Que le pape Benoît XVI,
MALGRÉ TOUT,
repose en paix dans le Christ
... Malgré tout ?, qu'est-ce à vouloir dire ? Malgré tout quoi ?
Éh bien, premièrement, malgré la Foi pour le moins extrêmement mélangée de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, qui fut doctrinalement très-moderniste sous des dehors paradoxalement conservateurs, quand par ailleurs sa piété personnelle et son amour sincère envers Dieu sont restés cependant intacts et même édifiants, sans faille, durant toute sa vie jusqu'à sa mort, de manière certes si grandement contradictoire pour celui qui ne comprend pas "LA PASSION DE L'ÉGLISE", qui ne comprend pas ce que vivent l'Église et les hommes d'aujourd'hui...
Et puis, secondement, malgré la cérémonie de ses obsèques, que le pape François a visiblement volontairement bâclée et même saccagée le plus que cet énergumène de pape, pardon, a pu faire, d'une manière absolument honteuse, scandaleuse, et on peut même dire sacrilègement attentatoire à la dignité de l'église de Rome, mère universelle de toutes les églises. Benoît XVI avait vraiment de quoi s'en retourner dans son cercueil...
Que Jésus, le Bon Pasteur, fasse miséricorde
à l'âme de Joseph Ratzinger-Benoît XVI,
enfermée dans les ronces du modernisme !
Quant au premièrement, il n'est que trop vrai que Joseph Ratzinger-Benoît XVI a eu en effet une Foi extrêmement moderniste sur le plan doctrinal.
Et c'est hélas dès son jeune âge sacerdotal qu'on perçoit cette déviance gravissime dans son esprit. En juillet 1953, il a vingt-sept ans et est prêtre depuis deux ans, il devient docteur en théologie et prépare alors sa thèse d'habilitation afin de devenir professeur d'université. Or, dans son travail de thèse, "il développe l'idée que la Révélation est «un acte dans lequel Dieu se montre», mais cette Révélation ne peut se réduire aux propositions qui découlent des penseurs néo-scolastiques. En effet, pour Joseph Ratzinger, la Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté»" (Benoît XVI, le choix de la Vérité, George Weigel, 2008, p. 233). Autrement dit, dans l'acte premier de la Révélation et non dans la phase seconde de sa réception, l'homme compte métaphysiquement autant que Dieu. Cette conception de la Révélation fut à juste titre vivement critiquée par son co-directeur de thèse, Michel Schmaus, comme étant moderniste. Joseph Ratzinger fut alors obligé de revoir son travail en y supprimant cette doctrine moderniste sur la Révélation, ce qu'il fit ; et cela lui permit d'obtenir son habilitation, qui lui fut accordée le 21 février 1957, il a à peine trente ans, puis il fut nommé maître de conférences à l'université de Munich. Mais il est trop évident qu'il ne s'est pas du tout converti de cette pensée moderniste sur la Révélation qu'il a formulée dans sa thèse d'habilitation et qu'on l'a obligé d'y retirer, la suite le démontrera très-rapidement, comme nous allons le voir tout-de-suite, notamment lorsque Joseph Ratzinger collaborera quelques courtes années plus tard, dans le cadre de Vatican II, avec un certain Karl Rahner (suivez mon regard) pour élaborer tous deux un schéma sur la Révélation qu'ils auraient bien voulu voir adopter par les Pères conciliaires...
Or, cette pensée moderniste fondamentale sur la Révélation, "thème de prédilection du principal conseiller du cardinal [Frings] de Cologne, Joseph Ratzinger" (Joseph Ratzinger dans la tourmente de Vatican II, Blandine Delplanque), est à mon sens le péché originel qui va faire germer en rejetons d'icelui toutes les subséquentes déviances hétérodoxes de Joseph Ratzinger puis du pape Benoît XVI, qui seront trop nombreuses par la suite dans tous les domaines, œcuménique, biblique, liturgique, dogmatique, ecclésiologique, etc., dont je vais éplucher quelques-unes plus loin dans mon travail, sans, hélas, aucunement prétendre à l'exhaustivité.
Je vais rester un bon bout de temps sur cette pensée moderniste de fond de Joseph Ratzinger quant à la Révélation, car elle est en effet extrêmement grave et hétérodoxe, en voulant, dans un premier temps, mettre à rang d'égalité l'ontologie humaine avec l'Être Transcendant de Dieu, extrinsèque à l'homme, puis, en dernière étape obligée du processus métaphysique, en opérant carrément la supplantation luciférienne du Dieu Transcendant par l'homme, ce que ne voulaient sans doute pas tous ceux qui l'ont professée au départ sans prendre conscience de toutes ses ultimes implications (et sûrement pas Joseph Ratzinger), mais sans pouvoir empêcher que, par une dynamique obligée, elle n'aboutisse in fine jusqu'à cette supplantation métaphysique terminale luciférienne et antichristique du Dieu véritable par l'homme.
Car bien développée dans toutes ses conséquences ultimes, cette pensée moderniste sur la Révélation est en effet pas moins que L'HÉRÉSIE DE L'ANTÉCHRIST. Lorsqu'il paraîtra en ce très-bas monde pour la punition des hommes, l'Antéchrist-personne ne fera rien d'autre que la mettre en œuvre radicalement sans y rien rajouter en terme de perversité doctrinale. On ne peut pas aller plus loin, en effet, dans la perversité hérétique, que cette pensée moderniste le fait. La raison métaphysique en est fort simple. Si je mets deux dieux à rang d'égalité et ensemble dans un même cosmos comme le veut Joseph Ratzinger pour la Révélation, alors, pour rester dieu, l'un va automatiquement et obligatoirement phagocyter l'autre. Car un dieu ne peut souffrir un autre dieu à côté de lui dans un même cosmos, sous peine de ne plus pouvoir être et s'appeler dieu. Certes, du côté de Dieu Transcendant, Trine, Lui n'anéantit pas le dieu-homme ou déité qu'Il a créé. Mais c'est parce qu'il est Amour substantiel (I Jn IV, 8). Et l'Amour substantiel, au contraire d'anéantir le dieu-homme, va le transformer, épanouir sa déité jusqu'à le rendre semblable à Lui, Dieu Amour Transcendant, l'assimiler à Lui, véritablement le convertir par inhabitation en sa propre Substance d'Amour super-essentielle, pour l'Éternité bienheureuse. Mais du côté du dieu-homme taré du péché originel, si on le met à rang d'égalité avec le Dieu Transcendant comme le fait le moderniste, alors, puisque lui n'est pas Amour substantiel, il va anéantir en lui le Dieu Transcendant, pas forcément d'ailleurs par haine, du moins au départ, mais juste pour rester dieu dans son cosmos. C'est précisément là la phase terminale de la pensée moderniste : phagocyter radicalement le Dieu Transcendant par et dans l'homme-dieu ou déité. Or, ce péché "qui perce la voûte des cieux" (Secret de La Salette), le plus grave qui puisse être commis par la créature de Dieu, est celui qui a été commis au tout début des temps par l'ange rebelle, Lucifer, et il sera commis à nouveau par l'Antéchrist-personne à la toute-fin des temps, dont le règne maudit s'annonce de nos jours à la terre de manière pressante et imminente, précisément, signe topique indéniable, par l'apostasie moderniste qui s'épanouit affreusement et universellement non seulement parmi les enfants des hommes mais parmi les plus grand'clercs de l'Église... jusqu'au pape légitime sur le Siège de Pierre, depuis Vatican II.
Cette pensée de fond est en effet, sous différentes formes inchoatives plus ou moins abouties, le dénominateur commun de tous ces théologiens modernistes-progressistes, majoritairement allemands et français ou pays voisins, qui grouilleront ensemble dans la vie de l'Église pendant les années pré-conciliaires, et auxquels, d'instinct, s'affectionnera et s'acoquinera rapidement, avec une très-grande conviction et un très-grand enthousiasme, notre jeune théologien Joseph Ratzinger : les Henri de Lubac, qui sera un de ses maîtres à penser, les Hans Urs von Balthazar, les Hans Küng même, avec lequel il se séparera certes plus tard, mais non pas sur le fond, seulement sur les conséquences extrêmes professées par Küng entées sur leur hérésie de fond, qui, quant à elle, leur est et restera commune. Lorsque Vatican II s'ouvre, ils s'entendent effectivement tous admirablement bien comme cul et chemise dans leur projet fervemment souhaité, ardemment entretenu, de modernisation de l'Église, en témoigne par exemple "Yves Congar qui écrit dans son Journal du concile : «Heureusement, il y a Ratzinger. Il est raisonnable, modeste, désintéressé, d’une grande aide», ou encore Henri de Lubac, qui définit Ratzinger comme un «théologien aussi pacifique et bienveillant que compétent»" (Ratzinger au concile Vatican II, Robert Cheaib). En 2013, le pape Benoît XVI, officiellement démissionnaire du Souverain pontificat, fort loin d'être dégrisé de ce compagnonnage illuministe de ses bouillonnantes années pré-conciliaires et conciliaires (il ne s'en dégrisera hélas jamais), se félicitera encore et toujours d'avoir, à Vatican II, "connu de grandes figures comme le Père de Lubac, Daniélou, Congar, etc." (Discours de Benoît XVI au clergé de Rome, 14 février 2013 ; cf. http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2013/february/documents/hf_ben-xvi_spe_20130214_clero-roma.html).
Le plus puissamment illuminé de tous ces progressistes-modernistes et comme leur chef de file, est évidemment le trop célèbre Karl Rahner (1904-1984). C'est lui qui va désenvelopper la pensée moderniste dans ses caractères les plus radicaux et abominablement clairs, hérétiquement clairs, comme je vais le montrer tout-à-l'heure. Or, il n'est pas banal ni anodin que Rahner choisisse le théologien bavarois, Joseph Ratzinger, qui fut son élève et disciple, comme meilleur collaborateur de sa pensée moderniste pour l'infuser dans Vatican II. Quand le concile arriva, dans ses travaux, au décret sur la Révélation, qui deviendra Dei Verbum, nos deux penseurs modernistes qui avaient tous deux été nommés peritus, c'est-à-dire experts officiels du concile nommés et agréés par le pape, arriveront presque à faire passer la doctrine moderniste que Joseph Ratzinger avait formulée en 1957 comme on l'a vu, en préparant ensemble, tous les deux, un texte devant remplacer le défunt schéma De Fontibus présenté par le cardinal Ottaviani au nom de la Curie, basé sur la traditionnelle doctrine des deux sources de la Révélation, l'Écriture sainte et la Tradition, schéma qui avait été refusé par le cardinal Frings auquel s'étaient alliés les prélats progressistes franco-allemands pour faire bloc, et dont il faut noter soigneusement que ce refus ne pouvait qu'être le fruit des consultations que le cardinal allemand avait eues avec le théologien privé qu'il avait amené avec lui dans ses bagages à Rome pour le concile... Joseph Ratzinger.
Remettons-nous devant les yeux ce qu'avait professé notre théologien moderniste en 1957, dans sa thèse pour son habilitation au professorat : "La Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté»". Autrement dit, pour nos modernistes, la personne humaine est métaphysiquement nécessaire à l'existence de la Révélation, ce qui, comme je le disais plus haut, est la mettre à rang d'égalité dans un même cosmos métaphysique avec le Dieu Transcendant. Ce qui signifie que, pour eux, la Tradition ne saurait être une des sources de la Révélation, puisque, définitionnellement, la Tradition n'a pas de personne vivante en face d'elle et ne peut métaphysiquement en avoir jamais ! Tradition, en effet, veut dire : "1/ Doctrine, pratique, transmise de siècle en siècle, originellement par la parole ou l'exemple. La tradition juive, chrétienne, islamique. 2/ Ensemble de notions relatives au passé, transmises de génération en génération. Tradition orale. 3/ Transmission du contenu de la vérité révélée à partir de l'Écriture, par les écrits des Pères de l'Église, les conciles, les écrits des docteurs de l'Église, la liturgie et les documents pontificaux, dans la fidélité à l'action du Saint-Esprit" (Larousse). La Tradition, on l'a compris, est exclusivement de l'ordre du passé. Or, puisque dans le passé il n'y a pas et ne saurait exister de personne humaine vivante, il n'y a donc pas de Révélation par la Tradition pour le moderniste, puisque, pour lui, la personne humaine vivante est théologiquement nécessaire pour que la Révélation puisse exister, Joseph Ratzinger nous l'a formellement dit dans son texte condamné de 1957.
C'est bien pourquoi le moderniste rejette la doctrine traditionnelle de la Révélation basée sur ses deux sources, Écriture et Tradition. Pour lui, il n'y a plus que l'Écriture à compter pour acter la Révélation, à la condition expresse qu'elle soit faite à une personne vivante (car en fait, si on va au fond de son raisonnement, le seul criterium qui compte vraiment pour le moderniste qui a été jusqu'au bout de sa doctrine luciférienne, ce n'est pas Dieu qui fait la Révélation, c'est le sujet-réceptacle, l'homme vivant, qui la reçoit : la première condition métaphysique pour que la Révélation ait lieu, pour lui, est l'homme vivant, avant la condition métaphysique de Dieu, qu'il considère seconde...). Mais comme cette doctrine amputée de la Tradition et donc réduite à l'Écriture ressemble par trop à l'hérétique sola Scriptura des protestants, le moderniste va créer un pseudo-distinguo pour prétendument se démarquer de l'hérésie protestante qui, en réalité, est une absurdité, à savoir le concept de "tradition vivante", la formule n'étant en fait qu'un oxymore aussi absurde qu'un... jour nocturne (mais cela faisait écran de fumée pour les Pères traditionalistes en les rassurant, puisque le mot "tradition" était employé...).
Mais laissons nos modernistes vider eux-mêmes leur sac sur la table : "Le schéma Rahner-Ratzinger affirmera que l’Église dépend de la Parole de Dieu. Les deux théologiens montreront comment l’Église «est gardienne de la Parole de Dieu révélée dans les Saintes Écritures, elle sert cette parole, elle vit de cette parole. En elle, elle trouve sa richesse». Mais le schéma prend aussi des distances par rapport à la formule protestante sola Scriptura puisque «jamais l’Écriture ne se suffit à elle-même, mais c’est seulement dans la Tradition vivante de l’Église qu’elle devient pour nous cette parole vivante de Dieu qui nous appelle de notre dépression à devenir un seul homme nouveau (Eph 2,15)». Il y a un caractère bilatéral qui unit l’Écriture et la Tradition : «L’Église ne peut prêcher autre chose que l’Écriture, mais l’Écriture ne vit que dans la prédication et dans la foi de l’Église, qui la clarifie et en définit le véritable sens par son autorité»" (Ratzinger au concile Vatican II, Robert Cheaib).
Autrement dit, pour fonder et acter la Révélation, il n'y a plus que l'Écriture et ce que nos modernistes veulent appeler par absurde oxymore la "tradition vivante", qui en fait, dans leur concept, est juste le Magistère ecclésial du présent mais à l'exclusion radicale et formelle du Magistère ecclésial du passé. La doctrine moderniste le veut formellement puisqu'elle pose la personne humaine vivante comme nécessaire à la manifestation réelle de la Révélation et qu'il ne saurait y avoir de personne vivante dans le passé. En fait, il faut bien saisir que ce qui intéresse par-dessus tout le moderniste dans le Magistère ecclésial du présent, auquel il fait mine de se soumettre avec force déférence et profonds salamalecs, c'est beaucoup moins l'Autorité de l'Église actuelle, que l'homme vivant de la génération ecclésiale du présent auquel ce Magistère du présent s'adresse. En fait, l'homme vivant SEUL compte pour lui, Dieu, métaphysiquement, ne compte à tout le mieux qu'après (et il en est bien sûr de même pour sa Parole dans l'Écriture ou bien dans le Magistère ecclésial du présent), nous allons en voir tout-à-l'heure l'abominable raison, le pourquoi, avec Karl Rahner... Et il est si entiché de son homme vivant qu'il va jusqu'à tricher avec les textes sacrés ou les écrits des saints, pour le magnifier, le glorifier. On se rappelle le leitmotiv des modernistes au lendemain de Vatican II, ils ne cessaient de rabâcher que "La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant", qu'ils disaient être tiré de saint Irénée de Lyon. Mais la vérité, c'est que ce grand docteur des tout premiers siècles chrétiens avait écrit : "La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant ; la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu" (Contra Haereses, IV, 20, 7). Il n'y a donc pas de vie de l'homme sans qu'il contemple Dieu, et donc c'est Dieu qui est en première cause métaphysique de l'homme vivant, comme le dit si bien le grand saint Irénée, exactement contrairement à ce que professe en luciférien le moderniste quand il professe quant à lui en rester à l'homme vivant seul...
Et c'est cette doctrine moderniste que nos deux compères, Karl Rahner et Joseph Ratzinger, veulent, dans l'élaboration de leur schéma, faire passer aux Pères conciliaires pour qu'ils la promulguent comme document magistériel sur la Révélation. Cependant, ils n'y arriveront pas. En effet, "les critiques [de leur schéma] fusent, notamment de la part des traditionnalistes français, à l’encontre de Joseph Ratzinger et de son ami le théologien Karl Rahner" (Joseph Ratzinger dans la tourmente de Vatican II, Blandine Delplanque). Ou plus exactement dit, ils n'y arriveront... pas tout-à-fait, car le décret final qui fut voté par les Pères de Vatican II, Dei Verbum, est très-fortement incliné vers leur doctrine moderniste : "L’empreinte fortement rahnérienne du document [préparé par nos deux peritus modernistes] empêchera qu’il soit inséré comme base de la discussion conciliaire, même si plusieurs Pères conciliaires soutiennent le texte. Ainsi, ce document disparaîtra explicitement mais il travaillera implicitement les cœurs, comme en témoignent les actes du concile qui attestent combien ce document, ainsi que d’autres facteurs, a contribué à renverser la perspective, qui sera officiellement reconnue dans Dei Verbum" (Ratzinger au concile Vatican II, Robert Cheaib).
Le positionnement moderniste de Joseph Ratzinger est d'ailleurs bien connu des spécialistes, quand bien même ils n'en tirent, par manque de Foi, aucune conséquence. On voit par exemple George Weigel écrire : "La thèse presque avortée de Ratzinger sur Bonaventure et la place de la Révélation de Dieu fut en grande partie reprises par le concile Vatican II, dans la constitution Dei Verbum, qui considère que la Révélation de Dieu n'est pas une simple affirmation de Dieu, mais doit être comprise comme une rencontre de Dieu avec l'homme" (Benoît XVI, le choix de la vérité, p. 346). Mais qu'ai-je besoin d'aller chercher des témoins du modernisme de Joseph Ratzinger, puisque l'intéressé lui-même, devenu pape Benoît XVI, y souscrit encore et toujours, sans aucun complexe ni retour sur lui-même, dans son dernier discours public aux prêtres romains, en 2013 : "C’est seulement si nous croyons que ce ne sont pas des paroles humaines, mais que ce sont des paroles de Dieu, et seulement si le sujet vivant auquel Dieu a parlé et parle vit, que nous pouvons bien interpréter la Sainte Écriture" (Discours de Benoît XVI au clergé de Rome, 14 février 2013).
