonnant dans du vide métaphysique, Dieu semblant vraiment leur être devenu une notion complètement étrangère et inconnue, qu'ils sont désormais absolument incapables d'appréhender (... sorte d'illustration supplémentaire de la grande Apostasie prédite par saint Paul pour les temps ultimes de l'Antéchrist, que nous trouvons à tous les carrefours, toutes les avenues de notre contemporanéité, et dont malheureusement Joseph Ratzinger-Benoît XVI ne prendra pas conscience : il voyait le fait, mais pas la signification apocalyptique dudit fait, bien dénoncée par saint Paul...) !
           
        Benoît XVI en fait ainsi la judicieuse et lapidaire remarque : "En quelques lignes, denses et riches d’implications, écrites dans la revue allemande de théologie Herder Korrespondenz, il répond très clairement à ceux qui ont critiqué ses Notes explosives parues en février dernier sur les abus sexuels dans l’Église. «Pour autant que je puisse voir, dans la plupart des réactions à ma contribution, Dieu n’apparaît pas du tout, et donc ce que je voulais précisément souligner comme le point clé de la question n’est pas abordé». C’est en ces termes que le Pape émérite Benoît XVI répond par quelques lignes publiées par Herder Korrespondenz à quelques-unes des critiques issues de son texte de réflexion sur la question des abus sexuels dans l’Église catholique. «La contribution de Mme Aschmann («La vraie souffrance catholique en 1968», Herder Korrespondenz, juillet 2019, 44-47), malgré sa partialité, lit-on dans le numéro de septembre du journal, peut inspirer une réflexion plus approfondie, mais en réponse à ma publication dans Clergy Paper on the Abuse Crisis (No 4/2019, 75-81), elle est néanmoins insuffisante et typique du déficit général dans la réception de mon texte. Il me semble que dans les quatre pages de l’article de Mme Aschmann, le mot Dieu, que j’ai placé au centre de la question, n’apparaît pas. J’ai écrit : «Un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde sans sens» (78). «La société occidentale est une société dans laquelle Dieu est absent de la sphère publique et n’a rien d’autre à dire. Et c’est pourquoi c’est une société dans laquelle la mesure de l’humanité est de plus en plus perdue» (79). Pour autant que je puisse voir, dans la plupart des réactions à ma contribution, Dieu n’apparaît nulle part, et donc précisément ce que je voulais souligner comme le point-clé de la question n’est pas abordé. Le fait que la contribution d’Aschmann néglige le passage central de mon argument, tout comme la plupart des réactions dont j’ai eu connaissance, me montrent la gravité d’une situation dans laquelle le mot Dieu semble souvent marginalisé dans la théologie»" (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/08/27/et-le-mot-dieu-etait-absent/).
           
        Or, et c'est la raison pour laquelle je rapporte cet épisode, si Joseph Ratzinger-Benoît XVI était capable de se rendre compte de l'absence de Dieu dans la société et même dans l'Église contemporaines (quand bien même il n'en fera pas, comme il aurait dû le faire, la relation apocalyptique avec la grande apostasie prédite par saint Paul pour la fin des temps), cela ne pouvait être très-clairement que parce qu'il vivait de Dieu dans le profond de son âme : on ne peut pas se rendre compte, en effet, de l'absence de Dieu si soi-même on ne vit pas de la Présence de Dieu... Or, cette Présence de Dieu que Joseph Ratzinger vit dans son âme et qui, subséquemment, lui permet de prendre conscience de l'absence de Dieu source principale des maux de notre époque, dans l'Église comme dans le monde, ne peut pas être compatible, bien sûr, avec une croyance en la doctrine antichristique professée et crue par lui avec advertance, c'est-à-dire avec malice coupable, cela prouve donc qu'il la professe avec inadvertance, et c'est ce que je voulais bien montrer, cqfd.
           
        Cette pensée de remettre Dieu à la première place, de vivre de Dieu, un Dieu trop oublié de nos jours, n'est pas nouvelle chez lui, d'ailleurs, bien au contraire, c'est une pensée qu'il entretient dans son âme et qu'il vit très-fortement depuis longtemps. Il la rappellera par exemple avec force conviction aux cardinaux dans le grand discours qu'il leur fit en tant que Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi le 27 février 2 000. Il commence par leur rappeler immédiatement, dès le début, que le sujet principal de Vatican II avait été Dieu, avant même l'Église (... du moins, les Pères conciliaires l'avaient-ils voulu ainsi, cependant ce n'est pas du tout ce qui fut réalisé à Vatican II, c'est tout le contraire... mais cela, Ratzinger n'en prendra pas conscience) : "Parmi les membres de la Conférence épiscopale allemande [qui préparaient, en 1960, les thèmes à soumettre à Vatican II, avant que ses assises ne s'ouvrissent] prévalait un très large accord sur le fait que l’Église devait être le thème du Concile. Le vieil évêque Buchberger, de Regensburg, qui, comme maître d’œuvre du Lexikon für Theologie und Kirche en dix volumes (qui en est aujourd’hui à sa troisième édition) s’était acquis estime et renommée bien au-delà de son diocèse, demanda la parole – c’est ce que me raconta l’archevêque [Frings] de Cologne – et dit : «Chers frères, au Concile, vous devez avant tout parler de Dieu. C’est le thème le plus important». Les évêques demeurèrent interdits ; ils ne pouvaient se soustraire à la gravité de cette parole. Naturellement, ils ne pouvaient se décider à proposer simplement le thème de Dieu. Mais une inquiétude intérieure est pourtant restée, au moins chez le cardinal Frings, qui se demandait continuellement comment on pourrait satisfaire ce besoin impérieux. Cet épisode m’est revenu à l’esprit quand j’ai lu le texte de la conférence que prononça Johann Baptist Metz au moment de quitter, en 1993, sa chaire de Münster. Je voudrais citer au moins quelques phrases significatives de cet important discours : «La crise qui a frappé le christianisme européen, n’est plus en tout premier lieu, ou au moins exclusivement, une crise ecclésiale… La crise est plus profonde ; elle n’a pas en effet ses racines seulement dans la situation de l’Église elle-même : la crise est devenue une crise de Dieu», etc." (Intervention du cardinal Joseph Ratzinger sur l'ecclésiologie de la Constitution "Lumen Gentium" au congrès international sur la mise en oeuvre du concile œcuménique Vatican II, organisé par le comité du grand jubilé de l'an 2 000 ; cf. https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20000227_ratzinger-lumen-gentium_fr.html).
           
        En fait, il est trop vrai qu'en faisant le PIRE DU PIRE, par leur doctrine antichristique, les papes modernes ont vraiment cru faire le MIEUX DU MIEUX en l'appliquant à l'Église, complètement aveuglés (la plus grande erreur d'appréciation des tradis, tout spécialement lorsqu'ils sont sédévacantistes, est justement de croire que les modernistes de la génération Paul VI et post, le sont avec malice et advertance). Et c'est là le drame, la tragédie ecclésiale cornélienne marquant la fin des temps, car cette situation va aller jusqu'à la mort, usque ad mortem. L'adage antique vient tout-de-suite à l'esprit : Jupiter aveugle ou rend fou ceux qu'Il veut perdre, quos vult perdere Jupiter dementat. En fait, il s'agit ici, pour "la crise de l'Église", non pas bien évidemment d'une perte éternelle synonyme de damnation, mais de mort temporelle, tout-à-fait à mettre en relation avec la mort du Christ en croix, et qui, dans ses derniers instants, a arraché au Christ ce très-significatif Eli, Eli, lamma sabachtani !, pourquoi M'as-Tu abandonné ?, pourquoi M'as-Tu perdu ? Jésus-Christ se sentait, dans son Humanité, terriblement, affreusement, abandonné, perdu, par le Père, et c'est cette même situation que vit l'Église aujourd'hui, dans son économie particulière du Temps des nations et de Rome son centre, elle est abandonnée, perdue par le Père également. En fait, c'est Dieu qui veut la mort non pas bien sûr de l'Église en tant que telle, car elle est éternelle dans son principe divin, mais de l'économie ecclésiale de salut en cours, celle du Temps des nations et de Rome son centre. Et pour arriver à cela, afin que l'Écriture s'accomplisse comme fait judicieusement remarquer saint Pierre dans le v. 18 des Actes, III, comme nous l'avons vu en commençant ce chapitre, Dieu envoie un esprit d'aveuglement et de folie totale sur les âmes des papes non seulement modernes mais modernistes, qui les obscurcit radicalement sur le caractère pourtant formellement antichristique de ce qu'ils croient et professent et qui, appliqué à l'Église, va la faire mourir.
           
        Fin 1987, Mgr Lefebvre va voir le cardinal Ratzinger pour discuter avec lui de la possibilité de faire des évêques tradis. Parlant avec lui doctrine et bien entendu arrivant aux fondements de la Foi avec son interlocuteur, il est bouleversé et scandalisé de constater que le cardinal Ratzinger qui est alors Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi... n'a pas la Foi la plus basique qui soit sur l'infaillibilité et la pérennité du Magistère de l'Église, c'est-à-dire en fait, sur les fondements mêmes de la Constitution divine de l'Église, excusez du peu. Et hélas, Mgr Lefebvre avait raison : le cardinal Ratzinger, aveuglé complètement dans son âme par sa doctrine moderniste subversive de la Foi, n'hésitera pas, en effet, à appeler dans ses écrits Vatican II, le contre-Syllabus... comme si le Syllabus du pape Pie IX n'était pas doté de l'infaillibilité ecclésiale et donc doctrinalement irréformable de soi ! Il ne pouvait donc pas être contredit par un décret magistériel postérieur à lui, ou, bien pire, par tout un concile universel de soi infaillible de par le Magistère ordinaire & universel ! Mais le cardinal gardien de la Foi ne pouvait pas comprendre cela, ce qui, sur un simple plan humain, était effectivement complètement renversant, pratiquement inimaginable, et Mgr Lefebvre en éprouva visiblement un véritable électrochoc spirituel.
           
        "Ce qui vous intéresse tous ici, dira-t-il à ses séminaristes, c'est de connaître quelles sont mes impressions après l'entrevue que j'ai eue avec le cardinal Ratzinger le 14 septembre 1987. Hélas, je dois dire que Rome a perdu la Foi, Rome est dans l'apostasie. Ce ne sont pas des paroles en l'air, c'est la vérité ; Rome est dans l'apostasie. On ne peut pas faire confiance à ces gens-là, puisqu'ils abandonnent l'Église. C'est sûr" (Nos relations avec Rome après l'entrevue avec le cardinal Ratzinger). L'évêque traditionaliste y reviendra quelques années plus tard, preuve que cela l'avait très-fort marqué, quelque un mois avant sa mort : "Ce qui est grave chez le cardinal Ratzinger, dira-t-il, c'est qu'il met en doute la réalité même du Magistère de l'Église, de l'enseignement du Magistère de l'Église. Il met en doute qu'il y ait un Magistère qui soit permanent et définitif dans l'Église. Ce n'est pas possible. Il s'attaque à la racine même de l'enseignement de l'Église, de l'enseignement du Magistère de l'Église. Il n'y a plus une vérité permanente dans l'Église, de vérité de Foi, de dogmes par conséquent ; c'en est fini des dogmes dans l'Église ; cela c'est radical. Évidemment, ceci est hérétique, c'est tellement clair, c'est horrible, mais c'est comme ça" (l'une des dernières conférences spirituelles de Mgr Lefebvre au séminaire d'Écône, 8 & 9 février 1991). Mais par ailleurs, il est important de noter que ce choc spirituel éprouvé par le chef de file des tradis a tellement obsédé son âme qu'il l'a empêché fort dommageablement de prendre conscience que cette apostasie, fruit de son modernisme, est professée et crue par le cardinal Ratzinger en toute inadvertance de son caractère hérétique, sans s'en rendre le moindre compte...
           
        Car c'est bel et bien en totale inadvertance que Joseph Ratzinger tombe dans une apostasie la plus radicale possible, l'âme absolument obstruée par sa doctrine moderniste antichristique. Et, en dernière analyse de la question, cette inadvertance est opérée dans son âme comme dans celle de tous les papes modernes, par Dieu lui-même, selon ce que nous dit saint Pierre des hommes pour la Passion du Christ, aux fins ultimes et supérieures de faire rentrer l'Église dans l'économie de la Passion, "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (cf. l'exposé complet que j'en fais, ici https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf).
           
        Avec tous les papes modernes, en faisant LE PIRE DU PIRE, je le répète, il s'imagine vraiment faire LE MIEUX DU MIEUX, c'est-à-dire faire connaître à l'Église, sous l'inspiration du Saint-Esprit, un désenveloppement homogène de son dogme, ce qui est tout-à-fait orthodoxe et même classique. Cette bonne motivation de fond est très-évidente dans la pensée de Ratzinger quant à Vatican II.
           
        Cela commence d'ailleurs avec le pape Jean XXIII. Joseph Ratzinger-Benoît XVI n'est pas sans connaître les critiques qui fusent sur l'orthodoxie de Vatican II, qu'il peut considérer à bien des égards, lui aussi, comme son concile (j'ai cité au début de ces lignes la part active qu'il prit, en collaboration avec Karl Rahner, au décret Dei Verbum, mais il fut une cheville ouvrière importante de bien d'autres décrets, par exemple de Ad gentes, le décret sur les missions ; c'est Ratzinger, en tant que peritus, qui en posa les bases schématiques, en collaboration étroite avec Congar). Il y répond de manière globale en invoquant la bonne intention des Pères du concile moderne, explicitée par le pape Jean XXIII dès que le concile s'ouvrit. C'est le raisonnement qu'il a exposé et soutenu dans le grand détail devant tous les cardinaux, quelques jours avant son premier Noël pontifical, dans son Discours à la Curie romaine à l'occasion de la présentation des vœux de Noël, qu'on pourra trouver in extenso ici : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2005/december/documents/hf_ben_xvi_spe_20051222_roman-curia.html.
           
        Lisons-le, dans la partie qui nous intéresse : "... À l'herméneutique de la discontinuité [ou rupture] s'oppose l'herméneutique de la réforme [ou de continuité] comme l'ont présentée tout d'abord le Pape Jean XXIII, dans son discours d'ouverture du Concile le 11 octobre 1962, puis le Pape Paul VI, dans son discours de conclusion du 7 décembre 1965 [En effet. Paul VI y disait : "Pouvons-Nous dire que nous avons rendu gloire à Dieu, que nous avons cherché à le connaître et à l'aimer, que nous avons progressé dans l’effort pour le contempler, dans la préoccupation de le louer et dans l'art de proclamer ce qu'il est aux hommes qui nous regardent comme pasteurs et maîtres dans les voies de Dieu ? Nous croyons franchement que oui, notamment parce que c'est de cette intention première et profonde que jaillit l'idée de réunir un Concile. Ils résonnent encore dans cette basilique les mots prononcés lors du discours d'ouverture par Notre vénéré prédécesseur Jean XXIII, que Nous pouvons bien appeler l'auteur de ce grand rassemblement"]. Je ne citerai ici que les célèbres paroles de Jean XXIII, dans lesquelles cette herméneutique est exprimée sans équivoque, lorsqu'il dit que le Concile «veut transmettre la doctrine de façon pure et intègre, sans atténuation ni déformation», et il poursuit : «Notre devoir ne consiste pas seulement à conserver ce trésor précieux [du Dépôt révélé de la Foi], comme si nous nous préoccupions uniquement de l'antiquité, mais de nous consacrer avec une ferme volonté et sans peur à cette tâche, que notre époque exige... Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée d'une façon qui corresponde aux exigences de notre temps. En effet, il faut faire une distinction entre le dépôt de la foi, c'est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérée doctrine, et la façon dont celles-ci sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée» (S. Oec. Conc. Vat. II Constitutiones Decreta Declarationes, 1974, pp. 863-865)" (fin de citation).
           
        On ne saurait mieux démontrer la bonne intention des Pères conciliaires, à commencer par les papes Jean XXIII et Paul VI, c'est-à-dire leur inadvertance complète de promulguer des hérésies voire des apostasies comme dans la Liberté religieuse, lorsqu'ils en promulguent.
           
        Et quant à lui personnellement, Joseph Ratzinger, c'est avec une très-grande ferveur religieuse qu'il se rend au concile, loin, tellement loin, de vouloir y introduire l'hérésie ou même l'apostasie. Laissons-le nous dire lui-même son pieux enthousiasme, non pas juste après l'évènement, ce qu'on pourrait attribuer à un sentiment de surface, passager, mais plus d'un demi siècle plus tard, après, pourtant, toutes les désillusions post-conciliaires qui n'ont cessé de se compiler les unes sur les autres au fil des ans, mais qui n'ont égratigné ni terni en rien le grand enthousiasme, toujours aussi fort et prégnant dans son âme, qui a été le sien lors de Vatican II. Comme il dira lui-même simplement : "J’ai vécu, moi aussi, l’époque du concile Vatican II, j’étais dans la basilique Saint-Pierre avec beaucoup d’enthousiasme".
           
        C'est dans le Discours d'adieu aux prêtres de Rome, le 14 février 2013, juste avant de se mettre en retrait pontifical : "... Alors, nous sommes allés au Concile, non seulement avec joie, mais avec enthousiasme. Il y avait une attente incroyable. Nous espérions que tout se renouvelle, que vienne vraiment une nouvelle Pentecôte, une nouvelle ère de l’Église, parce que l’Église était encore assez robuste en ce temps-là, la pratique dominicale encore bonne, les vocations au sacerdoce et à la vie religieuse étaient déjà un peu réduites, mais encore suffisantes. Toutefois, on sentait que l’Église n’avançait pas, se réduisait, qu’elle semblait plutôt une réalité du passé et non porteuse d’avenir. Et à ce moment-là, nous espérions que cette relation se renouvelle, change ; que l’Église soit de nouveau une force pour demain et une force pour aujourd’hui. Et nous savions que la relation entre l’Église et la période moderne, depuis le commencement, était un peu discordante (...) ; on pensait corriger ce mauvais commencement et trouver de nouveau l’union entre l’Église et les meilleures forces du monde, pour ouvrir l’avenir de l’humanité, pour ouvrir le vrai progrès. Ainsi, nous étions pleins d’espérance, d’enthousiasme, et aussi de volonté de faire notre part pour cela" (fin de citation). Et Dieu sait que ce qu'il décrit là au pluriel par modestie, le concernait lui personnellement, c'était le fond de son âme, qu'on ne peut manquer de trouver édifiant.
           
        Cependant qu'il est, concrètement, dans l'erreur la plus totale dans son analyse, erreur dont il n'est pas besoin de dire qu'il ne s'en rend absolument pas compte. Si en effet, le constat qu'il fait que l'Église, dans les années 1960, "n'avance pas, se réduit, semble une réalité du passé et non porteuse d'avenir", constat parfaitement lucide et exact, c'est en fait parce qu'elle est déjà rentrée dans l'économie de la Passion, et ce, bien avant les années 1960, bien avant Vatican II. Elle l'est en effet depuis plus d'un siècle et demi déjà, depuis le concordat de Pie VII avec Napoléon, qui a corrompu antéchristiquement les Mœurs de l'Église, ce dont ne prennent absolument pas conscience les modernes (et pas plus, d'ailleurs, les tradis). C'est en corrompant ses Mœurs par la pratique concordataire pontificale avec des États post-révolutionnaires constitutionnellement athées, que l'Église a subverti elle-même son message évangélique dans l'époque moderne, qu'elle est rentrée par-là même déjà dans l'économie de la Passion, et c'est la raison profonde pour laquelle elle y apparaît depuis comme languissante au niveau de sa force spirituelle, bémolisée. Car un crucifié est, avec ses proches, ses contemporains, toujours en-deçà de la vie ordinaire, et c'est cette cause première du bémol de l'Église contemporaine que ne perçoit pas du tout le moderne, à commencer par Joseph Ratzinger.
           
        Alors, se faisant illusion sur cette cause première de la situation bémolisée de l'Église contemporaine, il s'imagine qu'elle va reprendre son statut normal voire même un statut supérieur diésé, en catholicisant les principes révolutionnaires dont il veut s'imaginer qu'ils ont un fondement chrétien. Il fait donc le raisonnement absolument inverse, sataniquement contraire à la vérité, qu'il faudrait qu'il fasse : puisque l'amoindrissement de l'Église bémolisée dans la virtus de son message évangélique provenait en cause première de la prostitution concordataire de ses Mœurs avec les principes révolutionnaires qui se sont concrétisés dans les États constitutionnellement athées, alors, pour en guérir l'Église et lui donner à nouveau toute la force évangélique que l'Esprit-Saint infuse en elle, il s'agissait donc premièrement d'exorciser d'elle, d'expurger d'elle, le principe révolutionnaire épousé dans ses Mœurs par sa pratique concordataire au sortir même de la Révolution. Et non faire l'inverse, s'atteler à faire correspondre la Foi de l'Église aux mauvaises Mœurs corrompues de l'Église depuis l'immédiat sortir de la Révolution, dès 1801, en bénissant-oui-oui le mauvais principe de la Révolution, prétendant qu'il avait un fond chrétien, par tout un concile universel.
           
        Ce qui signifie que le vrai travail apostolique de l'ère moderne pour l'Église, aurait donc impérativement dû consister à Vatican II, premièrement, dans la purification publique radicale de ses Mœurs en cessant et rompant solennellement toute relation concordataire avec les États post-révolutionnaires constitutionnellement athées comme étant basés sur "les droits de l'homme" anti-Dieu, cassant strictement tous les concordats qui avaient été passés avec eux depuis le pape Pie VII, pour la raison théologique fondamentale que cesdits États, si l'on suit comme on doit le faire l'enseignement formel de saint Paul dans Rom XIII en matière politique constitutionnelle, ne sont tout simplement pas valides ni légitimes aux Yeux de Dieu, et que, subséquemment, ils ne doivent donc pas l'être non plus pour l'Église ni pour les âmes catholiques (et celles de bonne volonté) ; et qu'il est hérétique et même apostat de passer concordat avec des États qui, métaphysiquement, n'existent pas. Parce que si on fait l'inverse, comme on l'a fait ecclésialement depuis 1801 en se concordatisant-prostituant avec eux, ce qui est leur réputer validité et légitimité à cause de la structure juridique synallagmatique de tout concordat, on se corrompt, par les Mœurs pour commencer, à l'athéisme révolutionnaire. Et voilà pourquoi l'Église est, depuis lors, dans un tel état de langueur spirituelle qui va s'aggravant, le diagnostic de sa maladie grave est là, tout entier.
           
        Et donc, à Vatican II, il fallait de toute première urgence et nécessité, appliquer le seul onguent qui pouvait guérir l'Église de sa maladie qui menaçait de devenir mortelle plus le temps avançait, à savoir réadopter à nouveau les Mœurs catholiques en matière de Politique constitutionnelle, en n'acceptant plus de concordatiser uniquement qu'avec des États basés constitutionnellement sur les Droits de Dieu et de son Christ (il n'y eut qu'un concordat valide et légitime au XIXème siècle, celui passé pour l'Équateur entre Garcia Moreno et l'Église sous le pape Pie IX). Cela, certes, j'en ai parfaitement conscience, serait revenu à excommunier publiquement et solennellement tous les États modernes de la planète dans un décret conciliaire universel réunissant tous les Pères de la génération ecclésiale moderne una cum le pape actuel... puisque tous sont basés sur les "droits de l'homme" anti-Dieu post-révolutionnaires ! L'Église en serait certes devenue complètement isolée dans le monde ou plutôt dans la figure du monde qui passe, nul doute sur cela. Mais en même temps, cette vraie et seule solution du problème moderne généré par la Révolution aurait suscité un effet électrochoc salutaire pour le monde entier et l'Église en clarifiant à la face de l'univers entier la vraie situation, cela aurait considérablement étouffé "la puissance des ténèbres" et aurait, d'un seul coup d'un seul, redonner à l'Église la flamme de l'Esprit-Saint, toute la force spirituelle qu'elle avait perdue par la faute concordataire du tout premier pape venant après la Révolution, Pie VII Chiaramonti, corrompant de manière gravissime ses Mœurs. Elle serait certes repartie à zéro face au monde, mais avec la toute-Puissance du Christ pour le reconquérir librement.
           
        Mais, las !, aux antipodes de (pouvoir) comprendre cela, le moderne a donc fait le raisonnement exactement et sataniquement inverse de celui qui précède, qui était le seul bon à faire : loin de vouloir guérir les Mœurs de l'Église, corrompues par la pratique concordataire ecclésiale avec des États post-révolutionnaires constitutionnellement athées, ne prenant nullement conscience que la diminution des forces spirituelles de l'Église venait en cause première de là et de nulle part ailleurs, le moderne s'est imaginé soigner et guérir la langueur spirituelle de l'Église post-révolutionnaire, que Ratzinger constate tout-à-fait bien, en convertissant la Foi de l'Église aux... mauvaises Mœurs corrompues de l'Église post-révolutionnaire ! Alors que c'étaient elles, ces mauvaises Mœurs, qui étaient la grande cause première de sa langueur !! C'est-à-dire faire professer magistériellement le principe révolutionnaire des "droits de l'homme" par la Foi, ce qui fut éminemment fait dans le décret de la Liberté religieuse (que Ratzinger ose décrire, avec Nostra Aetate, comme étant le haut-pic de Vatican II : "De manière inattendue, on ne trouve pas la rencontre avec les grands thèmes de l’époque moderne dans la grande Constitution pastorale [Gaudium et Spes], mais bien dans deux documents mineurs, dont l’importance est apparue seulement peu à peu, avec la réception du Concile", montrant là qu'il est tout-à-fait à ranger dans la catégorie moderniste ultra... ― Vatican II vu par le jeune théologien Joseph Ratzinger, publié par le Centre diocésain d'information du Diocèse de La Réunion), alors que depuis la Révolution cedit principe révolutionnaire n'était encore pratiqué dans l'Église que par ses Mœurs. C'était donc, loin de guérir l'Église de son mal, l'aggraver considérablement, en pervertissant la Foi par la perversion des Mœurs, la crucifier définitivement sur la croix d'ignominie en n'ayant plus devant les yeux que l'étape ultime de la mort, Mœurs et Foi étant dorénavant contaminées, alors que, dans tout le XIXème siècle et au début du XXème, l'Église ne faisait encore que gravir le chemin du calvaire en portant sa croix mais sans encore y être crucifié. La corruption des Mœurs passant dans la Foi de l'Église, convertissant par décalcomanie la Foi de l'Église, sera très-explicitement constatée à Vatican II par le décret de la Liberté religieuse (j'explique en profondeur toute cette dynamique progressiste du mal dans l'Église, se transvasant des Mœurs dans la Foi, dans l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=1).
           
        Voilà donc en toute vérité ce qu'ont fait concrètement les modernes au concile Vatican II, et singulièrement Joseph Ratzinger qui en fut une cheville ouvrière très-importante : clouer définitivement l'Église sur la croix, dans l'attente du coup mortel que lui donnera l'Antéchrist-personne dans son règne maudit, lorsque la Providence de Dieu l'y autorisera. Loin de la guérir du mal qu'elle avait contracté dès le tout début du XIXème siècle en corrompant ses Mœurs par la pratique concordataire pontificale-ecclésiale avec des États démocratiques issues de la Révolution, l'Église moderne, par Vatican II, a rendu au contraire mortelle, sans issue autre que la mort, la maladie qui l'atteignait, en voulant trouver soi-disant une base chrétienne aux principes fondateurs de la Révolution qui engendreront les "filles de Babylone" (Louis Veuillot), c'est-à-dire toutes ses p... de démocraties post-révolutionnaires fondamentalement anti-Dieu, dont on voit bien à présent, je l'ai dit dans un article, qu'elles se transmuent toutes, comme tout naturellement et comme par hasard, en démonazies, ce qui s'est singulièrement vu, pour ceux qui ont des yeux pour voir, dans la gestion de la crise du Covid (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/reflexions-sur-le-nazisme-universel-contemporain-encore-dit-democratie-universelle?Itemid=1 ― à mon sens, soit dit en passant, nul n'a mieux défini ce qu'est, dans son fondement métaphysique essentiel, la Démocratie moderne post-révolutionnaire, que le penseur colombien Nicolás Gómez Dávila, 1913-1994, qui l'a superbement formulé ainsi : "une religion anthropothéiste dont le principe est une option de caractère religieux, un acte par lequel l’homme se regarde comme étant Dieu").
           
        Or, il est radicalement impossible de christianiser, comme les modernes ont voulu le faire à Vatican II, ce principe luciférien de l'homme qui se fait Dieu, comme a voulu le croire Paul VI dans l'utopie la plus totale et la plus mortifère, résumant lapidairement toute la pensée ecclésiastique des modernes qui est aussi celle qu'exprime Joseph Ratzinger, dans son discours de clôture du concile Vatican II le 7 décembre 1965, que Ratzinger-Benoît XVI évoque d'ailleurs (mais aussi, il suffit de lire en entier ce Discours, pour prendre acte qu'il est le plus saintement inspiré d'une bonne intention) : "La religion du Dieu qui s'est fait homme s'est rencontrée avec la religion (car c'en est une) de l'homme qui se fait Dieu. Qu'est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver ; mais cela n'a pas eu lieu. La vieille histoire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes pour les hommes l'a envahi tout entier" (fin de citation). Le problème, c'est que le bon Samaritain a fait la charité à un homme et non à une mauvaise doctrine, le raisonnement de Paul VI était donc tout faux partout...
           
        Il n'est pas besoin de chercher plus loin pour bien asseoir la réalité de l'inadvertance complète des Pères de Vatican II, singulièrement celle de Joseph Ratzinger qui deviendra le pape Benoît XVI, qui occupe plus spécialement mon présent article.
           
        Mais cette inadvertance des papes modernes, couplée à une autre réalité, celle de la doctrine antichristique que cesdits papes promeuvent en Église, fait vivre à cette dernière (et mourir en même temps), sa propre et personnelle Passion,
           
        "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
bon Pasteur chapelle du Carme Marienthal Alsace
           
        Je crois que j'arrive à la fin de mon "discours de la méthode".
           
        Je ne saurai le terminer sans dire mon scandale profond et encoléré de la cérémonie bâclée des obsèques du pape Benoît XVI, c'est-à-dire aborder le "secondement" du malgré tout de mon titre. Tout le monde, même les modernes, a remarqué ce bâclage, ce saccage même, visiblement voulu et qui ne pouvait qu'être savamment préparé, et qui ne pouvait l'être évidemment que par le pape François qui en est le grand responsable. Et cela a montré, une fois de plus, une fois encore, de quoi cet énergumène pontifical, pardon, est capable...
           
        Son homélie, en particulier, qui a voulu donné le ton à toute la cérémonie, fut d'une platitude uniforme prodigieuse, qui n'a pu qu'être très-étudiée. Pas seulement sur le fond mais sur la forme, bonasse, ton monocorde, unicorde avec étouffoir, recto tono, banalisée et désacralisée au maximum dans un souffle mourant, chaque mot sortant de la bouche de François comme s'il était impossible qu'il ne soit pas le dernier, homélie récitée avec un esprit affiché volontairement à cent mille lieues des obsèques, la vérité est ailleurs, comme si son discours concernait un defunctus que François n'aurait pas du tout connu, bref, exactement comme si on assistait à l'enterrement d'un chien quelconque écrasé et laissé pour compte sur le bord de l'autoroute, que même la SPA aurait dédaigné de réclamer...
           
        Quant au fond, au texte de l'homélie, François a sûrement dû la travailler dur-dur pour arriver à ce résultat monstrueusement insignifiant. Ce pape crucificateur a réussi ce tour de force de n'y faire strictement aucune allusion à Joseph Ratzinger-Benoît XVI, sauf le mot "frère" lancé en l'air comme par hasard dans le discours avant de retomber complètement à plat, et une vague phrase en finale, comme un appendice mis là presque pour être opéré ! Un vrai scandale, étant donné la place très-importante de Joseph Ratzinger dans l'Église contemporaine ; un canevas même à grosses mailles de sa place dans l'Église contemporaine aurait pourtant été juste le a minima décent pour honorer l'église romaine dont il fut le pape. Mais non, l'homélie fut juste de la pseudo-spiritualité bâclée passée à la moulinette, des phrases tricotées dans le surréalisme évanescent, sans aucun effort de liaison logique entre elles, sans parler des nombreux couples de mots au sens absurde et ridicule. Une vraie homélie stalinienne, pour enterrer un défunt haï dont on a ardemment souhaité la mort depuis (trop, beaucoup trop) longtemps.
           
        ... Vous croyez que j'exagère ? Alors, lisons ensemble un peu cette homélie scandaleuse, qui, de près ou de loin, ne fit aucune allusion au parcours de vie de Joseph Ratzinger devenu le pape Benoît XVI, même pas sur un simple plan spirituel, il fallait le faire.
           
        Après nous avoir dit que le Christ s'est remis aux mains de son Père, on nous dit que cela L'a poussé à se remettre aux mains de ses frères (...?) pour s'ouvrir aux "histoires qu'Il rencontrait sur son chemin" (!!). On est là en plein délire moderniste imbécile : au moment de sa mort, le Christ, après s'être remis aux Mains de Dieu, son Père et le nôtre, "a été enseveli, est descendu aux enfers" (Credo), c'était terminé pour Lui les chemins de Jérusalem, de Capharnaüm ou d'ailleurs, et celui d'Emmaüs, après sa Résurrection, n'était pas encore programmé. Ce n'est là que verbiage insipide et surtout doctrinalement absurde. Mais, dans la foulée, on nous apprend vite que les mains du Christ ont été rongées (sic !) par l'amour. Que signifient bien, sur le plan spirituel, des mains rongées par l'amour ?!? Rongé, c'est négatif ; l'amour, c'est positif. Des mains ne peuvent donc pas être négativement rongées par l'amour qui est positif. Continuation de l'absurdité surréaliste de jean-foutre, du vrai foutage de gueule, et vu le contexte où elle est proférée inconsidérément, cela confine vraiment au blasphème.
           
        "«Père, entre tes mains je remets mon esprit» est l’invitation et le programme de vie qui murmure et veut modeler comme un potier (cf. Is 29,16) le cœur du berger, jusqu’à y faire palpiter les mêmes sentiments que le Christ Jésus". Zut. Cela fait plus d'un quart d'heure que j'y suis, ma cervelle commence à chauffer, et je n'arrive toujours pas à saisir le sens spirituel de cette phrase qui n'a pas de lien logique quant à l'idée exprimée. Qu'est-ce que c'est qu'un programme de vie qui murmure ?!, le cœur du berger qui palpite !? Des enfilades de mots émotionnels mais sans aucun sens surnaturel véritable et authentique, juste là pour en donner un semblant d'impression. On est dans le mode surréalisme-impressionnisme pseudo-spirituel bergoglien...
              
        Dans la suite, on apprend que le Seigneur... susurre. Continuation de l'exercice littéraire esthétique de pacotille. Mais... courage ô mon âme !, ne boude surtout pas ton plaisir, goûte encore suavement "le dévouement priant, silencieusement modelé et affiné entre les carrefours et les contradictions que le berger doit affronter" (??!). Plus loin, je ne vois pas ce que signifie "les fatigues de l'onction" (et sûrement que le pape François ne le voit pas non plus). Je pousse mon héroïsme jusqu'à : "Dans cette rencontre d’intercession, le Seigneur continue à générer la douceur capable de comprendre, d’accueillir, d’espérer et de parier au-delà des incompréhensions que cela peut provoquer". Rencontre d'intercession, de qui, de quoi ?, des incompréhensions, de qui, de quoi ? Cela n'est pas dit, et donc, le discours est incompréhensible. Tout cela n'a aucun sens, in the contexte et hors-contexte, c'est jeté en l'air n'importe comment pour occuper l'espace-son, le temps que d'autres alliages de mots aussi insensés soient lancés dans le vent au lance-pierre (sans jeu de mot !) pour les remplacer, jusqu'à ce que le temps imparti pour l'homélie soit (enfin) rempli...
           
        On m'épargnera le reste. Et la dernière phrase, très-souhaitée, arrive enfin en forme de cheveu sur la soupe vraiment immangeable, imbuvable : "Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix définitivement et pour toujours !"
           
        Bref, on ne peut se déprendre d'une sainte-colère parce qu'on voit très-bien que le pape François, dans cette incroyable homélie, voulait parler pour ne rien dire. Il s'y est livré à un exercice de langue de bois pseudo-spirituelle tout-à-fait remarquable, mais tout-à-fait scandaleux vu le défunt pour lequel il prononçait son homélie. Circulez, y'a rien à voir, surtout pas Joseph Ratzinger ni Benoît XVI, en résume le fond et la forme.
           
        Cette scandaleuse homélie ne faisait qu'être la devanture de la cérémonie, sa vitrine publicitaire. Tout le monde a remarqué le bâclage, le saccage, le sabotage, le réductionnisme à outrance voire le jean-foutisme de la cérémonie, visiblement volontairement organisés, et un seul n'en pouvait qu'être le maître d'œuvre, suivez mon regard.
           
        Voici par exemple comment un chroniqueur, sur le site SilereNonPossum.it, a listé les camouflets de la cérémonie :
           
        "-Le maître de cérémonie de François, le père Diego Ravelli, s'est efforcé de convaincre François de ne pas quitter la place Saint-Pierre avant que le cercueil de Benoît XVI ne soit porté dans la basilique. Cependant, François a catégoriquement refusé d'être présent lors de l'enterrement dans les grottes de Saint-Pierre.
           
        "-À l'origine, François voulait que les funérailles soient «comme celles d'un cardinal, rien de plus».
           
        "-Alors que l'Italie, l'Espagne et la Grande-Bretagne ont mis leur drapeau en berne après la mort de Benoît XVI, François ne voulait «aucun deuil» au Vatican.
           
        "-François a fait croire que seules deux délégations d'État seraient présentes. En réalité, de nombreuses personnalités de haut rang étaient présentes, mais [à cause de son refus, n'ont pu l'être qu'] à titre personnel. La Secrétairerie d'État leur a demandé d'assister sans tenue de gala mais ils n'ont pas obtempéré [et ont donc pris la tenue de gala] car ils l'auraient fait aussi pour les funérailles d'un simple cardinal.
           
        "-La Secrétairerie d'État a dit à ses journalistes judiciaires d'édulcorer les déclarations de l'archevêque Gänswein.
           
        "-François voulait enterrer Benoît en pleine terre, mais le dernier souhait de Benoît de reposer dans l'ancienne tombe de Jean-Paul II a été connu, ce qui a obligé François à céder.
           
        "-Le Governatorato n'a fait aucun plan pour les funérailles. Ce n'est qu'à la dernière minute qu'il a organisé un parking pour les participants de haut rang.
           
        "-François voulait quitter les funérailles le plus vite possible et a dit à quelqu'un à côté de lui : «Il fait froid»" (cf. https://gloria.tv/post/KkHkqZ2q39af39CKS3M8EiJhe).
           
        ... Je rajoute à ce listing scandaleux l'attitude de François lorsque, à la fin de la cérémonie, les porteurs funèbres ont arrêté le cercueil devant lui : il a, de l'air le plus bougon et constipé qu'il a pu prendre, comme s'il accomplissait un devoir honteux, pénible et insupportable, posé lourdement et en pataud sa main sur le cercueil sans lui faire... la moindre bénédiction ! Un simple laïc, même Grosjean l'idiot du village, aurait pensé à faire, à tout le moins, un signe de croix, mais lui, le pape en exercice, qui représentait toute l'Église devant toute l'Église, n'a pas fait le moindre signe chrétien sur la dépouille de son immédiat prédécesseur sur le Siège de Pierre arrêtée devant lui, avant qu'elle ne pénètre définitivement dans les grottes du Vatican, ni signe de croix ni surtout bénédiction pontificale !!!
 
        Pendant toute la cérémonie, le 5 janvier donc, il a pris un air fatigué, tellllement fatigué, dégoûté, abattu, triiiiiste. Mais dès le lendemain matin 6 janvier, il affichait au balcon de Saint-Pierre un sourire épanoui et éclatant, visiblement en pleine forme...!
           
        Un chroniqueur en a publié les photos révélatrices, puis de les commenter avec justesse : "Des funérailles expédiées en moins de deux heures, on n’avait encore jamais vu cela pour l’enterrement d’un Souverain Pontife, ne fut-il que «Pape émérite». Mais avec François on peut s’attendre à tout et nous ne sommes jamais déçus. En colère, tristes, scandalisés même, mais jamais déçus.
           
        "[le 6 janvier, il semblait] être heureux comme un pinson de ne plus avoir à supporter, derrière lui, au-dessus de lui ?, ce pape horriblement conservateur [hum !] qu’il vient d’expédier dans sa tombe sans un mot de compassion, sans une note sur sa vie, rien [dans son homélie scandaleuse, comme on vient de le voir, en effet]. Juste une fois, une toute petite fois, a-t-il accepté de prononcer le nom du Pape défunt. (...) La raison de cette embellie papale [du 6 janvier ne serait-elle pas que] : «Maintenant, il a les coudées franches». Ce qui n’augure rien de bon pour tout ce qui ressemble de près, ou de loin, à la Tradition…" (cf. https://www.medias-presse.info/francois-epuise-par-les-courtes-funerailles-de-benoit-xvi-et-joyeux-comme-un-pinson-le-lendemain-au-balcon/169081/).
 
 
funerailles et scandales benoit xvi   funerailles benoit xvi 06 1 2023
                      Le 5 janvier...                                               ... le 6 janvier
       
        Le lendemain même de cet articulet, un autre chroniqueur, l'ayant lu et vu ces photos où le pape François affiche sans retenue aucune son dégoût et sa prétendue grande fatigue lors des obsèques de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, puis montre un sourire épanoui et éclatant dès le lendemain, Jean qui pleure-Jean qui rit, en a été scandalisé, et commente plus encore en profondeur, de son côté :
           
        "Le cœur mesquin du Pape François.
           
        "Les personnes médiocres s’entourent de personnes plus médiocres qu’elles afin de pouvoir les manœuvrer à leur guise et de dissimuler leur propre médiocrité. C’est ce que Bergoglio a fait dès qu’il a accédé au trône papal. Et cela a été démontré pour la énième fois avec la mort du pape Benoît XVI.
           
        "Je résume ici certains des événements de ces derniers jours, pour la plupart anecdotiques, mais qui révèlent l’âme et la mesquinerie du pape François. Certains sont publics ; d’autres, en revanche, m’ont été confiés par des sources discrètes qui arpentent les couloirs du Palais sacré.
           
        "Avant même que la nouvelle de la mort de Benoît XVI soit connue, des ordres étaient déjà partis de Santa Marta : le travail continuerait comme d’habitude au Vatican. En d’autres termes, «il ne s’est rien passé ici». Ceux qui travaillent au Saint-Siège (clercs et laïcs) ont fait savoir que s’ils ne suspendaient pas leurs activités pour pouvoir assister au moins à la messe des funérailles, ils prendraient tout de même un jour de congé. Santa Marta a alors dû faire un compromis : ils seraient autorisés à assister à la messe mais seulement jusqu’à 13 heures. Ensuite, ils ont dû retourner au travail.
           
        "Aucun deuil officiel n’a été déclaré dans la Cité du Vatican, ses bureaux à l’étranger ou ses nonciatures. On ne sonnerait pas les cloches pour les morts et on ne mettrait pas les drapeaux en berne. Ce dernier détail a été une grande surprise. Tout pays connaît cette mesure de deuil lorsqu’une personne relativement importante meurt. Pour le Vatican et la cour du pape François, le pape Benoît XVI ne l’était pas. Curieusement, l’État italien et la Grande-Bretagne ont ordonné que leurs drapeaux soient mis en berne le 31 décembre.
           
        "On a répété à l’envi dans les palais sacrés que l’ordre était de continuer comme si de rien n’était. C’est pour cette raison que, mercredi, le pape François a tenu son audience générale comme à l’accoutumée, alors qu’à quelques mètres de là gisait le corps pas encore froid de son prédécesseur. Et il n’a fait qu’une seule référence à lui, le qualifiant de «grand maître de la catéchèse».
           
        "De nombreux cardinaux et évêques ont été déçus de ne pas pouvoir se joindre au cortège qui a transporté la dépouille du pape défunt du monastère Mater Ecclesiae à la basilique Saint-Pierre. Dans tout pays, dans toute monarchie, cette procession revêt une solennité particulière et austère, même lorsqu’il ne s’agit pas du décès du monarque régnant (rappelez-vous le cas de Don Juan de Borbón, ou de la reine mère d’Angleterre ou du prince Philip d’Édimbourg). La dépouille mortelle de Benoît XVI a été transportée dans une camionnette grise. Ni François ni le cardinal-vicaire n’ont présidé le cortège. Derrière le SUV se trouvaient simplement Mgr Georg Gänswein et les memores, les femmes qui l’ont assisté ces dernières années. Dans la curie, cela a été très mal perçu : «On ne fait pas cela même à un voisin du plus petit village d’Italie», a-t-on dit.
           
        "L’une des choses qui a le plus frappé les membres de la Maison pontificale et d’autres bureaux de la Curie qui se sont rendus à la chapelle funéraire, c’est le nombre de jeunes prêtres (plusieurs centaines) venus faire leurs adieux au Pape Benoît en portant la soutane. (...) Dans le même ordre d’idées, le nombre de jeunes et de familles avec enfants qui sont venus de loin pour voir le pape Benoît était très impressionnant.
           
        "L’une des choses qui a le plus agacé les évêques et les cardinaux présents a été l’attitude indolente du cardinal Gambetti, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre. Son attitude froide et mécanique lors de la célébration du premier service funèbre (et la voix d’un prêtre récitant que l’on pouvait entendre) et son manque de prévoyance pour de nombreux détails ne sont pas passés inaperçus. Tout aussi révoltante a été la présence d’Ettore Valzania, mécanicien dentaire de profession, que le cardinal a lui-même nommé gestionnaire de la basilique, et qui s’est promené à l’intérieur de la basilique pendant les trois jours, vêtu d’un jean, alors qu’il recevait cardinaux et chefs d’État. Cet obscur et vulgaire personnage était chargé, entre autres, de faire en sorte que les fidèles ne puissent s’arrêter plus de deux ou trois secondes devant le corps exposé du pape défunt, sans pouvoir dire une prière devant lui. N’aurait-il pas été possible, par exemple, de prolonger les heures d’ouverture de la basilique Saint-Pierre ?
           
        "Le pape François était déterminé à se retirer dans ses quartiers de Santa Marta dès la fin de la messe funéraire. Deux de ses plus proches collaborateurs ont dû insister fortement pour lui faire voir l’inopportunité du geste. Finalement, il a accepté de voir le cercueil du pape Benoît dans l’atrium de la basilique Saint-Pierre, dépouillé de ses vêtements pontificaux. Et il a refusé catégoriquement d’accompagner le cortège jusqu’à la crypte et d’y célébrer les derniers sacrements, qui ont été pris en charge par le cardinal Re, doyen du Sacré Collège.
           
        "De nombreux évêques et cardinaux du monde entier venus faire leurs adieux au pape émérite ont été étonnés (et l’ont fait savoir à leurs proches) par l’indolence des gestes et des paroles du pape François à l’égard de son prédécesseur [très-notamment donc, lors de son homélie, qui ne pouvait que scandaliser tout le monde, en effet, tant par le fond que par la forme].
           
        "(...) Dès que la mort de Benoît XVI a été connue, Santa Marta s’est empressée de dire que, en raison d’un souhait douteux du défunt, seules les délégations officielles d’Italie et d’Allemagne seraient présentes. Le problème est survenu mercredi [la veille de la cérémonie des obsèques], lorsque le Secrétariat d’État a découvert à son grand étonnement qu’un très grand nombre de délégations gouvernementales de différents pays seraient présentes à titre personnel. La nouvelle était tellement inattendue que ce n’est qu’en fin de journée que le Gouvernorat a donné l’ordre aux fonctionnaires respectifs de prévoir des places de parking pour les véhicules officiels qui transporteraient les dirigeants et les ministres.
           
        "Le Secrétariat d’État a officiellement informé les pays qui envoient des délégations que leurs représentants devaient s’abstenir de porter une tenue formelle. Cela a été une surprise, car même dans le cas des funérailles des cardinaux, ce type de tenue est utilisé. Même ces honneurs ont été refusés au pape Ratzinger.
           
        "Nous connaissons bien le bois dont sont faits les journalistes, mais quelques-uns conservent une certaine honnêteté. La vulgate qui a couru dans les salles de presse du monde entier, et dans la salle de presse du Saint-Siège lui-même, était que le pape Benoît était toujours un pontife distant, détesté ou indifférent au peuple chrétien. Beaucoup d’entre eux ont reconnu tranquillement leur erreur de jugement lorsqu’ils ont vu le nombre énorme et surprenant de personnes qui sont venues à la basilique Saint-Pierre ces derniers jours. En fait, le nombre de chaises qui ont rempli la place Saint-Pierre pour la messe des funérailles n’avait été égalé que lors de la messe inaugurale du pontificat de François" (cf. https://www.medias-presse.info/caminante-wanderer-scandalise-par-les-funerailles-de-benoit-xvi-titre-le-coeur-mesquin-du-pape-francois/169126/).
           
        ... Non, franchement, le pape Benoît méritait tout-de-même autre chose que ce coup de pied de l'âne hargneux, dur, haineux et méchant, que lui a décoché le pape François à ses obsèques. Avec François, il faut hélas dire qu'on n'est plus en présence de la mule du pape, c'est le pape lui-même qui est la mule, rancunière et vindicative à souhait, comme dans la fable d'Alphonse Daudet, sauf le respect que je dois à la fonction pontificale (même quand c'est François qui remplit le Siège de Pierre).
           
        En vérité, je ne lui trouve, dans toute l'Histoire ecclésiastique, qu'un pontife aussi énergumène que lui, à savoir, Paul IV Carafa, le géniteur de la fumeuse bulle dont se gargarisent religieusement et rituellement les sédévacs tous les matins à jeun, avant de prendre leur petit-déjeuner...
 
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        Mais éteignons vite les flammes Boanergès allumées dans notre âme par les indignités du pape François, repartons sur du sérieux, sur le fond spirituel dramatique, tragique, de notre "crise de l'Église", pour conclure.
           
        L'époque de la fin des temps, que nous vivons et mourons à la fois, est celle où "Dieu a tout enfermé dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous" (Rom XI, 32 ― La Vulgate donne "incrédulité" au lieu de "désobéissance" employé par Crampon ; le sens en est de toutes façons semblable, et veut signifier que l'homme est en-dehors de la voie de Dieu). Or, si nous n'embrassons pas la totalité spirituelle du Plan divin dans cette fin des temps, alors, nous serons inéluctablement et invinciblement acculés au désespoir, ne retenant que le premier élément qui caractérise la fin des temps, à savoir que "Dieu a tout enfermé dans la désobéissance". Il faut faire l'effort surnaturel de s'élever dans la Foi pour comprendre qu'à la fin des temps, lorsque tout, absolument tout, même le Siège de Pierre, est "enfermé dans la désobéissance", c'est seulement "pour faire miséricorde à tous".
           
        Remarquons bien que saint Paul, juste avant cette phrase, évoquait la conversion des Gentils générée par l'incrédulité des juifs, puis ensuite, il prédit la conversion de ces juifs eux-mêmes, ce qui doit avoir lieu à la fin ultime des temps, afin que tous soient en fin de compte mis dans l'ordre du salut universel proposé à chacun et à tous ("De même donc qu'autrefois vous-mêmes [les romains, les Gentils] vous n'avez pas cru à Dieu, et que vous avez maintenant obtenu miséricorde à cause de leur incrédulité [celle des juifs] ; eux de même n'ont pas cru maintenant, à cause de la miséricorde dont vous avez été l'objet, afin qu'eux aussi ils obtiennent miséricorde" ― Rom XI, 30-31). Saint Paul, en parlant des juifs et des Gentils et de leur sort à la fin des temps, parlait en fait du monde entier, et notons bien que c'est ce même monde entier, récapitulé dans les juifs et les Gentils, qui a crucifié le Christ et qui l'a fait dans l'inadvertance, ainsi que, après le Christ en croix, nous l'a enseigné saint Pierre dans les Actes ; et cette même inadvertance caractérise le monde entier de notre fin des temps crucifiant cette fois-ci le Christ dans son Église.
           
        Et c'est pourquoi, en notre dramatique fin des temps, il sera fait miséricorde à tous (du moins en droit, car tous et chacun demeurent libres dans leur libre-arbitre, d'accepter ou de refuser le merveilleux Plan de salut du Bon Dieu qui veut faire miséricorde à tous). Ce Plan divin remplit saint Paul d'émerveillement, de gratitude et d'un immense élan d'amour envers ce Dieu qui est si bon, et cela doit être aussi notre sentiment de Foi, d'Espérance et de Charité, actuellement. Après avoir en effet résumé son enseignement en nous disant lapidairement que "Dieu a tout enfermé dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous", il laisse tout-de-suite échapper son cri de joie, éclater son admiration de ce Plan divin qui montre l'Amour salvifique de Dieu pour tous les hommes : "Ô profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu ! Que Ses jugements sont incompréhensibles, et Ses voies impénétrables ! Car qui a connu la pensée du Seigneur ? ou qui a été Son conseiller ? Ou qui Lui a donné le premier, et recevra de Lui en retour ?" (Rom XI, 33-35).
           
        On ne saurait donc être étonné que la Reine des prophètes, à Fatima, épouse elle aussi, elle la première, ce merveilleux Plan divin de salut universel, lorsqu'elle enseigne aux petits bergers, par l'ange du Portugal, de dire souvent la prière suivante : "... prenez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde", c'est-à-dire très-concrètement, les âmes qui sont le plus rigoureusement et invinciblement enfermées, cadenassées, dans la désobéissance, dans l'incrédulité... comme celles des papes modernistes de notre temps de la fin !! C'est bien pourquoi, à propos de ces papes modernistes qui infestent certes notre pauvre Église contemporaine, la menant irréversiblement à la mort, il faut bien se retenir de les juger, tout en nous gardant bien sûr de leur perversité doctrinale : "Ne jugez point, afin que vous ne soyez pas jugés. Car vous serez jugés selon que vous aurez jugé, et on se servira envers vous de la même mesure dont vous vous serez servis" (Matth VII, 1-2). Enseignement divin que saint Luc consigne, lui aussi, dans son Évangile : "Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez point, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez pas condamnés" (Lc VI, 36-37).
           
        Là est le devoir de Foi fondamental, me semble-t-il, en notre temps de la fin où toutes les âmes, sans forcément faute ou coulpe de leur part, sont sous "la puissance des ténèbres", "enfermées dans la désobéissance, l'incrédulité", "faites péché pour le salut", dans une "si grande contradiction".
           
        Je ne peux m'empêcher de finir ce grand article, où l'on ne peut manquer de voir très-bien, à propos de la personne de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, que le moins se mélange inextricablement au plus, le négatif au positif, par un tout petit panégyrique à son intention, ne serait-ce que pour contribuer à réparer l'offense grave qui lui a été faite par le pape François dans l'homélie de ses obsèques. Je rappellerai pour cela ce que j'avais écrit de lui il y a plus de trois ans maintenant, le 30 mai 2019, lorsque je rédigeai mon article Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?! : "... Benoît XVI est une âme attachante et émouvante. Ce bulldozer de la pensée est un allemand et, inné en lui, il a la qualité du génie catholique allemand, à savoir une spiritualité chaude et cordicole, fondée sur l'amour mystique et vécue concrètement, toute empreinte d'une ferveur simple, humble, familiale et communicative. Malheureusement, Joseph Ratzinger est né à l'époque des faux-prophètes, et il a ingurgité, dans tout l'élan généreux et fervent de sa jeunesse sacerdotale, le poison moderniste, qui a perverti son grand esprit, il semble bien, hélas, à jamais quant à cette terre" (c'est malheureusement vrai, il n'a jamais voulu ou pu s'exorciser de Vatican II, comme par exemple l'a fait Mgr Viganò).
           
        Je complèterai ce que j'écrivais là il y a plus de trois ans en disant que, certes, Joseph Ratzinger fut un très-grand esprit, un de ses condisciples lorsqu'il était encore séminariste ne l'avait-il pas baptisé "Mozart de la pensée", mais hélas, un grand esprit brassant et se jouant des contraires peut arriver à ne plus s'y retrouver dans les choix fondamentaux au moment précis où il faut les faire hic et nunc, là où un enfant du 1er catéchisme s'y retrouverait sans même réfléchir. Personne, à ma connaissance, n'a mieux décrit cette faille des grands intellectuels que Montaigne, lorsqu'il évoqua lapidairement "ces infinis esprits qui se trouvent rognés par leur propre force et souplesse". Joseph Ratzinger-Benoît XVI a par exemple toujours voulu présenter Vatican II comme un laboratoire extraordinaire de pensées les plus surnaturellement constructives, positives, alors que ce n'était en vérité que bouillon de cultures en forme de tête-de-mort où fermentaient très-dangereusement les idées hétérodoxes les plus mortifères pour la vie de l'Église et des âmes...
           
        Et puis, et enfin, maintenant qu'il est parti dans l'Au-delà, on ne peut s'empêcher de se demander, après cette incroyable situation d'un pontificat en bi-double avec François qui a duré huit longues années, dont j'avais fait plusieurs articles pour essayer de bien la cadrer dans "LA PASSION DE L' ÉGLISE" : quel va être le prochain avenir de l'Église après sa mort ?
           
        J'avais déjà évoqué cette grande question, c'était dans un autre article Une très-bonne nouvelle !!!, écrit il y a un peu moins de deux ans maintenant, le 19 mars 2021, et il me semble que je n'ai guère, pour les présentes, qu'à recopier ce que j'y écrivais, toujours aussi valable pour nos jours : "... Mais alors ? Que se passera-t-il lorsque le pape crucifié mourra ? La chose la plus simple du monde : le pape crucifié disparaissant, il ne restera plus dans l'Église actuelle, à l'heure où elle vit la Passion du Christ, que... le pape crucificateur, en l'occurrence François. Plus rien, alors, ne semble pouvoir retenir l'arrivée de l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, comme l'avait si bien prophétisé la très-sainte Vierge Marie à La Salette, et comme si peu de catholiques l'ont compris, même à présent alors que la terrible et affreuse prophétie achève de se réaliser hic et nunc concrètement sous leurs yeux obscurcis : «Rome perdra la Foi, ET DEVIENDRA LE SIÈGE DE L'ANTÉCHRIST».
           
        "On voudra me voir pousser les choses à fond : est-ce à dire que dès la mort du pape Benoît, puis celle du pape François (... ou sa démission ; ce qui serait étonnant, car François a un tempérament de dictateur et les dictateurs ne démissionnent pas...), autrement dit, dès après la disparition des papes en bi-double que nous avons actuellement et vivant l'ultime moment de la Passion de l'Église, l'Antéchrist-personne fera immédiatement irruption pour envahir le Siège de Pierre ? Réponse : je n'en sais rien, nous n'en savons rien, personne n'en sait rien, Dieu seul le sait, et cela me suffit et cela suffit aux âmes chrétiennes. Il est possible, selon la Volonté divine, que l'Église achève encore de mourir avec un seul pape crucificateur, avec François, encore un certain temps... pour que l'Écriture s'accomplisse. Jésus n'est pas mort tout-de-suite, sur la croix. Il serait même possible, pour que le cauchemar soit complet, qu'il y ait encore à venir un autre pape de l'Église après François, ... crucificateur ?, crucifié ?, les deux à la fois cette fois-ci ?, avant que l'Antéchrist-personne n'envahisse définitivement le Siège de Pierre et ne fasse mourir l'Épouse du Christ dans son économie de salut actuelle, dite du Temps des nations et de Rome son centre. Ce que nous savons en toute certitude, et c'est le plus important, c'est que le Bon Dieu nous donnera la force, si nous le voulons, de tenir bon dans la Foi afin d'être sauvés, jusqu'à la fin ultime" (fin de citation).
           
        Que le Bon Dieu accueille par sa grande miséricorde dans son Paradis éternel, celui dont la dernière parole terrestre, fut : "Jésus, je T'aime !"
           
        On a vu une banderole "Santo subito" parmi la foule, lors de ses obsèques, comme avec Jean-Paul II. Je crois, en effet, qu'on va probablement assister dans les prochains mois à un mouvement dans l'Église actuelle vers sa canonisation.
           
        Mais je crois extrêmement plus fort encore qu'il a vraiment besoin de nos prières pour monter au Ciel.
           
        C'est pourquoi, ayant eu quelque petite rentrée d'argent dernièrement, je suis heureux de pouvoir lui offrir une messe à l'intention de son repos éternel en Dieu.
           
        Que le pape Benoît XVI, MALGRÉ TOUT, repose en paix dans le Christ !
           
        Amen.
 
En la fête de la Conversion de saint Paul,
l'Apôtre des nations,
Ce 25 janvier 2023.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 ConversionSaintPaul
 
 
 
 
 
25-01-2023 11:36:00
 

Un complément d'antidote contre l'hérésie sédévacantiste, par... saint Bernard de Clairvaux

18-12-2022 15:30:00
 

La fable sédévacantiste mensongère de la bulle de Paul IV et de son contexte historique

 
 
 
La fable sédévacantiste mensongère
de la bulle de Paul IV
et de son contexte historique
 
           
            "Tu es maître en Israël,
et tu ignores ces choses ?"
(Jn III, 10)
           
        "Au sens premier, le mot «fable» désigne l'histoire ou l'enchaînement d'actions qui est à la base d'un récit imaginaire, quel qu'il soit" (Wikipedia). "Récit, propos mensonger, histoire, allégation inventée de toutes pièces" (Larousse). Bref, on l'a compris : la fable fait vivre celui qui la fabrique et celui qui l'écoute dans un univers faux et phantasmatique, qui ne pose pas les pieds par terre dans le réel, elle le fait vivre dans une sorte de... métavers, dirait-on de nos jours antéchristisés qui se dirigent tout droit vers l'enfer virtuel du règne de l'Antéchrist-personne.
           
        Comme chacun sait parmi les catholiques qui se sont méritoirement souciés de "la crise de l'Église", la bulle de Paul IV (Cum ex Apostolatus, du 15 février 1559) est agitée comme gonfanon de combat par les sédévacantistes. Le malheur pour eux, c'est qu'ils lui font dire n'importe quoi, tirant d'elle par exemple un prétendu argument dogmatique pour leur mauvaise cause de soutenir un soi-disant droit de déchoir de leur propre autorité les papes vaticandeux, argument qui, en réalité, n'existe nullement, n'étant rien d'autre que de la poudre de perlimpinpin. La vérité, c'est qu'ils se sont inventés une fable, ils vivent "la crise de l'Église" dans une sorte de métavers...
           
        Il ne va pas être mauvais de revisiter un peu tout cela en fichant le soc de charrue très-profond, plus encore peut-être dans le champ de l'Histoire que dans celui de la théologie, car le libre-examen hérétique de la Légitimité pontificale dans le contexte ecclésial actuel, ... on voudrait certes tellement que François ne soit pas pape !!, et donc avoir LE DROIT de déchoir ou de choisir le pape actuel qui nous convient !!, ressort périodiquement, de nos jours, de bâbord, de tribord, de poupe, de proue, pas forcément d'ailleurs où on l'attendrait, parfois à l'extérieur des murs sédévacs, extra muros, certains cardinaux conservateurs modernes n'hésitant pas même à y recourir...
 
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        C'est la Foi qui fait le pape, est le raisonnement de base du sédévacantiste, ou pour mieux dire son seul raisonnement. Or, c'est un raisonnement théologiquement faux, à la racine, in radice. En effet, ce n'est pas premièrement la Foi qui fait le pape, c'est l'Église Universelle qui fait le pape, plus précisément dit : c'est la désignation par l'Église Universelle d'un tel comme vrai Vicaire du Christ qui le fait pape actuel certainement légitime. Et parce qu'il est certainement le pape légitime actuel puisqu'il est désigné par l'Église Universelle pour l'être, alors il ne peut qu'avoir la vraie Foi, à tout le moins quant à son Magistère pontifical (car, mais ce n'est qu'un cas d'école purement hypothétique et qui n'est jamais arrivé, il est théologiquement possible de supposer un hérétique occulte en son privé pouvoir être vrai pape, le Saint-Esprit l'empêchant de transvaser dans le for public magistériel l'hérésie qu'il couve dans son for privé, du moment qu'il est toujours le sujet désigné par l'Église Universelle pour être le vrai pape ; Pighius, un théologien du temps de saint Robert Bellarmin, et aussi le jésuite Laymann au XVIIe siècle, l'exposent, Laymann en particulier dit très-clairement : "Notons cependant que, bien que nous affirmions que le souverain pontife, en tant que personne privée, est susceptible de devenir hérétique et, par-là, de cesser d'être un vrai membre de l'Église, pourtant, s'il est toléré par l'Église, et publiquement reconnu comme le pasteur universel, il jouirait réellement du pouvoir pontifical, de sorte que tous ses décrets n'auront pas moins de force et d'autorité qu'ils n'en auraient s'il était vraiment fidèle" ― Theol. mor., livre II, tr. I, chap. VI, pp. 145-146).
 
        La Foi magistérielle du pape, théologiquement, est donc subséquente, seconde, par rapport à la désignation par l'Église Universelle pour décider si un tel est pape ou bien non, elle est seulement une subséquence de sa légitime désignation par l'Église Universelle pour remplir le Siège de Pierre, et non une raison première de sa légitimité.
           
        Si donc, pour rentrer dans notre apocalyptique "crise de l'Église", l'on est dans le cas d'un pape hérétique dans son Magistère, le fait qu'il n'a pas la Foi dans son Magistère n'est théologiquement pas le criterium in capite à retenir pour en déduire et professer qu'il n'est pas pape, le seul criterium à retenir pour l'affirmer serait que sa personne ne soit pas le sujet de la désignation par l'Église Universelle pour être le vrai pape actuel, ou qu'il ne le soit plus s'il l'a été, l'Église Universelle cessant à un moment donné de son pontificat suprême de le désigner pour l'être. Or, in casu, tous les papes vaticandeux, de Jean XXIII à François ont dûment bénéficié, et bénéficie toujours quant à François, de la désignation de leur personne par l'Église Universelle pour être le Vicaire du Christ actuel : ils sont donc certainement pape. La solution théologique de "la crise de l'Église" ne passe donc pas par l'illégitimité de leurs pontificats, comme le croient à tort les sédévacantistes.
           
        Voilà en effet la règle prochaine de la Légitimité pontificale, ou pour parler une langue plus moderne son criterium premier et fondamental : la désignation du pape actuel par l'Église Universelle. Et c'est une règle de droit divin absolument intangible en toutes situations (car le droit divin ne souffre aucune exception, sous peine justement, de ne pas pouvoir s'appeler droit divin), la transgresser est par le fait même, ipso-facto, détruire radicalement l'Église telle que le Christ l'a constituée il y a plus de 2 000 ans.
           
        Autrement dit, il est théologiquement complètement faux de dire qu'il suffit de constater de l'hérésie dans le Magistère d'un pape pour en déduire et professer qu'il n'est pas ou plus pape, cette proposition est théologiquement parfaitement hérétique comme supplantant l'Église Universelle, la détruisant purement et simplement dans l'âme de celui qui la professerait. Seule l'Église Universelle a pouvoir et mandat divins de déchoir un pape hérétique dans son Magistère : si elle ne le fait pas, personne ne peut le faire à sa place. Et si quelqu'un s'arroge le droit de le faire à sa place, alors il supprime l'Église Universelle. Mais que resterait-il de la Foi dans l'âme de celui qui inexisterait l'Église Universelle, laquelle est "Jésus-Christ continué" (Bossuet) ? Il n'en resterait évidemment plus rien. C'est pourtant la situation dans laquelle se place le sédévacantiste, la plupart du temps inconsciemment heureusement pour lui. On se retrouve là exactement avec le cas de figure de Luther qui prétendait faire abstraction de l'Église Universelle, se mettant antichristiquement à sa place, pour entendre la Parole de Dieu. Or, il y a des "membres enseignants" mandataires de l'Église Universelle pour dire infailliblement la Parole de Dieu et il y en a aussi pour dire non moins infailliblement qui est, ou qui n'est pas, pape, à toute heure de la vie de l'Église militante, dans son économie du temps des nations et de Rome son centre. Et en-dehors de leur enseignement, il n'y a rigoureusement aucune possibilité d'entendre la Parole de Dieu ou de savoir qui est pape ou qui ne l'est pas. Pour qu'un pape ne soit pas vrai pape, il n'y a donc qu'un seul considérant à prendre en compte, je le répète, c'est à savoir qu'il ne soit pas désigné par l'Église Universelle pour l'être, ou alors que, ayant dûment bénéficié de cette désignation par l'Église Universelle lors de son élection pontificale, elle ne soit pas tacitement reconduite ultérieurement par l'Église Universelle à un moment donné du cours de son pontificat.
           
        Le fait de voir un pape bénéficiant de la reconnaissance par l'Église Universelle de sa qualité de vrai Pontife romain actuel être cependant hérétique dans son Magistère, ne supprime donc absolument pas la certitude de sa légitimité certaine de vrai pape, verus papa, impérée par ladite désignation de sa personne pour être le vrai pape actuel de l'Église catholique, cela ne fait que montrer à tout regard que l'Église-Épouse du Christ est en contradiction avec elle-même dans ses principes constitutionnels. Et rien d'autre.
           
        Impossible, en effet, quant au pape moderne, de supprimer, soit sa légitimité certaine, soit le caractère hérétique de son enseignement magistériel, puisque tous les deux sont fondés sur deux lieux théologiques intouchables, Autorité et Vérité. Et on ne peut certes point supprimer l'Autorité au nom de la Vérité (comme le font les sédévacantistes et les guérardiens), ni non plus faire l'inverse, supprimer la Vérité au nom de l'Autorité (comme le font les lefébvristes et les "ralliés"). Nous sommes donc dans une situation apocalyptique humainement absolument incompréhensible et il ne faut pas s'étonner qu'elle en fasse déjanter plus d'un dans la Foi, par exemple mon dernier article a montré qu'elle fait moult phantasmer blasphématoirement Mgr Williamson (cf. https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/Un%20blasph%C3%A8me%20(s%C3%BBrement%20inconscient)%20%20de%20Mgr%20Richard%20Williamson?Itemid=1).
           
        Mais on sort du blasphème si l'on veut bien approfondir sa Foi, et la vivre jusqu'à accompagner le Christ dans sa Passion, jusqu'au pied du Calvaire Rédempteur, y compatir avec la très-sainte Vierge Marie, saint Jean et les saintes femmes. Car, de contradiction, il peut y en avoir de deux sortes dans l'Église : l'une, formelle, signifierait certes que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église", ce que la Foi nous enseigne bien sûr être impossible ; l'autre, simplement matérielle, signifie, radicalement aux antipodes extrêmes de la première signification, que l'Église est rentrée dans l'économie de la Passion du Christ, que saint Paul dans l'épître aux Hébreux, nous décrit comme étant une "si grande contradiction" (He XII, 3).
           
        Et bien entendu, la Foi nous enseigne que seule la seconde possibilité peut exister sans aucunement attenter aux fondements de la Constitution divine de l'Église (cf. l'exposé complet de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", ici : https://eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf).
 
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        Après avoir posé la grande loi, la règle prochaine de la Légitimité pontificale, rentrons à présent dans le concret. Puisque l'acte de désignation par l'Église Universelle du Pontife romain actuel est la règle prochaine de la Légitimité pontificale, il nous faut maintenant dire qui a pouvoir de représenter l'Église Universelle dans cet acte de désignation du Pontife romain actuel, ledit acte étant toujours un fait dogmatique, de soi doté de l'infaillibilité. C'est le Sacré-Collège cardinalice, et lui seul, qui, dans sa majorité canonique des deux/tiers plus un, représente, en corps d'Institution, l'Église Universelle lorsqu'elle a, après la mort d'un pape, à poser cet acte de désignation sur un nouveau pape, qui devient pour toute l'orbe catholique, le Pontife romain actuel. Pour ne citer que cela ici, les papes Pie IX et Léon XIII le diront très-clairement, en ces termes dénués de toute équivoque : "Le droit d'élire le Pontife romain appartient uniquement et personnellement aux cardinaux de la Sainte Église romaine, en excluant absolument et en éloignant toute intervention de n'importe quelle autorité ecclésiastique ou de toute puissance séculière, de quelque degré ou condition qu'elle soit" (Pie IX, const. In hac sublimi, 10 des calendes de septembre 1871 & Consulturi, 10 octobre 1877 ; Léon XIII, const. Praedecessores Nostri).
           
        Puisque, pour l'acte de désignation du Pontife romain actuel, les cardinaux de la sainte Église romaine ou haut-clergé de Rome représentent dans une identité absolue l'Église Universelle, en corps d'Institution dans leur majorité canonique, et que tout ce que fait l'Église Universelle est sous mouvance directe et immédiate de l'Esprit-Saint, alors, leur acte de désignation du nouveau pontife romain est doté de l'infaillibilité. En effet, lorsque l'Église Universelle, par l'organe collectif des cardinaux, se choisit une nouvelle tête visible, elle y "engage sa destinée" (cardinal Journet, dans L'Église du Verbe incarné). Or, elle ne peut que l'engager infailliblement puisqu'en le faisant, elle est sous mouvance directe et immédiate du Saint-Esprit.
 
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        Et justement, je vais en profiter, car c'est important pour bien montrer non seulement l'inanité complète de la thèse sédévacantiste sur le plan théologique, mais encore pour montrer aussi le caractère hérétique formel de ce que va oser dire le pape Paul IV dans le § 6 de sa bulle, que nous allons voir tout-de-suite, je vais en profiter disais-je, pour faire la démonstration théologique de la note formelle d'infaillibilité dont est doté l'acte de désignation du Pontife romain actuel par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique, organe transparent de l'Église Universelle. Je rassure le lecteur : après l'exposé de la théorie, les choses vont devenir immédiatement très-simples, limpides, claires comme de l'eau de roche, quant à dénouer la problématique posée par la fumeuse beaucoup plus que fameuse, bulle de Paul IV qui nous intéresse (ou plutôt qui ne nous intéresse pas du tout, étant doctrinalement une des bulles pontificales les plus honteuses de tout le Bullaire romain, dans son § 6).
           