Pour ne pas faire trop long dans ce nouvel article, je ne ferai pas d'autres zooms sur l'influence moderniste avérée qu'a eue, à bien des carrefours très-importants du concile moderne, Joseph Ratzinger, en compagnie étroite et serrée avec les Rahner, de Lubac et autre Congar, estimant suffisant le petit rappel théologico-historique ciblé que je viens de faire.
Il est trop vrai de dire que Joseph Ratzinger fut un ultra-progressiste, un fieffé moderniste, au concile Vatican II, auquel il se rendait d'ailleurs en costard-cravate (ce qui, du reste, ne lui allait pas du tout), quoique prêtre...
Je disais donc plus haut que Joseph Ratzinger avait pris comme maître à penser, Henri de Lubac. Or, ce jésuite progressiste professait "dès 1946, dans son livre Surnaturel, que l'ordre surnaturel est nécessairement impliqué dans l'ordre naturel. Il en résulte que le don de l'ordre surnaturel n'est pas gratuit puisqu'il est redevable à la nature. En fait, la nature, en raison même de son existence, s'identifie au surnaturel. Dès 1938, dans son livre Catholicisme, il n'hésitait d'ailleurs pas à écrire : «En révélant le Père, et en étant révélé par Lui, le Christ achève de révéler l'homme à lui-même [= c'est-à-dire : comme une surnature, un Dieu, un Christ, nous allons voir tout-à-l'heure Jean-Paul II le dire crûment et sans voile dans son Noël 1978, et Joseph Ratzinger souscrire lui aussi à cette pensée extrême]» (p. 295). (...) Cette conception du surnaturel nécessairement lié à la nature humaine, est aussi clairement proposée par Karl Rahner depuis les années 30" (Pierre, m'aimes-tu ?, abbé Daniel Le Roux, 1988, p. 53). Pour en rester à Henri de Lubac, il n'est pas besoin d'être grand'clerc en théologie pour comprendre la parfaite similitude de doctrine fondamentale entre ce qu'il professe et ce que professe Joseph Ratzinger : si la nature humaine est nécessaire à la Surnature pour que cette dernière puisse vraiment et concrètement exister hic et nunc, comme le professe de Lubac, alors il est évident que la Révélation a nécessairement besoin de l'homme auquel elle s'adresse pour pareillement vraiment et concrètement exister, comme le dira plus tard Joseph Ratzinger.
Mais laissons l'abbé Le Roux continuer sur Rahner. Comme je le disais plus haut, nous allons apprendre de lui ce que les modernistes entendent par l'homme vivant et pourquoi il est le seul à vraiment exister métaphysiquement : "En fait, il dépasse même la pensée du Père de Lubac. Fortement influencé par Hegel, «Rahner se propose surtout d'éclaircir théologiquement les conditions de la possibilité d'une incarnation», de l'aveu même de son plus fidèle disciple, Hans Küng. (...) Dans son ouvrage Teologia dall'incarnazione, écrit en 1967, Rahner affirme tout d'abord que l'essence de Dieu est la même que la nôtre : «Quand le Logos se fait homme... cet homme en tant qu'homme est précisément l'auto-manifestation de Dieu dans son auto-expression. L'essence, en effet, est la même en nous et en Lui ; nous, nous l'appelons nature humaine». D'autre part, l'union hypostatique est un évènement qui a eu lieu «dans et par la conscience humaine. (...) Cette vision immédiate et effective de Dieu, n'est autre chose que la conscience initiale, non-objective, d'être le Fils de Dieu ; et cette conscience est donnée par le seul fait que celle-ci est l'union hypostatique» (Considerazioni dogmatiche sulla scienza et autocoscienza di Cristo, Rome 1967, p. 224). Rahner enseigne même que l'acte de Foi est inutile «parce que, écrit-il dans Teologia dall'incarnazione, p. 119, dans mon essence il y a Dieu ; parce que toutes les actions, c'est Dieu qui les fait. Celui qui accepte son existence, donc son humanité, celui-là, même sans le savoir, dit oui au Christ. Celui qui accepte complètement son être-homme a accepté le Fils de l'homme parce qu'en celui-ci Dieu a accepté l'homme»" (ibid., pp. 53-56). On ne saurait aller plus loin dans la perversion doctrinale que ne le fait le modernisme : c'est dans les dernières déductions métaphysiques qu'on se rend bien compte que le moderniste phagocyte, supprime le Dieu Transcendant en lui pour ne plus considérer que sa propre déité déifiée, surnaturellement veut-il croire, par sa nature d'homme-déité...
Cette pensée moderniste exprimée jusque dans ses conséquences lucifériennes ultimes et extrêmes, je l'ai baptisée personnalisme subjectiviste lorsque je l'ai dénoncée chez Jean-Paul II, dans mon article sur sa canonisation (cf. http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/LaCanonisationDeJeanPaulIIMisEnForme.pdf), car le prédécesseur de Benoît XVI sur le Siège de Pierre l'a moult enseignée magistériellement lorsqu'il fut pape, avec une ardeur d'apôtre incroyable, y revenant sans cesse et le plus souvent possible. C'est pourquoi d'ailleurs, dès qu'ils se découvriront l'un l'autre, Joseph Ratzinger et Karol Wojtyla s'entendront immédiatement formidablement bien et de plus en plus, dans les années post-conciliaires (Ratzinger évoquera "cette sympathie spontanée entre nous, et nous avons parlé (…) de ce que nous devrions faire, de la situation de l'Église" ― Weigel, p. 248), jusqu'à les voir mettre ensemble comme s'ils n'étaient qu'un seul auteur cette pensée moderniste qu'ils professaient dans l'encyclique Veritatis Splendor, rédigée à quatre mains au piano forte et même fortissimo, encyclique bougrement hégélienne que j'ai dénoncée ici : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/veritatis-splendor-l-encyclique-majeure-de-jean-paul-ii-extremement-loin-d-etre-catholique-enseigne-l-heresie-apostasie-de-l-antechrist?Itemid=1.
Si je parle maintenant de Jean-Paul II, dont tout le monde, donc, sait la très-étroite collaboration et l'intime communion de pensée qu'il eut avec Joseph Ratzinger, c'est à dessein, car aucun moderniste ne manifestera la pensée moderniste dans son désenveloppement antichristique lapidaire et radical comme il osera le faire, professant carrément que l'homme a communication des idiomes ou identités théologiques avec Dieu, et donc est Dieu lui-même, ce qui est la dernière déduction métaphysique de la doctrine moderniste comme je l'ai établi plus haut, en totale communion avec Karl Rahner, un de ses principaux maîtres à penser. Il osera le faire dans son message de Noël 1978, ... le jour de Noël !!, son premier Noël pontifical, ainsi :
"Ce message [de Noël] s’adresse à chaque homme, à l’homme dans son humanité. Noël est la fête de l’homme. C'EST LA NAISSANCE DE L'HOMME. L’un des milliards d’hommes qui sont nés, qui naissent et qui naîtront sur la terre. Un homme, un élément de cette immense statistique [... évidemment, si tout homme est le Christ depuis l'Incarnation, alors, la naissance de Jésus-Christ est la naissance de tout homme, Il n'est Lui-même qu'un homme parmi les milliards d'autres !!!...]. (...) Et en même temps un être unique, absolument singulier. Si nous célébrons aujourd’hui de manière aussi solennelle la naissance de Jésus, nous le faisons pour rendre témoignage au fait que chaque homme est unique, absolument singulier. (...) Ce message [de la Noël] est adressé à chaque homme, précisément en tant qu’il est homme, à son humanité. C’est en effet l’humanité qui se trouve élevée dans la naissance terrestre de Dieu. L’HUMANITÉ, LA «NATURE» HUMAINE, SE TROUVE ASSUMÉE DANS L'UNITÉ DE LA PERSONNE DIVINE DU FILS, DANS L'UNITÉ DU VERBE ÉTERNEL, DANS LEQUEL DIEU S'EXPRIME ÉTERNELLEMENT LUI-MÊME. (...) Dans la solennité de ce jour, nous nous élevons aussi vers le mystère insondable de cette naissance divine. En même temps, la naissance de Jésus à Bethléem témoigne que Dieu a exprimé cette Parole éternelle, son Fils unique, dans le temps, dans l’Histoire. De cette «expression», il a fait et il continue à faire la structure de l’histoire de l’homme".
Ce que j'ai mis en rouge, qui est du Karl Rahner craché et théologiquement achevé, et qu'à ma connaissance aucun tradi n'a remarqué en son temps, ce désenveloppement radical et complet, sans voile, de la pensée moderniste que Joseph Ratzinger exprimera à sa façon en 1957 en parlant de la Révélation (mais en allant moins loin, cependant, que Karol Wojtyla dans ce Noël 1978), est tellement é-nhaur-me que cela passe dans les cœurs chrétiens habitués à un langage de Foi véritable de la part du pape, sans que personne ne se rende compte de la prodigieuse hérésie-apostasie ici FORMELLEMENT affirmée par le pape Jean-Paul II sans qu'il soit possible de lui donner le moindre sens orthodoxe, chacun rectifiant inconsciemment cette langue antéchristique radicale pour la méditer quant à soi dans l'orthodoxie.
Mais il s'en faut que la langue de Jean-Paul II soit orthodoxe, nous sommes vraiment ici en présence de la "voix de dragon" dénoncée par saint Jean dans l'Agneau de la fin des temps c'est-à-dire dans le dernier pape légitime (Apoc XIII, 11), quand il est en train de dire sans ambigüité aucune, au contraire en toute proposition hérétique formelle, que, par l'Incarnation, le Verbe divin s'est uni à la nature humaine en tant que telle, c'est-à-dire à TOUT homme qui a existé depuis que le monde est monde, avant le Christ, au temps du Christ, et qui existera après Son passage terrestre il y a 2 000 ans, vous, moi, ceux qui naîtront et mourront après nous !! Car bien sûr, sa proposition est totalement hérétique : non pas toutes les humanités de la nature humaine, mais SEULE l'Humanité singulière, au singulier, qui a été ineffablement donnée par Dieu à l'homme Jésus à la Noël au moyen du canal immaculé de la très-sainte Vierge Marie, son humanité particulière que les théologiens appellent à juste titre la Sainte-Humanité de Jésus-Christ, participe théandriquement à la Divinité du Verbe dans sa Personne unique ! Et strictement aucune autre humanité n'a communication théandrique avec le Verbe divin !! Or ici, Jean-Paul II affirme au contraire, en prenant une formulation théologique bien connue des théologiens, que tous et chacun des hommes, à l'égal de l'homme Jésus, participent théandriquement, par la communication des idiomes, à la Divinité du Dieu Transcendant. Il n'en fallait pas tant, il s'en faut extrêmement, pour que l'Inquisition sévisse, au Moyen-Âge, les impénitents finissant sur le bûcher...
Dans ce premier message de Noël 1978, Jean-Paul II ose donc dire carrément que c'est TOUTE humanité existante qui se trouve unie de soi au Verbe divin, de par le fait même de l'Incarnation et de la Noël, et qui, par-là même, est Dieu-Verbe elle-même. Ce qui signifie donc, sans ambiguïté aucune, en toute clarté théologique... et formidablement antéchristique-hérétique !!, je le répète, que l'homme, tout homme vivant actuel, a communication métaphysiquement immédiate avec le Verbe divin, c'est-à-dire est... Dieu-Christ lui-même !!! Et c'est bien pourquoi d'ailleurs, notons-le avec soin, le texte pontifical écrit, dans la proposition théologique de Jean-Paul II que j'ai soulignée en rouge : la «nature» humaine AVEC DES GUILLEMETS (j'ai été vérifier le texte sur le site officiel du Vatican : les guillemets modernistes-antéchristiques y sont bel et bien, qu'on en juge sur pièce : http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/urbi/documents/hf_jp-ii_mes_19781225_urbi.html). Parce que, comme le disait Karl Rahner, la nature humaine est une autre manière d'appellation, juste un surnom, de la Nature divine... qui est la seule existante. En fait, il faut lire SURNATURE DIVINE quand on lit NATURE HUMAINE !!!
Et c'est justement bien cette illumination antéchristique radicale, qui est la finalisation terminale de la pensée moderniste, que le pape Jean-Paul II veut communiquer, ... et avec quel enthousiasme !, ... quelle ardeur de prosélyte !, au monde entier, quand il finit son abominable Homélie de Noël 1978 : "Je m’adresse donc à toutes les communautés dans leur diversité. Aux peuples, aux nations, aux régimes, aux systèmes politiques, économiques, sociaux et culturels [dans son exaltation, excitation hérétique, qui confine à la folie, Jean-Paul II va jusqu'à vouloir enseigner son hérésie à des... idéologies ou des systèmes abstraits qui n'ont pas d'âmes et qui donc ne peuvent pas recevoir un enseignement !, ... mais pourquoi donc ne s'adresse-t-il pas aussi aux petits chiens sur les trottoirs ?!], et je leur dis : — Acceptez la grande vérité [!] sur l’homme ! — Acceptez la vérité entière [!] sur l’homme qui a été dite dans la nuit de Noël. — Acceptez cette dimension de l’homme [!], qui s’est ouverte à tous les hommes [!!] en cette sainte nuit ! — Acceptez le mystère dans lequel vit tout homme [!], depuis que le Christ est né ! — Respectez ce mystère ! — Permettez à ce mystère d’agir [!] en tout homme ! — Permettez-lui de se développer [!] dans les conditions extérieures de son être terrestre. Dans ce mystère se trouve la force de l’humanité [!]. La force qui irradie sur tout ce qui est humain [!!]".
L'Antéchrist-personne n'aura pas un autre prêche. Nous sommes là dans la phase terminale du modernisme qui, si je puis dire vertement, sex-appeal de toutes ses forces l'avènement de l'homme d'iniquité... qui finira bien par venir, la Providence de Dieu laissant faire pour punir les hommes, mais encore pour que l'Écriture s'accomplisse.
À ma connaissance, la pensée moderniste n'a pas connu une expression plus radicale ni plus formelle, allant lapidairement plus au fond de son essence antichristique, que dans ce Noël 1978 de Jean-Paul II, et c'est pourquoi je m'y suis un peu attardé.
Or hélas, on ne peut que prendre acte que ce pire du pire de la pensée moderniste abominablement explicitée par Jean-Paul II est absolument partagé par Joseph Ratzinger. En mai 2005, juste après son élection au Siège de Pierre, les dominicains traditionalistes d'Avrillé ont fait paraître une brochure dans laquelle, reprenant un livre du cardinal Ratzinger, ils écrivent : "Que dire, quand nous sommes contraints de constater que le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi professe dans ses livres de théologie, que, en Jésus, ce n'est pas Dieu qui s'est fait homme, mais qu'un homme est devenu Dieu ? Qui est, en fait, Jésus-Christ pour Ratzinger ? C'est «cet homme dans lequel se manifeste la réalité définitive de l'être de l'homme et qui, en cela même, est simultanément Dieu» (La Foi chrétienne, hier et aujourd'hui, 2005, p. 126). Que signifie cela, sinon que l'homme, dans sa «réalité définitive» est Dieu, et que le Christ est un homme, lequel est, ou mieux, est devenu Dieu, par le seul fait qu'en Lui est venue à la Lumière, «la réalité définitive de l'être de l'homme» ?" (Qui est le pape Benoît XVI ?, p. 14). Il n'est pas besoin de souligner l'absolue identité de doctrine entre la formule wojtylienne et celle ratzingérienne...
Tout cela est du rahnérisme poussé jusqu'au dernier wagon tamponne-cul dans le pire extrémisme moderniste, pur jus pur fruit d'enfer. L'homme, puisqu'il est Christ-Dieu, devient une norme auto-suffisante, auto-rédemptrice, qui se justifie par immanence vitale, et donc prétend métaphysiquement se sauver par lui-même, avec lui-même et en lui-même, per ipsum et cum ipso et in ipso, dans une pseudo-liturgie à l'envers, anthropocentrique.
On est bien obligé d'en conclure que Rahner, Wojtyla, Ratzinger, c'est un même substantiel combat...
Pour résumer ce chapitre. C'est donc dans tout ce courant moderniste ultra, que se meut avec grand enthousiasme et passion, comme poisson frétillant dans l'eau, Joseph Ratzinger, avant de devenir pape en 2005, duquel courant on ne peut hélas, affligé pour lui, que constater qu'il ne voudra jamais sortir et ne sortira jamais (dans son dernier refuge terrestre, ne couvait-il pas encore dans sa bibliothèque toute l'oeuvre de Romano Guardini, un moderniste notoire en matière liturgique... ― Mgr Viganò a été plus lucide et courageux : il a humblement compris l'hétérodoxie moderniste viscérale de Vatican II et l'a rejetée ; loin de dire comme Benoît XVI voulant s'imaginer le plus faussement du monde que tout le mauvais du post-concile est hors-concile -"Tout le concile, mais rien que le concile" soutiendra-t-il à tort-, Mgr Viganò tranchera dans la Foi en disant de Vatican II : "Ce qu’il faut faire une fois pour toutes, c’est de le laisser tomber «en bloc» et de l’oublier"... ce qui par ailleurs est théologiquement totalement impossible, et je dénonçais cette "solution" que Mgr Viganò voulait donner à "la crise de l'Église" dans l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-survol-tres-superficiel-de-mgr-vigano?Itemid=1).
Mais voyons maintenant les applications que Joseph Ratzinger va faire de la pensée moderniste qu'il professe, dans les domaines œcuménique, biblique, liturgique, dogmatique, ecclésiologique, etc., comme j'annonçais de le faire plus haut. Elles vont toutes dériver de son péché originel moderniste sur la Révélation, comme je le disais en commençant ces lignes.
Commençons par son œcuménisme hérétique avec les juifs actuels qui ne croient pas que Jésus-Christ est le Messie attendu des siècles vétérotestamentaires, à la fois Dieu et homme, pour sauver l'humanité. Dans ce domaine, au reste, il est bon de remarquer que Benoît XVI ne fera rien d'autre que suivre son prédécesseur sur le Siège de Pierre, Jean-Paul II, qui lui-même suivait l'enseignement hérétique de Vatican II dans Nostra Aetate, sur les juifs. Tout d'abord, rappelons que l’Église catholique enseigne infailliblement que l’Ancienne Alliance a cessé avec la venue du Christ, et a été remplacée par la Nouvelle Alliance. Voilà pourquoi le concile de Florence a édicté que ceux qui pratiquent l’Ancienne Loi et la religion juive pèchent mortellement, sont "étrangers à la foi du Christ et qu'ils ne peuvent pas du tout avoir part au salut éternel, sauf si un jour ils reviennent de ces erreurs" (Denzinger, Enchiridion Symbolorum, Symboles et définitions de la foi catholique, n° 1348). Car, comme dit saint Jean : "Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ?" (I Jn II, 22).
Or, voici ce qu'écrit Benoît XVI dans son livre-programme, une fois élu au Siège de Pierre : "La Lecture de l’Ancien Testament peut aussi éloigner du Christ : la direction vers lui n’est pas indiquée de manière univoque. Et si les juifs ne peuvent pas estimer qu’il s’accomplit en lui, il ne s’agit pas simplement d’une mauvaise volonté. C’est à cause de l’obscurité des paroles [!]... On peut donc, pour de bonnes raisons, refuser au Christ l’Ancien Testament et dire : non, ce n’est pas cela qu’il disait. Mais on peut, pour d’aussi bonnes raisons, le lui attribuer. C’est tout le débat entre les juifs et les chrétiens" (Voici quel est notre Dieu, Le Credo du nouveau pape, 2007, pp. 147-148). En d'autres termes, l'Ancien-Testament ne révèlerait pas formellement que Jésus est le Messie, Fils de Dieu et Fils de l'homme, et donc les juifs, en ne reconnaissant pas que Jésus est le Messie de Dieu seraient sans péché et toujours dans la voie du salut, quoique non-chrétienne.