        Énoncé de la thèse à démontrer.― L'infaillibilité de la désignation du Pontife romain actuel par l'Église Universelle, dont l'organe ordinaire est le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique, est vérité à croire de Foi, de fide, comme étant une expression formelle du Magistère ordinaire & universel doté de l'infaillibilité. Sous peine d'anathème formel et de se mettre soi-même, en la niant, hors de l'Église, anathema sit.
           
        C'est pourquoi, pour le dire avant de rentrer dans la démonstration, il ne faut pas s'étonner de voir dans le passé des hérétiques être condamnés pour avoir voulu, quant à la Légitimité pontificale, faire passer le criterium de la Foi avant celui de l'Autorité ecclésiale posant dûment cet acte de désignation du Pontife romain actuel, car cedit acte est doté de l'infaillibilité ecclésiale.
           
        Jean Huss, pré-protestant, par exemple, fut condamné par le Concile de Constance, pour avoir professé : "Ce n'est pas parce que les électeurs [du pape], ou une grande partie d'entre eux, ont acclamé telle personne d'après l'observation des hommes, que cette personne est légitimement élue [pape] ; ce n'est pas pour cela qu'il est le vrai et manifeste successeur et vicaire de l'apôtre Pierre, ou dans l'office ecclésiastique d'un autre apôtre. Par conséquent, si les électeurs ont bien choisi ou mal choisi, nous devrions le croire suivant les œuvres de celui qui a été élu : car c'est pour la raison précise que quelqu'un agit selon le bien de l'Église d'une manière pleinement méritoire, qu'il détient cette faculté de Dieu" (26ème ERREUR).
           
        Nous sommes là les pieds en plein dans la double hérésie sédévacantiste qui professe non seulement que c'est la mise en œuvre du Bien-Fin de l'Église qui est la règle prochaine de la légitimité pontificale mais qui en plus s'arrogent le pouvoir de juger si le pape opère ou bien non cedit Bien-Fin de l'Église, avec pouvoir de déchéance si l'examen s'avère négatif ; or, on vient de le lire, les Pères de Constance anathématisent cette proposition comme étant... hérétique.
           
        Wyclif, lui aussi pré-protestant, dans une proposition hérétique similaire, est pareillement condamné par le Concile de Constance, cette fois-ci sous forme de question : "[Les partisans de Wyclif] croient-ils que le pape canoniquement élu, qui a vécu quelque temps, après avoir exprimé son propre nom, est le successeur du bienheureux Pierre, possédant l'autorité suprême sur l'Église de Dieu ?" (24ème ERREUR). Le Concile de Constance pose cette question aux partisans de Wyclif, précisément parce qu'ils ne croient pas que le pape canoniquement élu est avec certitude le successeur de Pierre, mais que sa légitimité est conditionnée par ses œuvres, autrement dit par la rectitude doctrinale de sa Foi.
           
        Il est clair que le Concile de Constance, dans ces deux hérésies, condamne l'affirmation selon laquelle un pape canoniquement élu n'est pas pape avec certitude. Ce qui signifie a contrario qu'on doit reconnaître comme successeur de Pierre la personne canoniquement élue, et que cette dernière l'est avec certitude.
           
        Mais voici maintenant le corps de la démonstration théologique. Cette grande loi fondamentale de l'infaillibilité de toute élection pontificale théologiquement achevée est en effet tirée immédiatement, et non médiatement, des dogmes les plus fondamentaux qui fondent l'Église du Christ, à savoir : 1/ l'infaillibilité dont est dotée l'Église Universelle ; 2/ le fait que le pape est le suppôt (= une substance avec son mode d'exister) immédiat et capital de cette dite infaillibilité de l'Église Universelle, que lui, et lui seul, peut mettre en œuvre et met en œuvre in concreto. Or, évidemment, il est impossible que dans l'acte de se donner une tête qui met en œuvre immédiatement son charisme d'infaillibilité, l'Église Universelle puisse se tromper, par exemple en choisissant un hérétique formel ayant puissance d'infecter le Magistère pontifical de son hérésie, car s'il en était ainsi, cela introduirait ipso-facto une faille par laquelle la faillibilité pourrait s'introduire dans l'Église à chaque nouvelle élection pontificale, et donc il serait impossible que l'infaillibilité ecclésiale puisse être jamais mise en oeuvre. Ce qui prouve donc formellement l'infaillibilité de toute élection pontificale théologiquement achevée. Et il en est bien ainsi, parce que : 1/ L'Église Universelle est infaillible de soi dans TOUT ce qu'elle fait ; 2/ elle est donc infaillible en choisissant sa tête visible. La formule de Journet pour le dire, que je rappelle à nouveau, est très-profonde : l'acte de désignation ecclésiale universelle du Pontife romain est infaillible parce que, dit-il, "l'Église Universelle y engage sa destinée". Car bien entendu, l'Église Universelle ne saurait engager sa destinée que sous la mouvance très-immédiate du Saint-Esprit, c'est-à-dire, donc, de manière... infaillible.
           
        Or donc, puisque cette loi fondamentale de l'infaillibilité de la désignation ecclésiale universelle du Pontife romain actuel est tirée immédiatement et non médiatement des dogmes les plus fondamentaux (c'est bien pourquoi le cardinal Billot dans son exposé sur la question que j'ai cité au long dans L'Impubliable, dit que la raison de l'infaillibilité de l'acte de désignation ecclésiale universelle du Pontife romain actuel "n'est pas à chercher au loin", elle se trouve en effet dans les tout premiers dogmes du fondement de l'Église), dont elle n'est qu'une simple conséquence, subséquence, elle est donc elle-même intégrée, comme vérité implicite, aux vérités à croire de Foi, de fide, comme étant une expression formelle du Magistère ordinaire & universel d'enseignement. Elle est donc à croire FORMELLEMENT, au même titre qu'une vérité dogmatique explicitement formulée. Sous peine d'anathème non moins formel. Rappelons ici la règle de Foi posée par les Pères de Vatican 1er : "Est à croire de Foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la Parole de Dieu ou écrite ou transmise, et que l'Église, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel, propose à croire comme divinement révélé" (DS 3011).
           
        Le sédévacantiste semble avoir une fausse conception de ce qui est à croire de Foi pour un catholique, voulant, tel son frère ennemi le lefébvriste d'ailleurs, que seules les vérités ayant fait l'objet d'une explicitation dogmatique soient vérités à croire de Foi, de fide.
           
        On est loin de compte. En vérité, il faut y rajouter TOUTES les vérités qui sont professées par le Magistère ordinaire & universel, auxquelles sont intégrés les syllogismes qui contiennent au moins dans la majeure un dogme déjà défini et dans la mineure une vérité philosophique. Or, dans notre cas, nous avons non seulement un dogme dans la majeure, mais... un second dogme dans la mineure ! En effet : Majeure : L'Église est infaillible (vérité qui n'a jamais fait l'objet d'un dogme, mais qui a rang de dogme) ; mineure : le pape est récipiendaire immédiat et capital de l'infaillibilité de l'Église (vérité qui a été dogmatisée à Vatican 1er) ; conclusion syllogistique : toute élection pontificale est donc dotée de l'infaillibilité. La conclusion est donc une vérité à croire de Foi, de fide. L'abbé Favier, dans un petit précis de théologie pour exposer le dogme de l'Assomption résume fort bien la question par cette phrase : "[Outre les vérités révélées par le Magistère extraordinaire,] sont certaines aussi les vérités (...) qui ont une connexion nécessaire avec des dogmes déjà définis". Que le sédévacantiste retienne bien : "qui ont une connexion nécessaire avec des dogmes déjà définis". La loi fondamentale de l'infaillibilité de toute élection pontificale théologiquement achevée en est une illustration excellentissime : si on la nie, alors, on est absolument obligé de dire, soit que l'Église Universelle n'est pas dotée de l'infaillibilité, ou bien alors, que le pape n'est pas le récipiendaire capital et principal du charisme d'infaillibilité donné par le Christ à son Épouse l'Église, deux vérités dogmatiques ou ayant rang de dogme qu'il est hérétique de récuser.
           
        Outre cette dite loi fondamentale que je rappelle, quant à la Légitimité pontificale, voici quelques autres exemples de ces dites vérités implicites à croire de Foi, de fide, objets formels du Magistère ordinaire & universel, quand bien même elles n'ont pas (encore) fait l'objet d'une explicitation dogmatique, pour que le sédévacantiste saisisse bien la question.
           
        1/ Est-ce que le sédévacantiste croit que l'Église Universelle est infaillible ? Il va évidemment me répondre : mais oui, bien sûr, j'y crois, c'est même fondamental. Cependant, qu'il cherche dans tout le catalogue des définitions dogmatiques de l'Église depuis sa naissance jusqu'à maintenant, cette doctrine tellement évidente, à croire de Foi sous peine d'anathème, il… ne l'y trouvera pas. Cette pourtant fort grande vérité entre toutes, qui en commande tant d'autres, n'a en effet... jamais été dogmatiquement définie. Or, évidemment, on est sûr qu'elle est au rang de dogme, de vérité à croire de Foi, de fide, puisqu'un département d'icelle, à savoir l'infaillibilité du pape seul a été, quant à elle, explicitement dogmatisée à Vatican 1er. J'ai un très-excellent article de L'Ami du Clergé sur cette question, que le sédévacantiste pourra chercher et trouver dans L'Impubliable où je le cite (je ne lui donne pas la page précise, je le laisse l'y chercher, il s'instruira en cherchant...!).
           
        2/ L'infaillibilité doctrinale en matière liturgique est une doctrine à croire elle aussi de Foi, de fide : c'est-à-dire que dans un Rite promulgué par le pape pour l'Église Universelle, on ne saurait trouver la moindre prière professant ou même seulement insinuant l'hérésie ; le pape Pie VI l'a du reste bien rappelé pour condamner le concile janséniste de Pistoie. Cependant, là encore, que le sédévacantiste cherche dans le catalogue multiséculaire des dogmes de l'Église cette grande vérité, pourtant à croire de Foi sous peine d'anathème, il ne la trouvera pas plus, elle n'a, elle non plus… jamais été dogmatisée.
           
        Mieux, encore, pour bien faire comprendre ce point fort important : dans les trois premiers siècles de l'Église, il y avait, on le sait, très-peu de dogmes formulés, à telle enseigne que le plus important d'entre eux, à savoir la Divinité du Christ, n'avait pas encore fait l'objet d'une explicitation dogmatique… tellement il était évident que cette vérité fondatrice de toute la Religion catholique et de l'Église, allait de soi, elle n'était, si j'ose dire imparfaitement, que l'expression du Magistère ordinaire & universel (car il ne faudrait pas croire que c'est le Magistère dogmatique extraordinaire qui fonde le Magistère ordinaire & universel, quand c'est tout le contraire qui est vrai, c'est le Magistère ordinaire & universel qui fonde le Magistère dogmatique extraordinaire) ! Le sédévacantiste osera-t-il dire pour autant que parce que la Divinité du Christ n'avait pas été dogmatisée (elle ne le sera que pour régler et terrasser la crise arienne, au IVème siècle), un chrétien vivant avant le IVe siècle aurait pu la mettre légitimement en doute, sans pécher par-là même mortellement contre la Foi ?! Poser la question, c'est évidemment y répondre.
           
        Et, on l'a compris, il en est de même pour la loi fondamentale de l'infaillibilité de la désignation ecclésiale universelle du Pontife romain actuel, de l'infaillibilité de toute élection pontificale théologiquement achevée, exactement de même. Le sédévacantiste ne saurait la mettre en doute, ne pas la professer formellement, sans pécher gravement et mortellement contre la Foi, s'anathématisant ipso-facto lui-même, car théologiquement elle a "une connexion nécessaire", elle est syllogistiquement dérivée très-immédiatement, et non médiatement, de dogmes déjà définis ou ayant rang de dogme, et donc est intégrée au Magistère ordinaire & universel d'enseignement infaillible comme telle, en tant que vérité implicite à croire de Foi, de fide, tout-à-fait au même titre qu'un dogme explicitement défini par le Magistère extraordinaire solennel.
           
        Fin de la démonstration théologique.
 
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        ... Et maintenant, amis lecteurs, lisons ensemble le § 6 de la bulle de Paul IV :
       
        "§ 6 — De plus, si jamais un jour il apparaissait qu'un évêque, faisant même fonction d'archevêque, de patriarche ou de primat ; qu'un cardinal de l'Église romaine, même légat ; qu'un Souverain pontife lui-même, avant sa promotion et élévation au cardinalat ou au Souverain pontificat, déviant de la Foi catholique, est tombé en quelque hérésie, sa promotion ou élévation, même si elle a eu lieu dans la concorde et avec l'assentiment unanime de tous les cardinaux, est nulle, sans valeur, non-avenue. Son entrée en charge, consécration, gouvernement, administration, tout devra être tenu pour illégitime. S'il s'agit du Souverain Pontife, on ne pourra prétendre que son intronisation, adoration (agenouillement devant lui [des cardinaux]), l'obéissance à lui jurée, le cours d'une durée quelle qu'elle soit (de son règne), que tout cela a convalidé ou peut convalider son Pontificat : celui-ci ne peut être tenu pour légitime jamais et en aucun de ses actes. De tels hommes, promus évêque, archevêques, patriarches, primats, cardinaux ou Souverain Pontife, ne peuvent être censés avoir reçu ou pouvoir recevoir aucun pouvoir d'administration, ni dans le domaine spirituel, ni dans le domaine temporel. Tous leurs dits, faits et gestes, leur administration et tous ses effets, tout est dénué de valeur et ne confère, par conséquent, aucune autorité, aucun droit à personne. Ces hommes ainsi promus seront donc, sans besoin d'aucune déclaration ultérieure, privés de toute dignité, place, honneur, titre, autorité, fonction et pouvoir" (fin de citation).
           
        Ce que j'ai mis en italiques dans ce § 6 de la bulle de Paul IV est formellement hérétique comme frappant de plein fouet la loi fondamentale de l'infaillibilité de la désignation du Pontife romain actuel par l'Église Universelle dont l'organe ordinaire est le Sacré-Collège cardinalice, loi que je viens de soigneusement rappeler dans l'introduction de mon nouvel article. Au Moyen-Âge, ce § 6 aurait mené le pape Paul IV Carafa tout droit sur le bûcher, sans autre forme de procès, comme attentant directement à l'Église Universelle dont "le nom d'humilité" (Journet) est l'Église romaine, singulièrement récapitulée dans les cardinaux en corps d'Institution lorsqu'ils procèdent ensemble à l'acte de désignation du Pontife romain actuel. Avouons que cela fait comme un effet électrochoc de voir un pape qui se piquait de voir de l'hérésie partout et dans tout le monde, ... jusqu'à suspecter le cardinal Alexandrin, le futur saint Pie V !!, en commettre lui-même une si énorme dans son Magistère, attentant formellement à la Constitution divine de l'Église en renversant purement et simplement l'Église romaine dans l'acte d'élire un pape, puisqu'il ose soutenir que l'acte de désignation cardinalice du nouveau pape posé au nom de l'Église Universelle assistée infailliblement par le Saint-Esprit peut être... invalide.
           
        Mais on comprendra mieux comment un pape de la Renaissance voulant par extrémisme le bien, pouvait tomber dans un si grave et tel excès anathème, lorsqu'on étudiera ensemble plus loin le contexte historique qui révèlera certains efforts de subversion du Siège de Pierre lorsque Paul IV vivait, mais pas autant qu'il le croyait. Nous verrons qu'il ne fut d'ailleurs pas le seul pape à commettre cet attentat hérétique contre l'Église Universelle dans les élections pontificales, l'un de ses prédécesseurs, le pape Jules II, cinquante ans avant lui, commit exactement le même attentat dans une bulle (qui d'ailleurs est mère de celle de Paul IV, laquelle va jusqu'à en reprendre la forme), cette fois-ci non pas pour empêcher qu'un hérétique formel n'envahisse le Siège de Pierre, comme dans la bulle de Paul IV, mais pour empêcher qu'il ne soit envahi par un simoniaque. En fait, la situation de l'Église du Christ, à la Renaissance, présente une certaine et lointaine analogie avec la nôtre : elle était, non pas comme le croyaient à tort Jules II et Paul IV, sur le point d'être subvertie par Satan, ceci étant de toutes façons une chose que la Foi déclare impossible de toute impossibilité, mais, comme c'est arrivé à notre époque et ça n'est pas arrivé à la Renaissance, elle frisait seulement de pouvoir être soumise à "la puissance des ténèbres" et rentrer dans l'économie de la Passion du Christ, qui l'aurait fait alors "péché pour notre salut" (II Cor V, 21), vivant la "si grande contradiction" (He XII, 3) inhérente à la Passion du Christ. Mais ceci, qui est propre à la toute dernière crise de la fin des temps, n'était pas réservé à l'Église de la Renaissance quand cela est notre lot à nous.
           
        En fait, Paul IV a formulé cet hérétique et même impie § 6 parce qu'il est tombé dans un piège subtil du démon réservé à ceux qui veulent certes la perfection spirituelle (comme c'était bien sûr le cas du restaurateur de l'Inquisition, vénéré jusqu'à un certain point par saint Pie V) mais sans assez la vouloir dans la Volonté divine, la voulant au contraire dans la volonté humaine voire même "l'hommerie" comme disait Montaigne, c'est-à-dire dans l'imperfection humaine : en faire trop, et par-là même, court-circuiter l'Action de la Providence divine en se mettant à sa place (c'était sa terrible manière à lui, qu'illustre ô combien, sur le plan politique, la déplorable guerre qu'il soutint contre les Espagnols en 1556-57). N'y a-t-il pas un proverbe qui dit que "le mieux est... l'ENNEMI du bien" ? On se dit tout cela, surtout quand on lit le préambule de la bulle, dans lequel Paul IV expose ses motivations : "... Et, dit-il, pour que Nous puissions ne jamais voir dans le Lieu-Saint l'abomination de la désolation prédite par le prophète Daniel, Nous voulons, etc." (§ 1). Éh ! Diable de diable ! Est-il possible à l'homme, fût-il pape, de supprimer l'épreuve suprême que Dieu Lui-même a inéluctablement destinée à l'Église et à l'humanité pour la fin des temps, épreuve prophétisée infailliblement dans les saintes-Écritures (... précisément celle que nous vivons et mourons à la fois, nous autres, mais que ne vivaient pas encore les chrétiens de la Renaissance) ? Est-ce bien seulement catholique ? Non, car il faut que "l'Écriture s'accomplisse" (Jésus, justement, se répétait toutes ces prophéties sur la Croix, pour s'encourager à accomplir le Mystère de la Rédemption).
           
        Il faut donc absolument et même nécessairement, précisément pour accomplir le grand Mystère de la Rédemption et de la co-Rédemption ecclésiale, que cette "abomination de la désolation" prédite par le prophète Daniel... s'accomplisse très-réellement : à savoir qu'un très-mauvais jour, que le catholique certes ne souhaite pas, il y aura bel et bien sur le Siège de Pierre un hérésiarque consommé dans la malice du diable, manifestant à plein le mysterium iniquitatis, ce sera l'Antéchrist-personne. ET LE SAINT-ESPRIT LAISSERA FAIRE. Comme aux temps de la mortelle Passion du Christ, Il L'a laissé être crucifié jusqu'à ce que mort s'ensuive. Sans intervenir. Malgré l'horrible blasphème des pharisiens au pied de la Croix : "Il a appelé Élie, voyons s'Il va venir Le délivrer" (Mc XV, 35-36). Voilà, quant à l'Église, qui affole, qui obsède littéralement, voire rend fou, le respectable pape Paul IV dans les dernières années de sa vie, au point d'occuper toutes ses journées, au détriment même des grandes affaires de l'Église : il disait avoir peur qu'après sa mort, ne soit élu pape un des deux cardinaux Pole et Morone, le second héritier spirituel du premier, qu'il jugeait dangereux hérétiques occultes (bien à tort, cependant, je vais l'exposer plus loin)… à moins qu'il n’éprouvât cette peur pour l'un de ses bandits de cardinaux-neveux, comme je le dirais plus loin également !
           
        En 1846, la très-sainte Vierge à La Salette prophétisait dans le Secret confié à Mélanie le règne de l’Antéchrist-personne. Or, à aucun endroit, elle ne cherche à supprimer, comme Paul IV, la "grande tentation universelle" dont nous entretient l'Apocalypse, III, 10, pour les temps où l'Antéchrist-personne se manifestera : elle reste soumise au Plan de Dieu, à sa Volonté, à l’instar de son divin Fils, faisant montre de plus de sagesse, elle qui est le sedes sapientiae, que le pape Paul IV. Sans cesser d'être sereine, elle prophétise l'inéluctable épreuve suprême de l’Église, afin que les âmes fidèles puissent s'y préparer : "ROME PERDRA LA FOI, ET DEVIENDRA LE SIÈGE DE L'ANTÉCHRIST", point, c’est tout. Pas besoin, du reste, d'être grand'clerc pour comprendre que le "siège de Rome qui perd la Foi", c'est le… Saint-Siège, celui... du pape... qu'occupera, donc, un jour, l'Antéchrist-personne lui-même soi-même, en tant que dernier pape LÉGITIME, si dur et humainement parlant incompréhensible cela puisse paraître à nos yeux catholiques (cf. mon article de fond, où je fais l'exposé de cette très-redoutable question, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf).
           
        Mais justement… Paul IV, lui, ne veut ab-so-lu-ment-pas de cette horrible Passion du Christ répliquée dans l'Église usque ad mortem, il veut, tel saint Pierre, l'empêcher. Empêcher que l'Écriture ne s'accomplisse, c'est ce qui semble être le but premier de sa bulle volontariste (certes, on doit et il est même méritoire de chercher à retarder, tant qu'on peut, l'avènement de ce règne maudit de l'Antéchrist-personne à partir du Siège de Pierre, mais il ne faut pas s'imaginer pouvoir le supprimer, ce serait en effet lutter contre le Plan de Dieu... comme on le voit très-bien avec Paul IV qui est obligé, pour atteindre ce but qu'il s'est fixé dans son excès de zèle pieux, de toucher sacrilègement à un point fondamental de la Constitution divine de l'Église).
           
        La bulle de Paul IV a donc, dès les prémisses du § 1, un mauvais relent outrancier, bien d'ailleurs dans le caractère entier, violent, cassant, emporté et raide de son auteur. À son entière décharge, il faut d'ailleurs dire que lorsqu'il la promulgua, il était tellement choqué d'avoir été trompé par ses neveux-cardinaux, qu'il n'était plus en possession de tous ses moyens : "La main de la mort l'avait déjà légèrement touché ; l'émotion que lui avaient causée la découverte des méfaits de ses neveux et leur chute, avait donné le choc décisif à sa constitution de fer. À partir de ce moment, il fut malade de l'esprit autant que du corps", commente, un rien romantique mais d'une manière parfaitement exacte pour le fond, l'historien Pastor (Histoire des Papes depuis la fin du Moyen-Âge, t. XIV, p. 189). Je vais bien sûr revenir plus loin sur tout ce contexte historique et sur la personnalité énergumaniaque de Paul IV.
 
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        Le pape Pie X comprit en tous cas tout-de-suite le grave danger hérétique de ces bulles de ses prédécesseurs de la Renaissance, Jules II et Paul IV (contrairement aux sédévacantistes qui s'y sont hélas empalés passionnellement sans réflexion, jusqu'à fond du donf). Dans sa constitution Vacante Sede Apostolica du 25 décembre 1904 sur les élections pontificales, au § 79, il les abrogea, ou plus exactement dit, il abrogea juridiquement la seule bulle de Jules II (ou de tout successeur, notons-le bien), ce qui eut pour effet canonique immédiat d'obroger en même temps la bulle de Paul IV, c'est-à-dire que celle de Paul IV est désormais dans la situation d'une bulle officiellement abrogée sauf qu'il n'y a pas eu de déclaration juridique abrogative explicite, c'est la seule différence ("obrogation : suppression ou abrogation indirecte d'une loi par une loi postérieure contraire et de même degré" ― Dictionnaire de droit canonique, Naz, 1957). Saint Pie X, mettant discrètement le voile de Noé sur le sujet, ne voulait pas, évidemment, porter le discrédit sur ses prédécesseurs de la Renaissance. Qu'on veuille bien noter avec soin que Pie X gardait les anathèmes de son prédécesseur Jules II contre les fauteurs d'une élection pontificale simoniaque, mais il supprimait l'annulation d'une élection pontificale qui aurait eu lieu en étant entachée de simonie, parce que, dira-t-il très-explicitement, cela risquerait d'attaquer la valeur en soi des élections pontificales. Autrement dit, Pie X était parfaitement conscient, contrairement à son prédécesseur Paul IV ou Jules II, de l'infaillibilité attachée de soi à tout acte de désignation cardinalice du Pontife romain actuel, parce que, toujours et à tout coup, il est fait in Persona Ecclesiae, au nom et pour le compte de l'Église Universelle...
           
        En fait, la bulle de Paul IV n'est qu'une décalcomanie de celle de Jules II, de cinquante ans son aînée, dont elle est fille spirituelle, reprenant exactement le même raisonnement de fond qu'elle, à savoir essentiellement, comme le sédévacantiste ne le sait que trop bien ou plutôt que trop mal, d'oser invalider les élections pontificales même approuvées par les cardinaux au nom de l'Église Universelle, c'est-à-dire théologiquement achevées, pour une cause ou pour une autre, simonie (Jules II) ou hérésie (Paul IV), allant même jusqu'à en copier les formules soufflées et boursouflées d'alors. Toutes ces bulles, en effet, ne brillent pas fort par la simplicité et la clarté dans l'expression, comme si la forme emberlificotée, embrouillée, tarabiscotée et brumeuse, rejoignait le fond, en était le signe topique. Lucius Lector, pseudonyme d'un cardinal qui écrivit un gros livre sur les arcanes des conclaves dans les dernières années du pontificat de Léon XIII, a ces lignes sévères mais fort justes sur la forme rédactionnelle de celle de Paul IV : "… Préambule prolixe rédigé dans ce style ampoulé, sonore et creux, qu'ont affectionné parfois les scriptores de la chancellerie pontificale" ; "… toute cette redondance d'un langage riche en pléonasmes menaçants…" ; "En somme, ce sont là sept pages de style éclatant, pour amplifier ce que le décret du pape Symmaque avait dit en neuf lignes" (Le Conclave, Lucius Lector, 1894, respectivement pp. 106-107, 108 & 109).   
           
        Et bien sûr, si le pape Pie X abroge la bulle de Jules II dans sa Constitution sur les élections pontificales de 1904 pour ce motif principal et précis qu'elle invalide les élections pontificales approuvées par les cardinaux agissant in Persona Ecclesiae, la bulle de Paul IV tombe sous la même sentence puisque cette proposition hérétique est explicitement formulée et sert de raisonnement de fond dans son § 6 incriminé. Car que ce soit pour cause d'hérésie ou de simonie, le motif de l'abrogation par Pie X de la bulle de Jules II se retrouve identiquement et absolument dans celle de Paul IV : cette dernière subit donc la même sentence de condamnation, quoique seulement implicitement mais avec la même portée que la bulle de Jules II. La bulle de Paul IV, au moins depuis la Constitution de saint Pie X sur les élections pontificales, n'a donc plus aucune valeur en Église. Les deux bulles, en effet, on est bien obligé d'en prendre acte, que cela plaise ou non, péchaient contre la Foi en ne tenant aucun compte de la loi fondamentale de l'infaillibilité de l'acte de désignation ecclésiale universelle des papes nouvellement élus, dont l'organe ordinaire est le Sacré-Collège cardinalice.   
 
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        Parvenu à ce carrefour, je suis sûr que le sédévacantiste ne comprend plus. Comment, dira-t-il, une bulle dogmatique peut-elle être... hérétique, et, subséquemment, faire l'objet d'une obrogation, c'est-à-dire cesser définitivement d'avoir force de loi ?
           
        C'est là que le sédévacantiste se trompe le plus gravement : la bulle de Paul IV, loin d'être dogmatique, a un objet uniquement et purement disciplinaire, non-dogmatique, elle n'a aucun objet dogmatique.
           
        Lorsqu'un pape promulgue une bulle, il commence généralement dans les tout premiers § par dire pourquoi il l'édicte, en exposant et explicitant clairement son objet de fond. Paul IV n'y manque pas, dès le § 2 il expose l'objet formel de sa bulle, qui s'avère être exclusivement... disciplinaire. Lisons-le, il est là très-clair : "Après mûre délibération à ce sujet avec nos vénérables frères les Cardinaux de la Sainte Église Romaine, sur leur conseil et avec leur assentiment unanime [… hum ! rien moins que sûr, ce prétendu "assentiment unanime" des cardinaux quant à la teneur de cette bulle, au moins pour le § 6, nous verrons cela plus loin…], de par notre autorité Apostolique, Nous approuvons et renouvelons toutes et chacune des sentences, censures et peines d'excommunication, interdit et privation et autres, quelles qu'elles soient, portées et promulguées par les Pontifes Romains, nos Prédécesseurs, ou tenues pour telles, soit par leurs lettres circulaires (extravagantes) mêmes, reçues par l'Église de Dieu dans les Saints Conciles, soit par décrets et statuts de nos Saints Pères (conciliaires), soit par les Saints Canons et Constitutions et Ordonnances Apostoliques portés et promulgués, de quelque façon que ce soit, contre les hérétiques et les schismatiques. Nous voulons et Nous décrétons qu'elles soient portés et promulgués, de quelque façon que ce soit, contre les hérétiques et les schismatiques, observées perpétuellement ; si peut-être elles ne le sont pas, qu'elles soient rétablies en pleine observance et doivent le rester".
           
        Rien de plus clair. L'objet formel de la bulle est purement disciplinaire, donc non-dogmatique. Il s'agit, pour Paul IV, de remettre en vigueur la discipline la plus drastique existant dans l'Église quant au traitement des hérétiques. Il n'y a là, il n'y a même pas besoin de le dire, aucun objet dogmatique. Paul IV est d'ailleurs ici très-logique avec le programme de pontificat qu'il s'est tracé dès son entrée en charge du Siège de Pierre, et qu'il expose dans le premier consistoire qu'il tint avec ses cardinaux le 29 mai 1555 : "Il promit solennellement de consacrer toutes ses forces à la restauration de la paix dans la Chrétienté et au renouvellement de l'ancienne discipline dans l'Église universelle" (Pastor, p. 73). Le problème, c'est que s'il prit beaucoup de mesures heureuses à Rome, par exemple contre les filles publiques, etc., il concevait cette restauration violemment et sans aucun discernement, c'est le moins qu'on puisse en dire, qu'on en juge par le fait absolument époustouflant suivant : "Cette absence de ménagement de Paul IV apparut dans la façon si rude avec laquelle, le 30 juillet 1555, il donna son congé à Palestrina [!!!], de la chapelle papale, dans laquelle à l'avenir il ne voulait plus souffrir de gens mariés [!!!]" (Pastor, p. 74)… Palestrina, viré comme un malpropre !!! Le plus grand polyphoniste pieux de tous les temps !!!
           
        Cette bulle de Paul IV a donc, de par la volonté même du pape qui la promulgue, la discipline pour seul objet. Et après avoir formulé cet objet disciplinaire dans le § 2, Paul IV va magistériellement le mettre en œuvre concrète immédiatement après, dans le § 3. Il emploie pour cela tout un train de verbes pour acter cet objet... disciplinaire. Continuons à le lire : "Nous décidons, statuons, décrétons et définissons : [sans hiatus] Les sentences, censures et peines susdites [celles que le pape vient tout juste d'énoncer dans le grand détail dans le § 2], gardent toute leur force et leur efficacité, entraînant leurs effets".
           
        La première chose dont le sédévacantiste aurait dû se rendre compte, c'est que le verbe "definimus" du § 3, sur lequel il a tellement phantasmé, est, dans la bulle de Paul IV, immédiatement appliqué à… une remise en vigueur des antiques prescriptions disciplinaires concernant le traitement des hérétiques, qui est tout l'objet déjà sus-énoncé au § 2 comme étant le but théologique formel de la bulle, laquelle remise en vigueur purement disciplinaire, grammaticalement, en est le complément d'objet direct. Il s'agit donc pour Paul IV, on l'a déjà vu, on le sait déjà, uniquement, seulement, de ramener la pratique disciplinaire de l'Église à sa forme antique la plus drastique et… c'est tout, strictement tout. Non seulement il le dit dans le § 2, mais il y revient donc formellement dans le § 3, après le train de verbes par lequel il manifeste son vouloir pontifical : nous décidons, statuons, décrétons et DÉFINISSONS… une remise en vigueur de prescriptions d'ordre disciplinaire. Un point, c'est tout. Et c'est cet objet purement et exclusivement disciplinaire que, dans sa bulle, Paul IV dit et veut "définir" et… "définit" effectivement.
           
        Cela aurait dû grandement faire réfléchir le sédévacantiste, avant de se croire autorisé à conclure fébrilement, passionnellement, dans son sens hérétique. En effet, il aurait dû comprendre que Paul IV ne pouvait "définir", au sens dogmatique magistériel extraordinaire du verbe, une… simple remise en vigueur, un simple rappel, de lois disciplinaires ! En tout état de cause, il est en effet totalement exclu qu'une définition dogmatique extraordinaire, telle que le concile du Vatican 1er nous l'a définie, puisse porter sur une remise en vigueur d'une discipline particulière, le seul objet d'une définition dogmatique étant en effet, pardon pour cette lapalissade, de… faire un dogme, c'est-à-dire d'opérer dans le domaine purement doctrinal, ce qui exclut le domaine disciplinaire. Or, c'est bien ici le cas, le "definimus" dans la bulle de Paul IV a comme complément d'objet direct et porte exclusivement sur un objet disciplinaire, de soi évidemment… non-dogmatique. Cela prouve donc que cedit verbe "definimus" ne revêt nullement dans la bulle de Paul IV un sens dogmatique, quel qu'il soit.
           
        Le sédévacantiste, ici, probablement interloqué, va sans doute se demander comment il se peut bien faire que le verbe "definimus" puisse être employé magistériellement pour un objet non-dogmatique, comme c'est, dans la bulle de Paul IV, indiscutablement le cas. L'explication est à la fois théologique, historique et linguistique. En fait, en voulant donner forcément le sens dogmatique extraordinaire au verbe "definimus" contenu dans la bulle de Paul IV, le sédévacantiste commet un anachronisme. Parce que ce n'est seulement que récemment dans l'Église, après Vatican 1er, que le verbe "definimus" a revêtu l'acception stricte, exclusiviste et rigide, inhérente aux définitions du Magistère extraordinaire dogmatique (ou peut-être déjà à la fin de l'Ancien-Régime, la notion commençait à se désenvelopper). AVANT le XIXe siècle en effet, l'Église ne connaissait pas et n'avait pas désenveloppé, quant à son Magistère, la distinction "ordinaire" et "extraordinaire"... ni donc donné une acception théologique exclusiviste aux verbes "enseigner" et "définir", respectivement inhérents à cesdites distinctions. Au temps de Paul IV donc, lorsque les scriptores de la chancellerie pontificale comme dit Lucius Lector ont employé ce verbe "definimus", ils ont très-bien pu le faire en lui donnant le sens d'un simple vouloir pontifical... non-dogmatique. La meilleure preuve de cela, c'est que… c'est justement le cas pour la bulle de Paul IV.
           
        Grammaticalement, en effet, le complément d'objet direct du verbe "definimus" dans cette bulle, c'est immédiatement et seulement… une simple remise en vigueur d'une discipline particulière qui, évidemment, ne concerne pas un objet dogmatique. Il suffit tout simplement de… lire la bulle pour s'en rendre compte. Or, c'est le complément d'objet direct d'un verbe qui en norme le sens ; et ce sens, pour le verbe "definimus" employé dans la bulle de Paul IV est exclusivement et uniquement disciplinaire. Certes, pour être complet sur la question, il faut bien sûr préciser que même lorsque l'Église n'avait pas encore désenveloppé la distinction magistérielle "ordinaire" et "extraordinaire", c'est-à-dire donné une acception rigide et exclusiviste aux verbes "enseigner" et "définir", elle a pu employer et a effectivement employé parfois le verbe "definimus" dans le sens dogmatique (nous en avons par exemple une belle illustration dans la bulle de Boniface VIII où, en plein XIIe siècle, le pape "définit" le plus dogmatiquement du monde, dans la dernière phrase du document, qu'"il est nécessaire à tout être humain pour son salut d'être soumis au Pontife romain"), mais elle l'a aussi employé indifféremment dans le sens non-dogmatique dans d'autres décrets, précisément parce qu'elle n'avait pas encore explicité cette distinction.
           
        Donc, le seul moyen pour savoir avec certitude dans quel sens, elle l'a employé in casu, dogmatique ou non-dogmatique, c'est de prendre connaissance de la nature du complément d'objet direct attaché immédiatement au verbe "definimus", lequel explicite formellement, de manière décisoire, le sens, dogmatique ou non-dogmatique, que le rédacteur pontifical a voulu donner audit verbe dans tel ou tel décret magistériel particulier. Or, je le répète, dans le cas qui nous occupe, la bulle de Paul IV, ce sens est purement et exclusivement… disciplinaire, c'est-à-dire non-dogmatique. Il faut simplement lire la bulle elle-même, pour en prendre bon acte.
           
        Donc, conclusion, le sédévacantiste est débouté purement et simplement dans sa prétention indûe de donner la note dogmatique à la bulle de Paul IV.
           
        Et cette conclusion est des plus logiques avec la Foi. Car en effet, si le sédévacantiste veut que la bulle de Paul IV soit dogmatique, c'est pour pouvoir en connoter la proposition hérétique du § 6, invalidant une élection pontificale théologiquement achevée. Or, justement, comme cette proposition est hérétique, elle ne pouvait donc pas être l'objet d'une définition dogmatique, ce qui est précisément corroboré formellement par le fait que la bulle de Paul IV est non-dogmatique. N'étant pas l'objet d'une définition dogmatique, la proposition hérétique du § 6 pouvait donc être faillible, ce que hélas elle est effectivement et foutrement.
 
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        Mais le sédévacantiste va peut-être encore invoquer pour sa cause perdue d'avance, le fait que Paul IV assigne le caractère de perpétuité aux dispositions de sa bulle ("en vertu de cette Constitution nôtre valide à perpétuité" ― § 3). Or, le caractère de perpétuité convient aux dogmes, et pas à ce qui est non-dogmatique, pourrait-il arguer. Malheureusement pour lui, il ne fait là que souligner en rouge l'excès outrancier du volontarisme de Paul IV dans sa bulle... disciplinaire.
           
        La première question qui doit être posée, c'est en effet la suivante : Paul IV avait-il théologiquement le droit de noter de perpétuité sa bulle... disciplinaire ? C'est, me semble-t-il, tout-de-même bien la première question à poser. Or, il n'en avait pas le moindre droit, précisément parce que, on vient de le voir ensemble, l'objet, le motif formel de sa bulle est d'ordre purement disciplinaire, et que, par définition même de la chose, une discipline donnée, toujours particulière, ne saurait être valable pour tous les temps encore à venir de l'Église… "à perpétuité". Il y a en effet contradiction entre l'objet théologique formel de la bulle, une discipline particulière, et la note "à perpétuité" qu'a voulu y accoler Paul IV dans le § 3.
           
        Là encore, on ne peut s'empêcher de dénoncer l'abus de pouvoir évident, manifeste, scandaleux, de Paul IV… et cette fois-ci, rendons-nous bien compte, contre le Saint-Esprit pas moins !, de vouloir imposer à toute l'Église, pour tous les temps qu'elle aura encore à vivre sur cette terre de par Dieu, la discipline la plus drastique, la plus sévère, la plus rigoriste, la plus dénuée d'indulgence et de miséricorde qui soit ! La paranoïa de Paul IV hélas se voit ici en plein. Il se croyait donc vraiment investi de la grâce du Saint-Esprit pour tous les temps qu'aurait encore à vivre sur terre l'Église militante, puisqu'il suppose savoir de science divine qu'il faudra à l'Église, pour toutes les générations ecclésiales suivant la sienne, la discipline la plus strictement sévère et anathématisante jusqu'à la fin des temps, … "à perpétuité". On ne peut que constater là encore, de sa part, un empiétement sacrilège sur l'action du Saint-Esprit dans l'Église, qui parle à chaque Pontife suprême qu'Il crée Lui-même, comme étant le plus apte à remplir la mission qu'il assigne à chaque génération nouvelle de chrétiens, et à qui Il peut très-bien donner, quant à la chose disciplinaire, une direction, une vocation nouvelles, qu'Il ne révèle pas à l'avance, et qui peut tout-à-fait être à rebours de celle précédente, les périodes pastorales alternatives variant ainsi en Église, à la discrétion du Saint-Esprit (et non de Paul IV), jusqu'à la fin des temps.
           
        Qui ne comprend que dans une simple famille humaine, on ne doit pas toujours diriger les enfants avec la dernière sévérité, mais qu'au contraire la sagesse exige d'alterner les moyens de sévérité avec ceux de douceurs et d'indulgence ? Et que c'est ainsi que l'enfant est le mieux éduqué et dirigé vers le bien ? Combien plus la chose est-elle encore valable pour l'Église et les âmes ! Le changement d'orientation de la pastorale et de la politique pontificales, comme l'a intelligemment noté Lucius Lector, "est un fait historique qui se produit surtout lorsqu'un pontificat a eu une longue durée et une physionomie caractéristique. L'élection et le pontificat suivants marquent alors presque toujours un mouvement de réaction. C'est ainsi que, selon le mot d'un de nos écrivains les plus distingués, la succession des Papes représente «la part de mobilité dans l'immutabilité de l'Église» (L. Lefébure, La Renaissance religieuse, Paris, 1886, p. 69)" (Le Conclave, p. 485, note 1).
           
        Éh bien, l'Histoire ecclésiastique, justement, a remarquablement confirmé cette grande loi… dès le pontificat suivant celui de Paul IV. Le pontificat de son successeur Pie IV, en effet, a été un pontificat d'assouplissement, de pacification, de douceur de discipline, dont les âmes avaient certes fichtrement besoin après les dénis de justice les plus révoltants dont les avait abreuvés Paul IV. Et qui d'ailleurs les avaient tellement révoltés, qu'à peine sa mort fut-elle connue du peuple romain, et même un peu avant qu'elle ne survint (… et non de "la populace romaine", comme le disent les malhonnêtes sédévacantistes lorsqu'ils évoquent le fait, voulant faire accroire qu'il s'agissait de débordements injustifiés ou pire fomentés par les méchants initiés… qui, comme par hasard, ne se seraient produits… que seulement après la mort de Paul IV, mais… pour aucun autre pape dans toute l'Histoire de la papauté…!!), qu'on le vit en colère se répandre en traînée de poudre par toute la ville pour effacer partout où il se trouvait le nom de famille du pape, "Carafa", y cassant toutes ses armes et statues, brûlant et saccageant la prison de l'Inquisition, ce qui est très-révélateur des graves excès et iniquités commis par Paul IV sur le chapitre de la Foi, allant même jusqu'à… défenestrer son infortuné cardinal-neveu.
           
        À toutes les époques de l'Église, en effet, il n'est pas forcément bon sur le plan spirituel, cela va presque sans dire, de déchoir tout prélat dès la première chute dans l'hérésie et sans réintégration possible ultérieure. Certains papes l'ont clairement dit, par exemple dans les affaires compliquées de l'Église orientale, et d'ailleurs, pendant quasi toute la période tourmentée de la survie de l'Empire d'Orient, VIe-XIIIe siècles, Constantinople n'arrêtant pas d'enfanter des hérésies ou plutôt des sophistications d'hérésies déjà condamnées, compliquées d'une terminologie linguistique différente des latins et de questions d'antipathies de race entre les grecs et les latins. Leur pratique pontificale la plus commune a été de remettre sur leurs sièges respectifs, après une pénitence publique convenable, les simples prélats orientaux tombés dans l'hérésie par faiblesse devant la persécution ou par ignorance théologique, sans être eux-mêmes les chefs de file de l'hérésie, l'historien ecclésiastique Rohrbacher a de très-belles et édifiantes pages là-dessus (hélas, sans verser dans la calomnie ou la partialité, l'Histoire enseigne que les prélats grecs-orientaux étaient doctrinalement beaucoup moins forts dans la Foi que ceux romains-occidentaux ; et donc, justement, il convenait d'user d'indulgence avec eux, ce que les papes d'alors comprirent fort bien ; la bulle de Paul IV, parue dans ces temps-là, aurait tout simplement enterré l'Église d'Orient sans retour, bien avant que les musulmans ne le fassent…).
           
        Conclusion : la note "à perpétuité" dont Paul IV a voulu, de volonté volontariste et surtout sacrilègement abusive, doter sa fumeuse bulle, est donc théologiquement indûe, absolument irrecevable, blessante aux oreilles pies… "nulle, sans valeur, non avenue" pour reprendre ses propres anathèmes du § 6, justement appliqués cette fois-ci. On me permettra du reste de douter que ces formules formidables, éclatantes, solennelles, retentissantes comme cymbales, soient à prendre au premier degré, littéralement. Ce qui me fait dire cela, c'est que l'on trouve la même note "à perpétuité" donnée par Jules II à sa propre bulle, ce qui ne l'a nullement empêchée d'être… abrogée en 1904 par Pie X (voici comment s'exprimait Jules II dans sa bulle, et l'on a aucune peine à y retrouver le ton sentencieux et déclamatoire de celle de Paul IV : "Nous, de l'autorité et de la plénitude de la puissance apostolique, ce saint concile de Latran y donnant son approbation, nous approuvons les lettres susdites, nous les renouvelons dans tous leurs points, décrets, peines, défenses, et ordonnons qu'elles soient inviolablement et irréfragablement observées à perpétuité").
 
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        … Mais cependant, comment expliquer, tout-de-même, ces bulles édictées par des papes sérieux et voulant très-sincèrement le Bien supérieur de l'Église, bulles appartenant au Magistère authentique non-infaillible (puisqu'elles ont pour objet la discipline, et non la Foi ou les mœurs, ce que je viens de prouver pour la bulle de Paul IV, et la même note de non-infaillibilité s'applique également à celle de Jules II), bulles qui, on ne saurait se le cacher, contiennent un venin d'hérésie formelle en ce qu'elles supposent, ô blasphème !, l'impuissance du Saint-Esprit dans les élections pontificales ?
           
        C'est, me semble-t-il, dans l'ordre humain, ad hominem, qu'elles trouvent une certaine justification. Et on pourrait même dire, une justification... édifiante. Un peu d'histoire va nous le faire bien comprendre, et quittons un instant Paul IV pour visiter Jules II. Ce pape déjà vieux, intrépide et héroïque défenseur des droits tempo­rels du Saint-Siège comme peut-être nul autre pape avant ni après lui ne le fut (sur son lit de mort, "peu avant d'expirer, il protesta d'avoir éprouvé dans son pontificat des sollici­tudes si poignantes, qu'elles pouvaient être comparées au martyre" ― Histoire universelle de l'Église catholique, Rohrbacher, t. XXII, p. 346 ; ce n'était certes pas de sa part une vaine phrase ; un jour, Jules II était au lit avec une forte fièvre qui le minait ; on vint lui annoncer qu'une des villes appartenant au Saint-Siège était prête de tomber aux mains des ennemis : il ne fait ni une ni deux, se lève précipitamment, saute sur un cheval et fonce au camp des défenseurs, sa présence énergique ranima les combattants et le siège de la ville fut levé...!), quoique dans l'ordre concret on puisse fort discuter les guerres qu'il mena contre la France dans le Milanais, Jules II donc, voyait son époque dans une situation de dégénérescence morale générale chez les grands et, sur le plan humain, il y avait en effet un certain risque de voir le Saint-Siège envahi par un élu corrompu, à sa mort.
           
        Avec Jules II, en effet, nous touchons au déplorable règne d'Alexandre VI (1492-1503) dont il prend pratiquement la succession après l'éphémère passage de Pie III (1503), et sommes en pleine Renaissance païenne si fort pénétrée de l'idée politi­que moderne (que le Florentin Nicolas Machiavel n'a pas inventée, contrairement à ce qu'on croit généralement : dans son célèbre ouvrage, il n'a fait que révéler à tout le monde ce que tout le monde vivait et pensait…), basée sur une morale fort étrange que l'on peut résumer ainsi : un prince, comme individu, peut et même doit avoir de la re­ligion et de la conscience ; mais, comme prince et pour son politique, il n'en a d'autre que son intérêt, pour qui tous les moyens sont bons, même, oui, les moyens... honnêtes.
           
        Or, à cette époque, la translation d'un tel esprit amoral du politique au religieux se faisait tout naturellement car les princes de l'Église étaient tous, à de rares exceptions près, des princes temporels (de plus, le népotisme, c'est-à-dire le favoritisme de la famille du pape, est déjà une "tradition" de plusieurs papes lorsque Jules II monte sur le siège de Pierre). Lucius Lector résume pudiquement la situation, ainsi : "Les cardinaux du XVIe siècle, princes souvent mondains et politiques, s'effrayaient moins de cette espèce de simonie latente et indirecte qui ne se formule guère par des contrats, mais qu'impliquent aisément les adhérences de fac­tions et les compromissions de partis" (Lector, p. 106).
           
        Cette situation, en soi très-périlleuse pour l'Église, que Jules II perçoit avec une douloureuse acuité (Paul IV, à tort ou à raison, se croira dans le même genre de situation subversive, mais sur le plan doctrinal), qui ar­racha au pape dans sa bulle contre les élections pontificales simoniaques ce cri de l'âme "considérant de quelle gravité et de quel malheur seraient les élections adultérines des vicaires du Christ et quel détriment elles pourraient apporter à la reli­gion chrétienne, surtout dans ces temps si difficiles, où toute la religion chrétienne est vexée de diverses manières", fait, qu'en plus du droit divin ou plutôt hélas sans en tenir aucun compte, le pape crut nécessaire de frapper les esprits de son époque de la sainteté des élections pontificales par des dispositions canoniques excommunicatrices formidables qui, en soi, ce­pendant, sont parfaitement... inutiles. En effet, la Providence divine a prévu l'As­sistance toute-puissante et infaillible du Saint-Esprit pour les élections pontificales : cela, faut-il le dire, suffit évidemment à empêcher toute élection d'un simoniaque ou d'un héré­tique au Souve­rain Pontificat !
           
        Mais, cependant, sur le plan humain, ad hominem, on parlerait de nos jours enténébrés de psychologie, il est possible que ces bulles de Jules II et de Paul IV, théologiquement hérétiques, furent quand même utiles voire louables, pour prévenir, à l'époque où elles parurent, la faute de faiblesse de certains grands, leurs "présomption et ambition humaine" comme dit Jules II dans son décret, et pour les garantir miséricordieusement du châtiment divin qui n'aurait pas manqué de tomber sur eux comme la foudre du Ciel abat d'un seul coup d'un seul les chênes les plus noueux, s'ils avaient osé essayer d'envahir le Saint-Siège par des voies impures. En soi, donc, pastoralement, il faut penser que ces bulles firent un bien, et même un grand bien, plus qu'un mal, mais seulement sur les âmes des grands de l'époque où elles parurent, et dans une fourchette de temps très-étroite.
           
        Le problème, c'est que des esprits superficiels, impulsifs, passionnels, bornés et ne possédant pas le sensus Ecclesiae, en tireront de nos jours la conséquence hérétique qu'elles contiennent en droit, et que ne voulaient certainement affirmer ni Jules II ni Paul IV : à savoir que les élections au Souverain Pontificat ne sont pas couvertes infailliblement par le Saint-Esprit. Ce qui est hélas le cas des sédévacantistes de toute obédience.
           
        On ne m'en voudra pas, j'espère, de conclure sur une note d'humour. Rappelons ce trait dans Tintin & Milou (j'étais, Dieu me pardonne !, un tintinophile très-distingué dans ma petite jeunesse !) : quand un des deux Dupond/t affirmait une chose, son frère jumeau le couvrait et renchérissait par un "je dirai même plus", mais... de répéter mot pour mot la même chose que son frère ! Ici, le premier Dupond, c'est... le Saint-Esprit, le second, c'est... le pape Jules II ou Paul IV...! En soi, le fait de droit divin que les élections pontificales sont assumées infailliblement par le Saint-Esprit est bien entendu théologi­quement suffisant pour empêcher toute élection d'un fils de Satan sur le Siège de Pierre ; non, il n'y a vraiment pas besoin du "je dirai même plus" des papes Jules II et Paul IV, surtout, surtout, que ces "je dirai même plus" supplantent par le fait même le Saint-Esprit en mettant des garde-fous humains en lieu et place de ceux divins, et supposent donc théo­logiquement par-là même, quoique sans le vouloir (ce n'est évidemment pas le but de l'opération), que ceux divins ne sont pas suffisants ou pire la non-Assistance du Saint-Esprit dans l'élection du pape, proposition... singulièrement hérétique : en effet, s'il faut des garde-fous humains, cela suppose qu'il n'y en a pas de divin !
           
        Et voilà comment "le mieux est l'ENNEMI du Bien"...
 
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        "Il n'y a rien de plus pratique qu'un principe" (Mgr Duchesne).
           
        Je viens donc d'exposer la théologie de la Légitimité pontificale, toute récapitulée dans l'axiome : la règle prochaine de la Légitimité pontificale réside dans la désignation par l'Église Universelle du Pontife romain actuel. Or, on a une merveilleuse et magistrale démonstration pratique de cette règle prochaine, qui en même temps détruit le raisonnement hérétique et impie tenu par le pape Paul IV dans le § 6 de la bulle, dans l'histoire extraordinaire du pape Vigile (538-555).
           
        Si l'on suivait en effet les prescription dudit § 6, surtout si cesdites prescriptions étaient de droit divin, alors l'Église aurait disparu dès... le sixième siècle, avec Vigile. Le pape Vigile en effet fut, avant son intronisation au Siège de Pierre, complice formel d'hérétiques et de plus simoniaque (il était gourmand !, il cumulait à la fois l'invalidation de son pontificat suprême par la simonie selon Jules II et par l'hérésie selon Paul IV !). Et l'Église aurait donc disparu avec Vigile, puisque les prélats, même le pontife suprême, s'ils sont une seule fois pris la main dans le sac de l'hérésie, sont déchus de leurs sièges "définitivement" (§ 3), et "s'il s'agit du souverain pontife, on ne pourra prétendre que son introni­sation, adora­tion, etc., que tout cela a convalidé ou peut convalider son pontifi­cat : celui-ci ne peut être tenu pour légitime jamais et en aucun de ses actes" (§ 6). Tuediable & morsangbleu ! En aucun des actes pontificaux de Vigile ? Donc, ses ordinations auraient été nulles, et surtout celles du haut-clergé romain, archidiacres et autres primiciers de l’Église romaine chargés d’élire le futur pape (car à cette époque, il n’y avait pas encore de cardi­naux). À cette aune-là, toutes celles qu'a faites ledit pape Vigile (son pontificat a duré environ dix-sept ans, pendant lesquels on peut bien comprendre qu'il re­nouvela pratique­ment tout le haut personnel de l'Église romaine par ses ordinations épiscopa­les et ses créations de grands-clercs romains ― "En deux fois, au mois de décembre, il [Vigile] avait ordonné quatre-vingt-un évêques, seize prêtres, d'autres disent quarante-six, et seize diacres" -Histoire des souverains pontifes romains, par Artaud de Montor, 1851, p. 271-), toutes les ordinations du pape Vigile disais-je, auraient été parfaitement nulles, invalides, etc. Ce qui signifie que l’élection du pape ayant succédé à Vigile aurait été parfaitement... invalide.
           
        Évidemment, toute l'Église sombre et s'écroule. Dès le VIe siècle.
           
        Voici le fait. L'an 535, l'empereur d'Orient, Justinien, très-fort en palabres et autres décrets théologiques quant à la Foi (il y passait des journées entières, entouré de prélats courtisans...), mais un peu moins en actes et en tous cas circonvenu par sa mauvaise femme (une prostituée de théâtre ramassée sous le trottoir, qu'il avait élevée au rang d'impératrice), laissa mettre sur le siège patriarcal de Constantinople un héré­tique eutychien, Anthime. C'était au temps du pape saint Agapit (535-536), lequel, après diverses péripéties qu'il est inutile de relater, excommunia Anthime dans un concile gé­néral tenu à Constantinople même où il s'était rendu sous la pression des Goths d'Ita­lie, formelle excommunication édictée, d’ailleurs, avec le parfait assentiment de l'em­pereur et de toute l'Église. Ceci à peine fait, le pape meurt, l'an 536.
           
        Mais l'impératrice n'était pas d'accord avec cette excommunication, de mèche qu'elle était avec les euty­chiens hérétiques, fort influents à la cour. Et "parmi les ecclésiastiques que le pape saint Agapit avait amenés à Constantinople, se trouvait l'archidiacre Vigile, que le pape Boniface II [530-532] avait déjà précédemment déclaré son successeur [... mais il avait cassé sa bulle outrée, comme étant contraire aux Canons, juste avant de mourir : en quoi il fut donc un peu plus sage que le pape Paul IV], et qui de fait avait grande envie d'être Pape. L'impératrice le fit venir et lui dit en secret, que, s'il voulait promettre, au cas qu'il devînt Pape, d'abolir le concile qui venait de déposer An­thime, d'écrire des lettres de communion à Anthime, à Sévère et à Théodose d'Alexandrie [complices hérétiques d'An­thime], et d'approuver leur foi par écrit, elle donnerait ordre à Bélisaire [célèbre général de l'empire d'Orient à cette époque, qui faisait la pluie et le beau temps à Rome et à Constantinople sous les ordres du couple impérial] de le faire ordonner Pape, avec sept cents livres d'or. Vigile, qui aimait à la fois et l'or et l'épisco­pat, fit volontiers la promesse, et partit pour Rome. Mais il se vit trompé dans son at­tente ; car il y trouva un Pape tout fait. C'était le sous-diacre Silvère, fils du pape Hor­misda, qui avait été marié avant d'entrer dans l'état clérical. (...) Le diacre Vigile, le trouvant ordonné Pape, retourna à Constantinople, comme son apocrisiaire ou nonce [... légat, dirait la bulle de Paul IV...], après avoir vu Bélisaire à Naples.
           
        "(...) Mais l'impératrice, de concert avec le diacre Vigile, écrivit des lettres au pape Silvère, où elle le priait de venir à Constantinople, ou du moins de rétablir Anthime. Ayant lu ces lettres, Silvère dit en gémissant : «Je le vois bien, cette affaire va mettre fin à ma vie». Toutefois, se confiant en Dieu, il répondit à l'impératrice : «Jamais, madame, je ne ferai ce dont vous parlez, de rappeler un homme hérétique, justement condamné pour son opiniâtre malice». (...) L'impératrice, irrité de la réponse du Pape, envoya à Bélisaire, par le diacre Vigile, des ordres conçus en ces termes : «Cherchez quelques occa­sions contre le pape Silvère, pour le déposer de l'épiscopat, ou du moins envoyez-le nous promptement. Vous avez près de vous l'archidiacre Vigile, notre bien-aimé apo­crisiaire, qui nous a promis de rappeler le patriarche Anthime». En recevant cet ordre, Béli­saire dit : «Je ferai ce qui m'est commandé ; mais celui qui poursuit la mort du pape Silvère en rendra compte à Notre Seigneur Jésus-Christ»". De faux-témoins forgèrent alors de fausses preuves que le Pape Silvère entretenait des intelligences avec les Goths contre les Grecs, péché politique capital à cette époque, et, comme de bien entendu, on s'empressa de les croire : le Pape Silvère, en présence de Vigile, fut dépouillé brutalement de son pallium de souverain pontife, revêtu de l'habit monastique, et envoyé brutale­ment en exil.
           
        "Enfin, par l'autorité de Bélisaire, l'archidiacre Vigile, né à Rome d'un père consul, fut ordonné pape le 22 novembre 537" (ibid.). L'empereur, mis au courant, sortant pour une fois de ses nébuleuses plus ou moins théologiques et percevant bien qu'il y avait là un déni de justice, eut alors une velléité de faire remettre Silvère sur le Siège de Pierre : il donna ordre de le réinvestir dans sa charge pontificale, au cas où les lettres invoquées contre lui seraient fausses (ce qui était bien sûr le cas). Mais Vigile, épouvanté du retour de Silvère et craignant d'être chassé, manda à Bélisaire : «Donnez-moi Silvérius, autrement je ne puis exécuter ce que vous me demandez [c'est-à-dire : rétablir l'hérétique Anthime et ses complices !, communier avec eux !, approuver leur foi ou plutôt leur hérésie eutychienne par écrit !]». Silvérius fut donc livré à deux dé­fenseurs et à d'autres serviteurs de Vigile, qui le menèrent dans l'île Palmaria, où ils le gardèrent et où il mourut de faim [!!] le 20 juillet 538. (...) Il se fit beaucoup de miracles à son tombeau.
           
        "Vigile étant ainsi [!!!] devenu pape, l'impératrice Théodora lui écrivit : «Venez, accomplissez-nous ce que vous avez promis de bon cœur touchant notre père Anthime, et rétablissez-le dans sa dignité». Vigile répondit : «À DIEU NE PLAISE, MADAME, QUE JE FASSE UNE CHOSE PAREILLE. Précédemment [AVANT mon élévation au Siège de Pierre], j'ai parlé mal et comme un insensé ; mais, à cette heure [APRÈS cette élévation, donc], je ne vous accorderai nullement de rappeler un homme hérétique et anathématisé. Quoi­que je sois le vicaire indigne de l'apôtre saint Pierre [ô combien, en effet ! n'était-il pas complice formel d'hérétiques déposés, formel simoniaque et parricide spirituel de son immédiat prédécesseur ?!], mes très-saints prédécesseurs Agapit et Silvérius l'étaient-ils indignement comme moi, eux qui ont condamné Anthime ?»
           
        "Telle fut la réponse inattendue que le pape Vigile fit à l'impératrice, d'après le témoignage d'Anas­tase-le-bibliothécaire, qui raconte ensuite tout ce que ce pape eut à souffrir par suite de cette généreuse rétractation. Vigile tint le même langage dans ses lettres à Justinien. (...) Il ajoute que, tous ces hérétiques [Anthime et ses complices] ayant déjà été suffisam­ment condamnés, il avait cru pouvoir se dispenser de répondre à la déclaration que le pa­triarche Mennas [prélat catholique qui avait remplacé Anthime sur le siège de Cons­tantinople] lui en avait donnée dans sa lettre ; déclaration que, du reste, il confirme par l'autorité du Siège apostolique. Comme son silence avait été interprété en mauvaise part, il défie les malveillants, si rusés qu'ils soient, de trouver qu'il ait jamais rien fait ni tenté contre les décrets, soit des conciles, soit des Papes, ses prédécesseurs [... une fois élu Pape, donc ; c'est bien cela : il se retrouve assisté par le Saint-Esprit et donc pur sur la Foi dès qu'il est fait pape, étant tacitement désigné par l'Église Universelle pour l'être...!]. En­fin, il supplie l'empereur de ne point souffrir que les privilèges de la Chaire de saint Pierre soient diminués en rien par les artifices des méchants, et de ne lui envoyer que des personnes irréprochables dans leur foi et dans leurs mœurs" (Rohrbacher, t. IX, pp. 173, sq., pour tout l'épisode).
           
        C'est là certes une des plus surprenantes pages de l'Histoire ecclésiastique, qui en contient pourtant beaucoup, et quoi­que l'authenticité de tous les détails rapportés par Anastase-le-bibliothécaire et les au­tres historiens de l'époque qui consignent la chose ne semblent pas faire l'unanimité des historiens modernes, aucun d'eux ne met en doute, et ne saurait du reste le faire, l'exacti­tude de fond du récit quant à la collusion de Vigile avec le parti des hérétiques, via l'impératrice, pour sa promotion au souverain pontificat, collusion qui se déduit d'ailleurs des simples faits de l'Histoire admis de tous et non controversés (1/ Silvère est démis de la papauté pour son refus de rétablir les hérétiques, comme le voulait l'impératrice per­vertie 2/ celle-ci, désirant à toutes forces rétablir les prélats monophysites sur leurs sièges orientaux, fait alors immédiatement imposer Vigile, qu'elle connaît bien, comme pape).
           
        De cette bien peu glorieuse page, on tire deux enseignements de premier ordre.
           
        L'un condamne sans appel la bulle de Paul IV en son § 6 invoqué par les sédévacantistes pour invalider les papes vaticandeux et post : un complice d'hérétiques formels avant voire même lors de son élévation au Siège de Pierre peut parfaitement bien devenir et être vrai pape, verus papa, si le Saint-Esprit en a ainsi décidé. Puisque c'est arrivé une fois dans l'histoire de l'Église, il est par-là au moins prouvé que la bulle de Paul IV ne manifeste pas le droit divin dans son § 6 (le droit divin en effet, ne supporte aucune exception). Il est ma­nifeste, en effet, que Vigile est de connivence formelle avec les hérétiques avant d'être pape puisque c'est précisé­ment "grâce" à cette complicité avec l'hérésie qu'il est promu pape (selon la bulle de Jules II, il y aurait d'ailleurs une seconde raison grave d'invalidation de son élection, c'est qu'elle est entachée de simonie). Selon Paul IV, donc, aucun pro­blème, son élévation au Souve­rain Pontificat est absolument nulle, non-avenue de plein droit (car, dans sa bulle, non seulement il déclare déchu sans espérance de retour les prélats qui sont eux-mêmes hérétiques, mais aussi ceux qui "favorisent et se rendent complice" des hérétiques -§ 5-, comme c'est bien sûr éminemment le cas de notre très-méchant Vigile). Mais le Saint-Esprit n'a pas vu les choses comme cela, et, d'une pierre, a suscité un pain pour toute la Chrétienté : Vigile fut bel et bien vrai pape, "verus papa", c’est ainsi que l’Église l’a enregistré.
           
        L'autre enseignement est, on en conviendra, une édifiante et fort instructive illustration du caractère infaillible et tout divin de l'acte de désignation ou, à son défaut, comme dans le cas du pape Vigile, de reconnaissance approbative a-posteriori par l'Église universelle de la personne du pape actuel : une fois cet acte ecclésial intervenu, l'Assistance invincible par le Saint-Esprit de la personne du Pape pour les affaires de l'Église universelle ne peut manquer, comme il appert on ne peut mieux du cas Vigile. AVANT sa promotion au Siège de Pierre, Vigile, sur le plan doctrinal, "parle mal et comme un insensé", à son propre et surprenant témoignage ; mais APRÈS cette pro­motion, c'est-à-dire plus exactement après la reconnaissance de l'Église romaine de ladite promotion au Souverain Pontificat suite à la mort de l'infortuné pape Silverius, il devient parfaitement et héroïquement ortho­doxe dans sa Foi, au péril de sa vie, évidemment par grâce du Saint-Esprit qui ne lui per­met pas, dans sa charge et son Magistère de pape, de mener à mal les destinées de l'Église.
           
        Sur le plan théologique, Vigile est un cas d'école tout-à-fait extraordinaire. Il l'est d'autant plus si l'on considère que lorsqu'il supplante illégitimement Silverius, c'est… "sans élection" (de Montor, p. 266) par l'Église de Rome pour remplir la charge de pape ! En fait, il est tout simplement imposé comme pape par le général Bélisaire le lendemain de la déchéance scandaleuse, brutale et parfaitement illégitime de Silve­rius, les cardinaux anglais du grand-schisme d'Occident auraient dit : "par tumulte militaire". Jusque là, c'est exactement le cas de figure de l'intrus Constantin II (767-768), sauf la qualité de clerc et même de grand-clerc de Vigile que ne possédait pas ledit Constantin, simple laïc. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Vigile "avait figuré comme anti-pape sous Silvère" (ibid.), c'est-à-dire tant que ce dernier fut en vie. Ce n'est qu'après sa mort qu'il est canoniquement reconnu par l'Église Universelle comme pape, acceptus et probatus, car de toutes façons, il avait de grandes qualités pour assumer cette charge, ce n'était pas de sa part une ambition purement désordonnée, la suite montrant bien que "c'était un homme distingué par ses talents et une profonde connaissance des affaires" (ibid.). Gar­dons-nous bien, en effet, d'en rester à son intronisation trouble pour juger du pape Vigile : "Mais aucun de ces faits ne devient une raison pour s'armer de préventions, et surtout de fausses accusations. Examinons la vraie carrière pontificale de ce pape, qui va se montrer, en plus d'une occasion, un courageux soldat de Jésus-Christ" (ibid.).
           
        En tous cas, sur le plan théologique, on a là une magnifique leçon ! L'élévation au Siège de Pierre de Vigile n'est-elle pas une magistrale illustration du fait que l'acte de désignation ecclésiale universelle d'un tel comme pape actuel, assure À LUI SEUL la légitimité d'un pape, quand bien même tout le reste, élection y comprise, serait défectueux ? Vigile, en effet, ne fut jamais vraiment élu pape par l'Église romaine, mais seulement reconnu comme tel par elle à la mort de Silverius, et il n'en fut pas moins vrai pape, UNIQUEMENT, donc, notons-le soigneusement, par cet acte de désignation ecclésiale universelle posé quant à lui d'une manière a-posteriori inusitée et inédite sur sa personne…!
           
        Car, auquel cas d'un élu mauvais et hérétique désirant infecter l'Église, par complicité maligne ou corruption personnelle, le Saint-Esprit, qui n'a pas le bras raccourci, a deux solutions : soit le convertir, changer le persécuteur Saül en l'apôtre Paul (ce qu'il fait magistralement pour Vigile, peu recommandable apparem­ment, mais qui, une fois devenu pape, deviendra une des plus belles figures catholiques de ce temps, un des plus solides et énergiques défen­seurs de la Foi, très-notamment contre l'hérésie dont il s'était rendu l'ignominieux complice… avant son élection !), ou bien soit le dénoncer à la face de l'Église à tout le moins AVANT la consommation de l'élection par l'acte de désignation ecclésiale univer­selle de sa qualité de pape, par tout moyen qu'Il juge utile, si, dans Ses insondables décrets, Il n'a pas décidé de convertir le papabile hérétique.
           
        Mais en aucun cas, comme le suppose blasphématoirement Paul IV, ici vraiment mal inspiré puisqu'il suppose l'absence ou l'impuissance du Saint-Esprit dans l'acte d'élection du Pontife suprême théologiquement achevé, on ne peut supposer une désignation par l'Église Universelle d'un tel comme étant le Vicaire actuel du Christ, sans que celui-ci le soit vraiment, car cette dite désignation est un sceau, un agrément formel du Saint-Esprit, digitus Dei hic est, évidemment toujours doté de l'infaillibililité et de l'ordre du fait dogmatique. Il est vraiment très-important de bien saisir ce point qu'illustre merveilleu­sement bien le cas Vi­gile, mais sacrilègement contredit par le très-hérétique et impie § 6 de la bulle de Paul IV.
           
        Paul IV, pourtant, fut extrêmement persuadé que sa propre élection au Siège de Pierre fut un vrai mira­cle de Dieu ! "Bien que la proposition [du très-influent cardinal Farnèse, de faire voter les cardinaux pour Carafa], étant donné la grande aversion qu'inspirait Carafa même au parti français et l'hostilité ouverte du parti hispano-impérial et l'exclusive du Charles-Quint, n'eût presque aucune chance de succès, Carafa n'en obtint pas moins la tiare. L'auteur de l'Histoire des Conclaves y voit une preuve «du côté miraculeux des Concla­ves et que c'est Dieu qui fait réellement les papes»" (Pastor, p. 50). "Le fait surprenant que lui, le redouté et le haï, eût obtenu la tiare malgré l'exclusive de l'Empereur ne lui paraissait pas pouvoir s'expliquer que par l'intervention d'une puissance supérieure. Il était et resta fermement persuadé que ce n'étaient pas les cardinaux, mais Dieu Lui-même qui l'avait élu, pour l'exécution de Ses desseins" (ibid., p. 59). "[Le car­dinal protecteur de l'Empire], Mendoza, avait dit à Carafa, en entrant au Conclave, qu'il devait renoncer à tout espoir parce que l'Empereur l'excluait : «Tant mieux, avait répliqué l'ardent théatin ; si Dieu veut mon élection, je n'en aurai d'obligation à personne» ! Dieu la voulut en effet : malgré l'exclusion notoire, quoique non officiellement dénoncée, de l'Empereur, Farnèse rassembla ses partisans dans la chapelle Pauline, entraî­nant quelques adhérents flottants du groupe impérial, et Paul IV se trouva pape le huitième jour de ce Conclave extrêmement mouvementé (23 mai 1555)" (Lector, p. 526).
           
        Alors quoi, voyons, Paul IV aurait tout-de-même dû se dire que si Dieu fait déjà un grand miracle pour choisir parmi les catholiques celui qu'Il veut pour être pape, et pas un autre parmi les catholiques, combien plus pouvons-nous être sûr et certain qu'Il interdira toute élection d'un hérétique au Souverain Pontificat, et que donc son § 6 était parfaitement inutile, nonobstant son caractère affreusement hérétique et impie !!!
           
        L'assistance du Saint-Esprit est si forte dans les élections pontificales, que les signes miraculeux de sa Présence n'y sont en effet pas rares : le cas du pape saint Fabien (236-250) sur la tête duquel une colombe se reposa, le désignant ainsi aux électeurs comme le Choisi du Saint-Esprit, est bien connu, mais celui de Benoît XII (1334-1342) l'est moins. En ce qui le concerne, sans que les vingt-quatre cardinaux assemblés en conclave ne se consultassent préalablement, son nom sortit des urnes dans l'unanimité absolue, à la surprise générale ! Même cas de figure dans l'élection de Grégoire XV (1621-1623) : le conclave étant comme à l'accoutumée divisé inextricablement en des factions incapables de s'enten­dre, tout-à-coup, le nom du futur Grégoire XV à peine lancé au hasard, tout fut aplani ! "Cette dernière candidature recueille immédiatement l'approbation générale : le cardinal Borghèse abandonne la candidature Campori et le nouveau pape est élu au soir du 9 février selon la procédure exceptionnelle de l'acclamation : «On vit alors, écrit dans sa relation du conclave le prince Federico Cesi, conclaviste de son oncle et témoin oculaire, tant de discordes et de divergences d'opinions humaines se muer en une concorde subite et universelle, œuvre mer­veilleuse de l'Esprit-Saint ébauchée et accomplie selon un ordre parfait»" (Dictionnaire historique de la papauté, Levillain, art. Gré­goire XV, p. 765, 2e col.). Il est plus que probable qu'il existe d'autres cas similaires. L'Assistance divine dans les élections pontifi­cales est si forte que la chose se constate même au niveau simplement naturel et temporel : "Les 263 papes qui ont occupé le siège de saint Pierre offrent au regard de l'historien une série si remarquable de personnalités éminentes qu'aucune dynastie politique ne saurait soutenir la comparaison. En présence d'un pareil fait historique, l'on se demande instinctivement quelle loi de succession a présidé, à travers les siècles, à la création de ces Pontifes parmi lesquels abondent, plus qu'ailleurs, les saints, les hommes de génie, les politiques de grande envergure" (Lector, p. V). Quelle loi de succession, si formidable ? Mais tout simplement celle de l'in­faillible Assistance du Saint-Esprit…
           
        C'est pour­quoi le cardinal Billot pouvait bien dire : "Dès l'instant où le pape est accueilli comme tel, et apparaît uni à l'Église comme la tête l'est au corps, LA QUESTION NE SAURAIT PLUS ÊTRE AGITÉE D'UN VICE DANS L'ÉLECTION OU DE L'ABSENCE D'UNE DES CONDITIONS REQUISES POUR SA LÉGITIMITÉ. L'ADHÉSION DE L'ÉGLISE [UNIVERSELLE, TOUTE EN­TIÈRE ET EN PERMANENCE INFORMÉE DE LA GRÂCE TOUTE-PUISSANTE DU SAINT-ESPRIT] GUÉRIT POUR AINSI DIRE RADICALEMENT TOUT VICE POSSIBLE DE L'ÉLECTION". Et cette loi divine découle de l'Assistance invincible du Saint-Esprit dans l'élection papale. Dans le cas du pape Vigile, on en a vraiment, il faut l'avouer, une toute miraculeuse et renversante illustration : comment un homme qui s'est laissé aller par ambi­tion personnelle d'être pape jusqu'à un crime crapuleux sur la personne du pape son prédécesseur, son père dans la Foi, à laquelle furieuse ambition il sacrifie sans vergogne la Foi, or et argent d'une prostituée d'impératrice à l'appui, peut-il se retrouver, du jour au lendemain, non seulement catho­lique mais vigoureux défenseur de la Foi sur le point doctrinal même où il avait failli (comme dit le chevalier Artaud de Montor, dans son Histoire des souverains pontifes romains : "TOUT-À-COUP, on vit se manifester dans les dispositions de Vigile un chan­gement inespéré" (p. 266) ? Et d'une manière constante pen­dant les dix-sept années de son Pontificat, sans plus jamais faillir ?! On plaint celui qui ne verrait pas ici une opération aussi visible du Saint-Esprit.
           
        Il n'est pas inutile, malgré les longueurs mais longueurs intéressant notre Foi, de bien établir cette Foi militante extraordinaire du pape Vigile, après sa conversion lorsqu'il devint réellement pape après la mort de Silverius. Quelque dix ans après son élection, coincé à Constan­tinople par un Empereur grec retors, sans parole et favorisant l'hérésie, assisté de prélats courtisans, le pape Vigile aura une saillie digne d'un Confesseur de la Foi : "On le pressa même avec tant de violence [de souscrire à la condamnation des Trois Chapitres, suite bâtarde et compliquée du monophysisme qu'il est inutile d'exposer ici], qu'il s'écria publiquement dans une assemblée : «Je vous déclare que, quoique vous me teniez captif, vous ne tenez pas saint Pierre !»" (Rohrbacher, t. IX, p. 184). "Vigile tint alors une conduite sublime", note le chevalier de Montor.
           
        Rien de plus vrai, en effet. C'est d'ailleurs grâce à sa constance remarquable dans la pureté de la Foi, à son rare sens de la conciliation, à sa grande intelligence spirituelle de la situation globale, à sa pa­tience inouïe à supporter les pires outrages de la part de l'Empereur durant les sept ans qu'il le retint de force à Constantinople (ah, certes !, plus encore que son prédécesseur Silvère dont l'élection se fit sous influence politique goth, le malheureux Vigile paya fort cher et rubis sur l'ongle le grave péché de sa cou­pable élévation au Pontificat suprême !), que cet essai de résurgence du monophysisme fut étouffé dans l'œuf en Orient (… cette même hérésie dont il s'était rendu complice formel avant son élection !), que l'Occident se tint satisfait de la profession de Foi gréco-orientale et que l'Unité de l'Église fut ainsi sauvée...
           
        Le chevalier de Montor termine sa notice sur le pape Vigile par ces lignes très-équilibrées : "Vigile re­connut la nécessité d'une conduite qui, loin d'être une contradiction, devenait la preuve de l'extrême attention avec laquelle ce pape observait les évènements, leur puissance, leurs exigences obstinées, et finissait toujours par un acte d'habileté, après avoir épuisé toutes les phases de la détermination et du courage le plus exalté" (p. 270). C'est le jugement le plus juste qu'on puisse trouver quant au pape Vigile. Certains historiens à mentalité protestante, menteurs éhontés à la suite des centuria­teurs de Magdebourg, hypocrites falsificateurs de l'Histoire ecclésiastique dès lors qu'il s'agit de la papauté, feraient bien de comprendre, avant de vouer le pape Vigile aux gémonies, que si, détachés de leur terrible contexte, les actes de son pontificat semblent parfois sinueux, c'est que les circonstan­ces peu glorieuses de son élection rendaient sa position très-délicate envers un Empe­reur d'Orient politiquement tout-puissant, "entêté de théologie" (De la Monarchie pontificale, Dom Guéranger, p. 106), mais en vérité fort incapable de discerner les pièges des hérétiques pour lesquels sa Foi mélangée éprouvait une sympathie irrépressible, de surcroît devenu malveillant et cir­convenu contre un pape véritablement transfiguré après son élection en athlète du Christ. De plus, certaines lettres citées par Libérat l'Africain comme étant de Vigile, et dans lesquelles il ferait soi-disant ardente pro­fession de foi monophysite, sont reconnus comme des faux certains (l'historien Libérat était très-hostile à Vigile). "Quand on considère toutes ces difficultés, conclut le savant de Marca, on trouve, avec les érudits, que ce qui paraissait inconstance ou légèreté dans Vigile, était, au contraire, de la prudence et de la maturité de conseil" (Labbe, t. 5, Dissert. de Vigilii decreto, col. 603 & 4, cité par Rohrbacher, t. IX, p. 184). Novaes n'a pas une autre analyse : "[Le pape Vigile] décida tantôt dans un sens tantôt dans un autre, tant que son action fut libre, et toujours sans préjudice pour les vérités apostoliques" (cité par de Montor, p. 270). Et, après avoir précisé que la question des Trois Chapitres portait non sur la Foi mais sur des questions de personnes seulement, Novaes conclut de même que les historiens sérieux : "Avoir varié ne fut pas dans le pontife inconstance d'esprit, mais précepte de prudence". C'est le moins qu'on puisse en dire après une lecture appro­fondie de ce pontificat qui fut certainement l'un des plus persécuté de l'Histoire de l'Église, et peut-être bien, en définitive, oui, l'un... des plus saints !
           
        Il est bon de noter pour finir que son immédiat successeur, Pélager 1er (556-561), après avoir critiqué et fort combattu en tant que grand-clerc romain l'attitude du pape Vigile sur l'affaire des Trois Chapitres, fut bien obligé, une fois "poussé" lui-même par l'empereur sur le Siège de Pierre, d'adopter la même position que lui, pour être, pareillement que Vigile, grandement persé­cuté durant tout son pontificat ! L'éloge qu'on trouve sur son épitaphe officielle, rector apostolicae fidei, s'applique donc a fortiori pour Vigile, son "père spirituel" dont il ne fit que suivre en tout la politique religieuse dans l'affaire épineuse et toute passionnelle des Trois Chapitres qui remplit derechef son propre pontificat. Il est également bon de rappeler et bien noter que "quarante ans après [le pontifi­cat du pape Vigile], saint Grégoire-le-Grand trouvait encore les restes de l'opposition que Vigile avait tant redoutée dans l'Occident, et consentait à ce que, dans une occasion délicate, on passât sous silence le cinquième Concile [comme l'avait fait Vigile, donc, en son temps, et l'on voit par-là l'inanité de l'accusation de certains excessifs qui prenaient prétexte de ce même "silence" de Vigile pour lui imputer le péché d'hérésie ; le chevalier de Montor note d'ail­leurs que cedit concile controversé fut reconnu par "des successeurs de Vigile, Pélage 1er, Jean III, Benoît 1er, Pélage II et saint Grégoire-le-Grand" (p. 270)]" (Dom Guéranger, p. 107).
           
        Récapitulons et concluons. Le cas Vigile nous assure qu'un pape ne saurait qu'être vrai pape une fois désigné et reconnu par l'Église Universelle pour l'être, quand bien même il s'agirait avant sa promotion au souverain pontificat d'un comploteur vénal et simoniaque doublé d'un complice d'hérétiques formels et triplé d'un parricide spirituel, parce que son élection ne saurait plus être remise en cause après cet acte tout divin de désignation et reconnaissance universelles de sa qualité de Pontife romain actuel, même pour la raison d'hérésie antécédente à sadite élection. Cette affaire nous fait bien voir l'importance CAPITALE du lieu théolo­gique de l'acte de désignation ecclésiale universelle du Pontife romain actuel, acte parfaitement infaillible et suffisant EN SOI ET TOUT SEUL pour valider son élec­tion, NONOBSTANT TOUT CRITÈRE DOCTRINAL. Comme le disait si bien le cardinal Billot : "L'adhésion de l'Église universelle est toujours À ELLE SEULE le signe infaillible de la légitimité de la personne du Pontife", renchérissant ainsi sur les cardinaux anglais qui remettaient dans le droit chemin les schismatiques français lors du grand-schisme d'Occident par ces mots : "S'il y a eu l'assentiment unanime de l'Église sur le pape, alors, même s'il y a eu tumulte populaire ou militaire, l'élection est certainement valide".
             
        En soi et tout seul, en effet, c'est bien cela, et le cas Vigile le démontre magistralement. J'y insiste à dessein parce que le sédévacantiste se trompe principalement sur ce point que pour lui, ce qui fait qu'un pape est vrai pape, c'est d'abord qu'il a la Foi pour l'Église Universelle. Sans aucun doute, il est bien vrai que pour qu'un pape soit vrai pape, il faut qu'il soit inhabité de la Foi dans son Magistère public, c'est plus que sûr, mais, comme je le disais au début de ces lignes, il est capital de comprendre que cette rectitude doctrinale du pape pour l'Église universelle est la subséquence de sa légitimité impérée par la désignation ecclé­siale universelle de sa personne comme étant le Vicaire du Christ actuel, qui lui a donnée communication permanente de la grâce in­faillible du Saint-Esprit pour l'Église universelle, et non point la cause. Le cas Vigile en est certes une étonnante et magistrale illustration : lui est héré­tique, ou du moins complice formel d'hérétiques déposés, avant son intronisation, ce n'est donc pas parce qu'il a une Foi pure qu'il est fait pape ! Cependant, comme un pape ne saurait l'être s'il n'est catholique, le Saint-Esprit se devait donc de le convertir, et c'est ce qu'Il fait, superbement d'ailleurs.
           
        Notons bien l'ordonnance : le Saint-Esprit, par l'organe de l'Église universelle qui désigne et reconnaît Vigile comme sa tête actuelle, le fait vrai pape, verus papa, et après seulement, Il lui communique la Foi pour toute l'Église.
 
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        La question théologique de fond étant résolue, avec en sus une magistrale démonstration pratique du principe catholique exposé avec le cas du pape Vigile, je pourrais, ma paresse en crierait de joie, m'arrêter là, mettre le point final. Il est donc bien établi dans la Foi et en Église, que la règle prochaine de la Légitimité pontificale est la désignation par l'Église Universelle du Pontife romain actuel. Anathema sit, qui s'y oppose !! Ce qui fait s'écrouler dans son principe même, comme château de cartes dont on tire une carte du dessous, la fumeuse plus que fameuse bulle de Paul IV... et tout le raisonnement sédévacantiste qui s'appuie dessus, qu'il soit pur et dur à la barbaresque ou mitigé à la guérardienne.
           
        Cependant, il est nécessaire de poursuivre le sédévac dans ses erreurs et faussetés jusqu'au fond du donf, pour étouffer complètement son mensonge dans les âmes. Car il ne lui a pas suffi de professer l'hérésie dans le principe de la règle prochaine de la Légitimité pontificale, il triche derechef avec l'Histoire de la confection de cette bulle de Paul IV et de son contexte historique, tordant les faits pro domo sedevacantismus, inventant par exemple de toutes pièces que cette bulle aurait empêché un hérétique de monter sur le Siège de Pierre après la mort du pape Paul IV. De cette menterie, l'abbé Francesco Ricossa, sédévacantiste à la guérardienne et à la diable (c'est synonyme), s'est fait, dans deux numéros de sa revue Sodalitium, le champion, ou peut-être conviendrait-il mieux de dire le Don Quichotte de la Mancha (je rappelle ici mon démontage complet de la thèse guérardienne, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RefuteGuerardismeMisEnForme.pdf).
           
        Il convient en effet d'étudier avec soin le contexte historique, ecclésiastique, dans lequel a paru cette fumeuse bulle, aussi le caractère plus que déséquilibré du pape Paul IV, pour comprendre comment il s'est bien fait qu'un pape vrai pape (on n'en saurait point douter pour Paul IV !), a pu oser se permettre de professer une telle hérésie qui détruit l'Église structurellement d'un seul coup d'un seul, il faut bien en prendre conscience. L'ayant fait, et j'ai consigné mes résultats dans L'Impubliable il y a plus de vingt-cinq ans, je commencerai par dire qu'il appert de l'examen de l'Histoire que les cardinaux de Paul IV n'étaient pas du tout d'accord de souscrire à cette proposition hérétique du § 6, funeste au dernier degré pour l'Église.
           
        Pénétrant les arcanes de l'Histoire, on sent très-bien le conflit, combat, entre le pape atteint d'une sorte de "maladie" de la persécution, de folie paranoïaque de voir des hérétiques partout surtout là où il n'y en avait pas ("Un rapport de l'ambassadeur vénitien du 6 novembre 1557 nous apprend les protestations des cardinaux, parce que le Pape convoquait chaque dimanche l'inquisition pour poursuivre les hérétiques un à un et négligeait pendant ce temps les affaires les plus importantes, telles que le danger où l'on était de perdre des États entiers comme la Pologne et l'Allemagne, qu'il laissait sans nonce" ― Pastor, t. XIV, p. 279), et ses cardinaux maltraités par lui quasi à la Urbain VI, qui transparaît jusqu'à travers le parchemin de la bulle (dans les derniers consistoires secrets avec ses cardinaux, Paul IV se mettait dans de telles colères, qui duraient si longtemps, qu'un cardinal finira par dire, gémissant, en sortant d'une de ces éprouvantes séances : "Il ne va plus être possible de vivre et de traiter la moindre affaire avec le pape !" Qu'on se rende bien compte de la morbidité de l'état mental de Paul IV par le fait qu'il avait été jusqu'à soupçonner le cardinal Alexandrin, le futur pape saint Pie V, son dauphin bien-aimé pourtant, et que le bruit courait de son emprisonnement au château Saint-Ange, juste parce qu'il avait tâché de tempérer le pape dans ses accusations déséquilibrées et ses jugements injustes…!).
           
        Si, en effet, on excepte l'affirmation générale de l'introduction du § 1 : "Nous considérons la situation actuelle assez grave et dangereuse pour que le Pontife Romain (...) puisse être contredit s'il dévie de la Foi, etc.", cinq paragraphes sur sept (nonobstant les § conclusifs), qui forment quasi tout le corps du texte, ne citent nullement le pape comme pouvant être rétroactivement frappé de déchéance pour cause d'hérésie, mais seulement tout grand'clerc ou tout haut personnage laïc, je cite texto : "de quelque état, dignité, ordre, condition et prééminence, qu'il soit même évêque, archevêque, patriarche, primat, de dignité ecclésiastique encore supérieure, honoré du cardinalat et, où que ce soit, investi de la charge de légat du siège apostolique, perpétuelle ou temporaire, ou qu'il resplendisse d'une excellence et autorité séculière, comte, baron, marquis, duc, roi, Empereur, qui que ce soit parmi eux" (sic au § 2, réitéré tel quel au § 3, lequel s'arrête à "même la dignité cardinalice" comme ce qui est conçu hiérarchiquement de plus haut pouvant être frappé de par la bulle, le tout sous-entendu dans les §§ 4 & 5. Et là, c'est parfaitement orthodoxe, quoique nous projetant abruptement aux temps disciplinaires les plus drastiques, draconiens, de l'Église).
           
        Comme si les cardinaux qui, dans leur grande majorité, voulaient tempérer et freiner Paul IV, avaient essayé, dans leur rédaction commune de la bulle avec le très-irascible voire hélas fou Vicaire du Christ, de la cantonner au pouvoir qui lui était théologiquement réservé, contre le désir hérétiquement outré de Paul IV, à savoir : déclarer nulle et non avenue la charge de tout prélat de l'Église dont on découvre qu'il est hérétique, aussi élevé soit-il dans l'échelle de la hiérarchie ecclésiastique (ce qui, dans une période critique de la vie de l'Église où il y a danger prochain et immédiat de subversion, peut se comprendre, et c'était quelque peu le cas au temps de Paul IV mais pas autant que sa folie le lui montrait), MAIS NE SURTOUT PAS TOUCHER AU PAPE ET ENCORE MOINS À LA SACRO-SAINTE ÉLECTION PONTIFICALE.
           
        L'historique de la promulgation de cette fumeuse bulle nous convaincra sans peine de cette lutte interne farouche entre le paranoïaque Paul IV et ses cardinaux. "Moins on trouvait de preuves contre [le cardinal] Morone, plus s'accroissait la crainte de Paul IV que cet homme, qu'il tenait, une fois pour toutes pour hérétique, pût devenir son successeur. Il entendait à tout prix, par les plus sévères ordonnances, rendre impossible une pareille éventualité. À la fin de 1558, le bruit courut que Paul IV préparait une bulle pour retirer tout droit d'élection actif et passif dans les conclaves aux cardinaux convaincus d'hérésie ou à ceux mêmes qui avaient été soumis à l'Inquisition pour simple soupçon d'hérésie [à raison, ou... à tort !!!]. Le 8 février 1559, le Pape fit effectivement lire au Consistoire un document de ce genre. Il n'insista cependant pas ; les cardinaux déclarèrent que l'homme le meilleur pouvait avoir un ennemi qui l'accusât du pire ; tant qu'un cardinal n'était pas convaincu de ce crime, il ne pouvait être exclu du conclave. À la suite de cela, la bulle fut encore une fois remaniée. Dans la teneur où elle fut souscrite, le 15 février, par tous les cardinaux, elle déclarait que l'élection d'un homme qui aurait, ne fût-ce qu'une fois, erré en matière de foi, ne pouvait être valide. Le document en question renouvelait et renforçait solennellement les anciennes et sévères ordonnances contre les hérétiques, laïques aussi bien qu'ecclésiastiques, même s'ils étaient revêtus des plus hautes dignités, ajoutant que toutes les personnes occupant un rang et une dignité devaient être considérées, dès leur première [!!!] faute, comme sujettes à rechuter, car on n'a que trop de preuves des suites fâcheuses qu'une telle défaillance entraîne après elle. Paul IV n'abandonna cependant pas son plan original [on sent la lutte : les cardinaux ne sont pas d'accord d'aller si loin que le veut, à toutes forces, le pape, qui va finir cependant par imposer ses vues dans un des documents les plus regrettables et honteux du Bullaire romain, quant aux très-hérétique § 6]. Le 6 mars, il rendit un décret d'après lequel quiconque aurait été seulement accusé d'hérésie [à raison ou... à tort !!!], ne pourrait plus devenir pape. De la sorte, il ne se borna pas à lui retirer le droit d'élection actif mais même passif [= la possibilité d'être lui-même élu pape : voilà, justement, qui est hérétique comme prenant la place du Saint-Esprit et de l'Église Universelle dans les élections pontificales, et qui précisément est arraché de force des cardinaux terrorisés et apeurés par le pape janséniste et paranoïaque]" (Pastor, pp. 243-245).
           
        ... Mais, avant de poursuivre, un mot, d'abord, sur la vision morale de Paul IV qui motive ses excès, parce qu'elle est trop scandaleuse et même carrément antichrétienne pour ne pas la stigmatiser comme il convient : soi-disant, selon lui, un catholique ayant versé dans l'hérésie une seule fois, est à tout coup absolument et définitivement irrécupérable, ne peut plus qu'être hérétique tout le reste de sa vie, selon la sentence janséniste "là où il y a eu feu il y aura toujours fumée", quoiqu'il fasse, quoiqu'il en ait, de vouloir se convertir…! On est là en plein jansénisme avant la lettre !! L'histoire tellement édifiante du pape Vigile, que je viens de relater que dessus, détruit avec éclat cette vue ténébreuse, pessimiste, janséniste des choses, parce qu'elle fait scandaleusement abstraction totale, impie, de la TOUTE-puissance de la Grâce et de l'Amour divins dans les âmes !
           
        Sans parler du pharisien sectaire Saül devenu saint Paul, l'Apôtre des Gentils et son patron de pontificat, Paul IV se souvenait-il de l'histoire du rhétoricien Augustin d'Hippone, infecté pendant les trente premières années de sa vie de la pire des hérésies, le manichéisme, la plus difficile à se purger au propre aveu de saint Augustin lui-même dans ses admirables Confessions ? Si donc la bulle du janséniste Paul IV avait paru au IVe siècle, l'évêque d'Hippone n'aurait tout simplement pas existé et… l'on n'aurait pas eu… l'un des plus grands… Pères de l'Église.
           
        Mieux encore, si l'on peut dire, parce que l'histoire édifiante qui va suivre eut un grand retentissement et qu'elle se passait à Rome sous les yeux mêmes de Jean-Pierre Carafa, futur Paul IV : je veux parler de la si belle conversion de Sixte de Sienne, jeune et ardent franciscain hérétique "né dans le judaïsme, croit-on" (Saint Pie V, un pape pour notre temps, Pierre Tilloy, p. 39), que Michel Ghislieri, futur cardinal Alexandrin, futur saint Pie V, alors grand-inquisiteur, eut la sollicitude pastorale d'aller visiter en prison quand il était relaps impénitent et déjà condamné au bûcher ; il parvint à le faire se reconnaître, puis, immédiatement, alla demander à genoux sa grâce au pape Jules III qui la lui accorda : Sixte de Sienne se convertit tout de bon cette fois-ci et ne rechuta plus jamais ; le plus beau, c'est que ne voulant pas reprendre l'habit franciscain, "pensant l'avoir déshonoré, le P. Ghislieri le revêtit alors d'une de ses tuniques et introduisit dans son Ordre [dominicain] ce nouveau Frère qui devint [un prêtre,] un écrivain illustre et un vaillant champion du dogme chrétien" (ibid.) ! Un Sixte de Sienne que… Paul IV lui-même, en pleine contradiction avec ses propres principes, ne fut pas rebuté d'utiliser, l'employant pour la conversion des juifs !!! Or, il n'est qu'à peine besoin d'apporter la précision que l'histoire de l'Église regorge de cas semblables qui prouvent que la soi-disant loi morale rigoriste-janséniste de Paul IV qui veut qu'un hérétique converti, même sincère, ne puisse jamais cesser d'être hérétique en son âme (et donc qu'on doit l'éloigner de la prêtrise ou de l'épiscopat ou de la papauté), vient du diable, est janséniste. Et puis, je le redis, l'Histoire ecclésiastique nous enseigne le cas d'un pape, Vigile au VIe siècle, qui fut, avant son accession au souverain pontificat, un formel "complice d'hérétiques" et qui n'en fut pas moins un pape vrai pape, et de plus vigoureux athlète de la Foi contre l'hérésie même dont il s'était rendu complice, ce qui achève de montrer le caractère radicalement faux de la proposition hérétique de Paul IV dans son § 6.
           
        Pour en revenir à la structure rédactionnelle de la bulle, Pastor, dans ce qu'on vient d'en lire, nous permet de comprendre le fond du problème par ses fort intéressantes et intelligentes explications : ce mélange qu'on sent dans la bulle entre ce qu'il est permis de dire, et qui d'ailleurs en forme plus des trois/quarts (= que toute promotion à une charge d'Église sauf celle de pape puisse être déclarée ipso-facto nulle si le prélat est convaincu d'hérésie avant ou pendant l'exercice de sa charge ecclésiale), et ce qu'il n'était théologiquement absolument pas permis de dire, mais que l'insensé Paul IV voulait absolument dire (= que l'élection d'un pape serait elle aussi déclarée ipso-facto nulle au cas où on le trouverait hérétique, avant ou pendant son pontificat), se trouve vérifié par l'historique de l'élaboration de cette bulle regrettable. Les cinq principaux § de cette bulle qui en forment quasi tout le corps, donc, disais-je plus haut, ne touchent nullement au pape et à son élection. Mais brutalement, tout soudain, au seul § 6, on a le rajout surprenant, au bout de la longue litanie des dignités hiérarchiques des § précédents que nous avons citée, qui, pesante, revient à nouveau lourdement à l'identique : "... et même le Souverain Pontife". Ce § 6 n'est d'ailleurs pas seulement nouveau en ce qu'il inclut pour la première fois dans la bulle le pape dans la condamnation, à la suite et fin des grands dignitaires de l'Église, mais également dans le fait qu'il déclare déchus de toute charge dans l'Église non seulement les hérétiques révélés tels une fois en poste (comme cela avait été dit aux §§ 2, 3, 4 & 5), mais encore ceux qui l'auraient été AVANT lesdites élévations auxdites charges et fonctions ! Y compris donc, en ce qui concerne celle du Souverain Pontificat…!!! On croit rêver. Ou plutôt cauchemarder. Et le § 7 continue derechef sur la lancée hétérodoxe du § 6.
           
        Or, le sens précis du premier mot latin qui introduit ledit § 6 rejoint exactement la logique interne de la bulle, pour aboutir à la même formelle séparation du § 6 de tout ce qui le précède. Dans le texte latin originel de la bulle, le § 6 commence en effet par "Adiicientes". Ce terme signifie : "En rajout de, en addition de ce qui précède, au surplus de, etc.", ou toutes autres formules similaires que le lapidaire raccourci français "De plus" rend très-bien, comme toutes les traductions de la bulle de Paul IV que j'ai lues le montrent. Or, par signification définitionnelle même du mot, ce qui se rajoute à quelque chose… ne dépend pas de ce quelque chose. Donc, il est bien démontré que le § 6 est un "rajout" structurel dans la bulle de Paul IV, de deux façons qui le disent formellement (1/ la logique et la structure internes de la rédaction bullaire qui n'incluent nullement dans les cinq premiers § la fonction de pape dans les listes des prélats susceptibles d'être touchés par les condamnations infligées aux hérétiques, mais l'incluent seulement dans le § 6, duquel constat on déduit une séparation formelle dans l'idée entre les §§ 2 à 5 et le § 6 ; 2/ séparation dans l'idée qui est absolument confirmée linguistiquement par le terme latin "adiicientes" introduisant le § 6, qui signifie "de plus", signifiant formellement un rajout par rapport à ce qui précède).
           
        Le § 6 est donc, pour le dire crûment mais en toute vérité, une sorte de tumeur maligne sur un corps sain, une excroissance cancéreuse (avec le § 7 qui lui est subséquent). Et il n'est pas besoin d'aller chercher très-loin le coupable qui a implanté damnablement au forcing et aux forceps avec ses cardinaux cette tumeur cancéreuse : il s'appelle Paul IV…
           
        ... C'est vraiment Paul IV qui est coupable de la proposition hérétique du § 6 de la bulle, qui injurie et offense très-grièvement Dame la sainte Église romaine en faisant accroire et croire à tout fidèle qu'elle pourrait, SANS RÉAGIR OU POUVOIR LE FAIRE, par l'organe collectif des cardinaux qui la représentent formellement dans la vacance du Siège Apostolique, laisser des hérétiques envahir le Siège de Pierre, et de là bien sûr empoisonner toute l'Église…!! Mais, tonnerre de Boanergès !!!, où résiderait donc bien, je vous prie, s'il en était ainsi, la virtus éclatante, suréminente, divine, de l'Église de Rome singulièrement récapitulée dans le Sacré-Collège cardinalice, sur toutes les autres églises particulières du monde, si glorieusement et à si juste titre vantée et professée par tous les papes, tous les Pères, tous les théologiens, tous les scolastiques, tous les saints, tout spécialement sur le chapitre de la pureté de la Foi, si on acceptait l'impie proposition de Paul IV dans son § 6, à savoir que le Sacré-Collège cardinalice peut, dans sa majorité canonique, se laisser subvertir par un hérétique envahissant le Siège de Pierre ?!? Je me le demande. L'Église romaine ne serait que decorum de carton-pâte en faux-semblant.
           
        Que peut-il rester, en effet, de l'infaillibilité, de la sainteté, de la force et de la sagesse divines de l'Église romaine, "nom d'humilité de l'Église Universelle" (Journet), dirigée immédiatement par le Saint-Esprit, et non médiatement, alors qu'elle ne serait même pas capable, de par le droit divin infaillible dont elle est dotée, de barrer la route à un hérétique venant subvertir le Siège de Pierre, et à partir de lui, tout le Magistère de l'Église Universelle…! Il y faudrait soi-disant, dixit Paul IV, des prescriptions humaines pour l'en garantir ! Qui n'ont pas été utiles et nécessaires avant lui, pesons bien la chose, durant… quinze siècles !! Le Christ n'y aurait pas pensé avant le XVIe siècle de Paul IV, et malgré cela, le Saint-Siège ne se serait pas fait subvertir par des hérétiques pendant… quinze longs siècles !! Pas même, non, pendant les trois premiers siècles chrétiens où les hérétiques, les gnostiques, les magiciens tel Simon, les ignobles, les pneumatiques, pullulaient, grouillaient comme vermines autour du Siège de Pierre, menaçant de tout engloutir !!!
           
        Preuve, soit dit en passant, que cette proposition du § 6 était parfaitement inutile, nonobstant son caractère encore plus parfaitement hérétique…
 
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        Mais, au fait, au fait, les cardinaux Pole et Morone, contre lesquels œuvrait le pape Paul IV dans sa bulle comme un malade ou plutôt comme un possédé pour empêcher qu'ils ne soient élus pape, voulant à toutes forces qu'ils soient des hérésiarques occultes (ce qui ne concernait plus que Morone, Pole étant mort un an avant la parution de la bulle), étaient-ils vraiment... hérétiques ?
           
        Épluchons ensemble le contexte historique du pontificat de Paul IV, en y mettant le soc de charrue très-profond, avec tous les attendus de la problématique en mains et pas seulement certains, ce qui nous permettra de trancher cette question de façon définitive et sûre, et nous verrons alors que la réponse à la question sera... négative.
           
        Après la gravissime crise du protestantisme, deux tendances se dessinaient chez les hauts prélats catholiques pour la résorber, l'une rigide, dont le principal moyen sera inquisitorial, allié à l'austérité de vie des membres, l'autre, dite des Spirituels, plus humaniste, plus douce à la saint François de Sales, plus attachée à convertir par le cœur que par l'esprit, à coloration peut-être quelque peu irénique mais pareillement liée au grand et catholique désir d'une vraie réforme dans l'Église et à la sainteté de vie des chefs de file.
           
        Paul IV se trouve dans la première catégorie, la précision est inutile. Pole et Morone, par contre, se trouvent aux premiers rangs de la seconde, quoique les choses ne soient pas aussi tranchées que cela, Morone, quant à lui, n'hésitant pas à appuyer l'élection de Carafa qui deviendra Paul IV au conclave de 1555. Il est d'ailleurs assez étrange d'avoir à se rappeler que Morone et Pole furent les deux papabile les plus en vue avec Jean-Pierre Carafa dans le conclave de 1555 qui élit ce dernier : leur gardait-il un ressentiment ? Cela ne l'honorerait pas beaucoup, surtout si l'on rajoute qu'il fut élu à l'arraché, à une voix près, très-notamment grâce à l'intervention du cardinal... Morone ! auprès des concla­vistes qui ne voulaient pas de sa candidature, et surtout à celle du très-influent cardinal Farnèse, l'ami du cardinal ... Pole !, un cardi­nal Pole qui, d'ailleurs, en 1555, restant à son poste en Angleterre pour le motif spirituel élevé de se consacrer exclusivement, après la chute affreuse du roi Henri VIII, à la conversion du royaume très-fragilement recatholicisé avec la reine Marie -la suite, avec l'impie Élisabeth 1ère, le prouvera abominablement, effroyablement-, ne souhaitait pas du tout être élu pape.
           
        Le vindicatif et quasi insensé Paul IV, par contre, lui, une fois monté sur le Siège de Pierre, fait juger le cardinal Morone comme figure de proue de la seconde tendance, qu'il jugeait à tort hétérodoxe (... quand, dans le même temps, il élevait à la pourpre ses trois neveux indignes, cédant au népotisme ― "Le Sacré-Collège accueillit en silence cette grave déclaration de Paul IV [de promouvoir au cardinalat ses ne­veux], qui, auparavant, lorsqu'il était encore cardinal, n'avait pas de termes assez vigoureux pour condam­ner le népotisme des papes et qui maintenant retombait dans la même faute" ― Pastor, p. 98 ; d'autant plus que l'au­tocrate Paul IV avait bien précisé en convoquant les cardinaux pour ce consistoire, qu'il ne le faisait pas du tout pour leur demander leur avis mais seulement pour porter à leur connaissance sa volonté irrévocable de donner la pourpre à ses neveux…!), puis veut à toutes forces le convaincre d'hérésie formelle, mais sans succès, lors­qu'il le fait emprisonner (emprisonnement qui dura deux ans, de 1557 à 1559, mort de Paul IV ― comme le cardinal Pole, le cardinal Morone était en effet parfaitement innocent : "Quelque effort que les inquisi­teurs fissent par la suite pour trouver contre lui une apparence de faute, ils ne purent y réussir. Au contraire, on trouva des documents qui ne laissaient aucun doute sur les sentiments du cardinal. Malgré cela, le malheureux ne fut pas relâché" ― Pastor, p. 242).
           
        Bien entendu, les sédévacantistes à la guérardienne et à la diable de Sodali­tium font une lecture manichéenne de l'épisode, avec la télé en noir et blanc des années 60 devant les yeux : il y aurait d'un côté, les "mé­chants" (tendance des Spirituels, mystique), et de l'autre, les "bons" (tendance inquisitoriale, qui d'ailleurs, et ce n'est pas un hasard, ressemble comme deux gouttes d'eau au fameux mouvement de La Sapinière, plus officiellement appelé Sodalitium pianum, qui lutta rigoristement, voire jansénistement et anti-sémitiquement, contre le modernisme sous le pape Pie X ; … vous avez dit : Sodalitium ?).
           
        Les choses sont-elles si tranchées ? Je ne le crois vraiment pas du tout. L'Histoire s'inscrit absolument en faux contre le simplisme partisan, zélote, intégriste et sectaire, de cette thèse. Les cardinaux Pole et Morone étaient tout simplement d'une tendance beaucoup plus miséricordieuse que Paul IV dans la lutte contre les protestants, ce qui ne revient pas à dire moins ca­tholique et surtout moins valable pour convertir les nouveaux hérétiques, comme veut à toutes forces le croire Paul IV (Rohrbacher, à propos du grand cardinal Pole, précise : "Les voies de rigueur répugnaient extrêmement à son caractère, et il opina toujours dans le conseil privé [de la reine Marie d'Angleterre] pour celles d'indulgence" ― Rorhbacher, t. XXIV, p. 187).
           
        Le cardinal Morone est, de même que Pole, si peu convaincu d'hérésie, malgré les ardeurs juvéniles incroyablement vertes du vieux pape (Paul IV en effet, s'appuyant sur des antécédents familiaux, ne s'attendait pas du tout à mourir avant d'avoir bien mordu dans le fruit des 90 ans ; lorsque la mort s’invita dans ses 84 ans, il eut peine à le croire), qu'il sort de la redoutable prison du Saint-Office "deux jours après sa mort [de Paul IV]", participe au Conclave de 1559, activement et... passivement, c'est-à-dire avec la possibilité d'être lui-même élu pape et non pas seulement comme votant pour un autre (la chose est si sûre et… si contradictoire, que Philippe II, qui sera le premier roi à écrire à un conclave, ce qui initiera le droit d'exclusive, se raille de cette attitude ecclésiastique de gi­rouette dont fut victime le cardinal Morone, lorsqu'il se permet de passer hautainement en revue les cardinaux susceptibles d'êtres papabile : "Si Morone a commis des méfaits, pourquoi a-t-il été absous ?" ― Lector, p. 528).
           
        Cependant, le cardinal Morone n'est pas élu à la mort de Paul IV, c'est Pie IV, 1559-1565, qui l'est, grâce au cardinal... Carafa, le neveu foudroyé par Paul IV et... réhabilité dans toutes ses fonctions d'électeur par les conclavistes immédiatement après la mort de son oncle de pape ! Ayant toujours beaucoup d'entregent, c'est lui qui fit élire pape, Pie IV.
           
        L'abbé Ricossa, dans l'un de ses deux articles, s'abuse ou triche beaucoup, à lui de cocher la case utile, quand il dit que "grâce à la bulle [de Paul IV], il [Morone] ne fut pas élu pape". C'est totalement et historiquement faux. Au conclave de 1559 qui suivit la mort de Paul IV, lequel se scinda politiquement en trois groupes, Es­pagnol, Français et Carafa, personne n'invoqua cette bulle extrémiste et fanatique, mais surtout hérétique, la présence active et passive de Morone à ce Conclave en étant une preuve suffisante, surtout si on y rajoute celle, plus étonnante encore, de Carlo Carafa ! C'est assez dire que les hauts prélats contemporains de Paul IV n'avaient pas, dans leur grande majorité, jugé sa sévérité excessive et intégriste de bon aloi pour l'Église ; c'est pourquoi, Paul IV à peine mort, on les voit ne tenir absolument aucun compte de ses pourtant tout récents décrets anathématisants, censés foudroyer Morone ou peut-être... le neveu (je vais y revenir).
           
        La meilleure preuve en est dans la bulle sur la législation des conclaves qu'édictera Pie IV, le successeur immédiat de Paul IV, bulle importante que cite notre historien des conclaves, Lucius Lector : "Mentionnant les actes de ses prédécesseurs qui se sont occupés de cet objet de capitale importance, énumérant ces actes antérieurs d'Alexandre III à Jules II, Pie IV ne mentionne pas la bulle de son prédécesseur im­médiat Paul IV" (Lector, p. 114 & note 1 de la même page). Omission volontaire car confirmé par le can. 24 de cette bulle de Pie IV : "Il est interdit aux cardinaux de rien changer à cette bulle. Ils devront prêter serment de l'observer comme celle de Jules II et de ses prédécesseurs" (ibid., p. 120). C'est-à-dire que les bulles de Paul IV sur la question sont tout simplement passées à la trappe et précipitées dans les oubliettes du château Saint-Ange (car Paul IV fit aussi une bulle pour invalider les élections pontificales obtenues par brigue et intrigue passées avant le conclave) !
           
        Pour être complet dans la question, il faut cependant noter que saint Pie V, qui succèdera à Pie IV, remettra en vigueur la bulle de Paul IV du 15 février 1559, celle qui nous intéresse (ou plutôt qui ne nous intéresse pas), dans son motu proprio Inter multiplices curas, du 21 décembre 1566, § 1. Mais, notons bien ceci : saint Pie V ne cita la bulle de Paul IV qu'en annexe de son motu proprio, et non dans le corps de son texte, et en plus, il ne la mentionne que d'une manière générale, c'est-à-dire qu'en fait il n'y fait allusion que pour sa seule partie orthodoxe, et nullement pour son très-hérétique § 6 (rappelons-nous en effet, je l'ai établi plus haut, que les trois-quarts de la bulle de Paul IV, à savoir les §§ 2 à 5, sont parfaitement orthodoxes, seul le § 6 est hétérodoxe).
           
        C'est encore lui, cardinal Morone, qui mènera le Concile de Trente à sa très-difficile conclusion, ce qu'il fit sous le pontificat de Pie IV, pape édifiant dans son constant et fervent appui du concile de Trente, qui, "en général, se distinguait singulièrement de son prédécesseur [Paul IV] par une grande douceur de caractère ; (...) son pontificat fut une période de conciliation et de paix" (Rohrbacher, t. XXIV, p. 284).
           
        Le bon Pie IV, en effet, qui menait le plus saintement possible les affaires de son pontificat avec son neveu inspiré qu'il avait fait cardinal, saint Charles Borromée, avait totalement réhabilité le cardinal Morone suite à l'enquête établie notamment par Michel Ghislieri, le chef de toute l'Inquisition (nommé à cette fonction par trois cardinaux dont le cardinal… Pole ! — Saint Pie V, un pape pour notre temps, Pierre Tilloy, p. 37) et futur saint Pie V, lequel saint patron des tradis de toute obédience et singulièrement de celle sédévacantiste, ne croyait donc pas à l'hérésie de Morone. "Après une enquête suffisante [sur le cas Morone], conduite par les cardinaux Puteo et Ghislieri, dont l'un était réputé comme un grand juriste, l'autre comme un grand théologien, Pie IV rendit, le 13 mars 1560, le jugement définitif. Il releva dans la procédure de l'Inquisition sous Paul IV, une série d'erreurs tant dans le fond que dans la forme. L'incarcération de Morone avait eu lieu sans le moindre fondement de soupçon légi­time. L'instruction, ainsi que toute la procédure [dirigée personnellement par l'irascible, insensé, calomniateur et injuste Paul IV !], dans laquelle n'avaient pas été observées les formes prescrites et nécessaires, étaient flétries comme nulles, inconve­nantes et injustes [… plus le procès avançait, plus Paul IV, exaspéré, se rendait compte que par la procé­dure normale on ne pouvait arriver à la condamnation de Morone ; il eut alors un jour ce mot qui fit trembler tout le monde : "Étant le chef de l'Église, Nous pourrions bien Nous-mêmes juger la cause de Morone"... Sans les cardinaux et s'il n'avait tenu qu'à Paul IV, Morone aurait certainement fini sur le bûcher...!]. Il y était en outre établi qu'on n'y trouvait ni un motif sérieux de condamnation, ni même le plus insignifiant doute contre la rectitude de sa foi, en sorte qu'on en devait conclure juste le contraire des accusations élevées contre lui et que, par suite, le cardinal Morone devait être remis en liberté comme innocent" (Pastor, p. 247).
           
        Et en 1565, à la mort de Pie IV, ce sera encore et toujours lui, cardinal Morone, le papabile le plus en vue, soutenu, s'il vous plaît, par le grand cardinal saint Charles Borromée, neveu choisi dudit pape Pie IV, le plus saint, capable, prudent, avisé, des grands dignitaires de l'Église de l'époque et comme l'âme pensante et agis­sante du Vatican d'alors. Mais ce sera saint Pie V qui sera élu.
           
        Je viens d'écrire que c'est grâce au cardinal Morone que le concile de Trente eut une heureuse fin. Le concile, on le sait, de la Contre-Réforme de tendance conservatrice mais sans être intégristement inquisitoriale à la Paul IV, s'étala sur dix-huit ans et trois interruptions, sans cesse traversé et empêché. Il fut co-présidé en 1545, au tout début de ses assises, par le cardinal... Pole, comme ayant été un des trois légats nommés à cet effet par le pape Paul III (1534-1549), lequel cardinal Pole fit en cette qualité lors de l'ouverture une exhortation si édifiante à tous les Pères que Rohrbacher dit qu'elle "respire le véritable esprit de l'Église, l'esprit de Dieu, comme dans les consolantes lettre de sainte Catherine de Sienne" (Rohrbacher, t. XXIV, p. 18), ce qui n'est pas une petite louange et compliment. Pour sa part, le cardinal Morone œuvra si ardemment à bien terminer le concile, que l'évêque de Nazianze, dans le discours de clôture, lui adressa ces belles louanges : "À ce sujet [fin heureuse du Concile], très-illustre et très-glorieux Moron [sic], vous devez entre tous les autres éprouver une joie qui vous est pour ainsi dire personnelle : vous qui, après avoir, il y a vingt ans, posé la première pierre de ce magnifique édifice, auquel ont travaillé tant d'autres archi­tectes, allez, avec la sagesse admirable et presque divine qui vous appartient, y mettre heureusement la dernière main. Les louanges éternelles de tous les hommes célèbreront cette action si belle et si éclatante et nul siècle ne gardera le silence sur votre gloire".
           
        Ôtez le dithyrambe du discours, il reste que Morone fut le seul prélat a être nommément félicité dans ce très-officiel discours de clôture du concile de Trente, juste derrière le pape Pie IV...
 
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        Mais il me tarde à présent beaucoup de rétablir la bonne mémoire du saint et très-édifiant cardinal Réginald Pole, peut-être encore plus scandaleusement suspecté d'hérésie par le paranoïaque Paul IV que le cardinal Morone.
           
        Rorhbacher, à propos du saint cardinal Pole, après avoir dit, comme je l'ai rappelé plus haut, que "les voies de rigueur répugnaient extrêmement à son caractère, et il opina toujours dans le conseil privé [de la reine Marie d'Angleterre] pour celles d'in­dulgence", continuait ainsi : "Du reste, [le protestant] Burnet même lui rend la justice qu'il [le cardinal Pole] fut illustre, non seulement par son savoir, mais encore par sa modes­tie, son humilité, son excellent caractère ; et il convient que si les autres évêques eussent agi selon ses maximes et gardé la même modération, la réconciliation de l'Angleterre avec le Saint-Siège [après le schisme d'Henri VIII aggravé par son successeur le roi-enfant Édouard VI] aurait été consommée sans retour [... voilà donc celui que Paul IV suspectait d'hérésie !].
           
        "Quoique très-modeste pour sa personne, Polus tenait un grand état de maison et se montrait avec magnificence dans les occasions où il était obligé de paraître avec tout l'éclat de sa dignité. Généreux, libéral, hospitalier, il avait établi le plus grand ordre dans son domes­tique. Il trouvait, par une sage économie, les moyens d'exercer son immense charité envers les pauvres. Les bénéfices et les grâces qui dépendaient de sa légation étaient donnés gratuitement, et il ne souffrait pas que les personnes attachées à son service reçussent aucun présent, sous quelque prétexte que ce fût. Dans son diocèse de Cantorbéry, Polus suspendit l'exécution des anciennes lois contre les hérétiques [qui envoyaient systématiquement au bûcher tout prévenu condamné, en passant par des tortures barbares] et procéda plus par dou­ceur. Les évêques et les prêtres, qui, quoique adhérant au schisme d'Henri VIII, ne s'étaient point prêtés aux innovations religieuses d'Édouard VI, furent maintenus dans leurs bénéfices et dans leurs fonctions : les autres n'y furent réintégrés qu'après avoir subi des épreuves sur leur capacité et sur leur conduite. On répara les défauts des ordinations faites selon le nouveau rituel [anglican]. On obligea les prêtres mariés à se séparer de leurs femmes et à s'abstenir des fonctions sacerdotales, sans toutefois les destituer de leurs places. Le cardinal était entièrement livré au rétablissement de la discipline ecclésiastique, soit dans les assemblées du clergé de sa métropole, soit dans un concile national qu'il tînt à cet effet, et où il fit rédiger d'utiles règlements, tels que les circonstances pouvaient les comporter [on voit très clairement ici que la pastorale miséricordieuse du cardinal Pole était parfaitement catholique et extrêmement fructueuse, remplie de bons et saints fruits, point du tout motivée par une sorte d'indulgence coupable envers l'hérésie. Or, loin d'être suspecte dans l'Église, cette pastorale est en odeur de sainteté puis­qu'elle fut celle communément employée par les papes pour les hérétiques de l'Église orientale, pendant... les quatre siècles de survie de l'Empire d'Orient ! Mais certes, on comprend aussi combien cette douceur des moyens était étrangère à la "pastorale" intégriste et sectaire de Paul IV qui ne voulait rien moins qu'appliquer dans l'Église universelle les mêmes lois d'autodafés rigoristes que celles de la politique anglaise...].
           
        "Ce fut au milieu de ces travaux qu'il éprouva de violents accès de fièvre quarte, qui le conduisirent au tombeau le 18 novembre 1558, le lendemain de la mort de la reine Marie. Il prévit les suites funestes de ce triste événement pour la religion, et il en exprima toute son affliction par les dernières paroles qu'il prononça en embrassant son cruci­fix : «Seigneur, sauvez-nous, nous périssons ! Sauveur du monde, sauvez votre Église !»" (Rohrbacher, t. XXIV, p. 187).
               
        Voilà plutôt la vie et la fin d'un grand et saint prélat plutôt que celles d'un hérétique, n'est-ce pas ?
 
 
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Cardinal Réginald Pole (1500-1558)
            
        Il n'y avait que Paul IV pour ne s'en point rendre compte, la tête cadenassée dans son délire paranoïaque. "Pour vous dire la vérité, dira-t-il à un cardinal le lendemain de l'arrestation sur son ordre du cardinal Morone dans les prisons du Saint-Office (1557), Nous avons voulu Nous opposer aux dangers qui menaçaient le dernier conclave et prendre de notre vivant des précautions pour que le diable n'asseye pas à l'avenir un des siens sur le Siège de Saint-Pierre" (Pastor, p. 234). Paul IV visait là le cardinal Pole, qui avait failli être papabile au conclave de 1555 (mais... Pole lui-même déclina sa candidature à la fonction pontificale, voulant consacrer toutes ses forces à la recatholicisation du royaume d'Angleterre, après la défection du roi Henri VIII ! On était donc très-loin de l'initié maçonnique qui n'a qu'un but : subvertir le Siège de Pierre !), légat pontifical de très-catholique valeur qui eut la bonne idée de mourir en 1558, ce qui lui évita de finir sa vie sainte et édifiante dans les prisons du Saint-Office, en compagnie de Morone...
           
        L'inflexible suspicion d'hérésie de Paul IV à son égard, parfaitement infondée, fut monstrueusement inique et loin d'être heureuse à l'Église, qu'on en juge plutôt : "Le pape se montra dur à l'égard du cardinal Pole, qui remplissait le rôle de légat en Angleterre ; n'ayant aucun égard pour lui et ne tenant pas compte de la prudente conduite qu'il observa, il le destitua et lui substitua le vieux cardinal Peto, peu capable de le remplacer. L'effet produit par cette mesure impolitique et injustifiée, causa un tort considérable au catholicisme en Angleterre (Dictionnaire de Théologie Catholique, à "Paul IV", p. 23). Juste au moment, sous le très-difficile règne catholique de l'édifiante reine Marie Tudor, où il était capital de ne point commettre d'impair, pour empêcher la résurgence de l'anglicanisme ! La reine Marie le pressentit fort bien, après Pole lui-même, et, angoissée, "d'une manière pressante, manda à Paul IV qu'une pareille mesure [la destitution de Pole] apporterait le danger visible d'arrêter le mouvement catholique en Angleterre" (Pastor, pp. 241-242). Ce qui ne manqua pas d'arriver, effectivement, les hérétiques anglicans battant des mains de joie de voir celui qui avait combattu avec succès leur protestantisme après la mort d'Henri VIII et le règne éphémère du roi-enfant Édouard VI, être lui-même soupçonné... d'hérésie par... le pape (goddams ! quelle aubaine, les amis !). "Marie fit arrêter à Calais le messager [papal] avec les brefs pour Peto et Pole. De concert avec Philippe [II, roi d'Espagne, qui n'était pas précisément du genre laxiste, en matière d'orthodoxie doctrinale…], elle avait, dès la fin de mai, réitéré la prière que le pape laissât Pole dans sa fonction. Maintenant, si le pape, disait-elle, ne l'avait pas écoutée jusque-là, elle espérait qu'il le ferait à présent ; qu'on lui pardonnât à Rome, si elle croyait savoir mieux que personne ce qui convenait au gouvernement du royaume" (Pastor, p. 320). C'était la Sagesse même qui s'exprimait là par la bouche de la si catholique reine Marie d'Angleterre.
           
        Mais Paul IV n'était pas homme à changer d'avis, surtout quand il avait été trop loin. Pole fut donc destitué sans appel. C'était discréditer devant tous les anglais un héros catholique appartenant à la plus haute noblesse du pays et qui avait lutté contre Henri VIII jusqu'au martyre de toute sa parenté, surtout celui, terrible, atroce, de sa malheureuse mère : "Je ne saurais passer sous silence le meurtre de la mère du cardinal Polus et de ses autres parents [écrira William Cobbet, un historien pourtant protestant, membre du Parlement anglais]. Dans sa jeunesse, le cardinal avait joui de la plus grande faveur auprès du monarque [Henri VIII] ; il avait même étudié et voyagé aux frais du trésor royal. Mais quand l'affaire du divorce vint sur le tapis, il désapprouva hautement la conduite du roi ; et celui-ci eut beau le rappeler en Angleterre, il refusa d'obtempérer. C'était un homme aussi distingué par ses lumières que par ses talents et ses vertus, et ses opinions avaient un grand poids en Angleterre. Sa mère, la comtesse de Salisbury, issue du sang royal des Plantagenêt, était le dernier rejeton de cette longue dynastie des rois anglais. Le cardinal, que le pape avait élevé à ce poste éminent dans l'Église à cause de son grand savoir et de ses hautes vertus [… on rappelle que c'est un protestant qui écrit ces lignes…], se trouvait donc de la sorte être, par sa mère, le proche parent de Henri VIII : son opposition au divorce projeté par ce monarque suffit pour exciter au plus haut degré le désir de la vengeance dans son cœur. Toutes les ruses et tous les artifices furent mis en œuvre pour s'emparer de sa personne ; mais on eut beau prodiguer l'or, on ne put y parvenir, et Henri résolut alors de faire retomber le poids de sa colère sur les parents du vénérable prélat" (Rohrbacher, t. XXIII, p. 363).
           
        S'ensuivit l'affreuse mort de la mère du cardinal Pole sur l'échafaud qui, la malheureuse femme, outrée de colère dans sa fierté d'aristocrate catholique vertueuse d'être humiliée par la crapulerie d'Henri VIII, répliqua droite comme un i au bourreau qui lui demandait de baisser la tête sur le billot : "Une tête de Salisbury ne se courbe pas sous l'infamie : coupe-la comme tu peux !" S'ensuivit alors que le bourreau rata la comtesse debout, une première fois avec sa hache, mais la blessa affreusement, puis, la pauvre martyre courut sur l'échafaud, hurlant de douleur, gesticulant, affolée, ensanglantée de son sang et hors d'elle-même, poursuivie par le bourreau qui n'arrivait pas à lui donner le coup de grâce... et on vous passe les détails.
 
 
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 Margaret Pole (1473-1541)
 
        … Et voilà donc ce grand chrétien fils de grande chrétienne (qui fut béatifiée par Léon XIII comme martyre) que Paul IV destituait pour... soupçon d'hérésie !!! Quelle honte !!! Quel scandale !!! Quelle folie du diable dans la tête de Paul IV !!! Pastor est plus que fondé à commenter ainsi l'affaire de sa destitution inique : "Plus le noble anglais était doux et bon, plus il avait ressenti profondément l'affront qui lui était fait. Il n'y avait jamais eu d'exemple qu'un cardinal, dans le plein exercice de sa fonction de légat, eût été, sans enquête préalable, déposé de ses fonctions, sous le simple soupçon d'hérésie. «Comment, se demandait douloureusement le malheureux Pole, le Pape a-t-il pu soupçonner ma foi, après mes constants combats et difficultés avec les hérétiques et schismatiques et tant de brillants succès auprès des dévôts de la religion catholique [Qu'on juge de la haute valeur de Pole quant à la Foi, par le fait suivant : "Pour subvenir au manque de prêtres en Angleterre, Pole ordonna l'érection de petits-séminaires. Ce décret servit au concile de Trente d'introduction et de modèle pour son fameux décret si riche en conséquences sur les séminaires. Le nom et l'idée de séminaire ont été inspirés à Trente par le décret de Pole. Pole et Marie [d'Angleterre] s'efforcèrent de parer encore au manque croissant de prêtres par le relèvement des couvents détruits. (...) «De jour en jour, écrit Michiel, l'ambassadeur vénitien, le 1er juillet 1555, se relèvent de leurs ruines, par les efforts de Pole, hôpitaux, couvents, églises». Etc." (Pastor, pp. 315-316)] ? Quelle joie pour les hérétiques d'Angleterre dont j'ai si fort contrarié les agissements, que de me pouvoir retourner à moi-même ce titre d'hérétique ! En supposant que j'aurais jadis tenu pour vraies de fausses doctrines, ce qui n'est pas du tout le cas, il n'y avait plus maintenant aucune raison de me poursuivre, après que j'avais remporté tant de sérieuses victoires, sauvé tant d'âmes par mes efforts, et rétabli l'autorité du Saint-Siège en Angleterre» [c'est le moins qu'on puisse dire ! Effectivement, quoiqu'il en soit de l'hérésie personnelle de Pole, qui n'était pas plus fondée que celle de Morone, il y avait là, de toutes façons, dans le contexte anglais, un oubli total du Bien supérieur de l'Église de la part de Paul IV, qui fait frémir dans un pape !].
           
        "Un biographe de Pole observe avec raison que celui-ci eut à subir l'épreuve la plus dure qui pût être infligée à un fidèle enfant de l'Église, épreuve dans laquelle il eut à montrer que, cardinal, il plaçait au-dessus de sa personne, au-dessus de ses intérêts, la cause sainte à laquelle il s'était dévoué. Pole a brillamment soutenu cette épreuve. Dans son humble obéissance à la plus haute autorité établie par Dieu, il accueillit, comme venant des mains paternelles, l'injuste coup qui lui était porté et qu'il souffrit avec dignité et patience [sans un geste de révolte, il démissionna immédiatement de sa légation dès qu'il apprit la volonté de Paul IV, obligeant la reine Marie Tudor, proprement scandalisée de l'accusation du pape, à l'obéissance ; cette grandeur d'âme au-dessus de la persécution, si éminemment et même si exclusivement catholique, si héroïque à la nature humaine et quasi impossible sans la grâce du Christ, fait d'ailleurs penser à celle de Fénelon, fort injustement accusé par un Bossuet odieusement calomniateur en l'occurrence, mortifié par la supériorité de Fénelon et peut-être plus encore mû par un gallicano-jansénisme mal avorté dans son âme, qui réussit à arracher par Louis XIV une condamnation papale injustifiée : surmontant cette épreuve, Fénelon, lui aussi, se soumit exemplairement à l'iniquité de la condamnation par respect pour l'Autorité de l'Église. C'est à cela qu'on voit les vrais amis de Dieu...]" (Pastor, pp. 247-248).
           
        ... Éh bien !!, je le dis, puisqu'il faut parler de "soupçon d'hérésie" : si l'on veut rester dans la vérité objective et vraie de l'Histoire, ce qui inclut d'avoir à sortir des méprisables mensonges sédévacantistes, il faut bien dire qu'un "initié-infiltré-comploteur" de la pire espèce fait pape, un hérétique occulte sorti des plus sombres noirceurs des conventicules de Satan ayant réussi à envahir le Siège de Pierre, n'aurait pas pu "mieux" faire, ni frapper un plus grand coup de Satan, pour faire triompher le protestantisme dans toute une nation importante, que… ce grand fou possédé de Paul IV, sauf son respect de pape, n'a fait en destituant le grand et saint cardinal Polus !!! Chose qui effectivement arriva, l'Angleterre, depuis lors, étant en corps de nation hérétique jusqu'à la fin des temps, et c'est Paul IV qui en est le grand et premier responsable devant Dieu !!!
           
        L'emprisonnement du cardinal Morone donc, héritier spirituel du saint cardinal Pole, se passait deux ans avant la mort du pape. Paul IV, dans ses derniers mois, fut littéralement obsédé comme un fou furieux bon à enfermer de voir des hérétiques partout. Au point même d'en arriver à soupçonner... son dauphin, Michel Ghislieri, le futur... saint Pie V !! Dans une certaine affaire de soupçon d'hérésie contre un très-haut prélat portugais que le pape lui avait commise (c'est toujours la même histoire), le cardinal Alexandrin futur saint Pie V tâcha de tempérer la procédure draconienne voulue par Paul IV, et le tourner à un peu plus de justice envers l'accusé. Mal lui en prit ! "Cela jeta le Pape, que sa santé rendait de plus en plus anxieux et violent, dans un état tel qu'il fit, pendant une demi-heure, de si violents reproches à ce cardinal si hautement estimé dans le Consistoire, que le cardinal Consiglieri déclara qu'on ne pouvait plus vivre ni traiter de quoi que ce soit avec le Pape. Dans un nouveau consistoire, Paul IV réitéra ses reproches envers Ghislieri, le déclara indigne de sa place et assura qu'il regrettait de lui avoir donné la pourpre. Un rapport du 5 Août 1559 mande de Rome qu'on craignait là-bas que le grand-inquisiteur Ghislieri fût emprisonné au château Saint-Ange [!]. Ce fut en ce temps que Paul IV déclara à l'ambassadeur français que l'hérésie était un crime si grave, que si peu qu'un homme en fût atteint, il ne lui restait d'autre moyen de salut que de le livrer au feu immédiatement, sans se soucier qu'il occupât le plus haut rang" (Pastor, p. 256).
           
        Dès 1557, "son souci légitime de la conservation de la foi catholique dégénéra en une sorte de manie de la persécution, qui lui faisait voir les plus grands dangers là où, en réalité, il n'y en avait aucun. Une légère imprudence, une expression douteuse suffisait à rendre quelqu'un suspect d'hérésie. Imprudent et crédule, Paul IV ne prêtait que trop volontiers l'oreille à toutes les dénonciations même les plus absurdes. Le pieux cardinal Alfonso Carafa qui avait la confiance particulière de Paul IV se plaignait vigoureusement à l'ambassadeur français, en août 1559, «de la malice de ces cagots, desquels une grande partie estaient eux-mesmes hérétiques et remplissaient de calomnies les oreilles et le cerveau de Sa Sainteté». Ni le rang, ni la dignité, ni les services rendus ne pesaient dans la balance : dès que l'on était devenu suspect, on était traité par l'Inquisition avec la même rigueur, indifférente à toute considération, que si l'on eût été ennemi public et déclaré de l'Église. Les inquisiteurs aussi bien que le Pape dans son zèle inexorable flairaient de l'hérésie en de nombreux cas où un observateur prudent et circonspect n'en aurait trouvé trace, même quand il avait gardé le plus strict attachement à la doctrine catholique. Envieux et calomniateurs s'empressaient de détacher un mot suspect, sans tenir compte de ses rapports avec le reste de la phrase, et de dresser une accusation d'hérésie contre les hommes qui avaient été de fermes défenseurs de l'Église contre les novateurs. On en vint aussi contre des évêques et même des cardinaux à des accusations et à des procès aussi incompréhensibles que dénués de fondement. Un véritable régime de terreur commença, qui accabla tout le monde à Rome" (Pastor, pp. 231-232).
           
        "Comme Morone et Pole, un autre prélat eut à répondre à l'Inquisition, sous le soupçon d'hérésie pas plus fondé que pour ceux-ci : Egidio Foscarari. Il appartenait à l'ordre des dominicains et jouissait d'une grande réputation comme théologien autant que comme prêtre. Paul III l'avait nommé maître du Sacré-Palais. Il appréciait fort le livre des exercices de saint Ignace de Loyola. On lisait son approbation du magnifique écrit en tête des éditions imprimées. En 1550, Foscarari avait succédé à Morone comme évêque de Modène. L'année suivante, il participa au Concile de Trente. Revenu à Modène, il fut évêque distingué à tous points de vue. Et maintenant, ce savant et pieux prélat était soupçonné, incarcéré, le 21 janvier 1558, au château Saint-Ange et l'Inquisition faisait son procès. On ne trouva aucune preuve de culpabilité. Foscarari réclama donc une solennelle déclaration de son innocence. Celle-ci lui fut refusée. Il n'obtint sa liberté que le 18 août 1558, en prenant l'engagement de se tenir, à la première réquisition, à la disposition de l'Inquisition. (...) L'augustin Girolamo Negri s'était attiré la haine des luthériens par ses prédications à grand succès. Ceux-ci propagèrent à la fin la calomnie que Negri avait des opinions non-catholiques. La suspicion dont il devint l'objet eut pour résultat que Negri, en 1556, se vit retirer par ordre de Rome, l'autorisation de prêcher. Cette mesure fut un triomphe pour les hérétiques et une cause de consternation pour les catholiques. La hâte et l'imprudence avec lesquelles on avait agi apparurent, en 1557, à la suite d'une dernière enquête, qui se termina par une solennelle proclamation de l'innocence de Negri" (Pastor, pp. 251- 252)...
 
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        Et puis, et puis, pour en revenir à Pie IV, ce direct successeur du paranoïaque Paul IV avait été, au moins sur un point, moins "déliquescent" que lui, à savoir quant aux Capitulations. C'étaient des engagements auxquels s'obligeait le papabile pressenti par un groupe de cardinaux pour être le futur pape, de respecter un programme de pontificat convenu d'avance avec lesdits cardinaux qui, de leur côté, s'engageaient, si le papabile y acquiesçait, à voter pour lui… Il est facile de comprendre que cette coutume, aussi déplorable que le népotisme (auquel, là encore, on vit un certain Paul IV Carafa plus que céder… contre ce qu'il avait pourtant dit hautement avant d'être élu pape !), attentait gravement à la liberté de l'élection pontificale et de l'Église. Or, l'Histoire enseigne que l'autocrate Paul IV… s'y soumit, comme un vulgaire pape de la Renaissance à réformer, mais… pas Pie IV !
           
        "L'usage de ces sortes de Capitulations ou conventions arrêtées par les cardinaux, dans la pensée d'imposer au futur élu un programme de mandat impératif, se généralisa vers le début du XIVe siècle, à la suite de l'abdication de Célestin V et de l'élection de Boniface VIII, alors que le Collège cardinalice s'habitua à accentuer son importance vis-à-vis de la personne même du pontife. Déjà Innocent VI, en 1352, à Avignon, cassa et proscrivit ces conventions, comme faites en dehors de la compétence intérimaire des cardinaux et contraires au droit de juridiction personnelle du pape. [Cependant, malgré l'énorme baisse de popularité et d'autorité des cardinaux au sortir du grand-schisme d'Occident (discrédit parfaitement justifié, car, par l'embourgeoisement scandaleux du divin office que leur avait confié l'Église, dont ils étaient coupables, c'étaient bien eux les principaux responsables dudit grand-schisme), l'abus ne sera hélas pas supprimé :] Paul II (1464) annula celles faites à son conclave, et s'aliéna par-là les cardinaux. Au XVe siècle, l'usage en devint habituel. Innocent VIII (1484) ratifia expressément celles de ses électeurs. On les voit se produire encore de même au conclave de Paul IV (1559). Mais son successeur, Pie IV, dans sa Bulle In eligendis, les réprouve : omisso omnino capitulorum confectione primis diebus fieri solitorum. On en retrouve cependant encore des traces au conclave de Léon XI (1605)" (Lector, p. 401, note 1).
           
        La façon intégriste, déséquilibrée, fanatique, du pape Paul IV Carafa pour traiter les problèmes de la Foi se voit encore dans l'Index des livres interdits qu'il fit dresser en 1559 (il fut le premier pape de toute l'histoire de l'Église à le faire de manière systématique et exhaustive, ce qui en soi, d'ailleurs, était un bien). Son criterium, comme à l'accoutumée, était si excessif, si déséquilibré, suscitant "de profonds désaccords au sein même de l'assemblée [de la Congrégation de l'Index, gérée par dix-huit Pères du Concile de Trente]" (Dictionnaire historique de la papauté, Levillain, article "Index", p. 861, 2e col.), que ledit Index fut amendé dès 1561 par un Moderatio indicis librorum prohibitis, puis carrément refondu en 1564 dans un nouveau Catalogue, sous le pontificat de Pie IV.
           
        Autre illustration, fort peu glorieuse pour lui, non seulement de son tempérament complètement paranoïaque mais surtout de son incroyable absence de discernement dans la chose spirituelle : au rebours de ses trois prédécesseurs, les papes Paul III, Jules III et Marcel II, qui avaient vu naître la Compagnie de Jésus et en avaient globalement favorisé le développement, Paul IV la suspecta d'emblée (comme d'habitude ! En fait, il suspectait tout le monde qui n'était pas lui !...), et l'entrava, "voulant l'unir à sa propre congrégation, les Théatins. En guerre avec l'Espagne, il va jusqu'à faire perquisitionner chez Ignace [de Loyola] qui, sa mort venant, demande quand même sa bénédiction [... on mesure là toute la sainteté du fondateur des Jésuites, mais on ne saurait en dire autant de Paul IV…]" (Levillain, art. Jésuites, p. 966, 2e col.) ! Par ailleurs, il considérait saint Ignace, qu'il avait fréquenté avant son élévation au Souverain Pontificat, comme un… "tyran" (Pastor) !!
           
        Ce sont là des traits du manque de discernement spirituel flagrant de Paul IV, et fort dangereusement au service de l'ennemi des âmes, qu'il faut bien avoir en tête quand on veut parler de sa fumeuse bulle...
 
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        À présent, un point d'Histoire qui a son importance. Les sédévacantistes affirment très-mensongèrement, dans leur "légende dorée" hagiographique et simpliste de Paul IV, complètement trafiquée, que saint Pie V, dauphin de Paul IV, n'avait, une fois élu au Siège de Pierre, qu'une idée en tête : reprendre très-vite la politique religieuse rigoriste de Paul IV, après le pontificat soi-disant doctrinalement déliquescent de Pie IV (… mais derrière Pie IV, c'était son cardinal-neveu qui menait les rênes du pontificat et qui en était l'âme ; or, zut !, celui-ci s'appelait… saint Charles Borromée, il était comme la cheville ouvrière, sainte et saintement agissante, de tout le Vatican d'alors, et, faut-il avoir à apporter la précision, n'avait rien d'un libéral laxiste ni d'un "infiltré-initié-comploteur" ; mais donc, les sédévacantistes nous révèlent qu'il ne sut que donner une note doctrinalement déliquescente au pontificat de son oncle de pape… on en apprend tous les jours).
           
        Or, hélas pour eux, le seul nom de pontificat choisi par le saint pape Ghislieri renverse cette fable mensongère. Si, soi-disant, le pape Pie V, le jour de son élection, quand on lui demanda quelle serait la ligne directrice de son pontificat, répondit avec enthousiasme : "Celle de Paul IV !", selon la fable sédévac, alors, pourquoi dans ce cas, n'aurait-il donc pas pris aussi, avec son programme, son nom de pontificat, à savoir… Paul ? Pourquoi au contraire le voit-on prendre celui de Pie, son immédiat prédécesseur ? N'est-ce pas, justement, parce que ce dernier pape avait tempéré les ardeurs intégristes, iniques et paranoïaques, de Paul IV ? Dont il voulait continuer la ligne de conduite tempérée ? Quand un pape désire avec tant d'ardeur reprendre le programme d'un de ses prédécesseurs sur le Siège de Pierre, la première chose qu'il fait pour bien le faire comprendre de tous, c'est d'en reprendre le nom de pontificat. Mais l'Histoire nous montre Michel Ghislieri, cardinal Alexandrin, prendre le nom pontifical de Pie. Et qu'on ne radote pas, comme l'a fait l'abbé Ricossa, qu'il a choisi le nom pontifical de Pie pour remercier saint Charles Borromée le neveu du défunt pape Pie IV d'avoir favorisé son élection au conclave qui l'élit au Siège de Pierre : un pape nouvellement élu ne choisit pas son nom de pontificat pour faire un simple retour diplomatique d'ascenseur, raison très-secondaire voire mondaine, mais communément et généralement, pour tracer nominalement tout le programme surnaturel de son pontificat, raison première de son choix.
           
        C'est pourquoi il ne faut pas être surpris de constater, dans les actes pontificaux de saint Pie V, et non de saint Paul V, la modération des grands saints, si absente chez l'intégriste Paul IV et si fréquente dans le conciliant et non déliquescent Pie IV : "Ami du pape Paul IV et un instant disgracié par Pie IV, il [Pie V, qui, ayons garde de l'oublier, ne fut pas seulement disgracié par Pie IV mais aussi par son mentor Paul IV, lequel, dans ses accès de fou furieux à camisoler de force de toute urgence, faillit le faire emprisonner au château Saint-Ange, allant même jusqu'à lui dire qu'il "regrettait de lui avoir donné la pourpre"…!!] voulut témoigner hautement que les mêmes sentiments l'animaient envers ses deux prédécesseurs, et que leur mémoire avait droit au même respect. Il régla généreusement un démêlé délicat qui concernait le comte Altemps, l'un des neveux de Pie IV, et en même temps il s'occupa de la réhabilitation des Carafa, neveux de Paul" (Rohrbacher, t. XXIV, p. 391).
 
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        Par ailleurs, le pape Paul IV a invoqué la lutte contre l'hérésie comme seule motivation de sa bulle. Est-ce bien vrai ? Car il faut quand même bien remarquer qu'il avait des neveux-cardinaux qui se comportaient très-mal, et qui, à propos de leur complicité mondaine avec des hérétiques formels, auraient bien pu dire comme le fabuliste : "C'est là le moindre de mes défauts". Et très-probablement Paul IV avait-il aussi peur de voir un membre indigne de sa famille monter sur le Siège de Pierre (ou plus certainement favoriser un cardinal hérétique aspirant au Pontificat suprême, par ambition politique effrénée plutôt que par hérésie personnelle), qu'un hérétique formel étranger à sa famille... motif de sa bulle certes un peu moins glorieux que celui de l'hérésie pure et simple, et qu'il n'avouait pas avec la même franchise.
           