Voilà qui est absolument contredit par... Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même, lorsqu'Il reproche ainsi aux juifs de ne pas croire qu'Il est leur Messie : "Vous scrutez les Écritures [il s'agit évidemment de celles de l'Ancien-Testament, celles du Nouveau-Testament n'étant pas encore écrites], parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle ; ce sont elles aussi qui rendent témoignage de Moi. (...) Ne pensez pas que ce soit Moi qui vous accuserai devant le Père [de ne pas croire que Je suis le Messie] ; celui qui vous accuse, c'est Moïse, en qui vous espérez. Car, si vous croyiez à Moïse, vous croiriez aussi en Moi, puisque c'est de Moi qu'il a écrit" (Jn V, 39 & 45-46).
La proposition de Benoît XVI, qui ose mensongèrement évoquer une soi-disant "obscurités des paroles" vétérotestamentaires, est donc condamnée de plein fouet par le Christ Lui-même. Mais ce qu'il formulait ainsi dans son premier livre de pontificat n'était rien d'autre que l'aboutissement de sa pensée moderniste sur le sujet. Voici en effet ce que Joseph Ratzinger, alors cardinal, écrivait en 1998 : "J'en suis venu à penser que le judaïsme et la foi chrétienne exposée dans le Nouveau Testament sont deux modes différents d'appropriation des textes sacrés d'Israël, tous deux ultimement déterminés par la façon d'appréhender le personnage de Jésus de Nazareth. L'Écriture que nous nommons aujourd'hui Ancien Testament est en soi ouverte sur ces deux voies" (Ma Vie, Souvenirs, 1998, pp. 63-64). Il récidivera deux ans plus tard, aggravant même considérablement son propos en l'élargissant à tous les non-croyants que le Christ est le Messie de Dieu : "Nous sommes d'accord qu'un Juif, et cela est vrai pour les croyants d'autres religions, n'a pas besoin de connaître ou reconnaître le Christ comme le Fils de Dieu pour être sauvé..." (Zenit, 5 septembre 2000), ce qui est en complète opposition avec ce que dit Jésus-Christ, lorsqu'Il envoie ses Apôtres pour l'évangélisation du monde : "Et Il leur dit : Allez dans le monde entier, et prêchez l'Évangile [dont le dogme principal est bien sûr la croyance en la messianité de Jésus-Christ] à toute créature. Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé; mais celui qui ne croira pas [en Moi] sera condamné" (Mc XVI, 15-16). Il nuancera peut-être un peu plus son propos, dans son premier livre pontifical : "Le «non» [des juifs] au Christ, d’un côté, met les Israélites dans une situation conflictuelle avec l’action de Dieu qui continue, mais nous savons aussi, d’un autre côté, qu’en même temps la fidélité de Dieu leur est assurée. Ils ne sont pas exclus du salut..." (ibid., p. 106). Le juif post-christique, quoique ne croyant pas au Christ, est cependant sans faute sur cela, il reste dans la voie du salut, selon la doctrine moderniste professée par Joseph Ratzinger-Benoît XVI...
On ne saurait donc s'étonner, sur de telles hérétiques prolégomènes, que ce juif non-chrétien doit être considéré spirituellement comme notre frère et que nous devons donc cohabiter ensemble dans la voie du salut qui mène à Dieu, quoique nos voies soient messianiquement différentes. Benoît XVI ne manque pas d'œuvrer à ce devoir : "Depuis désormais deux décennies, la Conférence épiscopale italienne consacre cette Journée au judaïsme, dans le but de promouvoir la connaissance et l'estime mutuelles et pour accroître la relation d'amitié réciproque entre la communauté chrétienne et la communauté juive, une relation qui s'est développée de manière positive après le concile Vatican II et après la visite historique du Serviteur de Dieu Jean-Paul II à la Grande Synagogue de Rome... Je vous invite donc tous à adresser aujourd'hui une invocation insistante au Seigneur, afin que les juifs et les chrétiens se respectent, s'estiment..." (Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, 17 janvier 2007, § 2).
Mais nous qui avons percé le fond du tonneau de la perversion moderniste, nous comprenons bien pourquoi il raisonne ainsi. Reprenons la proposition moderniste de Joseph Ratzinger de 1957 quant à la Révélation, pour bien le saisir : "Toute Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté»". Il s'ensuit de là que la Révélation du Christ-Messie au juif n'est pas faite puisque le juif ne la perçoit pas, ne la reçoit pas. Car en effet, comme je le disais plus haut, dans le processus métaphysique de la Révélation vu par le moderniste, ce n'est pas Dieu qui fait la Révélation qui compte en premier, c'est l'homme vivant à qui est adressée la Révélation qui vient en première condition métaphysique de la réalité de la Révélation, c'est lui son étalon-or, par son acte de conscientisation d'icelle ! Puisque donc l'homme vivant juif ne reçoit pas, ne perçoit pas la Révélation du Christ, elle ne lui est donc pas faite, "aucun voile n'est ôté", et donc il n'est pas en faute de ne pas y croire. C'est aussi simple et abominablement blasphématoire que cela (car cela ne tient aucun compte que Dieu Transcendant a, de son divin côté, bel et bien fait la Révélation du Christ-Messie Jésus au juif, comme à tout homme venant en ce monde). C'est pourquoi, pour le moderniste, nous ne devons donc pas considérer le juif post-christique dans une voie de damnation, nous devons même, comme le fait honteusement et scandaleusement Joseph Ratzinger-Benoît XVI et tous les papes modernes depuis l'hérétique Nostra Aetate de Vatican II, tricher avec la Sainte-Écriture pour le déresponsabiliser de ne pas croire à la Révélation de Jésus-Christ... quand bien même c'est condamné par Jésus-Christ Lui-même, qui affirme qu'Il est le sujet messianique formel de l'Ancien-Testament en Jn V, 39 & 45-46, comme nous venons de le voir.
Le même schème pervers antichristique sera appliqué par les modernistes pour tous les non-croyants, soit au Christ Jésus soit à l'Église catholique qui est "Jésus-Christ continué" (Bossuet), puisque le seul considérant métaphysique à prendre en compte, pour eux, est l'homme vivant, et non le Dieu Transcendant ou son Église.
Voici par exemple le positionnement de notre moderniste Joseph Ratzinger-Benoît XVI avec les orthodoxes orientaux schismatiques.
Il va les dédouaner de toute faute, ... car la révélation de la primauté juridictionnelle du Pontife romain sur l'orbe catholique toute entière ne leur est pas faite puisqu'ils ne la perçoivent pas !, ainsi : "Mais d’un autre côté, on ne peut absolument pas considérer la manière dont se présente la primauté [juridictionnelle pontificale] aux XIXe et XXe siècles comme étant la seule possible et qui s’imposerait à tous les chrétiens [donc aussi aux orientaux schismatiques]. Les gestes symboliques de Paul VI, jusqu’à son agenouillement devant le représentant du patriarche œcuménique [le schismatique Athénagoras], veulent justement exprimer cela..." (Les principes de la théologie catholique, 1982, p. 221).
Or, voilà qui est contre la doctrine catholique en la matière, comme le rappellera le pape Pie IX au concile Vatican 1er : "... Nous renouvelons la définition du concile œcuménique de Florence, qui impose aux fidèles de croire que le Saint-Siège apostolique et le pontife romain détiennent le primat sur tout l'univers [et Pie IX entend parler là d'un primat juridictionnel, et non pas seulement d'honneur ou de charité]... Telle est la doctrine de la vérité catholique, dont personne ne peut s'écarter sans danger pour la foi et le salut" (Denzinger, nn° 3059-3060), ce qui du reste n'était qu'un simple rappel de ce qu'avait enseigné infailliblement le pape Boniface VIII dans sa célèbre bulle Unam sanctam en plein Moyen-Âge (1302) : "...Nous déclarons, disons et définissons qu'il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d'être soumise au pontife romain" (Denzinger, n° 875).
Mais, pour le moderniste, il n'est pas et ne saurait jamais être question de contredire la non-révélation aux orientaux schismatiques de la primauté juridictionnelle du pape, ce serait attenter à l'homme vivant qu'est tout oriental schismatique, ce qui est pour lui le péché métaphysique suprême. Il faut même aller jusqu'à dire que la non-révélation de la primauté juridictionnelle du pape pour les orientaux schismatiques est plus sage de sagesse divine que la révélation de cette dite primauté, qui est de droit divin !!! Je n'exagère nullement, c'est ce qu'ose dire Joseph Ratzinger en 1982, lisons-le : "Et le Patriarche [schismatique] Athénagoras renforce la pensée d’une nouvelle nuance : «Contre toute attente humaine, se trouve parmi nous l’évêque de Rome, le premier en honneur parmi nous, celui qui préside dans la charité». Il est clair que le Patriarche [schismatique] ne quitte pas le terrain de l’Église orientale et ne se met pas à professer un primat occidental de juridiction. Mais il met clairement en évidence ce que l’Orient a à dire sur la situation réciproque des évêques de l’Église, égaux en rang et en droit, et il vaudrait bien la peine de se demander si cette confession archaïsante qui ne sait rien de la «primauté de juridiction» mais reconnaît la première place en «honneur et charité», ne pourrait pas être considérée comme une conception de la place de Rome dans l’Église, suffisante pour l’essentiel" (Les principes de la théologie catholique, pp. 243-244) !!!
On croit rêver ou plutôt cauchemarder : Joseph Ratzinger ose soutenir, en moderniste qui va au bout du toub de son raisonnement pervers, que la pensée de l'homme vivant oriental schismatique manifeste plus la sagesse divine que la Parole du Christ "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église" (Matth XVI, 18), c'est-à-dire toute mon Église, en ce compris bien sûr celle orientale ! Voilà qui contredit totalement la doctrine catholique en la matière, bien rappelée par le pape Pie IX au concile Vatican 1er : "Si donc quelqu'un dit que le pontife romain n'a qu'une charge d'inspection ou de direction et non un pouvoir plénier et souverain de juridiction sur toute l'Église, non seulement en ce qui touche à la foi et aux mœurs mais encore en ce qui touche à la discipline et au gouvernement de l'Église répandue dans le monde entier, ou qu'il n'a que la part la plus importante et non pas la plénitude totale de ce pouvoir suprême... qu'il soit anathème" (Denzinger, n° 3064).
Cependant, pour oser soutenir que la formule du patriarche schismatique de vouloir considérer le pape de Rome comme seulement primus inter pares est "archaïsante", encore faut-il prouver la vérité de ce prétendu archaïsme, démontrer que la formule schismatique orientale est bien l'écho authentique de ce qui était cru sur le sujet dans l'antiquité des premiers âges chrétiens, c'est-à-dire avant l'an mille. Le moderniste Joseph Ratzinger ne va pas manquer de s'y atteler, contre la vérité ecclésiale historique indéniable bien connue même des élèves en théologie, qui savent fort bien, ne serait-ce que par le Contra Haereses du IIe siècle de saint Irénée de Lyon qui l'affirme sans ambigüité, que la primauté juridictionnelle de Pierre et de ses successeurs romains est professée par toute l'antiquité chrétienne dès les tout premiers siècles chrétiens. Mais le grand théologien Ratzinger... ne le sait pas : "Rome ne doit pas exiger de l’Orient, au sujet de la doctrine de la Primauté, plus que ce qui a été formulé et vécu durant le premier millénaire. Lorsque le Patriarche Athénagoras, lors de la visite du Pape au Phanar, le 25 juillet 1967, désignait ce Pape comme le successeur de Pierre, le premier en honneur d’entre nous, celui qui préside à la charité, on retrouvait, dans la bouche de ce grand chef d’Église, le contenu essentiel des énoncés du premier millénaire au sujet de la primauté, et Rome ne doit pas exiger davantage" (Les principes de la théologie catholique, p. 222). On ne saurait mentir plus effrontément...! "Personne ne doute et tous les siècles savent, dira par exemple le pape Pie IX au concile Vatican 1er, que le saint et heureux Pierre, chef et tête des apôtres, a reçu les clés du Royaume de notre Seigneur Jésus Christ, sauveur et rédempteur du genre humain" (Denzinger, 3056-3057).
Passons maintenant aux protestants. Comment Joseph Ratzinger leur applique-t-il sa potion magique moderniste ? De la manière la plus simple du monde, en leur disant qu'il ne faut pas que l'homme vivant protestant renie sa "propre histoire de foi". Pas question de leur prêcher un œcuménisme de retour, c'est-à-dire pour les protestants, de revenir dans le bercail de l'Église catholique. Écoutons-le proclamer son reniement de la Foi au nom de son modernisme, c'était aux JMJ de 2005 : "Et à présent, demandons-nous : que signifie rétablir l'unité de tous les chrétiens ?... cette unité ne signifie pas ce que l'on pourrait appeler un œcuménisme du retour : c’est-à-dire renier et refuser sa propre histoire de foi. Absolument pas !" (Rencontre œcuménique à l'Archevêché de Cologne, 19 août 2005, § 7). C'est carrément prendre le contre-pied du langage de la Foi, comme le soulignait le pape Pie XI en ces termes : "... Il n'est pas permis, en effet, de procurer la réunion des chrétiens autrement qu'en poussant au retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ" (Mortalium Animos).
Le 12 septembre 2006, Benoît XVI organise un service de vêpres œcuméniques où il réunit un maximum de chrétiens de diverses confessions, dans lequel il fait cette homélie : "Chers frères et sœurs dans le Christ ! Nous sommes réunis, chrétiens orthodoxes, catholiques et protestants (des amis juifs se trouvent également avec nous), nous sommes réunis pour chanter ensemble les Louanges vespérales de Dieu... Il s'agit d'une heure de gratitude pour le fait que nous puissions ainsi réciter ensemble les psaumes et que, en nous adressant au Seigneur, nous puissions croître également en même temps dans l'unité entre nous. (...) Notre koinonia [communion] est tout d'abord une communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ dans l'Esprit Saint ; elle est la communion avec Dieu Trine lui-même, rendue possible par le Seigneur à travers son incarnation et l'effusion de l'Esprit. Cette communion avec Dieu crée ensuite également la koinonia entre les hommes, comme participation à la foi des Apôtres..." (Célébration Œcuménique des vêpres dans la Cathédrale de Ratisbonne, 12 septembre 2006).
Qu'il parle ou qu'il écrive, il n'a pas un autre langage à propos des protestants : "Le catholique ne mise pas sur la dissolution des confessions et sur la décomposition de la réalité ecclésiale qui se trouvent dans le monde protestant mais, tout à l’inverse, il espère un renforcement de la confession et de la réalité ecclésiale" (Les principes de la théologie catholique, 1982, p. 226). Logique avec son hérésie moderniste, Joseph Ratzinger professe que l'homme vivant protestant qui vit sa Foi dans la non-Révélation intégrale qui est celle catholique et elle seule, peut très-bien y trouver Dieu et se sauver par ladite non-Révélation... Ce qui compte en effet pour le moderniste, c'est ce que croit l'homme vivant, c'est l'auto-Foi, la Foi qu'il se donne à lui-même qui le sauve, car l'homme vivant est la seule réalité métaphysique qui existe, par-dessus le Dieu Transcendant. C'est pourquoi il n'est pas gêné de dire : "Entre temps, l’Église catholique n’est pas en droit d’absorber d’autres églises... Une unité basique d’églises, restant les églises qu’elles sont, bien que ne devenant qu’une seule église, doit remplacer l’idée de conversion..." (Cit. Catholic Family News, Father Ratzinger’s Denial of Extra Ecclesia Nulla Salus, juillet 2005, Postscript de l’Éditeur, p. 11). On ne saurait donc s'étonner de le voir bénir l'oeuvre de Taizé : "... Taizé apparaît comme le grand exemple d’une inspiration œcuménique... Il faudrait réaliser ailleurs, de façon analogue, une communauté de foi et de vie..." (Les principes de la théologie catholique, p. 341).
Il s'agit, pour le moderniste, d'auto-justifier le chemin, la voie de l'homme vivant protestant, car cette voie, ce chemin, ne saurait qu'être une voie de salut puisque, comme le professe Karl Rahner, le principe surnaturel de Dieu s'incarne dans tout homme vivant, qui donc s'auto-sauve dans la voie qu'il se choisit... puisqu'il est Dieu et Christ à la fois, comme le dira en toute clarté des termes théologiques Jean-Paul II dans son abominable Noël 1978, et Ratzinger lui-même s'en fera l'écho, ainsi que nous l'avons vu. Le devoir du moderniste est donc de justifier à tout prix le chemin, quelqu'il soit, de tout homme vivant, ce que Joseph Ratzinger s'échine à faire avec tout non-croyant, jusqu'à l'abolition pure et simple du dogme catholique ou le mensonge historique, c'est-à-dire sans tenir aucun compte donc, du Dieu Transcendant, qui est ainsi véritablement phagocyté par l'homme vivant.
Continuons à le regarder faire avec les protestants, après l'avoir vu faire avec les juifs et les orthodoxes schismatiques : "De même, une théologie qui s’appuie sur la notion de la «succession» [apostolique], telle que c’est le cas dans l’Église catholique et dans l’Église orthodoxe, ne nie pas forcément la présence salvifique du Seigneur dans la cène protestante [!!]" (Faire route avec Dieu, L’Église comme communion, 2003, p. 233). Et encore : "... La question pesante [!!] de la succession [apostolique] n’enlève au Christianisme protestant rien de sa dignité spirituelle ni de la force salvifique du Seigneur dans son milieu" (ibid., p. 235). Et, pour finir : "Au cours d’une histoire d’ores et déjà séculaire, le protestantisme est devenu une composante sérieuse de la foi chrétienne réalisée ; il a pu remplir une fonction positive dans l’expansion du message chrétien ; surtout, il a suscité, de diverses manières, chez l’individu non catholique, une disposition loyale et profonde à la foi, dont l’éloignement de la confession catholique n’a plus rien de commun avec la pertinacia qui caractérise l’hérétique comme tel. Le protestantisme contemporain est autre chose qu’une «hérésie» au sens traditionnel, c’est un phénomène dont l’exacte position théologique reste encore à découvrir" (Frères dans le Christ, 2005, pp. 108-109).
... Benoît XVI, pape conservateur ? Zut, c'est gênant, tout-de-même, ce qu'il dit et écrit, qui fait plutôt penser à un pape très-progressiste, au moins autant que François...!
Le haut-clergé moderniste post-vaticandeux est si fou de sa folie totale d'auto-justifier toute voie, toute croyance de l'homme vivant quelqu'il soit, annihilant totalement dans son âme la réalité surnaturelle du Dieu Transcendant, qu'on va le voir aller jusqu'à prétendre justifier... la non-transsubstantiation dans certaines liturgies assyriennes schismatiques orientales, qui, excusez du peu, ne contiennent pas... de canon consécratoire, de récit d'Institution ! Or, en 2001, le Vatican permit aux catholiques d'assister à ces offices et d'y recevoir la communion, et vice-versa, permit aux assyriens schismatiques de recevoir la communion dans les offices catholique.