        Sur cela, lisons ensemble l'excellent Rohrbacher : "[Paul IV] était un homme vertueux et de mœurs austères : il avait un grand zèle et de bonnes intentions, mais ses intentions n'avaient pas toute la simplicité de la colombe ; il ne parut pas, comme Melchisédech, sans père, sans mère, sans généalogie, uniquement pontife du Très-Haut ; il eut des cardinaux-neveux qui abusèrent de son affection et de sa confiance, lui firent faire de fausses démarches, et qu'il finit par chasser d'auprès de sa personne et même de la ville de Rome [... mais ils étaient toujours cardinaux, ayant au conclave droit d'élection active et... passive ! La meilleure preuve, c'est que le plus influent d'entre eux, Carlo Carafa, bien que chassé de Rome par Paul IV, y revint immédiatement après la mort de son oncle pour participer au conclave, d'ailleurs "rappelé par décision du Sacré-Collège et réintégré dans ses droits d'électeur" (Histoire de l'Église, par Fliche & Martin, t. XVII, p. 174) ; et de plus, "reprenant tout son aplomb et toutes ses ambitions" (ibid.), il se retrouva possesseur du plus grand nombre des voix cardinalices, "le maître de l'élection" (ibid.) ! Chargé de la haine publique (il finit par être assassiné), il avait certes trop scandalisé tout le monde pour être élu lui-même pape, mais il n'en dirigea pas moins le conclave de 1559 en orientant les voix sur Jean-Ange Medici qui prendra le nom de Pie IV. Celui-ci lui devra entièrement son élection. Paul IV avait donc des raisons valables de craindre la possible élection au Souverain pontificat d'un pareil cardinal de neveu, amoral mais fort puissant et habile, au moins autant que celle du cardinal Morone...]. Paul IV n'avait pas non plus toute la prudence du serpent, mais quelque chose de la raideur du bélier [il refusa toute aide, par exemple, à la Société de Jésus fondée nouvellement par saint Ignace...]".
           
        On lit plus loin, du même auteur : "La guerre entre le pape Paul IV et Philippe II d'Espagne venait d'éclater ; deux neveux du pape en étaient la principale cause [il serait historiquement plus exact de dire que c'est Paul IV lui-même qui voulut cette guerre, par un sentiment mélangé de politique et de religion, voulant expulser de l'Italie les Espagnols et les Impériaux qu'il appelait "les barbares", les Français étant tout juste supérieurs à eux dans son esprit qui n'en pinçait que pour le génie italien...], et ils le paieront cher. Cette guerre rendait impossible le concours des jésuites espagnols à la nomination du général [de leur Ordre]. (...) Le souverain pontife avait chassé de Rome, il avait même puni en prince irrité ses neveux, dont les crimes passaient toute mesure. Cette sévérité prouvait les bonnes intentions de ce vieillard toujours impétueux ; mais elle ne réparait qu'à demi les désordres qui, à l'abri de tant de déportements, s'étaient glissés dans l'administration ecclésiastique. Le pape sentait que, pour faire respecter son autorité compromise, il importait de donner de grands exemples. Les vices pullulaient dans le clergé séculier et régulier. La préoccupation de Paul IV était d'en triompher. Pour réussir dans son dessein, il prend à partie la société de Jésus, innocente de ses désespoirs de famille, plus innocente encore des malheurs de l'Église.
           
        "(...) Le pape Paul IV ayant chassé de Rome ses propres neveux, s'appliqua fortement à réparer les fautes qu'ils lui avaient fait commettre. Il institua un tribunal de cardinaux (...) et redoubla de vigueur dans les mesures contre les hérésies et les hérétiques [ici, on tient à souligner qu'il est manifeste pour Rohrbacher que les mesures anti-hérétiques de Paul IV sont d'abord suscitées contre les cardinaux-neveux, et nullement contre le cardinal Morone ; la question des dates, d'ailleurs, milite fortement pour cette thèse : c'est dans le consistoire mémorable qui eut lieu le 27 janvier 1559, que Paul IV dénonça ses trois neveux au Sacré-Collège "dans un amer discours, d'une voix où le chagrin le disputait à la colère" (Fliche & Martin, t. XVII, p. 170), lesquels neveux "furent privés de toutes charges et titres" (ibid.) ; or, c'est seulement une quinzaine de jours après, le 15 février 1559, que Paul IV fit paraître la bulle qui nous occupe, dans laquelle il n'est pas bien difficile, dans certaines formules, de retrouver la préoccupation du pape quant à ses neveux-cardinaux, dont l'un était légat quand les deux autres administraient absolument tout le temporel et le politique de l’Église, tant pour les affaires de l’État du Vatican que pour celles de l’Église universelle ! Il faut bien se rendre compte que le neveu Carlo Carafa était rien moins que le Secrétaire d'État avant la lettre, le Consalvi de Pie VII, le Villot de Paul VI, tout-puissant sur les membres du Sacré-Collège eux-mêmes ! De 1555 à 1559, il donna plus d'audiences que le Pape, qui ne les aimait pas et qui soumettait au bon vouloir du cardinal-neveu tous les nonces et les ambassadeurs !! Mais, admettons d'en rester à la version officielle de Paul IV, à savoir que sa bulle était uniquement suscitée par le motif de l'hérésie pure, soupçonnée notamment dans le cardinal Morone, Pole venant juste de décéder. De toutes façons, cela ne change rien au débat de fond... quoique, on en conviendra, l'épisode des cardinaux-neveux aide tout-de-même à mieux comprendre dans quel climat cette incroyable bulle, hérétique en son § 6, parut].
           
        "(...) À Rome, pour soulager la misère du peuple, continue Rohrbacher, Paul acheta pour cinquante mille écus de blé, à huit écus la mesure pour ne la vendre qu'à cinq. Cependant, lorsqu'il mourut, 18 août 1559, à 84 ans, le peuple était encore si exaspéré de ce qu'il avait souffert sous le gouvernement de ses neveux, qu'il renversa et brisa la statue du Pape, abattit les armes des Carafa partout où elles paraissaient, brûla la prison de l'Inquisition et commit d'autres désordres jusqu'au 1er septembre. Le corps du pape fut enterré sans pompe. (...) Sa dernière parole fut : «J'ai été réjoui de ce qu'on m'a dit : Nous irons à la maison du Seigneur»" (Rohrbacher, t. XXIV, pp. 191, sq.).
 
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        Une chose doit cependant être rajoutée, concernant la figure par plus d'un côté hélas fort repoussante et même haïssable de Paul IV, si l'on en restait à un point de vue seulement humain. Je serais gravement injuste (… à la Paul IV !), si je ne rendais pas justice non seulement à l'intégrité morale sans tache de son pontificat dont Rohrbacher lui-même n'a pas manqué de prendre bon acte, aussi à une piété sincère et réelle, privée comme liturgique (... dont on peut du reste se demander comment elle pouvait coexister avec un tempérament si injuste, qui pouvait aller jusqu'à s'avilir dans les grossièretés de paroles et les voies de fait sur les personnes quand il était contredit et en colère, ce qui était souvent...), mais encore et surtout au bilan globalement très-positif, au for externe du moins, de son pontificat : "Tout en dépassant parfois la mesure [... doux, très-doux euphémisme !!], Paul IV imprima une impulsion décisive à la réforme catholique et prépara le succès futur du concile [de Trente]" (Dictionnaire de Théologie Catholique, art. Paul IV, p. 22). C'est également grâce à ses mesures sévères contre les mœurs relâchées du clergé (moines gyrovagues, évêques désertant leur résidence pour la cour vaticane, etc.), que l'état moral de Rome s'améliora très-sensiblement. "Un familier des Farnèse prétendait qu'[à sa mort], en 1559, Rome était devenue un monastère de Saint-François" (ibid.).
           
        Mais, pour une bonne et juste appréciation des choses, il est important de noter qu'on disait déjà cela en 1555 à la mort de Marcel II, l'immédiat prédécesseur de Paul IV, ce constat n'est donc pas dû personnellement à Paul IV et à son action. Les historiens Fliche & Martin concluent en tous cas le pontificat de Paul IV par ces mots qui ne sont pas une petite louange, et sur lesquels s'accordent tous les historiens : "Après lui, cependant, le retour à la vie païenne du temps de la Renaissance était devenu impossible" (p. 172). Il est bon aussi de se ressouvenir qu'au temps même où l'énergumène Luther, hérésiarque certes aussi à plaindre qu'à blâmer, affirmait dans ses libelles scatologiques que Rome n'était qu'un ramas de bêtes malfaisantes avec le pape-âne à leur tête, naissait à Rome même, suite au concile déjà réformateur de Latran, précurseur de celui de Trente, un Institut ayant pour but la régénération spirituelle de la société, recrutant parmi les plus hauts prélats ; il y en eut soixante, parmi les plus zélés, et l'on compte dans les tout premiers d'entre eux à s'y être affiliés... Jean-Pierre Carafa alors évêque de Théate, le futur Paul IV, au coude à coude avec saint Gaëtan de Thienne et saint Jérôme Émilien : l'institut ainsi fondé prit même son nom d'évêque, les Théatins !
           
        Cependant, disais-je, à la vérité, il semble que cette nette amélioration des mœurs ecclésiastiques constatable à la mort de Paul IV, en 1559, était surtout dûe à la Providence divine et à son action surnaturelle parmi les hommes. Si l'on veut dépasser la personne elle-même du pape, et c'est conseillé pour avoir une juste vue des choses, un regard scrutateur sur l'Histoire de l'Église nous montre que la Providence avait manifestement décidé de donner aux pontificats suivants ceux de Paul III (1534-1549) et Jules III (1550-1555), la grande grâce de commencer réellement, en pratique, la Réforme des mœurs ecclésiastiques relâchées tant attendue de tous, ce que ces deux derniers papes cités n'avaient réussi à faire que sur papier ou en parole. C'est plus à la grâce divine qu'à l'action de Paul IV et déjà celle avortée de Marcel II, décédé l'année même de son élection au Siège de Pierre (1555), qu'on doit attribuer le succès de la Réforme catholique.
           
        À la mort de Jules III en effet, les temps étaient déjà manifestement ouverts, surnaturellement, pour permettre une Réforme catholique réelle et effective, tous le comprirent par le remarquable pape que le Saint-Esprit envoya alors à l'Église, à savoir Marcel II, dont il est très-regrettable que le nom n'est plus en souvenir parmi les hommes que par la célèbre Messe que Palestrina composa en son honneur. Tout le monde, à juste titre, se félicitait que la Réforme catholique allait enfin commencer avec ce pape qui possédait visiblement toutes les qualités requises pour l'entreprendre dans la justice, l'intelligence et surtout la Charité, et qui de plus en avait personnellement un désir extrême… Mais à peine mit-il la main à la pâte, qu'il mourut d'une apoplexie (AVC) au bout de... vingt-deux jours seulement (et l'ardeur extrême qu'il mit à commencer la Réforme catholique, sans aucun ménagement pour sa personne et sa santé, ne fut sans doute pas pour peu dans cette mort prématurée).
 
Marcellus II Cervini Vatican Museums Musei Vaticani Vatican
 
S.S. Marcel II (1501-1555)
 
 
 
    
     
Messe du pape Marcel (Palestrina)
       
        La Providence divine envoya alors à l'Église un autre "Marcel II", Paul IV, possédant certes autant de qualités que lui pour la Réforme catholique, mais hélas, par défaut d'un tempérament complètement déséquilibré (Pastor parle à son sujet, d'une manière tout-à-fait humoristique par son euphémisme, d'"idiosyncrasie"…!), ne pouvant l'entreprendre, quant à lui et bien qu'il en ait, que trop souvent dans l'iniquité des moyens et l'absence totale de Justice et de Charité, ce qui est très-perceptible dans le cas du saint cardinal Pole. Sans forcer trop le trait, on peut dire que Paul IV fut en quelque sorte… un Marcel II raté. Avec Paul IV, tout se passe comme si, sans doute à cause des péchés des hommes, la Providence divine avait certes décidé de continuer à donner la grâce à l'Église pour commencer effectivement la Réforme catholique, mais elle ne la donnait plus que dans la sainte-Colère et l'Ire de Yahweh-Sabaoth, avec un pape quasi énergumène, alors qu'avec le pape Marcel, la Réforme catholique aurait sans doute eu lieu dans la paix des âmes et surtout la bonne justice. Plus Paul IV voulait le bien, et il faut lui rendre justice que toute sa vie fut tendue sans faille vers le bien, dans une extrême droiture d'âme, et plus, c'était comme malgré lui, il commettait, tant en politique qu'en religion, des injustices souvent grossières envers les personnes, mais hélas plus moralement graves encore que grossières, pour l'opérer… La Réforme catholique prenait corps, certes, mais envers et contre tout le monde et surtout au grave détriment de moult bons catholiques, clercs ou laïcs, qui y furent littéralement injustement sacrifiés, immolés. Sans compter la très-lourde faute de népotisme qu'il commit comme un des pires papes non-réformés de la Renaissance machiavélique.
           
        À ce sujet, qui fut tragique et dramatique pour le pape Carafa, il faut préciser qu'on a trop dit que ses neveux l'avaient "trompé", la vérité vraie est qu'ils le trompaient… avec son tacite consentement et sa complicité, leur ayant mis volontairement dans les mains trop de pouvoirs et n'écoutant personne de ses cardinaux qui lui en faisaient reproche ; ses cardinaux-neveux ne furent donc en vérité rien d'autre que la longue-main qu'il avait voulu lui-même se donner. D'où d'ailleurs le terrible choc moral qu'il éprouva lorsqu'on lui révéla leurs exactions et vies dissolues, qui le précipita vers la tombe : à juste titre, il s'en sentait moralement responsable au premier degré.
           
        On ne souscrit pas à l'une des dernières paroles qu'il prononça trois jours avant de mourir au jésuite Lainez, là encore toujours marquée par l'excès ("Depuis le temps de saint Pierre, il n'y a pas eu de pontificat plus malheureux pour l'Église que le mien ! Ce qui en est résulté me désole beaucoup ; priez pour moi !"), mais d'une manière générale, il est trop vrai que Paul IV ne sut mettre la vertu dans Rome et dans l'Église qu'avec une étonnante haine, passion et colère, la plupart du temps accompagnées d'une iniquité scandaleuse et révoltante dans les moyens, sans compter son absence de discernement presque incroyable dans le Spirituel. Allant jusqu'à lui faire commettre des actes si mauvais, que même les méchants, en y réfléchissant beaucoup, n'auraient pas pu concevoir ni commettre ; comme par exemple, redisons-le, le très-scandaleux rappel du cardinal anglais Pole, qui fut une des causes certaines et principales du triomphe définitif du protestantisme en Angleterre, ou encore le renvoi monstrueux de Palestrina de la chapelle papale (le compositeur le plus grand, le plus pieux, le plus céleste polyphoniste que le monde ait jamais connu : quelle honte, quel scandale inouïs !!!), et d'autres considérables dénis de justice et méfaits jamais réparés envers les prélats les plus respectables voire saints, dont il détruisait sans retour la réputation sans aucun scrupule en faisant porter publiquement sur eux, à tort, le soupçon d'hérésie, ce qui en soi est un très-grand péché de calomnie, suite à sa folie intégriste de voir des hérétiques partout.
           
        D'où, d'ailleurs, la terrible colère, très-justifiée, qui prit tout le peuple romain à sa mort, ou plutôt dans la journée même de sa mort alors qu'elle n'était pas encore arrivée, preuve que ladite colère était contenue à toute force depuis trop longtemps, et qui, ne manquons surtout pas de le noter avec soin, je l'ai déjà fait remarquer, se déchargea immédiatement sur les prisons de l'Inquisition d'une manière fort significative vox populi vox Dei (colère populaire contre lui, et non populacière comme le disent mensongèrement ces menteurs éhontés de sédévacantistes pour les besoins de leur mauvaise cause, juste colère donc que, pesons bien la chose, ne connut à sa mort aucun autre pape dans toute l'Histoire de l'Église depuis saint Pierre, histoire pourtant fort mouvementée et colorée…).
           
        Paul IV, sans doute caractériellement impuissant à faire mieux, ... Dieu lui ait fait miséricorde !, ne sut mettre la vertu dans le cœur de l'homme que, trop souvent, par le zèle amer, la colère, la haine, une iniquité et des dénis de justice envers les plus saintes personnes souvent monstrueux, et cela ne pouvait certes pas y faire fleurir le Bien véritable : il fallait de toute urgence dans l'Église, après le pontificat énergumaniaque de Paul IV, de saints, doux et bons papes à la saint François de Sales, pour mettre sur ce qui n'était qu'une matière de vertu, la forme de la vertu, à savoir la Charité de Dieu. Le Saint-Esprit s'y est employé, sachant mieux que personne ce qu'il fallait à l'Épouse du Christ après le pontificat intégriste de Paul IV, et pas seulement avec saint Pie V mais déjà avec Pie IV l'immédiat successeur de Paul IV sur le Siège de Pierre, Deo gratias.
           
        En vérité, que l'homme est petit, et que la perfection est rare en ce très-bas monde. C'est saint Grégoire de Nazianze qui a dit : "Le juste milieu est le chemin des crêtes".
 
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        Je voudrais maintenant, avant de mettre le point final, revenir sur le fond spirituel du débat. Il est très-important de le méditer pour le bon équilibre et la bonne justice de notre vie de Foi. Le zélotisme sectaire, rigoriste, grossier et janséniste avant la lettre de Paul IV, épousé fort inintelligemment avec grande passion par les sédévacantistes de nos jours, ne saurait en effet aucunement rendre raison du bon combat de la Foi, le bonum certamen dont nous parle saint Paul, ni aux temps de la Renaissance ni encore moins à notre temps qui voit la fin, fin qui, je l'ai dit en début de ces lignes, ne fut seulement qu'effleuré, attouché, à la Renaissance.
           
        Ce morceau de la Vie de l'Église à la Renaissance, au niveau de la papauté, est effectivement rempli d'instructions pour nos âmes. Ce qui est très-frappant, c'est que ce parallélisme de deux tendances au sein le plus intime de l'Église, toutes deux sincèrement au service de la Vérité quoique "frères enne­mis" (conservateur ― moderne, sans être moderniste ; on pourrait plus justement sans doute bapti­ser ces deux tendances : ascétique ― mystique), on va le retrouver... tel quel !, sous Pie XII. Mais, et voilà ce qui est intéressant, Pie XII, contrairement à Paul IV, va se servir à la fois des deux tendances, qu'il mettra sur pied d'égalité. Et il est bon de remarquer que saint Pie V partagera cette même attitude de Pie XII... et non celle de Paul IV, pourtant son mentor, je l'ai noté plus haut dans mon texte, en rappelant que Pie V "voulut témoigner hautement que les mêmes sentiments l'animaient envers ses deux prédécesseurs [Paul IV et Pie IV], et que leur mémoire avait droit au même respect". 
           
        Pour en rester à Pie XII, on s'entretient en effet beaucoup, dans les rangs sédévacantistes, dans une illusion infiniment primaire et en tous cas très-fausse : celle de le voir comme le dernier pape conservateur, digne quoique pâle successeur du rigoriste Paul IV et de saint Pie V (après lui il n'y aurait plus que des papes moder­nistes, et bien des sédévacantistes font remonter la vacance formelle du Siège de Pierre à la mort de Pie XII, en 1958). En vérité, Pie XII en était extrêmement loin. Par certains côtés de son pontificat, il est absolument un ardent "pré-Montini", un "avant-Paul VI", très-notamment sur la question politique constitutionnelle (il suffit de lire ses discours de Noël 39-45 incroyablement démocratiques, sept discours majeurs appelant de tous ses vœux, fervents et chaleureux, l'instauration de ce qui sera l'ONU, pour le comprendre). Paul VI, après la transition Jean XXIII, ne fera que suivre et développer le côté moderne déjà existant en Pie XII, ne faisant que finir les phrases que Pie XII avaient commencées (hélas, sans le contrepoids indispensa­ble du côté conservateur).
 
        Dans l'entourage de Pie XII, disais-je, on retrouve pour copie conforme, absolument, ces deux tendances de l'époque post-protestante du XVIe siècle. Or, le pape Pie XII profite de la mort quasi subite du cardinal Maglione en 1944, qui était son secrétaire d'État, pour choisir justement de nommer deux pro-secrétaires d'État au lieu d'un seul, ce qui était vraiment très-nouveau dans les coutumes vaticanes, et il les choisit comme représentant... les deux tendances qui nous occupent (à savoir Mgr Tardini pour la tendance plus conservatrice-inquisitoriale, et Mgr Montini pour celle moderne-mystique, l'un et l'autre respectivement délégués aux affaires extraordinaires et ordinaires). Avec Pie XII, on est, comme on le voit, un peu loin de Paul IV...
       
        On alléguera sans doute l'éloi­gnement de Montini au siège de Milan en 1953, pour dire que Pie XII "s'est repris" et a par cette mesure, excommunié, tardivement certes, la tendance moderne-mystique. Hélas, on ne peut surtout pas dire cela, et la raison en est d'ailleurs bien connue : en effet, le siège de Milan est traditionnellement oc­cupé par... un cardinal. Pie XII évidemment le savait mieux que personne. Nommer Montini à ce siège, c'était le désigner à son successeur pour l'élever à la pourpre cardinalice. On est donc loin d'un blâme définitif de la tendance moderne-mystique qu'il représentait. Car Montini étant déjà sous Pie XII un des plus sûrs papabile (l'élection de 1963 le prouvera), ce que Pie XII savait là aussi très-bien, le mettre sur le siège de Milan, c'était simplement vouloir retarder l'élection de Montini au Siège de Pierre d'un tour (ré­servant à Jean XXIII de promouvoir Montini au cardinalat, ce que d'ail­leurs celui-ci fit immédiate­ment après son élection, certains ont même écrit que c'était là l'acte le plus important de son pontifi­cat !), et donc non pas vouloir l'empêcher mais tout au contraire la préparer en quelque sorte, en donnant plus d'expérience à Montini. Et on a bien là la volonté de Pie XII, qui donc n'a jamais condamné cette ten­dance moderne-mystique.
           
        Dirais-je toute ma pensée ? Pie XII, en voulant mettre ainsi à l'œuvre ecclésiale les deux tendances, était d'une divine sagesse, véritable­ment inspirée par le Saint-Esprit. Car le contact des DEUX tendances aux grandes affaires de l'Église, l'une doctrinale, ascétique, mais peu inspirée mystiquement, freinant l'autre, beaucoup plus mystique, prophétique, illuminée du Saint-Esprit, voyant plus loin, mais par-là même ayant besoin de la purification des as­cétiques, et ce contact-là seulement, pouvait, dans une authentique, saine et héroïque pénitence des deux tendances mises à œuvrer, se frotter et se frictionner ensemble, faire arriver l'Église, sans heurt et dans l'esprit de pénitence surnaturel, au Royaume de Dieu "qui arrive, sur la terre COMME au Ciel" (Pater noster), c'est-à-dire d'une manière parfaite (pour le dire juste en passant, ces deux ten­dances furent fort bien représentées dans l'Église de France des XVIIe-XVIIIe siècle dans les figures de Bos­suet et de Fénelon).
           
        Combien ici s'impose, pour une saine compréhension de la Vie de l'Église du temps des nations, l'épisode évangélique de la Course de saint Pierre et saint Jean au Tombeau du Christ ! L'Évangile nous révèle des détails qui semblent superflus au regard superficiel, mais qui éclairent ô combien notre problématique : saint Jean le mystique court plus vite (c'est normal : le mystique voit avant l'ascétique les choses à venir du Royaume de Dieu), et arrive au Tombeau le pre­mier, c'est-à-dire à la destiné eschatologique finale de l'Église, qui voit presque concomitamment mort et Résurrection, mais... attend saint Pierre l'ascétique et rentre après lui dans le Tombeau (là aussi, c'est normal : en notre temps des nations qui n'est pas le Millenium où les mystiques auront le pas sur les ascétiques, c'est l'ascétique Pierre qui garde l'Autorité sur le mystique Jean). Cet épisode-là, il me semble, décrit à merveille le modèle tout divin des rapports qui devaient exister entre les deux tendances ascétique-mystique dont nous parlons et dont Paul IV avait satanisé celle ascétique par sectarisme, la tournant contre la tendance mystique.
           
        Et justement, si Pie XII, contrairement à Paul IV, n'a pas condamné la tendance mystique, c'est parce qu'il savait qu'elle était aussi UTILE à l'Église que la première. Ce qui n'est ab­solument pas vu par les sédévacantistes, généralement de tendance intégriste, anti-mystique, anti-prophétique, finalement a-gnostique, a-loge (l'erreur a-loge, sans le Logos, est une demie-hérésie aussi grave que l'illuminisme, comme supprimant du Canon des Écritures, l'Évangile de saint Jean et l'Apocalypse, par rejet de la Prophétie ; cette erreur aussi a une tenace filiation dès les assises de l'Église et, bien que peu perçue, aperçue, elle est généralement très-présente dans la tendance conservatrice, je l'expose dans la première partie de ma réfutation du guérardisme, dont j'ai mis le lien ci-dessus...), c'est que cette ten­dance moderne-mystique est ordonnée à l'Avènement du Règne millénaire, ce Règne du Christ Glorieux dont l'Église, présentement, réalise le Règne sans la Gloire.
           
        En cela elle est parfaitement et même ÉMINEMMENT catholique.
 
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        Je peux maintenant, la conscience heureuse, tranquille et apaisée, mettre le point final à mon présent travail qui, je tiens à le préciser, doit de grands chapitres et de grands hommages à L'Impubliable, mon tout premier ouvrage de fond sur la théologie de "la crise de l'Église" d'il y a vingt-cinq ans (cf. https://eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/LImpubliableCompletTERMINUSDEFINITIF7meEdition2015.pdf)...
           
        "Un peu de science [théologique, historique] éloigne de Dieu [et de la Vérité] ; beaucoup y ramène" (Francis Bacon, dans ses Essais ; et non Louis Pasteur, comme il a été dit).
 
        Remarquable axiome, si juste, qui rejoint d'ailleurs ce qu'en disait Rabelais : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
           
        L'exposé sédévacantiste a montré la véracité de la première assertion et celle de Rabelais, quant à la bulle de Paul IV et son contexte historique.
           
        Quant à moi, Deo adjuvante, j'ai tâché pour ma part, dans ce nouvel article, de bien montrer la véracité de la seconde assertion, "beaucoup de science [théologique, historique] ramène à Dieu et à sa Vérité".
 
En la fête de la Médaille Miraculeuse,
O Marie conçue sans péché,
priez pour nous
qui avons recours à vous !
ce 27 novembre 2022,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique
 
 
Légende des vignettes inter-§ :
Photos de mon pélerinage romain, 2003
(Archives personnelles)
 
 
           
27-11-2022 08:59:00
 

Un blasphème (sûrement inconscient) de Mgr Richard Williamson

 
 
Un blasphème (sûrement inconscient)
de Mgr Richard Williamson
           
           
        Oh ! Qu'on se rassure, je ne considère pas du tout Mgr Williamson comme un blasphémateur !!, mais il arrive aux pasteurs du troupeau de Jésus-Christ qui ne veulent pas aller au fond de "la crise de l'Église", comme c'est le cas de tous ceux qui refusent d'embrasser généreusement "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (et hélas, les lefébvristes, qu'ils soient dissidents ou non, sont dans le lot), d'émettre inconsciemment des blasphèmes lorsqu'ils exposent la situation ecclésiale actuelle en faisant abstraction complète de la Passion que l'Épouse du Christ est en train présentement de vivre et de mourir. Ils ne peuvent d'ailleurs pas faire autrement, car ne pas (vouloir ?) épouser ce qu'a ordonné le Saint-Esprit pour l'Église actuelle, c'est s'exposer à blasphémer inconsidérément tôt ou tard, il ne peut, la plupart du temps dans l'inadvertance, que s'échapper des lèvres ou de la plume de celui qui fuit "LA PASSION DE L'ÉGLISE", inévitablement, des blasphèmes.
           
        Mais je cite tout-de-suite les propos blasphématoires de Mgr Williamson qui me font écrire cela, tirés de son dernier Commentaire Eleison : "Le centre névralgique de l’épreuve actuelle de l’Église, qui est sans précédent dans toute son histoire, c’est que Vatican II (1962–1965) a séparé l’Autorité Catholique de la Vérité Catholique. Depuis déjà six papes consécutifs, la hiérarchie Catholique a abandonné la Tradition Catholique, forçant tous les Catholiques qui croient à la fois en la Vérité et en l’Autorité à devenir plus ou moins schizophrènes" (Commentaire Eleison n° 798 du 29 octobre 2022 ; cf. https://stmarcelinitiative.com/eleison-comments/?lang=fr).
 
 
 AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        Mgr Williamson n'a visiblement absolument pas conscience du blasphème qu'il profère là, en termes brutaux et lapidaires. Il suppose en effet que l'Autorité est séparée formellement de la Vérité dans l'Église moderne depuis Vatican II, une Église moderne qu'il sait par ailleurs être toujours légitime, toujours l'Épouse du Christ (elle l'est très-certainement en effet, le sédévacantisme n'est qu'une rébellion barbare orgueilleuse et profondément inintelligente, sans le moindre fondement théologique). Mais supposer cela, c'est ipso-facto dire que les Promesses d'Assistance du Christ-Dieu à son Épouse ("Et voici que Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles" ― Matth XXVIII, 20) étaient vaines, mensongères, et que, subséquemment, "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église" à Vatican II. Comment, en effet, le Christ pourrait-il bien être "tous les jours jusqu'à la consommation des siècles" avec l'Église, comme Il l'a promis, si l'on dit que pendant les jours du concile et du post-concile, qui se situent donc avant la consommation des siècles, l'Autorité est séparée formellement de la Vérité dans l'Église, ce qui est synonyme de sa faillite complète, radicale et définitive...?  
           
        Car si tel était vraiment le cas, en effet, alors, l'Église aurait définitivement fait faillite à Vatican II, et la chose la plus certaine serait que la Promesse du Christ serait trouvée en défaut, d'une manière radicale, définitive et irréparable. La supposition de Mgr Williamson est donc extrêmement blasphématoire, il suppose que l'Église a été vaincue par le diable à Vatican II ! Ce n'est pas tout. Non seulement il suppose cela, mais il aggrave le caractère peccamineux de son propos blasphématoire en faisant porter par les fidèles les conséquences de cette Église vaincue par le diable, il les soumet en effet sans complexe à la... schizophrénie, c'est-à-dire à un enfermement spirituel complètement verrouillé et cadenassé dans une non-logique, radicalement destructeur de l'âme fidèle, par lequel enfermement la logique de la Foi serait détruite sans retour : si le fidèle, dit-il, privilégie l'Autorité, alors, depuis Vatican II hérétique voire même apostat comme dans la Liberté religieuse, il est forcé, acculé, de détruire la Vérité dans son âme ; si au contraire il privilégie la Vérité, alors, il est obligé de désobéir dans son âme, de manière parfaitement excommunicatrice, à l'Autorité ecclésiale légitime.
           
        Mais si Mgr Williamson en est rendu là, à faire un exposé blasphématoire de "la crise de l'Église", c'est parce que, comme tout le monde dans l'Église aujourd'hui sauf rarissime exception, il fuit, à l'instar des onze Apôtres sur douze lors de la Passion du Christ, "LA PASSION DE L'ÉGLISE". La fuyant, c'est-à-dire fuyant ce qu'ordonne le Saint-Esprit dans "l'aujourd'hui de l'Église", il ne peut donc qu'arriver au blasphème, sans même en prendre conscience.
 
 
AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        Car "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (cf. ici, l'exposé complet que j'en fais : https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf) est ce que vit et meurt à la fois l'Épouse du Christ aujourd'hui, elle est cette clef apocalyptique "qui ouvre, et personne ne peut fermer, qui ferme, et personne ne peut ouvrir" (Apoc III, 7), elle, et elle seule, rend bon compte dans la Foi de la VRAIE situation théologique de l'Église après Vatican II, que voici : de même que l'économie de la Passion pour le Christ consiste essentiellement à ce qu'Il soit "fait péché pour notre salut" (II Cor V, 21), de même, lorsque l'Église vit sa propre et personnelle Passion à la fin des temps, ce qui est précisément le cas à partir de Vatican II (pour faire court), elle est également "faite péché pour notre salut". Remarquons bien comme saint Paul ne nous enseigne pas, parlant ici, dans II Cor V, 21, sous très-grande inspiration du Saint-Esprit, que c'est pour notre damnation que l'Église, après le Christ et à son exemple, est faite péché, mais pour notre salut. Ce qui veut dire que, à la suite du Christ de la Passion, le péché d'hérésie (voire d'apostasie dans la Liberté religieuse) dont son Épouse est configurée, formatée, depuis Vatican II, n'est qu'un péché matériel, sans coulpe aucune. S'il était en effet entaché de la moindre ombre de coulpe, alors, ce serait pour notre damnation que l'Église serait faite péché, ce qui est bien sûr impossible.
           
        Cette vraie et véritable situation de "la crise de l'Église" nous permet de comprendre qu'il n'y a donc pas de formelle séparation entre la Vérité et l'Autorité dans l'Église d'aujourd'hui, qui vit sa Passion, comme ce serait le cas si l'Église était faite péché pour notre damnation. L'Autorité est toujours l'Autorité, elle réside dans l'Église Universelle moderne, après comme avant et pendant Vatican II, et la Vérité doctrinale, qui est la raison d'être la plus fondamentale de l'Église, n'est pas reniée par les Pères du concile moderne, comme ce serait le cas, que suppose la formulation blasphématoire de Mgr Williamson, si les hérésies voire apostasie contenues dans les Décrets majeurs de Vatican II avaient été promulguées en toute connaissance de cause hérétique par les Pères de Vatican II, en toute advertance. Cette Vérité doctrinale est simplement crucifiée mais non reniée par les Pères de Vatican II, parce qu'ils n'ont absolument pas pris conscience du venin hérétique contenu dans les Décrets de Vatican II. Et c'est justement pourquoi l'Église, par Vatican II, est "faite péché pour notre salut". À cause de l'inadvertance totale des Pères de Vatican II à commencer par Paul VI, de promulguer des Décrets à contenu hérétique, contre la Vérité.    
           
        Le nœud de la question se situe en effet dans la manière dont furent promulgués les Décrets hérétiques ou favens haeresim par les Pères conciliaires una cum Paul VI : l'ont-ils été dans la pleine connaissance du caractère hérétique formel des doctrines exposées, très-notamment dans la Liberté religieuse ? Ou bien, les Pères conciliaires les ont-ils promulgué tout au contraire dans l'inadvertance totale de ce caractère hérétique formel, leur esprit étant sous "la puissance des ténèbres" ? Ce n'est que dans le premier cas où les Pères auraient promulgué in Persona Ecclesiae les Décrets hérétiques avec pleine connaissance et plein consentement de leur caractère hérétique formel, que, comme le formule Mgr Williamson, Autorité et Vérité seraient en formelle contradiction, ce qui serait une preuve que les portes de l'enfer auraient, à Vatican II donc, prévalu définitivement contre l'Église. Mais dans le second cas, si les Pères posent ces Décrets en toute inadvertance de leur contenu doctrinal hérétique, c'est simplement une mise de l'Église dans l'économie propre de la Passion : l'Église en est certes crucifiée, mais reste sans faute, elle est, par ces Actes magistériaux, "faite péché pour notre salut", cet oxymore spirituel surnaturellement salvateur étant à la fois l'essence et le signe topique de l'économie de la Passion.
           
        Mais voilà ce que ne pourra jamais comprendre celui qui ne veut pas rentrer dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Je ne saurai du reste être surpris que mes propos, pourtant clairs, pourtant répétés depuis plus de vingt-cinq ans maintenant, et de toutes les façons que j'ai pu trouver pour faire passer le message, ne soient pas compris de l'immense majorité de ceux qui me lisent, surtout s'ils sont catholiques et plus encore s'ils sont tradis, car le simple disciple que je suis, j'espère pas trop indigne, n'est pas au-dessus du Maître : si, comme nous le révèle l'Évangile dans Lc XVIII, 31-34, les apôtres et disciples de Jésus-Christ ne comprirent pas ce qu'Il leur disait lorsqu'Il leur annonçait pourtant en termes très-simples, très-explicites, sa douloureuse Passion, comment pourrais-je prétendre avoir un autre sort que celui-là, de n'être pas compris lorsque je révèle clairement à l'âme chrétienne d'aujourd'hui que l'Église vit depuis Vatican II sa Passion propre et personnelle, "LA PASSION DE L'ÉGLISE"...? 
           
        C'est en fait par orgueil humain et pharisaïsme, qu'on appréhende "la crise de l'Église" comme une contradiction obligatoirement formelle, comme le fait Mgr Williamson. On voit trop les choses par l'extérieur, à la pharisienne. Mais si nous étions plus humbles, nous comprendrions qu'il y a deux grilles de lecture possibles lorsque la contradiction touche l'Église, et pas qu'une seule. Il y a, théoriquement, deux manières, en effet, dont la contradiction dans les principes peut rentrer dans l'Église, et pas qu'une seule. L'une, formelle ; l'autre simplement matérielle. La première est synonyme de reniement des principes de la Foi par les "membres enseignants", et cela signifierait bien sûr qu'Autorité et Vérité seraient formellement opposées l'une à l'autre comme le formule Mgr Williamson, c'est-à-dire que cela, dans les dernières déductions, signifierait le triomphe complet de Satan sur l'Église, et donc sur le Christ, et donc sur Dieu, et donc sur toutes les âmes. La seconde est absolument aux antipodes, elle est synonyme de crucifixion des principes de la Foi par les "membres enseignants", mais sans reniement par eux desdits principes, et cela signifie, en dernière analyse de la question, par la mystique de la Passion, le triomphe complet de Dieu sur Satan par la co-Rédemption de l'Église, une fois que celle-ci aura fini de souffrir sa Passion propre et personnelle et qu'elle en mourra de mâlemort dans et par le règne, maudit entre tous, de l'Antéchrist-personne (... avant certes de ressusciter elle aussi, la mort et la résurrection d'Énoch & Élie dans le règne de l'Antéchrist-personne en étant la parabole certaine). Exactement comme le Christ-Dieu mort sur la croix, loin d'être vaincu, triomphe sur Satan par-là même de sa mort en croix, possédant désormais la victoire rédemptrice complète sur le monde entier. Et il va en être de même pour notre chère Église, la Dame de tout cœur catholique véritable, en train présentement de devenir co-Rédemptrice justement par la crucifixion opérée en elle principalement par et depuis Vatican II.
 
 
AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        Mais les esprits qui ne veulent pas s'élever jusqu'à "LA PASSION DE L'ÉGLISE" ne peuvent que rester effectivement mortellement coincés, d'une manière qu'on peut certes appeler schizophrénique si ça fait plaisir, dans un clivage contre-nature, une dichotomie satanique, entre Autorité et Vérité. Et on est obligé de faire le constat qu'ils sont excessivement peu nombreux, les catholiques, même parmi les meilleurs défenseurs de la Foi, à ne pas rester clivés soit dans l'Autorité contre la Vérité, soit dans la Vérité contre l'Autorité, comme nous le dépeint pour sa part Mgr Williamson.
           
        Il n'est, pour l'illustrer, que de lire le récit de la dramatique confrontation entre les cardinaux de Paul VI et Mgr Marcel Lefebvre, en 1975, pour se rendre compte qu'ils restent tous passionnellement, les uns et les autres, dans ce clivage dialectique téléguidé par Satan. Dans cette confrontation, on voit en effet l'Église romaine légitime se montrer très-forte de l'infaillibilité de droit dont elle jouit dans l'exercice du Magistère ordinaire & universel à Vatican II, et l'on voit aussi Mgr Lefebvre se montrer non moins fort de son côté avec la Tradition dogmatique et doctrinale. Et les uns et les autres ferraillant, ne prennent nullement conscience de la "si grande contradiction" (He XII, 3) manifestant l'écartèlement de l'Église entre ces deux grands lieux théologiques que sont l'Autorité et la Vérité, qui, dans les temps normaux de l'Église militante, ne sauraient effectivement pas être trouvées en contradiction, mais seulement, et seulement matériellement, dans les temps où l'Église vit sa Passion à la suite du Christ, vit sa propre et personnelle fin des temps.
           
        Je relatais cette confrontation tragique mais tellement significative, tirée de la p. 507 de la biographie de Mgr Lefebvre écrite par Mgr Tissier de Mallerais, dans Pour bien comprendre la théologie de la crise de l'Église, mon abrégé de L'Impubliable, dans la note de fin de texte 1, en y apportant quelques commentaires entre crochets que je laisse pour les présentes : "... Ne soyons donc pas surpris de voir saillir très-nettement cette «si grande contradiction» lors du dramatique entretien de Mgr Lefebvre avec les cardinaux Tabera, Mayer et Garrone, le 3 mars 1975, là où les protagonistes se jettent à la figure ce qui est à la fois leurs premiers et derniers arguments : "… On en arrive à ce dialogue fondamental : Votre manifeste [la déclaration du 21 novembre 1974 de Mgr Lefebvre, indigné à si juste titre contre l'hétérodoxie doctrinale de la Rome conciliaire] est inadmissible, lance un des trois cardinaux de Paul VI, il apprend à vos séminaristes à s'en rapporter à leur jugement personnel, à la tradition telle qu'ils l'entendent. C'est du libre examen, le pire des libéralismes [en théorie, le cardinal de Paul VI n'a que trop raison : seul le Magistère du présent, dont l'organe est le pape et les évêques actuels avec lui, a mandat d'interpréter la Tradition pour les fidèles…] ! ― C'est faux, réplique le prélat [= Mgr Lefebvre], ce qui forme notre jugement, c'est le magistère de l'Église de toujours [oui, mais mis en œuvre par le magistère de l'Église du présent ! Ici, en théorie, Mgr Lefebvre a tort…] ― Vous reconnaissez le magistère d'hier, mais non pas celui d'aujourd'hui. Or, le concile [Vatican II] est magistériel [sous-entendu : couvert par l'infaillibilité du magistère ordinaire & universel en tout ce qui a trait à l'enseignement doctrinal, veut dire le cardinal de Paul VI ; et ici, combien il a raison !, je l'ai encore bien montré, il me semble, dans mon dernier article sur la soi-disant "pastoralité" de Vatican II, cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/cette-vieille-baderne-de-baliverne-suc-e-avec-d-lice-comme-cr-me-glac-e-par-les-conservateurs-et-autres-traditionalistes-la-soi-disant-pastoralit-du-concile-vatican-ii-?Itemid=191...], comme l'a écrit le souverain pontife en 1966 au cardinal Pizzardo [hélas ! hélas ! Le cardinal de Paul VI enfonce le clou avec trop de raison ! Il faudrait absolument sortir au grand jour cette lettre de Paul VI au cardinal Pizzardo à laquelle fait allusion le cardinal de Paul VI, que je ne connais pas et que je n'ai vue nulle part] ― L'Église est ainsi : elle conserve sa Tradition et ne peut rompre avec elle, c'est impossible [rétorque pour finir Mgr Lefebvre ; et cette fois-ci, c'est lui qui a raison contre les cardinaux de Paul VI !]" (fin de citation).
           
        Ce dialogue brûlant d'épées tirées à nue, est très-révélateur de la situation théologique anormalement contradictoire de l'Église contemporaine (contradiction que, notons-le bien, ne résolvent, ni les cardinaux de Paul VI, ni Mgr Lefebvre : ils ne s'en rendent même pas compte !, chacun étant complètement obnubilé comme taureau devant chiffon rouge par le lieu théologique qu'il défend mordicus contre son adversaire, Autorité ou Vérité...), à savoir l'écartèlement-crucifixion de l'Église entre deux lieux théologiques fondamentaux de la Constitution divine de l'Église, Autorité et Vérité, qu'on ne saurait et qui ne sauraient normalement s'opposer l'un l'autre… sauf quand l'Église vit l'économie de la Passion, à l'instar de Notre-Seigneur Jésus-Christ son Époux.
 
 
AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        Encore bien faut-il enseigner les âmes fidèles que c'est parce que l'Église est rentrée dans l'économie de sa Passion propre et personnelle, qu'elle voit dans son sein Autorité et Vérité s'opposer, mais seulement matériellement, et non pas formellement, comme l'expose blasphématoirement, au moins par manque de précision, Mgr Williamson, dans son dernier Commentaire Eleison.
           
        Mais voilà. À l'instar des onze Apôtres fuyant la Passion du Christ, dont l'un, il est bon de s'en rappeler, est mort en odeur de damnation, les catholiques de nos jours, qu'ils soient modernes ou tradis, ne veulent absolument pas souffrir cette situation ecclésiale, cette "PASSION DE L'ÉGLISE" certes humainement insupportable (sauf à la vivre dans la Passion du Christ), où l'Autorité, sans se renier mais parce qu'elle est mise sans faute initiale de sa part sous "la puissance des ténèbres", crucifie la Vérité sans même s'en rendre compte, et devient ainsi une Autorité "faite péché pour notre salut".
           
        Il me souvient par exemple d'une grande lettre que j'avais écrite à mes anciens coreligionnaires d'une chapelle sédévacantiste, avant de les quitter, où je leur expliquais le mauvais chemin que leur faisait prendre l'hérétique, obscurantiste et sectaire sédévacantisme. Une adepte bouillante de cette chapelle me renvoya l'exemplaire de ma lettre à elle adressée, en ayant barré toutes les pages d'un trait rageur en diagonale, avec une phrase manuscrite en 1ère page d'icelle, écrite avec hargne : "Tout ce que vous dites, on s'en fiche !" C'est exactement comme si elle avait dit : "On ne veut pas vivre «LA PASSION DE L'ÉGLISE» !"
           
        Les modernes, je n'apprends rien à personne, ne sont pas en reste. Dimanche dernier, la seconde Lecture de la messe était II Thess II, là où il est question de la fin des temps et de l'homme d'iniquité. Or, ils ont osé pousser la malhonnêteté jusqu'à tronquer le texte en lui faisant dire... l'exact contraire de ce que prêchait saint Paul ! Voici en effet ce qu'a lu le lecteur à l'ambon : "Si l'on nous attribue une inspiration, une parole ou une lettre prétendant que le Jour du Seigneur est arrivé, n'allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer"... point, c'est tout ! Et, quelques minutes après, le prêtre de blablater tout naturellement sur le passage tronqué-truqué, au début de son sermon, qu'il ne fallait pas, de nos jours, s'apeurer de ce que l'on voit, c'est comme ça à toutes les époques, nous ne sommes pas à la fin des temps ! Or, saint Paul continue II Thess II, en disant : "... Que personne ne vous séduise en aucune manière ; CAR il faut que l'apostasie arrive auparavant, et qu'on ait vu paraître l'homme de péché, le fils de la perdition". Saint Paul donc, citait un signe eschatologique, la grande apostasie, pour marquer la fin des temps. Or ce signe est spectaculairement arrivé... de nos jours !, ce qui signifie que nous sommes à la fin des temps et que nous vivons "LA PASSION DE L'ÉGLISE" ; le prêtre aurait donc dû commenter l'épître paulinienne au début de son sermon, dans ce sens, pour nos jours apocalyptiques... si II Thess II avait été lu aux fidèles en entier !
 
        Mais le clergé moderne rejette violemment cet enseignement eschatologique paulinien, il n'en a cure, car pour lui, les temps apocalyptiques n'existent pas, ou plutôt ils sont du passé, puisque le moderne vit déjà dans l'alleluia perpétuel du pseudo-Millenium qu'il s'est inventé (cf. mon article https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-conception-liturgique-pseudo-millenariste-de-mgr-arthur-roche-prefet-de-la-congregation-pour-le-culte-divin-anticipation-vaticandeuse-luciferienne-d-une-nouvelle-economie-de-salut-1?Itemid=1) !
           
        Mon moderne menteur et tricheur dit donc intérieurement dans son âme très-exactement la même chose coupable que ma sédévacantiste engagée et surtout enragée : "On ne veut pas vivre «LA PASSION DE L'ÉGLISE» !" Tous les catholiques ou prétendus tels, le disent de nos jours, sauf rarissime exception. Et Mgr Williamson, donc, quant à lui, préfère le blasphème plutôt que de vivre et mourir à la fois "LA PASSION DE L'ÉGLISE" pour son salut et celui de ceux qui le lisent.
 
 
AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        Par-là même, je prophétise que toutes les chapelles ou églises actuelles, des sédévacantistes les plus coincés aux modernes les plus libéraux, en passant par les lefébvristes, dissidents ou non, les "ralliés", les guérardiens, et tutti quanti des modernes, ne sont plus, aux Yeux du Seigneur, que des officines de pharisaïsme qui ne s'intéressent plus qu'à une chose : faire tourner chacune à sa manière de scribe la petite popote de Foi domestique dans les âmes, selon qu'il est convenu dans la gnose de l'Autorité sans la Vérité OU dans la gnose de la Vérité sans l'Autorité (scannez le bon QR code, selon votre goût culinaire, puis, salez-sucrez). Les âmes fidèles peuvent certes encore y trouver extraordinairement le salut, mais uniquement par la grande Miséricorde et Amour du Christ pour les âmes, par sa toute-Puissance aussi, car il en faut, de la toute-Puissance divine, pour briser le carcan d'iniquité abyssale dressé par les hommes contre la Volonté divine de faire vivre à l'Église la Passion, et aussi parce que le Christ n'a pas encore décidé de faire sentir sa sainte-Colère dans son Église devenue tous azimuts la grande Prostituée de Babylone, son Heure pour le "grand-soir" divin n'étant pas encore venue.
           
        Mais lorsque la sainte-Colère de l'Agneau immolé et ressuscité se fera sentir, je prophétise qu'aucune des églises et chapelles actuelles ne tiendra debout devant Lui, parce qu'elles ont toutes refusé la Passion du Christ revécue en Église, "LA PASSION DE L'ÉGLISE" inhérente à la fin des temps. Il leur arrivera à toutes très-exactement ce qui est arrivé à Jérusalem, la ville sainte mais déicide reniant son Seigneur et Sauveur, "il n'en restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée" (Mc XIII, 2).
           
        L'on me dira sans doute que ce que je dis là est trop dur, injuste, que cela ne correspond pas à la réalité spirituelle de l'Église aujourd'hui, qu'elle est quand même sainte et sanctifiante malgré tous ses errements et défauts, de bâbord ou de tribord...
           
        Je répondrai avec Ben Ezra, un prophète oublié du temps de la Révolution, que Jérusalem, aux temps du Christ, paraissait extérieurement sainte et sanctifiante, elle aussi, et même plus sainte qu'à certaines époques idolâtres de son passé. Or, la vérité, c'est qu'elle était tellement corrompue intérieurement, qu'elle ne recula pas devant le déicide sur la Personne du Christ, son Messie, tout au contraire, elle le commit moralement avec passion et poussa de toutes ses forces pour le faire commettre par les Romains, avec une rage diabolique indicible ! Ben Ezra a une très-belle page là-dessus, et la transposition de la Jérusalem au temps du Christ à notre Rome actuelle est hélas à faire, et pour toute l'Église contemporaine, l'Église Universelle, qu'elle soit moderne ou tradi :
           
        "Il est certain que lorsque le Messie parut à Jérusalem il n'y trouva aucune idole. Cet abominable péché, si commun dans l'ancienne Jérusalem, était, lors de Sa venue, répudié, purifié. En outre, les formes extérieures du culte, le sacrifice perpétuel, les heures de prière, les jeûnes et les fêtes solennels, tout était scrupuleusement observé. Qu'il y eût aussi des justes dans la ville, les Évangiles l'attestent [après la mort du Christ, il y eut en effet des résurrections de justes à Jérusalem]. En fait, Jérusalem s'appelait, et à raison, la ville sainte. Et même, cette désignation lui est donnée après la mort du Sauveur.
           
        "Néanmoins, à cette époque, les conditions spirituelles de Jérusalem étaient telles, aux yeux de Dieu, que Jésus versa des larmes sur elle. Et non seulement il versa des larmes, mais il prononça contre elle cette imprécation terrible, que nous trouvons dans l'Évangile : «Viendront sur toi des jours où tes ennemis t'environneront de tranchées, t'investiront et te serreront de toutes parts ; ils te renverseront par terre, toi et tes enfants qui sont dans ton sein, et ils ne laisseront pas dans ton enceinte pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps où tu as été visitée» (Lc XIX, 43-45). Cette prophétie, tombée des lèvres du Fils de Dieu, eut son accomplissement quelques années plus tard. Mais, pour cela, il n'a été nullement nécessaire que la ville sainte se fût auparavant abandonnée à l'idolâtrie. Jérusalem fut châtiée, non pour idolâtrie, mais pour son iniquité, non pour ses péchés d'autrefois, mais pour ceux que son Messie avait dénoncés, tout spécialement les péchés de ses prêtres, dont l'Évangile nous parle clairement" (fin de citation).
 
 
AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        ... Cependant, tant que le Christ n'est pas revenu, nous avons le devoir d'aimer et fréquenter cette Église actuelle "faite péché pour le salut", car le salut, justement, se trouve toujours et encore en elle, dans tous ses morceaux disparates, tradis ou modernes, même si c'est trop souvent le parcours du combattant pour l'y trouver...
           
        Je terminerai avec une des plus belles phrases de Mgr Williamson dans ses Commentaires Eleison, que j'ai déjà citée ailleurs : "Bénies les âmes catholiques qui savent abhorrer leurs erreurs [celles des prêtres modernes, disiez-vous dans votre article dont je tire cette phrase, Monseigneur ; mais auxquelles il faut rajouter les erreurs non moins grandes des prêtres et... évêques tradis...], sans cesser d’honorer leur office" (Problème profond, 17 novembre 2012).
 
En la très-grande fête de la TOUSSAINT,
remplie d'Espérance surnaturelle,
ce 1er novembre 2022,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 Légende de la vignette inter-§ :
Bas-relief du maître-autel
de l'église d'Argentré-du-Plessis
(Archives personnelles) 
 
 MaîtreAutelEgliseArgentré
 
 
 
  
Addenda. ― Lettre à Mgr Williamson, ce 6 novembre 2022.
 
 
Sujet : Votre nouveau Commentaire Eleison n° 799,

        Monseigneur Williamson,
       
        Avec tout le respect que je dois à votre caractère épiscopal, je dois aussi mettre le doigt sur le raisonnement blasphématoire que vous soutenez dans vos derniers Commentaires Eleison.
               
        Comment osez-vous enseigner que "l’essence de l’épreuve actuelle de l’Église consiste en la scission à Vatican II entre l’Autorité catholique et la Vérité catholique, scission opérée lorsque les plus hautes autorités de l’Église, réunies en Concile, ont officiellement abandonné la Tradition de l’Église" (sic, dans votre dernier n° 799 d'hier, 5 novembre 2022) ?
               
        Ne comprenez-vous donc pas que dire cela, c'est blasphématoirement supposer que l'Église légitime, dans la plus haute mise en œuvre de son Magistère, de soi doté de l'infaillibilité par le mode ordinaire & universel, a fait hara-kiri, s'est elle-même suicidée en corps d'Institution, qu'elle a donc radicalement cessé d'exister à Vatican II et depuis lors...? Montrant par-là même que les Promesses d'Assistance du Christ-Dieu à son Épouse, très-notamment pour qu'elle n'abandonne jamais sa Tradition, étaient mensongères, vaines, controuvées...? Que donc le Christ n'est pas Dieu...? Ni son Père qui nous L'a envoyé...? Et pas plus le Saint-Esprit qui L'aurait assisté... pour nous mieux tromper...? Selon votre théologie lefébvriste (car si vous avez quitté la Fsspx, vous professez toujours sa théologie hétérodoxe de "la crise de l'Église", basée sur le rejet de l'infaillibilité du Magistère ordinaire & universel formellement mise en œuvre à Vatican II, au moins dans ses Actes majeurs), il ne resterait donc plus que le règne de Satan à exister et triompher sur cette terre à partir de Vatican II, l'Épouse du Christ ayant définitivement et irréparablement prévariqué et fait défaut dans le concile moderne...
               
        Car il est théologiquement impossible de supposer que l'Église légitime fondée par le Christ puisse "abandonner sa Tradition", sans remettre en cause ipso-facto le caractère divin de l'Institution ecclésiale catholique. Si le fait ecclésial de facto semble montrer cet abandon formel de la Tradition par l’Église à Vatican II, ce n'est qu'une apparence, puisque le droit théologique fondamental de jure interdit de poser cette conclusion par laquelle est reniée radicalement la Foi catholique (= la solution, c'est d'expliquer le fait vaticandeux sans attenter au droit de la Foi ; et cela, seule la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que le Bon Dieu me fait "l'honneur ignominieux" de professer quasi seul dans le monde catholique, peut le faire, thèse que votre serviteur a sommairement encore exposée une nouvelle fois dans son dernier article, à votre spéciale intention et attention, Monseigneur Williamson (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/Un%20blasph%C3%A8me%20(s%C3%BBrement%20inconscient)%20%20de%20Mgr%20Richard%20Williamson?Itemid=191).
               
        Si votre théologie lefébvriste de "la crise de l'Église" vous mène à cette conclusion blasphématoire de dire que l'Église légitime a "abandonné sa Tradition", alors, cela vous montre avec une grande évidence qu'elle est hérétique puisqu'elle vous mène à conclure que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église" à Vatican II.
               
        ... Aurez-vous le bon courage, Monseigneur, de vous remettre en cause quant à cela, pour ne plus attenter à la Foi et ainsi risquer de scandaliser les âmes fidèles, comme vous y invite mon dernier article, à vous envoyé, auquel, jusqu'à présent, vous n'avez fait aucun retour (mais il est vrai qu'il ne date que de quelques jours) ?
               
        Je ne peux terminer qu'avec le bout rimé en forme d'alexandrin de votre nouveau Commentaire Eleison n° 799 (= "Pourquoi de «braves» Clercs se trompent-t-ils autant ? Parce qu’ils respirent un air modernisant"), légèrement revu et corrigé :
               
        Pourquoi tant de clercs tradis, tellement... déconnent ?
        Parce qu’ils respirent, un peu trop, l'air d'Écône.
               
        Avec tout mon respect et ma prière, Monseigneur Williamson.
 
 
 
 
01-11-2022 14:36:00
 

Cette vieille baderne de baliverne sucée avec délice comme crème glacée par les conservateurs et autres traditionalistes : la soi-disant "pastoralité" du concile Vatican II !

 
 
 
 
Cette vieille baderne de baliverne
sucée avec délice comme crème glacée
par les conservateurs et autres traditionalistes :
la soi-disant "pastoralité" du concile Vatican II !
 
 
         Je commence ce nouvel article en citant intégralement ce qui me fait l'écrire et réagir vigoureusement dans la Foi, il s'agit de la finale d'un article écrit sur LifesiteNews, site conservateur pro-vie qui, comme à peu près tous ceux de cette mouvance, vit sa Foi dans l'obscurantisme complet au niveau de la fin des temps, laquelle caractérise pourtant essentiellement l'époque que nous vivons et mourons à la fois, nous donnant, et elle seule, la clef spirituelle pour comprendre notre temps et surtout ce qui se passe dans l'Église aujourd'hui (s'en abstraire, donc, plus ou moins volontairement, est se vouer à ne rien comprendre à rien de "la crise de l'Église") :
           
        "Vatican II se voulait «pastoral» et non «doctrinal»
           
        "Alors que le Concile Vatican II est régulièrement et massivement cité dans le Vatican moderne et le pontificat actuel, les Papes du Concile — Jean XXIII et Paul VI — et Vatican II lui-même ont clairement déclaré que, contrairement à tous les Conciles précédents, il n’avait ni le but ni l’intention de proposer sa propre doctrine de manière définitive et infaillible.
           
        "Dans son discours à l’ouverture solennelle du Concile, le Pape Jean XXIII a déclaré : «Le but principal de ce Concile n’est donc pas la discussion de l’un ou l’autre thème de la doctrine fondamentale de l’Église». Il a ajouté que le magistère conciliaire aurait un caractère «principalement pastoral» (11 octobre 1962).
           
        "Entre-temps, le Pape Paul VI a dit dans son discours à la dernière session publique du Concile, que Vatican II «a fait son programme» à partir du «caractère pastoral» (7 décembre 1965). De plus, comme l’a rappelé Mgr Athanasius Schneider, une note du Secrétaire général du Concile datée du 16 novembre 1964 dit : «En tenant compte de la coutume conciliaire et du but pastoral du présent Concile, le Saint Concile ne définit comme contraignantes pour l’Église que les choses en matière de foi et de morale qu’il déclare ouvertement contraignantes»" (Pope Francis says "traditionalism" is "infidelity" to the Catholic Church and Vatican II, Michael Haynes, 12 octobre 2022, traduction par Reverso ― cf. https://www.lifesitenews.com/news/pope-francis-says-traditionalism-is-infidelity-to-the-catholic-church-and-vatican-ii/).
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Tout le fond de cette finale d'article est une ânerie à l'état pur, de la quintessence d'ânerie. Une ânerie, du reste, que le rédacteur de LifesiteNews n'a pas inventé, qui n'est pas née d'hier, au contraire, les conservateurs se la répètent incontinent les uns les autres, comme perroquets sans intelligence, s'en passant le flambeau sans jamais varier, perseverare diabolicum, depuis quasi... soixante ans maintenant, depuis la fin de Vatican II, ou plus exactement depuis que le pape du concile maudit a évoqué la pastoralité de Vatican II un mois après sa clôture, dans une célèbre audience du Mercredi (... tout en y évoquant en même temps l'emploi du Magistère ordinaire & universel dans ledit concile, dans la folie la plus totale, nous allons le voir tout-à-l'heure...).
           
        Pourquoi est-ce une ânerie complète et radicale de parler de "pastoralité" pour les Actes de Vatican II ? Pour la bonne et simple raison qu'en théologie, la "note de pastoralité" pour qualifier un document du Magistère ecclésial, N'EXISTE PAS. Puisqu'elle n'existe pas, elle ne peut donc pas, même La Palice aurait pu le dire, qualifier théologiquement un décret ecclésial... encore moins peut-elle ainsi qualifier tous les Actes d'un concile universel in globo, comme le dit le plus imbécilement du monde l'auteur de cet article...
           
        Et pourquoi la "note de pastoralité" n'existe-t-elle pas ? Tout simplement, parce que la pastoralité, en Église, c'est tout bonnement.... "paître salvifiquement le troupeau du Christ". Est donc pastoral... TOUT acte ecclésial, quelqu'il soit, cet acte, d'enseignement doctrinal ordinaire & universel ou de définition dogmatique tous deux de soi dotés de l'infaillibilité ou encore de simple gestion du Peuple de Dieu par le magistère dit authentique de soi non-doté de l'infaillibilité, du moment qu'il soit posé, cet acte ecclésial, par les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée en union avec le pape actuel ! Par conséquent, tous les Actes de Vatican II sont certes bien évidemment pastoraux... mais pas plus ni pas moins que les Décrets les plus rigidement doctrinaux de tout concile universel, comme Latran, Trente ou Vatican 1er par exemples, appartenant au Magistère extraordinaire de définition ou à celui ordinaire & universel d'enseignement, dotés de soi de l'infaillibilité ecclésiale. Même un concile le plus rigoureusement doctrinal, n'émettant que des propositions théologiques strictes se terminant par l'anathème pour qui n'y adhère pas, anathema sit !, est... pastoral. Parce que tout ce que font les Pasteurs principaux de l'Église en direction de l'universalité des fidèles est en effet de soi... pastoral, c'est-à-dire que cela a pour but, et ne peut avoir que pour but, de paître salvifiquement le troupeau des fidèles du Christ, tout simplement !
    
        Dire donc de n'importe quel Acte ecclésial posé par les principaux Pasteurs qu'il est pastoral, c'est en fait imiter le bourgeois gentilhomme de Molière, qui s'extasiait de faire de la prose rien qu'en parlant !
           
        La "note de pastoralité" est donc vraiment de la poudre de perlimpinpin, elle n'existe pas pour qualifier un acte du Magistère ecclésial. Elle ne peut donc être employée à tort sur des Actes ecclésiaux que pour occulter et subvertir ce qu'ils sont véritablement, par exemple des actes du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité ecclésiale, si c'est le cas... comme ça l'est pour les Actes majeurs de Vatican II (car c'est hélas pour cette peu avouable raison que Paul VI, à la suite de Jean XXIII, a employé cette pseudo "note de pastoralité" : pour tâcher de subvertir la véritable note théologique des Actes de Vatican II...).       
  
VATICAN II 054 MP00005
           
        Mais donc, qu'en est-il bien de la véritable note théologique des Actes ecclésiaux ? Quelle est la doctrine catholique sur ce point fort important ? Et, subséquemment, pour rentrer dans la problématique cruciale et brûlante de notre temps ecclésial, puisque la "note de pastoralité" n'est qu'une fumée d'illusion pour situer théologiquement les Actes ecclésiaux, quelle note attribuer aux Actes de Vatican II ? Voici la règle générale : lorsqu'un Acte ecclésial est dûment posé par les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape actuel, il peut théologiquement recevoir deux notes : 1/ faire partie du Magistère extraordinaire définitionnel ou bien du Magistère ordinaire & universel de simple enseignement (dit négativement et fort dangereusement "non-définitif" en nos temps modernes mais qu'il serait beaucoup plus orthodoxe de baptiser "inchoatif"), tous deux dotés de l'infaillibilité ecclésiale ; 2/ ne pas recevoir cette qualification (parce que n'ayant pour objets formels, ni la Foi ni les Mœurs), et alors, être simplement un acte du Magistère authentique, de soi non-doté de l'infaillibilité ecclésiale (c'est le cas, par exemple, de Traditionis Custodes, qui regarde une question purement disciplinaire). Et c'est strictement tout. Il n'y a pas d'autres catégories ou départements magistériels dans l'Église (... surtout pas un stupide "Magistère pastoral" auquel on aurait donné la sublime vocation de fourrer tous les Actes ecclésiaux qui ont été dûment posés... mais sans qu'on veuille qu'ils soient posés, comme ce que les âmes à la fois pusillanimes et folles voudraient pouvoir dire des Actes de Vatican II...). Et tous ces Actes ecclésiaux de catégorie 1 & 2, de par leur nature, sont... pastoraux. J'ai bien expliqué ces différentes catégories magistérielles, il me semble, dans le tout premier article que j'écrivais sur mon site il y a plus de dix ans maintenant, le 17 mars 2012, contre les élucubrations de Mgr Brunero Gherardini, La notation "non-infaillible" du concile Vatican II selon Mgr Gherardini : du grand n'importe quoi... moderniste (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-notation-non-infaillible-du-concile-vatican-ii-selon-mgr-gherardini-du-grand-n-importe-quoi-moderniste?Itemid=1), auquel article on pourra se reporter si l'on en ressent le besoin.
           
        La "pastoralité" évoquée d'abord par Jean XXIII puis par Paul VI immédiatement après la clôture de Vatican II mais encore dans le Discours de clôture du concile moderne, est juste un écran de fumée dressé devant les yeux des fidèles pour les empêcher de prendre conscience que Vatican II a dûment posé en toute réalité ecclésiale des Décrets qui sont l'expression formelle du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité ecclésiale, mais dont le contenu doctrinal, ... ô abomination de la désolation dans le Lieu-Saint !, est hérétique voire même carrément apostat, comme dans le Décret de la Liberté religieuse.
           
       Pour mémoire, il est bon de se rappeler que commencer le catalogage des hérésies de Vatican II (ou erreurs menant vers l'hérésie, favens haeresim), c'est hélas ne pouvoir le terminer… Le Courrier de Rome, organe de presse lefébvriste, dans sa livraison de juillet-août 2002, a fait un sommaire très-impressionnant des erreurs doctrinales et pastorales contenues dans Vatican II, dont voici l’effarant listing : "Synopsis des erreurs. — A. Erreurs doctrinales. 1. Erreurs concernant la notion de la tradition et de la vérité catholique ; 2. Erreurs concernant la Sainte-Église et la Très-Sainte Vierge ; 3. Erreurs concernant la Sainte-Messe et la Sainte-Liturgie ; 4. Erreurs concernant le Sacerdoce ; 5. Erreurs concernant l'Incarnation, la Rédemption, la conception de l'homme ; 6. Erreurs concernant le Royaume de Dieu ; 7. Erreurs concernant le mariage et la condition de la femme ; 8. Erreurs concernant les membres de sectes, hérétiques et schismatiques (dits «frères séparés») ; 9. La représentation erronée des religions non-chrétiennes ; 10. Erreurs concernant la politique, la communauté politique, le rapport entre Église et État ; 11. Erreurs sur la Liberté religieuse et le rôle de la conscience morale. B. Les erreurs dans la pastorale. [pour mémoire]. Conclusion — Revenir à la vraie doctrine ou périr" (fin de citation)...!
 
        Voilà la grande vérité ecclésiale, capitale, de notre temps tout donné, de par la Providence divine, à "la puissance des ténèbres", parce que l'Épouse-Église du Christ rentre, à partir de Vatican II pour faire court, dans l'économie de la Passion de son Époux, usque ad mortem, elle est véritablement "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21).
 
        Bien sûr, il importe de dire bien vite que cesdits actes magistériaux peccamineux de Vatican II n'ont été posés in Persona Ecclesiae que matériellement, c'est-à-dire sans que les Pères du concile moderne à commencer par Paul VI, n'aient eu aucune conscience, en les posant dûment, qu'il s'agissait d'hérésies ou d'apostasie radicale, ils n'ont pas été posés formellement, c'est-à-dire en toute conscience et connaissance de cause, de la part des Pères de Vatican II, qu'il s'agissait d'hérésie ou d'apostasie (ce qui signifierait que "les portes de l'enfer auraient prévalu contre l'Église" ― je fais la démonstration théologique de cette inadvertance complète des Pères de Vatican II, qui fait le péché purement matériel, entre autres, dans cet article : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/comment-je-suis-arrive-a-la-these-de-la-passion-de-l-eglise-nouvelle-preface-de-l-impubliable?Itemid=1). Mais ces Actes vaticandeux sont bel et bien posés matériellement. Et une fois posés matériellement, ils ne peuvent absolument plus, ni les uns ni les autres... ne pas avoir été réellement posés, ne pas vraiment exister, ce que justement on voudrait pouvoir dire et faire accroire en leur donnant, dans la folie la plus totale, la pseudo-notation théologique de "pastorale", pour empêcher que l'âme fidèle prenne conscience que par eux, l'Église est crucifiée sur la croix de la co-Rédemption hic et nunc, dans Vatican II, étant ainsi, par eux, véritablement "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21). Paul VI surtout, derrière Jean XXIII qui n'a fait que balbutier la chose puisque les Décrets du concile n'étaient pas encore rédigés, a été le premier à vouloir poser cette "note de pastoralité" illusoire sur les Actes peccamineux de Vatican II ressortissant formellement du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité (je vais le démontrer tout-à-l'heure), les conservateurs et autres traditionalistes n'ont fait que lui emboîter le pas.
           
        ... Ainsi donc, ô combien est actuelle la dénonciation du péché capital des scribes et des pharisiens que Jésus faisait dans l'Évangile : "Malheur à vous, docteurs de la loi, parce que vous avez pris la clef de la science ; vous-mêmes, vous n'êtes pas entrés, et vous avez arrêté ceux qui voulaient entrer" (Lc XI, 52) ! Vatican II manifeste avec grand'éclat que l'Église est rentrée dans l'économie de la Passion du Christ usque ad mortem, comme Lui. Il n'y aura en effet pas de déclouement de notre situation ecclésiale crucifiée, pas de "Demain, la Chrétienté" chantée sur tous les tons non-grégoriens et contre la Volonté divine par les conservateurs de tout poil, mais au contraire il y aura le règne de l'Antéchrist-personne qui fera mourir l'Église dans son économie du Temps des nations et de Rome son centre. Et c'est cette grande vérité de notre temps, nostra aetate dirais-je caustiquement en plagiant le très-exécrable Décret vaticandeux, que les grand'clercs ont chargé la prétendue "note de pastoralité" d'obscurcir radicalement dans les âmes... fermant ainsi la porte de la connaissance quant à la vérité de "l'aujourd'hui de l'Église" pour tout le monde.
  
      VATICAN II 054 MP00005
        
        Pourquoi Paul VI, en effet, a-t-il parlé de "pastoralité" pour Vatican II, puisque c'est une note théologique... qui n'existe pas ? Tout simplement parce qu'il était coincé entre ce qu'exigeait son devoir d'enseigner la Foi aux fidèles par le Magistère ecclésial autorisé en concile universel, de soi directement et immédiatement sous mouvance du Saint-Esprit et donc doté de soi de l'infaillibilité ecclésiale, et la corruption de la Foi dans les esprits modernisés des Pères de Vatican II à commencer par le sien propre et personnel, corruption qui a abouti à la promulgation d'Actes magistériaux non seulement déficients dans la proclamation de la Foi mais carrément hérétiques voire même apostat radical comme dans Dignitatis Humanae Personae, l'abominable Décret sur la Liberté religieuse, ainsi que je vais l'établir plus loin dans mon texte. Or, se rendant confusément compte que le concile, dans certains Décrets, avait été trop loin et que certaines choses pouvaient attenter au Dépôt révélé, le pape du concile prétendit se rétracter d'avoir voulu vraiment enseigner la Foi dans Vatican II, insinuant qu'il avait seulement voulu mettre la doctrine en veilleuse voire sous le boisseau aux fins de pouvoir mieux toucher l'âme de l'homme moderne, par des formulations d'enseignement douteuses adaptées à la mentalité plus ou moins agnostique de cet homme moderne. D'où cette fumigène "note de pastoralité"...
           
        Il y a plus de vingt-cinq ans, lorsque je rédigeais mon ouvrage de fond sur la théologie de "la crise de l'Église", L'Impubliable, je rappelais ceci : "Paul VI, le jour même de la signature de la Liberté religieuse et pour clore définitivement le concile, fit, au nom de tous les Pères conciliaires, une humble prière, fort peu connue, qui ne plaira sans doute ni aux glorificateurs de Vatican II ni, à l'opposé, aux contempteurs intégristes du pape Paul VI. La voici, cette étonnante prière : «Comme notre conscience redoute que l'ignorance ne nous ait entraînés dans l'erreur et qu'une volonté précipitée ne nous ait écartés de la justice, nous Te prions et nous Te supplions, Seigneur, si nous avons commis quelque offense pendant ce concile, de nous pardonner». Cette prière, que je n'ai pas retrouvée dans les Actes du Concile, a été rapportée à l'époque dans un grand article du journal Le Monde, signé Henri Fesquet : cf. son livre Le journal du concile, 1966, pp. 1106, sq." (L'impubliable, p. 124 & note 150).
           