Joseph Ratzinger, alors cardinal, approuva le fait, et le commenta dans un de ses livres de la manière suivante : "Ce cas a nécessité des études particulières parce que l’anaphora d’Addai et de Mari qui sont le plus souvent employées chez les Assyriens ne contient pas de récit d’institution. Cependant ces difficultés ont pu être résolues..." (Faire route avec Dieu, 2002, p. 217). Et l'on comprend hélas de quelle manière elles ont été résolues, ces difficultés, car notre moderniste explique dans un autre de ses livres que :"La validité de la liturgie dépend d’abord non pas de mots déterminés mais de la communauté de l’Église..." (Les principes de la théologie catholique, 1982, p. 421). Nous sommes là en plein dans les pires déductions hérétiques du modernisme, où la voie de l'homme vivant est tellement auto-déifiée qu'elle peut se permettre de se passer de Dieu Transcendant et de son Institution divine... Tout homme est roi et prêtre, et donc peut se fabriquer lui-même sa liturgie, comme je l'avais déjà noté et dénoncé chez Mgr Arthur Roche, l'actuel préfet de la Congrégation pour le culte divin, dans un de mes précédents articles (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-conception-liturgique-pseudo-millenariste-de-mgr-arthur-roche-prefet-de-la-congregation-pour-le-culte-divin-anticipation-vaticandeuse-luciferienne-d-une-nouvelle-economie-de-salut-1?Itemid=1).
Mais, au moins, quant à la lecture de la bible, Joseph Ratzinger-Benoît XVI ne peut qu'être un créationniste traditionnel ? Voilà qui serait bien étonnant, car le créationnisme laisse beaucoup trop de place au Dieu Transcendant pour le moderniste. Ne soyons donc pas surpris de voir le cardinal Ratzinger écrire que le récit biblique de la création s'appuie "pour une part sur les récits de création païens" (Un chant nouveau pour le Seigneur, la foi dans le Christ et la liturgie aujourd’hui, 1995, p. 101). Mais s'il en était vraiment ainsi, cela signifierait que le récit biblique génésiaque ne serait ni authentiquement originel ni surtout inspiré directement par Dieu comme vérité enseignée à tous les hommes, il ne serait au contraire que le fruit de la pensée humaine universelle... donc, pas forcément doté de l'infaillibilité... donc, l'évolutionnisme, autre pensée humaine, pourrait se mettre à rang d'égalité avec la pensée créationniste. Cela est radicalement opposé à la Foi catholique en la matière : "En effet, tous les livres entiers que l'Église a reçus comme sacrés et canoniques dans toutes leurs parties, ont été écrits sous la dictée de l'Esprit-Saint. (...) Telle est la croyance antique et constante de l'Église, définie solennellement par les Conciles de Florence et de Trente, confirmée enfin et plus expressément exposée dans le Concile du Vatican" (Providentissimus Deus, Léon XIII, 1893).
Sa désacralisation moderniste du Livre de l'Exode est encore pire que pour le Livre de la Genèse. Après avoir cité Exode XXXI, 18 (= "Or, le Seigneur ayant achevé les discours de cette sorte sur la montagne de Sinaï, donna à Moïse les deux tables de pierre du témoignage, écrites du doigt de Dieu"), voici son commentaire profondément désacralisant et même impie où l'on voit Joseph Ratzinger appliquer en copier-coller son concept moderniste de 1957 sur la Révélation, quasi en parfaite décalcomanie : "Mais la question se pose : ces commandements ont-ils vraiment été transmis lors d’une apparition de Dieu à Moïse sur la montagne ? Sur des tables de pierre «écrites de la main de Dieu» comme il est dit ?... Mais dans quelle mesure ces commandements viennent-ils réellement de Dieu ? [!!] Il s’agit ici d’un homme [Moïse] touché par Dieu et qui, à cause de la relation d’amitié avec lui, a pu donner à la volonté de Dieu une forme nous permettant d’y percevoir la Parole de Dieu ; cette volonté de Dieu qui n’avait été exprimée jusque-là que fragmentairement et dans d’autres traditions. Que les tables de pierre aient réellement existé est une autre question... Dans quelle mesure cet épisode est à prendre à la lettre est une autre question" (Voici quel est notre Dieu, 2001, pp. 116-118).
On est là en pleine application pratique de son concept moderniste de la Révélation formulée dans sa thèse d'habilitation de 1957, et que je rappelle encore une fois : "La Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté»" (supra). La révélation des dix commandements de Dieu, selon Ratzinger, n'existe que parce que l'homme vivant Moïse a donné à la volonté de Dieu une forme ! Autrement dit : c'est l'homme qui a donné activement aux hommes la révélation des dix commandements, la volonté de Dieu, autrement, n'aurait pas pu faire cette révélation, restant métaphysiquement virtuelle et passive !! Joseph Ratzinger va même beaucoup plus loin, jusqu'au bout de la perversion moderniste : non seulement c'est par Moïse et non par Dieu que la Révélation des dix commandements est faite, mais en plus, comme elle est faite par un canal humain particulier, l'homme vivant Moïse, il ose mettre en doute que, passant par cedit canal, il s'agisse authentiquement de la Parole de Dieu (= "Mais dans quelle mesure ces commandements viennent-ils réellement de Dieu ?") !!! N'oublions pas que, pour le moderniste qui va jusqu'au bout de sa perversion, la croyance initiée par une Révélation à l'homme vivant lui est personnelle, elle n'est faite qu'à la personne qui la reçoit, perçoit ; ainsi donc, dans le cas des dix commandements, cette Révélation, en outrant à peine les choses vues par le moderniste, n'obligerait formellement, au sens le plus fort du verbe, que... le seul Moïse !
Son attitude quant à l'Islam ne dépare pas le tableau d'ensemble, le contraire aurait étonné. Il s'agit toujours et encore de voir la manifestation de Dieu dans et par l'homme vivant, quelle que soit sa croyance. "Le croyant, et nous tous en tant que chrétiens et musulmans sommes croyants... [commence-t-il son allocution, puis de poursuivre :] Vous guidez les croyants de l'islam et vous les éduquez dans la foi musulmane... Vous avez donc une grande responsabilité dans la formation des nouvelles générations" (Rencontre avec les représentants de diverses communautés musulmanes à l'Archevêché de Cologne, 20 août 2005). "J'espère qu'en divers moments de ma visite (par exemple, lorsque j'ai souligné à Munich combien il est important de respecter ce qui est sacré pour les autres) est apparu clairement mon profond respect pour les grandes religions et, en particulier, pour les musulmans, qui «adorent le Dieu unique»..." (Audience, 20 septembre 2006). Ce qui est faux, les musulmans n'adorent qu'un Dieu Un non-Trine, donc métaphysiquement inexistentiel, et par conséquent n'adorent PAS DU TOUT le vrai Dieu Un qui est Trine, sinon rien.
"... Je voudrais aujourd’hui redire toute l’estime et le profond respect que je porte aux croyants musulmans, rappelant les propos du concile Vatican II qui sont pour l’Église catholique la Magna Charta du dialogue islamo-chrétien : «L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant»... Au moment où pour les musulmans commence la démarche spirituelle du mois de Ramadan, je leur adresse à tous mes vœux cordiaux, souhaitant que le Tout-Puissant leur accorde une vie sereine et paisible. Que le Dieu de la paix vous comble de l’abondance de ses Bénédictions, ainsi que les communautés que vous représentez !" (Audience aux Ambassadeurs de vingt-et-un pays à majorité musulmane accrédités près le Saint-Siège et à quelques représentants des communautés musulmanes en Italie, 25 septembre 2006).
Ici, le haut-pic du blasphème est atteint, comme je l'avais déjà souligné en gras et en rouge dans un de mes précédents articles : quant à sa relation avec les musulmans, la papauté moderne s'appuie sur le blasphème hérétique ou l'hérésie blasphématoire comme on veut, d'oser appeler dans Nostra Aetate le dieu islamique, Allah, un dieu... "vivant et subsistant". Or, bien sûr, le dieu Allah ne peut être "vivant et subsistant" puisqu'il n'est pas trinitaire, et que le seul Dieu à être "vivant et subsistant" est précisément le Dieu Trine, Père, Fils et Saint-Esprit (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/l-erreur-profonde-de-benoit-xvi-et-de-sandro-magister-partie-1?Itemid=1) !
Quant aux païens, que Jean-Paul II avait réuni dans ce qui fut le plus grand scandale ecclésial du XXe siècle, je veux parler de l'abominable cérémonie d'Assise en 1986, une abomination de la désolation dans le Lieu-Saint à elle toute seule, Benoît XVI se garderait bien d'être en reste : "Nous célébrons cette année le XXe anniversaire de la Rencontre interreligieuse de Prière pour la Paix, voulue par mon vénéré prédécesseur, Jean-Paul II, le 27 octobre 1986, dans cette ville d'Assise. Comme on le sait, il invita à cette rencontre non seulement les chrétiens des diverses confessions, mais également des représentants des diverses religions. (...) Parmi les aspects caractéristiques de la Rencontre de 1986, il faut souligner que cette valeur de la prière dans l'édification de la paix fut témoignée par les représentants de diverses traditions religieuses, et cela eut lieu non pas à distance, mais dans le cadre d'une rencontre... Nous avons plus que jamais besoin de cette pédagogie... Je suis donc heureux que les initiatives en programme cette année à Assise aillent dans cette direction et que, en particulier, le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux ait pensé à en tirer une application spécifique pour les jeunes... Je saisis volontiers l'occasion pour saluer les représentants des autres religions qui prennent part à l'une ou l'autre des commémorations d'Assise. Comme nous, chrétiens, eux aussi savent que c'est dans la prière qu'il est possible de faire une expérience particulière de Dieu et d'en tirer des encouragements efficaces dans le dévouement à la cause de la paix" (Message à l'évêque d'Assisi-Nocera à l'occasion du XXe anniversaire de la rencontre interreligieuse de prière pour la paix, 2 septembre 2006).
... Je rappellerai ici, un peu pour rire et se détendre les nerfs de la Foi, mis à très-rude épreuve par le déballage ratzingérien bougrement moderniste que dessus, la formule sophistique imbécile du cardinal Roger Etchegaray, ou plutôt Etch-égaré (qui fut lui aussi peritus au concile Vatican II, où Joseph Ratzinger se félicitait, dans son discours aux prêtres romains en 2013, de l'avoir rencontré : "Au Collège de l’Anima, où j’habitais, nous avons eu de nombreuses visites : le cardinal [Frings] était très connu, nous avons vu des cardinaux du monde entier. Je me rappelle bien la silhouette haute et svelte de Mgr Etchegaray, qui était secrétaire de la Conférence épiscopale française"...), formule par laquelle il prétendait justifier à l'époque la cérémonie d'Assise qu'il avait reçu de Jean-Paul II la charge d'organiser, contre les critiques tellement justifiées des tradis contre elle : "Nous sommes ensemble pour prier, et non pour prier ensemble".
Sans doute le cardinal basque de Jean-Paul II sentait-il en lui-même quelque bonne raison quand il écrivit son livre intitulé J'avance comme un âne ! Car nous voilà-t-il pas là, effectivement, en pleine application pratique mais surtout absurde de la doctrine moderniste où l'homme vivant seul existe, quand le Dieu Transcendant est viré comme un malpropre. Si, catholiquement parlant, des hommes en effet sont ensemble dans un but de prière, ce ne peut et doit être uniquement que pour prier le Dieu Transcendant, le vrai Dieu catholique, Un et Trois ! Car l'objet premier de toute vraie prière, c'est le vrai Dieu Transcendant... et non l'homme qui prie ! Si donc nous ne sommes pas dans un même endroit pour "prier ensemble" le vrai Dieu, il est hors de question de se réunir "ensemble pour prier" ! Impossible, pour un catholique bien né qui se respecte et surtout qui respecte le vrai Dieu, d'accepter de prier en communion et pour un même but de prière avec à ses côtés l'adepte d'une secte qui priera quant à lui son faux dieu... qui en vérité est un démon, comme le révèle saint Paul ("Mais ce que les païens immolent, ils l'immolent aux démons, et non à Dieu. Or je ne veux pas que vous soyez en société avec les démons. Vous ne pouvez pas boire le calice du Seigneur, et le calice des démons ― I Cor X, 20) ! À moins de supposer, comme l'apostat moderniste le professe, que Dieu N'EXISTE PAS, n'y ayant que l'homme qui se réunit avec son semblable À EXISTER !! Et c'est bien là, précisément, la profession de "foi" apostate radicale du moderniste, que la formule du cardinal Etch-égaré exprime, comme je l'ai déjà exposé en commençant ces lignes : l'homme vivant SEUL existe, parce que l'aboutissement métaphysique obligé de la doctrine moderniste est la supplantation luciférienne de Dieu Transcendant par l'homme... C'est pourquoi il suffit métaphysiquement à l'homme moderniste d'être "ensemble pour prier", car l'homme vivant seul existe avec son semblable, et il n'a que faire de "prier ensemble" qui, ... ô sainte horreur !, n'a plus d'objet pour lui, car, de la manière la plus radicalement apostate qui se puisse concevoir, il a phagocyté le Dieu Transcendant dans son âme lucifériennement pervertie.
Mais le moderniste ne peut pas comprendre ce que je viens d'écrire. Laissons Joseph Ratzinger-Benoît XVI nous exprimer cette incompréhension apostate qui est la sienne, tirée de son modernisme : "Mais il y avait aussi des chrétiens violents et fanatiques, qui ont détruit les temples, ne considérant le paganisme que comme idolâtrie, qu’il fallait éliminer de manière radicale" (Voici quel est notre Dieu, p. 263). Mais oui, cher Joseph Ratzinger-Benoît XVI, mais oui, figurez-vous que c'est même représenté sur les vitraux de nos églises catholiques, et non comme un témoignage de honte comme vous osez le dire en calomniant nos pères dans la Foi du haut de votre modernisme apostat mais comme un témoignage de gloire ! Voyez plutôt :
Détail d'un vitrail de la Cathédrale Saint-Corentin
(Quimper, Petite-Bretagne, France)
Mais le modernisme de Joseph Ratzinger-Benoît XVI ne peut décidément pas comprendre cela. "Nous ne manquons pas de respect à l'égard des autres religions et cultures, nous n'offensons pas le profond respect pour leur foi..." (Homélies, Messe sur l’esplanade de la Neue Messe, Munich, 10 septembre 2006). Notons bien qu'il ne s'agit pas de respecter l'adepte d'une fausse croyance, mais la fausse croyance elle-même, car "... la liberté religieuse est une expression fondamentale de la liberté humaine et la présence active des religions dans la société est un facteur de progrès et d’enrichissement pour tous" (Rencontre avec le Corps Diplomatique accrédité auprès la République de Turquie, 28 novembre 2006). Comme on le voit sans peine, ou plutôt avec beaucoup de peine, la déclaration du pape François à Abu d'Ahbi n'est pas nouvelle, et les conservateurs se couvrent de ridicule, comme je l'ai déjà dit dans mon article À la foire aux fous (au pluriel) !!! (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/a-la-foire-aux-fous-au-pluriel-1?Itemid=1), en voulant voir une opposition doctrinale fondamentale entre, d'une part, les papes Jean-Paul II et Benoît XVI qui prétendument auraient été les glorieux gardiens de la Foi traditionnelle, et, d'autre part, le pape François qui la saccage en progressiste virulent ! En vérité, il n'y en a aucune, d'opposition entre eux, il y a tout au contraire une très-grande continuité entre tous ces papes post-conciliaires, le dernier en place sur le Siège de Pierre rajoutant juste un "supplément d'âme" moderniste dans l'Église plus les temps avancent, ce qui finira par faire venir l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, selon l'oracle salettin lapidaire : "Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist".
Mais tout ce modernisme impie est déjà condamné par la Foi catholique, comme le rappelait fort bien le pape Pie X : "Ce que Nous voulons observer ici, c'est que la doctrine de l'expérience [religieuse], jointe à l'autre du symbolisme, consacre comme vraie toute religion, sans en excepter la religion païenne. Est-ce qu'on ne rencontre pas dans toutes les religions, des expériences de ce genre ? Beaucoup le disent. Or, de quel droit les modernistes dénieraient-ils la vérité aux expériences religieuses qui se font, par exemple, dans la religion mahométane ? Et en vertu de quel principe attribueraient-ils aux seuls catholiques le monopole des expériences vraies ? Ils s'en gardent bien : les uns d'une façon voilée, les autres ouvertement, ils tiennent pour vraies toutes les religions. C'est aussi bien une nécessité de leur système" (Pascendi Dominici Gregis, Pie X).
On ne saurait mieux dire.
... Certains veulent mettre en avant l'objection que Joseph Ratzinger-Benoît XVI est très-conservateur, voire même traditionaliste dans certaines options de Foi. D'une certaine manière, c'est assez vrai, on pourrait même dire qu'il est le plus conservateur... mais parmi les modernistes, mais parmi les progressistes. Tout le monde a en tête, bien sûr, le haut-pic de son conservatisme, qui fut très-apprécié des tradis, lorsqu'il libéralisa, ... pardon pour l'emploi antinomique de ce verbe !, la messe selon l'ancien rite pour toute l'Église dans Summorum Pontificum : ni Jean-Paul II, ni surtout François, ne l'ont fait et ne le feront jamais (au moment où j'écris ces lignes, j'apprends que François s'apprête au contraire à guillotiner le vetus ordo radicalement, paraît-il, Traditionis Custodes n'ayant pas frappé assez fort...).
Ce côté conservateur est certes très-fort et inné d'ailleurs en Joseph Ratzinger, il se manifeste très tôt... dès la fin du concile moderne. Dès 1964-65, il commence à prendre ses distances avec certaines exagérations progressistes. "Ainsi, le 18 juin 1965, il fait une conférence sur le thème de «la fausse et la vraie rénovation dans l’Église». Il se demande devant ses étudiants de Münster «si les choses sous le régime de ceux qu’on nomme conservateurs, n’allaient pas mieux que sous l’empire du progressisme». Il appelle à une nouvelle simplicité et considère que le contraire du conservatisme selon le Concile n’est pas le progressisme mais l’esprit missionnaire, et que c’est là le vrai sens de l’ouverture au monde. (...) En 1966, nouvelles critiques dans ses cours magistraux : «l’Église a certes ouvert ses portes au monde, mais le monde n’a pas afflué dans cette maison grande ouverte, il la harcèle encore davantage» ― «Bien sûr j’étais pour un progrès», confie t-il à Peter Seewald [plus d'un demi-siècle plus tard], mais «à l’époque cela ne signifiait pas faire exploser la foi de l’Église, cela visait à mieux faire comprendre et vivre la foi des origines»" (Joseph Ratzinger dans la tourmente de Vatican II, Blandine Delplanque). Le problème, c'est que cette fameuse "foi des origines" était conçue par lui de façon moderniste...
Et tout est à l'avenant, hélas, chez Joseph Ratzinger. Car si sa forme est souvent très-conservatrice, le fond de sa doctrine reste entièrement et même extrêmement moderniste, comme on vient d'en prendre acte dans ce chapitre sulfureux. Son conservatisme s'appuie sur le fondement moderniste, il ne s'appuie pas sur le fondement traditionnel de la Foi.