        Le problème, l'énorme problème, c'est qu'une fois un concile universel réuni autour du pape actuel, tous "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée certainement légitimes, une fois qu'on a dûment fait poser dans le cadre dudit concile, par ces "membres enseignants" autorisés, des Actes contenant un enseignement doctrinal, qui appartiennent de soi au Magistère ordinaire & universel, il n'est plus possible de dire que cesdits Actes... ne sont pas ce qu'ils sont, à savoir des Actes du Magistère ordinaire & universel de soi dotés de l'infaillibilité ecclésiale. Surtout pas en invoquant qu'il s'agirait seulement d'Actes ecclésiaux... dotés de la "note de pastoralité", ce qui est de la dernière stupidité puisque, je l'ai dit en commençant ces lignes, TOUS les Actes ecclésiaux sont de soi pastoraux et que, surtout, le sens hétérodoxe qu'on veut donner à la qualification "pastorale", à savoir non-doté de l'infaillibilité ecclésiale, N'EXISTE PAS, les Actes ecclésiaux dotés de l'infaillibilité ecclésiale étant aussi "pastoraux" que ceux qui ne le sont pas...
 
 
VATICAN II 054 MP00005
        
        Le rédacteur de l'article de LifesiteNews argue, dans la foulée de professer le caractère seulement "pastoral" des Actes de Vatican II, que donc, subséquemment, il n'y a eu... aucun enseignement doctrinal dans le concile moderne !!! Puisque ces Actes sont "pastoraux", alors ils ne peuvent pas donner un enseignement doctrinal, mène-t-il jusqu'au bout du toub son raisonnement radicalement à l'envers, le plus follement du monde. C'est si stupide qu'on peut légitimement se demander si ce journaleux sait lire, ou alors, plus certainement, est-on fondé à penser qu'il n'a probablement jamais lu les Décrets de Vatican II. Pas d'enseignement doctrinal à Vatican II ?!! Ce malheureux ne sait manifestement pas de quoi il parle (mais dans ce cas, on a le devoir de ne pas parler du tout, car cela trompe les âmes).
           
        Il y a un seul Décret, sur les seize documents conciliaires, à être baptisé sans eau bénite de pastoral, il s'agit de Gaudium et Spes, intitulé Constitution pastorale, mais cela ne signifie nullement, on l'a vu, que Gaudium et Spes ne contient aucun enseignement doctrinal, comme le veut imbécilement l'auteur de l'article, puisque l'enseignement doctrinal est le niveau le plus élevé, pour les Pères d'une génération ecclésiale donnée, de la... pastoralité, de paître surnaturellement le troupeau du Christ confié à leurs soins ! Et effectivement, il y a bel et bien dans Gaudium et Spes, des enseignements doctrinaux, pas qu'un seul d'ailleurs, ... il ne pouvait du reste strictement pas en être autrement !, et ils sont loin d'être parfaitement orthodoxes. Et puis, on enregistre aussi dans Vatican II des Décrets qui sont nominalement appelés Constitutions dogmatiques (Lumen Gentium & Dei Verbum), et Dieu sait assez, ou plutôt le diable, qu'ils contiennent effectivement, eux aussi, des enseignements doctrinaux (le fameux et hérétique subsistit in pour définir l'Église catholique, se trouve par exemple dans Lumen Gentium). Toute constitution dogmatique contient en effet obligatoirement, de toutes façons, un enseignement doctrinal ! Ce serait "le royaume d'Absurdie" de supposer que des Constitutions dogmatiques pourraient ne pas contenir... d'enseignement doctrinal, puisque le propre du dogme est de manifester une doctrine théologiquement achevée, que Dom Paul Nau, dans ses articles très-savants, appelait une sententia finalis terminativa !!
           
        La vérité, que nient si follement les conservateurs comme il appert du raisonnement complètement fou de l'auteur de l'article de LifesiteNews, c'est que tous les Décrets de Vatican II contiennent et professent un enseignement doctrinal, peu ou prou. Il est d'ailleurs complètement impossible qu'il en soit autrement, sinon on serait tout-de-même obligé de se demander pourquoi tous les "membres enseignants" de la génération ecclésiale de Vatican II se seraient réunis ensemble una cum le pape Paul VI à Rome, au Vatican, pour écrire des Décrets... qui ne contiendraient pas d'enseignements doctrinaux !!! Imaginer cela, c'est vraiment une folie totale, on se demanderait bien à quoi servent pape et évêques, qui ne seraient alors plus que du sel affadi puisque le seul et unique rôle et fonction dans l'Église des "membres enseignants", est... d'enseigner doctrinalement !!!
       
        En vérité, faut-il que nous soyons rendu en pleine folie totale pour être forcé de dire de pareilles et honteuses lapalissades...
           
        La thèse de l'auteur de l'article est donc une folie totale de plus, que j'aurai pu rajouter dans mes articles À la foire aux fous (au pluriel). Mais elle ne fait que continuer la folie totale de Vatican II, de poser en soi des actes d'enseignements doctrinaux tout en voulant dire, par le biais de l'inexistante "note de pastoralité", qu'ils ne sont pas... des actes d'enseignements doctrinaux...
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Or, une fois qu'on a compris que les Décrets de Vatican II sont de vrais enseignements doctrinaux, il n'y a plus qu'à tirer la chevillette du syllogisme théologique pour voir choir la bobinette, la conclusion obligée : tout enseignement doctrinal dûment émis et promulgué dans un concile universel sous l'autorité du pape actuel ressort de soi du Magistère ordinaire & universel, toujours doté de l'infaillibilité ecclésiale dont le Christ a pourvu son Épouse-Église.
           
        C'est ce qu'avait fort bien dit, à sa façon, le cardinal Garrone, un cardinal de Paul VI qui s'était opposé violemment à Mgr Lefebvre dans "l'été chaud 1976" : "Comme tous les autres, ce Concile [Vatican II] était dans l'ordre de l'autorité doctrinale un sommet et une valeur suprême. (...) Certains ont estimé qu'en se déclarant «pastoral», le Concile signifiait qu'il ne voulait pas être doctrinal. C'est là une ABSURDITÉ" (50 ans de vie d'Église, cardinal Garrone, Desclée 1983).
           
        Il n'y a en effet, pour réaliser ecclésialement un véritable enseignement doctrinal autorisé doté de soi de l'infaillibilité ecclésiale, inhérent au Magistère ordinaire & universel, aucune condition constitutive surérogatoire complémentaire, soit d'intention explicitée de ceux qui posent l'acte, soit d'obligation de croire intimée dans l'acte aux fidèles, etc., qui ne sont que des fumisteries que les modernistes de l'après-Vatican 1er se sont inventées (et que les conservateurs et autres traditionalistes ont adopté stupidement à leur suite réprouvée, ... eux qui se prennent pour des anti-modernistes surtout ceux de la Fsspx !, sans même se rendre compte que, ce faisant, ils empruntaient le chemin réprouvé du modernisme), pour empêcher la manifestation simple dans l'Église de l'enseignement doctrinal inhérent au Magistère ordinaire & universel (j'en ai fait la démonstration théologique complète, magistrale et exhaustive, dans ma réfutation de la thèse lefébvriste, aux pp. 51-66, que je regrette énormément, pour une question de longueur, de ne pas pouvoir reproduire ici, dans mon présent article, mais que j'invite très-fort le lecteur à lire : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RefuteLefebvrismeMisEnForme.pdf).
           
        Après le cardinal Garrone, plus près de nous dans le temps, Mgr Ocáriz, lors de ses démêlés doctrinaux avec une Fsspx lefébvriste parfaitement hérétique quant à ne pas vouloir prendre bon acte de l'emploi du Magistère ordinaire & universel dans Vatican II, ne manquera pas de leur opposer la règle de Foi en la matière, de cette magistrale et lapidaire manière : "Le charisme de vérité et l'autorité magistérielle y furent [à Vatican II] certainement présents, au point que les refuser à l'ensemble de l'épiscopat réuni cum Petro et sub Petro pour apporter un enseignement à l'Église universelle, ce serait nier une partie de l'essence même de l'Église". On ne saurait mieux dire.
           
        Mais la plus belle formule que j'ai trouvée pour définir Vatican II sous le rapport de l'autorité magistérielle, est celle signée par un "rallié", l'abbé Christian Gouyaud, qui, sous le titre L'autorité du magistère actuel, a écrit dans La Nef 158 (2004) : "On peut donc dire que l'Église, à Vatican II, a usé d'une forme magistérielle extraordinaire (un concile œcuménique) pour un contenu ordinaire (le Concile s'étant abstenu de proposer des définitions dogmatiques infaillibles en bonne et due forme). Cette assemblée, constitutive d'«une communion en acte» des successeurs des apôtres avec le successeur de Pierre, mettait singulièrement en valeur l'aspect universel du magistère ordinaire". On ne saurait mieux résumer la question. La forme de Vatican II fut bel et bien extraordinaire quand son contenu, son fond, fut l'expression certaine du Magistère ordinaire & universel, infaillible de soi dès lors qu'il y eût enseignement simple de la Foi enté sur la Parole de Dieu, par une telle assemblée universelle autorisée, ce qui, soit dit ici en passant, fut éminemment le cas pour le Décret de la Liberté religieuse. Là aussi, c'est singulièrement bien vu et tout aussi bien dit.
           
        Et c'est pourquoi il ne faut pas s'étonner de voir notre inénarrable pape François, bien rappeler lui aussi, dans sa lettre explicative de Traditionis Custodes envoyée aux évêques du monde entier, cette grande vérité, en ce qui concerne Vatican II : "Douter du Concile, signifie douter des intentions mêmes des Pères, qui ont exercé leur pouvoir collégial de façon solennelle cum Petro et sub Petro au concile œcuménique, et, en dernière analyse, c’est douter de l’Esprit-Saint lui-même qui guide l’Église". Mais, mais... très-précisément !, pour une fois François a tout-à-fait raison, ... ce qui est fort rare !, un Magistère solennel (= ce qualificatif est employé ici par le pape au sens théologique du terme, c'est-à-dire comme signifiant l'Assistance directe et immédiate du Saint-Esprit, et non pas dans un sens simplement profane, comme signifiant par exemple l'apparat et l'éclat extérieurs plus ou moins mondains) ne peut qu'être doté de l'infaillibilité ecclésiale, en l'occurrence de Vatican II, par le mode ordinaire & universel, il ne peut absolument pas être non-doté de l'infaillibilité ecclésiale, comme nous le disent le plus stupidement du monde ceux qui veulent s'imaginer que cedit Magistère SOLENNEL serait juste... pastoral, dans le sens complètement fou et hétérodoxe de ne contenir aucun enseignement doctrinal.
         
        Et François ne fait ici que suivre Paul VI. On a trop dit que le pape de Vatican II voulait mettre son concile sous mode "pastoral" sans voir qu'en même temps qu'il parlait de la pastoralité du concile, il mettait à parité, comme je vais l'expliquer plus loin, d'une manière complètement folle il faut bien le dire, les exigences de l'obéissance au Magistère ordinaire & universel de l'Église. Ainsi par exemple, dans le fameux Consistoire secret du 24 mai 1976 où Paul VI condamnait la "révolte" de Mgr Lefebvre, il invoquait très-sévèrement l'obligation stricte pour tous les fidèles de suivre "les enseignements du Concile lui-même, son application et les réformes qui en dérivent, son application graduelle mise en œuvre par le Siège Apostolique et les Conférences épiscopales, sous Notre autorité, voulue par le Christ" (Osservatore Romano des 24-25 mai 1976). Pas la moindre trace ici, faut-il le dire, de relativiste voire laxiste... pastoralité !  
       
        ... Comme nous sommes loin, lorsqu'on accepte de voir la vérité vraie en vérité de la situation théologique de Vatican II, d'un concile universel qui, le plus impossiblement du monde, ne contiendrait... aucun enseignement doctrinal !!!, comme le dit, on espère sans réfléchir, ce journaleux de LifesiteNews, qui ne connaît manifestement pas la théologie, qui se contente juste de répétouiller, d'ânonner les mensonges de ténèbres, les erreurs graves qu'il a entendus dire par les conservateurs, ses mauvais Pères dans la Foi ! Et malheureusement, Mgr Athanasius Schneider, qu'il cite, n'est pas du tout un bon guide sur cette question, il raconte à peu près n'importe quoi sur la notation théologique des Actes de Vatican II... jusqu'à devoir être repris par Mgr Viganò (cf. mes deux articles : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-survol-tres-superficiel-de-mgr-vigano?Itemid=1 & https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-tres-moderniste-argumentation-historiciste-des-conservateurs-brandmuller-brambilla-schneider-etc?Itemid=1).
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Mais vous voulez maintenant, ami lecteur, que je vous donne un exemple concret d'enseignement doctrinal à Vatican II. Éh bien !, mais allons résolument ensemble au pire du pire, prenons l'enseignement doctrinal contenu dans le Décret de la Liberté religieuse.
           
        Et tout d'abord, tordons le cou à un sophisme spécieux que mettait en avant, par exemple, feu l'abbé de Nantes, à savoir : le contenu doctrinal de Dignitatis est une erreur grave ; or, le seul objet théologiquement possible d'un Acte d'enseignement doctrinal est une vérité de Foi ; mais puisque Dignitatis a pour objet une erreur grave, une non-vérité de Foi, ce Décret ne peut donc pas recevoir la note d'enseignement doctrinal.
           
        Oh !, que Satan est habile à tourner à l'envers les raisonnements ! En vérité vraie, nous sommes là en présence d'un pur sophisme, que le dictionnaire définit ainsi : "Captieux, faux ; le sophisme est un argument, un raisonnement faux, malgré une apparence de vérité (implique généralement la mauvaise foi)" (Petit-Robert). L'erreur de cette objection est en vérité bien grossière et bien facile à réfuter : puisque, en effet, tout objet doctrinal d'un Décret ecclésial autorisé ne peut qu'être une vérité de Foi, alors l'objet doctrinal du Décret Dignitatis Humanae Personae, effectivement, n'est nullement, comme se l'imagine en se trompant notre sophiste, l'hérésie de la Liberté religieuse, doctrine qui N'EXISTE PAS, pas plus que les ténèbres par rapport à la Lumière, c'est la vérité de Foi connue infailliblement dans l'Église dont elle est le négatif formel, l'hérétique contradictoire formelle, cette vérité résumée par le célèbre aphorisme "Hors de l'Église, point de salut" (qui s'applique non pas seulement pour le for privé, mais pour le for public, ce que nie expressément quant au for public l'anti-doctrine de la Liberté religieuse).
           
        Une hérésie, effectivement, N'est PAS une doctrine, ça n'est que la négation d'une doctrine. Or, pour poser la notation théologique d’un Acte ecclésial, seule rentre en compte la doctrine positive, non celle négative. Autrement dit, l'objet doctrinal formel du Décret Dignitatis n'est nullement l'hérésie de la Liberté religieuse, comme le voulait croire faussement l'abbé de Nantes, c'est le dogme "Hors de l'Église, point de salut" dont la Liberté religieuse est la contradictoire hérétique formelle. En conséquence, les Pères de Vatican II, en parlant de la Liberté religieuse NE pouvaient donc, normalement, QUE la condamner, puisque, en en parlant, ils parlaient en réalité du dogme "Hors de l'Église, point de salut", c'est-à-dire de la doctrine positive qui seule existe théologiquement et non point de la doctrine négative qui n'existe pas, et donc, ils étaient dans le cadre de l'infaillibilité de par le mode magistériel ordinaire & universel, précisément à cause de l'objet dogmatique du Décret. Faut-il avoir à le rappeler, que l'Église soit l'unique Arche de salut pour tous les humains, non pas seulement au for privé mais encore au for public, que donc la proposition doctrinale exactement inverse quant au for public ou Liberté religieuse soit formellement HÉRÉTIQUE, a été infailliblement définie, après le travail des Pères apostoliques jusqu'à saint Grégoire-le-Grand, par bien des conciles et des papes (Innocent III au IVe Concile de Latran, Boniface VIII dans sa célèbre bulle Unam Sanctam, le concile de Florence, etc.), et Pie IX en a tiré infailliblement la proposition condamnant formellement la Liberté religieuse, dans Quanta Cura.
 
VATICAN II 054 MP00005
            
        Après avoir bien montré que l'objet doctrinal formel du Décret Dignitatis est un dogme, rien de moins, et que donc tout ce qui sera dit concernant sa contradictoire formelle ou Liberté religieuse rentre de soi dans le cadre d'un enseignement doctrinal, rentrons à présent dans le concret des § dudit Décret.
           
        Commençons par relire, pour mémoire, le § 2 définitionnel de Dignitatis : "Ce Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être exempts de toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres". Par conséquence théologique immédiate d'une telle doctrine, mais les Pères modernes ne le verront pas, cette liberté donnée absolument à tout homme de professer SA religion même fausse, non pas seulement au for privé mais encore au for public supprime ipso-facto la Liberté de Dieu et de son Église de régner sur tout homme dans ce même cosmos de for public. De donner en effet la liberté totale à l'homme dans le for public de professer sa religion, ne supprime pas seulement l'illégitime contrainte venant des hommes sur l'homme, dont se sont obnubilés les Pères modernes, mais encore et en même temps, ipso-facto, elle supprime la très-légitime contrainte du Droit de Dieu de régner sur l'homme... et là, est l'hérésie et même l'apostasie.
           
        En fait, les Pères de Vatican II se sont anthropocentriquement tellement obnubilés de l'homme, l'homme et encore l'homme, qu'ils n'ont même plus compris que la dignité humaine ne pouvait exister que par la Présence de Dieu dans l'homme, par sa divine grâce, et donc par la Révélation en lui de sa Religion véritable autant au for privé qu'au for public. Car en effet, l'homme ne peut absolument pas être digne en-dehors de Dieu, de sa Religion vraie et de son Christ, la dignité humaine est juste le surcroît du Royaume de Dieu. C'est-à-dire que contrairement à ce qu'osent professer d'une manière scandaleusement apostate les Pères modernes dans la Liberté religieuse, il n'y a pas de dignité humaine sans le Dieu vrai à la source de cette dite dignité ; une dignité humaine qui prétendument se source ontologiquement sur elle-même, par une immanence vitale très-moderniste, n'existe tout simplement pas.
           
        Ainsi donc, pour manifester la dignité humaine véritable, tout ce que définissent les Pères modernes dans cet hérétique-apostat § 2 n'est vrai que pour la Religion véritable, et pour aucune de toutes les autres religions fausses, comme hélas ils osent le professer. Les Pères modernes veulent que l'homme doit être absolument libre en matière de religion, et pour cela, ils anathématisent toute contrainte de la part des hommes sur d'autres hommesMais en même temps, et par le fait même, et quoiqu'ils ne le disent pas car ils n'en ont pas conscience, leur esprit est aveuglé sur cela, ils soustraient l'homme à la Contrainte du Règne de Dieu, de son Christ et de son Église, qui procure la vraie liberté à l'homme et sa vraie et authentique dignité. Ils n'oublient incroyablement qu'une chose capitale : la véritable liberté et dignité de l'homme consiste à se mettre... sous le joug dont parle le Christ dans l'Évangile, le joug de la Vérité qui est Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur et Sauveur, le joug d'un Dieu "doux et humble de cœur" qui donne immédiatement "le repos pour vos âmes" et la libération véritable (car en fait et en pratique, le Joug de Dieu n'en est pas vraiment un, pour l'homme, c'est, plus justement dit, un épanouissement de sa nature vraie et réelle libérée du péché). La doctrine de la Liberté religieuse exprimée à Vatican II est donc une hérésie à caractère formel en cela précisément qu'elle prétend soustraire l'homme, tout homme, à la Contrainte libératrice du Règne de Dieu, de son Christ et de son Église, sur l'homme, tout homme, au for public.
           
        Nous sommes donc là, avec la Liberté religieuse, en présence d'un enseignement doctrinal qui est même pire qu'une hérésie à caractère formel, c'est une APOSTASIE, un oubli radical de Dieu : dans le raisonnement théologique de la Liberté religieuse, des prolégomènes à la conclusion, LE VRAI DIEU EST ABSOLUMENT ET RIGOUREUSEMENT EXCLU.
 
VATICAN II 054 MP00005
            
        J'ai bien écrit, en effet, on ne s'est pas trompé en me lisant : Dignitatis Humanae Personae est une proclamation d'APOSTASIE de la part de tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape légitime, cum Petro et sub Petro (elle est heureusement seulement matérielle, comme je l'ai expliqué plus haut, sinon on serait rigoureusement obligé d'en conclure que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église"). Or, cette apostasie qu'on trouve doctrinalement dans le § 2 définitionnel du Décret, se trouve on pourrait dire encore plus clairement visible lorsque les Pères, après avoir défini leur anti-doctrine dans l'énoncé du § 2 définitionnel, en feront l'application pratique dans les § 4 & § 5 dudit Décret. Comme disait Mgr Duchesne : "Il n'y a rien de plus pratique qu'un principe". Éh bien !, voyons ensemble à quoi aboutit le principe apostat de la Liberté religieuse dans la pratique, en continuant à lire Dignitatis Humanae Personae :
           
        "4. Liberté des groupes religieux. ― La liberté ou absence de toute contrainte en matière religieuse qui revient aux individus doit aussi leur être reconnue lorsqu’ils agissent ensemble. Des communautés religieuses, en effet, sont requises par la nature sociale tant de l’homme que de la religion elle-même.
             
        "Dès lors, donc, que les justes exigences de l’ordre public ne sont pas violées, ces communautés sont en droit de jouir de cette absence de contrainte afin de pouvoir se régir selon leurs propres normes, honorer d’un culte public la divinité suprême, aider leurs membres dans la pratique de leur vie religieuse et les sustenter par un enseignement [... hérétique au niveau de la croyance, ou scandaleux quant aux Mœurs...], promouvoir enfin les institutions au sein desquelles leurs membres coopèrent à orienter leur vie propre selon leurs principes religieux".
           
        En vérité, l'apostasie du Dieu vrai et véritable, Père, Fils & Saint-Esprit, est si claire, si criante, si palpable et évidente, dans cet abominable § 4, que toute démonstration en devient, ... hélas !, parfaitement inutile. DIEU EST VRAIMENT COMPLÈTEMENT ABSENT, RÉPUTÉ ABSOLUMENT INEXISTANT DANS CE § 4, D'UNE MANIÈRE CRUE PRESQUE INCROYABLE. Les Pères nous parlent sans gêne aucune de "groupes religieux", comme s'il pouvait exister en-dehors de l'Église catholique des associations religieuses qui ne soient pas autre chose que des SECTES, menant, peu ou prou, dans la voie de la damnation (mais l'appellation ici choisie par les Pères de Vatican II cautionne une fois de plus le sens œcuméniste héthérodoxe par trop présent dans les enseignements doctrinaux du concile moderne, à savoir que l'Esprit-Saint pourrait être, de quelque manière, présent dans ces sectes, ... oh pardon !, dans ces "groupes religieux").
           
        Les Pères osent nous parler aussi de la... "Divinité suprême" qu'adorent cesdits "groupes religieux", sans rougir de honte jusqu'à la crête de leur APOSTASIE du vrai Dieu, ainsi sémantiquement manifestée d'une manière si impudente et même théologiquement si impudique, par cette appellation catholiquement scandaleuse de "Divinité suprême", que ne répudieraient pas les pires des franc-maçons.
           
        Les Pères modernes osent nous parler encore des "justes exigences de l'ordre public" dans ce § 4, ils nous avaient en effet déjà parlé d'un "ordre public juste" dans le § 3 du Décret, dans lequel sont censés devoir et pouvoir grouiller ensemble les individus comme les groupes religieux normés par la Liberté religieuse (comme asticots sur morceau de viande avarié). Mais dès lors que les Pères modernes ont ôté LE JUSTE, l'HOMME-DIEU, JÉSUS-CHRIST du for public, par la doctrine de la Liberté religieuse, comment peuvent-ils oser avoir l'impudence blasphématoire de parler d'un ordre public juste... qui exclue par principe LE JUSTE, LE SEUL JUSTE PARMI LES ENFANTS DES HOMMES, JÉSUS-CHRIST, seul et unique géniteur dudit ordre public juste ?!? Cet ordre public juste ne peut tout simplement pas exister sans le Christ, pas plus que "l'ordre moral objectif" dont ils glosent dans le § 7 de la Liberté religieuse, l'objectivité étant en effet un apanage exclusif de Dieu... qu'on a exclu par principe dans le cosmos de la Liberté religieuse.
           
        Au passage, les Pères modernes, dans ce § 4, légitiment par la Liberté religieuse l'hérétique liberté de la presse, anathématisée dans des termes très-sévères par les papes du passé, notamment dans la crise protestante, tant il est vrai que les hérésies s'engendrent entre elles : "Les communautés religieuses ont aussi le droit de ne pas être empêchées d’enseigner et de manifester leur foi publiquement, de vive voix et par écrit". 
           
        ... Plus on lit Dignitatis Humanae Personae, plus hélas on est obligé de prendre conscience que nous sommes en pleine et révoltante APOSTASIE, à tous les mots, toutes les lignes...
           
        Après l'application de l'enseignement doctrinal apostat de la Liberté religieuse aux "groupes religieux" dans le § 4, le § 5 s'occupe, quant à lui, d'en faire l'application aux familles. Il n'est pas moins apostat. D'après l'anti-doctrine de la Liberté religieuse, en effet, tout parent a le droit "primordial" (§ 5) d'enseigner son enfant "selon ses propres convictions religieuses" (§ 5), même lorsqu'il a passé l'âge de raison. Alors que, premièrement, le droit primordial n'est que l'apanage du vrai Dieu, non-transmissible...
           
        Ainsi donc, le père musulman a le droit d'enseigner son enfant qui a passé l'âge de raison, que Jésus n'est pas Dieu, que la Trinité divine est une abomination religieuse "pire que l'excrément et l'urine" (une sourate du Coran le dit), etc. Il est trop clair dans ce genre de raisonnement que, pour les Pères de Vatican II, DIEU N'EXISTE PLUS, L'HOMME SEUL EXISTE. Or, la vérité catholique pour l'éducation religieuse de l'enfant, bien rappelée par saint Thomas d'Aquin lorsqu'il traite de la question, c'est que, une fois passé l'âge de raison, un seul droit existe quant à l'enfant, le Droit de Dieu de sauver l'enfant qui, ayant passé l'âge de raison, doit être mis dans la voie du salut pour qu'il puisse éviter la damnation. Ainsi donc, le seul Droit qui existe pour l'enfant ayant passé l'âge de raison, est le Droit d'être éduqué dans la Religion catholique qui révèle le vrai Dieu, afin de le mettre dans la voie du salut. Et les premiers à devoir mettre en oeuvre cedit Droit PRIMORDIAL de Dieu de sauver tout enfant, sont les instruments naturels que Dieu a choisis pour éduquer l'enfant, à savoir ses propres père et mère. Comprenons bien, ce Droit de Dieu PRIMORDIAL (car le droit des familles n'est pas primordial, comme le disent hérétiquement les Pères modernes) est si fort qu'il s'applique même aux parents non-catholiques, qui n'ont qu'un seul droit, en matière d'éducation religieuse de leurs enfants : les éduquer selon la Foi catholique. Les parents musulmans, par exemple, qui enseignent leurs enfants ayant passé sept ans dans la foi coranique, pèchent donc très-réellement en ne leur enseignant pas le vrai Dieu, car ce Droit de Dieu qui consiste en ce que tout enfant doit être enseigné dans la vraie Religion, est aussi un devoir formel pour tout parent. C'est cette doctrine catholique que professe très-clairement saint Thomas d'Aquin (cf. l'exposé que j'en fais dans l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/non-saint-thomas-d-aquin-n-est-pas-pour-la-tres-heretique-liberte-religieuse?Itemid=1).
           
        Les Pères de Vatican II vont nous dire tout le contraire de cette doctrine catholique, dans ce § 5 de Dignitatis Humanae Personae. Car, nous l'avons vu avec le § 2 définitionnel de la Liberté religieuse : le vrai Dieu n'existe pas pour les Pères de Vatican II, Il est réputé être radicalement absent du for public normé par la Liberté religieuse. C'est pourquoi, quant à l'éducation des enfants, ils osent professer leur radicale apostasie en ces termes :
           
        "5. Liberté religieuse de la famille. ― Chaque famille, en tant que société jouissant d’un droit propre et primordial [...!], a le droit d’organiser librement sa vie religieuse à la maison, sous la direction des parents. À ceux-ci revient le droit de décider, selon leur propre conviction religieuse, de la formation religieuse à donner à leurs enfants. C’est pourquoi le pouvoir civil doit leur reconnaître le droit de choisir en toute liberté les écoles ou autres moyens d’éducation, et cette liberté de choix ne doit pas fournir prétexte à leur imposer, directement ou indirectement, d’injustes charges. En outre, les droits des parents se trouvent violés lorsque les enfants sont contraints de suivre des cours ne répondant pas à la conviction religieuse des parents ou lorsque est imposée une forme unique d’éducation d’où toute formation religieuse est exclue".
           
        On croit franchement rêver, ou plutôt cauchemarder, de lire un manifeste aussi clair d'apostasie, de la part de tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape actuel, celle de Vatican II... mais hélas, la vérité est là, dans cet abominable et affreux constat. Oh ! Comme la Vierge bénie avait bien parlé à La Salette : "L'Église aura une crise affreuse", elle est bien affreuse en effet... 
 
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        Mais peut-être certains esprits, acculés à la vérité vraie en vérité de notre situation ecclésiale depuis Vatican II, mais ne voulant pas encore se rendre, voudront objecter que tout enseignement doctrinal dans un concile universel n'est pas forcément un Acte du Magistère ordinaire & universel de soi toujours doté de l'infaillibilité ecclésiale.
           
        Alors, pour ces esprits sophistiques, je commence par rappeler ce qu'est le Magistère ordinaire & universel, tels que les Pères de Vatican 1er l'ont infailliblement défini : "Est à croire de Foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la Parole de Dieu ou écrite ou transmise, et que l'Église, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire & universel, propose à croire comme divinement révélé" (DS 3011). Or, ce mode magistériel ordinaire & universel s'exerce dans l'Église d'une manière extrêmement simple, contrairement aux graves mensonges hérétiques qui ont été soutenus sur la question, très-notamment par les lefébvristes qui ont tâché de la sophistiquer d'une manière retorse presque diabolique, pour ne pas vouloir prendre acte de la "si grande contradiction" que manifeste Vatican II, s'autorisant par-là à fuir hérétiquement "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Il faut, pour qu'un acte magistériel d'Église ressortisse formellement du mode ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité, il faut et il suffit, de voir toute l'Église Enseignante théologiquement réunie una cum le pape actuel, cum Petro et sub Petro (qu'elle soit rassemblée en concile universel ou dispersée dans l'orbe catholique n'a strictement aucune importance, c'est seulement l'union morale des évêques autour du pape actuel qui est exigée), professer en direction de l'universalité des fidèles, une doctrine en l'originant sur le Dépôt révélé. ET C'EST STRICTEMENT TOUT. C'est surtout l'universalité de l'enseignement, tant en amont qu'en aval, qui confectionne le Magistère ordinaire &... universel, comme l'avait fort bien exposé Dom Paul Nau dans ses remarquables et très-savants articles. Il n'y a, comme je l'ai dit plus haut, aucun autre constituant extrinsèque pour confectionner un acte du Magistère ordinaire & universel, comme par exemples une déclaration d'intention de faire un acte infaillible ou une déclaration d'obligation à la croyance pour les fidèles, qui ne sont que des fumisteries inventées par les modernistes pour tâcher d'empêcher l'actuation simple en Église d'un acte dudit Magistère ordinaire & universel. Le Père Héris, o.p., résume fort bien la question ainsi : "Pour reconnaître les cas où l'infaillibilité de l'Église est engagée, il suffit de se rappeler que toute doctrine enseignée universellement par les pasteurs chargés de conduire le troupeau du Christ, et donnée manifestement comme appartenant directement ou indirectement à la Révélation, est infaillible" (L'Église du Christ, Le Cerf 1930, pp. 44-45).
           
        Or, c'est exactement le cas pour les Décrets majeurs de Vatican II, très-notamment celui de la Liberté religieuse : 1/ Tous les Pères actuels de l'Église, una cum le pape, cum Petro et sub Petro, réalisant l'universalité de l'Église Enseignante comme JAMAIS dans toute l'Histoire de l'Église depuis le Christ elle ne fut ainsi réalisée (aucun concile universel, en effet, ne réunit plus de 2 500 évêques comme à Vatican II !), ont professé une doctrine en direction de l'universalité des fidèles ; 2/ cette doctrine de la Liberté religieuse, pour en rester à elle qui a valeur d'exemplaire pour toute la problématique théologique de Vatican II, fut explicitement entée par eux sur le Dépôt révélé, en deux endroits du très-peccamineux Décret, que voici : "Le Concile du Vatican déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'a fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même" (§ 2) ; "Qui plus est, cette doctrine de la liberté [religieuse] a ses racines dans la révélation divine, ce qui, pour les chrétiens, est un titre de plus à lui être saintement fidèles [!!!]" (§ 9). Les deux SEULES conditions nécessaires pour faire un acte d'enseignement doctrinal par le Magistère ordinaire & universel sont donc bien réunies dans le Décret Dignitatis Humanae Personae, il s'agit bel et bien d'un acte dudit Magistère de soi couvert par l'infaillibilité ecclésiale.
           
        ... Nous sommes en vérité, comme on le voit, à quelques années-lumière du concile "pastoral", donc non-infaillible !! 
           
        Ainsi donc, dans Dignitatis Humanae Personae, il n'y a pas moyen, si l'on veut rester honnête et droit avec son âme, d'éviter la conclusion d'une crucifixion parfaite de l'Église entre des principes théologiques fondamentaux absolument contraires. D'un côté, un acte magistériel de soi doté de l'infaillibilité par le mode ordinaire & universel d'enseignement, et de l'autre côté, un contenu doctrinal pire qu'hérétique, carrément apostat, dans la Liberté religieuse. 
           
        "Voilà les termes du problème", comme disait un expert progressiste juste après Vatican II...
 
VATICAN II 054 MP00005
            
        Avant de finir mon article, il importe de bien recueillir et cerner la pensée du pape du concile moderne, Paul VI, quant à la note théologique qu'il attribuait aux Décrets de Vatican II, ce sera tout l'objet de ce chapitre.           
           
        Le pape du concile a parlé à deux reprises de la note théologique qu'il fallait donner aux Actes conciliaires, à savoir dans le Discours de clôture du concile, en décembre 1965, et aussi un mois après seulement ladite clôture, dans une Audience du Mercredi, en janvier 1966. Or, il est curieux qu'on retienne surtout ce que le pape a dit dans l'Audience du Mercredi, car en fait, quand on lit les deux déclarations de Paul VI, ce n'est qu'un écho parlé, beaucoup plus flou, moins clair, que ce qu'il avait dit de précis un mois auparavant en clôturant le concile, et qui est consigné dans les écrits officiels de Vatican II. En fait, je crois que dans cette dite Audience du Mercredi, Paul VI citait seulement de mémoire, et donc imparfaitement, ce qu'il avait dit dans le Discours de clôture : la structure des deux phrases est la même, mais la ressemblance s'arrête là, les mots de l'Audience sont visiblement cités de mémoire et dans le flou (bien peu artistique) en pensant au Discours de clôture. Il faut donc, pour une bonne, juste, éclairante, appréciation de la pensée de Paul VI sur son concile, privilégier ce qu'on lit dans le Discours de clôture. Pour qu'on en juge ensemble sur pièce, voici ce qui, dans ces deux déclarations pontificales, intéresse notre sujet :
           
        ― "Mais il est bon de noter ici une chose : le magistère de l'Église, bien qu'il n'ait pas voulu se prononcer sous forme de sentences dogmatiques extraordinaires, A ÉTENDU son enseignement AUTORISÉ à une quantité de questions qui engagent aujourd'hui la conscience et l'activité de l'homme ; il en est venu, pour ainsi dire, à dialoguer avec lui ; ET TOUT EN CONSERVANT TOUJOURS L'AUTORITÉ ET LA FORCE QUI LUI SONT PROPRES, il a pris la voix familière et amie de la charité pastorale" (Discours de clôture du concile, décembre 1965).
           
        ― "Étant donné le caractère pastoral du Concile, celui-ci a évité de proclamer selon le mode extraordinaire des dogmes dotés de la note d'infaillibilité… CEPENDANT, le Concile a attribué à ses enseignements l'autorité du magistère suprême ORDINAIRE, lequel est si manifestement authentique qu'il doit être accueilli par tous les fidèles selon les normes qu'a assignées le Concile, compte tenu de la nature et du but de chaque document" (Audience du Mercredi, janvier 1966).
           
        Je me suis permis, dans ces textes cités, de mettre simplement quelques majuscules parce qu'elles permettent de bien cerner la pensée de Paul VI. Je ne ferai ici qu'une simple observation préliminaire concernant la fameuse et surtout fumeuse "note de pastoralité" du concile, qui a fait, et donc, fait toujours (...!), phantasmer moult âmes superficielles qui veulent s'imaginer que Paul VI notait tous les actes du concile de "pastoralité", c'est-à-dire de non-infaillibilité : en vérité, les textes en témoignent, Paul VI disait seulement que la motivation des Pères de Vatican II était pastorale (ce qui par ailleurs est juste une lapalissade, comme je l'ai dit au début de ces lignes, puisque tout ce que font les Pères de l'Église pour le troupeau du Christ est de soi... pastoral !). il ne disait nullement que les Actes conciliaires avaient une "note de pastoralité", en ce sens parfaitement imbécile de non-infaillible qu'on a voulu follement lui attribuer, note qui d'ailleurs, je l'ai déjà rappelé, … n'existe pas en théologie.
           
        Que bien penser de ces deux déclarations de Paul VI ? Tout d'abord, comme je viens de le dire, je ne retiendrai pas la seconde partie de la phrase prononcée dans l'Audience du Mercredi, visiblement en écho parlé, par Paul VI, un mois après le concile, car il est évident qu'il parle là de mémoire, et de mémoire imparfaite, sur ce qu'il avait dit beaucoup plus clairement dans le Discours de clôture. C'est le Discours de clôture qui nous livre avec clarté le fond de sa pensée. Que nous y dit-il ? Avançons pas à pas en suivant humblement Paul VI. Excluant d'emblée formellement l'emploi du Magistère extraordinaire, Paul VI nous parle d'un "enseignement autorisé". Que veut dire "autorisé", sinon : "qui a autorité" ? Donc, Paul VI nous dit que l'enseignement du concile est un "enseignement qui a autorité". C'est déjà beaucoup dire, et c'est loin d'être tout puisque le pape du concile nous précise que cet enseignement "qui a autorité" a "étendu" son champ d'application normal à des domaines qui jusque là n'étaient pas visités par cet "enseignement autorisé" du Magistère. Nous sommes donc déjà, pour normer théologiquement les Actes de Vatican II, avec "un enseignement autorisé étendu, expansé", Paul VI dixit. C'est déjà extrêmement dire. Surtout qu'en plus l'acteur capital de la mise en oeuvre de l'infaillibilité dans l'Église prend bien soin de préciser que cet "enseignement autorisé expansé" "conserve toujours l'autorité et la force qui lui sont propres"... On est déjà un peu loin du "pastoral", là...
           
        Maintenant, tout cela, évidemment, nous presse très-fort vers la grande question, la seule importante, qui, naturellement, est celle-ci : de quelle autorité s'agit-il à Vatican II, quelle est sa nature ? Puisque l'autorité du Magistère extraordinaire, d'emblée, est exclue, s'agit-il de l'autorité inhérente au Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité (qui, contrairement à ce que professent faussement les lefébvristes, peut fort bien être employé par "l'Église rassemblée" dans le cadre d'un concile universel) ? Ou bien alors, s'agit-il de l'autorité du Magistère authentique, de soi non-doté de l'infaillibilité mais seulement d'une assistance large de la part du Saint-Esprit et du Christ-Époux, et qui donc pourrait être faillible ? Le nœud de la question cruciale se dénoue presque tout seul, rien que par l'exposé de la doctrine catégorielle du Magistère en Église : l'objet formel des modes magistériels ordinaire et extraordinaire, dotés de l'infaillibilité, est la Foi et les Mœurs ; l'objet formel du mode magistériel dit authentique, non-doté de l'infaillibilité, est tout ce qui n'est pas la Foi et les Mœurs. Ce qui signifie que pour décider si, par exemple, le décret de la Liberté religieuse est l'expression du Mode ordinaire & universel infaillible, ou bien du Mode authentique non-infaillible, convient-il seulement de procéder à l'examen théologique de son objet : concerne-t-il la Foi ou ne la concerne-t-il pas ? Poser la question, c'est évidemment y répondre, et j'y ai répondu plus haut. Hélas oui, Dignitatis Humanae Personae a malheureusement la Foi pour objet formel, nous l'avons vu plus haut dans la réfutation du sophisme spécieux de l'abbé de Nantes. L'objet doctrinal formel dudit Décret, est en effet le dogme "Hors de l'Église, point de salut", dont la Liberté religieuse est la contradictoire formelle. L'objet formel de Dignitatis Humanae Personae est donc un objet de Foi. Conclusion : ce Décret Dignitatis Humane Personae est un acte du Magistère ordinaire & universel doté de l'infaillibilité, et nullement un acte du Magistère authentique, non-doté de l'infaillibilité. Mais pour en rester à la question du jour, Paul VI donc, quand il nous parle pour tout le concile moderne in globo d'un "enseignement autorisé expansé" qui "conserve toujours l'autorité et la force qui lui sont propres", ne peut qu'évoquer le Magistère ordinaire & universel doté de l'infaillibilité, puisqu'il parle de l'autorité d'un concile œcuménique universel qui professe des enseignements doctrinaux ayant trait formellement à la Foi ou au Moeurs... et que ce cadre-là est très-précisément celui dudit Magistère.
           
        Certains, affolés de cette conclusion, tâchent d'ergoter sur les formules absconses, abstruses, confusionnelles, employées par Paul VI, surtout dans l'écho parlé de l'Audience du Mercredi (formules franchement déplorables et honteuses, en effet, il faut bien le dire, de la part de la plus haute autorité ecclésiastique...). Relisons ses dites formules alambiquées, effectivement bien peu claires, et même malheureusement erronées, qui, à très-juste titre, avaient fait rugir en son temps le bouillant et sédévacantiste Père Noël Barbara. Le pape du concile nous parle d'une étrangoïde "autorité du magistère suprême ordinaire, lequel est si manifestement authentique, etc."… Pardon...?, mais, tuediable, que signifie... cette bouillie immangeable ?? Je crois que là, il faut se rendre compte que le pape Paul VI s'est hélas, pardon encore, mélangé les pinceaux, tout simplement. Car de deux choses l'une : ou bien le pape parle du Magistère ordinaire, c'est-à-dire celui universel doté de l'infaillibilité (ne manquons pas de prendre bonne note que le pape emploie bien le terme "ordinaire" pour le qualifier, l'affublant même d'un superlatif, "suprême", dont, en vérité, on n'a… que faire, le terme "ordinaire" suffisant à dire qu'il s'agit du Magistère doté de l'infaillibilité), ou bien alors le pape nous parle du Magistère authentique non-doté de l'infaillibilité (affublé lui aussi d'un superlatif, "si manifestement", dont, en vérité, on n'a pas plus à faire qu'avec le premier ; Paul VI voulait-il dire par-là que l'acte magistériel ainsi noté de "si manifestement authentique" est tellement authentique, qu'il est… ordinaire & universel ?! Il semble bien que ce soit là justement la pensée de fond de Paul VI). En tout état de cause, il ne peut pas s'agir… des deux à la fois !
           
        En vérité, je crois que le pape Paul VI avait voulu embrasser tellement de choses dans son concile magmatique, qui avaient trait formellement à la Foi quand d'autres n'y avaient pas formellement trait, qu'il ne s'y est plus vraiment retrouvé quand il s'est agi pour lui de donner in globo la note théologique aux Actes conciliaires… Sa formule de l'Audience du Mercredi montre en effet qu'il mélange complètement et inextricablement les deux notions "ordinaire" et "authentique". Une autre raison pourrait plus encore être évoquée, me semble-t-il, et expliquer le propos biscornu de Paul VI : tout Vatican II a eu comme base morale un amour plus ou moins immodéré et désordonné de l'homme moderne avec lequel le pape veut se mettre à rang d'égalité, un homme moderne que Paul VI courtise et dont il ne faut surtout pas blesser la susceptibilité bien connue quant à n'accepter aucune autorité au-dessus de lui, parce que, le pape le sait, il "a rejeté la transcendance" comme il dira ; et donc, Paul VI ne voulait plus parler de, ni invoquer, l'autorité de l'Église pour imposer un enseignement infaillible à cet homme moderne... quand bien même il avait, en tant que pape, bien conscience de faire dans Vatican II un enseignement doctrinal ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité. D'où le fait que quand il devrait parler d'infaillibilité à propos de la note attachée aux Actes conciliaires de Vatican II, et il sait bien qu'il devrait le faire, il ne le fait quand même pas… tout en suggérant très, très, très fort à son lecteur ou auditeur, par l'emploi qu'il fait de superlatifs outrés, d'avoir à penser le mot et la chose (= "magistère suprême ordinaire", "si manifestement authentique")…! Ces deux raisons donc, surtout je pense la seconde, me semblent expliquer l'imprécision, le confusionnel, voire même le caractère vraiment erroné de son propos, quand il donne la note théologique des Actes conciliaires.
           
        Ces formules, "magistère suprême ordinaire", "si manifestement authentique", etc., me font penser quant à moi aux hérétiques ariens : eux aussi voulaient bien voir en Jésus-Christ un homme parfait, le plus parfait de tous, c'est cela, oui, oui, un homme suprême, si manifestement authentique, mais… surtout, surtout pas le Dieu incarné. Ici aussi, on nous parle d'un "Magistère suprême ordinaire", auquel on veut bien donner tous les superlatifs qu'on voudra (il est non seulement authentique, non même seulement manifestement authentique, mais il est "si manifestement authentique"…!), mais surtout, surtout, sans lui reconnaître la note théologique qui est la sienne, à savoir celle du Magistère ordinaire & universel exposé à Vatican 1er, avec l'infaillibilité y attachée… Ô malice humaine qui ne veut pas de la vérité de la Foi ! Et malheureusement Mgr Lefebvre s'appuiera sur cette "tradition"-là, qui subvertit hérétiquement le mode magistériel ordinaire & universel doté de l'infaillibilité, trompé lui aussi, prenant cette "tradition" d'obscurcissement du Magistère ordinaire & universel pour celle catholique… "Rome perdra la Foi" : cela s'applique donc aussi au Magistère ordinaire & universel infaillible, de la part des plus hautes autorités de l'Église, ou, à tout le moins, c'est très-évident avec Paul VI, ils ne savent plus dire toute la Foi dans cedit Magistère doté de l'infaillibilité, clairement et simplement.
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        ... Alors, que s'est-il donc bien passé, à Vatican II ?
           
        En fait, les Pères modernes se sont comportés comme deux jeunes tourtereaux séduits par le monde qui, en sortant du cinéma, ont "fait l'amour", sans bien sûr vouloir d'enfant : neuf mois après, merde alors, "l'enfant paraît" comme disait Victor Hugo. Ils ont eu beau penser à tout sauf à lui en forniquant comme des bêtes, il est là, rien de rien de rien à faire ; ils ont beau chanter maintenant mordicus, sur tous les tons non-grégoriens et à tout le monde, qu'ils ont "fait l'amour"... seulement pastoralement, c'est-à-dire sans vouloir d'enfant, L'ENFANT EST LÀ. À Vatican II, c'est exactement la même chose : les Pères ont, très-notamment dans la Liberté religieuse, infailliblement "fait l'amour", c’est-à-dire qu’ils ont fait un acte doté de l'infaillibilité ecclésiale. C'est immédiat, cela n'attend pas neuf mois : l'enfant est là tout-de-suite, "en naissant, il vomit des blasphèmes, il a des dents, en un mot, c'est le diable incarné", comme dit terriblement le Secret de La Salette pour désigner l'Antéchrist-personne. Pour mieux tromper les catholiques, on l'a appelé et diaboliquement baptisé : Dignitatis Humanae Personae. Il est maudit, il est hérétique, il est même apostat ; mais il est divinement couvert par l'infaillibilité de l'Église. Et toutes les déclarations de "pastoralité" n'y changeront rien. Parce que, entre autres, cette "note de pastoralité" n'a théologiquement aucune valeur. Nous sommes donc en présence d'un Acte d'Église à la fois doté de l'infaillibilité et contenant une formelle hérésie et même apostasie. Heureusement, nous avons vu plus haut que cette "si grande contradiction" (He XII, 3), n'est pas formelle mais simplement matérielle, comme signifiant la sainte crucifixion de l'Église-Épouse, révélant qu'elle vit désormais l'économie de "LA PASSION DU CHRIST" (car si elle était formelle, cette contradiction, elle signifierait que "les portes de l'enfer ont prévalu contre elle").
           
        ... Dignitatis Humanae Personae ! Ô tromperie affreuse et abominable des âmes, que le titre satanique donné à ce Décret qui promeut parmi les enfants des hommes l'apostate Liberté religieuse ! Alors que la véritable dignité de la personne humaine est de vivre dans la Vérité, c'est-à-dire dans la vraie Religion, que les fausses religions avilissent de toutes les façons possibles et imaginables l'être humain, le faisant vivre indignement, on intitule le Décret promouvant la Liberté religieuse : De la dignité de la personne humaine ! Ceci me rappelle que le franc-maçon Dr Pierre Simon, pour promouvoir la loi sur l'avortement, avait écrit en 1979 un livre à sensation intitulé : De la vie avant toutes choses, dans lequel il faisait l'apologie de… l'avortement, l'euthanasie, etc. ! Le titre réel aurait donc dû être : De la mort avant toutes choses. De la même manière, le Décret sur la Liberté religieuse aurait dû recevoir comme titre : Indignitatis Humane Personae, De l'indignité de la personne humaine.
           
        Qui ne voit Satan à visage découvert dans ces inversions et tromperies absolument radica­les donnant la mort sous couleur de vie, ne le verra jamais et nulle part.
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Il me reste juste à réfuter quelques erreurs grossières et flagrantes, à moins qu'elles ne soient flagrantes et grossières, dans le texte de notre journaleux de LifesiteNews.
           
        Soit disant, selon lui, le concile Vatican II "n’avait ni le but ni l’intention de proposer sa propre doctrine de manière définitive et infaillible".
           
        Premièrement, les Pères de l'Église, à quelque époque ils vivent, ne sont pas habilités, de par leur mandat ecclésial, à enseigner dans le cadre d'un concile universel leur propre doctrine au fidèles, mais seulement et uniquement celle du Christ et de l'Église. Il est complètement idiot de supposer que la génération des "membres enseignants" de Vatican II avait une doctrine propre à proposer, détachée de celle du Christ et de son Église ! Et puis, et surtout, secondement, notre piètre théologien a l'air d'ignorer superbement qu'il y a deux modes d'infaillibilité dans l'Église : 1/ celui définitionnel, dogmatique extraordinaire, qu'il cite ; et 2/ celui non-définitif, ou théologiquement plus exactement nommé : inchoatif, ordinaire & universel. Or, pour démontrer que l'infaillibilité n'est pas employée à Vatican II, il ne suffit pas de dire, comme le fait notre journaleux, que le mode définitionnel, dogmatique extraordinaire, n'y a pas été employé, ce qui est parfaitement vrai, tout le monde le sait fort bien, et Paul VI, on l'a vu, le dit lui-même, il faut encore montrer que le mode ordinaire & universel n'a pas été, lui non plus, employé. Et c'est là le grand hic et le grand hoc pour la thèse conservatrice, car ce dernier mode, ordinaire & universel, lui aussi doté de soi de la note d'infaillibilité exactement au même titre que le dogmatique extraordinaire, a bel et bien été employé dans le concile moderne, ce qu'on sait formellement de deux manières : d'abord, par la forme de Vatican II, qui voit la réunion de l'unanimité des "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape actuel poser des actes d'enseignements doctrinaux entés sur la Révélation, dont on a vu que c'est la condition nécessaire et suffisante pour confectionner formellement un acte du Magistère ordinaire & universel, puis ensuite, par la déclaration du pape Paul VI, qui entérine cet emploi du mode magistériel ordinaire & universel dans Vatican II, en parlant de "magistère suprême ordinaire". Ainsi donc, c'est tout le contraire de ce que dit notre journaleux, qui est vrai : le concile, s'il n'en a eu l'intention au départ, a cependant par après très-concrètement bien posé ses principaux Actes dans le cadre formel du mode ordinaire & universel, ce qui signifie formellement qu'ils sont donc de soi dotés de l'infaillibilité.
           
        Autre erreur non moins flagrante et grossière, à moins qu'elle ne soit elle aussi grossière et flagrante : notre rédacteur évoque, par ailleurs à la remorque d'un Mgr Schneider très, très mal inspiré sur la question de la théologie des Actes de Vatican II (... pour parler par euphémisme), une soi-disant nécessité de déclaration explicite d'obligation à croire la doctrine proposée, faite par les "membres enseignants" dans l'acte, aux fidèles, la tirant d'une note du Secrétariat du Concile (preuve, soit dit en passant, que les plus hautes autorités de l'Église moderne ne connaissent même plus, derrière Paul VI, la vraie doctrine catégorielle quant au Magistère ecclésial...) : "Le Saint Concile ne définit comme contraignantes pour l’Église que les choses en matière de foi et de morale qu’il déclare ouvertement contraignantes". Or, ce prétendu constituant extrinsèque soi-disant nécessaire pour confectionner un acte du Magistère doté de l'infaillibilité, est une pure invention moderniste, une fumisterie, je l'ai déjà dit plus haut dans mon texte, il n'existe pas.
           
        À en croire les conservateurs et autres lefébvristes en effet, un élément constitutif sine qua non d'un acte du Magistère ordinaire & universel infaillible serait la déclaration d'obligation faite aux fidèles par les promulgateurs de l'acte de croire à la doctrine y professée : si le pape oblige explicitement les fidèles à la croyance dans l'acte d'enseignement magistériel, alors, c'est infaillible, mais pas autrement, soutiennent-ils sottement, dans l'inintelligence complète de la question. Or, cet argument n'est que de la poudre de perlimpinpin lancée dans les yeux, et pas autre chose. Car la vérité, c'est que lorsque le pape parle en tant que docteur universel de tous les chrétiens, le fidèle est par le fait même, ipso-facto, automatiquement obligé de suivre sa doctrine, sans que l'explicitation de cette dite obligation d'y croire ait à être formulée le moins du monde par le pape : le caractère d'obligation est implicite et non explicite, il découle de la nature intrinsèque de l'autorité divine infaillible de tout acte magistériel ordinaire & universel, et non d'une formule préceptive extrinsèque surérogatoire.
           
        C'est dès les Actes que cette doctrine est connue, saint Pierre l'affirmera magistralement au premier concile général de l'histoire de l'Église, l'an 51, en ces termes lapidaires : "Dieu m'a choisi parmi vous afin que par ma bouche, les Gentils entendent la Parole de l'Évangile, ET QU'ILS CROIENT" (Act XV, 7). Que les conservateurs et les lefébvriste veuillent bien lire à genoux et avec soin : les Gentils ont l'obligation de croire dès lors qu'ils entendent la Parole de Dieu sortir de la bouche de Pierre. C'est automatique (= d'où l'emploi de la conjonction "ET" -qu'ils croient-). Le premier pape en effet ne dit pas et sous-entend encore moins : " … et qu'ils croient, seulement si je leur en fais explicite obligation". La formule des Actes est en vérité remarquable dans sa simplicité lumineuse.
           
        À la vérité, il n'y a d'ailleurs pas besoin d'être docteur in utroque pour comprendre le ridicule voire même le blasphème de cette objection : lorsque Dieu parle à l'homme, et, nous venons de le voir, c'est ce qui se passe à tout coup lorsque les "membres enseignants" usent du Magistère ordinaire & universel d'enseignement, Dieu n'a pas besoin de dire : "Bon, Je te parle, et Je te fais obligation de M'écouter". Non, cette obligation de L'écouter sous peine de réprobation découle et résulte du fait que Dieu est Dieu et que moi, je suis sa créature. Dès lors que je sais que c'est Dieu qui me parle, automatiquement, j'ai l'obligation de L'écouter. Cette même règle s'applique évidemment quand il s'agit de l'Église Universelle qui parle, puisque la Foi m'enseigne qu'elle est le canal transparent de Dieu par le Christ dès lors qu'elle enseigne la Foi à l'universalité des fidèles, "qui vous écoute, M'écoute" (Lc X, 16). Or, ceci étant bien compris, que diriez-vous d'un petit enfant qui refuserait d'écouter son père qui l'enseignerait à bien faire, sous prétexte qu'il ne lui aurait pas fait obligation explicite de l'écouter !? Ce serait la fessée déculottée, non ?! Car de plus, et combien plus, Dieu est AMOUR. Or, dès que l'Amour se manifeste, il faut le suivre. IL SUFFIT QUE L'AMOUR PARLE POUR… OBLIGER. Alors, que les conservateurs et autres lefébvristes veuillent bien cesser de considérer l'Église comme une caserne de saint-cyriens ou de sapeurs-pompiers, c'est parfaitement indigne d'elle (toute la dignité suréminente de l'Église du Christ sur toute institution humaine, justement, est là : dans l'Amour qui est le moteur premier de sa Vie, et qui, partant, est le fondement essentiel de tout raisonnement théologique, des prémisses à la conclusion formelle…).
           
        Conclusion : pour confectionner authentiquement un document du Magistère ecclésial infaillible, il n'y a pas de constituants extrinsèques (comme l'est une formule préceptive d'obligation), il n'y a, encore une fois je vais le redire, qu'UN seul constituant intrinsèque : que Dieu parle à l'homme par son Église Universelle, c'est-à-dire par les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée, que sont le pape et les évêques actuels unis à lui. Et alors, c'est automatiquement sous le couvert de l'infaillibilité. Ce devrait être une évidence pour tout le monde (nous sommes là, remarquons-le, dans la simplicité des choses, toute divine et certaine), mais ça ne l'est pas pour les âmes qui ont décidé intérieurement de fuir "LA PASSION DE L'ÉGLISE" et qui cherchent à s'inventer des échappatoires.
           
        Ce que j'expose là simplement était expliqué en termes savants par l'abbé Bernard Lucien, ainsi :
           
        "Le concile [Vatican 1er] donc affirme d'abord l'existence d'une obligation de poser des actes de foi : fide divina et catholica ea omnia credenda sunt : «[est] à croire», «il faut croire», «on doit croire»... et le fondement de cette obligation est indiqué : on doit croire «ce qui est contenu dans la parole de Dieu». C'EST LE CARACTÈRE RÉVÉLÉ (PAR DIEU) QUI EST LA SOURCE DE L'OBLIGATION DE POSER UN ACTE DE FOI. On retrouve donc très-exactement, au début de ce paragraphe Porro fide divina, l'enseignement donné par le concile au commencement du chapitre III qui le contient : «Puisque l'homme dépend totalement de Dieu comme son Créateur et Seigneur et que la raison créée est complètement soumise à la Vérité incréée, nous sommes tenus, lorsque Dieu se révèle, de lui présenter par la foi la soumission plénière de notre intelligence et de notre volonté» (D. 1789). Telle est la substance des choses, la «métaphysique» de l'obli­gation liée à la Révélation et à la Foi. La source, le motif formel, la cause propre et adé­quate de cette obligation, c'est la Vérité incréée qui se révèle, c'est la Véracité divine, ou encore, comme le dit la suite du texte que nous venons de citer (D. 1789), «l'autorité de Dieu lui-même se révélant, qui ne peut ni se tromper ni nous tromper». Comme on le voit, toute la question de «l'obligation» est réglée, substantiellement, avant et en-dehors de l'intervention de l'Église. Quel est donc ici son rôle ? L'intervention infaillible de l'Église, a pour fonction de déterminer avec précision l'objet matériel de la foi : c'est-à-dire de faire savoir avec certitude quelles sont en détail les vérités révélées. Le rôle propre de l'Église n'est donc nullement d'obliger à croire ; il est de certifier infaillible­ment que telle proposition appartient au donné révélé. En bref, le magistère comme tel n'oblige pas à croire, mais PROPOSE ce qui est à croire comme divinement révélé.
           
        "C'est ainsi que les choses sont présentées par le texte de Vatican 1er. L'exercice du magistère infaillible, comme tel, ne comporte pas d'affirmer une obligation, mais de faire connaître le caractère révélé d'une proposition : «quae (...) tamquam divinitus reve­lata credenda proponuntur» ; ce que (l'Église) «propose à croire comme divinement ré­vélé» ou «propose à notre foi comme des vérités révélées par Dieu». En vertu de ce texte de base de Vatican 1er, l'acte propre du magistère infaillible comporte seulement d'affirmer le caractère révélé d'une proposition ; ET ALORS, IPSO-FACTO, L’OBLIGATION LIE LE CROYANT : ON DOIT CROIRE. Non pas parce que l'Église créerait une obligation, mais parce que le fidèle connaît, par suite de l'affirmation in­faillible de l'Église que telle proposi­tion est révélée et qu'ainsi il se trouve lié par l'obli­gation générale de croire ce qui est révélé s'appliquant à ce cas particulier. Il est vrai que l'autorité de l'Église exerce sou­vent son pouvoir de juridiction conjointement au pouvoir magistériel, en frappant de peines ecclésiastiques ("anathèmes" ou autres) ceux qui refusent extérieurement son enseignement. Mais l'acte du pouvoir de juridic­tion est formellement et réellement dis­tinct de celui du pouvoir magistériel. Cela est manifeste d'après le texte de Vatican 1er que nous venons d'analyser, et qui ne men­tionne pas l'intervention du pouvoir de juri­diction.
           
        "Et cela a été clairement exposé par le Père Kleutgen, dans les justifications théologiques jointes au schéma réformé sur l'Église (cf. pp. 15-16) : «Dans ces décrets, il est nécessaire de distinguer l'interdiction (ou le commandement) de la définition (ou du jugement sur la doctrine). D'abord, en effet, l'Église définit que telles opinions sont mauvaises ; ensuite, elle les interdit comme telles, et elle établit des peines contre les contumaces. Or, on doit la soumission de l'esprit à l'Église qui définit, même si elle n'ajoute aucun précepte. Puisqu'en effet Dieu nous a donné l'Église comme mère et maîtresse pour tout ce qui concerne la religion et la piété, nous sommes tenus de l'écouter quand elle enseigne. C'est pourquoi, si la pensée et la doctrine de toute l'Église apparaît, nous sommes tenus d'y adhérer, même s'il n'y a pas de définition : combien plus donc si cette pensée et cette doctrine nous apparaissent par une défini­tion publique ?» (M. 53, 330 B).
           
        "Cet exposé doctrinal de l'un des théologiens de la Dépu­tation de la Foi à Vatican 1er est en pleine concordance avec le texte de Dei Filius que nous avons expliqué. L'interdiction ou le commandement (et donc l'explicitation de l'obliga­tion) ne sont nullement constitutifs de l'acte infaillible : ni pour le magistère ordinaire (en-dehors d'une définition au sens strict), ni pour le magistère extraordinaire ("défini­tion"). Dans tous les cas, l'acte du magistère garanti par l'infaillibilité est le «jugement sur la doctrine» (conformité ou désaccord avec la Révélation). Et alors les fidèles doi­vent adhérer, dans le même acte, et à la doctrine enseignée, et au jugement de l'Église, toujours à cause de l'autorité de Dieu qui révèle : qui révèle, et telle doctrine en parti­culier, et qu'il assiste infailliblement l'Église dans son enseignement. Bien entendu, si l'interdiction, ou le commandement, ou les peines canoniques ne sont pas constitutifs de l'acte infaillible, ils peuvent en être le signe. Tel est le cas bien connu des «canons avec anathème» des conciles œcuméniques, spécialement de Trente et de Vatican 1er. Dans le canon, seule la peine d'excommunication contre ceux qui disent telle doctrine est ex­plicitée. Mais tous les catholiques reconnaissent que c'est le signe certain du jugement infailliblement porté par l'Église sur la doctrine elle-même" (L'infaillibilité du magistère ordi­naire et universel de l'Église, pp. 133-135, Annexe II — Infaillibilité et obligation).
           
        Et donc, s'il est possible d'admettre qu'il n'y a dans la rédaction conciliaire de Dignitatis Humanae Personae aucune formule d'obligation stricte (rappelons en effet les termes conclusifs de ce Décret, signés par le pape Paul VI : "Tous et chacun des articles édictés dans cette déclaration ont plu aux pères du sacro-saint Concile. Et Nous, par le pouvoir apostolique que Nous avons reçu du Christ, un avec les Vénérables Pères, Nous l'approuvons dans l'Esprit-Saint, Nous le décrétons et le statuons, et Nous ordonnons de promulguer pour la Gloire de Dieu ce qui a été ainsi statué synodalement. À Rome, près Saint Pierre, 7 décembre 1965, Paul, Évêque de l'Église catholique" ; et la notation générale que donne Paul VI à tous les Actes du Concile dans son Bref de clôture In Spiritu Sancto est de semblable facture), cela, de toutes façons, n'a aucune espèce d'incidence sur la qualification d'infaillibilité du Décret, qui, étant un enseignement du Magistère ordinaire & universel, n'en a nullement besoin pour en bénéficier. Le constituant d'obligation est en effet intrinsèque à tout enseignement doctrinal universel doté de l'infaillibilité, et non extrinsèque.
           
        J'en ai fini.
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Conclusion générale. Je résume pour vous, cher ami lecteur, le fruit de tout mon "discours de la méthode" :
           
        Premièrement, Vatican II a promulgué des Actes ecclésiaux qui s'inscrivent formellement dans le cadre du Magistère ordinaire & universel, de soi toujours doté de l'infaillibilité. C'est par exemple éminemment le cas de Dignitatis Humanae Personae, le décret sur la Liberté religieuse.
           
        Deuxièmement, cesdits Actes dotés de l'infaillibilité ecclésiale contiennent contradictoirement une doctrine hérétique ou même apostate ; ce qui, ainsi qu'on a été affligé de le constater, est très-clair dans le Décret de la Liberté religieuse.
           
        Ces deux premiers constats nous montrent qu'on se trouve donc devant une contradiction dans les principes rentrée dans l'Église. Mais, comme je l'ai expliqué au début de ces lignes, il existe deux sortes de contradictions, l'une, simplement matérielle, signifiant "LA PASSION DE L'ÉGLISE", l'autre, formelle, signifiant que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église".
           
        En présence de quelle contradiction Vatican II nous met-il ? Matérielle ou formelle ?
           
        Mon troisième constat va nous le dire :
           
        Troisièmement, les Pères de Vatican II, en promulguant ces Actes dont le contenant est doté de l'infaillibilité quand le contenu est hérétique voire même apostat, n'ont eu aucune conscience du caractère hérétique encore moins du caractère apostat desdits Actes. Autrement dit, les Pères de Vatican II, au nom et pour le compte de l'Église Universelle, n'ont professé ces hérésies ou apostasies que matériellement. 
           
        Considérons bien que puisque l'acte de la Liberté religieuse, pour en rester à lui qui synthétise toute la problématique théologique de Vatican II (d'où l'accent fort que je mets dans cet article, sur lui), est doté de l'infaillibilité ecclésiale, alors, c'est le Saint-Esprit qui veut cet acte, par l'organe immaculé de l'Église. Mais que veut donc dire le Saint-Esprit à nos âmes fidèles, puisque cet acte ecclésial est un péché matériel d'hérésie endossé par l'Église Universelle ? La réponse est toute simple. Le Saint-Esprit, par-là, nous dit, nous montre, qu'Il met Lui-même (c'est ce que signifie la note d'infaillibilité) l'Église du Christ dans l'économie de la Passion, puisque le péché matériel en est la caractéristique essentielle, le signe topique, et que cet acte le manifeste formellement. Voilà le sens profond de cette infaillibilité dont sont dotés ces actes de péchés matériels commis par l'Église Universelle à Vatican II...
           
        À Vatican II, les Pères modernes, certes, crucifient la Foi de l'Église par un péché matériel d'hérésie, la font donc rentrer par-là même dans l'économie de la Passion du Christ, car ils agissent à Vatican II in Persona Ecclesiae, mais ils ne renient pas la Foi de l'Église par un péché formel d'hérésie (croyez bien que c'est la même chose pour le pape François : il n'a nulle conscience de professer l'hérésie...).
           
        Conclusion finale : L'ÉGLISE-ÉPOUSE EST MISE, PAR VATICAN II, DANS L'ÉCONOMIE DE LA PASSION DU CHRIST.
           
        La seule thèse théologique qui rend compte catholiquement de "la crise de l'Église" manifestée par Vatican II, est donc bien celle que le Bon Dieu me fait "l'honneur ignominieux" d'exposer sur mon site et dans mes livres, depuis plus de vingt-cinq ans maintenant, à savoir celle de "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Quel sera le sort de cette vérité parmi les enfants des hommes, parmi les catholiques surtout ?      
           
        Je laisse Henri de Man, cet homme politique belge visionnaire que j'ai cité dans mon article dénonçant les démocraties occidentales actuelles comme n'étant rien d'autre que des sociétés fondamentalement et pratiquement nazies (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/reflexions-sur-le-nazisme-universel-contemporain-encore-dit-democratie-universelle?Itemid=1), le dire superbement bien :      
           
        "Il est des choses qu'il faut dire même si l'on ne trouve presque personne pour les écouter ; raison de plus pour parler quand on voit croître de jour en jour le nombre [de ceux qui ne les écoutent pas]" (Au-delà du nationalisme ― Avant-propos, p. 13).
           
        Car, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le prophète, et tout homme qui a mission de vérité est un prophète, ne fonctionne pas devant les hommes mais devant le Trône de Dieu.
           
        Et cela lui suffit. Parce que, quant au prophète qui a bien fait son devoir, cela suffit au Bon Dieu.
 
        Cela Lui suffit aussi, au Bon Dieu, pour juger, miséricordieusement ou au contraire très-sévèrement, à son Aune divine, ceux qui, par inadvertance ou hélas en toute connaissance de cause, refusent les vérités du Bon Dieu dont le prophète s'est fait le serviteur.
           
        J'en profite pour féliciter ici les belles âmes qui, depuis déjà longtemps, me lisent et apprécient ces vérités que le Bon Dieu me fait dire, qui m'édifient, mais qui, certes, toutes, tiendraient ensemble sous un pommier, tellement elles sont peu nombreuses, tellement la vérité vraie en vérité qui révèle Jésus-Christ n'intéresse que très-peu d'âmes, de nos jours...
           
En la fête de sainte Marie Salomé,
mère des apôtres Boanergès,
assistant le Christ mis en croix,
ce 22 octobre 2022.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
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(Église sainte Marie Salomé, Saint-Jacques-de-Compostelle 
― Archives personnelles)
 
 
 
22-10-2022 09:24:00
 

Une vidéo extraordinaire : Nous avons UN SEUL PAPE, mais... au présent composé

15-09-2022 21:13:00
 

La conception liturgique pseudo-millénariste de Mgr Arthur Roche, préfet de la Congrégation pour le culte divin, anticipation vaticandeuse luciférienne d'une nouvelle économie de salut (2)

 
 
 
        (Pour mémoire, je mets ici le lien de la 1ère partie de mon article, à lire évidemment avant cette présente partie deuxième & dernière : 
 
 
 
La conception liturgique pseudo-millénariste
de Mgr Arthur Roche,
Préfet de la Congrégation pour le culte divin,
anticipation vaticandeuse luciférienne
d'une nouvelle économie de salut
(2)
 
           
        Après avoir vu le ciel à l'envers, ce qui assombrit et enténèbre péniblement et même dangereusement l'âme, il convient maintenant de voir le Ciel à l'endroit, pour épanouir l'âme dans la liberté surnaturelle des enfants de Dieu, et l'en faire vivre pour son salut.
 
        Le pseudo-millénarisme dont s'entretiennent lucifériennement les modernes, et qui a hélas occupé toute la première partie de mon article, ce sont les ténèbres. Mais le vrai millénarisme, c'est-à-dire la doctrine du Millenium, c'est la Lumière de Dieu dans la Gloire du Christ, bien faite pour illuminer surnaturellement les âmes des simples fidèles.
           
        Alors, qu'en est-il donc bien de la vraie théologie du Millenium ?
           
        Dans les années 1992, j'ai écrit tout un livre, 500 pages, un historique apologétique sur le Millenium, intitulé Bientôt le Règne millénaire, sous le pseudonyme Louis de Boanergès (l'ouvrage est toujours disponible, on peut le commander à : Éditions D.F.T. - BP 47033 - 35370 Argentré-du-Plessis, au prix de 29,90 € port compris). Il n'est pas question pour moi évidemment, dans ce qui n'est ici qu'un article, de reproduire tout le raisonnement théologique que j'y faisais pour bien asseoir cette grande doctrine divine qui, avant les Prophètes, est déjà connue des Patriarches, je n'en reprendrai ici que les aspects qui concernent notre problématique du moment, autour du novus ordo. Je ne vais donc faire ici qu'une brève incursion sur le sujet.
           
        ... Mais tout d'abord, me dira-t-on, mais d'où savez-vous et qui vous a dit qu'une nouvelle économie de salut pleine de la Gloire de Dieu et délivrée des effets du péché originel, doit avoir lieu après la Parousie ?
           
        Mais, mais, chers amis, c'est Dieu Lui-même en Personne qui me le dit formellement et bien entendu infailliblement. Il me le dit par ses prophètes vétérotestamentaires puis par le grand prophète néotestamentaire, saint Jean, dans son Apocalypse. La vérité du Millenium en est par-là même, sûre, doctrinale au sens orthodoxe du terme, et même dogmatique, comme l'ont pensé la majorité des premiers chrétiens pendant les trois premiers siècles de notre ère (c'est une période qui s'étale presque, prenons-en bien conscience, de la Révolution jusqu'à nos jours !). Nous ne saurions d'ailleurs nous montrer surpris de trouver le Millenium dans la sainte-Écriture, car ce que Dieu se propose de faire, et Il se propose de donner l'ère du Millenium un jour futur à Sa discrétion, Il le révèle par le Saint-Esprit en avance aux hommes, par ses prophètes : "Le Seigneur ne fait rien sans révéler son secret à ses serviteurs les prophètes" (Am III, 7). Et la vérité, c'est qu'Il révèle si fort, si clairement, si nettement, son intention de faire suivre la Parousie et l'économie de salut qui la précède, par une autre économie de salut pleine de la Gloire divine, que, bien étudiée la question en passant humblement sous les fourches caudines du Saint-Esprit, on se demande vraiment s'il y a une doctrine divine qui est plus clairement et plus fortement révélée dans toute la sainte-Écriture, que... le Millenium !!   
           