En voici une illustration, à simple titre d'exemple. On le voit, en 1985, "critique[r] les théologiens [trop progressistes] qui exagèrent l'importance donnée aux autres religions non-catholiques en les présentant comme des voies ordinaires de salut au lieu de les présenter comme des voies extraordinaires (Entretiens sur la Foi, p. 247)" (Les hérésies de Benoît XVI, abbé Méramo, p. 2). Mais, en voulant que les religions non-chrétiennes puissent être seulement des voies extraordinaires de salut, Ratzinger reste doctrinalement, quant au fond, absolument aussi hérétique que les modernistes ultra : car les fausses religions non seulement ne sont pas des voies ordinaires de salut, mais elles ne sont pas plus des voies extraordinaires de salut. Dire donc, comme le fait Joseph Ratzinger, qu'elles le sont est se mettre autant dans le camp de l'hérésie, que le moderniste ultra qui professe qu'elles sont des voies ordinaires de salut : les deux positionnements sont basés sur la même hérésie, à savoir, nier que la Religion et l'Église catholiques soient la SEULE voie du salut, ordinaire... comme extraordinaire.
Je terminerai ce point important du conservatisme de Joseph Ratzinger, qui remue surtout les âmes qui restent à la surface et à la superficie des choses, souvent par sentimentalisme et/ou mondanité, en évoquant les deux revues théologiques qui furent fondées dans la foulée de Vatican II : Concilium, dès la fin du concile, et Communio, un peu plus tard, en 1972. Il est bien connu que la première citée est progressiste ultra quand la seconde est progressiste modérée, défendant toujours le point de vue romain, elle fut d'ailleurs fondée essentiellement pour servir de frein à la première.
Or, Joseph Ratzinger collabore au plus près voire est co-fondateur autant de l'une que de l'autre revue. "Le jeune théologien Joseph Ratzinger, après avoir lui aussi fait partie du comité de rédaction de Concilium (comme membre de la section de théologie dogmatique entre 1965 et 1972) et fait cause commune avec Congar, Rahner et Küng, rejoint également Communio non sans avoir signé avec plusieurs centaines de théologiens l'appel lancé en 1968 par Concilium réclamant la fin des entraves et des sanctions contre les théologiens réformateurs d'alors" (Wikipedia, à Concilium). De même, quant à Communio : "De nombreux théologiens, comme Joseph Ratzinger, Henri de Lubac et Walter Kasper, participent à la fondation de la revue" (Wikipedia, à Communio).
Voilà donc ce qu'est Joseph Ratzinger-Benoît XVI sur le plan doctrinal, je veux parler du for externe de son âme : un antichrist, compagnonnant avec tous ses compères de papes modernes aussi antichrists que lui, un véritable précurseur de l'Antéchrist-personne, lequel doit formellement clore tous les temps historiques en manifestant épiphaniquement à la face du monde entier et de l'Église l'affreux épanouissement du mysterium iniquitatis (non certes pas pour qu'il triomphe définitivement, comme voudraient bien le croire les impies, mais tout au contraire pour qu'il puisse être définitivement expurgé de cette terre, par le déluge de feu et l'exorcisme universel foudroyant que constituera le Retour en Gloire du Christ pour le terrasser). C'est pourquoi, j'avais baptisé Karol Wojtyla-Jean-Paul II, en considérant uniquement sa doctrine, de "Jean-Baptiste luciférien de l'Antéchrist", c'était dans un commentaire du Secret de La Salette que j'avais écrit en 1988. Mais on vient de voir que cela, sur le plan doctrinal, s'applique pareillement et aussi fortement à Joseph Ratzinger-Benoît XVI.
Serait-ce à dire que le jugement quant à Joseph Ratzinger-Benoît XVI et plus généralement à tous les modernistes en place aux plus hauts-postes dans l'Église, en ce compris le Siège de Pierre, doit s'arrêter là ? À ce constat certes absolument indéniable qu'ils professent tous et chacun, peu ou prou, la doctrine de l'Antéchrist, on vient de le voir copieusement dans la première partie de mon travail quant à Benoît XVI ?
IL S'EN FAUT EXTRÊMEMENT. S'arrêter là, à ce seul et unique constat, en absolutisant ce qui n'est qu'un seul élément d'un ensemble beaucoup plus vaste, serait juste le meilleur moyen de ne pas pouvoir comprendre "la crise de l'Église", le drame eschatologique, la tragédie cornélienne, qu'elle vit sous la motion supérieure de l'Esprit de Dieu dans notre fin des temps ultime, ce serait s'engouffrer dans une voie de garage "noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir" à vocation fanatique, sectaire, extrémiste, obscurantiste, comme par exemple les sédévacantistes, qu'ils soient barbaresques purs et durs brut(e)s de décoffrage, guérardiens mitigés comme les robinets d'eau chaude et froide, ou survivantistes illuminés comme sapin de Noël, nous en donnent une pénible illustration.
Ce premier élément, certes à prendre en compte impérativement pour ne pas vivre "l'aujourd'hui de la Foi" dans une cruelle illusion, n'est en effet que le tout premier départ de la réflexion sur "la crise de l'Église", avec lui, il faut surtout bien comprendre qu'on est encore juste dans les starting-blocks. Pour avancer dans la compréhension profonde de "la crise de l'Église", il faut le compléter tout-de-suite par un deuxième élément que nous enseigne la Providence divine, à propos de tous ces papes modernes issus de Vatican II qui sont doctrinalement antichristiques : tous sont désignés par le Saint-Esprit pour remplir légitimement le Siège de Pierre, tous sont vrais papes, verus papa. C'est le deuxième élément qui, sous peine d'embrasser une vision de "la crise de l'Église" complètement déséquilibrée et obnubilée du mal jusqu'au manichéisme, sous contrôle victorieux de Satan qui serait son maître d'œuvre et non plus la Providence de Dieu, doit venir très-vite compléter le premier dans notre esprit, et il nous aiguille déjà beaucoup mieux, presque parfaitement, sur la compréhension globale que nous devons avoir dans la Foi quant à "la crise de l'Église".
Les papes non pas seulement modernes mais modernistes, issus de Vatican II et antéchristisés, des papes vraiment... légitimes ? Nous en avons en effet la certitude formelle, impérée par la Foi et le dogme catholique, parce que tous et chacun d'eux ont bénéficié et bénéficie toujours quant à François, de la désignation-reconnaissance de leur personne par l'Église Universelle pour être le vrai Vicaire actuel du Christ, chacun à leur tour. La règle prochaine de la Légitimité pontificale est effectivement, comme je l'ai soigneusement établi dans mes deux précédents articles réfutant in radice le sédévacantisme (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-fable-s-d-vacantiste-mensong-re-de-la-bulle-de-paul-iv-et-de-son-contexte-historique?Itemid=1), la désignation-reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape, verus papa, sur telle personne, laquelle est théologiquement et infailliblement achevée lorsque les cardinaux font leur obédience au nouveau pape, dans la cérémonie très-solennelle de l'intronisation qui a lieu à la face de toute l'Église et du monde entier, rituellement dans l'octave de l'élection conclavique proprement dite. Or, tous les papes vaticandeux et post, en ce compris bien entendu Joseph Ratzinger-Benoît XVI, ont dûment bénéficié sur leur personne de cet acte ecclésial doté de l'infaillibilité, en tant que fait dogmatique, qui est règle prochaine de la Légitimité pontificale. Par-là même, digitus Dei hic est, le Saint-Esprit les ayant choisi, ils sont vrais papes, verus papa, ils sont les élus du Saint-Esprit pour être, chacun à leur tour, de Jean XXIII à François, en passant par Paul VI, Jean-Paul 1er, Jean-Paul II et bien entendu Benoît XVI, les papes actuels de l'Église catholique, apostolique et romaine dans nos temps antéchristiques.
Nous avons donc déjà deux éléments en notre possession pour élaborer en nos âmes la parfaite compréhension de "la crise de l'Église". 1/ Les papes modernes sont doctrinalement antichristiques ; 2/ les papes modernes sont, tous et chacun, certainement légitimes. Il faut rajouter un troisième et dernier élément, et alors l'intelligence de la Foi pourra nous être donnée et libérer nos âmes dans la vérité, veritas liberabit vos, si nous le voulons bien.
Si le Saint-Esprit les a tous choisis comme vrai pape, nous ne pouvons qu'en déduire que c'est donc pour un but de sainteté, de Gloire de Dieu et de salut des âmes. Le troisième élément consiste donc à comprendre que tous ces papes vaticandeux et post, étant le choix certain de l'Esprit-Saint, ne peuvent qu'accomplir, de par leur Charge suprême, le dessein surnaturel supérieur du Saint-Esprit sur l'Église de notre temps. Or, quel est-il, pour notre temps, le dessein du Saint-Esprit pour l'Épouse-Église ? C'est, car nous sommes rendus dans les derniers temps ultimes, de lui faire vivre la Passion du Christ. Et nous en avons la preuve formelle précisément, justement, par le seul fait que les papes modernes antéchristisés crucifient, matériellement seulement (= c'est-à-dire dans l'inadvertance, comme je vais l'établir tout-de-suite), le Magistère ecclésial contemporain par leur doctrine antichristique. Par-là même, ils font, sans même s'en rendre compte, vivre à l'Épouse du Christ sa Passion, une véritable Passion qui, comme pour le Christ, va l'amener à sa mort terrestre. L'Église, depuis Vatican II pour faire court, est, éminemment par ses papes modernes antéchristisés, "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), elle vit en croix dans "la si grande contradiction" (He XII, 3), sous "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53). Or, faire vivre l'économie de la Passion à l'Église n'est pas un acte mauvais, la Passion n'est pas un péché, c'est tout au contraire une Volonté divine du Saint-Esprit que, à leur insu, les papes modernes et même modernistes accomplissent dans l'Église présentement, depuis Vatican II, sous la motion surnaturelle du Saint-Esprit. C'est précisément là le but de sainteté, de Gloire de Dieu et de salut des âmes que le Saint-Esprit a en vue et ordonne pour notre temps (et qui aboutira à la co-Rédemption de l'Église, dont le fruit surnaturellement savoureux et plein de gloire sera la nouvelle économie de salut du Millenium, qui sera donnée par l'Époux à l'Épouse après la Parousie).
Par contre, la doctrine antichristique crucifiera formellement le Magistère de l'Église, et donc la fera ainsi mourir dans son économie présente dite du Temps des nations et de Rome son centre, seulement, uniquement, lorsque l'Antéchrist-personne la manifestera en toute malice de coulpe et advertance à la terre et surtout dans l'Église, à partir du Siège de Pierre. Mais nous n'en sommes pas encore là. Pour l'instant présent de la vie de l'Église, l'Antéchrist-personne n'est pas encore paru, ne manifeste pas encore le péché suprême qui fera mourir l'Église, quand bien même, par l'accroissement évident de la subversion de l'Église par la doctrine antichristique sous le pontificat du pape François, l'avènement de son règne maudit devient de plus en plus senti et imminent.
Un point important à comprendre, c'est que la doctrine antichristique a d'abord corrompu les personnes privées de ceux qui sont devenus papes vaticandeux et post, mais une fois investis légitimement de la fonction pontificale suprême, ils ont promulgué très-notamment à Vatican II cette doctrine antichristique non plus en tant que personne privée mais in Persona Ecclesiae, c'est-à-dire au nom et pour le compte de l'Église, dans le cadre du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité, dont l'emploi est indiscutable à Vatican II. Mais que ce soit dans leur personne privée ou in Persona Ecclesiae, cette doctrine antichristique ne les a infestés et corrompus, eux d'abord, l'Église ensuite, que matériellement et non formellement. C'est-à-dire dans l'inadvertance complète du caractère antichristique de la doctrine qu'ils embrassaient avec passion et que, une fois sur le Siège de Pierre, ils ont fait embrasser à l'Église de même manière. Il est capital de comprendre que SEUL l'Antéchrist-personne, "l'homme d'iniquité", pèchera dans l'advertance et la malice la plus formelle et complète lorsque son heure maudite viendra pour très-peu de temps, mane, thecel, pharès.
L'inadvertance totale de la malice contenue dans la doctrine antichristique qu'ils promeuvent en Église et qui la crucifie et la met dans l'économie de la Passion, chez les papes vaticandeux et post, est facile à prouver, et je vais le faire tout-de-suite. Mais avant cela, je veux montrer que le même cas de figure se vérifie lors de la première et archétypale Passion, celle de Notre-Seigneur Jésus-Christ. En effet, la sainte-Écriture nous enseigne fort bien que les juifs et les romains, qui ensemble récapitulent métapolitiquement le monde tout entier, étaient dans l'inadvertance complète du péché pourtant hyper-gravissime qu'ils commettaient en mettant à mort la Personne du Christ-Messie. Quel péché, en effet, est plus grave que le déicide ? En vérité, il n'y en a aucun. Mais pour autant, ce péché, le plus grave possible, fut commis par les hommes dans l'inadvertance. C'est Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même qui nous le dit et enseigne du haut de la croix : "Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu'ils font" (Lc XXIII, 34). S'ils savaient ce qu'ils faisaient, ils seraient certes remplis de malice comme les démons dans l'enfer ou l'Antéchrist-personne dans son règne maudit. Mais ils ne savent pas ce qu'ils font en mettant à mort le Christ, et donc pèchent par inadvertance. Oh !, certains parmi eux, il y a 2 000 ans, ont probablement commis le péché de déicide avec malice et advertance, peu ou prou, nous verrons cela au Jugement dernier, mais globalement, d'une manière générale, Jésus-Christ enseigne que les hommes l'ont fait mourir par inadvertance, ne sachant ce qu'ils faisaient.
Saint Pierre, il n'en pouvait être autrement, confirmera l'enseignement du Christ quant à cette inadvertance générale non seulement des romains mais même des juifs qui Le crucifièrent : "Mais vous [hommes israélites], vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu'on vous accordât la grâce d'un meurtrier ; et vous avez fait mourir l'Auteur de la vie, que Dieu a ressuscité d'entre les morts ; ce dont nous sommes témoins. C'est à cause de la foi en Son nom que ce nom a raffermi cet homme [saints Pierre et Jean venaient de guérir miraculeusement un malade], que vous voyez et connaissez ; et la foi qui vient de Lui a opéré en présence de vous tous cette parfaite guérison. Et maintenant, mes frères, je sais que vous avez agi par ignorance, aussi bien que vos chefs [... même les chefs, les grand-prêtres donc, les Anne, les Caïphe, notons-le soigneusement, ne sont pas exclus par saint Pierre de l'inadvertance de leur péché d'avoir fait mettre à mort le Christ...]. Mais Dieu, qui avait prédit par la bouche de tous les prophètes que Son Christ devait souffrir, l'a ainsi accompli" (Act III, 14-18).
Ce que dit saint Pierre est très-intéressant dans le v. 18, à savoir que non seulement les hommes, et donc en ce compris les chefs juifs, ont péché par inadvertance lorsqu'ils firent mourir Jésus-Christ, mais que c'était en fait la Volonté divine qui l'avait ordonné ainsi ; en dernière analyse en effet, c'est Dieu qui a accompli son dessein de la Rédemption en ordonnant par sa Providence l'inadvertance des hommes lorsqu'ils firent mourir le Christ.
C'est extrêmement éclairant pour notre situation de seconde Passion, "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que nous vivons et mourons présentement. En fait, c'est très-exactement la même chose. Cette inadvertance des papes modernes, et singulièrement celle de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, à crucifier l'Église par leur doctrine antichristique, est effectivement et en dernière analyse, providentiellement voulue et opérée en eux par Dieu pour pouvoir mettre en œuvre justement "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Cette inadvertance du caractère hérétique de la doctrine moderniste qu'il promeut en Église se voit très-clairement avec Benoît XVI, dont l'âme restera toujours, quant à son privé, fervente et vivant d'une vraie spiritualité ordonnée à Dieu, quand bien même cette ferveur vraie cohabitera, pour que l'Écriture s'accomplisse, avec la doctrine antichristique dans son âme.
Inadvertance de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, bien montrée par la Présence de Dieu dans son âme. Ce sera très-perceptible quand, dans ses fameuses Notes de 2019 sur les mauvaises mœurs du clergé actuel, il sera quasi le seul à oser publiquement bien poser le fond du problème spirituel, en disant que de tels péchés gravissimes ne pouvaient être commis que parce qu'il y a absence de Dieu dans les âmes cléricales et la perte de la Foi en Dieu même dans l'Église. Le cardinal Sarah s'était à juste titre enthousiasmé d'un diagnostic spirituel aussi fort et aussi surnaturellement vrai : "Comment pourrions-nous résumer la thèse de Benoît XVI ? Permettez-moi de le citer simplement : «Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En dernière analyse, la raison en est l’absence de Dieu» (III, 1). Tel est le principe architectonique de toute la réflexion du pape émérite. Telle est la conclusion de sa longue démonstration. (...) La crise de la pédophilie dans l’Église, la multiplication scandaleuse et effarante des abus a une et une seule cause ultime : l’absence de Dieu. Benoît XVI le résume en une autre formule tout aussi claire, je cite : «C’est seulement là où la foi ne détermine plus les actions de l’homme que de tels crimes sont possibles» (II, 2). (...) Mesdames, Messieurs, le génie théologique de Joseph Ratzinger rejoint ici non seulement son expérience de pasteur des âmes et d’évêque, père de ses prêtres, mais aussi son expérience personnelle, spirituelle et mystique. La crise des abus sexuels est le symptôme d’une crise plus profonde : la crise de la foi, la crise du sens de Dieu. (...) Le Pape Ratzinger veut montrer et démontrer qu’un climat d’athéisme et d’absence de Dieu crée les conditions morales, spirituelles et humaines d’une prolifération des abus sexuels. (...) Les explications psychologiques ont certes leur intérêt, mais elles ne font que permettre de repérer les sujets fragiles, disposés au passage à l’acte. Seule l’absence de Dieu peut expliquer une situation de prolifération et de multiplication si épouvantable des abus. (...) il faut dire que les enquêtes à propos des abus sur mineurs ont fait apparaître la tragique ampleur des pratiques homosexuelles ou simplement contraires à la chasteté au sein du clergé. Et ce phénomène est lui aussi une douloureuse manifestation, comme nous le verrons, d’un climat d’absence de Dieu et de perte de la foi" (fin de citation). Et Benoît XVI, de dire : "C'est à notre époque que le slogan «Dieu est mort» a été forgé. Lorsque Dieu meurt effectivement au sein d'une société, elle devient libre, nous assurait-on. (...) La société occidentale est une société dont Dieu est absent de la sphère publique et qui n’a plus rien à lui dire" (Notes).
Or, la plupart des universitaires qui ont commenté ces Notes du pape Benoît XVI n'ont même pas été capable de prendre conscience de cette cause... première, à savoir l'absence radicale de Dieu, prouvant par eux-mêmes hélas trop bien, donc, le bien-fondé de l'analyse du pape Ratzinger ! Ils sont passés complètement à côté de Dieu, raisonnant dans du vide métaphysique, Dieu semblant vraiment leur être devenu une notion complètement étrangère et inconnue, qu'ils sont désormais absolument incapables d'appréhender (... sorte d'illustration supplémentaire de la grande Apostasie prédite par saint Paul pour les temps ultimes de l'Antéchrist, que nous trouvons à tous les carrefours, toutes les avenues de notre contemporanéité, et dont malheureusement Joseph Ratzinger-Benoît XVI ne prendra pas conscience : il voyait le fait, mais pas la signification apocalyptique dudit fait, bien dénoncée par saint Paul...) !
Benoît XVI en fait ainsi la judicieuse et lapidaire remarque : "En quelques lignes, denses et riches d’implications, écrites dans la revue allemande de théologie Herder Korrespondenz, il répond très clairement à ceux qui ont critiqué ses Notes explosives parues en février dernier sur les abus sexuels dans l’Église. «Pour autant que je puisse voir, dans la plupart des réactions à ma contribution, Dieu n’apparaît pas du tout, et donc ce que je voulais précisément souligner comme le point clé de la question n’est pas abordé». C’est en ces termes que le Pape émérite Benoît XVI répond par quelques lignes publiées par Herder Korrespondenz à quelques-unes des critiques issues de son texte de réflexion sur la question des abus sexuels dans l’Église catholique. «La contribution de Mme Aschmann («La vraie souffrance catholique en 1968», Herder Korrespondenz, juillet 2019, 44-47), malgré sa partialité, lit-on dans le numéro de septembre du journal, peut inspirer une réflexion plus approfondie, mais en réponse à ma publication dans Clergy Paper on the Abuse Crisis (No 4/2019, 75-81), elle est néanmoins insuffisante et typique du déficit général dans la réception de mon texte. Il me semble que dans les quatre pages de l’article de Mme Aschmann, le mot Dieu, que j’ai placé au centre de la question, n’apparaît pas. J’ai écrit : «Un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde sans sens» (78). «La société occidentale est une société dans laquelle Dieu est absent de la sphère publique et n’a rien d’autre à dire. Et c’est pourquoi c’est une société dans laquelle la mesure de l’humanité est de plus en plus perdue» (79). Pour autant que je puisse voir, dans la plupart des réactions à ma contribution, Dieu n’apparaît nulle part, et donc précisément ce que je voulais souligner comme le point-clé de la question n’est pas abordé. Le fait que la contribution d’Aschmann néglige le passage central de mon argument, tout comme la plupart des réactions dont j’ai eu connaissance, me montrent la gravité d’une situation dans laquelle le mot Dieu semble souvent marginalisé dans la théologie»" (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/08/27/et-le-mot-dieu-etait-absent/).
Or, et c'est la raison pour laquelle je rapporte cet épisode, si Joseph Ratzinger-Benoît XVI était capable de se rendre compte de l'absence de Dieu dans la société et même dans l'Église contemporaines (quand bien même il n'en fera pas, comme il aurait dû le faire, la relation apocalyptique avec la grande apostasie prédite par saint Paul pour la fin des temps), cela ne pouvait être très-clairement que parce qu'il vivait de Dieu dans le profond de son âme : on ne peut pas se rendre compte, en effet, de l'absence de Dieu si soi-même on ne vit pas de la Présence de Dieu... Or, cette Présence de Dieu que Joseph Ratzinger vit dans son âme et qui, subséquemment, lui permet de prendre conscience de l'absence de Dieu source principale des maux de notre époque, dans l'Église comme dans le monde, ne peut pas être compatible, bien sûr, avec une croyance en la doctrine antichristique professée et crue par lui avec advertance, c'est-à-dire avec malice coupable, cela prouve donc qu'il la professe avec inadvertance, et c'est ce que je voulais bien montrer, cqfd.
Cette pensée de remettre Dieu à la première place, de vivre de Dieu, un Dieu trop oublié de nos jours, n'est pas nouvelle chez lui, d'ailleurs, bien au contraire, c'est une pensée qu'il entretient dans son âme et qu'il vit très-fortement depuis longtemps. Il la rappellera par exemple avec force conviction aux cardinaux dans le grand discours qu'il leur fit en tant que Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi le 27 février 2 000. Il commence par leur rappeler immédiatement, dès le début, que le sujet principal de Vatican II avait été Dieu, avant même l'Église (... du moins, les Pères conciliaires l'avaient-ils voulu ainsi, cependant ce n'est pas du tout ce qui fut réalisé à Vatican II, c'est tout le contraire... mais cela, Ratzinger n'en prendra pas conscience) : "Parmi les membres de la Conférence épiscopale allemande [qui préparaient, en 1960, les thèmes à soumettre à Vatican II, avant que ses assises ne s'ouvrissent] prévalait un très large accord sur le fait que l’Église devait être le thème du Concile. Le vieil évêque Buchberger, de Regensburg, qui, comme maître d’œuvre du Lexikon für Theologie und Kirche en dix volumes (qui en est aujourd’hui à sa troisième édition) s’était acquis estime et renommée bien au-delà de son diocèse, demanda la parole – c’est ce que me raconta l’archevêque [Frings] de Cologne – et dit : «Chers frères, au Concile, vous devez avant tout parler de Dieu. C’est le thème le plus important». Les évêques demeurèrent interdits ; ils ne pouvaient se soustraire à la gravité de cette parole. Naturellement, ils ne pouvaient se décider à proposer simplement le thème de Dieu. Mais une inquiétude intérieure est pourtant restée, au moins chez le cardinal Frings, qui se demandait continuellement comment on pourrait satisfaire ce besoin impérieux. Cet épisode m’est revenu à l’esprit quand j’ai lu le texte de la conférence que prononça Johann Baptist Metz au moment de quitter, en 1993, sa chaire de Münster. Je voudrais citer au moins quelques phrases significatives de cet important discours : «La crise qui a frappé le christianisme européen, n’est plus en tout premier lieu, ou au moins exclusivement, une crise ecclésiale… La crise est plus profonde ; elle n’a pas en effet ses racines seulement dans la situation de l’Église elle-même : la crise est devenue une crise de Dieu», etc." (Intervention du cardinal Joseph Ratzinger sur l'ecclésiologie de la Constitution "Lumen Gentium" au congrès international sur la mise en oeuvre du concile œcuménique Vatican II, organisé par le comité du grand jubilé de l'an 2 000 ; cf. https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20000227_ratzinger-lumen-gentium_fr.html).
En fait, il est trop vrai qu'en faisant le PIRE DU PIRE, par leur doctrine antichristique, les papes modernes ont vraiment cru faire le MIEUX DU MIEUX en l'appliquant à l'Église, complètement aveuglés (la plus grande erreur d'appréciation des tradis, tout spécialement lorsqu'ils sont sédévacantistes, est justement de croire que les modernistes de la génération Paul VI et post, le sont avec malice et advertance). Et c'est là le drame, la tragédie ecclésiale cornélienne marquant la fin des temps, car cette situation va aller jusqu'à la mort, usque ad mortem. L'adage antique vient tout-de-suite à l'esprit : Jupiter aveugle ou rend fou ceux qu'Il veut perdre, quos vult perdere Jupiter dementat. En fait, il s'agit ici, pour "la crise de l'Église", non pas bien évidemment d'une perte éternelle synonyme de damnation, mais de mort temporelle, tout-à-fait à mettre en relation avec la mort du Christ en croix, et qui, dans ses derniers instants, a arraché au Christ ce très-significatif Eli, Eli, lamma sabachtani !, pourquoi M'as-Tu abandonné ?, pourquoi M'as-Tu perdu ? Jésus-Christ se sentait, dans son Humanité, terriblement, affreusement, abandonné, perdu, par le Père, et c'est cette même situation que vit l'Église aujourd'hui, dans son économie particulière du Temps des nations et de Rome son centre, elle est abandonnée, perdue par le Père également. En fait, c'est Dieu qui veut la mort non pas bien sûr de l'Église en tant que telle, car elle est éternelle dans son principe divin, mais de l'économie ecclésiale de salut en cours, celle du Temps des nations et de Rome son centre. Et pour arriver à cela, afin que l'Écriture s'accomplisse comme fait judicieusement remarquer saint Pierre dans le v. 18 des Actes, III, comme nous l'avons vu en commençant ce chapitre, Dieu envoie un esprit d'aveuglement et de folie totale sur les âmes des papes non seulement modernes mais modernistes, qui les obscurcit radicalement sur le caractère pourtant formellement antichristique de ce qu'ils croient et professent et qui, appliqué à l'Église, va la faire mourir.
Fin 1987, Mgr Lefebvre va voir le cardinal Ratzinger pour discuter avec lui de la possibilité de faire des évêques tradis. Parlant avec lui doctrine et bien entendu arrivant aux fondements de la Foi avec son interlocuteur, il est bouleversé et scandalisé de constater que le cardinal Ratzinger qui est alors Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi... n'a pas la Foi la plus basique qui soit sur l'infaillibilité et la pérennité du Magistère de l'Église, c'est-à-dire en fait, sur les fondements mêmes de la Constitution divine de l'Église, excusez du peu. Et hélas, Mgr Lefebvre avait raison : le cardinal Ratzinger, aveuglé complètement dans son âme par sa doctrine moderniste subversive de la Foi, n'hésitera pas, en effet, à appeler dans ses écrits Vatican II, le contre-Syllabus... comme si le Syllabus du pape Pie IX n'était pas doté de l'infaillibilité ecclésiale et donc doctrinalement irréformable de soi ! Il ne pouvait donc pas être contredit par un décret magistériel postérieur à lui, ou, bien pire, par tout un concile universel de soi infaillible de par le Magistère ordinaire & universel ! Mais le cardinal gardien de la Foi ne pouvait pas comprendre cela, ce qui, sur un simple plan humain, était effectivement complètement renversant, pratiquement inimaginable, et Mgr Lefebvre en éprouva visiblement un véritable électrochoc spirituel.
"Ce qui vous intéresse tous ici, dira-t-il à ses séminaristes, c'est de connaître quelles sont mes impressions après l'entrevue que j'ai eue avec le cardinal Ratzinger le 14 septembre 1987. Hélas, je dois dire que Rome a perdu la Foi, Rome est dans l'apostasie. Ce ne sont pas des paroles en l'air, c'est la vérité ; Rome est dans l'apostasie. On ne peut pas faire confiance à ces gens-là, puisqu'ils abandonnent l'Église. C'est sûr" (Nos relations avec Rome après l'entrevue avec le cardinal Ratzinger). L'évêque traditionaliste y reviendra quelques années plus tard, preuve que cela l'avait très-fort marqué, quelque un mois avant sa mort : "Ce qui est grave chez le cardinal Ratzinger, dira-t-il, c'est qu'il met en doute la réalité même du Magistère de l'Église, de l'enseignement du Magistère de l'Église. Il met en doute qu'il y ait un Magistère qui soit permanent et définitif dans l'Église. Ce n'est pas possible. Il s'attaque à la racine même de l'enseignement de l'Église, de l'enseignement du Magistère de l'Église. Il n'y a plus une vérité permanente dans l'Église, de vérité de Foi, de dogmes par conséquent ; c'en est fini des dogmes dans l'Église ; cela c'est radical. Évidemment, ceci est hérétique, c'est tellement clair, c'est horrible, mais c'est comme ça" (l'une des dernières conférences spirituelles de Mgr Lefebvre au séminaire d'Écône, 8 & 9 février 1991). Mais par ailleurs, il est important de noter que ce choc spirituel éprouvé par le chef de file des tradis a tellement obsédé son âme qu'il l'a empêché fort dommageablement de prendre conscience que cette apostasie, fruit de son modernisme, est professée et crue par le cardinal Ratzinger en toute inadvertance de son caractère hérétique, sans s'en rendre le moindre compte...
Car c'est bel et bien en totale inadvertance que Joseph Ratzinger tombe dans une apostasie la plus radicale possible, l'âme absolument obstruée par sa doctrine moderniste antichristique. Et, en dernière analyse de la question, cette inadvertance est opérée dans son âme comme dans celle de tous les papes modernes, par Dieu lui-même, selon ce que nous dit saint Pierre des hommes pour la Passion du Christ, aux fins ultimes et supérieures de faire rentrer l'Église dans l'économie de la Passion, "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (cf. l'exposé complet que j'en fais, ici https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf).
Avec tous les papes modernes, en faisant LE PIRE DU PIRE, je le répète, il s'imagine vraiment faire LE MIEUX DU MIEUX, c'est-à-dire faire connaître à l'Église, sous l'inspiration du Saint-Esprit, un désenveloppement homogène de son dogme, ce qui est tout-à-fait orthodoxe et même classique. Cette bonne motivation de fond est très-évidente dans la pensée de Ratzinger quant à Vatican II.
Cela commence d'ailleurs avec le pape Jean XXIII. Joseph Ratzinger-Benoît XVI n'est pas sans connaître les critiques qui fusent sur l'orthodoxie de Vatican II, qu'il peut considérer à bien des égards, lui aussi, comme son concile (j'ai cité au début de ces lignes la part active qu'il prit, en collaboration avec Karl Rahner, au décret Dei Verbum, mais il fut une cheville ouvrière importante de bien d'autres décrets, par exemple de Ad gentes, le décret sur les missions ; c'est Ratzinger, en tant que peritus, qui en posa les bases schématiques, en collaboration étroite avec Congar). Il y répond de manière globale en invoquant la bonne intention des Pères du concile moderne, explicitée par le pape Jean XXIII dès que le concile s'ouvrit. C'est le raisonnement qu'il a exposé et soutenu dans le grand détail devant tous les cardinaux, quelques jours avant son premier Noël pontifical, dans son Discours à la Curie romaine à l'occasion de la présentation des vœux de Noël, qu'on pourra trouver in extenso ici : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2005/december/documents/hf_ben_xvi_spe_20051222_roman-curia.html.
Lisons-le, dans la partie qui nous intéresse : "... À l'herméneutique de la discontinuité [ou rupture] s'oppose l'herméneutique de la réforme [ou de continuité] comme l'ont présentée tout d'abord le Pape Jean XXIII, dans son discours d'ouverture du Concile le 11 octobre 1962, puis le Pape Paul VI, dans son discours de conclusion du 7 décembre 1965 [En effet. Paul VI y disait : "Pouvons-Nous dire que nous avons rendu gloire à Dieu, que nous avons cherché à le connaître et à l'aimer, que nous avons progressé dans l’effort pour le contempler, dans la préoccupation de le louer et dans l'art de proclamer ce qu'il est aux hommes qui nous regardent comme pasteurs et maîtres dans les voies de Dieu ? Nous croyons franchement que oui, notamment parce que c'est de cette intention première et profonde que jaillit l'idée de réunir un Concile. Ils résonnent encore dans cette basilique les mots prononcés lors du discours d'ouverture par Notre vénéré prédécesseur Jean XXIII, que Nous pouvons bien appeler l'auteur de ce grand rassemblement"]. Je ne citerai ici que les célèbres paroles de Jean XXIII, dans lesquelles cette herméneutique est exprimée sans équivoque, lorsqu'il dit que le Concile «veut transmettre la doctrine de façon pure et intègre, sans atténuation ni déformation», et il poursuit : «Notre devoir ne consiste pas seulement à conserver ce trésor précieux [du Dépôt révélé de la Foi], comme si nous nous préoccupions uniquement de l'antiquité, mais de nous consacrer avec une ferme volonté et sans peur à cette tâche, que notre époque exige... Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée d'une façon qui corresponde aux exigences de notre temps. En effet, il faut faire une distinction entre le dépôt de la foi, c'est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérée doctrine, et la façon dont celles-ci sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée» (S. Oec. Conc. Vat. II Constitutiones Decreta Declarationes, 1974, pp. 863-865)" (fin de citation).
On ne saurait mieux démontrer la bonne intention des Pères conciliaires, à commencer par les papes Jean XXIII et Paul VI, c'est-à-dire leur inadvertance complète de promulguer des hérésies voire des apostasies comme dans la Liberté religieuse, lorsqu'ils en promulguent.
Et quant à lui personnellement, Joseph Ratzinger, c'est avec une très-grande ferveur religieuse qu'il se rend au concile, loin, tellement loin, de vouloir y introduire l'hérésie ou même l'apostasie. Laissons-le nous dire lui-même son pieux enthousiasme, non pas juste après l'évènement, ce qu'on pourrait attribuer à un sentiment de surface, passager, mais plus d'un demi-siècle plus tard, après, pourtant, toutes les désillusions post-conciliaires qui n'ont cessé de se compiler les unes sur les autres au fil des ans, mais qui n'ont égratigné ni terni en rien le grand enthousiasme, toujours aussi fort et prégnant dans son âme, qui a été le sien lors de Vatican II. Comme il dira lui-même simplement : "J’ai vécu, moi aussi, l’époque du concile Vatican II, j’étais dans la basilique Saint-Pierre avec beaucoup d’enthousiasme".
C'est dans le Discours d'adieu aux prêtres de Rome, le 14 février 2013, juste avant de se mettre en retrait pontifical : "... Alors, nous sommes allés au Concile, non seulement avec joie, mais avec enthousiasme. Il y avait une attente incroyable. Nous espérions que tout se renouvelle, que vienne vraiment une nouvelle Pentecôte, une nouvelle ère de l’Église, parce que l’Église était encore assez robuste en ce temps-là, la pratique dominicale encore bonne, les vocations au sacerdoce et à la vie religieuse étaient déjà un peu réduites, mais encore suffisantes. Toutefois, on sentait que l’Église n’avançait pas, se réduisait, qu’elle semblait plutôt une réalité du passé et non porteuse d’avenir. Et à ce moment-là, nous espérions que cette relation se renouvelle, change ; que l’Église soit de nouveau une force pour demain et une force pour aujourd’hui. Et nous savions que la relation entre l’Église et la période moderne, depuis le commencement, était un peu discordante (...) ; on pensait corriger ce mauvais commencement et trouver de nouveau l’union entre l’Église et les meilleures forces du monde, pour ouvrir l’avenir de l’humanité, pour ouvrir le vrai progrès. Ainsi, nous étions pleins d’espérance, d’enthousiasme, et aussi de volonté de faire notre part pour cela" (fin de citation). Et Dieu sait que ce qu'il décrit là au pluriel par modestie, le concernait lui personnellement, c'était le fond de son âme, qu'on ne peut manquer de trouver édifiant.
Cependant qu'il est, concrètement, dans l'erreur la plus totale dans son analyse, erreur dont il n'est pas besoin de dire qu'il ne s'en rend absolument pas compte. Si en effet, le constat qu'il fait que l'Église, dans les années 1960, "n'avance pas, se réduit, semble une réalité du passé et non porteuse d'avenir", constat parfaitement lucide et exact, c'est en fait parce qu'elle est déjà rentrée dans l'économie de la Passion, et ce, bien avant les années 1960, bien avant Vatican II. Elle l'est en effet depuis plus d'un siècle et demi déjà, depuis le concordat de Pie VII avec Napoléon, qui a corrompu antéchristiquement les Mœurs de l'Église, ce dont ne prennent absolument pas conscience les modernes (et pas plus, d'ailleurs, les tradis). C'est en corrompant ses Mœurs par la pratique concordataire pontificale avec des États post-révolutionnaires constitutionnellement athées, que l'Église a subverti elle-même son message évangélique dans l'époque moderne, qu'elle est rentrée par-là même déjà dans l'économie de la Passion, et c'est la raison profonde pour laquelle elle y apparaît depuis comme languissante au niveau de sa force spirituelle, bémolisée. Car un crucifié est, avec ses proches, ses contemporains, toujours en-deçà de la vie ordinaire, et c'est cette cause première du bémol de l'Église contemporaine que ne perçoit pas du tout le moderne, à commencer par Joseph Ratzinger.