        Les scolastiques agnostiques quant à la Prophétie millénariste depuis les saints Jérôme et Augustin, c'est-à-dire dès le Vème siècle, ont voulu dire que tout ce qui est dit sur le Royaume, dans la prophétie vétérotestamentaire et dans l'Apocalypse, concerne, soit l'Église du Temps des nations et de Rome son centre, c'est-à-dire les Temps du Nouveau-Testament qui se déroulent avant la Parousie, soit le Ciel éternel. Or, ce n'est pas du tout ce que je lis, par exemple, dans l'Apocalypse, au sens obvie des mots extrêmement clairs et dénués de toute ambigüité dont saint Jean s'est servi pour dire la Prophétie de Dieu. Il y a une véritable et incroyable tricherie de la part des scolastiques (... dont beaucoup sont sur les autels !), et certains, non des moindres, se rendent même ridicules en voulant donner à toutes forces, au forcing et aux forceps, le sens de l'Église ou du Ciel éternel aux versets clairement chiliastes, millénaristes, de l'Apocalypse par exemple.
           
        Voyons cela ensemble, et commençons par l'avant-dernier ch. de l'Apocalypse, le XXIème, là où, visiblement, saint Jean, inspiré, termine dans l'apothéose sublime. Alors, les scolastiques, de dire : "Là, saint Jean finit en beauté sur une vision du Ciel éternel". Voilà qui est totalement erroné, complètement faux, saint Jean nous parlant très-clairement, dans les deux derniers chapitres de l'Apocalypse... du Millenium, c'est-à-dire d'un Temps terrestre certes tout pénétré de la Gloire de Dieu et qui est un peu comme l'antichambre du Ciel éternel, un vrai sas intermédiaire entre la terre et le Ciel éternel, mais... qui n'est pas le Ciel éternel, qui est toujours la terre. Il suffit de lire les mots de saint Jean avec simplicité, cette simplicité que le Christ recommande à l'âme fidèle, lorsqu'Il dit : "Si ton œil est simple, tout ton corps sera lumineux" (Matth VI, 22), pour le bien comprendre. Faisons-le ensemble, amis lecteurs : "Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'existait plus. Et moi, Jean, je vis la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, qui descendait du Ciel, d'auprès de Dieu, prête comme une épouse qui s'est parée pour son époux. Et j'entendis une voix forte venant du trône, qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et Il habitera avec eux ; et ils seront Son peuple, et Dieu Lui-même sera avec eux, comme leur Dieu. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort n'existera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car ce qui était autrefois a disparu. Alors Celui qui était assis sur le trône dit : Voici, Je vais faire toutes choses nouvelles. Et Il me dit : Écris, car ces paroles sont très sûres et vraies. Et Il me dit : C'est fait. Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, Je donnerai gratuitement de la source d'eau vive. Celui qui vaincra possédera ces choses, et Je serai son Dieu, et il sera Mon fils" (Apoc XXI, 1-7).
           
        Quelle belle prophétie du Millenium ! Comme l'union intime d'Amour vécue sur la terre entre Dieu et les hommes, émouvante, y est bien marquée ! Il s'agit bel et bien, en effet, du Millenium, dans ce ch. XXI, pour au moins deux raisons. Premièrement, il est à peine besoin de faire remarquer que dans le Ciel éternel, il n'y aura pas d'hommes (... pas de femmes non plus Mahomet, non, non, désolé, absolument désolé !...), terme à la consonance terrestre et temporelle indiscutable. "Voici le Tabernacle de Dieu avec les hommes" décrit bien un Temps terrestre. Deuxièmement, s'il était question dans ce ch. XXI d'un descriptif du Ciel éternel comme l'affirment mensongèrement les scolastiques de tout poil, alors, la Jérusalem nouvelle n'aurait pas besoin d'y descendre d'auprès de Dieu, comme le décrit fort bien saint Jean... puisqu'elle y serait déjà, dans ce Ciel éternel ! Elle n'aurait juste qu'à rester là où elle est, à savoir dans le Ciel éternel d'en-Haut, auprès de Dieu ! Or donc, son point de départ étant Dieu et le Ciel éternel, où voulez-vous donc bien qu'elle descende d'auprès de Dieu, la Jérusalem nouvelle, sinon, évidemment, sur la terre et la temporalité d'ici-bas ! On remarquera que saint Jean s'est déjà servi de cette formule non-équivoque, au sens millénariste certain, quelques versets plus avant : "Alors un des sept Anges qui avaient eu les sept coupes pleines des sept dernières plaies, vint à moi, et me parla en disant : Viens et je te montrerai l'épouse, la femme de l'Agneau. Et il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du Ciel, d'auprès de Dieu. Elle avait la gloire de Dieu, etc." (Apoc XI, 9-11). Ce ch. XXI décrit donc merveilleusement bien le Millenium, comme une magnifique noce d'Amour sur la terre entre le Ciel et la terre...
           
        Et c'est cette temporalité nouvelle et glorieuse que saint Jean décrit chronologiquement très-clairement dans le ch. précédent, le célèbre ch. XX : "Et je vis descendre du Ciel un Ange qui avait la clef de l'abîme et une grande chaîne dans sa main. Il saisit le dragon, l'antique serpent, qui est le diable et satan, et il le lia pour mille ans. Et il le jeta dans l'abîme, qu'il ferma et scella sur lui, pour qu'il ne séduisît plus les nations jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés ; après cela il doit être délié pour un peu de temps. Et je vis des trônes, et ils s'assirent dessus, et il leur fut donné de juger. Je vis aussi les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n'avaient point adoré la bête, ni son image, et qui n'avaient pas pris sa marque sur leur front ni sur leurs mains ; et ils vécurent, et régnèrent avec le Christ pendant mille ans. Les autres morts ne revinrent pas à la vie jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés. C'est là la première résurrection. Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection. Sur eux la seconde mort n'a pas de pouvoir, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils règneront avec Lui pendant mille ans" (Apoc XX, 1-6). Remarquons bien au passage la grande logique de saint Jean : l'Ange puissant qui enchaîne le dragon sur la terre, descend du Ciel, lui aussi. Et où voulez-vous qu'ils descende bien, sinon sur la terre ? Saint Jean ici, ne parle donc pas, dans ces passages, du Ciel éternel, et nous allons voir tout-de-suite qu'il ne parle pas non plus de l'Église : il ne peut donc nous parler que du Millenium.
           
        Mais, je continue un peu ma démonstration succincte sur le fait que le Millenium est formellement annoncé par les prophètes de Dieu inspirés par le Saint-Esprit. Nous venons donc de le voir avec saint Jean, prophète du Nouveau-Testament. Or, et cela ne peut surprendre c'est le contraire qui surprendrait, les prophètes de l'Ancien-Testament ont exactement le même langage inspiré que lui pour nous décrire un Royaume de Dieu qui ne sera ni l'Église dans son économie du Temps des nations ni non plus le Ciel éternel, et qui ne peut donc être que le Millenium. Prenons par exemple le prophète Daniel. Que nous enseigne-t-il sur le sujet ? Lisons-le : "Il [l'Antéchrist-personne] proférera des paroles contre le Très-Haut, il écrasera les saints du Très-Haut, et il pensera qu'il pourra changer les temps et les lois ; et ils seront livrés entre ses mains pendant un temps et des temps, et la moitié d'un temps. Alors le jugement se tiendra [par le Déluge de feu puis par la Parousie], afin que la puissance lui soit enlevée, qu'il soit détruit et qu'il disparaisse à jamais, et que le royaume, la puissance et la grandeur du royaume qui est sous tout le ciel, soient donnés au peuple des saints du Très-Haut ; son royaume est un royaume éternel, et tous les rois Le serviront et Lui obéiront" (Dan VII, 25-27). Il n'est pas difficile de remarquer que Daniel parle d'un Royaume "sous tout le Ciel", autrement dit sur cette terre, dans une synonymie parfaite avec la formule de saint Jean qui nous le décrit comme "descendant du Ciel d'auprès de Dieu" ! Ce n'est pas tout d'ailleurs, avec saint Jean, quant à nous décrire le Royaume du Christ comme étant temporel et concernant toute la Création et pas seulement l'Église. Ne nous dit-il pas : "Le septième Ange sonna de la trompette, et des voix fortes se firent entendre dans le Ciel ; elles disaient : L'empire de ce monde a été remis à notre Seigneur et à Son Christ, et Il règnera dans les siècles des siècles. Amen" (Apoc XI, 15). Or, "l'empire de ce monde", formule forte au sens très-précis, n'a rien à voir avec l'Église ni non plus avec le Ciel éternel, saint Jean nous décrit bien là, une fois de plus, le Millenium.
           
        Mais revenons au prophète Daniel qui nous a parlé du Royaume devant avoir lieu "sous tout le ciel", c'est-à-dire, on l'a compris, dans l'ici-bas terrestre. Même son de cloche quelques versets avant, quand le prophète de Yahweh nous dit : "Je regardais donc dans cette vision nocturne, et voici, quelqu'un, semblable au Fils de l'homme, venait avec les nuées du ciel, et Il s'avança jusqu'à l'Ancien des jours. Ils Le présentèrent devant lui, et Il Lui donna la puissance, l'honneur et le royaume, et tous les peuples, les tribus et les langues Le servirent ; Sa puissance est une puissance éternelle qui ne Lui sera point ôtée, et Son royaume ne sera jamais détruit" (Dan VII, 13-14). Le v. 14 où il est dit que le Royaume s'exercera sur des peuples, des tribus et des langues, toutes choses qui, évidemment, n'existeront plus au Ciel éternel, confirme bien la logique du descriptif de Daniel lorsqu'il nous enseigne que le Royaume aura lieu "sous tout le ciel". Le prophète infaillible de Yahweh nous annonce donc, pour notre ici-bas terrestre, une nouvelle économie de salut après le Temps des nations et de l'Église romaine mourant sous la main de l'Antéchrist-personne, la chronologie de Daniel est là aussi on ne peut plus claire, comme celle du ch. XX de l'Apocalypse de saint Jean. Notre Temps des nations et de Rome son centre n'est donc pas du tout la dernière économie de salut christique, ce que saura très-bien l'Antéchrist-personne... plus catholique en cela que lesdits glosateurs scolastiques néo-pharisiens ! Non seulement en effet, il fera mourir le Temps des nations et de l'Église romaine, mais, à la fois et dans le même acte, il prétendra instaurer lui-même l'économie de salut qui, de par Dieu, et il le sait, doit la suivre, à savoir celle du Millenium. Et si Daniel précise dans le v. 27 que ce Royaume du Millenium est "éternel", c'est tout simplement parce que Celui qui l'exercera ici-bas par l'entremise "des saints du Très-Haut", sera le Christ-Dieu Lui-même, et que bien sûr le Christ-Dieu est éternel, sans préjudice cependant que cedit Royaume glorieux d'essence éternelle s'exercera... "sous tout le ciel" (c'est dans le même sens que l'ange Gabriel dit à Marie, lors de l'Annonciation, parlant pourtant du trône temporel du roy David : "Il [Jésus] sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu Lui donnera le trône de David Son père, et Il règnera éternellement sur la maison de Jacob, et Son règne n'aura pas de fin" ― Lc I, 32-33).
           
        Il y a ici, donc, pour qui a des yeux pour voir, une affirmation scripturaire du Millenium, une de plus, tel que le prêchera de son côté saint Jean dans l'Apocalypse (... et tel qu'il le prêchait ainsi aux premiers chrétiens, on en a la preuve formelle par le fait historique que là où la doctrine millénariste a été le plus crue dans le tout premier christianisme, est là où saint Jean l'Apôtre avait prêché, dans l'Asie mineure, dans les cercles voisins d'Éphèse...).
           
        Dans  le cadre de mon article, je finirai ma démonstration exégétique forcément succincte pour prouver la réalité du Millenium dans l'économie universelle du Plan de salut divin pour les hommes, par une dernière citation scripturaire. Le Millenium est donc un Temps qui vient après la grande Tribulation de la fin des temps et la Parousie qui la finit. Or, Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans le discours eschatologique de Matth XXIV, 22, enseigne qu'il y aura un temps terrestre après la fin des temps, par un terme non-équivoque : "Car il y aura alors une grande tribulation, telle qu'il n'y en a pas eu de pareille depuis le commencement du monde jusqu'à présent, et qu'il n'y en aura jamais. Et si ces jours n'avaient été abrégés, nulle chair n'aurait été sauvée". Or, si la fin des temps devait terminer l'existence de ce monde, comme veulent le croire les scolastiques, alors, Jésus n'aurait pas précisé que ces jours de tribulation seront abrégés pour permettre à la chair d'être sauvée ; car la chair, c'est la situation de l'homme dans sa condition terrestre, ce qui suppose, la chair pouvant être sauvée de la grande tribulation selon que le prophétise Notre-Seigneur, qu'il y aura un temps terrestre après la fin des temps, après la grande tribulation. Si en effet, la fin des temps devait terminer l'existence de ce monde, alors Jésus aurait prophétisé que ces jours de grande tribulation seraient abrégés pour permettre à l'âme, et non à la chair, d'être sauvée. Ici, dans ce passage eschatologique, Jésus, donc, confirme divinement la chronologie millénariste qu'établit saint Jean dans le ch. XX de l'Apoc.
           
        ... Que d'autres passages scripturaires, tant de l'Ancien que du Nouveau Testament, seraient à évoquer, que je ne peux évidemment pas continuer à rapporter ici, dans le cadre restreint de cet article, comme prouvant que le Millenium fait bel et bien partie du Plan divin !
           
        Comment donc se fait-il que les scolastiques, voire les plus saints d'entr'iceux, ont menti honteusement sur le sens millénariste formel de ces passages scripturaires absolument limpides, clairs, simples, sans équivoque ni ambiguïté aucunes, trompant ainsi fort gravement les âmes...?!? Mais, sur cette pénible et irritante question, je termine là mon apologie du Millenium, cet aspect important du dogme catholique qui n'aurait jamais dû être mis sous le boisseau dans l'Église, comme il l'a cependant été hélas, depuis les scolastiques, depuis le Ve siècle des saints Augustin et Jérôme.
 
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        Mais, pourrait-on objecter, les descriptifs scripturaires prophétiques des chapitres XXI de saint Jean & VII de Daniel, s'ils ne concernent pas le Ciel éternel comme vous l'avez bien établi, concernent peut-être l'Église dans son économie du Nouveau-Testament ou Temps des nations et de Rome son centre ?
           
        La réponse est que c'est théologiquement impossible. Car les prophètes de Dieu, comme on l'a vu par les quelques passages que j'ai cités (et il y en a bien d'autres), ne font pas que révéler l'existence du Millenium, ils révèlent aussi la théologie de l'économie de salut spécifique du Millenium. Or, le fondement théologique spécifique de l'économie de salut du Millenium, qu'ils décrivent scripturairement à grands traits, s'avère être absolument antinomique, radicalement, avec celui spécifique de l'économie de salut de l'Église du Temps des nations, la nôtre. Ces prophéties du Royaume ne peuvent donc pas concerner l'Église du Temps des nations. Et puisqu'elles ne peuvent concerner ni le Ciel éternel ni l'Église du Temps des nations, elles ne peuvent donc que concerner le Millenium.
           
        Et, ô lecteur attentif, nous allons retomber soudain dans le cœur du problème soulevé hérétiquement par les modernes quant à la liturgie. Qu'est-ce qui caractérise essentiellement, en effet, l'économie de salut de l'Église du Temps des nations ? C'est d'avoir une structure hiérarchique, c'est-à-dire qu'il y a des "membres enseignants" et des "membres enseignés", ce qui s'applique à tous les niveaux, que ce soit pour l'enseignement doctrinal ou pour la confection des sacrements, la liturgie, ou encore pour la désignation du Souverain pontife actuel (dont la légitimité n'est pas du tout laissée au jugement et à la libre appréciation des simples fidèles, comme le croient à tort, par exemple, les sédévacantistes), etc. ; c'est justement la raison pour laquelle il existe non pas seulement un degré entre le sacerdoce royal des fidèles de l'épître pétrinienne et le sacerdoce ministériel des prêtres, sacramentel, mais une différence de nature, essentielle. Parce que les prêtres, par un ordre sacré, hieros - arkè, sont hiérarchiquement séparés et au-dessus des fidèles qu'ils "enseignent" au sens théologique fort. L'étymologie du mot hiérarchie le révèle très-bien, tiré des vocables grec hieros («sacré») et archos («commencement», ou «ce qui est premier») ou plus certainement arkhê («pouvoir», ou «commandement»). Et il est absolument subversif et radicalement destructeur de la Constitution divine de l'Église du Temps des nations de néantiser cette différence essentielle entre les prêtres et les laïcs... ce que précisément tâchent de faire les modernes en voulant promouvoir une "participation active" des simples fidèles dans la liturgie, et comme on a vu le pape Paul VI  lui-même y souscrire dans la première partie de son allocution du 29 juin 1972.
           
        Or, voici comment Jérémie décrit le fondement théologique de l'économie de salut spécifique du Millenium : "Je mettrai Ma loi dans leurs entrailles, et Je l'écrirai dans leur cœur, et Je serai leur Dieu, et ils seront Mon peuple ; et personne n'enseignera plus son prochain et son frère, en disant : Connais le Seigneur ! ; car tous Me connaîtront, depuis le plus petit d'entre eux jusqu'au plus grand, dit le Seigneur ; car Je leur pardonnerai leur iniquité, et Je ne Me souviendrai plus de leurs péchés" (Jér XXXI, 33-34). Il n'est pas besoin d'être grand'clerc en théologie pour comprendre que le prophète de Yahweh nous fait là un descriptif précis du fondement théologique de l'économie de salut qui aura lieu dans le Royaume, comme étant spécifiquement... non-hiérarchique. Ce qui signifie que ces passages prophétisant sur les temps du Royaume ne sauraient concerner l'Église du Temps des nations et de Rome son centre, dont le fondement essentiel est justement d'être... hiérarchique. Il y a antinomie formelle entre ce que nous dit Jérémie et le fondement hiérarchique de la Constitution divine de l'Église du Temps des nations et de Rome son centre. C'est tout simplement parce que le prophète de Yahweh nous décrit là le Millenium.
           
        Théologiquement en effet, le fondement de l'économie de salut du Millenium est d'être une grande égalité «démocratique», je l'écris avec de sérieux et gros guillemets en rouge parce que, loin de trouver son fondement dans les hommes, cette démocratie participative qui sera l'essence du Millenium trouve son fondement en Dieu, et exclusivement en Dieu seul (soit dit en passant, la démocratie politique post-révolutionnaire actuelle est, là encore, et depuis plus de deux siècles, une anticipation luciférienne des conditions du Millenium, mais elle fonctionne sataniquement à l'envers, en partant du bas, et non en partant du haut). Sans jouer paradoxalement sur les mots, on pourrait tout-à-fait la baptiser : "Théocratie démocratique". Mais, depuis la Révolution, nous vivons tellement sous la "puissance des ténèbres", nous sommes tellement imbibés d'une démocratie qui fonctionne par le bas, que nous ne pouvons même pas comprendre qu'il pourrait exister une Démocratie qui fonctionne par le haut, ou plutôt, pour exactement parler, par le Très-Haut. Or, cette "démocratie divine" sera le fondement de tous les aspects de cette nouvelle économie de salut du Millenium, y compris, bien sûr, celui... liturgique. Et l'on voit par-là l'anticipation luciférienne des modernes qui veulent déjà vivre cette nouvelle économie du Millenium, tant quant à la chose politique qu'à celle religieuse, alors que Dieu ne l'a pas encore instaurée...
           
        Mais voici une autre spécificité de l'économie de salut du Millenium, qui ne peut concerner l'Église du Temps des nationsIsaïe nous décrit cette connaissance de Dieu par tout fidèle vivant l'économie spécifique du Millenium, ainsi : "On ne fera point de mal et on ne détruira plus sur toute ma montagne sainte [par ce terme, le prophète décrit Jérusalem glorifiée dans les temps du Millenium, comme ayant subi une très-grande élévation physique, elle sera la plus haute montagne sur toute la terre d'alors, complètement remodelée ; mais encore, par extension et dans un second sens, la "montagne sainte" décrit aussi ce que sera devenu toute la terre ― Après la destruction de tous les empires historiques représentés par le colosse aux pieds d'argile, Daniel, lui aussi, voit le Millenium sous la figure d'une montagne :  "La pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre" ― Dan II, 35] ; car le pays sera rempli de la connaissance de Yahweh comme le fond des mers par les eaux qui le recouvrent" (Is XI, 9). Cette prophétie est si importante, que le Saint-Esprit la fait redire par le prophète Habacuc (II, 14). Cela signifie, comme l'image le dit très-clairement, le fond de la mer étant parfaitement recouvert de l'eau de la mer sans qu'il n'y ait aucun endroit, aucun interstice même très-petit, où il n'est pas recouvert par elle, que tout homme sera pénétré d'une connaissance mystique de Dieu, délivrée radicalement de toute ignorance invincible (ce qui, soit dit en passant, le rendra beaucoup plus responsable moralement devant Dieu), et non plus ascétique, avec des tas d'ignorances invincibles de la Vérité de Dieu, comme cela ne caractérise que trop la connaissance de Dieu dans notre économie de salut du Temps des nations. Deuxième aspect du Millenium qui ne peut, donc, pas plus que le premier, concerner l'économie spécifique de l'Église du Temps des nations... C'est pourquoi, l'homme du Millenium, ayant une parfaite connaissance de Dieu, au surplus une connaissance mystique, sera "roi et prêtre", comme nous le dit on ne peut plus clairement saint Jean dans son Apocalypse : "Et Vous nous avez faits rois et prêtres pour notre Dieu, et nous règnerons sur la terre" (Apoc V, 10) ; et encore : "Et qui [Lui, le Christ] a fait de nous Son royaume et des prêtres pour Dieu Son Père ; à Lui la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Amen" (Apoc I, 6).
           
        Je viens donc d'établir, sommairement certes, que les prophéties scripturaires du Royaume ne regardant ni le Ciel éternel, ni non plus l'Église dans son économie de salut du Temps des nations, ne peuvent donc avoir comme objet formel que le Millenium.
 
 
ViergeAuGlobeDOrBuste
           
        Or, mon lecteur l'a déjà compris, c'est tout cela, toute cette virtus propre aux seuls temps à venir du Millenium, que les modernes, par anticipation luciférienne impure et orgueilleuse, sans aucun respect de la Geste divine à venir, veulent absolument et à toutes forces actualiser dans notre Temps des nations (et, illuminés de leur gnose, plus les temps vont avancer vers le règne de l'Antéchrist-personne, plus ils vont devenir de plus en plus furieux pour l'actualiser dans l'Église, écoutant de moins en moins ce qui pourrait les ramener à un peu plus d'orthodoxie, comme Mgr Arthur Roche ne nous le montre bougrement que trop bien, en vrai bogomile). D'où, par exemple, la nouvelle définition de la Messe : elle n'est plus le Sacrifice du Christ, mais "l'assemblée solennelle de la communauté chrétienne", comme s'il n'y avait plus, déjà, que des rois et des prêtres dans ladite communauté chrétienne, nouvelle définition professée, comme on sait, dans l'Introduction du novus ordo missae en 1969, mais... qui était déjà la définition d'un Directoire pour la pastorale des sacrements, adoptée par l'assemblée plénière de l'épiscopat pour les diocèses de France, en... 1951, quasi quinze ans avant le concile moderne, comme en témoigne un exemplaire dudit Directoire que j'ai en archive !
           
        Donc, dans l'Église moderne, anticipation luciférienne du Millenium sur le plan liturgique, certes, mais pas que. Car en fait, les modernes veulent mettre tout, dans l'Église, au diapason de leur pseudo-millénarisme, rien ne doit plus y échapper... Le délire synodal auquel on assiste actuellement dans l'Église moderne procède lui aussi de cette anticipation luciférienne des conditions "démocratiques divines" du Millenium, où tout fidèle, tel qu'il est, sera plein de la connaissance de Dieu, et donc doit être écouté, et non plus seulement entendu, même s'il s'agit d'un fidèle... gay. Parce que lui aussi est désormais roi et prêtre. Et c'est bien pourquoi le pape François, par exemple, guide sa théologie morale non plus sur des règles garde-fous précises (on s'en est bien rendu compte avec Amoris Laetitia), mais sur la situation morale actuelle où se situent les... rois et prêtres qu'il veut désormais voir en face de lui dans tous les simples fidèles indistinctement ; c'est donc forcément devenu une théologie morale en situation, puisqu'il veut se croire en présence de rois et de prêtres comme inhabités de Dieu !
           
        Cette perversion pseudo-millénariste va très-loin chez le pape François, elle va jusqu'à lui faire revoir la définition de la papauté. Il y a quelque temps, on l'a vu tenir des propos bizarres, étranges, sur la fonction pontificale suprême, qu'il s'agirait soi-disant de reconsidérer dans son fondement même. C'était dans le cadre d'un discours sur ce qu'est le synode dans l'Église : "La nécessité et l’urgence d’une conversion de la papauté ― «Une Église synodale est une Église de l’écoute, de la conscience qu’écouter c’est plus qu’entendre». Tout finit au niveau du Pape, «appelé à se prononcer comme pasteur et docteur de tous les chrétiens», «non à partir de ses propres convictions mais comme témoin suprême». La manière dont le Pape exerce son ministère au sein de l’Église s’apparente donc à une «pyramide renversée où le sommet se trouve sous la base» [!!!]. Une position qui souligne le service que doit le Pape à tous. «Hier, aujourd’hui et toujours, l’unique autorité est l’autorité du service, l’unique pouvoir est le pouvoir de la croix». Le pape François souligne «la nécessité et l’urgence de penser à une conversion de la papauté», expliquant que le Pape n’est pas au-dessus de l’Église mais à l’intérieur, en tant que premier serviteur" (cf. http://fr.aleteia.org/2015/10/19/francois-appelle-leglise-a-plus-de-decentralisation/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=topnews_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr-Oct%2019,%202015%2002:37%20pm). Le pape serait alors conçu, non plus comme "le serviteur des serviteurs de Dieu", Servus servorum Dei entendu à la manière très-orthodoxe du pape saint Grégoire-le-Grand (540-604), mais seulement comme l'expression de tout le peuple de Dieu composé de "rois et de prêtres", qui sont devenus ses égaux, qui tous ensemble sont le pape, et qu'il ne ferait que manifester passivement dans et par sa fonction et sa personne. Ce qui est hétérodoxe au plus haut point, est-il besoin de le dire, dans notre économie de salut du Temps des nations. Mais on est là en plein raisonnement pseudo-millénariste...
 
ViergeAuGlobeDOrBuste
            
        Mais je quitte le ciel à l'envers pour respirer à nouveau à pleins poumons avec le Ciel à l'endroit. Pendant le Millenium, la condition de l'homme sera très-élevée, autant dans l'ordre surnaturel que dans celui purement naturel. Au point que, comme nous dit saint Irénée de Lyon, "cette vivante synthèse du christianisme tout entier au IIème siècle" (Daniel-Rops) et significativement grand docteur du millénarisme, dans le ch. V de son Contra Haereses, "l'homme renouvelé sera mûr pour l'incorruptibilité au point de ne plus pouvoir vieillir" (36.1 ― ch. V qu'il consacre tout entier à une apologie du Millenium et qui pourfend si bien tous les raisonnements anti-millénaristes, que les scolastiques, complètement impuissants à le réfuter, l'ont, le plus malhonnêtement et honteusement du monde, carrément... supprimé dans les éditions ultérieures de Contra Haereses, pendant plus de mille ans, ... millenium eschatologiquement maudit s'il en fut !, du Vème au XVIème siècle, où il fut retrouvé, presque par hasard, par un religieux au nom prédestiné, le Père cordelier Feuardent... ça ne s'invente pas !).
           
        Tout homme en effet, vivant dans le Millenium, pourra, par les mérites obtenus par la sainteté de sa vie (car ce sera le spirituel qui gouvernera le temporel, les choses étant revenues dans l'ordre), avoir la grâce de vivre tout le temps imparti au Millenium, soit... mille ans. Et c'est bien pourquoi d'ailleurs, Isaïe, nous entretenant sur ce temps du Millenium délivré des effets du péché originel, nous apprend que "il n'y aura plus là d'enfant né pour peu de jours, ni de vieillards qui n'accomplisse pas le nombre de ses jours, car ce sera mourir jeune que de mourir centenaire, et c'est à cent ans que la malédiction atteindra le pécheur" (Is LXV, 20). Car en effet, il ne faudrait pas s'imaginer la condition spirituelle très-élevée propre au Millenium comme une confirmation en grâce, c'est-à-dire que l'homme ne pourrait plus pécher, l'homme du Millenium, quoique très-haut dans l'ordre de la grâce, sera toujours dans la possibilité de pécher, ce qui fut aussi le cas, rappelons-nous hélas !, d'Adam, qui, bien que placé dans un ordre spirituel très-élevé, n'en commit pas moins... le premier péché.
           
        Mais l'élévation de la nature corporelle de l'homme, pendant le Millenium, n'est rien si on la compare à l'élévation spirituelle de son âme, de la vie de la grâce en lui. Saint Irénée nous dit que, dans le Millenium, "l'homme nouveau conversera avec Dieu d'une manière toujours nouvelle" (ch. V, 36.1). N'est-ce pas cette vision des choses que semble évoquer Paul VI, lorsqu'il nous dit que "les fidèles qui sont appelés à être fils de Dieu (...) doivent exercer ce dialogue, cette conversation avec Dieu dans la religion, dans le culte liturgique, dans le culte privé. Ils doivent étendre le sens du sacré également à leurs actes. (...) Le chrétien (...) peut apporter quelque chose de nouveau, éclairer, sacraliser également les choses temporelles, extérieures, passagères, profanes" (revoir supra). Malheureusement, ce n'est pas du tout en notre Temps des nations, appelé par saint Paul "l'âge mauvais" (Eph V, 16), que cela est possible, mais seulement dans le Millenium, par la grâce toute-puissante du Saint-Esprit descendue sur tout l'univers et singulièrement dans les âmes de tous les hommes. Encore un coup, vouloir que les conditions du Millenium puissent être actualisées dans une économie de salut inférieure et antérieure qui n'est pas le Millenium, c'est une anticipation luciférienne peccamineuse, comme je l'exprime dans le titre de mon présent article.
           
        "L'homme nouveau conversera avec Dieu d'une manière toujours nouvelle". Dans mon livre Bientôt le Règne millénaire, j'évoquais la figure de Joachim de Flore (1135-1202), qui, quoique prophète fort imparfait du Millenium que d'ailleurs il n'appelait pas ainsi, n'en donnait pas moins un prodigieux éclairage sur cette phrase de saint Irénée. Pour Joachim de Flore en effet, ce qui caractérise essentiellement le Millenium, c'est que l'homme qui y vivra aura une parfaite et plénière illumination de la sainte-Écriture des deux premiers Testaments, l'Ancien et le Nouveau, ce qui rejoint soit dit en passant ce que prophétise Isaïe et Habacuc, lorsqu'ils nous apprennent que dans le Millenium "le pays sera rempli de la connaissance de Yahweh comme le fond des mers par les eaux qui le recouvrent".
           
        C'est pourquoi, pour Joachim de Flore, qui était moine et fondateur d'un grand mouvement monastique dans son XIIème siècle, il baptisait le Millenium, l'aetas monachorum, l'état monacal au plus haut sommet (le but spirituel ultime de la vie monastique en effet, est de vivre parfaitement le Christ par la sainte-Écriture). Mais comprenons bien que l'homme parfaitement illuminé de la connaissance de la sainte-Écriture, c'est ni plus ni moins "l'homme spirituel" dont nous parle saint Paul (I Cor II, 15), comme étant inhabité du Christ à la fois Dieu et Homme parfait. La sainte-Écriture parfaitement entendue, en effet, c'est le Verbe de Dieu Lui-même. Les auteurs appellent une Parole de Dieu, une parole substantielle, c'est-à-dire qu'elle crée un monde, un cosmos, rien que par le fait même d'être prononcée, elle ne fait pas que dire une forme, elle la crée. Mais si l'homme donc, comme le sera tout homme vivant dans le Millenium, a connaissance plénière et parfaite du Verbe de Dieu exprimé dans la sainte-Écriture, il a en quelque sorte communication avec la Divinité. L'intelligence parfaite de la sainte-Parole de Dieu dans l'Écriture lui donne en effet cette communication ineffable, qui lui donne un très-grand pouvoir. C'est ce que Jésus tâche de faire comprendre à ses disciples, lorsqu'Il leur dit : "En vérité, Je vous le dis, si vous aviez de la Foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d'ici, là, et elle s'y transporterait ; et rien ne vous serait impossible" (Matth XVII, 19). C'est précisément la grâce suréminente dont le Saint-Esprit investira tout homme dans le Millenium. L'homme du Millenium sera dans la condition d'Adam avant le péché originel, il est en quelque sorte inhabité de Dieu, Dieu fait sa demeure en lui par l'illumination de son Verbe. On pourrait prendre la comparaison avec l'état des Apôtres le jour de la Pentecôte où l'Esprit de Dieu, faisant soudain irruption dans leur nature humaine, les inhabite de la Vertu de Dieu, les surélève radicalement au-dessus d'eux-mêmes sans qu'ils n'aient eu aucun effort à faire pour cela, c'est un Don de Dieu.
           
        Et c'est par ce Don de Dieu dans l'homme du Millenium, qu'il sera apte à tout vrai sacerdoce dans l'Église et toute vraie royauté sur la Création, l'intelligence parfaite de la Parole, du Verbe, par la sainte-Écriture, mettant l'homme dans l'état de co-créateur et de co-sacrificateur, selon l'ordre de Melchisédech. C'est pourquoi d'ailleurs, Joachim de Flore appelait le Millenium, "tempus sub spiritali intellectu" ou encore "mysticus intellectus" (alors que notre économie de salut actuelle est appelée par lui "tempus sub littera evangeli"). Et le Millenium n'adviendra nullement pour abolir notre Temps des nations et de Rome son centre, quand la vérité est qu'il l'accomplira dans la Gloire divine.
 
ViergeAuGlobeDOrBuste
           
        Il me semble que je peux aborder maintenant la question du culte liturgique dans le Millenium, qui est au cœur du sujet de mon article puisque je dénonce chez les modernes et Mgr Arthur Roche, d'en faire une anticipation luciférienne dans notre présente économie de salutOr, le culte liturgique du Millenium sera un culte de soi dévolu, évidemment, à tout homme, seul ou avec ses semblables. Il n'y aura plus aucune différence de nature sacerdotale entre le prêtre et le simple fidèle, pour la très-bonne et excellentissime raison que l'un sera l'autre et l'autre sera l'un. De plus, non seulement l'homme du Millenium sera prêtre sacerdotal, mais on peut penser qu'il pourra être lui-même "hostie" pour ses frères, par dérivation de la grande Hostie, celle du Christ. Voici comment j'exprimais la chose il y a trente ans dans une page de mon livre Bientôt le Règne millénaire, après avoir exposé la pensée de Joachim de Flore :
           
        "L'on peut, avec toute la prudence qui s'impose en un tel domaine sacré, émettre quelques idées j'espère pas trop imparfaites : dans le 1er Testament, il y avait un agneau figuratif qui ne contenait en rien le Corps de Jésus-Christ Notre-Sauveur (qui seul nous sauve dans toutes les économies particulières de salut qui se succèdent dans tous les Temps du monde du début jusqu'à la fin, mais de façon différente). Dans le 2ème Testament, celui de l'Église du Temps des nations et de Rome son centre, Notre-Seigneur donne son Corps Lui-même aux chrétiens. Et pourquoi ne pas penser que ce Corps divin nourrissant ses fidèles tout au long du IIème Testament, permettrait la Régénération du IIIème Testament ou Millenium, c'est-à-dire qu'il serait donné au fidèle nourri de l'Hostie divine pendant tout le IIème Âge d'être finalement, par le Sacerdoce du Saint-Esprit, prêtre et peut-être même hostie lui-même, médiatement, indirectement, par le Christ-Hostie (et non pas, bien entendu, immédiatement, directement) ?... Mais le Bon Dieu nous révèlera à son Heure, ce que nous devons entendre exactement de l'Écriture quand elle nous révèle que ceux qui participeront au Millenium seront «les prêtres du Très-Haut». L'important en telle matière si sacrée, est évidemment l'esprit de piété et d'Amour de Dieu ; ce qui n'équivaut pas à un esprit de pusillanimité, de timidité excessive, voire de pudibonderie spirituelle, qui pourrait précisément nous faire refuser ce que Dieu veut nous donner, comme ce qui est arrivé aux juifs lorsque Jésus leur annonça l'Eucharistie de son Corps.
           
        "Rouvrons en effet l'Évangile. Jésus-Christ qui venait instaurer la IIème économie de salut avait, en face de Lui, des juifs tout pénétrés de celle de l'Ancien-Testament : pour eux, l'Agneau devait être toujours figuratif. Or, après les avoir préparés patiemment à la révélation supérieure du IIème Testament, voici qu'un jour Notre-Seigneur enlève le voile et leur dit clairement qu'il faut, maintenant, manger la chair elle-même du Messie pour être sauvé... De la chair d'un animal consacré figurant le Messie, les juifs étaient désormais conviés à se nourrir de la Chair elle-même du Messie ! Terrible révélation pour ceux qui n'étaient pas véritablement pieux, qui vivaient de l'écorce de la Religion...! Pour ceux-là, le choc fut trop grand, aussi bien l'Évangile nous apprend qu'en ce jour, la défection fut grande chez les juifs et jusque dans les rangs des disciples du Christ (cf. Jn VI, 47-72). C'est à méditer. Car le palier cultuel et liturgique du IIème Testament au IIIème Testament ou Millenium, sera sûrement aussi grand à franchir que celui des juifs au temps du Christ" (p. 146). Dans un manuel de piété des plus classiques, Précieux recueil de spiritualité, d'A. Ponthaud, on trouve une révélation faite par Notre-Seigneur à une âme mystique, qui conforte le sens que je viens d'exposer : "À une sainte Religieuse hospitalière. ― Cette source divine [de la grâce surnaturelle] qui est en toi grossit à chaque Communion ; mais tu n'es pas assez pénétrée de ma Présence en toi, et de cette vérité, que c'est bien à la Nature divine que tu communies, que tu participes à l'Essence divine... Comme il ne reste plus du pain et du vin que les apparences, il faut qu'il ne reste, en toi, rien de naturel et de corrompu ; il faut que tout soit divin" (fin de citation). 
           
        Je suis parvenu maintenant à la fin de mon article. Entre la poire et le fromage, je ne peux manquer de dire que le transhumanisme des initiés mondialistes actuels menés par Klaus Schwab est aussi une anticipation des plus satanistes du Millenium, plus encore que luciférienne, anticipation qui n'est qu'un monstrueux et diabolique plagiat de l'assomption de l'homme dans le Millenium. Ces possédés-là (de véritables monstres d'impiété et d'iniquité qui auraient été mis sans procès ni jugement sur le bûcher au Moyen-Âge !), dont l'inspirateur est par trop visiblement Satan lui-même, ont pour projet de détruire radicalement la nature humaine telle qu'elle a été créée par Dieu pour prétendument... construire leur homme nouveau, par une symbiose diabolique entre la matière et la nature humaine !! Comme s'il était possible d'élever la condition de l'homme en commençant par... détruire l'homme dans son fondement ontologique !!! Mais ces maudits-là sont tellement satanisés dans leur âme qu'ils ne sont même plus capables, tel Hitler (... avec lequel le père de Klaus Schwab avait des accointances...), de conscientiser leur folie. Avec le transhumanisme, on est là en plein satanisme nazi, mais notons bien qu'il s'agit pour nos satanistes de vouloir créer un homme nouveau dans un ordo nouveau du monde, en imitation satanique du Millenium, par une soi-disant "quatrième révolution industrielle"...
           
        Il me semble nécessaire maintenant de donner deux définitions.
           
        Certains entendent à faux le terme "millénarisme" comme d'une période messianique initiée par l'homme à l'intérieur de l'Histoire, tel le IIIème Reich d'Hitler par exemple, qui devait durer mille ans. Mais il ne s'agit là que d'un FAUX millénarisme, non d'un vrai, et pour deux raisons. Le vrai millénarisme, c'est le Millenium après et non avant la Parousie, à l'extérieur de l'Histoire donc, radicalement post-historique, et de plus, et pour cette raison même, il est initié exclusivement par Dieu, l'homme n'y ayant aucune part.
           
        Il me semble nécessaire aussi de bien définir ce que j'entends en qualifiant le projet pseudo-millénariste liturgique des modernes de luciférien, car certains pourraient trouver excessif ce qualificatif. Être luciférien, c'est adorer l'idée de Dieu au mépris du Dieu réel, et non Dieu Lui-même. Quand je qualifie de luciférien le projet pseudo-millénariste liturgique des modernes, c'est à cela que je fais allusion. Je ne soupçonne évidemment nullement les modernes à commencer par Mgr Roche d'être les adeptes d'un culte extérieur conscient à Lucifer, comme les satanistes le font de Satan dans leurs sabbats, mais je dénonce en eux un culte luciférien intime et implicite : s'illuminer intellectuellement l'âme de l'idée millénariste et vouloir humainement mettre en oeuvre le Millenium au point de ne plus prendre aucunement en compte que Dieu n'a pas réellement fait advenir le Millenium, c'est être luciférien ou à tout le moins avoir une pratique luciférienne.
 
 
ViergeAuGlobeDOrBuste
           
        Comment finir sans rappeler qu'à Fatima, en 1917, il y a eu une prodigieuse révélation du Millenium... que personne n'a remarqué... comme toujours en pareille occurrence !! Qui, en effet, parmi les innombrables auteurs et les dizaines de milliers de pages qui ont été écrites sur Fatima depuis 1917, a remarqué que l'extraordinaire miracle du soleil... n'est pas... le miracle du soleil, c'est le miracle du soleil... ET de l'arc-en-ciel ? Et pas l'un sans l'autre ? Personne, à ma connaissance, je veux dire en tirant l'enseignement millénariste formel que le Ciel a donné à ce prodigieux double-miracle. Or, comme je vais l'établir tout-de-suite, l'arc-en-ciel est symbole et signe non seulement de l'Éden passé, mais encore du Millenium à venir, futur, véritable Éden redivivus. Mais on passe à pieds joints, sans même y faire attention, sur l'éclatante signification millénariste du miracle de l'arc-en-ciel qui accompagne au plus près le miracle du soleil, et qui, les relations des témoins le montrent, est aussi grand que lui. Le sens profond du miracle du soleil ET de l'arc-en-ciel qui a lieu à Fatima est cependant extrêmement clair : le soleil est symbole du Christ en Gloire revenant à la Parousie pour juger le monde actuel ; et l'arc-en-ciel qui en est comme une émanation essentielle et très-topique est symbole du Millenium ou Règne de la Gloire du Christ, qui suit très-immédiatement la Parousie même, et qui est généré par elle.
           
        Ainsi donc, les hommes sont si aveuglés sur le Millenium, qu'ils n'en voient pas les signes les plus forts, les plus évidents, même quand ils leur crèvent les yeux. Il y a vraiment là un mystère d'obscurcissement presque incroyable, durant tout le Temps des nations et de Rome son centre, sur la révélation du Millenium...
           
        Avant de donner les assises scripturaires et théologiques sur la signification millénariste de l'arc-en-ciel, je crois bon de commencer par relater cet extraordinaire miracle du soleil ET de l'arc-en-ciel de Fatima.
           
        "... Or, ce 13 octobre 1917, chacun sait que, après une pluie dense, le ciel soudain se dégagea, et les 70 000 témoins purent regarder, sans que leurs yeux soient blessés, un soleil insolite, ayant l'apparence «d'une rondelle de matière polie, comme découpée dans la nacre d'une coquille»" (Toute la vérité sur Fatima, fr. Michel de la Sainte-Trinité, t. I, p. 326). Et puis, subitement, c'est le miracle extraordinaire du soleil... ET de l'arc-en-ciel. "Soudain, écrit le fr. Michel, synthétisant tous les témoignages, l'astre se mit à trembler, à se secouer avec des mouvements brusques, pour finalement tourner sur lui-même à une vitesse vertigineuse, en lançant des gerbes de lumière de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel" (ibid., p. 327).
           
        Mais, pour une appréciation parfaite du double-miracle, ce qui est très-important parce que fort peu perçu même par les fatimistes les plus engagés, lisons ensemble les relations d'époque, les témoignages de ceux qui ont vu : "Il [le soleil] tournait comme une roue de feu d'artifice, en prenant toutes les couleurs de l'arc-en-ciel" (ibid., p. 327). "Durant le phénomène solaire, que je viens de décrire en détail [tremblement, puis danse, puis chute en zig-zag, etc.], il y eut dans l'atmosphère des colorations variées. Tandis que je fixais le soleil, je remarquais que tout s'obscurcissait autour de moi. Je regardais près de moi, je jetai mes regards au loin, jusqu'à l'extrémité de l'horizon, et je vis que tout était couleur d'améthyste [violet]. Les objets, le ciel, l'atmosphère avaient la même couleur. Un chêne violet, qui se dressait en face de moi, projetait sur la terre, une ombre foncée... En continuant à regarder le soleil, je remarquai que tout s'éclaircissait. Bientôt, j'entendis un paysan, près de moi, dire avec stupéfaction "Cette dame est toute jaune !" De fait, tout avait changé, de près et de loin, et avait pris le ton de vieux damas jaune. Les gens paraissaient atteints de jaunisse (...). Ma main avait le même ton jaune" (ibid., pp. 327-328). Remarquons bien que rien n'échappe au miracle, et que tout est baigné, selon ce témoignage, dans le violet ou le jaune... deux des couleurs de l'arc-en-ciel. "Le soleil produisait différentes couleurs : jaune, bleu, blanc..." (ibid.), rapporte Maria da Capelinha. Maria do Carmo : "Le soleil prenait toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Tout prenait les mêmes couleurs : nos visages, nos vêtements, la terre elle-même" (ibid.). "Une lumière dont la couleur varie d'un instant à l'autre, se reflète sur les personnes et les choses" (ibid.), note le Dr Pereira Gens. Ti Marto [le père de la petite Jacinthe] : "Le soleil lançait des faisceaux de lumière et peignait tout de différentes couleurs" (ibid.).
           
        Le fr. Michel rapporte même ce fait formidable : "Un témoin d'Alburitel [petit village juché sur une colline et situé, prenons-en bien conscience pour appréhender l'ampleur du phénomène, à... 18 ou 19 kms de Fatima !!], l'abbé Inacio Lourenço, signale que les objets revêtaient des couleurs diverses, suivant leur emplacement : «Les objets reflétaient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. En nous regardant les uns les autres, l'un paraissait bleu, l'autre jaune, l'autre rouge...»" (ibid.) ! À environ vingt kms de Fatima : voilà qui montre bien que le miracle de l'arc-en-ciel est tout aussi phénoménal que celui du soleil...
           
        Évidemment, le miracle du soleil est si saisissant qu'il occulte, pourrait-on dire, celui de l'arc-en-ciel, et les esprits trop pressés s'y sont laissés prendre. Mais supposons un moment que le miracle de l'arc-en-ciel tel qu'il est décrit par tous les témoins se soit produit sans celui du soleil. N'aurait-il pas, à lui tout seul, fait une impression extraordinaire identique à celle que produisit le miracle du soleil ? Or, ce que je suppose là, est arrivé à Fatima le... 13 août 1917, lors de l'apparition "ratée" à cause du bourgmestre athée et anticlérical qui avait enlevé les enfants pour les empêcher d'aller au rendez-vous fixé par la Vierge ce jour-là. Les enfants donc ne purent être au rendez-vous, mais... la Vierge vint, selon que le prouvent les signes visibles habituels qui signalaient sa présence aux pèlerins (un petit nuage blanc planant au-dessus du chêne vert, etc.). Et, ce jour-là, le miracle de l'arc-en-ciel se manifesta sans donc celui du soleil, selon le témoignage qu'en fait Maria Carreira : "En regardant alors autour de nous, nous observâmes une chose étrange, que nous avions déjà vue, la fois précédente [déjà, le 13 juillet, donc], et que nous devions voir encore dans la suite. Les visages des gens avaient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel : rose, rouge, bleu..."
           
        Ce 13 août 1917, le miracle de l'arc-en-ciel se manifeste donc tout seul, sans celui du soleil. Mais, ô lecteur, il y a une chose bien plus extraordinaire encore qui arrive, ce 13 août : "Les arbres ne paraissaient pas avoir des rameaux et des feuilles, mais seulement des fleurs ; tous paraissaient chargés de fleurs, et chaque feuille paraissait une fleur. Le sol était comme recouvert de carreaux de couleurs différentes. Les vêtements aussi étaient de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Les deux lanternes attachées à l'arceau paraissaient être en or" (ibid., p. 251). Le sens millénariste de ce miracle du 13 août est donc encore plus fort, d'une évidence... si évidente, il semblait vraiment que le Ciel faisait déjà rentrer toute l'humanité dans l'ère du Millenium, mais ce ne fut qu'un éclair fugitif qui dura seulement le temps du miracle. Non seulement, en effet, le phénomène prodigieux de l'arc-en-ciel se manifesta tout seul, mais la terre en fleurs semble se revêtir de la beauté édénique du Millenium, et voilà qui rejoint les prophètes de Yahweh lorsqu'ils décrivent la beauté de la terre régénérée édéniquement dans le Millenium, ou encore ce que dit la Reine des prophètes à La Salette lorsque, pas même dans le Secret donné à Mélanie et dont certains pusillanimes voudraient douter mais dans le Discours public approuvé par l'Église, elle déclare que "S'ils se convertissent, les pierres et les rochers se changeront en blé, et les pommes de terre se trouveront ensemencées par les terres" !
           
        À Fatima, on ne peut pas dire que le Ciel n'a vraiment pas fait TOUT ce qu'il fallait faire pour que l'homme, pour que l'Église, comprenne le message prophétique du Millenium à venir...!!
           
        Mais j'en viens maintenant à la symbolique de l'arc-en-ciel. Voici ce que j'écrivais sur le sujet dans Bientôt le Règne millénaire : "L'arc-en-ciel est un mémorial de la Création originelle immaculée. Il y avait avant le Déluge d'eau de Noé un anneau aqueux englobant toute la terre, et le soleil, passant à travers cette eau «au-dessus des cieux» (Gen I, 7), reflétait sur toute la surface du ciel et donc aussi sur la terre, en vagues universelles sans cesse changeantes, les paradisiaques couleurs de l'arc-en-ciel [exactement, donc, comme cela s'est passé en tout petit à Fatima !]" (p. 30).
           
        Or, le Déluge d'eau aux temps de Noé vit s'effondrer sur la terre les eaux au-dessus des cieux générant cet arc-en-ciel universel, et donc il disparut. Mais le Bon Dieu en laissa un vestige dans le ciel en signe de son alliance éternelle avec l'homme et la terre entière : "Voici le signe de l'alliance que J'établis pour jamais entre Moi, et vous, et tous les animaux vivants qui sont avec vous. Je mettrai Mon arc dans les nuées, afin qu'il soit le signe de l'alliance que J'ai faite avec la terre. Et lorsque J'aurai couvert le ciel de nuages, Mon arc paraîtra dans les nuées ; et Je Me souviendrai de l'alliance que J'ai faite avec vous et avec toute âme qui vit et anime la chair ; et il n'y aura plus à l'avenir de déluge qui fasse périr dans ses eaux toute chair qui a vie. Mon arc sera dans les nuées, et en le voyant Je Me ressouviendrai de l'alliance éternelle qui a été faite entre Dieu et toutes les âmes vivantes qui animent toute chair qui est sur la terre. Dieu dit encore à Noé : Ce sera là le signe de l'alliance que J'ai faite avec toute chair qui est sur la terre" (Gn IX, 12-17). Et si le Bon Dieu nous donna ce signe pour marquer son alliance éternelle avec les hommes, c'est évidemment parce qu'un beau jour, appellation qui convient si bien au Millenium, Il a le dessein de remettre la terre dans sa perfection originelle édénique, sous les auspices paradisiaques de l'arc-en-ciel. Et précisément, le Déluge de feu universel devant clore notre fin des temps opèrera ce retour aux conditions édéniques de la terre, en restaurant, par évaporation universelle de toutes les eaux qui étaient tombées sur la terre lors du Déluge de Noé, cet anneau aqueux dans les nuées supérieures, lequel, englobant à nouveau toute la terre, donnera derechef l'arc-en-ciel universel... qui est si bien prophétisé, par les seuls faits et sans parole, dans les apparitions de Fatima ! C'est bien pourquoi d'ailleurs on a lu plus haut dans le ch. XXI de l'Apocalypse que lorsqu'il est donné à saint Jean de voir la terre dans sa condition restaurée du Millenium, il nous apprend que "la mer n'existait plus" (v. 1), il en sera effectivement bien ainsi puisque les eaux de la mer seront, par le Déluge de feu, reparties dans les nuées du ciel...
           
        Car en effet, j'ai écrit que l'arc-en-ciel est mémorial de la Création originelle immaculée, mais il est aussi prophétie que cette Création originelle immaculée revivra... à la fin des temps. L'arc-en-ciel est à la fois mémorial et prophétie. Une particularité essentielle de la langue hébraïque, laissée sous le boisseau, va nous le confirmer. Laissons Joseph Vercruysse-Bruneel nous l'expliquer : "Le verbe être qui joue un si grand rôle dans toutes les langues, est rarement exprimé en hébreux ; on doit l'y suppléer soit au passé, soit au présent ou au futur, et souvent dans deux temps à la fois, quand le temps est historique et qu'il est prophétique en même temps. Qui peut dire si ce n'est pas à cause de ce double point de vue, qu'on trouve continuellement dans l'Écriture l'emploi des verbes au futur avec le «vav conversif» indiquant le prétérit, pour nous faire comprendre que le texte est historique pour le passé et prophétique pour l'avenir (...). N'est-ce point la manie de traduire exclusivement le futur ayant un «vav conversif» par le passé, qui voile le plus le sens prophétique de la Bible ? C'est une erreur qui se fait particulièrement voir dans les Psaumes et dans les Prophéties. Qu'on lise les Psaumes dans le sens du futur, ou du futur passé [temps spécifique à l'hébreu, qui d'ailleurs reproduit cette loi que "la fin des choses se calque sur leurs débuts"], au lieu de les prendre dans le sens du passé, et on aura le plus magnifique et le plus exact tableau des temps à venir et de la Régénération du monde !" (La régénération du monde - Opuscule dédié aux douze tribus d'Israël", 1860, p. 9).
           
        Sur le plan théologique, on pourrait dire très-justement, quant au sens prophétique de l'arc-en-ciel, qu'il est le protévangile du Millenium. C'est le symbole des beautés parfaites de l'Éden qui reviendront habiter la terre dans le Millenium, avec ses sept couleurs harmoniques signifiant la plénitude divino-humaine (3 + 4) des perfection terrestres. La sainte-Écriture d'ailleurs le souligne elle-même : "Vois l'arc-en-ciel, et bénis Celui qui l'a fait ; il est très-beau dans son éclat. Il a fait le tour du ciel dans le cercle de sa gloire ; les mains du Très-Haut l'ont étendu" (Eccl XLIII, 12-13). La beauté et la gloire de Dieu se manifestent par l'arc-en-ciel, c'est du moins ce que voit Ezéchiel dans son descriptif mystérieux du Trône de Dieu, au ch. premier de ses prophéties scripturaires ("Comme l'arc qui paraît dans une nuée en un jour de pluie : tel était l'aspect de la lumière qui brillait tout autour" ― Ez I, 28), description d'ailleurs reprise par saint Jean dans son Apocalypse ("Et Celui qui était assis [sur le trône] avait l'aspect d'une pierre de jaspe et de sardoine ; et un arc-en-ciel était autour du trône, d'un aspect semblable à une émeraude" ― Apoc IV, 3). Manifestement, Dieu se sert de l'arc-en-ciel pour Lui-même comme d'un apparat de beauté...
           
        Si nous ne devions pas revoir un jour une terre renouvelée dans la beauté du Créateur, comme dans l'Éden, Yahweh, après le Déluge de Noé qui vit la destruction de l'arc-en-ciel universel, ne nous aurait jamais donné un vestige de cet arc-en-ciel, ce signe de "l'alliance éternelle", pour nous accompagner tout au long de l'histoire de l'humanité, car nous n'en aurions plus eu besoin. S'Il l'a donné, c'est parce qu'Il veut prophétiser en acte l'avènement d'un temps futur où la terre sera remise dans sa condition édénique originelle... avec l'arc-en-ciel universel. Car tel est le Plan de Dieu.
           
        ... En conclusions sur ce point, je descends dans les bas-fonds actuels. Est-il besoin de rappeler que le symbole de l'arc-en-ciel est pris comme gonfanon de combat par toute la chienlit pseudo-millénariste du New-Âge et des LGBT+, qui s'imaginent trouver dans leurs mœurs les plus déchues et/ou contre-nature une soi-disant liberté absolue et un paradis terrestre ignoble ?
 
 
ViergeAuDeuxGlobes
           
        Mais c'est avec la Vierge de la rue du Bac que je veux mettre le point final à mon article, dont toute l'ambition est de remettre énergiquement et avec une ardeur... Boanergès, le Millenium sur le chandelier de l'Église, parce que c'est l'antidote surnaturel radical et parfait contre les pires et plus graves déviances de notre monde moderne actuel, auxquelles l'Église s'est hélas acoquinée damnablement depuis le fatidique concordat de Pie VII avec Napoléon. On aura bien remarqué que j'ai mis la Vierge au globe d'or de la rue du Bac comme vignette inter-paragraphes de mon article. Pourquoi je l'ai fait ? La réponse est simple.
           
        En 1830, la très-sainte Vierge Marie apparaît, comme tout le monde le sait, à Sœur Catherine Labouré. Mais les moines de Clairval font très-bien de préciser ceci : "Selon la vision décrite par sainte Catherine Labouré, la Vierge de la Médaille Miraculeuse n'avait pas les mains ouvertes tendues vers le bas, mais les mains à la hauteur de l'estomac tenant un globe [d'or] surmonté d'une croix, la Vierge au globe. (...) Sous ses pieds se trouvait un autre globe tel qu'il est représenté sur la Médaille Miraculeuse" (https://www.traditions-monastiques.com/fr/blog/statue-vierge-miraculeuse-globe-rue-bac-medaille-n145).
           
        Or, pour des raisons toutes plus mauvaises voire stupides les unes que les autres, les supérieurs ecclésiastiques de Sœur Catherine ne tinrent pas compte du globe d'or et le supprimèrent carrément (... comme s'ils savaient mieux que la Vierge comment elle devait apparaître !!!). Ils firent frapper la célèbre médaille miraculeuse en faisant graver une Vierge immaculée les bras ouverts, dont les mains répandaient des rayons. Le même raisonnement fut tenu pour la statue qui devait représenter l'Apparition dans la chapelle où elle avait eu lieu, rue du Bac... au grand désappointement de Sœur Catherine qui ne put pas faire exécuter une statue selon la vision exacte qu'elle avait eue, c'est-à-dire avec les deux boules représentant la terre, l'une, en or, dans les mains de la Vierge, l'autre, grise et terreuse, sous ses pieds et enlacée par le serpent. Ce mauvais statu quo dura... plus de quarante ans. Sœur Catherine confia à sa supérieure, Sœur Dufès, quelques mois avant sa mort, en 1876, que toutes les demandes de la Vierge avaient été accomplies, sauf l'érection sur les lieux de l'Apparition d'une statue la représentant avec la boule d'or dans ses mains, et c'était... "le martyre de sa vie" (Les apparitions de la Vierge, Omer Englebert, p. 16). Curieusement, alors que la médaille miraculeuse connut une publicité foudroyante et instantanée (... heureusement, le Ciel ne tint pas compte de la non-conformité de la gravure de la médaille avec l'Apparition, la médaille produisit immédiatement d'innombrables et très-grands miracles...), la Sœur Dufès mit vingt longues années supplémentaires à vaincre les réticences cléricales pour faire aboutir le projet d'érection d'une statue de la Vierge selon la vision authentique de l'Apparition, et la Vierge au globe d'or attendit 1896 et l'approbation du pape Léon XIII pour être installée dans la chapelle de la rue du Bac, soit soixante ans après l'Apparition !!
           
        ... On n'en sera pas surpris quand l'on comprendra que le globe d'or dans les mains de la Vierge représente LA TERRE DANS L'ÉTAT FUTUR DU MILLENIUM. L'or, en effet, est symbole de la Divinité, et une boule terrestre toute en or signifie à l'évidence que la terre, débarrassée des effets du péché originel, est devenue toute entière inhabitée de la Gloire divine, comme dans le Millenium. Il ne faut donc pas s'étonner, puisque la Vierge au globe d'or a une signification millénariste évidente et certaine, que ce seul aspect de l'Apparition ait été cléricalement si combattu et si longtemps, par des prêtres sans doute complètement inconscients d'œuvrer à mal dans le sens anti-millénariste : rien, en effet, n'est plus dur à faire passer dans le monde chrétien, et plus encore dans celui clérical, que la révélation millénariste !!!
           
        C'est en effet la grille de lecture apocalyptique qui donne la signification profonde de la vision exacte de l'Apparition mariale de la rue du Bac. Dans cette vision, il y a deux globes terrestres, l'un, dans une posture humiliée, sous les pieds de la Vierge, gris, terreux, enlacé par le serpent de la Genèse, non-illuminé, et celui-là représente la terre dans son économie de salut actuelle, toute soumise au péché originel et au prince de ce monde ; l'autre, élevé dans les mains immaculées de la Vierge, comme un trésor précieux et de grand prix contemplé par la Reine des Prophètes, représente, tout en or, la terre illuminée de Divinité, comme elle le sera dans le Millenium, lorsque la toute-Puissance divine instaurera après la Parousie une nouvelle économie de salut pour la terre entière, libérée des effets du péché originel. C'est pourquoi il y a dans la vision authentique très-prophétique de la rue du Bac, deux globes, l'un pour le présent, l'autre pour le futur...
           
        Il n'y a pas que l'Apparition mariale de Fatima à dire le Millenium, à le crier même avec une telle force que les hommes ne l'entendent pas, à la rue du Bac, le Ciel le crie aussi, et là encore, c'est toujours pour des sourds (on pourrait aussi évoquer, avec le même sens prophétique millénariste, le cœur tout en or de la Vierge de Beauraing ; et aussi, le gros point d'or final qui termine le message de Pontmain... comme pour montrer ce que deviendra la terre à la fin de l'humanité).
           
ViergeAuDeuxGlobes
 
        Ce que je souhaite beaucoup à Mgr Arthur Roche, actuel préfet de la Congrégation pour le culte divin, c'est de comprendre ce que la Vierge a dit à la Rue du Bac : nous sommes encore présentement avec le globe terrestre enlacé par le serpent, nous ne sommes pas du tout avec le globe d'or tout inhabité et illuminé de la Gloire divine. Il y a donc anticipation luciférienne à vouloir vivre liturgiquement une économie de salut qui corresponde au globe d'or alors que nous sommes toujours dans le globe enlacé par le serpent... et Dieu sait assez si nous y sommes bougrement enlacés, dans nos temps actuels.
           
        Cette méditation serait sûrement très-utile à faire par ce prélat au tempérament passionnel, visiblement très-amoureux du pouvoir ecclésiastique et engagé à fond du donf dans de mauvaises rails. Parce qu'il va être créé cardinal par le pape François dans la fournée du mois d'août prochaincertainement en récompense de ses excellentissimes et très-loyaux services pour la cause liturgique moderne pseudo-millénariste, et certainement aussi pour lui donner encore plus de pouvoir pour... mal faire.
           
        François l'a même mis le tout premier sur sa liste officielle, cf. https://www.vatican.va/content/francesco/fr/angelus/2022/documents/20220529-regina-caeli.html !!, est-ce que ce ne serait pas, par hasard, parce que le pape, âgé et malade, va faire ce qui sera probablement son dernier consistoire de création de cardinaux POUR créer cardinal Mgr Roche ??! Le pape Jean XXIII, rappelons-nous, avait fait de même quelque temps avant de mourir, faisant ce qui fut l'unique consistoire de création de cardinaux de son court pontificat (1958-1963) POUR créer cardinal Mgr Jean-Baptiste Montini futur Paul VI, afin qu'il puisse devenir pape à sa mort... ce qui arriva.
           
        ... Et si celui qui deviendra donc dans deux mois le cardinal Arthur Roche, 71 ans, était élu pape, à la mort de François...???
           
        Alors, nous n'aurions pas encore l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, mais nous y serions AU PLUS PRÈS.
           
        Je dédis cet article au Sacré-Cœur de Jésus qui nous sauve par Amour.
 
En la fête du Sacré-Cœur de Jésus,
ce 24 juin 2022.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
         PS, ce 1er septembre 2022 : Je me rends compte, surpris de mon oubli, que j'ai omis de préciser que le 27 juin 2022, quelques jours après avoir rédigé mon article, je l'ai adressé sur papier à Mgr Arthur Roche, Dicastero per il Culto Divino e la Disciplina dei Sacramenti ― 00120 Città del Vaticano, avec la petite lettre d'accompagnement suivante :
 
Argentré-du-Plessis,                                                                      Ce 27 juin 2022.
(Petite-Bretagne ― France)
 
        Révérendissime Mgr Arthur Roche,
 
        C'est en tant que tout petit prophète laïc du Seigneur que je vous envoie cet article que je viens d'écrire, et qui vous concerne au premier chef.
        Cependant, si je suis tout petit, et même parfaitement inexistant aux yeux du monde et de l'Église, ce que je dis est très-grand (car cela ne vient pas de moi).
        Et c'est pour vous, Mgr Roche. Per charitas, croyez-le bien.
        Chacun a son chemin de conversion. Vous trouverez le vôtre dans mon article.
        Je vous prie, Monseigneur, d'avoir la très-grande bonté d'excuser la langue française employée dans cet article et dans cette lettre, je ne connais ni l'anglais ni l'italien.  
        Avec tout le respect et la prière d'un tout petit prophète du Seigneur, Révérendissime Mgr Arthur Roche.           
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
http://www.eglise-la-crise.fr/
 
 
 
24-06-2022 20:11:00
 

La conception liturgique pseudo-millénariste de Mgr Arthur Roche, préfet de la Congrégation pour le culte divin, anticipation vaticandeuse luciférienne d'une nouvelle économie de salut (1)

 

La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie : une demande désormais obsolète, dépassée ? À laquelle la paresse spirituelle des chrétiens continue à croire, papes modernes y compris ? (2)

 
 
 
 
 
La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie :
Une demande désormais obsolète, dépassée ?
À laquelle la paresse spirituelle des chrétiens continue à croire,
papes modernes y compris ?
(2)
 
       
           
        [Mais, après une percée jusqu'en 1952, reprenons à présent le fil chronologique de l'Histoire, et profitons-en pour faire le point. La première période de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie demandée par Notre-Dame de Fatima, qui se déroule de 1917 jusqu'en 1945, fin de la deuxième guerre mondiale, est maintenant définitivement close. Elle se subdivise en trois parties, 1917-1929, 1929-1939, 1939-1945, et toutes les trois ont pour cadre la deuxième guerre mondiale comme seul objet formel de la Consécration : de 1917 jusqu'à 1939, c'est pour l'"empêcher", puis, une fois déclenchée en 1939, c'est, jusqu'en 1945, pour la raccourcir.
           
        [Nous allons maintenant rentrer dans la période suivante, étudier ensemble une toute autre période où la Consécration demandée n'a plus du tout pour objet d'empêcher ou de raccourcir la deuxième guerre mondiale, puisqu'aussi bien elle est désormais passée et trépassée, mais de sauver la Russie et, subséquemment, le monde entier derrière elle. C'est la période qui s'étale de 1945 jusqu'en 1989, c'est-à-dire depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu'à la chute du mur de Berlin qui voit l'effondrement de l'URSS soviétique, viscéralement marxiste-léniniste, période dite de la guerre froide].
           
 
        Pendant cette période 1945-1989, et seulement pendant cette période, se vérifient les avertissements de Notre-Dame de Fatima, concernant les erreurs non plus nazies cette fois-ci, mais communistes, "répandues à travers le monde". La Russie, ou plutôt l'URSS, est certes bien, durant cette période 1945-1989, le péril immédiat et dangereux pour le salut des âmes et la paix du monde. Il s'agit donc de la convertir.
           
        ... Mais cette conversion voulue par Notre-Dame de Fatima et par le Ciel n'est pas du tout ce que les petit-bourgeois occidentaux qui s'entretiennent et se conjouissent entre eux dans la Foi domestique se sont imaginés, et que trop de feuilles chroniqueuses populacières, de méprisables feuilles de choux bondieusardes et hélas souvent cléricales, ont trop relayé pendant des décennies et des décennies de tromperie des âmes occidentales, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu'à nos jours, à savoir : il y a les bons d'un côté, qui, eux, n'ont pas besoin de conversion étant des justes devant le Seigneur, et c'est nous bien sûr, vive nous !, tous les peuples démocrates de l'Ouest, USA comprise, les fameux "Alliés", ... nous on est les jam bons, pardon, les gens bons !, et puis, de l'autre côté, il y a le méchant à convertir, en fait le seul et unique méchant de toute la planète, qui est la Russie devenue URSS...
           
        Or, la vérité spirituelle vraie de la situation est complètement aux antipodes, à l'opposé : l'URSS en effet, n'est jamais rien d'autre que l'extériorisation du péché collectif post-révolutionnaire mondial de TOUTES les nations occidentales, vivant désormais, comme je viens de l'expliquer plus haut, dans des sociétés de l'homme excluant Dieu comme Principe, à la fois fondateur et quotidiennement vivifiant des sociétés. Après la Révolution, TOUT LE MONDE, POLITIQUEMENT, EST À CONVERTIR. ET, AVANT, BIEN AVANT LA RUSSIE DEVENUE URSS, CELA COMMENCE PAR LA CONVERSION DES NATIONS OCCIDENTALES, ET CELA SE CONTINUE PAR LA CONVERSION DE LA ROME DES PAPES MODERNES, qui, au lieu d'être encore et toujours la locomotive surnaturelle du monde tirant tous les wagons-nations, s'est transformée depuis la Révolution en dernier wagon humaniste tamponne-cul, derrière toutes les démocraties du monde qui, ensemble, quant à elles, sont devenues une locomotive luciférienne complètement folle filant à toute vapeur vers l'enfer éternel, comme dans la vision de Franz Jägerstätter ! Qu'est-ce que l'URSS en effet ? Les politologues définissent sa constitution politique comme "un capitalisme d'État", fonctionnant donc en opposition radicale et au rebours complet du capitalisme individuel qui meut, peu ou prou, toutes les sociétés démocrates de l'homme occidentales. Et si l'on regarde comment elle fut fondée en 1917, il est bien connu que ce sont les banques anglo-saxonnes et judéo-maçonnes occidentales qui ont financé la révolution russe de 1917, ayant ainsi permis l'érection politique de l'URSS qui, sans ce financement, n'aurait jamais pu avoir lieu. Ainsi donc, il n'est que trop vrai de dire que l'URSS est le produit national fabriqué par le péché politique collectif post-révolutionnaire de TOUTES les nations de l'Occident. L'URSS, c'est NOTRE péché à tous, nous les Occidentaux post-révolutionnaires. On ne saurait donc parler de la conversion de la Russie-URSS sans parler de notre propre conversion, nous les occidentaux.
           
        On pourra se demander ici pourquoi les sociétés politiques occidentales post-révolutionnaires basées sur les "droits de l'homme" athées antichrists, ont éprouvé le besoin de se créer un contre-pouvoir au niveau d'une nation, qui, donc, fut la Russie ? La réponse est d'ordre eschatologique, je l'ai déjà exprimée en finale de mon dernier article, dans son Addenda que je recopie ici : "Lorsqu'un Grand-Oeuvre est dans la main de Satan et de ses séides déchus comme lui, il se construit toujours par le moyen d'un jeu dialectique, avec deux forces qui vont dans la même direction mais en double-inversé, s'entendant au for interne mais s'opposant au for externe, Gog et Magog" (cf. http://eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/reflexions-sur-le-nazisme-universel-contemporain-encore-dit-democratie-universelle?Itemid=577). Magog a besoin de Gog pour exister (et vice-versa) : le capitalisme apatride, judéo-maçon autant qu'anglo-saxon, a besoin d'un "capitalisme d'État" comme le sera l'URSS, pour exister, ou, plus exactement dit, pour continuer d'exister.
           
        Les nations occidentales apostates et la Russie soviétique, c'est le mystère de Gog et Magog. Approfondissons un peu cela. "GOG. ― Le nom de Gog est surtout fameux par les écrits apocalyptiques, admis ou non au Canon. Ezéchiel le donne au chef des puissances mauvaises engagées dans un ultime combat contre Dieu et son peuple. Ce Gog est dit «du pays de Magog», «souverain de Mèchek et de Toubal» [on trouve ces deux noms légèrement transformés, soit dit en passant, dans les appellations de certaines régions de la Russie actuelle]. Après avoir semé la terreur et les pires désordres, il sera vaincu et éliminé avec tous ceux qui l'auront rallié ; alors s'établira le Règne définitif de Yahvé. Évoquant le même thème, l'Apocalypse de saint Jean fait de Gog et de Magog deux personnages symétriques, représentant les «nations» perverties par Satan, et par lui conduites aux derniers jours, contre «le camp des saints et la Ville bien-aimée», c'est-à-dire «le camp» des chrétiens et la Jérusalem nouvelle qu'est déjà l'Église ; pour le prophète de Nouveau-Testament comme pour celui de l'Ancien, la défaite des ennemis du peuple de Dieu est assurée". (...) "MAGOG. ― Ce nom apparaît d'abord dans la Table des peuples de la Genèse, parmi ceux des «fils de Japhet», représentant des ethnies non-sémitiques. (...) Enfin, comme de nombreux écrits rabbiniques, l'Apocalypse fait de Magog un personnage symbolique, symétrique de Gog : avec celui-ci, il figure les nations païennes «des quatre coins de la terre», mobilisées autour de Satan pour l'ultime combat contre la nouvelle Cité de Dieu. Gog et Magog seront alors «dévorés par le feu du ciel» tandis que le diable, leur séducteur, sera précipité avec tous les mauvais dans l'éternel «étang de feu et de soufre»" ((Dictionnaire de la Bible, André-Marie Gérard, respectivement, p. 446, col. 1, art. Gog & p. 838, col. 2, art. Magog).
           