Alors, se faisant illusion sur cette cause première de la situation bémolisée de l'Église contemporaine, il s'imagine qu'elle va reprendre son statut normal voire même un statut supérieur diésé, en catholicisant les principes révolutionnaires dont il veut s'imaginer qu'ils ont un fondement chrétien. Il fait donc le raisonnement absolument inverse, sataniquement contraire à la vérité, qu'il faudrait qu'il fasse : puisque l'amoindrissement de l'Église bémolisée dans la virtus de son message évangélique provenait en cause première de la prostitution concordataire de ses Mœurs avec les principes révolutionnaires qui se sont concrétisés dans les États constitutionnellement athées, alors, pour en guérir l'Église et lui donner à nouveau toute la force évangélique que l'Esprit-Saint infuse en elle, il s'agissait donc premièrement d'exorciser d'elle, d'expurger d'elle, le principe révolutionnaire épousé dans ses Mœurs par sa pratique concordataire au sortir même de la Révolution. Et non faire l'inverse, s'atteler à faire correspondre la Foi de l'Église aux mauvaises Mœurs corrompues de l'Église depuis l'immédiat sortir de la Révolution, dès 1801, en bénissant-oui-oui le mauvais principe de la Révolution, prétendant qu'il avait un fond chrétien, par tout un concile universel.
Ce qui signifie que le vrai travail apostolique de l'ère moderne pour l'Église, aurait donc impérativement dû consister à Vatican II, premièrement, dans la purification publique radicale de ses Mœurs en cessant et rompant solennellement toute relation concordataire avec les États post-révolutionnaires constitutionnellement athées comme étant basés sur "les droits de l'homme" anti-Dieu, cassant strictement tous les concordats qui avaient été passés avec eux depuis le pape Pie VII, pour la raison théologique fondamentale que cesdits États, si l'on suit comme on doit le faire l'enseignement formel de saint Paul dans Rom XIII en matière politique constitutionnelle, ne sont tout simplement pas valides ni légitimes aux Yeux de Dieu, et que, subséquemment, ils ne doivent donc pas l'être non plus pour l'Église ni pour les âmes catholiques (et celles de bonne volonté) ; et qu'il est hérétique et même apostat de passer concordat avec des États qui, métaphysiquement, n'existent pas. Parce que si on fait l'inverse, comme on l'a fait ecclésialement depuis 1801 en se concordatisant-prostituant avec eux, ce qui est leur réputer validité et légitimité à cause de la structure juridique synallagmatique de tout concordat, on se corrompt, par les Mœurs pour commencer, à l'athéisme révolutionnaire. Et voilà pourquoi l'Église est, depuis lors, dans un tel état de langueur spirituelle qui va s'aggravant, le diagnostic de sa maladie grave est là, tout entier.
Et donc, à Vatican II, il fallait de toute première urgence et nécessité, appliquer le seul onguent qui pouvait guérir l'Église de sa maladie qui menaçait de devenir mortelle plus le temps avançait, à savoir réadopter à nouveau les Mœurs catholiques en matière de Politique constitutionnelle, en n'acceptant plus de concordatiser uniquement qu'avec des États basés constitutionnellement sur les Droits de Dieu et de son Christ (il n'y eut qu'un concordat valide et légitime au XIXème siècle, celui passé pour l'Équateur entre Garcia Moreno et l'Église sous le pape Pie IX). Cela, certes, j'en ai parfaitement conscience, serait revenu à excommunier publiquement et solennellement tous les États modernes de la planète dans un décret conciliaire universel réunissant tous les Pères de la génération ecclésiale moderne una cum le pape actuel... puisque tous sont basés sur les "droits de l'homme" anti-Dieu post-révolutionnaires ! L'Église en serait certes devenue complètement isolée dans le monde ou plutôt dans la figure du monde qui passe, nul doute sur cela. Mais en même temps, cette vraie et seule solution du problème moderne généré par la Révolution aurait suscité un effet électrochoc salutaire pour le monde entier et l'Église en clarifiant à la face de l'univers entier la vraie situation, cela aurait considérablement étouffé "la puissance des ténèbres" et aurait, d'un seul coup d'un seul, redonner à l'Église la flamme de l'Esprit-Saint, toute la force spirituelle qu'elle avait perdue par la faute concordataire du tout premier pape venant après la Révolution, Pie VII Chiaramonti, corrompant de manière gravissime ses Mœurs. Elle serait certes repartie à zéro face au monde, mais avec la toute-Puissance du Christ pour le reconquérir librement.
Mais, las !, aux antipodes de (pouvoir) comprendre cela, le moderne a donc fait le raisonnement exactement et sataniquement inverse de celui qui précède, qui était le seul bon à faire : loin de vouloir guérir les Mœurs de l'Église, corrompues par la pratique concordataire ecclésiale avec des États post-révolutionnaires constitutionnellement athées, ne prenant nullement conscience que la diminution des forces spirituelles de l'Église venait en cause première de là et de nulle part ailleurs, le moderne s'est imaginé soigner et guérir la langueur spirituelle de l'Église post-révolutionnaire, que Ratzinger constate tout-à-fait bien, en convertissant la Foi de l'Église aux... mauvaises Mœurs corrompues de l'Église post-révolutionnaire ! Alors que c'étaient elles, ces mauvaises Mœurs, qui étaient la grande cause première de sa langueur !! C'est-à-dire faire professer magistériellement le principe révolutionnaire des "droits de l'homme" par la Foi, ce qui fut éminemment fait dans le décret de la Liberté religieuse (que Ratzinger ose décrire, avec Nostra Aetate, comme étant le haut-pic de Vatican II : "De manière inattendue, on ne trouve pas la rencontre avec les grands thèmes de l’époque moderne dans la grande Constitution pastorale [Gaudium et Spes], mais bien dans deux documents mineurs, dont l’importance est apparue seulement peu à peu, avec la réception du Concile", montrant là qu'il est tout-à-fait à ranger dans la catégorie moderniste ultra... ― Vatican II vu par le jeune théologien Joseph Ratzinger, publié par le Centre diocésain d'information du Diocèse de La Réunion), alors que depuis la Révolution cedit principe révolutionnaire n'était encore pratiqué dans l'Église que par ses Mœurs. C'était donc, loin de guérir l'Église de son mal, l'aggraver considérablement, en pervertissant la Foi par la perversion des Mœurs, la crucifier définitivement sur la croix d'ignominie en n'ayant plus devant les yeux que l'étape ultime de la mort, Mœurs et Foi étant dorénavant contaminées, alors que, dans tout le XIXème siècle et au début du XXème, l'Église ne faisait encore que gravir le chemin du calvaire en portant sa croix mais sans encore y être crucifié. La corruption des Mœurs passant dans la Foi de l'Église, convertissant par décalcomanie la Foi de l'Église, sera très-explicitement constatée à Vatican II par le décret de la Liberté religieuse (j'explique en profondeur toute cette dynamique progressiste du mal dans l'Église, se transvasant des Mœurs dans la Foi, dans l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=1).
Voilà donc en toute vérité ce qu'ont fait concrètement les modernes au concile Vatican II, et singulièrement Joseph Ratzinger qui en fut une cheville ouvrière très-importante : clouer définitivement l'Église sur la croix, dans l'attente du coup mortel que lui donnera l'Antéchrist-personne dans son règne maudit, lorsque la Providence de Dieu l'y autorisera. Loin de la guérir du mal qu'elle avait contracté dès le tout début du XIXème siècle en corrompant ses Mœurs par la pratique concordataire pontificale-ecclésiale avec des États démocratiques issues de la Révolution, l'Église moderne, par Vatican II, a rendu au contraire mortelle, sans issue autre que la mort, la maladie qui l'atteignait, en voulant trouver soi-disant une base chrétienne aux principes fondateurs de la Révolution qui engendreront les "filles de Babylone" (Louis Veuillot), c'est-à-dire toutes ses p... de démocraties post-révolutionnaires fondamentalement anti-Dieu, dont on voit bien à présent, je l'ai dit dans un article, qu'elles se transmuent toutes, comme tout naturellement et comme par hasard, en démonazies, ce qui s'est singulièrement vu, pour ceux qui ont des yeux pour voir, dans la gestion de la crise du Covid (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/reflexions-sur-le-nazisme-universel-contemporain-encore-dit-democratie-universelle?Itemid=1 ― À mon sens, soit dit en passant, nul n'a mieux défini ce qu'est, dans son fondement métaphysique essentiel, la Démocratie moderne post-révolutionnaire, que le penseur colombien Nicolás Gómez Dávila, 1913-1994, qui l'a superbement formulé ainsi : "une religion anthropothéiste dont le principe est une option de caractère religieux, un acte par lequel l’homme se regarde comme étant Dieu").
Or, il est radicalement impossible de christianiser, comme les modernes ont voulu le faire à Vatican II, ce principe luciférien de l'homme qui se fait Dieu, comme a voulu le croire Paul VI dans l'utopie la plus totale et la plus mortifère, résumant lapidairement toute la pensée ecclésiastique des modernes qui est aussi celle qu'exprime Joseph Ratzinger, dans son discours de clôture du concile Vatican II le 7 décembre 1965, que Ratzinger-Benoît XVI évoque d'ailleurs (mais aussi, il suffit de lire en entier ce Discours, pour prendre acte qu'il est le plus saintement inspiré d'une bonne intention) : "La religion du Dieu qui s'est fait homme s'est rencontrée avec la religion (car c'en est une) de l'homme qui se fait Dieu. Qu'est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver ; mais cela n'a pas eu lieu. La vieille histoire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes pour les hommes l'a envahi tout entier" (fin de citation). Le problème, c'est que le bon Samaritain a fait la charité à un homme et non à une mauvaise doctrine, le raisonnement de Paul VI était donc tout faux partout...
Il n'est pas besoin de chercher plus loin pour bien asseoir la réalité de l'inadvertance complète des Pères de Vatican II, singulièrement celle de Joseph Ratzinger qui deviendra le pape Benoît XVI, qui occupe plus spécialement mon présent article.
Mais cette inadvertance des papes modernes, couplée à une autre réalité, celle de la doctrine antichristique que cesdits papes promeuvent en Église, fait vivre à cette dernière (et mourir en même temps), sa propre et personnelle Passion,
"LA PASSION DE L'ÉGLISE".
Je crois que j'arrive à la fin de mon "discours de la méthode".
Je ne saurai le terminer sans dire mon scandale profond et encoléré de la cérémonie bâclée des obsèques du pape Benoît XVI, c'est-à-dire aborder le "secondement" du malgré tout de mon titre. Tout le monde, même les modernes, a remarqué ce bâclage, ce saccage même, visiblement voulu et qui ne pouvait qu'être savamment préparé, et qui ne pouvait l'être évidemment que par le pape François qui en est le grand responsable. Et cela a montré, une fois de plus, une fois encore, de quoi cet énergumène pontifical, pardon, est capable...
Son homélie, en particulier, qui a voulu donné le ton à toute la cérémonie, fut d'une platitude uniforme prodigieuse, qui n'a pu qu'être très-étudiée. Pas seulement sur le fond mais sur la forme, bonasse, ton monocorde, unicorde avec étouffoir, recto tono, banalisée et désacralisée au maximum dans un souffle mourant, chaque mot sortant de la bouche de François comme s'il était impossible qu'il ne soit pas le dernier, homélie récitée avec un esprit affiché volontairement à cent mille lieues des obsèques, la vérité est ailleurs, comme si son discours concernait un defunctus que François n'aurait pas du tout connu, bref, exactement comme si on assistait à l'enterrement d'un chien quelconque écrasé et laissé pour compte sur le bord de l'autoroute, que même la SPA aurait dédaigné de réclamer...
Quant au fond, au texte de l'homélie, François a sûrement dû la travailler dur-dur pour arriver à ce résultat monstrueusement insignifiant. Ce pape crucificateur a réussi ce tour de force de n'y faire strictement aucune allusion à Joseph Ratzinger-Benoît XVI, sauf le mot "frère" lancé en l'air comme par hasard dans le discours avant de retomber complètement à plat, et une vague phrase en finale, comme un appendice mis là presque pour être opéré ! Un vrai scandale, étant donné la place très-importante de Joseph Ratzinger dans l'Église contemporaine ; un canevas même à grosses mailles de sa place dans l'Église contemporaine aurait pourtant été juste le a minima décent pour honorer l'église romaine dont il fut le pape. Mais non, l'homélie fut juste de la pseudo-spiritualité bâclée passée à la moulinette, des phrases tricotées dans le surréalisme évanescent, sans aucun effort de liaison logique entre elles, sans parler des nombreux couples de mots au sens absurde et ridicule. Une vraie homélie stalinienne, pour enterrer un défunt haï dont on a ardemment souhaité la mort depuis (trop, beaucoup trop) longtemps.
... Vous croyez que j'exagère ? Alors, lisons ensemble un peu cette homélie scandaleuse, qui, de près ou de loin, ne fit aucune allusion au parcours de vie de Joseph Ratzinger devenu le pape Benoît XVI, même pas sur un simple plan spirituel, il fallait le faire.
Après nous avoir dit que le Christ s'est remis aux mains de son Père, on nous dit que cela L'a poussé à se remettre aux mains de ses frères (...?) pour s'ouvrir aux "histoires qu'Il rencontrait sur son chemin" (!!). On est là en plein délire moderniste imbécile : au moment de sa mort, le Christ, après s'être remis aux Mains de Dieu, son Père et le nôtre, "a été enseveli, est descendu aux enfers" (Credo), c'était terminé pour Lui les chemins de Jérusalem, de Capharnaüm ou d'ailleurs, et celui d'Emmaüs, après sa Résurrection, n'était pas encore programmé. Ce n'est là que verbiage insipide et surtout doctrinalement absurde. Mais, dans la foulée, on nous apprend vite que les mains du Christ ont été rongées (sic !) par l'amour. Que signifient bien, sur le plan spirituel, des mains rongées par l'amour ?!? Rongé, c'est négatif ; l'amour, c'est positif. Des mains ne peuvent donc pas être négativement rongées par l'amour qui est positif. Continuation de l'absurdité surréaliste de jean-foutre, du vrai foutage de gueule, et vu le contexte où elle est proférée inconsidérément, cela confine vraiment au blasphème.
"«Père, entre tes mains je remets mon esprit» est l’invitation et le programme de vie qui murmure et veut modeler comme un potier (cf. Is 29,16) le cœur du berger, jusqu’à y faire palpiter les mêmes sentiments que le Christ Jésus". Zut. Cela fait plus d'un quart d'heure que j'y suis, ma cervelle commence à chauffer, et je n'arrive toujours pas à saisir le sens spirituel de cette phrase qui n'a pas de lien logique quant à l'idée exprimée. Qu'est-ce que c'est qu'un programme de vie qui murmure ?!, le cœur du berger qui palpite !? Des enfilades de mots émotionnels mais sans aucun sens surnaturel véritable et authentique, juste là pour en donner un semblant d'impression. On est dans le mode surréalisme-impressionnisme pseudo-spirituel bergoglien...
Dans la suite, on apprend que le Seigneur... susurre. Continuation de l'exercice littéraire esthétique de pacotille. Mais... courage ô mon âme !, ne boude surtout pas ton plaisir, goûte encore suavement "le dévouement priant, silencieusement modelé et affiné entre les carrefours et les contradictions que le berger doit affronter" (??!). Plus loin, je ne vois pas ce que signifie "les fatigues de l'onction" (et sûrement que le pape François ne le voit pas non plus). Je pousse mon héroïsme jusqu'à : "Dans cette rencontre d’intercession, le Seigneur continue à générer la douceur capable de comprendre, d’accueillir, d’espérer et de parier au-delà des incompréhensions que cela peut provoquer". Rencontre d'intercession, de qui, de quoi ?, des incompréhensions, de qui, de quoi ? Cela n'est pas dit, et donc, le discours est incompréhensible. Tout cela n'a aucun sens, in the contexte et hors-contexte, c'est jeté en l'air n'importe comment pour occuper l'espace-son, le temps que d'autres alliages de mots aussi insensés soient lancés dans le vent au lance-pierre (sans jeu de mot !) pour les remplacer, jusqu'à ce que le temps imparti pour l'homélie soit (enfin) rempli...
On m'épargnera le reste. Et la dernière phrase, très-souhaitée, arrive enfin en forme de cheveu sur la soupe vraiment immangeable, imbuvable : "Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix définitivement et pour toujours !"
Bref, on ne peut se déprendre d'une sainte-colère parce qu'on voit très-bien que le pape François, dans cette incroyable homélie, voulait parler pour ne rien dire. Il s'y est livré à un exercice de langue de buis pseudo-spirituelle tout-à-fait remarquable, mais tout-à-fait scandaleux vu le défunt pour lequel il prononçait son homélie. Circulez, y'a rien à voir, surtout pas Joseph Ratzinger ni Benoît XVI, en résume le fond et la forme.
Cette scandaleuse homélie ne faisait qu'être la devanture de la cérémonie, sa vitrine publicitaire. Tout le monde a remarqué le bâclage, le saccage, le sabotage, le réductionnisme à outrance voire le jean-foutisme de la cérémonie, visiblement volontairement organisés, et un seul n'en pouvait qu'être le maître d'œuvre, suivez mon regard.
Voici par exemple comment un chroniqueur, sur le site SilereNonPossum.it, a listé les camouflets de la cérémonie :
"-Le maître de cérémonie de François, le père Diego Ravelli, s'est efforcé de convaincre François de ne pas quitter la place Saint-Pierre avant que le cercueil de Benoît XVI ne soit porté dans la basilique. Cependant, François a catégoriquement refusé d'être présent lors de l'enterrement dans les grottes de Saint-Pierre.
"-À l'origine, François voulait que les funérailles soient «comme celles d'un cardinal, rien de plus».
"-Alors que l'Italie, l'Espagne et la Grande-Bretagne ont mis leur drapeau en berne après la mort de Benoît XVI, François ne voulait «aucun deuil» au Vatican.
"-François a fait croire que seules deux délégations d'État seraient présentes. En réalité, de nombreuses personnalités de haut rang étaient présentes, mais [à cause de son refus, n'ont pu l'être qu'] à titre personnel. La Secrétairerie d'État leur a demandé d'assister sans tenue de gala mais ils n'ont pas obtempéré [et ont donc pris la tenue de gala] car ils l'auraient fait aussi pour les funérailles d'un simple cardinal.
"-La Secrétairerie d'État a dit à ses journalistes judiciaires d'édulcorer les déclarations de l'archevêque Gänswein.
"-François voulait enterrer Benoît en pleine terre, mais le dernier souhait de Benoît de reposer dans l'ancienne tombe de Jean-Paul II a été connu, ce qui a obligé François à céder.
"-Le Governatorato n'a fait aucun plan pour les funérailles. Ce n'est qu'à la dernière minute qu'il a organisé un parking pour les participants de haut rang.
... Je rajoute à ce listing scandaleux l'attitude de François lorsque, à la fin de la cérémonie, les porteurs funèbres ont arrêté le cercueil devant lui : il a, de l'air le plus bougon et constipé qu'il a pu prendre, comme s'il accomplissait un devoir honteux, pénible et insupportable, posé lourdement et en pataud sa main sur le cercueil sans lui faire... la moindre bénédiction ! Un simple laïc, même Grosjean l'idiot du village, aurait pensé à faire, à tout le moins, un signe de croix, mais lui, le pape en exercice, qui représentait toute l'Église devant toute l'Église, n'a pas fait le moindre signe chrétien sur la dépouille de son immédiat prédécesseur sur le Siège de Pierre arrêtée devant lui, avant qu'elle ne pénètre définitivement dans les grottes du Vatican, ni signe de croix ni surtout bénédiction pontificale !!!