        Si l'Ancien-Testament ne révèle pas le dédoublement de Gog et Magog en deux entités de même nature, la révélation en est par contre bien faite dans l'Apocalypse, qui les décrit comme "deux personnages symétriques, représentant les «nations» perverties par Satan". Par ailleurs, il nous est révélé que Magog est fils de Japhet, non-sémitique, ce qui cible en plein les peuples occidentaux, Magog étant "un personnage symbolique, symétrique de Gog". Tout cela est très-clair, nous sommes bel et bien en présence de Gog et Magog, depuis l'apostasie collective des nations occidentales autrefois chrétiennes lors de la Révolution, et l'érection subséquente dans le monde politique de l'URSS quelqu'un siècle et demi plus tard.
           
        Il semble, cependant, que les nations occidentales apostates actuelles et la Russie soviétique soient seulement figures de Gog et Magog. Car sinon, Notre-Dame de Fatima n'aurait pas demandé la Consécration de la Russie, qui figure Gog, par laquelle elle doit lui donner la grâce de la conversion, et pas plus n'aurait-elle demandé la conversion-réparation des nations occidentales, qui figurent Magog, par la dévotion des cinq premiers samedis du mois, car en tant que Reine des prophètes, elle sait fort bien ce que vient de nous rappeler André-Marie Gérard, à savoir que Gog et Magog sont prédestinés à ne pas se convertir et à finir dans l'enfer éternel.
           
        Les nations occidentales apostates et la Russie soviétique en sont néanmoins une figure des plus représentatives, étant bel et bien constitutionnellement impies et dialectiquement opposés au for externe entre elles, comme deux "personnages symétriques" évoluant ensemble dans le mysterium iniquitatis.
           
        Puisque donc Notre-Dame de Fatima voit possible la conversion de la figure de Gog qu'est la Russie soviétisée, c'est que donc la conversion de la figure de Magog, ces fils de Japhet que sont tous les peuples occidentaux apostats depuis la Révolution, est elle aussi possible, et c'est bien pourquoi elle confectionne pour eux la dévotion des cinq premiers samedis du mois pour opérer leur conversion.
           
        Comme la Russie soviétisée n'est que l'effet second du péché collectif des sociétés de l'homme occidentales (métapolitiquement, ce n'est pas la Russie en effet qui se diabolise elle-même, ce sont les nations occidentales qui la diabolisent), la première conversion à opérer n'est donc pas celle de la Russie, mais bel et bien celle de toutes les sociétés occidentales, de Rome et des anglo-saxons, en ce compris ceux US outre-Atlantique. C'est D'ABORD eux qui doivent se convertir, pour que la grâce de la conversion de la Russie puisse lui être donnée au moyen de la Consécration. Ce point est capital à bien saisir dans l'économie du Plan de salut révélé par Notre-Dame de Fatima.
           
        Cet aspect de la question est fort bien révélé dans le message de Fatima qui, ...  enfin !, satisfait à la bonne logique qui réjouit l'esprit. Quand bien même en effet, dans la proto-prophétie du 13 juillet 1917 qui fonde toute cette économie, la Consécration de la Russie est demandée avant la dévotion réparatrice (= "Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois"), dans les faits concrets, le Ciel va chronologiquement demander à Sœur Lucie de révéler au monde la dévotion réparatrice en 1925-26, quasi quatre ans AVANT de demander en 1929 au pape qu'il fasse la Consécration de la Russie. C'était on ne peut mieux bien indiquer que la conversion des nations occidentales, opérée par cette dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois, devait avoir lieu avant celle de la Russie, laquelle ne pourrait avoir lieu, quant à elle, que si la conversion des nations occidentales était opérée. En fait, le moteur spirituel de la conversion générale du monde est tout entier dans la main des nations occidentales, ce sont elles qui ont la main de décision devant le Ciel : si elles décident de se convertir, alors la conversion de la Russie pourra être opérée et suivra ; mais si elles rejettent leur propre conversion, alors la conversion de la Russie ne pourra être opérée...
  
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        J'ai été obligé de critiquer Sœur Lucie plus haut, je suis bien aise ici de pouvoir dire que la révélation qu'elle a en 1925 quant à la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois à Pontevedra, elle n'a alors que dix-huit ans, est de toute beauté mystique. La voici, texto (elle se met à la troisième personne, par humilité) :
           
        "Le 10 décembre 1925, la Très-Sainte Vierge lui apparut, et, à côté d'elle, porté par une nuée lumineuse, l'Enfant-Jésus. La Très-Sainte Vierge mit la main sur son épaule et lui montra, en même temps, un Cœur entouré d'épines qu'elle tenait dans l'autre main. Au même moment, l'Enfant lui dit : «Aie compassion du Cœur de ta très Sainte Mère, entouré des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu'il y ait personne pour faire acte de réparation afin de les en retirer». Ensuite, la Très-Sainte Vierge lui dit : «Vois, ma fille, mon Cœur entouré d'épines que les hommes ingrats m'enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, tâche de me consoler, et dit que tous ceux qui, pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront, recevront la sainte Communion, réciteront un chapelet, et me tiendront compagnie pendant quinze minutes en méditant sur les quinze mystères du Rosaire, en esprit de réparation, je promets de les assister à l'heure de la mort avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme»" (Toute la vérité sur Fatima, t. II, pp. 154-155).
           
        Le fr. Michel, commentant cette révélation, est tout-à-fait fondé à écrire : "Il y a beaucoup plus encore dans cette promesse [que le seul salut individuel de l'âme qui satisfait à la dévotion des cinq premiers samedis du mois], car la pensée missionnaire est partout présente dans la spiritualité de Fatima. La dévotion réparatrice nous est proposée aussi comme un moyen de convertir les pécheurs qui sont en plus grand danger de se perdre et comme une intercession très-efficace pour obtenir du Cœur Immaculé de Marie la paix du monde" (ibid., p. 160). Il y a tellement plus, en effet, qu'en fait cette dévotion est présentée par Notre-Dame de Fatima POUR OBTENIR LA CONVERSION DES ÂMES DES NATIONS OCCIDENTALES, AUX FINS, PAR-LÀ, DE POUVOIR OBTENIR LA CONVERSION DE LA RUSSIE ET DONC CELLE DU MONDE ENTIER.
           
        Cette dévotion est de plus la fleur et le fruit issus d'une longue tradition pieuse dans l'Église. Le fr. Michel fait bien de rappeler l'antique et immémoriale dévotion des quinze samedis pratiquée par les membres des confréries du très-saint Rosaire, que Léon XIII indulgencia en 1889. Plus loin dans le temps, une autre dévotion mariale similaire, celle des douze premiers samedis du mois fut également indulgenciée par Pie X, en 1905 ; "le 13 juin 1912, enfin, saint Pie X concédait de nouvelles indulgences à des pratiques qui annoncent presque exactement les demandes de Pontevedra. (...) Et le 13 novembre 1920, le pape Benoît XV accordait de nouvelles indulgences à cette même pratique accomplie le premier samedi de huit mois consécutifs" (ibid., p. 161).
           
        L'abbé Pivert, dans son commentaire indigné de la récente Consécration insuffisante de la Russie par le pape François (... pas plus insuffisante, cependant, que celle de Pie XII en 1952, s'il lit ces lignes, j'invite l'abbé Pivert à bien vouloir relire, crayon à la main, Sacro vergente anno, il y verra exactement les mêmes manques graves et "sacrilèges" que ceux qu'ils fustigent d'importance, certes à fort juste titre, dans la Consécration de François...), a très-bien discerné et compris cette ordonnance de la conversion, d'abord, des nations occidentales apostates, puis ensuite, une fois celle-ci opérée rendant possible la conversion de la Russie, celle de la nation russe. Il note fort bien, par exemple que "Il n’y a aucune réparation [dans le texte de la Consécration de François]. La situation actuelle est pourtant bien le résultat de révoltes de plus en plus ouvertes contre Dieu. Si le pape veut se consacrer, qu’il se convertisse ! Aucune promesse d’encourager la communion réparatrice des premiers samedis du mois. La consécration apparaît au contraire comme une bénédiction des armes du «bien» occidentales contre les armes du «mal» russes [Rien de plus vrai : on est là dans l'optique petit-bourgeois occidental qui voit la paille dans l'œil russe mais qui refuse de voir la poutre dans son œil occidental à lui... et qui refuse plus encore de voir carrément toute une toiture de charpente dans l'œil du Siège de Pierre !].
           
        "Par la suite, notamment après les huit actes faits par les papes Pie XII, Paul VI et Jean-Paul II, Sœur Lucie a de nombreuses fois répété ces demandes de Notre-Seigneur et Notre-Dame. En conséquence l’acte demandé au pape est : 1/ une consécration ; 2/ de la Russie ; 3/ au Cœur Immaculé de Marie ; 4/ en union avec tous les évêques du monde ; 5/ avec un acte de réparation ; 6/ et la promesse d’approuver et de recommander la communion réparatrice des premiers samedis du mois.           
           
        "Premiers samedis du mois. ― Il n’est jamais fait mention de la communion réparatrice des premiers samedis du mois [dans toutes les Consécrations de la Russie des papes modernes, veut sans doute dire l'abbé Pivert]. Or cette demande est particulièrement importante et ne peut être omise pour les raisons suivantes : 1re raison ― Le but principal des apparitions de Fatima est le salut des pécheurs par l’établissement dans le monde de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. C’est une volonté de Dieu Lui-même que Notre-Dame a confié aux petits voyants. Le 13 juin 1917, elle leur a dit : «Jésus veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut. Ces âmes seront chéries de Dieu comme des fleurs placées par Moi pour orner son trône». La demande fut répétée presque mot pour mot le 13 juillet 1917 : «Pour sauver les âmes, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix». 2e raison ― La Sainte Vierge a dit le 13 juillet 1917 : «Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé ET la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute MES demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix» et non pas «MA demande». Cela signifie que si toutes ses demandes ne sont pas respectées, la Russie ne se convertira pas et l’on n’aura pas la paix. 3e raison ― Sur les deux demandes énoncées le 13 juillet, la Sainte Vierge est venue demander d’abord la communion réparatrice des premiers samedis du mois. En effet, elle l’a demandé le 10 décembre 1925 à Pontevedra, demande répétée le 15 février 1926, soit trois ans avant de demander la consécration de la Russie. La première demande est nécessairement plus importante que la seconde" (La consécration d'hier : un odieux sacrilège, 26 mars 2022, abbé François Pivert).
           
        L'abbé Pivert a tout-à-fait raison dans son édifiant exposé (contrairement à Jeanne Smits qui, sur son blog, ose faire des raisonnements honteusement superficiels, mondains et petit-bourgeois, comme quoi les graves omissions de François dans sa Consécration du 25 mars dernier, quant à la dévotion réparatrice qu'il ne mentionne pas, quant à l'absence de l'union formelle des évêques du monde entier avec lui, etc., ne seraient que des... "questions bien secondaires" !! ; à sa place, j'essayerai de casser ma plume, avant d'écrire de pareilles énormités scandaleuses, qui montrent une inintelligence complète du mystère salvateur de Fatima et un grave lâchage de la vraie Foi).
           
        Conclusion. Sœur Lucie a fort bien précisé que non seulement la Consécration de la Russie devait faire l'objet d'un acte solennel de la part du pape, mais également que la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie devait être approuvée et propagée par lui, pape, dans tout le monde catholique occidental. Relisons sa lettre au P. Gonçalves : "Le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie, si le Saint-Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie [au Cœur Immaculé de Marie ; et non pas aux saints Cœurs de Jésus et Marie, comme l'écrit Sœur Lucie dans un pénible lapsus calami...], et si Sa Sainteté promet, moyennant la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice indiquée ci-dessus [les cinq premiers samedis du mois]". Les deux devaient en effet faire l'objet d'une proclamation pontificale universelle près le peuple chrétien, l'une devant opérer la conversion des occidentaux, l'autre celle de la Russie, la première devant précéder la seconde, dans l'ordre de la conversion générale du monde...
           
        On peut dire que les papes ont à peu près pris conscience d'avoir à faire la Consécration de la Russie pour obtenir sa conversion, dans cette seconde période 1945-1989 qui nous occupe dans ce chapitre, mais pas du tout d'avoir à propager la dévotion réparatrice auprès des peuples occidentaux pour obtenir leur conversion. Or, puisque c'était la conversion des occidentaux qui devait précéder et actionner celle de la Russie, sinon rien, cela rendait impossible, par le fait même, la conversion de la Russie.
           
        Ne faisant pas un historique suivi sur Fatima dans mon présent article, déjà long, je n'en dirai pas plus sur cette longue période qui s'étend de la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu'en 1989.
  
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        Je passe maintenant à la période suivante, celle qui nous concerne tous bougrement, qui court de 1989 jusqu'à nos sinistres jours de 2022...
           
        Après 1989 et l'écroulement de la Russie soviétique, la prophétie de la Consécration de la Russie n'a plus cours, elle devient obsolète, périmée, dépassée. Après 1989 en effet, la Russie, comme, avant elle, l'Allemagne après 1945, n'est plus possédée par un démon, ni l'une ni l'autre nation ne sont plus ni soviétisée ni nazifiée. La Consécration de la Russie devient donc sans objet. Remettons-nous bien devant les yeux en effet, que si la très-sainte Vierge demande dans la proto-prophétie du 13 juillet 1917 la Consécration de la Russie, c'est uniquement parce que si on ne la fait pas, alors, elle va répandre ses erreurs à travers le monde. Ce qui présuppose donc qu'elle est mauvaise. Et c'est parce qu'elle est mauvaise, possédée par le démon communiste, que la Reine des prophètes veut qu'elle soit consacrée à son Cœur Immaculé. Mais si le démon communiste la quitte, elle n'est plus mauvaise, ou du moins pas plus que toutes les autres nations du monde dont les constitutions politiques sont post-révolutionnaires et basées sur "les droits de l'homme", elle n'a subséquemment plus d'erreurs à répandre à travers le monde, et donc elle n'a pas plus besoin d'être le sujet d'une Consécration au Cœur Immaculé de Marie, spéciale et particulière, qu'une autre nation. Ce qui signifie qu'à partir de 1989, chute du mur de Berlin et de l'écroulement sur pied de l'empire soviétique, et, petit à petit, de l'évanouissement de la constitution politique communiste de l'URSS, la Consécration de la Russie devient donc caduque, sans objet.
           
        Un fait d'Histoire confirme étonnamment, assez extraordinairement (au point que certains veulent y voir carrément le triomphe du Cœur Immaculée de Marie, à la fin, c'est-à-dire, quant à la Russie, en 1989-1991, période qui voit la fin du communisme soviétique), cet évanouissement complet et définitif du démon communiste en Russie. Mais je laisse le chroniqueur d'Eecho, de qui je tire le fait, le dire : "Il faut revenir en 1991, à la tentative de putsch contre le président de l’URSS Gorbatchev et indirectement aussi contre celui de la Fédération de Russie, Boris Eltsine. Privé de toute radio ou télévision vu que Ostankino [Tour-antenne sise à Moscou où étaient centralisés tous les médias radio-télévisés de l’URSS] était occupé par les putschistes, Eltsine eut recours à l’émetteur radio pirate FM qu’un russe orthodoxe de Moscou venait de lancer (sans permission, comme on l’a fait en France fin des années 70) ; il se rendit chez lui et appela les Moscovites à venir le soutenir au Parlement. Il retourna ainsi la situation. C'était le 21 août 1991. Plus tard, Eltsine revit ce jeune russe orthodoxe, qui lui expliqua que tout avait été annoncé par la Vierge Marie avant la révolution bolchevique (laquelle eut lieu en novembre 1917 de notre calendrier). C’est alors que le Président de la Russie décida une grande émission radio-télévisée pour le 13 octobre suivant, consacrée à Fatima. Ainsi, une journée radio et TV fut consacrée à la Vierge Marie de Fatima, en duplex entre Moscou (par la tour Ostankino) et la radio-télévision portugaise (bien entendu, personne n’en rendit compte sur les TV occidentales en dehors du Portugal). Les peuples soviétiques furent donc informés des événements de Fatima, l’émission atteignant les millions de personnes de l’empire soviétique qui existait encore sur papier (la tour Ostankino arrosait encore toutes les Républiques qui en étaient membres, ou l’avaient été). Deux mois plus tard, le jour de Noël 1991, Gorbatchev annonçait la fin officielle de l’URSS. «À la fin, mon Cœur immaculé triomphera»" (bulletin n° 95 d'avril 2022, d'Eecho ― https://www.eecho.fr/).
           
        De plus, il est extrêmement important de prendre conscience que, dans cette période nouvelle post-1989, les papes actuels sont de plus en plus inconvertissables. Ils ne sont pas plus convertissables que les anciens de la nation juive et les grands-prêtres dont Jésus, au temps qui précède immédiatement sa Passion, prédit qu'ils vont le mettre à mort ("Dès lors Jésus commença à montrer à Ses disciples qu'il fallait qu'Il allât à Jérusalem, qu'Il souffrît beaucoup de la part des anciens, et des scribes, et des princes des prêtres, et qu'Il fût mis à mort, et qu'Il ressuscitât le troisième jour" ― Matth XVI, 21). Jésus ne suppose pas un seul instant que les chefs spirituels de la nation juive puissent se convertir et abandonner leur mauvais projet de le tuer, non, Il prend acte que leur non-conversion est définitive, et l'évènement, est-il besoin de le préciser, Lui donna raison. Mais si les papes modernes actuels, à l'instar des grand-prêtres du temps de Jésus, ne peuvent plus se convertir de leur gnose chrétienne-laïque formellement opposée au moyen chrétien-sacral non seulement de la Consécration de la Russie mais encore de la Dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois censée convertir transcendentalement, par la grâce divine, les âmes individuelles, et d'abord celles occidentales, alors, puisqu'il n'y a plus de possibilité de conversion, cela veut dire qu'il ne peut plus y avoir ce que Notre-Dame de Fatima annonce devoir suivre la conversion générale, à savoir "un certain temps de paix" accordé au monde avant l'Antéchrist et son règne d'enfer, maintenant à nos portes, comme chacun sait, avec le great reset...
           
        ... Mais, mais, mais, que faites-vous donc de la proto-prophétie du 13 juillet 1917 faite par Notre-Dame de Fatima, Épouse parfaite du Saint-Esprit qui ne peut ni se tromper ni nous tromper, que vous avez rapportée avec soin en commençant votre article...?! En finale, ne prophétise-t-elle pas très-clairement que "Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix" !?
           
        Mais, mais, mais, l'Épouse du Saint-Esprit qu'est Notre-Dame de Fatima ne peut pas parler contre le Saint-Esprit son Époux. Or, le Saint-Esprit parle le plus ordinairement et le plus simplement aux âmes, à toutes les âmes d'une génération humaine donnée, mêmes celles les moins favorisées des dons de l'intelligence, par les évènements du temps présent, par l'évidence des choses contemporaines. Ces évènements qui arrivent dans notre monde pour marquer chaque époque ne tardent pas à devenir eux-mêmes faits d'Histoire indéniables et très-sûrs pour montrer à toute l'humanité la Vérité et la Vie de Dieu, ou du moins par quelle Voie y accéder. Un exemple tout simple nous en est donné dans l'Évangile : Joseph et Marie habitaient Nazareth ; or le Messie devait naître à Bethléem selon le Plan divin ; impossible donc, humainement parlant, que Jésus naisse à Bethléem ; or, voilà-t-il pas que le recensement de l'empereur romain oblige Joseph à faire le déplacement à Bethléem ! Et c'est ainsi que l'évènement providentiel dans l'humanité, inspiré par le Saint-Esprit à l'empereur romain derrière les causes secondes, manifeste le Chemin de Dieu. Et c'est pourquoi j'ai rappelé plus haut que Melchior Canus, dominicain si éclairé dans la doctrine que les auteurs le rangent juste derrière saint Thomas d'Aquin, donnait la note d'un lieu théologique à l'Histoire, qui consigne tous les chemins montrés par Dieu dans l'humanité, pour accéder à la Vérité et à la Vie de Dieu.
           
        Or, que me montre le Saint-Esprit d'une manière si évidente de nos jours, que refuser cette évidence serait gravement pécher contre Lui (ce qui n'est pas très conseillé, pour parler par antiphrase, dans l'Évangile) ? Quels faits majeurs, qui ne tarderont pas à devenir Histoire, me montre-t-Il ? Le Saint-Esprit me montre que, en 1989, le péril du communisme marxiste-léniniste, soviétique, s'est écroulé sur pied, d'un seul coup d'un seul, aussi radicalement et définitivement que, plus tard, les tours du World Trade Center le feront, c'est-à-dire sans retour possible à l'état antécédent, sans qu'il n'en reste désormais plus rien dans le monde, que de la poudre. Il lui est arrivé ce que le Saint-Esprit prophétise qu'il arrivera à l'Antéchrist-personne : "J'ai vu l'impie grandement exalté, et élevé comme les cèdres du Liban. Et j'ai passé, et déjà il n'était plus ; et je l'ai cherché, mais on n'a pu trouver sa place" (Ps XXXVI, 35-36). Depuis 1989, le fameux péril communiste dont se sont gargarisés tous les petit-bourgeois de la Foi domestique occidentaux pendant des décennies et des décennies depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, juste avant de prendre leur petit-déjeuner, s'empêchant par-là vicieusement, avec grande malice, de voir LEUR péché à eux, le péché démocrate chrétien-laïc barbotant joyeusement dans le péché capitaliste et les sociétés politiques excluant Dieu constitutionnellement, ce fameux péril communiste disais-je, N'EXISTE PLUS, "on ne peut plus trouver sa place". Oh, bien sûr !, il y a bien encore, ça et là sur la planète, quelques gouvernements attardés (mentaux) qui se nourrissent encore du vieux levain de la guerre froide, et notamment dans la Chine (mais d'une manière bien étrange, car le communisme chinois s'hybride de capitalisme d'une façon incompréhensible pour les esprit occidentaux), mais le péril pour les âmes, actuellement, ne se situe plus du tout dans le communisme étatique marxiste-léniniste tellement incarné dans l'URSS. C'est tout simplement une évidence du Saint-Esprit, contre laquelle, je le redis, il n'est pas vraiment conseillé de pécher dans l'Évangile.
           
        Le Saint-Esprit montre en effet que, après 1989, le péril est complètement ailleurs, et non seulement il s'est transformé du tout au tout mais il s'est prodigieusement aggravé, par châtiment divin de la non-conversion des peuples occidentaux, de Rome, et donc aussi de l'URSS, tous méprisant et ne tenant aucun compte du Plan de salut qui devait s'opérer durant cette période 1945-1989. Car, depuis 1989, les démocraties occidentales-Magog, ne trouvant plus l'URSS-Gog, c'est-à-dire ne trouvant plus à s'appuyer dialectiquement contre un ennemi symétrique contre qui lutter au for externe, se sont alors abominablement et orgueilleusement gonflées dans leur propre iniquité, elles ont de plus en plus grossi leur péché, pour aboutir à se transmuer affreusement en sociétés de plus en plus NAZIFIÉES. La crise covidienne de 2020, sq. a montré tout soudain et très-brutalement où on en était rendu de cette affreuse transmutation qui s'est opérée très-occultement et très-sournoisement depuis 1989, elle a montré à tous regards que les sociétés démocratiques de l'homme, qui n'ont jamais voulu se convertir, très-mal dirigées en cela par les papes modernes qui n'ont rien fait d'autre que de les caresser impurement dans leur péché (Pie XII est un modèle du genre...), SE SONT UNIVERSELLEMENT NAZIFIÉES, comme je l'ai expliqué dans mon dernier article Réflexions sur le nazisme universel contemporain, encore dit démocratie universelle. Comme une traînée de poudre depuis 1989, les "erreurs" du nazisme, et non pas celles du communisme, se sont répandues dans tous les gouvernements du monde entier, peu ou prou. Et c'est pourquoi nous arrivons à une sorte de 666 de moins en moins voilé, avec, entre autres, l'identité numérique et le pass vaccinal. Voilà désormais, depuis 1989, le vrai péril, les vraies erreurs, pour le salut des âmes, et elles sont nazies. Tout ce qui s'appelle démocratie est désormais, en 2022, devenu démonazie. Or, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'une fois que le nazisme a conquis tous les gouvernements de la planète, ce qui est pratiquement notre cas, il n'y a plus de retour possible en arrière, tout est devenu totalitariste, il ne peut absolument plus y avoir "un certain temps de paix" ordonné à l'Ordre naturel et surnaturel, il ne peut plus y avoir que l'affreux épanouissement du nazisme universel enfantant son enfant de malédiction suprême, à savoir le règne de l'Antéchrist-personne, ce qu'annonce d'ailleurs très-clairement cette histoire de great reset, qui pend de plus en plus sur nos têtes comme épée de Damoclès par trop prête à tomber.
           
        Par ailleurs, une conversion de la Russie par la Consécration est devenue, depuis 1989, complètement hors-sujet, anachronique, sans fondement : puisque nous avons désormais affaire au démon nazi et non plus à celui communiste, une conversion de la Russie, ... qui n'est même plus communiste !, ne pourrait de toutes façons pas amener la conversion... des gouvernements nazis de la planète entière chapeautés par les instances mondialistes onusiennes et eurocratiques, qui sont devenus le seul vrai et grand péril pour tout le monde ! La conversion de la Russie, de ses erreurs communistes... qu'elle ne professe plus !, est donc devenue complètement obsolète, périmée, dépassée, comme je le disais dans le titre de mon présent article. Voir la Russie comme "le méchant", en 2022, est exactement le contraire de la vérité, Poutine dénonçant la dégénérescence morale des Occidentaux alliés aux USA, étant au contraire "le bon" dans la situation politique actuelle, le gouvernement poutinien ressemble en effet à celui hongrois de Viktor Orban, conservateur et proche du réel politique ; et, s'ils ne sont évidemment pas sans défaut, ces deux-là sont actuellement peut-être les gouvernements les plus proches de l'ordre naturel sur toute la planète ! Comme le disait avec un grand bon sens un internaute sur la toile : "Ce qui serait vraiment prophétique, actuellement, ce serait de consacrer les USA au Cœur Immaculé de Marie, pour les empêcher de répandre de par le monde leurs erreurs !" Des erreurs de mœurs abominables, notamment, que ne connaissent pas les peuples russes actuels, comme par exemple d'enseigner la théorie du gender dans les écoles primaires, permettre l'avortement des bébés venus presque à terme, etc. ...!
           
        Certes, je ne serais pas complet si je ne précisais pas que Poutine a, en arrière-plan, un projet bien réel de nouvel ordre mondial illibéral, en opposition à celui libéral des démocraties occidentales, mais qui oserai-dire sans rire que son ordre mondial eurasien est plus mauvais que celui des démocraties occidentales et des USA ? En fait, nous sommes actuellement en présence, comme je le disais déjà dans l'Addenda final de mon précédent article, de deux nouveaux ordres mondiaux différents et opposés, et c'est assez dire à quel point une conversion de la Russie par Consécration, une Russie qui n'est désormais, depuis 1989, pas plus diabolisée que toutes les autres nations du monde si pas moins, ne saurait amener "un certain temps de paix au monde".
           
        Donc, pour conclure, le Saint-Esprit montre à l'évidence, en 2022, que cette prophétie "Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix", comme si le salut du monde ne dépendait que de la Russie, est absolument et complètement fausse, dans toutes ses parties, elle n'a plus aucun sens, ni queue ni tête, de nos jours, comme appartenant à une économie de salut et de châtiment périmée.
  
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        Ne me demandez surtout pas comment il se fait bien qu'elle puisse être une fausse prophétie, je vous répondrais que je n'en sais absolument et fichtrement RIEN (... sauf, toutefois, que Notre-Dame de Fatima ne peut absolument pas être en cause !), et que, à vrai dire, ce n'est pas mon problème. Sœur Lucie aurait-elle mal compris, aurait-elle affabulé, pour la finale de la proto-prophétie de 1917 ? Je vous répète que je n'en sais RIEN, et à la limite, ça ne m'intéresse pas d'en savoir quelque chose. Ce que je sais par contre très-bien et ce que je dois savoir par devoir de Foi, de par le Saint-Esprit qui me le dit et qui le dit à toute âme n'ayant pas abdiqué l'intelligence de la Foi, c'est que cette dite prophétie se révèle être, en 2022, absolument et complètement FAUSSE. Il ne peut strictement plus y avoir de conversion de la Russie qui amène de soi la paix au monde, attendu que la Russie est actuellement peut-être la nation la moins à devoir être convertie, par comparaison avec n'importe quelle autre nation du monde !! Cette proto-prophétie finale n'aurait pu avoir une réalisation que seulement dans la période 1945-1989, dite de la guerre froide, si, et seulement si, les peuples occidentaux et les papes modernes s'étaient convertis par la "petite" pratique de réparation des cinq premiers samedis du mois universellement répandue et pratiquée dans toutes les paroisses de l'univers occidental, dans une sainte émulation générale entre paroissiens, branchant ainsi toutes les âmes sur le chanel surnaturellement salvateur du Cœur Immaculé de Marie. Quel triomphe de conversion cela aurait été !! Les âmes occidentales auraient compris soudainement, de par la grâce toute-puissante du Cœur Immaculé de Marie, à quel point elles faisaient politiquement fausse route, par leur mœurs démocrates athées insanes, et elles auraient remis Dieu dans leur vie politique, comme cela s'est un peu passé dans le Portugal de Salazar des années 1940. Las ! Cette conversion des nations occidentales n'a pas eu lieu, on ne le sait que trop, et tout le monde à commencer par les papes modernes en est responsable, mais puisqu'elle n'a pas eu lieu, elle n'a pas pu obtenir subséquemment la conversion de la Russie avant 1989, date butoir à partir de laquelle une autre économie de salut, et aussi, hélas, une autre économie de châtiment, prend cours...
           
        Pour le châtiment du monde entier, le Saint-Esprit a changé ses Plans : Il a fait disparaître d'un seul coup d'un seul le péril communiste pour le remplacer par le péril nazi, et cette fois-ci, ce nouveau péril nazi n'est pas, comme dans la version 1.0, confiné dans une seule nation, à charge pour elle de conquérir toutes les autres nations du monde entier à "ses erreurs" (ce que le nazisme hitlérien 1.0 n'a pas réussi à faire), le péril nazi 2.0 actuel est né adulte, il est déjà UNIVERSEL, il n'a pas besoin de conquérir, il a déjà tout conquis, toutes les nations pécheresses sont à sa botte, Dieu lui a mis d'un seul coup la gouvernance mondiale clef en main, il n'a plus qu'à tourner la clef de contact dans le moteur, c'est-à-dire enfanter le règne de l'Antéchrist-personne. Après avoir méprisé tous les Plans divins de salut, notamment celui de Fatima centré sur le péril communiste, Dieu nous punit, nous sommes désormais devant un péril imminent infiniment plus grave, nous sommes à l'heure du châtiment suprême du règne de l'Antéchrist-personne, mérité par nos mépris incessants des Plans de salut du Ciel, depuis celui révélé à sainte Marguerite-Marie par le Sacré-Cœur de Jésus jusqu'à celui du Cœur Immaculé de Marie révélé à Fatima...
  
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        ... Mais alors, si la finale de la proto-prophétie "Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix" est fausse, cela ne voudrait-il pas dire que TOUT Fatima est faux...?!? À Dieu ne plaise !, certainement pas !! Et je n'écris pas cet article pour le faire croire, s'il est besoin de le dire !!! J'ai beaucoup de dévotion et d'amour pour Fatima, surtout pour son message spirituel principal qui consiste dans la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, gage de conversion personnelle. La très-sainte Vierge Marie est en effet ce que saint Louis-Marie Grignon de Montfort appelait "notre nouveau paradis terrestre". C'est par elle, et singulièrement par son Cœur Immaculé, que l'on peut vivre en plénitude, chacun d'entre nous, ce que nous sommes nous-même vraiment, et dans une plénitude humaine aboutie et parfaite puisqu'exorcisée de tout mal et de tout péché, plénitude que nous ne saurions atteindre et nous donner à nous-même de par nos propres forces tarées du péché originel sans parler de ceux que nous rajoutons. Mais si nous vivons par le Cœur Immaculé de Marie, alors nous vivons notre être tel qu'il a été créé par Dieu de manière plénière et dans un épanouissement ontologique parfait, comme jamais nous n'aurions pu le vivre si nous avions voulu vivre cette plénitude par nos propres forces, en self-made man. On pourrait dire que la très-sainte Vierge Marie, et c'est ce qu'elle veut profondément nous enseigner à Fatima, est une sorte de Sainte-Humanité du Christ bis. En elle se récapitule toute humanité existante, passée, présente et future, la vôtre, la mienne, elle nous comprend mieux que nous-même nous nous comprenons, précisément parce qu'elle est immaculée, et que notre être ne se comprend bien que lorsque, lui aussi, est mis dans le mode immaculé. Et c'est pourquoi il est si important de vivre par le Cœur Immaculé de Marie, tout simplement pour vivre notre vie d'homme ou de femme en plénitude parfaite, et parfaitement épanouissante, selon le Plan de Dieu pour chacun.
           
        Quant à ma dévotion personnelle, je dirai que ce qui me convainc le plus que Fatima vient de Dieu, ce n'est pas le miracle du soleil et de l'arc-en-ciel, annonciateur non seulement de la prochaine Parousie en gloire du Christ mais encore du Millenium qui suivra la Parousie, miracle pourtant tout ce qu'il y a de plus extraordinaire et spectaculaire, non, ce qui m'assure que Fatima est de Dieu, c'est la prière magnifique d'Espérance et de Miséricorde divines enseignée par l'Ange à Lucie, Jacinthe et François, et qui, à chaque fois que je la récite à la fin de mes dizaines de chapelet, me gonfle l'âme de la vertu d'Espérance et me pénètre de la Bonté infinie de Dieu : "Ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péché, préservez-nous du feu de l'enfer, prenez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre Miséricorde". Cette prière nous révèle que si la Vierge de Fatima a montré l'enfer éternel aux enfants, c'est pour qu'il n'y tombe aucune âme ! Cette extraordinaire prière contient toute l'essence de la spiritualité du salut issue du mystère de Fatima. Il s'agit de sauver toutes les âmes, surtout les pires, voilà ce qu'est venu proposer aux hommes la Vierge de Fatima. Elle n'a pas montré l'enfer éternel aux enfants pour vouloir dire qu'il y aura 999 âmes à être damnées sur 1000, mais tout au contraire, pour sauver les mille... si l'on accomplit ses demandes, qui se récapitulent toutes par la dévotion à son Cœur Immaculé. C'est le même sens de salut universel des âmes qu'on trouve dans l'autre prière enseignée par l'Ange du Portugal aux enfants : "Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je vous aime ; je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas et qui ne vous aiment pas". Le sens universel de "ceux" est si fort que certains ont instinctivement rajouté : "pour tous ceux qui ne croient pas, etc.". Ici, Fatima est d'une logique impeccable et édifiante, le vouloir missionnaire du salut universel de toutes les âmes ayant à vivre la fin des temps est sans conteste le plus beau et le plus solide côté de l'Apparition. Convenez avec moi que rien n'est plus merveilleux. Si la finale de la proto-prophétie du 13 juillet 1917 est devenue caduque, ces prières, par contre, sont toujours, et de plus en plus, d'actualité...!!
           
        Je remercie le Bon Dieu de m'avoir permis de me rendre à Fatima en pélerinage à deux reprises dans ma vie, en 2010 et 2011. La première fois, ce fut très-pénitentiel, je dormais dans la voiture avec des cartons aux vitres, qu'il fallait réinstaller tous les soirs, je n'avais pas de téléphone portable en cas de pépin c'était stressant, j'avais des ampoules aux pieds qui me faisaient souffrir et boiter, et, cerise sur le gâteau, la voiture faillit me lâcher dans les routes secondaires du Portugal qui sont loin d'être aussi carrossables et bien indiquées qu'en France, elle me lâcha cependant bel et bien lorsque j'arrivai à une station-service d'autoroute ! Les vignettes inter-paragraphes que j'ai glissées dans mon présent article sont tirées de ces deux pélerinages... Je remercie aussi le Bon Dieu de m'avoir donné la grâce de faire les cinq premiers samedis du mois, en 1985, ce qui m'a permis de me rendre compte que cette "petite" dévotion demande un vrai effort spirituel pour qui la pratique, car cela exige de prêter une attention soutenue de cinq mois, pour ne pas oublier un des premiers samedis, on ne peut donc pas la faire sans profondément s'investir et faire un salutaire retour spirituel sur soi-même. 
           
        ... Je vais finir ce grand article un peu tendu, le sujet ne pouvant qu'être vraiment pénétré de cette tension spirituelle du salut du monde entier, par un peu d'humour, pour décompresser, car si Dieu est Amour Il est donc aussi Humour, ce n'est pas très-différent !
           
        Je ne sais pas si cela va être so british, mais voici une photo que j'ai prise à Fatima lors de mon pélé de 2011 (je n'ai pu éviter un effet de flash sur le centre), et qui montre le grand tableau du fond dans la basilique ancienne de Fatima construite sous le pape Pie XII. Le tableau, fait par un "artiste" moderne, est... in-com-pré-hen-si-ble ! Il n'a aucun sens, aucune signification, comme pour bien montrer où en est l'Église et le monde modernes aujourd'hui par rapport au Plan de salut divin proposé à Fatima ! Mais voyez plutôt par vous-même, ô lecteur qui m'avez lu jusqu'ici : 
 
 
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        À l'époque, j'en avais écrit une lettre humoristique à mes coreligionnaires, je fréquentai alors les "ralliés", que voici :             
           
        "Mes chers amis !
           
        "Je paye 1 Kg de prunes à qui pourra me donner une explication du grand tableau placé derrière le maître-autel de la basilique Notre-Dame de Fatima au Portugal, je veux parler de l'ancienne basilique, celle construite sous Pie XII (cf. photo ci-jointe).
           
        "Je suis resté plus d'un/quart d'heure à le regarder, à le scruter, quand j'étais là-bas, avec et sans mes lunettes, me mettant à gauche du maître-autel, puis à droite, puis sur un pied, le gauche puis le droit, puis fermant un œil, le gauche puis le droit, puis enfin ouvrant les deux yeux et même le troisième œil hindou situé au milieu du front, afin d'avoir un meilleur angle de vue et de pouvoir zoomer les détails dudit tableau.
           
        "Éh bien, rien de rien de rien à faire, je n'y comprends goutte...!!
           
        "Je reste donc extrêmement angoissé depuis ce pèlerinage, c'est pénible j'en peux plus, cela tourne au toc (trouble obsessionnel compulsif), au cauchemar permanent. S'il vous plaît, ayez pitié de moi !
           
        "Oui, je confirme : 1 Kg de prunes, pour une explication complète et détaillée, dans son sens obvie, dudit tableau.
           
        "La Religion, actuellement, en est-elle vraiment rendu à ce point, que c'est... la bouteille à l'encre ? Qu'on n'y comprend plus rien, dans un premier temps ? Est-ce que c'est cela que "l'artiste" moderne a voulu dire dans son tableau...?
Vincent Morlier"
 
 
Au Lundi-Saint,
ce 11 avril 2022,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
11-04-2022 18:10:00
 

La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie : une demande désormais obsolète, dépassée ? À laquelle la paresse spirituelle des chrétiens continue à croire, papes modernes y compris ? (1)

 
 
 
La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie :
Une demande désormais obsolète, dépassée ?
À laquelle la paresse spirituelle des chrétiens continue à croire,
papes modernes y compris ?
(1)
 
           
        La Consécration de la Russie demandée par Notre-Dame de Fatima, est-elle spirituellement caduque de nos jours, n'a-t-elle plus cours, n'ayant plus aucune valeur près le Ciel, ou bien, au contraire, est-elle toujours d'actualité, et le Ciel la veut-il toujours pour apporter "un certain temps de paix au monde" avant la grande tribulation du règne de l'Antéchrist-personne...?
           
        Cette question, fondamentale, primordiale en avant de toute autre, n'est cependant jamais posée par les chroniqueurs actuels écrivant sur la Consécration, dont on voit la plupart s'agiter fébrilement, passionnellement, dans l'épiphénomène second des choses de l'actualité plus ou moins mondaine, en oubliant le fondement spirituel qui encadre cesdites choses. Et pourtant, la question que j'ai posée en titre est bien la toute première question à laquelle il faut répondre, quand on parle de cette célébrissime Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, c'est par-là qu'il faut commencer.
           
        Je consacrerai donc cet article au commencement des choses de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, ce que, hélas, personne ne fait, du moins à ma connaissance.
           
        Cette question posée sur la caducité ou bien non de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, de toutes façons, n'est vraiment pas simple, elle est même assez redoutable. En approfondissant le message de Fatima sur ladite Consécration, on ne peut s'empêcher en effet de discerner comme une "contradiction" dans les demandes mêmes de Notre-Dame de Fatima, puis, au fil du temps, un "brouillard" de plus en plus épais sur cette "contradiction", que Sœur Lucie, la principale voyante, est fort loin de lever, bien au contraire. Évidemment, je suis très-conscient que la Reine des prophètes, de par Dieu, sait les choses de la grande Prophétie mieux que quiconque à commencer par moi-même, ces choses qui doivent nous amener, en traversant le feu de la grande Tribulation, au Millenium. Encore faut-il bien expliquer ce qu'elle a prophétisé à Fatima, pour ne pas faire de son message prophétique une contre-vérité, une pieusarderie obscurantiste mensongère et méprisable, très-préjudiciable à la vraie spiritualité qui doit gouverner les âmes chrétiennes vivant le temps de la fin des fins, temps qui est nôtre.
           
        La Consécration de la Russie est-elle périmée ou est-elle toujours d'actu ? Le discours prophétique de base, la matrice originelle de la prophétie concernant la Consécration, qui fonde toute la prophétie sur le sujet, est évidemment ce que dit la très-sainte Vierge le 13 juillet 1917. Ce que Sœur Lucie en dira par après, en 1929, 1940, 1952, etc., ne peut que secondairement reprendre ou développer ce qui y est dit, sans jamais le contredire. Or, il n'est pas besoin de beaucoup lire ce que j'appellerai la proto-prophétie du 13 juillet 1917 pour comprendre que la Vierge de Fatima demande la Consécration de la Russie UNIQUEMENT POUR ÉVITER AU MONDE LE CHÂTIMENT DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE. Cela saute aux yeux, dans le discours de 1917. Avant de lire texto cette prophétie originelle du 13 juillet 1917, il est bon de préciser qu'on ne saurait dire que les petits voyants se sont trompés. Lorsque, après l'Apparition, ils ont fait allusion à la Russie, à mots couverts à leur entourage (car la Vierge leur avait demandé le secret sur ce qu'elle leur avait dit), les trois petits pastoureaux étaient si incultes qu'ils ne savaient pas encore que la Russie était un pays, une nation, ils croyaient que la Vierge se plaignait d'une "grosse méchante dame", et on leur apprit alors qu'il s'agissait d'une nation, comme le Portugal... Il n'y a donc pas erreur sur le mot "Russie", l'objet de la Consécration porte bien sur cette nation parmi les autres nations, ses consœurs.
           
        Lisons bien, justement, le discours prophétique, mot pour mot, de Notre-Dame de Fatima, ce 13 juillet 1917 : "... Vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d'âmes se sauveront et l'on aura la paix. La guerre va finir, mais si l'on ne cesse d'offenser Dieu, sous le règne de Pie XI en commencera une autre, pire encore. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne qu'Il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l'Église et le Saint-Père. Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l'on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l'on aura la paix ; sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. À la fin mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. Au Portugal, se conservera toujours le dogme de la foi, etc. Cela, ne le dites à personne, sauf à François".
           
        Voilà, c'est la prophétie textuelle de la très-sainte Vierge Marie à Fatima, quant à la Consécration de la Russie. Il s'agit donc pour nous de bien comprendre ce que dit la Reine des prophètes.
           
        Première chose à prendre en considération : le contexte historique. Cette prophétie est faite en 1917, en pleine fin de première guerre mondiale, et elle n'est même pas terminée que Notre-Dame de Fatima en prophétise déjà une autre à venir sous le prochain pontificat, qui sera "pire encore", avec un cortège de maux liés à cette nouvelle guerre à venir. Or, la très-sainte Vierge cible avec une très-grande précision cette nouvelle guerre à venir, en disant qu'elle aura lieu "sous le règne de Pie XI" : il s'agit donc, sans aucune équivoque possible, de la deuxième guerre mondiale 1939-1945. C'est clair, et aucun doute sur cela n'est admissible ni recevable.
  
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        Sortons juste un moment de la Prophétie et rentrons dans l'Histoire, avant de continuer. Cette deuxième guerre mondiale fomentée par les nazis antichrists redoutables, fut en effet accompagnée d'épisodes de famines et de persécutions antireligieuse contre l'Église, surtout en Allemagne, mais l'Histoire et ses faits indiscutables obligent à faire le constat que le Saint-Père de la deuxième guerre mondiale, en l'occurrence Pie XI puis surtout Pie XII, tous les deux furieusement et même hystériquement concordataires avec des États constitutionnellement athées voire antichrists (n'oublions pas qu'un concordat surnaturellement contre-nature fut signé entre Hitler et le cardinal Pacelli mandaté par Pie XI, en 1933, ce qui était ni plus ni moins abominablement réputer à la face du monde entier la validité de l'État nazi, cf. la seconde partie de mon article https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/face-a-l-eglise-romaine-concordatairement-prostituee-au-iiieme-reich-d-adolf-hitler-un-heros-discret?Itemid=154), que le Saint-Père de la deuxième guerre mondiale disais-je, ne fut pas vraiment persécuté par les méchants.
           
        Il n'aurait d'ailleurs pu l'être vraiment, puisque lui-même, Vicaire du Christ dévoyé sur le plan politique constitutionnel, est, au niveau tout ce qu'il y a de plus mondial, partie prenante du mal et des méchants rien que par sa pratique concordataire avec des États constitutionnellement athées et antichrists, pratique par laquelle il transforme abominablement le "Siège de Rome" (Secret de La Salette) en la grande Prostituée de Babylone que saint Jean nous décrit dans l'Apocalypse, quand bien même il ne s'en rend pas compte et n'en a nullement conscience. Certes, Pie XII craignit à un moment donné, en 1942, d'être enlevé par les nazis, au point de préparer canoniquement sa succession avec les cardinaux, mais ce seul fait n'est pas suffisant pour rendre compte de la prophétie de Notre-Dame de Fatima, qui prédit "des persécutions contre l'Église et le Saint-Père", un Saint-Père qui est décrit, dans ce cadre prophétique de la deuxième guerre mondiale, comme ayant "beaucoup à souffrir" (ce qui pose déjà une première interrogation, Pie XII n'ayant été ni persécuté ni ayant eu beaucoup à souffrir, que ce soit de la part de l'Allemagne nazie ou de la Russie soviétique ; c'est juste un simple constat historique qu'on est obligé de faire, par honnêteté d'examen).
  
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        Mais donc, après cette parenthèse, reprenons la question prophétique pure. Une première analyse de la proto-prophétie de 1917 concernant la Consécration de la Russie, montre qu'elle est demandée par Notre-Dame de Fatima DANS LE SEUL BUT D'ÉVITER LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE, avec son cortège de maux et sa persécution anti-ecclésiale. C'est le premier point important à bien comprendre. Ce qui conforte cette conclusion, c'est que la très-sainte Vierge, comme elle l'a annoncé aux voyants dans son discours proto-prophétique ("je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, etc."), vient effectivement la demander en 1929, donc bien avant la deuxième guerre mondiale, c'est-à-dire que, historiquement, on est toujours dans le cadre où la Consécration de la Russie doit être faite pour éviter au monde la deuxième guerre mondiale. Le délai de dix ans donné par le Ciel au pape Pie XI pour la faire, était amplement suffisant. Et ce qui achève de conforter ce contexte exclusif de la deuxième guerre mondiale comme cadre formel de la Consécration de la Russie, c'est l'aurore boréale, qui a lieu en 1938, juste un an avant le déclenchement de ladite deuxième guerre mondiale ; elle est bien "le grand signe que Dieu vous donne qu'Il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l'Église et le Saint-Père". Et la Vierge de Fatima dit bien que c'est "pour empêcher cela" qu'elle demande la Consécration de la Russie...
           
        1917, 1929, 1938 : les trois dates confirment on ne peut mieux que la Consécration de la Russie est proto-prophétiquement demandée uniquement "pour empêcher cela", comme dit Notre-Dame de Fatima le 13 juillet 1917 en désignant sans équivoque, par cette formule, la deuxième guerre mondiale.
           
       Il y a cependant, dans cette analyse de la question, une anormalité de taille : pourquoi, si la Consécration en question devait servir uniquement à éviter au monde la deuxième guerre mondiale, est-elle demandée d'une nation... qui n'est pas la mauvaise cause nationale de ladite deuxième guerre mondiale...?? En effet, la Russie, ou plutôt, à l'époque de l'ouverture de la deuxième guerre mondiale, l'URSS, n'est pas, de près ou de loin, cause de la deuxième guerre mondiale, la Nation qui en est à la fois coupable et responsable au premier chef, on ne l'apprendra à personne, c'est l'Allemagne, et l'Allemagne... seule ! Et Dieu sait assez si ce nouvel ordre mondial nazi à partir de la nation allemande a cherché furieusement, par tous les moyens en son pouvoir, pendant de terribles années, à "répandre ses erreurs à travers le monde", à coups de crosses de fusil, de camps de concentration, de chars d'assaut, de sous-marins, de bombardements aériens de grandes villes, et dans des fleuves de sang...! Donc, pardon très-sainte Vierge Marie, vous ne pouvez pas en vouloir à votre enfant de vous parler à cœur ouvert, la logique la plus élémentaire, s'il ne s'agissait que d'éviter au monde la deuxième guerre mondiale, aurait voulu que vous demandassiez la Consécration de... l'Allemagne à votre Cœur immaculé !
           
        Il n'en est rien, la Reine des prophètes demande, de par Dieu, la Consécration de la Russie dès 1917... pour empêcher le châtiment de la deuxième guerre mondiale. Et elle le confirme on ne peut mieux lorsque le 13 juin 1929, dans la révélation mystique de Tuy, elle annonce à Sœur Lucie que c'est l'heure de la faire : "Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen". Ce n'est pas l'Allemagne qui, en 1929, est désignée par la très-sainte Vierge, mais la Russie soviétique... qui, politiquement et militairement péniblement debout à cette époque, n'est pas du tout le danger immédiat devant déclencher la guerre "encore pire", "sous le règne de Pie XI", dont elle a dit que la Consécration devait "l'empêcher" ! Comment expliquer cela, qui semble être d'un illogisme absolu si l'on s'en tient à la proto-prophétie du 13 juillet 1917, à savoir que la Consécration de la Russie est demandée uniquement pour éviter au monde la deuxième guerre mondiale et son cortège de maux...? Et puis, on est obligé de remarquer en outre que dans le message de 1929, la Consécration de la Russie n'est plus demandée pour éviter la deuxième guerre mondiale, mais uniquement pour sauver la Russie, ce qui signifie que le Ciel aurait donc, si l'on s'en tient à ce que dit Sœur Lucie, changé en 1929 l'objet de la Consécration de la Russie révélé en 1917.
           
        ... Avouons que le brouillard est épais, sur le sens spirituel réel de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie...
           
        La suite, dont le fil d'Ariane est tenu et déroulé non pas seulement par Sœur Lucie mais par l'Histoire indéniable, très-notamment celle des pontificats modernes (ce criterium de l'Histoire que le dominicain Melchior Canus, une des lumières du concile de Trente, voyait comme un lieu théologique pour accéder à la Vérité de Dieu), cette suite disais-je, va obscurcir plus encore la problématique.
  
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        Nous venons de voir que le 13 juin 1929, Notre-Dame de Fatima, remplissant sa promesse et son annonce du 13 juillet 1917, vient demander "officiellement" la Consécration de la Russie au pape, celui-ci étant Pie XI, nommé par la très-sainte Vierge dans son discours proto-prophétique de 1917. Pie XI n'en fit rien. Et le plus probable, malgré les supputations tirées par les cheveux et les affirmations volontaristes et purement gratuites du fr. Michel de la Sainte-Trinité dans son t. II de Toute la vérité sur Fatima, c'est qu'il n'en eût aucune vraie connaissance. Sœur Lucie, dans sa lettre au pape Pie XII du 24 octobre 1940 originelle (celle du 2 décembre n'en est qu'un raccourci revu à la baisse et corrigé par Mgr Da Silva), veut pouvoir s'imaginer que la révélation de Tuy de 1929 demandant au pape de faire la Consécration fut bien certainement portée à la connaissance du pape Pie XI. Mais en vérité, rien ne le prouve, rien n'est moins sûr. "Quelque temps après [la révélation de Tuy] j'ai rendu compte de cela à mon confesseur, qui a pris les moyens de la faire parvenir à la connaissance de Sa Sainteté Pie XI", écrit Sœur Lucie, voulant se persuader, sans preuve, que ces moyens, qu'elles ne connaît d'ailleurs pas, ont abouti. La vérité, ce me semble, c'est que Pie XI n'eut sans doute pas plus connaissance de la demande du Ciel quant à la Consécration de la Russie, que le roy Louis XIV ne fut informé de la révélation de 1689 à sainte Marguerite-Marie d'avoir à faire la Consécration de la France au Sacré-Cœur de Jésus. Ou du moins, si le roy et le pape en ont eu par leurs proches quelque lointaine, éthérée et fugitive connaissance, ce fut sans leur montrer l'importance surnaturellement capitale d'avoir à faire les deux Consécrations, en 1689 et en 1930, pour le salut et la paix du monde.
           
        Pour ce qui est de Fatima, on sait que Mgr Da Silva se décida enfin à écrire directement à Pie XI en 1937, sur le très-tard et quasi in extremis, pour lui signaler la Consécration de la Russie et toutes les autres demandes formulées par le Ciel à Fatima. Sans nul doute, ce qui le décida fut la terrible guerre civile espagnole de 1936, où les erreurs communistes faillirent triompher politiquement dans une nation d'Europe de l'Ouest (mais cela n'arriva pas grâce à Franco, ce qui montre bien que le péril communiste n'est pas tout-puissant puisqu'il ne réussira jamais à s'implanter en Europe occidentale quand bien même la Consécration de la Russie n'était pas faite). Le Portugal se trouva alors fort dangereusement frôlé par l'affreux péril, et il n'est pas douteux que l'évêque de Fatima prit alors peur. Mais, quand on lit sa lettre, on s'aperçoit qu'il remplit presque passivement un devoir, qui lui fut sans doute pénible, il ne se fait pas l'apôtre brûlant des demandes de Notre-Dame de Fatima, et Pie XI, s'il la lut (le Saint-Siège accusa bel et bien réception de sa lettre le 8 avril 1937, mais cela ne prouve pas que Pie XI en prit connaissance), ne put pas être remué par l'importance spirituelle capitale desdites demandes...
           
        En fait, c'est dans la transmission du message salvateur, que se situe la culpabilité collective de la non-connaissance par le roy et par le pape du Plan de salut du Ciel ; car tout le monde est plus ou moins coupable, dans cette affaire. Et c'est bien pourquoi d'ailleurs, ce que ne s'explique pas le fr. Michel, Notre-Seigneur, en 1931, emploie le pluriel lorsqu'Il révèle à Sœur Lucie, en repos à Rianjo, proche de Pontevedra, son mécontentement que la Consécration n'est pas encore faite : "Fais savoir à MES ministreS, étant donné qu'ILS suivent l'exemple du roy de France en retardant l'exécution de ma demande, qu'ILS le suivront dans le malheur". Le vrai, c'est que personne, dans les responsables ecclésiastiques qui forment une longue chaîne de Sœur Lucie à Pie XI, n'est vraiment converti et ne veut se convertir, à commencer par Mgr Da Silva, l'évêque de Sœur Lucie, qui n'arrêtera pas de traîner très-lourdement les pieds pour transmettre les messages successifs qu'elle lui adressait à destination du pape...
           
        Le plus clair de la question, en tous cas, c'est qu'en 1939, dix ans après la révélation de Tuy, Pie XI n'avait pas fait la Consécration demandée, et qu'il ne comptait absolument pas la faire, l'esprit complètement obsédé, possédé serait plus juste, de concordatisme avec les pires gouvernements athées ou antichrists, ce qu'il mit en pratique avec l'URSS, d'une manière éhontée et des plus scandaleuses, par l'Ostpolitik. Il meurt le 10 février 1939, et certain historien, dont le nom ne me revient plus, a écrit qu'il fut la première victime de la deuxième guerre mondiale.
           
        Sœur Lucie, confortée et encouragée par son confesseur le P. Apariçio, va alors, sur ordre de ses directeurs spirituels comme on va le voir plus loin, écrire directement au nouveau pape, Pie XII, le 2 décembre 1940, quelqu'un an et demi après l'élévation de ce dernier au Souverain Pontificat. Avant de lire le curieux passage de sa lettre, qui pose fichtrement question, il est important de noter que cette demande se situe d'ores et déjà tout-à-fait hors-cadre de la proto-prophétie mariale du 13 juillet 1917, puisqu'en décembre 1940, on est en... pleine deuxième guerre mondiale, et que Notre-Dame de Fatima avait bel et bien originellement assigné comme but essentiel de ladite Consécration de la Russie, de... l'"empêcher".
           
        Dans sa lettre au pape Pie XII, on voit Sœur Lucie faire un petit historique de cette demande de Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, puis, elle finit sa requête par ces mots, qui ne lassent pas de beaucoup surprendre : "En diverses communications intimes, Notre-Seigneur n’a pas cessé d’insister sur cette demande, promettant dernièrement que si Votre Sainteté daignait faire la consécration du Monde au Cœur immaculé de Marie, avec mention spéciale de la Russie, et ordonner que, en union avec Votre Sainteté et en même temps, la fassent aussi tous les Évêques du monde, d’abréger les jours de tribulation par lesquels Il a déterminé de punir les nations par la guerre, la famine et diverses persécutions contre la sainte Église et Votre Sainteté".
           
        La demande de Consécration présentée au pape en 1940 n'a donc plus pour objet d'éviter la guerre, puisqu'elle n'a pu être évitée, mais seulement de raccourcir le temps des châtiments. Beaucoup plus étonnant encore, Sœur Lucie parle à Pie XII d'une Consécration "du Monde au Cœur Immaculé de Marie, avec mention spéciale de la Russie"...! Or, lorsque, quelque quarante ans plus tard, le pape Jean-Paul II fera lui aussi une Consécration de la Russie, Sœur Lucie, interrogée sur sa validité par "Mgr Hnilica (= «Ma sœur, hier dans son acte d’offrande, le pape a-t-il vraiment consacré la Russie au Cœur Immaculé de Marie ?»), répondit, en date du 14 mai 1982, le lendemain même de l’acte d’offrande fait par Jean-Paul II lors de son premier pèlerinage à Fatima : «Non, (…) la Russie n’apparaissait pas nettement comme étant l’objet de la consécration». Et elle précisa que Dieu voulait «la consécration de la Russie et uniquement de la Russie, sans aucune adjonction»" (La consécration d'hier : un odieux sacrilège, 26 mars 2022, abbé François Pivert, au lien suivant : https://abbe-pivert.com/la-consecration-dhier-un-odieux-sacrilege/).
           
        ... Alors, Consécration de la Russie seule, ou, comme elle l'écrivit à Pie XII en 1940, du Monde, avec mention spéciale de la Russie...? Une consécration du monde entier, qui du reste avait déjà été faite, mais au Sacré-Cœur de Jésus, par le pape Léon XIII le 11 juin 1899, et que Notre-Seigneur avait demandé dans les années 1935 que le pape la fasse de nouveau mais cette fois-ci au Cœur Immaculé de Marie, par révélations privées à une âme mystique authentique, Alexandrina Maria da Costa, elle aussi portugaise (cf. http://alexandrina.balasar.free.fr/alexandrina_ame_victime.htm) ?
           
        Comme tout le monde le sait, la question de la Consécration de la Russie se complique bougrement et même s'obscurcit étrangement d'une sorte de Plan B de salut. Plan A, primordial : la Consécration de la Russie, seule ; plan B, seulement dans le rétroviseur et comme pour éviter le pire si le Plan A n'est pas actionné : la Consécration du Monde.
           
        On est bien obligé de prendre acte, par ailleurs, que Sœur Lucie prend des libertés illicites dans ses écrits avec les prophéties pourtant formelles de Notre-Dame de Fatima, ce qui surprend beaucoup. Par exemple, on la voit écrire en juin 1930 une longue lettre au P. Gonçalves, où elle dit, en finale : "Le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie, si le Saint-Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie, et si Sa Sainteté promet, moyennant la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice indiquée ci-dessus [les cinq premiers samedis du mois]".
           
        ... Que je sache !!, Notre-Dame de Fatima demandait le 13 juillet 1917 une Consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, et le Cœur Immaculé de Marie, ce n'est pas les très-saints Cœurs de Jésus et de Marie !! Pourquoi ce méli-mélo pénible dans la tête de Sœur Lucie, qui connaît pourtant mieux que personne les paroles exactes de Notre-Dame de Fatima...!??
           
        En ce qui la concerne d'ailleurs, on a pire encore. En 1940 on prend Sœur Lucie en flagrant délit de faux mysticisme, sans qu'elle-même ni non plus son entourage clérical ne s'en rende le moindre compte. 1940. On est alors en pleine guerre nazie qui fait rage, feu et sang, sur toute la planète, l'Allemagne, qui "répand ses erreurs à travers le monde", et non pas du tout la Russie, est dans tous les esprits, mais on se rend compte, vraiment étonné, qu'elle est absolument et totalement absente de l'esprit de Sœur Lucie, de son champ de vision spirituel ! Lorsqu'un prêtre allemand, le P. Ludwig Fischer, qui, dévotement, avait tâché de répandre notamment par ses écrits la dévotion à Notre-Dame de Fatima dans son pays tourmenté et possédé, vient rendre visite en 1940 à Sœur Lucie, il ne peut s'empêcher, ... comme on le comprend !, de lui poser ex abrupto la grande question qui lui brûle les lèvres, lui, pauvre malheureux prêtre de son pays diaboliquement nazifié : "Quel sera l'avenir de l'Allemagne ?" Sœur Lucie, entendant la question, est visiblement complètement prise de court, interloquée, on se rend compte que d'elle-même, elle n'a aucune pensée immédiate sur l'Allemagne !, ... en 1940 !!! Alors, pour faire tout-de-même bonne impression et donner une réponse au prêtre allemand, elle va faire oraison devant le Saint-Sacrement pendant plusieurs heures pour obtenir une réponse de Notre-Seigneur, qui, selon elle, finit par lui révéler quel va être l'avenir de l'Allemagne ! Nous sommes là, il est à peine besoin de le faire remarquer, en plein faux mysticisme, où Dieu doit répondre sur commande de l'humain, à ses interrogations. En bonne théologie mystique, cela s'appelle tenter Dieu. La vraie mystique, au contraire, c'est Dieu qui décide de parler à l'humain quand Lui, Dieu, le veut, et sur le sujet qu'Il Lui plaît d'aborder, et non l'inverse : Dieu n'est pas au service de l'humain.
           
        Mais lisons l'épisode rapporté par le fr. Michel dans le t. II de Toute la vérité sur Fatima : "En 1940, l'abbé Ludwig Fischer interrogea la voyante sur l'avenir de son pays. Comme de coutume [...!!], Sœur Lucie chercha la lumière dans une prière plus instante : «Passant quelques heures avec Notre-Seigneur exposé au Très-Saint Sacrement, pendant quelques moments où une union plus intime s'est fait sentir et entendre à mon âme [sic], j'ai prié à plusieurs intentions, et spécialement pour l'Allemagne : "Elle reviendra à Mon bercail, mais ce moment est loin. Il s'approche, il est vrai, mais lentement, très lentement" [...???!!!]. Dans une lettre adressée au Dr Fischer, par charité et pour l'encourager, j'indiquai cette promesse de Notre-Seigneur»" (ibid., t. II, p. 480). Là non plus, il est à peine besoin de faire remarquer que la "réponse" de Notre-Seigneur confine au ridicule et à l'abracadabrantesque : manifestement, nous sommes là en plein faux mysticisme, où la voyante s'invente dans sa tête une communication-réponse de Notre-Seigneur... comme on voit tant de faux mystiques de nos jours, frappés de crétinisme, le faire ! Gageons que le pauvre P. Fischer ne dut pas beaucoup être consolé par cette "réponse allemande" de Notre-Seigneur ! Sœur Lucie s'était comportée là comme Mme Soleil, voyante extra-glucide, consultant sa boule de cristal. Mais personne, dans son entourage clérical, ne se rendit compte de cette tendance au faux mysticisme de Sœur Lucie, elle est au contraire le sujet d'une adulation voire d'une idolâtrie déplorable de la part des prêtres qui l'entourent. Tous les auteurs, souvent prêtres, qui rapportent cet épisode, citent la "réponse" de Notre-Seigneur sur l'Allemagne presque à deux genoux sinon à trois et l'encensoir à la main, à commencer par le fr. Michel, thuriféraire aveugle de Sœur Lucie dans tout son ouvrage partisan et idéologue, primairement anti-communiste, sans strictement aucun esprit critique, prenant pour oracle de sagesse divine et Parole d'Évangile cette "prophétie allemande" qui n'était hélas, en vérité, qu'ineptie déplorable, fruit d'un mysticisme d'illusion. Sœur Lucie me fait penser là à un célèbre apophtegme des anciens Pères du désert. Un jour, le grand saint Antoine, qui patronnait spirituellement toute une communauté d'anachorètes dans le désert, vit entrer en trombe dans sa tente un fr. novice qui, tout excité, lui dit : "Père ! Père Antoine ! Le fr. Exupère est en extase ! Il lévite à un mètre du sol ! Que dois-je faire ?" Et saint Antoine, qui était en train de faire une oraison simple, ascétique, sans même détourner la tête, de lui dire placidement : "Tires-le par les pieds, pour qu'il redescende" !
           
        Pour en revenir et vider la question des deux Consécrations différentes à faire, l'une de la Russie seule, l'autre du Monde entier, on se rend compte également que c'est Sœur Lucie qui embrouille tout, ne clarifiant rien, et que là encore, elle embrouille tout... en s'appuyant, "comme de coutume" dit benoîtement le fr. Michel, sur une prétendue communication-réponse de Notre-Seigneur obtenue soi-disant dans l'oraison ! Il ne faut pas compter sur le fr. Michel pour s'en rendre compte, son adulation aveugle, idéologique et partisane, de Sœur Lucie l'en empêche radicalement. Il prend bien acte que cette question "a été embrouillée à plaisir" (ibid., t. II, p. 464), mais il se garderait bien de dire, ce qui n'est pourtant que la stricte vérité, que c'est Sœur Lucie qui l'embrouille. Alors, faisons le point sur cela, il n'est que grand'temps de pourfendre l'erreur, de mettre de l'ordre dans tout ce fatras indigne du Ciel : tout d'abord, prenons acte que la lettre de Sœur Lucie écrite au pape Pie XII fin 1940 n'est pas de son initiative personnelle ; ce sont ses directeurs spirituels qui lui ordonnent de l'écrire. "Quelles directives précises reçut-elle alors ? Tout d'abord, [d'écrire au pape] la révélation du secret. En rappelant cette lettre où le P. Gonçalves lui «ordonnait d'écrire au Saint-Père», Sœur Lucie précisera : «L'un des points qu'il m'indiquait était la révélation du Secret». On lui ordonnait sûrement aussi d'exposer les apparitions de Pontevedra et de Tuy, mais brièvement ! L'évêque de Gurza avait même précisé : Il faut que tout tienne sur une seule feuille de papier ! Surtout, il indiquait les termes de la demande essentielle : Une consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie avec mention de la Russie. Requête que Sœur Lucie n'aurait jamais formulée d'elle-même puisqu'elle n'en avait pas reçu l'ordre du Ciel, et qui, sûrement la plongea dans une grande perplexité. Mais, comme toujours [...!!], elle recourut à une prière plus instante" (ibid., p. 464). On sait maintenant, hélas, ce que veut dire une prière plus instante, pour Sœur Lucie...
           
        Donc, premier constat quant à l'affaire : ce sont des directeurs spirituels de Sœur Lucie fort mal inspirés, qui se permettent avec une audace sacrilège de mélanger indûment les deux Consécrations qui viennent du Ciel, celle de la Russie seule, celle du monde entier, concoctant humainement un fourre-tout où l'on trouve à la fois l'une et l'autre, d'où la formule adoptée "Consécration du monde, avec mention spéciale de la Russie". Or, évidemment, faire un mélange des deux Consécrations ne vient pas du Ciel, c'était en quelque sorte s'inventer un... Plan C de salut, un troisième Plan inventé par les hommes ! Sœur Lucie aurait dû être la première à le comprendre et à le dire à ses directeurs spirituels très-mal inspirés. Las ! Au lieu de cela, leur obéissant aveuglément, elle va non seulement accepter de demander à Pie XII dans sa lettre qu'il fasse la Consécration "du monde, avec mention spéciale de la Russie", ce qui, pour tout vouloir mettre ensemble, se permettant sacrilègement de toucher à l'intégrité des Plans de salut du Ciel, ne répond en définitive à AUCUNE des deux demandes de Consécrations demandées par le Ciel, mais pire encore, on va la voir encore une fois, une fois de plus, s'appuyer sur une prétendue communication mystique de Notre-Seigneur pour se permettre de le faire, que le fr. Michel ose appeler "la communication divine du 22 octobre 1940" !, et que voici :
           
        "22.X.1940. J'ai reçu une lettre du R.P. José Bernardo Gonçalves et de l'évêque de Gurza m'ordonnant d'écrire à sa Sainteté... Dans ce but, j'ai passé deux heures devant Notre-Seigneur exposé [au Très-Saint Sacrement] : "Prie pour le Saint-Père, sacrifie-toi pour que son cœur ne succombe pas sous l'amertume qui l'oppresse [là encore, je l'ai fait remarqué plus haut, on est en pleine invention et fausseté : pendant la guerre 1939-45, Pie XII est loin de souffrir beaucoup, dans une position de "christ souffrant" la Passion, fausseté qui a trompé bien des âmes, les thèses illuministes de survivance pontificale, surtout celle de Paul VI, s'étant appuyées indûment sur ce mensonge et créant par la suite une fausse thèse de "dernier pape souffrant à la fin des temps" ; on va se rendre compte au contraire que Pie XII, loin de souffrir la mâlemort, s'excite péniblement la cervelle, dans un enthousiasme délirant et impie, sur l'illusion onusienne, dans son Noël 1944 que je vais citer tout-à-l'heure...]. La tribulation continuera et augmentera. Je punirai les nations de leurs crimes, par la guerre, par la famine et par la persécution contre mon Église qui pèsera spécialement sur mon Vicaire sur la terre [prophétie parfaitement fausse encore une fois, les papes modernes, fort loin de souffrir persécution de la part du monde, épousent au contraire sa perversité notamment par la pratique concordataire pontificale avec tout gouvernement, même athée et antichrist radical]. Sa Sainteté obtiendra que ces jours de tribulation soient abrégés s'il obéit à Mes désirs en faisant l'acte de Consécration au Cœur Immaculé de Marie du monde entier avec une mention spéciale de la Russie" (ibid., p. 464)..!!!
           
        Est-il besoin de faire remarquer que nous sommes là en plein faux-mysticisme, une fois de plus, une fois encore, de la part de Sœur Lucie. Quant au fond de la question, ce n'est pas compliqué : qu'il y ait, de par la Volonté du Ciel, deux Plans de salut, un Plan A principal, la Consécration de la Russie seule, et à défaut, un Plan B, la Consécration du monde, soit, placet, c'est tout-à-fait admissible. Il faut d'ailleurs bien remarquer que le Ciel, pour révéler ces deux Plans de salut, choisit DEUX âmes mystiques différentes, ce qui signifie très-clairement que les deux Plans de salut ne doivent pas être mélangés : pour le Plan A, c'est Sœur Lucie et l'Apparition de Fatima, pour le Plan B, c'est Alexandrina Maria da Costa. Mais il est absolument proscrit qu'une des deux âmes mystiques ayant reçu un des deux Plans de salut, crée une sorte de... nouveau "Plan C de salut" de son cru en mélangeant les deux Plans ! De plus, il est quasi blasphématoire que Sœur Lucie fasse "obéir" Notre-Seigneur, dans sa fausse communication mystique du 22 octobre 1940, aux mauvaises inspirations de ses directeurs spirituels inventant cedit "Plan C". C'est un comble, tout-de-même, de supposer cela et, pire encore, que lesdites mauvaises inspirations de ses directeurs spirituels deviennent les... "désirs" de Notre-Seigneur !!! Mais Sœur Lucie n'est pas du tout rebutée de faire "obéir" Notre-Seigneur aux erreurs lamentables de ses directeurs spirituels, de les Lui faire... "désirer", même...!!! Et les prêtres sont si aveuglés par leur adulation de Sœur Lucie, qu'ils gobent à qui mieux mieux... le troisième "Plan C de salut" inventé par les hommes, approuvé par Sœur Lucie, et soi-disant... "désiré" par Notre-Seigneur !!! Voici par exemple ce qu'ose écrire le P. Alonso sur cela : "En octobre 1940, commente le P. Alonso, le Ciel accède aux désirs des supérieurs de Sœur Lucie de voir se réaliser la Consécration du monde avec une mention spéciale de la Russie. Et c'est le Seigneur Lui-même qui suggère un tel acte" (ibid., p. 465) !!! Et le fr. Michel de boire cette explication d'un crétinisme achevé et spirituellement insane, comme du p'tit lait...
           
        Après cela, ô lecteur, comment en vouloir aux papes modernes, de Pie XII à François, de mélanger indûment, dans leurs différentes formules de Consécration, le monde, l'Église, soi-même, la Russie, etc., comme un tiercé dans le désordre et en tous cas pas dans l'ordre !! En vérité, la faute n'en est pas sur eux, les pauvres papes ne pouvaient que tout mélanger, puisque ce mélange était cautionné par la voyante de Fatima elle-même qui disait que c'était "le désir" de Notre-Seigneur de tout mélanger !!!
           
        ... Zut. En tous cas, le brouillard s'épaissit péniblement. Ce n'est même plus le fog londonien à couper au couteau, nous sommes carrément rendus dans la bouteille à l'encre. Nous verrons comment, en finale, débrouiller tout cela...
  
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        Pour l'instant, wait and see, laissons dérouler le fil du temps. La deuxième guerre mondiale se termine, quelques années s'écoulent encore, et, en mai 1952, la Sainte Vierge apparaît de nouveau à Sœur Lucie, au carmel de Coïmbra, pour lui dire : "Fais savoir au Saint-Père que j’attends toujours la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé. Sans cette consécration, la Russie ne pourra se convertir, ni le monde avoir la paix". La très-sainte Vierge pouvait bien se plaindre d'attendre en effet, car si Pie XII avait fait une Consécration au Cœur Immaculé de Marie le 31 octobre 1942, par radio-message, ce ne fut que... de l'Église et du monde entier, sans nommer aucunement la Russie. Pie XII actionnait le Plan B sans actionner le Plan A, c'était plus facile et ficelle... Pour autant, en 1952, nous avons la certitude que le nouveau message de Sœur Lucie fut bien communiqué à Pie XII en juin, et le 7 juillet 1952 le pape se décidait à publier la lettre apostolique Sacro vergente anno, consacrant la Russie au Cœur Immaculé. Cependant, cette Consécration était loin de remplir les conditions posées par la Vierge de Fatima : elle était faite sans aucune solennité, le pape n'ayant nullement donné l'ordre aux évêques du monde entier de s'unir à lui pour faire cette Consécration, et de plus, sans dire un traître mot de Fatima, Pie XII ne faisait aucune allusion à la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois, qui devait, elle aussi, et même elle en premier comme je vais l'expliquer plus loin, contribuer à obtenir de Dieu le miracle de la conversion de la Russie (... les mêmes manques invalidants, exactement les mêmes, que dans la Consécration du pape François du 25 mars dernier !, on va y revenir). Le fr. Michel est tout-à-fait fondé à commenter : "L'on a la fâcheuse impression que, dans l'esprit de Pie XII, Sacro vergente anno était en quelque sorte un coup d'arrêt" (Toute la vérité sur Fatima, t. II, p. 224). Dès l’automne 1952, Pie XII fit donner des ordres précis à la hiérarchie pour que l’on ne réclame plus cette Consécration de la Russie, qu’il voulut que l’on considérât comme faite.
           
        Sœur Lucie, au fond de son couvent, a vent de cette Consécration, qu'elle commente ainsi : "Je vous remercie également de la coupure de journal qui rapporte la consécration de la Russie. Je suis peinée qu’elle n’ait pas encore été faite comme Notre-Dame l’avait demandée. Patience !… Espérons que Notre-Dame, comme une bonne Mère, daignera l’accepter". Par un interrogatoire secret de Sœur Lucie fait, comme par hasard, juste dans ces mêmes moments par le P. Schweigel, jésuite, commandité expressément par Pie XII, le pape fut certainement mis au courant que la voyante ne considérait pas sa récente Consécration de la Russie comme satisfaisant aux demandes de Notre-Dame de Fatima. Il est certain qu'il en conçut un grand dépit, car il ne voulait pas aller plus loin que ce qu'il avait fait, qui était en vérité une sorte de point d'orgue en fin irrévocable de non-recevoir, et je vais en donner la très-véridique et très-peccamineuse raison dans quelques lignes. Pie XII décide alors de museler Sœur Lucie.
           
        "En 1955, le Pape décida que «seules les personnes qui avaient déjà rencontré sœur Lucie pourraient la voir de nouveau sans autorisation expresse du Saint-Siège». Ainsi surveillée, la voyante fut dès lors presque totalement réduite au silence ; rigueurs qui furent aggravées sous le pontificat des papes suivants, à tel point que même son ancien confesseur et directeur, le Père José Apariçio, un véritable homme de Dieu, ne put obtenir la permission de s’entretenir avec elle, surtout à partir de 1960, date à laquelle le secret aurait dû être révélé au monde. Une de ses lettres, datée du 7 août 1960, en témoigne : «Demain ou plus tard, j’irai à Coïmbra. Je ne pourrai pas parler avec sœur Lucie parce qu’elle est recluse. Par ordre du Saint-Office de Rome, elle ne peut communiquer avec personne. L’évêque juge qu’il n’a pas autorité pour laisser parler la sœur». À son retour au Brésil, le Père Apariçio précisera à un correspondant : «Je n’ai pu parler avec sœur Lucie parce que Mgr l’archevêque ne pouvait pas donner la permission de la rencontrer. Les conditions d’isolement dans lesquelles elle se trouve ont été imposées par le Saint-Siège. Par conséquent, personne ne peut parler avec elle sans une licence de Rome. Mgr. l’archevêque n’a qu’un nombre très limité de ces licences» (Lettre du 24 novembre 1960)" (Apparition du 13 juin 1929 à Tuy : La demande de Notre Seigneur Jésus-Christ – La consécration de la Russie, cf. https://laportelatine.org/spiritualite/apparitions/apparition-du-13-juin-1929-a-tuy-la-demande-de-notre-seigneur-jesus-christ-la-consecration-de-la-russie).
           
        Certes, Pie XII a agi ainsi parce qu'il ne voulait pas que Sœur Lucie puisse le contredire quant à la Consécration de la Russie non-faite par lui selon les demandes de Notre-Dame de Fatima, mais ne peut-on pas supposer que certains supérieurs de Sœur Lucie s'étaient rendus compte de sa tendance au faux mysticisme et avaient fait remonter jusqu'au pape qu'elle pouvait dire des choses fausses et très-préjudiciables pour tout le monde ? L'on peut penser que Pie XII, en imposant à Sœur Lucie une discipline très-sévère sur sa parole, outre le fait qu'il ne voulait pas qu'elle puisse le contredire quant à la Consécration de la Russie mal faite par lui, voulait aussi la protéger contre elle-même et préserver ainsi la dignité de l'Apparition de Fatima.
           
        Quoiqu'il en soit de ce dernier point, la grande question qui se pose maintenant, est la suivante : pourquoi les papes modernes, à commencer par Pie XII, et sûrement aussi, avant lui, Pie XI, ne veulent-ils absolument pas faire la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, en y engageant toute l'Église Universelle avec eux, par l'union dans l'acte avec les évêques du monde entier ?
           
        La réponse est simple, et Dieu sait assez combien je l'ai déjà traitée en long et en large dans beaucoup de mes écrits. Depuis le pape Pie VII et son concordat napoléonien de 1801, les papes modernes post-révolutionnaires ont matériellement péché contre les Mœurs de l'Église, entendues au sens large, en changeant le criterium de validité des sociétés politiques, attribuant à l'homme le pouvoir de créer en Politique, et ôtant ainsi, au moins implicitement, ce pouvoir à Dieu. C'était vouloir vivre dans des sociétés de l'homme, et non plus dans des sociétés théocratiquement dirigées et vivifiées par Dieu, comme toute société politique l'était, à tout le moins dans son principe constitutionnel, avant la Révolution. Les papes modernes, reconnaissant hérétiquement ces sociétés de l'homme issues de la Révolution, très-notamment par la pratique concordataire pontificale avec n'importe quelle sorte de puissances politiques, même si elles sont constitutionnellement athées ou antichrists (comme je l'ai fait remarquer au début de ces lignes à propos du concordat nazi de 1933), ce qui est exactement contraire à l'enseignement paulinien en Rom XIII, les papes modernes disais-je, vont élaborer petit à petit et de plus en plus toute une doctrine hétérodoxe pour prétendument justifier théologiquement ces sociétés de l'homme, que j'ai appelée dans mes écrits la gnose chrétienne-laïque ; l'aboutissement hérétique de cette gnose sera "la civilisation de l'amour" promue et boostée surtout par Paul VI puis par Jean-Paul II (et maintenant par François, dans Fratelli tutti). Le point principal de cette gnose, c'est que, à la manière sangniériste, la vertu morale seule de l'homme, donc purement naturelle, est censée être suffisante pour mouvoir et faire vivre cesdites sociétés de l'homme dans la vertu, et, par-là, en finale, pour mériter surnaturellement le Ciel. Pie XII, dans tous ses scandaleux Noëls de guerre 1939, 1940, 1941, 1942, 1943, 1944, va enseigner cette nouvelle doctrine aux fidèles avec un enthousiasme inouï qui fait vraiment honte, pour peu qu'on ait gardé la vraie Foi.
           
        Or, dans cette hérétique optique, la paix du monde et des nations par exemple, n'est plus donnée aux hommes par Dieu, ce sont les hommes prétendument devenus moralement adultes qui se la donnent à eux-mêmes, dans une mise en œuvre naturelle au moyen de laquelle ils peuvent désormais, à l'intérieur de chaque nation mais encore universellement entre tous les peuples de toutes les nations, vivre ensemble tout ce qui découle de cette paix mondiale, la justice, le bon droit, la dignité humaine, la fraternité universelle, la diversité dans l'unité, l'unité dans la diversité, etc. Rien n'est plus blasphématoire envers Dieu que cette gnose chrétienne-laïque, car Dieu, et Lui seul, peut donner à l'homme la grâce de vivre sociopolitiquement en paix avec son prochain, mais voilà ce que l'homme moderne n'est absolument plus capable de comprendre, et pas plus les papes modernes, qui ont épousé sa perversion. C'est pourquoi l'Apôtre des nations fulmine violemment l'anathème sur cette prétention de l'homme de se donner la paix du monde par lui-même, qui était le péché des hommes antiques voulant ériger la tour de Babel, en ces termes : "Quand les hommes diront «Paix & Sécurité», subitement la catastrophe les saisira comme les douleurs prennent la femme qui va enfanter, et ils n'échapperont pas" (I Thess V, 3).            
           
        Or donc, bien sûr, l'acte de Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie frappe de plein fouet cette gnose chrétienne-laïque par laquelle l'homme prétend se donner la paix à lui-même et à son prochain, gnose pontificalement adoptée fougueusement par les papes modernes, et très-singulièrement par Pie XII : c'est en effet un acte qui est l'expression formelle de la doctrine orthodoxe chrétienne-sacrale par laquelle c'est Dieu qui donne la grâce surnaturelle de la paix à une nation, en l'occurrence la Russie, et non pas l'homme. Alors, c'est l'un ou l'autre, soit c'est l'homme qui se donne lui-même la paix du monde (gnose chrétienne-laïque), soit c'est Dieu qui donne au monde cette paix (doctrine chrétienne-sacrale). Gnose hétérodoxe et doctrine orthodoxe sont antinomiquement opposées entre elles du tout au tout, et s'anéantissent réciproquement radicalement, ne pouvant pas plus coexister ensemble que l'eau et le feu. Pie XII comprit tout-de-suite que la Consécration de la Russie, acte chrétien-sacral, anéantissait par le fait même sa gnose chrétienne-laïque, à laquelle il adhérait ardemment et qu'il travaillait dur comme fer ou plutôt comme l'enfer, à vouloir répandre le plus possible dans le monde chrétien, avec, nous allons le voir tout-de-suite, un enthousiasme délirant et complètement déjanté. C'est pourquoi on le voit mettre un point d'arrêt brutal et se voulant définitif à la Consécration de la Russie, et ses successeurs sur le Siège de Pierre eux aussi convertis, et de plus en plus, à la gnose chrétienne-laïque, en feront autant sinon pire. De la même manière que l'évêque Cauchon était frappé de plein fouet dans son démocratisme conciliariste chrétien-laïque avant la lettre par "l'appel au pape" chrétien-sacral que sainte Jeanne d'Arc faisait de sa cause, la Consécration de la Russie, acte chrétien-sacral frappait de plein fouet la gnose chrétienne-laïque adoptée par les papes modernes à partir de Pie VII.
  
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        Mais lisons Pie XII, dans son Noël 1944, pour bien comprendre et se rendre compte à quel point son esprit est complètement infesté, infecté, de cette nouvelle doctrine, cette gnose chrétienne-laïque. Il va y appeler très-ardemment de tous ses vœux pontificaux cette paix mondiale que les hommes créent, se donnent à eux-mêmes, dans des instances internationales qu'ils érigent eux-mêmes démocratiquement et qui seront in fine le substrat du pouvoir de l'Antéchrist-personne (je tire la citation suivante de mon Traité de la religion royale française ou le vrai visage de Clovis, aux pp. 265, sq.) :
           
        "... Pie XII, à la fin de la guerre, ne se retient plus. Dans cette dernière allocution urbi & orbi, immédiatement après un petit préambule sur l’espérance surnaturelle apportée par Noël dans les âmes, le pape ose en faire abruptement l’application à l’avènement du... nouvel ordre international, que fait miroiter la prochaine création de l’ONU dont tout le monde parle : «Aurore d’espérance.— Béni soit le Seigneur ! Des lugubres gémissements de la douleur, du sein même de l’angoisse déchirante des individus et des pays opprimés, se lève une aurore d’espérance. Dans une partie toujours croissante de nobles esprits [...?], surgissent une pensée, une volonté de plus en plus claire et ferme : faire de cette guerre mondiale, de cet universel bouleversement, le point de départ d’UNE ÈRE NOUVELLE POUR LE RENOUVELLEMENT PROFOND, LA RÉORGANISATION TOTALE DU MONDE. À cet effet, tandis que les armées continuent à s’épuiser en luttes meurtrières, avec des moyens de combat toujours plus cruels, les hommes de gouvernement, représentants responsables des nations, se réunissent pour des conversations, pour des conférences, en vue de déterminer les droits et les devoirs fondamentaux sur lesquels devrait être reconstruite une communauté des États, de tracer le chemin vers un avenir meilleur, plus sûr, plus digne de l’humanité. Antithèse étrange, cette coïncidence d’une guerre dont l’âpreté tend au paroxysme, et du remarquable progrès des aspirations et des projets vers une entente pour une paix solide et durable ! On peut bien discuter sans doute la valeur, l’applicabilité, l’efficacité de tel ou tel projet, le jugement à porter sur eux peut bien rester en suspens ; MAIS IL N’EN RESTE PAS MOINS VRAI QUE LE MOUVEMENT EST EN COURS [ce dont Pie XII ose se réjouir...]».
           
        "Puis, on voit Pie XII exalter le principe de «l’unité du genre humain et de la famille des peuples» : «De la reconnaissance de ce principe dépend l’avenir de la paix. Si cette exigence morale trouvait sa réalisation dans une société des peuples qui saurait éviter les défauts de structure et les faiblesses des solutions précédentes [Pie XII fait là allusion à la défunte SDN], alors, la majesté de cet ordre réglerait et dominerait également les délibérations de cette société et l’application de ses moyens de sanction. Pour la même raison, on comprend que l’autorité d’une telle société des peuples devra être réelle et effective sur les États qui en sont les membres, de manière pourtant que chacun d’entre eux conserve un droit égal à sa souveraineté RELATIVE [Comprenons bien l'incroyable, l'inouï propos de Pie XII : il déclare là, ni plus ni moins, aboli l'économie du Temps des nations, et milite de toutes ses forces pour que soit mis en place ce qui doit la remplacer, une nouvelle économie pseudo-millénariste où tous les peuples se gèreront démocratiquement ensemble et entre eux, autrement dit, c'est carrément vouloir "changer les temps et les lois" comme prophétisait Daniel de ce que voudra faire l'Antéchrist-personne ; car dire de la souveraineté qu'elle ne doit plus être que relative, c'est la supprimer tout simplement, et donc supprimer la nation elle-même qui ne peut vivre et exister que par sa souveraineté absolue, sinon rien : la souveraineté en effet, comme d'ailleurs le dit très-bien l'étymologie du mot, est absolue ou... n'existe pas ; parler d'une souveraineté relative, c'est un oxymore puissant mais surtout absurde ; mais Pie XII, dans tous ses Noëls de guerre, est tellement enthousiasmé et entiché de sa gnose chrétienne-laïque, nouvelle économie de salut politique internationale basée sur un pseudo-Millenium de nature antéchristique, qu'il ne voit même plus l'absurdité de son propos...]. C’est seulement de cette manière [... donc : en supprimant la souveraineté pleine et entière des États-nations !!] que l’esprit d’une saine [!!!] démocratie pourra pénétrer également dans le domaine vaste et épineux de la politique extérieure».
           
        "Et Pie XII de conclure le radio-message de Noël 1944, par ce que l’on peut appeler son idée fixe en matière de politique internationale, à laquelle il se dit attachée... plus que personne : «Formation d’un organisme commun pour le maintien de la paix.— Les décisions connues jusqu’ici des Commission internationales [celles qui aboutiront, suivez le guide pontifical, aux... très-maçonniques accords de Yalta !] permettent de conclure qu’un point essentiel de tout aménagement futur du monde serait la formation d’un organisme pour le maintien de la paix ; d'un organisme investi de commun accord d’une autorité suprême [... Comme s'il était au pouvoir de l'homme de s'autorevêtir d'une autorité légitime suprême pour régler la paix du monde, pouvoir qui n'appartient qu'à Dieu et à Lui seul !!! Et c'est le pape qui ose s'accoupler à un tel projet impie qui était celui des hommes de la tour de Babel et qui sera demain celui de l'Antéchrist-personne lui-même !!!] et qui aurait aussi dans ses attributions d’étouffer dans son germe toute menace d’agression isolée ou collective.
           
        "PERSONNE ne pourrait saluer cette évolution AVEC PLUS DE JOIE que celui [le pape Pie XII ici veut se nommer] qui a défendu DEPUIS LONGTEMPS le principe que la théorie de la guerre comme moyen apte et proportionné de résoudre les conflits internationaux, EST DÉSORMAIS DÉPASSÉE [… Ah bon ?! Nous sommes donc, ô pape inconséquent et irréfléchi, dans une nouvelle économie de salut ?? Là encore, comme pour l’unité des peuples, la paix universelle entre les peuples est une réparation des effets du péché originel que SEUL Dieu peut opérer en instaurant le Millenium... SEUL Dieu peut engendrer une nouvelle économie de salut où les effets collectifs du péché originel seront abolis dans l’humanité : voyez comme les gens de la tour de Babel ont été punis d’avoir voulu réparer par eux-mêmes les effets du péché originel ! Il y a donc là, dans ces propos pontificaux incroyables, un orgueil et une impiété inqualifiables, inconcevables, de la part d’un… pape !!!, qui épouse carrément l'impiété et l'orgueil qui sera celui de l'Antéchrist-personne, avec un enthousiasme affiché dont se glorifie impudemment l'indigne pape, mettant sa gloire dans ce qui fait sa honte, qui fait frémir de sainte-colère, de la part d'un... pape :], (...) PERSONNE ne saurait souhaiter plus ardemment plein et heureux succès à cette collaboration commune, qui est à entreprendre avec un sérieux d'intention inconnu jusqu'ici, que celui [Pie XII] qui s'est employé consciencieusement à amener la mentalité chrétienne et religieuse à réprouver la guerre moderne et ses monstrueux moyens de lutte. (...) Et si s’ajoute la menace d’une intervention juridique des nations et d’un châtiment infligé à l’agresseur par la Société des États, en sorte que la guerre se sente toujours sous le coup de la proscription et toujours sous la surveillance d'une action préventive, alors l’humanité pourra sortir de la nuit obscure où elle est restée si longtemps submergée [... quel lyrisme châteaubriandesque !] ; elle pourra saluer l’aurore d’une nouvelle et meilleure époque de son histoire.
           
        "(...) Il y a une chose que Nous savons, c’est que le moment viendra, et peut-être plus tôt qu’on ne pense, où les uns et les autres reconnaîtront que, tout considéré, il n’y a qu’un moyen de sortir du réseau embrouillé dans lequel la lutte et la haine ont enlacé le monde, c’est le retour à une solidarité trop longtemps oubliée, à une solidarité ne se limitant pas à tels ou tels peuples, mais universelle, fondée sur la connexion intime de leurs destinées et sur les droits qui appartiennent également à chacun d’eux [... Mon Dieu, mon Dieu !, mais quelle fougue ! mais quel enthousiasme ! mais quelle ferveur non-dissimulée ! mais quel éclat illuminé dans cet œil pontifical FIXÉ SUR LA CHIMÈRE DU RÈGNE DE L'ANTÉCHRIST-PERSONNE]" (fin de citation).
           
        Et hélas, ce Noël 1944 n'est pas, de la part de Pie XII, une sorte de lapsus calami, un enthousiasme délirant de passage dû au soulagement que procurait le sortir de l'atroce deuxième guerre mondiale, hélas non, c'est exactement tout le contraire qui est vrai : dans ce point d'orgue du Noël 1944, Pie XII ne faisait que dire sans voile ce qu'il suggérait déjà dans TOUS ses Noëls de guerre 1939, 1940, 1941, 1942, 1943 et donc 1944, comme étant sa pensée la plus profonde, six allocutions péniblement humanistes et déjà pro-antéchristiques, proposant aux peuples, à toutes les nations, d'ériger par voie juridique internationale et dans l'entente cordiale de tous, une Société de justice et de paix, pure création humaine sans le Christ au fronton de l'édifice humain ainsi créé, à la première place. D'ailleurs, on vient de le lire, le pape Pie XII ne manque pas d'insister lui-même sur le fait que c'est "depuis longtemps" qu'il milite pour une nouvelle économie de salut sociopolitique internationale où la paix humaine sera garantie par voie... humaine, juridique et morale (pour un approfondissement de la perversion des idées pontificales quant à la gnose chrétienne-laïque, cf. l'exposé détaillé que j'en ai fait, de Benoît XV à Paul VI, aux pp. 27 à 56 de mon article L'Antéchrist-personne devant clore notre fin des temps sera-t-il... le dernier pape LÉGITIME de l'Église catholique ?, au lien suivant : http://eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf).
           
        L'on peut beaucoup mieux comprendre, à présent, pourquoi le pape Pie XII éprouva une véritable haine idéologique mortelle contre la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, acte éminemment chrétien-sacral qui pourfendait d'outre en outre, par le fait même, ipso-facto, la gnose chrétienne-laïque du pape, qu'il avait pris à mauvaise tâche de mettre en oeuvre dans le monde...
  
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        Mais, après une percée jusqu'en 1952, reprenons à présent le fil chronologique de l'Histoire, et profitons-en pour faire le point. La première période de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie demandée par Notre-Dame de Fatima, qui se déroule de 1917 jusqu'en 1945, fin de la deuxième guerre mondiale, est maintenant définitivement close. Elle se subdivise en trois parties, 1917-1929, 1929-1939, 1939-1945, et toutes les trois ont pour cadre la deuxième guerre mondiale comme seul objet formel de la Consécration : de 1917 jusqu'à 1939, c'est pour l'"empêcher", puis, une fois déclenchée en 1939, c'est, jusqu'en 1945, pour la raccourcir.
           
        Nous allons maintenant rentrer dans la période suivante, étudier ensemble une toute autre période où la Consécration demandée n'a plus du tout pour objet d'empêcher ou de raccourcir la deuxième guerre mondiale, puisqu'aussi bien elle est désormais passée et trépassée, mais de sauver la Russie et, subséquemment, le monde entier derrière elle. C'est la période qui s'étale de 1945 jusqu'en 1989, c'est-à-dire depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu'à la chute du mur de Berlin qui voit l'effondrement de l'URSS soviétique, viscéralement marxiste-léniniste, période dite de la guerre froide.
 
 
À suivre, dans la seconde page :
La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie :
Une demande désormais obsolète, dépassée ?
À laquelle la paresse spirituelle des chrétiens continue à croire,
papes modernes y compris ?
(2)
 
 
 
 
11-04-2022 09:21:00
 

Réflexions sur le nazisme universel contemporain, encore dit démocratie universelle

 
 
 
Réflexions sur le nazisme universel contemporain,
encore dit démocratie universelle
 
 
        Henri ou Hendrick de Man (1885-1953) est un homme politique belge qui, juste après la seconde guerre mondiale, écrivit un ouvrage Au-delà du nationalisme (1946), que je lus il y a une vingtaine d'années environ, voire plus. Il s'agit là pratiquement de son testament politique. De Man, qui fut plusieurs fois ministre du roi Léopold III, quoique doctrinaire socialiste très-ancré cependant que de très-excellente motivation dans tout son parcours politique, n'était pas n'importe qui. Un de ses compagnons de lutte politique, Paul-Henri Spaak, ne put s'empêcher de dire de lui, à sa mort inattendue, atroce et brutale (un accident affreux ; son automobile coincée dans les rails d'un passage à niveau non-signalé fut broyée par une locomotive), qu'il était "l'un des rares hommes qui, en quelques occasions, m'a donné la sensation du génie".
  
 
Enri de Man
Henri de Man (1885-1953)
             
        La sensation du génie. C'est précisément ce que je ressentis fortement, dans un passage de son livre susdit, qui était une suite développée d'un premier livre qu'il avait écrit en pleine guerre Réflexions sur la paix (1942), passage en effet si génial et qui me marqua si fort l'esprit que jamais je ne pus l'oublier depuis. Il y exposait ceci, en substance : les démocraties modernes n'ont vaincu le nazisme seulement qu'en intégrant son totalitarisme doctrinal dans leurs propres fondements et mœurs politiques, et pas du tout en l'anéantissant radicalement. De Man va même plus loin encore, dans d'autres parties du livre, en soutenant, à fort juste titre nous allons le voir, que les démocraties post-révolutionnaires modernes ont déjà en elles-mêmes le germe du fascisme, dans leur sein. Dès lors donc qu'au cours de l'Histoire, elles "rencontrent" le fascisme ad extra, comme c'est arrivé avec le régime hitlérien, ces germes ad intra en elles, à ce contact, ne peuvent qu'eux aussi s'en épanouir explicitement ad extra.
           
        Mais, quant à sa première assertion que je viens de résumer en gras, voici son texte exact, avec ses propres mots : "On étonnera sans doute beaucoup de gens en disant que la fin de cette guerre [39-45] a été marquée, en même temps, par l'extermination des puissances fascistes et par le triomphe du fascisme [en tant que doctrine, veut dire de Man]. Pourtant, ce n'est pas, hélas ! une simple boutade. Le vrai, c'est que la partie du monde qui a mené la guerre antifasciste n'a pu la gagner qu'en devenant elle-même fasciste sans le savoir. Il n'y a plus de fascistes nulle part ou presque, mais le fascisme est partout ― même et surtout dans l'antifascisme.
           
        "(...) Dès 1942, un auteur anglais, E. H. Carr, dans un livre retentissant sur les Conditions de la Paix, marqua certaines analogies fort instructives en écrivant : «Ce fut la défaite de Napoléon et non sa victoire qui assura le triomphe définitif de la Révolution, dont il avait si efficacement semé les idées... Hitler, comme Napoléon, n'a pu remporter ses succès qu'au moyen de méthodes de domination militaire et d'oppression universelle qui ne peuvent être de longue durée. Sa tâche est primairement et essentiellement dissolvante. Il n'est révolutionnaire que dans un sens négatif ; et un ordre nouveau ne peut naître que par sa défaite». Pour les gens clairvoyants ― peu nombreux il est vrai ― cette dernière phrase faisait, dès cette époque, figure de prophétie. On voit bien mieux maintenant comment, et pourquoi, elle est en passe de se vérifier.
           
        "(...) Car enfin, quels résultats dès à présent certains l'écrasement des États totalitaires en Europe a-t-il entraînés ?
           
        "Pour l'établir, essayons de regarder en face les réalités, sans nous laisser induire en erreur par les discours et les slogans de propagande, qui ne servent souvent, même à l'insu de leurs auteurs, qu'à déguiser la vérité.
           
        "Et d'abord, constatons qu'afin de vaincre leurs adversaires, les grandes puissances alliées ont dû leur emprunter, pour la conduite de la guerre, le plus clair de leurs méthodes : la guerre-éclair, les bombardements aériens massifs, la mobilisation civile, bref tous les traits caractéristiques de la guerre totalitaire. Et comme pour confirmer que le totalitarisme et l'autoritarisme sont inséparables, ils ont dû, eux aussi, étendre dans une mesure sans précédent l'ingérence de l'État dans tous les domaines de la vie, depuis l'économie jusqu'à l'activité intellectuelle. Pour y arriver et pour coordonner leur action dans le secret qu'exige la préparation des actes de guerre, les grands États se virent en outre amené à accorder, à leurs chefs élus, des pouvoirs extraordinaire presque aussi étendus, dans la pratique, que ceux des gouvernements autoritaires, et basés tout autant sur leur prestige personnel et direct auprès des masses. L'opinion publique elle-même, sans laquelle aucun revirement ultérieur n'est imaginable, a été profondément influencée et modifiée par les conséquences morales de la guerre totalitaire. Le vrai triomphe du fascisme qui s'est ensuivi est dans les esprits plus encore que dans les institutions ; et c'est là que réside principalement le danger pour l'avenir" (Au-delà du nationalisme, ch. II - Liquidation ou triomphe du fascisme ? - L'alchimie de l'Histoire, pp. 57-60).
       
European Union Debates Abolishing the Nuremberg Code Trying to Pre Empt Their Arrest for Crimes Against Humanity 2
           
        ... Réflexions tout-à-fait remarquables ! Et dont on voit bien, à présent, dans la crise covidienne actuelle, toute la profonde justesse, une forme totalitaire... nazie étatique, très-virulente, brutale, moralement homicide et très-agressive, prétendument sanitaire mais à épeler et prononcer nazitaire, surgissant en effet dans cette crise tout soudainement et tout naturellement, telle fille de sa mère, du sein même d'absolument toutes les... démocraties du monde entier, faisant chorus toutes ensembles dans un incroyable unisson, comme un seul homme. Ce qui signifie et révèle avec une grande évidence, par les faits contre lesquels on n'argumente pas, que la démocratie universelle actuelle a donc en elle-même un élément fondamental... nazi.
           
        Et c'est pourquoi il ne faut pas s'étonner de voir Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne chapeautant technocratiquement les démocraties européennes, militer, en décembre dernier, sous des dehors faussement prudentiels et très-hypocrites, pour la vaccination obligatoire universelle ARNm, même si, pour l'instant, elle renvoie la décision finale au libre choix des nations (... rappelons que le mari d'Ursula, Heiko von der Leyen, est, depuis décembre 2020, directeur de la société de biotechnologie américaine Orgenesis qui se spécialise dans la recherche médicale incluant les thérapies cellulaires et géniques... vous avez dit 2020 ? vous avez dit génique ?).
           
        Or, la vaccination obligatoire universelle ARNm est un attentat direct et formel contre le code de Nuremberg antinazi. Ursula n'a certes pas demandé explicitement l'abolition dudit code, qui mettait un salutaire rempart au viol nazi du droit fondamental de l'homme quant à l'encadrement éthique des expérimentations médicales sur les humains (ce qui cible en plein la nouvelle expérimentation de laboratoire des "vaccins" ARNm sur les populations du monde entier), n'appelant pas à son abrogation juridique comme des esprits trop pressés l'ont dit, mais, en vérité, elle n'avait nul besoin de le faire pour commettre un attentat nazi formel contre ledit code de Nuremberg ! Il lui suffisait juste de faire la promotion de la vaccination obligatoire universelle ARNm dans les nations européennes, ce qu'elle a fait, pour commettre cet attentat ! Elle a en effet très-clairement voulu initier dans lesdites nations une "discussion" sur la vaccination obligatoire universelle ARNm, pour aboutir à "une action commune", poussant donc à ce que les démocraties européennes reprennent "la tradition nazie" de supprimer purement et simplement le droit fondamental de tout homme au libre choix d'accepter ou de refuser d'être le sujet humain d'une nouvelle expérimentation médicale, en lui en imposant une de force, "les vaccins", au-dessus de sa tête, sans l'avoir aucunement consulté préalablement et encore moins en avoir obtenu son consentement (ce qui est directement attentatoire à l'art. 1 du code de Nuremberg).
           
        Mais dès lors que la vaccination obligatoire universelle ARNm serait nazitairement imposée, tout citoyen des démocraties européennes n'existerait véritablement plus du tout en tant qu'homme libre, très-exactement donc comme dans les régimes fascistes, totalitaires. Surtout qu'en plus les démocraties ont bien pris soin, en parallèle, d'interdire pratiquement l'emploi de tout autre traitement non-expérimental que "les vaccins", quelqu'il soit (lesquels, tels les protocoles à partir d'Hydroxychloroquine ou d'Ivermectine, ont pourtant fait largement leurs preuves positives avec un succès bien plus grand que lesdits "vaccins", et en outre avec des effets secondaires tous connus et contrôlés depuis de nombreuses années, et infiniment moins graves que ceux constatés suite auxdits "vaccins").
           
        Par ailleurs, il est bon de préciser que le code de Nuremberg n'est pas dénué de tout élément juridique, comme ont voulu l'affirmer des pro-vaccins en brouillons un peu trop pressés ("Le code de Nuremberg est très régulièrement pris pour un texte déontologique ou éthique, mais il s’agit aussi d’un texte juridique : le procès des médecins [nazis] était en effet un procès de droit international" ― https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_de_Nuremberg).
           
        Militer pour la vaccination obligatoire universelle ARNm, comme l'a formellement fait, quoique très-sournoisement, Ursula von der Leyen au nom de la Commission européenne qu'elle préside, c'est ipso-facto, c'est-à-dire par le fait même, attenter formellement au code de Nuremberg, et donc militer pour revenir à une "tradition nazie" contre laquelle ledit code avait établi une salutaire ligne rouge à ne franchir sous aucun prétexte. Cqfd.
           
        On en est facilement convaincu en prenant connaissance du texte même de ces dix articles déontologiques du code de Nuremberg, il n'est que de les lire pour s'apercevoir que la vaccination obligatoire universelle ARNm attente formellement à tous les dix, sans exception aucune !... :
           
        "La traduction moderne de référence du code de Nuremberg, faite depuis le texte du jugement, est la suivante pour les 10 articles :
           
        "1. ― Le consentement volontaire du sujet humain est absolument essentiel. Cela veut dire que la personne concernée doit avoir la capacité légale de consentir ; qu’elle doit être placée en situation d’exercer un libre pouvoir de choix, sans intervention de quelque élément de force, de fraude, de contrainte, de supercherie, de duperie ou d’autres formes sournoises de contrainte ou de coercition ; et qu’elle doit avoir une connaissance et une compréhension suffisantes de ce que cela implique, de façon à lui permettre de prendre une décision éclairée. Ce dernier point demande que, avant d’accepter une décision positive par le sujet d’expérience, il lui soit fait connaître : la nature, la durée, et le but de l’expérience ; les méthodes et moyens par lesquels elle sera conduite ; tous les désagréments et risques qui peuvent être raisonnablement envisagés ; et les conséquences pour sa santé ou sa personne, qui pourraient possiblement advenir du fait de sa participation à l’expérience. L’obligation et la responsabilité d’apprécier la qualité du consentement incombent à chaque personne qui prend l’initiative de, dirige ou travaille à l’expérience. Il s’agit d’une obligation et d’une responsabilité personnelles qui ne peuvent pas être déléguées impunément ; 
           
        "2. ― L’expérience doit être telle qu’elle produise des résultats avantageux pour le bien de la société, impossibles à obtenir par d’autres méthodes ou moyens d’étude, et pas aléatoires ou superflus par nature ;
           
        "3. ― L’expérience doit être construite et fondée de façon telle sur les résultats de l’expérimentation animale et de la connaissance de l’histoire naturelle de la maladie ou autre problème à l’étude, que les résultats attendus justifient la réalisation de l’expérience ;
           
        "4. ― L’expérience doit être conduite de façon telle que soient évitées toute souffrance et toute atteinte, physiques et mentales, non nécessaires ;
           
        "5. ― Aucune expérience ne doit être conduite lorsqu’il y a une raison a priori de croire que la mort ou des blessures invalidantes surviendront ; sauf, peut-être, dans ces expériences où les médecins expérimentateurs servent aussi de sujets ;
           
        "6. ― Le niveau des risques devant être pris ne doit jamais excéder celui de l’importance humanitaire du problème que doit résoudre l’expérience ;
           
        "7. ― Les dispositions doivent être prises et les moyens fournis pour protéger le sujet d’expérience contre les éventualités, même ténues, de blessure, infirmité ou décès ;
           
        "8. ― Les expériences ne doivent être pratiquées que par des personnes scientifiquement qualifiées. Le plus haut degré de compétence professionnelle doit être exigé tout au long de l’expérience, de tous ceux qui la dirigent ou y participent ;
           
        "9. ― Dans le déroulement de l’expérience, le sujet humain doit être libre de mettre un terme à l’expérience s’il a atteint l’état physique ou mental dans lequel la continuation de l’expérience lui semble impossible ;
           
        "10. ― Dans le déroulement de l’expérience, le scientifique qui en a la charge doit être prêt à l’interrompre à tout moment, s’il a été conduit à croire — dans l’exercice de la bonne foi, de la compétence du plus haut niveau et du jugement prudent qui sont requis de lui — qu’une continuation de l’expérience pourrait entraîner des blessures, l’invalidité ou la mort pour le sujet d'expérience" (Wikipedia, au lien Internet ci-dessus).
           
        Est-il nécessaire de faire remarquer qu'il n'est même pas besoin d'avoir son certificat d'études primaires pour comprendre que la vaccination obligatoire universelle à partir de la nouvelle expérimentation de laboratoire ARNm attente peu ou prou à chacun et à l'ensemble de ces dix points du code de Nuremberg, sans exception, surtout en ce qui concerne le consentement libre du vacciné...? Ce qui signifie qu'elle reprend "la tradition nazie" en la matière ?
 
European Union Debates Abolishing the Nuremberg Code Trying to Pre Empt Their Arrest for Crimes Against Humanity 2
           
        Mais approfondissons un peu l'éclairant parallèle qu'établit Henri de Man entre les méthodes nazies et celles démocrates, parfaitement similaires, et ce, dès la seconde guerre mondiale, ce que de Man vit tout-de-suite, par un génie politique vraiment visionnaire. C'est peu dire que ce parallèle jette une lumière fulgurante sur la crise covidienne actuelle, traitée par tous les gouvernements démocrates selon la plus stricte méthode nazie, brutale, moralement homicide et viscéralement attentatoire aux droits les plus fondamentaux de la personne humaine, ce qui se passe avec les camionneurs canadiens d'Ottawa, au moment où j'écris ces lignes, ne l'illustrant que trop bien.
           
        Première comparaison avec les méthodes nazies : la guerre totalitaire. "Et d'abord, constatons qu'afin de vaincre leurs adversaires, les grandes puissances alliées ont dû leur emprunter, pour la conduite de la guerre, le plus clair de leurs méthodes : la guerre-éclair, les bombardements aériens massifs, la mobilisation civile, bref tous les traits caractéristiques de la guerre totalitaire". Macron, dit l'Emmanuel, l'Autre avec nous, a commencé par poser que la crise covidienne était une situation de guerre. "Nous sommes en guerre". Et l'État démocratique français, après quelques atermoiements et hésitations de départ, a très-rapidement mené cette "guerre-éclair" contre le Covid de manière nazie, totalitaire, ainsi que, d'ailleurs, remarquons-le avec soin, tous les autres États dits démocratiques de la planète terre l'ont fait identiquement comme lui, peu ou prou, d'une seule voix et comme un seul homme, sans aucune fausse note. Nous avons eu droit en effet aux "bombardements massifs", à répétitions et de plus en plus rapprochées, de "vaccins" et de "rappels de vaccins", et à la "mobilisation civile" de tous les citoyens pour que ces "bombardements vaccinaux" touchent le plus de monde possible. La palme d'honneur de tous ces gouvernements démo-nazis semble devoir revenir à l'Autriche ou à l'Azerbaïdjan qui ont été jusqu'à imposer la vaccination obligatoire universelle à toutes leurs populations indistinctement, même aux enfants à partir de cinq ans (là, c'est carrément la bombe atomique sur Hiroshima), ou peut-être au Canada, décrétant les jours derniers l'état d'urgence par l'Autre avec nous canadien, Justin Trudeau, osant traiter de terroristes, en petit satan qui jette son péché sur qui le lui dénonce justement, ceux qui résistent courageusement aux diktats nazis d'un seul traitement "vaccinal" unique et obligatoire, totalitaire, ce qui est là le seul VRAI terrorisme.
           
        Mais restons en France. Le gouvernement Macron a commencé par interdire rigoureusement l'emploi des protocoles Ivermectine et Hydroxychloroquine, mentant sataniquement au peuple français en les réputant dangereux pour la santé, ... alors que c'est juste le contraire qui est vrai !, puis, ensuite, il a imposé totalitairement un seul et unique traitement, le prétendu "vaccin" qui n'est qu'une "thérapie" génique d'apprentis-sorciers au stade expérimental sur des cobayes du monde entier, en se contrefichant totalement de l'impact négatif qu'ils peuvent avoir sur leur santé et de la potentielle mise en danger de leur pronostic vital, à la mode nazie des camps de concentration qui ne considérait pas ces cobayes comme des personnes humaines (sans compter que certains composants de ces produits sont sans doute déjà des têtes de pont pour trans-humaniser les vaccinés...). Et ce n'est pas de la faute du gouvernement Macron si les français ont échappé de fort peu à la vaccination obligatoire universelle, qu'il avait bel et bien dans ses petits cartons de programmer tôt ou tard (elle ne fut appliquée nazitairement qu'aux personnels soignants élargis, sans aucun égard pour ces "héros discrets" qu'ils avaient hypocritement applaudi bruyamment et publiquement dans la première vague de la pandémie), c'est juste parce que le Covid perd de sa virulence plus le temps passe.
           
        "Nous sommes en guerre". Guerre-éclair contre le Covid, avec bombardements vaccinaux massifs sur le plus possible de populations, et mobilisation civile de tous pour la réussite maximale de ces bombardements, guerre totalitairement, nazitairement menée, donc, par toutes les démocraties universelles.
           
        Deuxième comparaison avec les méthodes nazies que retient notre génial visionnaire belge : l'autoritarisme. "Et comme pour confirmer que le totalitarisme et l'autoritarisme sont inséparables, ils ont dû, eux aussi, étendre dans une mesure sans précédent l'ingérence de l'État dans tous les domaines de la vie, depuis l'économie jusqu'à l'activité intellectuelle". Dieu sait assez si nous avons connu cela, depuis deux ans !! Après avoir scandaleusement foulé aux pieds le droit fondamental du citoyen au libre choix d'accepter ou de refuser d'être le sujet-cobaye de la nouvelle expérimentation médicale ARNm, le régime démo-nazi d'Emmanuel Hitler a édicté des prescriptions s'insinuant jusque dans l'intime de la vie du citoyen, à suivre obligatoirement par toute la population sous peine de très-fortes amendes voire d'emprisonnement en cas de récidive, interdiction de circuler au-delà d'un périmètre très-restreint, confinement dans les maisons, télétravail, port du masque, puis pass sanitaire créant ipso-facto une étoile jaune pour ceux qui ne le possèdent pas, transmué très-rapidement en pass vaccinal, et haro sur qui en fabrique des contrefaçons, mesures financières et policières très-drastiques à l'appui de ces diktats à la mise en oeuvre très-surveillée, exactement comme sous le régime nazi 1.0, etc., et j'en passe ! Toutes mesures, faut-il le faire remarquer, pénétrant de force jusque dans l'intime et le vital social et professionnel puis le vital tout court de la vie de tout homme, "dans tous les domaines de la vie, depuis l'économie jusqu'à l'activité intellectuelle" de tout citoyen démocratique, dès lors traité en citoyen radicalement nazifié, totalitairement privé de sa liberté fondamentale...
           
        Troisième élément de comparaison retenu par Henri de Man : "Les grands États se virent en outre amené à accorder, à leurs chefs élus, des pouvoirs extraordinaire presque aussi étendus, dans la pratique, que ceux des gouvernements autoritaires, et basés tout autant sur leur prestige personnel et direct auprès des masses". Ah !, le prestige des chefs "légitimes" de la démocratie et de la démocratie elle-même auprès des peuples modernes ! Qui, de nos jours, parmi nos contemporains, oserait mettre publiquement en question la validité du pouvoir politique des États démocratiques, et singulièrement de celui du président de la République ? Qui oserait remettre en cause "les pouvoirs extraordinaires" qu'ils se sont attribués dans la crise covidienne ? Celui-là, qui, à partir d'un poste d'autorité politique quelconque, oserait le faire (comme je le fais moi-même en tant que simple français dans tous mes écrits sur le sujet en déclarant invalides et illégitimes tous les gouvernements démocratiques actuels et leurs chefs), serait immédiatement jeté par tous, chefs et peuples confondus d'accord comme un seul homme, à la vindicte générale comme un affreux rat noir. Et voilà, justement, où se situe fondamentalement le nazisme dans les démocraties actuelles !! D'abord et essentiellement dans "les esprits" de tous, chefs et peuples, beaucoup plus que dans les Institutions politiques. Malheur à qui ose porter atteinte "au prestige personnel et direct auprès des masses" des chefs de la démocratie et de la démocratie elle-même. Exactement comme sous Hitler, celui qui, dans l'Allemagne à partir de 1933, disait publiquement son désaccord avec le Führer ou le nazisme risquait les pires sévices, souvent de ses plus proches voisins ou concitoyens, voire l'assassinat brutal, état d'esprit collectif nazi 1.0 dont témoigne par exemple l'histoire édifiante du martyr Franz Jägerstätter que j'ai relatée dans un de mes articles (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/face-a-l-eglise-romaine-concordatairement-prostituee-au-iiieme-reich-d-adolf-hitler-un-heros-discret?Itemid=154).
           
        Car ce ne sont pas seulement les gouvernements démocratiques actuels qui sont nazifiés, les peuples sont eux aussi complètement contaminés, infestés, de nazisme. Ils adorent, ou, à un degré légèrement moindre, idolâtrent, l'État-Providence que se veut être tout État totalitaire envers le citoyen, y sacrifiant de bon cœur leur liberté à la prétendue sécurité que l'État démo-nazi fait miroiter devant leurs yeux hypnotisés et leurs regards moralement répugnants plus encore que lamentables (comme disait Léon Bloy : "La pitié que j'éprouve pour mes contemporains ne peut éteindre en moi la colère que je ressens envers eux, parce qu'elle est fille d'un pressentiment infini" ; ce pressentiment infini dont parle Léon Bloy est celui du prophète qui voit le rejet de Dieu et de tout ce qui rappelle Dieu dans l'attitude de ses contemporains). Et c'est pourquoi Schwab, doctrinaire de l'Autre avec nous, a pu annoncer que le futur (proche) citoyen trans-humanisé et big-brothérisé, quoique ne possédant plus rien dans ce très-bas monde lorsque le nazisme intégral sera advenu, ni sa voiture ni sa maison ni son argent ni sans doute même sa femme ni ses enfants, ni non plus et surtout sa propre personne humaine, n'en sera pas moins un citoyen heureux, il sera heureux d'être esclave de la Matrice, du nazisme intégral et de sa vie de zombie sous le roi des zôtres.
           
        Quatrième point. Et c'est pourquoi Henri de Man est parfaitement fondé à continuer sa comparaison entre le démocratisme et le nazisme par son point 4., ainsi rédigé : "L'opinion publique elle-même, sans laquelle aucun revirement ultérieur n'est imaginable, a été profondément influencée et modifiée par les conséquences morales de la guerre totalitaire. Le vrai triomphe du fascisme qui s'est ensuivi est dans les esprits plus encore que dans les institutions ; ET C'EST LÀ QUE RÉSIDE PRINCIPALEMENT LE DANGER POUR L'AVENIR". C'est bien là en effet qu'il réside, l'effroyable danger, qui fera, in fine, advenir le règne de l'Antéchrist-personne, de l'Autre parmi les hommes ("Je suis venu au Nom de mon Père, et vous ne M'avez pas reçu ; qu'un Autre vienne en son propre nom, et vous le recevrez" ― Jn V, 43). Mais une fois ce règne du nazisme intégral ouvert avec l'Autre à sa tête, nous ne serons plus dans le politique, nous serons dans l'apocalyptique, dans l'eschatologique, les causes secondes laissant soudain la place à la Cause première ou fins dernières de l'homme, où tout être humain sera obligé de mettre en jeu son salut éternel, et alors "Que donnera l'homme en échange de son âme ? Car [pour terrasser le très-éphémère règne de l'Antéchrist-personne à base de nazisme intégral] le Fils de l'homme viendra dans la gloire de Son Père avec Ses Anges, et alors Il rendra à chacun selon ses œuvres" (Matth XVI, 26-27).
           
        En fait, les chefs démo-nazis actuels ne sont si puissants dans leur nazisme que précisément parce que "les esprits" des peuples y sont eux-mêmes endoctrinés, y ayant déjà acquiescés intérieurement, activement, consciemment, ou bien plus ou moins inconsciemment, passivement, par lâche mimétisme de leurs contemporains. Mais de toutes façons, y acquiesçant tous de bon cœur, pour être heureux dans le monde démo-nazinon plus en homme heureux mais en esclave heureux.
           
        J'ai cité par exemple tout-à-l'heure l'incroyable atteinte au droit fondamental de tout homme que constitue la volonté nazie ouvertement et publiquement manifestée par l'actuelle Commission européenne de passer au four crématoire le code de Nuremberg quant au libre choix par tout citoyen d'accepter ou de refuser une nouvelle expérimentation médicale, puisqu'elle milite pour la vaccination obligatoire universelle ARNm directement opposée à cedit droit et à cedit code. C'est un excellent test. Normalement, si "les esprits" des populations européennes n'étaient pas imbibés et imprégnés voire possédés jusqu'à la moelle par le nazisme, cette très-grave atteinte nazie que constitue la vaccination obligatoire universelle ARNm audit libre choix, que pourtant les démocraties occidentales avaient pris à cœur au sortir de la guerre hitlérienne de défendre bec et ongles justement dans ce code de Nuremberg, aurait dû faire jaillir immédiatement dans tous les grands medias européens une immense clameur, une levée de boucliers, une réprobation générale et des plus scandalisées ! Mais non, point, point, rien de tout cela n'est arrivé, ... Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?, éh bien non elle n'a rien vu venir, il n'y a eu strictement aucune réaction scandalisée de qui que ce soit ayant pignon médiatique sur rue contre la vaccination obligatoire universelle ARNm, sauf sans doute dans quelques rares medias contrerévolutionnaires fort peu consultés, s'exprimant quasi sous cape et en tous cas pas sur cape. Tout s'est passé dans le grand public, ... et c'est presque incroyable !, comme si cette menace de suppression nazie d'un droit fondamental de l'homme et du citoyen que constitue en soi la vaccination obligatoire universelle ARNm était tout ce qu'il y a de plus normale !...
           
        Ce qui montre précisément à quel point affreux de nazification "les esprits" des peuples européens sont actuellement rendus ; d'où le pouvoir sociopolitique qui semble invincible, justement, des chefs nazifiés sur des peuples eux aussi nazifiés.
 
 
European Union Debates Abolishing the Nuremberg Code Trying to Pre Empt Their Arrest for Crimes Against Humanity 2
           
        Les démocraties modernes n'ont vaincu le nazisme seulement qu'en intégrant son totalitarisme doctrinal dans leurs propres fondements et mœurs politiques, et pas du tout en l'anéantissant radicalement. C'est ainsi que j'ai commencé cet article en résumant la pensée fulgurante d'Henri de Man. Le verbe "intégrer", que j'ai choisi à dessein pour traduire au plus serré sa pensée de fond, exprime fort bien, il me semble, la manière dont les démocraties actuelles ont "vaincu" le nazisme mais sans aucunement le détruire, en l'intégrant tout au contraire dans leurs fondements et mœurs. Zoomons un peu sur la définition du verbe, pour bien comprendre le fond de la question. Le Larousse lui donne plusieurs sens, qui se complètent admirablement bien et permettent d'avoir une idée parfaite sur ce que signifie l'intégration du nazisme dans la démocratie lorsqu'il fut prétendument "vaincu" par elle en 1945. Tout d'abord, le dictionnaire donne la racine latine du verbe, qui révèle lapidairement son sens profond : integrare, rendre entier. Puis, il désenveloppe et explicite ledit sens fondamental, ainsi :
           
        "INTÉGRER. ―
           
        "1. Insérer quelque chose dans quelque chose, l'y incorporer, le faire entrer dans un ensemble : Intégrer un nouveau paragraphe dans un exposé. Synonymes : inclure, incorporer, insérer.
           
        "2. Placer quelque chose dans un ensemble de telle sorte qu'il semble lui appartenir, qu'il soit en harmonie avec les autres éléments : L'architecte a essayé d'intégrer ces maisons dans le site. Synonyme : fondre.
           
        "3. Faire que quelqu'un, un groupe, ne soit plus étranger à une collectivité, qu'il s'y assimile : L'école essaie d'intégrer à la classe les nouveaux venus.
           
        "4. Recevoir et comporter en soi un élément qui originellement était extérieur ou distinct : Pays qui a du mal à intégrer les travailleurs immigrés. Synonyme : assimiler" (dictionnaire Larousse).
           
        Le sens 2., surtout, rend formidablement bien la dynamique du processus de l'intégration du nazisme dans la démocratie post-nazie : les formes extérieures du nazisme intégrées à la démocratie, sont gommées, de façon à ce qu'il "semble lui appartenir", faire partie de la démocratie, "qu'il soit en harmonie avec les autres éléments" de la démocratie. Le sens 1. quant à lui met l'accent sur le fait que le nazisme est intégré dans la démocratie, tel qu'il est et existe, intégralement tout entier, avec armes et bagages si on peut se permettre de le dire ainsi, c'est-à-dire en corps doctrinal intégral. Quant au sens 3., il souligne le fait que le caractère étranger du nazisme par rapport à la démocratie, est radicalement supprimé par assimilation avec la substance démocratique qui l'intègre. Et enfin, le sens 4. précise que le nazisme n'est plus à l'extérieur de l'ensemble politique que constitue la démocratie, mais qu'il est maintenant à l'intérieur, qu'il en fait partie intégrante.
           
        Nous avons maintenant une vue parfaite de la question. À la fin de la seconde guerre mondiale, le nazisme a continué à vivre en se cachant, tel un serpent lové, dans le sein de la démocratie qui l'a "vaincu" seulement au for militaire public et politique extérieur. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le nazisme est donc INTÉGRALEMENT TOUT VIVANT ET TOUT ENTIER dans la démocratie, quand bien même cela est occulté dans la façade démocratique. Les mondains et les esprits superficiels n'y ont bien sûr vu que du bleu : les méchants, c'étaient les nazis, et les bons, les démocrates. C'est si facile de voir la vie comme avec la télé en noir et blanc des années 60 ! La vérité métapolitique vraie est sinistrement bien différente : après les nazis 1.0, le nazisme s'est réfugié dans le sein de la démocratie, et la démocratie moderne universelle, de virtuellement totalitaire qu'elle est de par ses origines post-révolutionnaires et de par son fondement constitutionnel des "droits de l'homme" antichrists, comme nous allons le voir tout-à-l'heure, est alors devenue formellement totalitaire, désormais toute prête à enfanter au for public un empire nazi universel lorsque l'heure H en aura sonné par mystérieux et secrets décret et permission de la Providence divine, ce que précisément, quatre-vingts ans plus tard, nos yeux saintement encolérés mais pacifiés dans le Christ crucifié en attente de Résurrection glorieuse, voient en nos sinistres jours covidiens où la grenade est désormais dégoupillée.
           
        Mais, je l'ai dit plus haut, de Man va plus loin encore, posant que si les démocraties modernes ont été obligées d'intégrer le fascisme dans leur fonctionnement et mœurs sociopolitiques après la deuxième guerre mondiale, c'est parce qu'il s'y trouvait constitutionnellement... déjà. Voici comment il exprime la chose : "(...) En bref, par où que [sic] l'on envisage le phénomène fasciste, on trouve qu'il est loin d'être une espèce d'accident historique monstrueux et fantasque, ou encore un corps étranger que l'opération chirurgicale d'une guerre pouvait suffire à éliminer. Avant 1940 déjà, j'avais employé une autre image en disant que le fascisme était moins un barrage opposé au courant démocratique qu'un tourbillon dans ce courant ; il a l'air d'aller dans une autre direction, mais est poussé par les mêmes forces et charrie les mêmes eaux" (Au-delà du nationalisme, ch. II - Liquidation ou triomphe du fascisme ? - Idéologies fascistes, pp. 95-96).
 
 
European Union Debates Abolishing the Nuremberg Code Trying to Pre Empt Their Arrest for Crimes Against Humanity 2
 
 
        On a cru pouvoir objecter à Henri de Man que les démocraties post-nazies 1.0 n'ont fait qu'employer les méthodes nazies, forcées à cela réactionnairement par de très-prégnantes circonstances, mais sans adopter dans leurs fondements et fonctionnements constitutionnels la doctrine nazie elle-même. Ce qui le prouve, a-t-on cru pouvoir arguer, c'est que les Constitutions politiques des démocraties post-nazies 1.0, celle de la Vème république française de 1958 par exemple, n'ont strictement rien à voir avec celles totalitaires et nazies.
           
        Cette objection n'a cependant aucune valeur, c'est se tromper complètement sur le fond de la question que de voir les choses ainsi, répond énergiquement Henri de Man, car un nazi est plus nazi par sa méthodologie que par sa doctrine théorique : utiliser les méthodes nazies est donc se nazifier beaucoup plus radicalement et certainement que si l'on adoptait seulement l'idéologie nazie sans en utiliser les méthodes. Sa réponse est d'une grande profondeur de vue, la voici textuellement : "Peut-être fera-t-on valoir qu'en tout cela, il ne faut voir qu'une adaptation à certaines méthodes d'action, sans que pour cela on puisse parler de contagion par les idées fascistes proprement dites. La ressemblance se bornerait donc à des excroissances plus ou moins accidentelles, et ne toucherait pas aux principes mêmes d'après lesquels le fascisme entend agir sur les institutions.
           
        "Regardons-y donc de plus près ; le cas en vaut la peine. Et commençons par nous demander ce que vaut cette distinction que l'on nous demande de faire entre le programme du fascisme et ses méthodes.
           
        "(...) Même les porte-parole du fascisme ont pris soin de nous mettre en garde contre la distinction entre les principes et les méthodes, le but et les moyens. Ils ne se sont jamais embarrassés de formules explicites et précises, comme celles de la social-démocratie par exemple ; ils disaient ouvertement que le fascisme impliquait une mentalité plutôt qu'un programme, puisque à l'encontre de ses adversaires, il plaçait les «instincts vitaux» et les émotions collectives au-dessus des «chimères intellectualistes» de la raison souveraine. En somme, le fascisme lui-même a toujours voulu être jugé sur ses méthodes plutôt que sur des programmes, et les diverses formes de recours à la violence qui le caractérisaient constituaient, de son propre aveu, son essence même.
           
        "Mais point n'est besoin de partager la croyance fasciste à la primauté du «vital» sur le «rationnel» pour se méfier des distinctions trop poussées entre «le programme» et «les méthodes». Il y a belle lurette que la sociologie a découvert combien pareille discrimination est fallacieuse. L'histoire de tous les grands mouvements populaires démontre que pour bien comprendre leur fonction historique, il faut, comme chez les individus, examiner ce qu'ils sont et font plutôt que ce qu'ils disent et promettent. Les «moyens» qu'ils emploient, et que la «fin» poursuivie ne sert généralement qu'à «justifier», les caractérisent mieux que n'importe quel programme idéologique établi en vue d'un lointain avenir. En ce sens, il est donc vrai que quiconque emprunte au fascisme ses méthodes d'action, et la mentalité que leur emploi présuppose, devient de ce fait fasciste, beaucoup plus réellement que s'il se bornait à approuver un programme impliquant des transformations institutionnelles à plus ou moins longue échéance.
           
        "(...) Le vrai, c'est que dans tous les mouvements qui font appel aux masses, méthodes et programmes forment un tout inséparable, en ce sens qu'ils constituent ensemble le complexe des mobiles qui font agir leurs adhérents. Mais dans ce complexe, c'est ― comme toujours dans la psychologie des foules ― l'élément émotionnel, concrétisé dans les méthodes d'action, qui conditionne l'élément rationnel, exprimé dans les formules des programmes. Cela est particulièrement vrai du fascisme, qui a, sciemment et ouvertement, poussé plus loin que ses prédécesseurs l'utilisation des éléments irrationnels, symboliques et mystiques, dans la psychologie collective. Ici, on peut dire que, vraiment, les «idéologies» ne sont guère plus que l'expression, en mythes rationnalisés, des passions élémentaires qui se manifestent dans l'action immédiate et quotidienne" (Au-delà du nationalisme, ch. II - Liquidation ou triomphe du fascisme ? - Les méthodes fascistes, pp. 62-64).
           
        Ainsi donc, et notre doctrinaire politique a raison, on devient plus fasciste en prenant les méthodes du fascisme qu'en adhérant à son programme idéologique, par ailleurs flou, confus, embrouillé, obscur, abscons, voire contradictoire en certaines parties, la rédaction de Mein Kampf d'Adolf Hitler l'a montré.
           
        C'est dire à quel point absolu et définitif de non-retour la démocratie universelle est devenue nazie depuis la crise covidienne qui a vu le furieux emploi qu'elle a fait des méthodes nazies...!
 
 
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        Il me semble, parvenu ici, qu'il faut répondre maintenant à un questionnement fondamental, qui surgit de plus en plus fort de mon discours même et des propos éclairés d'Henri de Man, à savoir : Pourquoi le nazisme n'a-t-il pas été radicalement anéanti, en tant que doctrine politique, lorsqu'il fut, mais seulement politiquement et militairement, "vaincu" en 1945 par les forces démocratiques occidentales ? Question un bis, corollaire : Pourquoi les démocraties modernes ont-elles elles-mêmes le fascisme dans leur sein, à l'état de germe virtuel, originellement non-extériorisé et explicité ?
           
        La cause métapolitique de l'impossibilité absolue de l'anéantissement du nazisme par les démocraties occidentales, lorsqu'elles le "vainquirent" en 1945, est facile à saisir pour un catholique, car en effet seule la Foi donne, à la grande question posée, la réponse de fond, que voici : seul un pouvoir politique constitutionnellement basé sur le Christ, à la fois Dieu et Homme parfait, archétypal de tout homme (... surtout de l'homme collectif ou État, ce qui n'est plus du tout perçu par les modernes...) a pouvoir et force surnaturels d'anéantir le mal sociétal, le péché politique, quelqu'il soit. La raison théologique en est infiniment simple : "Sans Moi, vous ne pouvez rien faire" (Jn XV, 5). L'homme seul sans le Christ, en effet, ne peut rien faire, et Notre-Seigneur Jésus-Christ entend par-là toute oeuvre de co-création qui a une résonance métaphysique, qui est liée à la Vie de la grâce, et qui donc peut prétendre à la stabilité et à la pérennité, participant de l'Attribut divin d'Éternité. Et l'homme ne peut rien faire, surtout, il faut le préciser, en Politique constitutionnelle. Or donc, les démocraties post-révolutionnaires, constitutionnellement basées sur "les droits de l'homme" athées, dont le fondement occulte et inavoué mais très-réel est de rejeter formellement Jésus-Christ du for public et politique, sont, en conséquence, viscéralement impuissantes à supprimer, anéantir, toute forme de mal politique, elles ne peuvent rien faire pour anéantir un mal. Car le faire, pouvoir le faire, est une oeuvre en soi surnaturelle. Ne prenant pas leur virtus politique du Christ-Messie, de Jésus-Christ dans sa dimension Pantocrator de Roy universel, ne la prenant volontairement, tout au contraire, que de l'homme déchu et de Satan, cesdits pouvoirs politiques démocratiques post-révolutionnaires sont en fait eux-mêmes une forme de mal. Or, bien sûr, le mal ne peut rien contre le mal, il ne peut pas l'anéantir radicalement, quant bien même sa forme, mais sa forme seulement, lui serait diamétralement opposée.
           
        La vérité, c'est que toute Institution politique qui, depuis la Révélation, ne se source pas constitutionnellement sur le Christ-Messie Pantocrator, est totalitaire, implicitement ou explicitement, et quelque soit la forme adoptée de son totalitarisme. Et c'est bien pourquoi, ce qui répond à la question un bis, les démocraties modernes ont déjà en leur sein, à l'état de germe virtuel, le facho-nazisme. Tant il est vrai qu'une certaine forme politique particulière de mal qui s'oppose au Bien peut tout aussi bien prendre et revêtir une autre forme politique particulière de mal également opposée au Bien, qui est Dieu et l'Ordre, naturel et surnaturel, qui en découle, ce n'est juste qu'une question kaléidoscopique d'angle de vue, et de situation historique particulière, qui décide d'une forme ou d'une autre. La démocratie moderne qui est un mal opposé au Bien et à l'Ordre très-chrétien, peut donc fort bien se transmuer en facho-nazisme, autre forme de mal opposée au Bien, telle la couleur d'un caméléon se change selon la couleur de fond sur lequel il est vu, tout en restant toujours le même caméléon, ou telle la figure géométrique colorée devient toute autre figure géométrique et autrement colorée, pour le très-peu qu'on tourne, ne serait-ce que d'un cran, la lunette du kaléidoscope, et c'est toujours le même kaléidoscope.
           
        La seule chose qui compte en effet, dans la vie privée de l'homme comme dans sa vie politique, c'est l'acquiescement ou l'opposition au Bien, au Bien Suprême qui est le Bon Dieu Un et Trine, Père, Fils et Saint-Esprit, extrinsèque à l'ontologie humaine, à tout être humain, a fortiori à tout être humain collectif ou État. La seule chose à prendre en compte, c'est le Bien et son Ordre surnaturel, qui sont les seuls à exister métaphysiquement ; tout ce qui s'y oppose s'appelle le mal métaphysiquement inexistentiel, ce qui signifie que les différentes formes que ce mal prend ne sont donc guère qu'accidentelles, non substantielles, elles sont mouvantes et changeantes comme la mer et sa houle, elles peuvent, selon le jeu mystérieux et imprévisible des forces dialectiques internes, prendre soudain une autre forme que celle originelle, puis encore revenir à ladite forme originelle, puis encore à nouveau prendre une troisième forme de mal politique, ... fasciste, ... démocrate, ... communiste, mais tout en restant toujours le même inexistentiel mal de fond, radicalement opposé au Bien substantiel, métaphysiquement existentiel, et Lui seul. C'est bien pourquoi le Saint-Esprit prend dans l'Apocalypse de saint Jean l'image de la Bête de la mer pour désigner les puissances politiques des peuples impies déconnectés de Dieu et se donnant à l'Antéchrist-personne ; la Bête de la mer, pour le dire lapidairement mais très-réellement, c'est en fait la démocratie universelle post-révolutionnaire actuelle (revoir à ce sujet la première partie de mon article https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-faux-prophete-l-antechrist-sont-une-seule-et-meme-personne-et-non-deux?Itemid=154).
           
        On sait que le contre-évangile des démocraties post-révolutionnaires est tout contenu, cristallisé, dans le concept de liberté (l'égalité et la fraternité du triptyque révolutionnaire ne sont que subséquences de ladite liberté), liberté dont on gave à qui mieux-mieux les oies démocratiques tous les jours, la mettant au pinacle de la glorification, au-dessus du Trône de Dieu, avec obligation citoyenne de l'adorerMais, bien sûr, il ne s'agit pas de la vraie liberté, celle que possèdent, et eux seuls, les enfants de Dieu par don divin gratuit, datis gratae. Il s'agit au contraire d'une liberté luciférienne de faire ce que l'homme collectif ou État veut faire et veut croire au nom de tout le peuple qu'il administre, dans lequel peuple, et non dans le Christ, il prétend sourcer et puiser sa puissance, sa validité, son fondement et sa vie politiques (c'est en toutes lettres apostates et athées dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1791 : "Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation" ― art. 3 ; et, à l'article 2 du titre III de cette même constitution, l'antéchristique déclaration, de renchérir : "La nation, de qui seule émanent tous les pouvoirs, etc."), liberté luciférienne disais-je, de faire et de croire, soit le mal soit le bien, et qu'on a appelé depuis liberté de conscience, en autonomie totale par rapport à l'Ordre, naturel et surnaturel, qui émane de Dieu.
           
        Si le gouvernement démocratique choisit la liberté de faire le bien, ce n'est pas du tout pour obéir à Dieu et Lui rendre hommage et gloire de cedit bien qu'il opère, car la liberté luciférienne ne connaît pas Dieu, c'est uniquement pour se glorifier lui-même et s'adorer dans ce bien qu'il fait et opère, à l'instar de Lucifer l'ange déchu ; c'est donc un bien sans Charité divine, une cymbale plus ou moins retentissante qui ne vaut surnaturellement strictement rien. Que si ledit pouvoir démocratique choisit la liberté de faire le mal, il appellera "bien" ce "mal" pourtant objectif qu'il a décidé de faire, car toute chose faite par lui et mise en oeuvre par sa liberté, soit de faire un bien objectif soit de faire un mal objectif, est en soi le bien. L'avortement, le mariage gay, est un "bien" parce que, lucifériennement, sa liberté le veut. Cette prétendue liberté revolutionnaire rejette absolument tout ce qui n'est pas elle, qui la contredit et qui l'anéantit, comme la vraie liberté chrétienne par exemple le fait : la liberté luciférienne devenue dans nos temps modernes démocratique est par essence totalitaire, nazie. D'où l'axiome révolutionnaire bien connu : "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté !"
           
        En prenant conscience de ce caractère excessivement mauvais et même luciférien du fondement métaphysique de toute société démocratique, que je viens de sommairement décrire, on peut dès lors beaucoup mieux saisir pourquoi la démocratie moderne, qui n'est pas du tout le "Bien politique" (à coloration de préférence anglo-saxonne), comme une propaganda digne de Joseph Goebbels en a assommé et sur-assommé les peuples au sortir de la seconde guerre mondiale, matraquage des cervelles qui s'est du reste continué et se continue encore et toujours avec la même incroyable virulence diabolique jusqu'à nos jours cala(très)miteux (... les papes modernes y donnant furieusement une main sacrilège, comme des malades bons à enfermer, à commencer par Pie XII dans tous ses Noëls de guerre 39-45 surtout celui de 1944, sans parler de Jean XXIII qui, dans Pacem in terris de 1963, se mettait presque à deux genoux devant l'ONU, ni non plus de Paul VI et de son incroyable discours idolâtrique de prostituée à l'ONU en 1965, et ne parlons pas des papes suivants...), on peut dès lors beaucoup mieux saisir pourquoi, disais-je, la démocratie moderne, qui, loin d'être un bien politique, est au contraire un très-grand mal politique fruit de la Révolution, peut épouser si facilement un autre mal politique, à savoir le facho-nazisme, et devenir, hélas, comme dans les mariages bien faits, UNE SEULE CHAIR AVEC LUI...
 
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        Retournons encore une dernière fois à la pensée d'Henri de Man que j'ai synthétisée plus haut, pour apporter une importante précision supplémentaire : les démocraties modernes n'ont vaincu le nazisme seulement qu'en intégrant son totalitarisme doctrinal dans leurs propres fondements et mœurs politiques, et pas du tout en l'anéantissant radicalement.
           
        Nous venons de voir que les démocraties post-révolutionnaires constitutionnellement antichrists ne peuvent pas vaincre une forme politique de mal quelle qu'elle soit, en l'occurrence le nazisme, en l'anéantissant, en le phagocytant radicalement, elles ne peuvent au contraire qu'augmenter leur propre mal antichrist originel en intégrant en elles cet autre mal, celui du nazisme (le même raisonnement est d'ailleurs à tenir pour le communisme). Elles ne peuvent que se grossir d'un mal supplémentaire que par ailleurs, on l'a vu, elles ont déjà en germe virtuel dans leur sein, le mal spécifiquement nazi ne faisant dès lors que servir d'activateur, d'accélérateur, à un mal virtuel déjà présent en elles.
           
        Or donc, et c'est la précision supplémentaire que j'ai à cœur d'apporter maintenant, seule une société politique constitutionnellement ordonnée au Christ-Dieu peut, quant à elle, vaincre réellement une société politique du mal, tel le nazisme, en l'anéantissant radicalement, c'est-à-dire en le phagocytant usque ad mortem. Car une société constitutionnellement christique a participation du Pouvoir divin du Christ dans sa dimension Pantocrator de Roy universel, d'engloutir le péché politique, de le supprimer réellement c'est-à-dire jusqu'à son anéantissement complet et définitif, sa mort, à l'instar de ce que le Christ a Lui-même fait dans la Rédemption, faisant mourir et anéantissant complètement le péché et le mal par son Sacrifice sur la croix. Et c'est ce pouvoir divin d'anéantissement complet du mal et du péché politiques qu'Il transmet libéralement aux sociétés politiques qui Le prennent comme source et fondement de leur pouvoir politique. C'est cela que signifie le processus métabolique de la phagocytose. Phagocyter signifie en effet : détruire par phagocytose. C'est une vraie destruction, un anéantissement. Il ne reste strictement plus rien de la chose phagocytée une fois que la phagocytose est opérée, exactement comme du péché soumis à la Rédemption du Christ. Et cela, seules les sociétés politiques constitutionnellement basées sur le Christ ont ce pouvoir d'annihilation radicale et définitive d'un mal politique, quelqu'il soit.
           
        Ce qui signifie ceci, et c'est à cela que je voulais arriver :
           
        Seule la société politique des roys très-chrétiens innervée par le Christ, à la constitution théocratique issue du Sacre de Clovis, réactivée épiphaniquement, très-miraculeusement, par sainte Jeanne d'Arc à la fin du Moyen-Âge, et dont le dernier tenant-lieu au for public fut, de glorieuse mémoire, le roy Louis XVI, aurait eu le pouvoir de phagocyter radicalement le mal politique nazi, sans être obligé, dans le processus même de cette opération, comme les démocraties modernes le furent, d'intégrer dans son propre et théocratique fondement politique, le nazisme.
 
 
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        ... Et maintenant, où en sommes-nous tous, depuis que les sociétés politiques démocratiques universelles se sont ouvertement nazifiées dans la crise covidienne ?