Pendant toute la cérémonie, le 5 janvier donc, il a pris un air fatigué, tellllement fatigué, dégoûté, abattu, triiiiiste. Mais dès le lendemain matin 6 janvier, il affichait au balcon de Saint-Pierre un sourire épanoui et éclatant, visiblement en pleine forme...!
Un chroniqueur en a publié les photos révélatrices, puis de les commenter avec justesse : "Des funérailles expédiées en moins de deux heures, on n’avait encore jamais vu cela pour l’enterrement d’un Souverain Pontife, ne fut-il que «Pape émérite». Mais avec François on peut s’attendre à tout et nous ne sommes jamais déçus. En colère, tristes, scandalisés même, mais jamais déçus.
"[le 6 janvier, il semblait] être heureux comme un pinson de ne plus avoir à supporter, derrière lui, au-dessus de lui ?, ce pape horriblement conservateur [hum !] qu’il vient d’expédier dans sa tombe sans un mot de compassion, sans une note sur sa vie, rien [dans son homélie scandaleuse, comme on vient de le voir, en effet]. Juste une fois, une toute petite fois, a-t-il accepté de prononcer le nom du Pape défunt. (...) La raison de cette embellie papale [du 6 janvier ne serait-elle pas que] : «Maintenant, il a les coudées franches». Ce qui n’augure rien de bon pour tout ce qui ressemble de près, ou de loin, à la Tradition…" (cf. https://www.medias-presse.info/francois-epuise-par-les-courtes-funerailles-de-benoit-xvi-et-joyeux-comme-un-pinson-le-lendemain-au-balcon/169081/).
Le 5 janvier... ... le 6 janvier
Le lendemain même de cet articulet, un autre chroniqueur, l'ayant lu et vu ces photos où le pape François affiche sans retenue aucune son dégoût et sa prétendue grande fatigue lors des obsèques de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, puis montre un sourire épanoui et éclatant dès le lendemain, Jean qui pleure-Jean qui rit, en a été scandalisé, et commente plus encore en profondeur, de son côté :
"Le cœur mesquin du Pape François.
"Les personnes médiocres s’entourent de personnes plus médiocres qu’elles afin de pouvoir les manœuvrer à leur guise et de dissimuler leur propre médiocrité. C’est ce que Bergoglio a fait dès qu’il a accédé au trône papal. Et cela a été démontré pour la énième fois avec la mort du pape Benoît XVI.
"Je résume ici certains des événements de ces derniers jours, pour la plupart anecdotiques, mais qui révèlent l’âme et la mesquinerie du pape François. Certains sont publics ; d’autres, en revanche, m’ont été confiés par des sources discrètes qui arpentent les couloirs du Palais sacré.
"Avant même que la nouvelle de la mort de Benoît XVI soit connue, des ordres étaient déjà partis de Santa Marta : le travail continuerait comme d’habitude au Vatican. En d’autres termes, «il ne s’est rien passé ici». Ceux qui travaillent au Saint-Siège (clercs et laïcs) ont fait savoir que s’ils ne suspendaient pas leurs activités pour pouvoir assister au moins à la messe des funérailles, ils prendraient tout de même un jour de congé. Santa Marta a alors dû faire un compromis : ils seraient autorisés à assister à la messe mais seulement jusqu’à 13 heures. Ensuite, ils ont dû retourner au travail.
"Aucun deuil officiel n’a été déclaré dans la Cité du Vatican, ses bureaux à l’étranger ou ses nonciatures. On ne sonnerait pas les cloches pour les morts et on ne mettrait pas les drapeaux en berne. Ce dernier détail a été une grande surprise. Tout pays connaît cette mesure de deuil lorsqu’une personne relativement importante meurt. Pour le Vatican et la cour du pape François, le pape Benoît XVI ne l’était pas. Curieusement, l’État italien et la Grande-Bretagne ont ordonné que leurs drapeaux soient mis en berne le 31 décembre.
"On a répété à l’envi dans les palais sacrés que l’ordre était de continuer comme si de rien n’était. C’est pour cette raison que, mercredi, le pape François a tenu son audience générale comme à l’accoutumée, alors qu’à quelques mètres de là gisait le corps pas encore froid de son prédécesseur. Et il n’a fait qu’une seule référence à lui, le qualifiant de «grand maître de la catéchèse».
"De nombreux cardinaux et évêques ont été déçus de ne pas pouvoir se joindre au cortège qui a transporté la dépouille du pape défunt du monastère Mater Ecclesiae à la basilique Saint-Pierre. Dans tout pays, dans toute monarchie, cette procession revêt une solennité particulière et austère, même lorsqu’il ne s’agit pas du décès du monarque régnant (rappelez-vous le cas de Don Juan de Borbón, ou de la reine mère d’Angleterre ou du prince Philip d’Édimbourg). La dépouille mortelle de Benoît XVI a été transportée dans une camionnette grise. Ni François ni le cardinal-vicaire n’ont présidé le cortège. Derrière le SUV se trouvaient simplement Mgr Georg Gänswein et les memores, les femmes qui l’ont assisté ces dernières années. Dans la curie, cela a été très mal perçu : «On ne fait pas cela même à un voisin du plus petit village d’Italie», a-t-on dit.
"L’une des choses qui a le plus frappé les membres de la Maison pontificale et d’autres bureaux de la Curie qui se sont rendus à la chapelle funéraire, c’est le nombre de jeunes prêtres (plusieurs centaines) venus faire leurs adieux au Pape Benoît en portant la soutane. (...) Dans le même ordre d’idées, le nombre de jeunes et de familles avec enfants qui sont venus de loin pour voir le pape Benoît était très impressionnant.
"L’une des choses qui a le plus agacé les évêques et les cardinaux présents a été l’attitude indolente du cardinal Gambetti, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre. Son attitude froide et mécanique lors de la célébration du premier service funèbre (et la voix d’un prêtre récitant que l’on pouvait entendre) et son manque de prévoyance pour de nombreux détails ne sont pas passés inaperçus. Tout aussi révoltante a été la présence d’Ettore Valzania, mécanicien dentaire de profession, que le cardinal a lui-même nommé gestionnaire de la basilique, et qui s’est promené à l’intérieur de la basilique pendant les trois jours, vêtu d’un jean, alors qu’il recevait cardinaux et chefs d’État. Cet obscur et vulgaire personnage était chargé, entre autres, de faire en sorte que les fidèles ne puissent s’arrêter plus de deux ou trois secondes devant le corps exposé du pape défunt, sans pouvoir dire une prière devant lui. N’aurait-il pas été possible, par exemple, de prolonger les heures d’ouverture de la basilique Saint-Pierre ?
"Le pape François était déterminé à se retirer dans ses quartiers de Santa Marta dès la fin de la messe funéraire. Deux de ses plus proches collaborateurs ont dû insister fortement pour lui faire voir l’inopportunité du geste. Finalement, il a accepté de voir le cercueil du pape Benoît dans l’atrium de la basilique Saint-Pierre, dépouillé de ses vêtements pontificaux. Et il a refusé catégoriquement d’accompagner le cortège jusqu’à la crypte et d’y célébrer les derniers sacrements, qui ont été pris en charge par le cardinal Re, doyen du Sacré Collège.
"De nombreux évêques et cardinaux du monde entier venus faire leurs adieux au pape émérite ont été étonnés (et l’ont fait savoir à leurs proches) par l’indolence des gestes et des paroles du pape François à l’égard de son prédécesseur [très-notamment donc, lors de son homélie, qui ne pouvait que scandaliser tout le monde, en effet, tant par le fond que par la forme].
"(...) Dès que la mort de Benoît XVI a été connue, Santa Marta s’est empressée de dire que, en raison d’un souhait douteux du défunt, seules les délégations officielles d’Italie et d’Allemagne seraient présentes. Le problème est survenu mercredi [la veille de la cérémonie des obsèques], lorsque le Secrétariat d’État a découvert à son grand étonnement qu’un très grand nombre de délégations gouvernementales de différents pays seraient présentes à titre personnel. La nouvelle était tellement inattendue que ce n’est qu’en fin de journée que le Gouvernorat a donné l’ordre aux fonctionnaires respectifs de prévoir des places de parking pour les véhicules officiels qui transporteraient les dirigeants et les ministres.
"Le Secrétariat d’État a officiellement informé les pays qui envoient des délégations que leurs représentants devaient s’abstenir de porter une tenue formelle. Cela a été une surprise, car même dans le cas des funérailles des cardinaux, ce type de tenue est utilisé. Même ces honneurs ont été refusés au pape Ratzinger.
"Nous connaissons bien le bois dont sont faits les journalistes, mais quelques-uns conservent une certaine honnêteté. La vulgate qui a couru dans les salles de presse du monde entier, et dans la salle de presse du Saint-Siège lui-même, était que le pape Benoît était toujours un pontife distant, détesté ou indifférent au peuple chrétien. Beaucoup d’entre eux ont reconnu tranquillement leur erreur de jugement lorsqu’ils ont vu le nombre énorme et surprenant de personnes qui sont venues à la basilique Saint-Pierre ces derniers jours. En fait, le nombre de chaises qui ont rempli la place Saint-Pierre pour la messe des funérailles n’avait été égalé que lors de la messe inaugurale du pontificat de François" (cf. https://www.medias-presse.info/caminante-wanderer-scandalise-par-les-funerailles-de-benoit-xvi-titre-le-coeur-mesquin-du-pape-francois/169126/).
... Non, franchement, le pape Benoît méritait tout-de-même autre chose que ce coup de pied de l'âne hargneux, dur, haineux et méchant, que lui a décoché le pape François à ses obsèques. Avec François, il faut hélas dire qu'on n'est plus en présence de la mule du pape, c'est le pape lui-même qui est la mule, rancunière et vindicative à souhait, comme dans la fable d'Alphonse Daudet, sauf le respect que je dois à la fonction pontificale (même quand c'est François qui remplit le Siège de Pierre).
En vérité, je ne lui trouve, dans toute l'Histoire ecclésiastique, qu'un pontife aussi énergumène que lui, à savoir, Paul IV Carafa, le géniteur de la fumeuse bulle dont se gargarisent religieusement et rituellement les sédévacs tous les matins à jeun, avant de prendre leur petit-déjeuner...
Mais éteignons vite les flammes Boanergès allumées dans notre âme par les indignités du pape François, repartons sur du sérieux, sur le fond spirituel dramatique, tragique, de notre "crise de l'Église", pour conclure.
L'époque de la fin des temps, que nous vivons et mourons à la fois, est celle où "Dieu a tout enfermé dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous" (Rom XI, 32 ― La Vulgate donne "incrédulité" au lieu de "désobéissance" employé par Crampon ; le sens en est de toutes façons semblable, et veut signifier que l'homme est en-dehors de la voie de Dieu). Or, si nous n'embrassons pas la totalité spirituelle du Plan divin dans cette fin des temps, alors, nous serons inéluctablement et invinciblement acculés au désespoir, ne retenant que le premier élément qui caractérise la fin des temps, à savoir que "Dieu a tout enfermé dans la désobéissance". Il faut faire l'effort surnaturel de s'élever dans la Foi pour comprendre qu'à la fin des temps, lorsque tout, absolument tout, même le Siège de Pierre, est "enfermé dans la désobéissance", c'est seulement "pour faire miséricorde à tous".
Remarquons bien que saint Paul, juste avant cette phrase, évoquait la conversion des Gentils générée par l'incrédulité des juifs, puis ensuite, il prédit la conversion de ces juifs eux-mêmes, ce qui doit avoir lieu à la fin ultime des temps, afin que tous soient en fin de compte mis dans l'ordre du salut universel proposé à chacun et à tous ("De même donc qu'autrefois vous-mêmes [les romains, les Gentils] vous n'avez pas cru à Dieu, et que vous avez maintenant obtenu miséricorde à cause de leur incrédulité [celle des juifs] ; eux de même n'ont pas cru maintenant, à cause de la miséricorde dont vous avez été l'objet, afin qu'eux aussi ils obtiennent miséricorde" ― Rom XI, 30-31). Saint Paul, en parlant des juifs et des Gentils et de leur sort à la fin des temps, parlait en fait du monde entier, et notons bien que c'est ce même monde entier, récapitulé dans les juifs et les Gentils, qui a crucifié le Christ et qui l'a fait dans l'inadvertance, ainsi que, après le Christ en croix, nous l'a enseigné saint Pierre dans les Actes ; et cette même inadvertance caractérise le monde entier de notre fin des temps crucifiant cette fois-ci le Christ dans son Église.
Et c'est pourquoi, en notre dramatique fin des temps, il sera fait miséricorde à tous (du moins en droit, car tous et chacun demeurent libres dans leur libre-arbitre, d'accepter ou de refuser le merveilleux Plan de salut du Bon Dieu qui veut faire miséricorde à tous). Ce Plan divin remplit saint Paul d'émerveillement, de gratitude et d'un immense élan d'amour envers ce Dieu qui est si bon, et cela doit être aussi notre sentiment de Foi, d'Espérance et de Charité, actuellement. Après avoir en effet résumé son enseignement en nous disant lapidairement que "Dieu a tout enfermé dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous", il laisse tout-de-suite échapper son cri de joie, éclater son admiration de ce Plan divin qui montre l'Amour salvifique de Dieu pour tous les hommes : "Ô profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu ! Que Ses jugements sont incompréhensibles, et Ses voies impénétrables ! Car qui a connu la pensée du Seigneur ? ou qui a été Son conseiller ? Ou qui Lui a donné le premier, et recevra de Lui en retour ?" (Rom XI, 33-35).
On ne saurait donc être étonné que la Reine des prophètes, à Fatima, épouse elle aussi, elle la première, ce merveilleux Plan divin de salut universel, lorsqu'elle enseigne aux petits bergers, par l'ange du Portugal, de dire souvent la prière suivante : "... prenez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde", c'est-à-dire très-concrètement, les âmes qui sont le plus rigoureusement et invinciblement enfermées, cadenassées, dans la désobéissance, dans l'incrédulité... comme celles des papes modernistes de notre temps de la fin !! C'est bien pourquoi, à propos de ces papes modernistes qui infestent certes notre pauvre Église contemporaine, la menant irréversiblement à la mort, il faut bien se retenir de les juger, tout en nous gardant bien sûr de leur perversité doctrinale : "Ne jugez point, afin que vous ne soyez pas jugés. Car vous serez jugés selon que vous aurez jugé, et on se servira envers vous de la même mesure dont vous vous serez servis" (Matth VII, 1-2). Enseignement divin que saint Luc consigne, lui aussi, dans son Évangile : "Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez point, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez pas condamnés" (Lc VI, 36-37).
Là est le devoir de Foi fondamental, me semble-t-il, en notre temps de la fin où toutes les âmes, sans forcément faute ou coulpe de leur part, sont sous "la puissance des ténèbres", "enfermées dans la désobéissance, l'incrédulité", "faites péché pour le salut", dans une "si grande contradiction".
Je ne peux m'empêcher de finir ce grand article, où l'on ne peut manquer de voir très-bien, à propos de la personne de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, que le moins se mélange inextricablement au plus, le négatif au positif, par un tout petit panégyrique à son intention, ne serait-ce que pour contribuer à réparer l'offense grave qui lui a été faite par le pape François dans l'homélie de ses obsèques. Je rappellerai pour cela ce que j'avais écrit de lui il y a plus de trois ans maintenant, le 30 mai 2019, lorsque je rédigeai mon article Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?! : "... Benoît XVI est une âme attachante et émouvante. Ce bulldozer de la pensée est un allemand et, inné en lui, il a la qualité du génie catholique allemand, à savoir une spiritualité chaude et cordicole, fondée sur l'amour mystique et vécue concrètement, toute empreinte d'une ferveur simple, humble, familiale et communicative. Malheureusement, Joseph Ratzinger est né à l'époque des faux-prophètes, et il a ingurgité, dans tout l'élan généreux et fervent de sa jeunesse sacerdotale, le poison moderniste, qui a perverti son grand esprit, il semble bien, hélas, à jamais quant à cette terre" (c'est malheureusement vrai, il n'a jamais voulu ou pu s'exorciser de Vatican II, comme par exemple l'a fait Mgr Viganò).
Je complèterai ce que j'écrivais là il y a plus de trois ans en disant que, certes, Joseph Ratzinger fut un très-grand esprit, un de ses condisciples lorsqu'il était encore séminariste ne l'avait-il pas baptisé "Mozart de la pensée", mais hélas, un grand esprit brassant et se jouant des contraires peut arriver à ne plus s'y retrouver dans les choix fondamentaux au moment précis où il faut les faire hic et nunc, là où un enfant du 1er catéchisme s'y retrouverait sans même réfléchir. Personne, à ma connaissance, n'a mieux décrit cette faille des grands intellectuels que Montaigne, lorsqu'il évoqua lapidairement "ces infinis esprits qui se trouvent rognés par leur propre force et souplesse". Joseph Ratzinger-Benoît XVI a par exemple toujours voulu présenter Vatican II comme un laboratoire extraordinaire de pensées les plus surnaturellement constructives, positives, alors que ce n'était en vérité que bouillon de cultures en forme de tête-de-mort où fermentaient très-dangereusement les idées hétérodoxes les plus mortifères pour la vie de l'Église et des âmes...
Et puis, et enfin, maintenant qu'il est parti dans l'Au-delà, on ne peut s'empêcher de se demander, après cette incroyable situation d'un pontificat en bi-double avec François qui a duré huit longues années, dont j'avais fait plusieurs articles pour essayer de bien la cadrer dans "LA PASSION DE L' ÉGLISE" : quel va être le prochain avenir de l'Église après sa mort ?
J'avais déjà évoqué cette grande question, c'était dans un autre article Une très-bonne nouvelle !!!, écrit il y a un peu moins de deux ans maintenant, le 19 mars 2021, et il me semble que je n'ai guère, pour les présentes, qu'à recopier ce que j'y écrivais, toujours aussi valable pour nos jours : "... Mais alors ? Que se passera-t-il lorsque le pape crucifié mourra ? La chose la plus simple du monde : le pape crucifié disparaissant, il ne restera plus dans l'Église actuelle, à l'heure où elle vit la Passion du Christ, que... le pape crucificateur, en l'occurrence François. Plus rien, alors, ne semble pouvoir retenir l'arrivée de l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, comme l'avait si bien prophétisé la très-sainte Vierge Marie à La Salette, et comme si peu de catholiques l'ont compris, même à présent alors que la terrible et affreuse prophétie achève de se réaliser hic et nunc concrètement sous leurs yeux obscurcis : «Rome perdra la Foi, ET DEVIENDRA LE SIÈGE DE L'ANTÉCHRIST».
"On voudra me voir pousser les choses à fond : est-ce à dire que dès la mort du pape Benoît, puis celle du pape François (... ou sa démission ; ce qui serait étonnant, car François a un tempérament de dictateur et les dictateurs ne démissionnent pas...), autrement dit, dès après la disparition des papes en bi-double que nous avons actuellement et vivant l'ultime moment de la Passion de l'Église, l'Antéchrist-personne fera immédiatement irruption pour envahir le Siège de Pierre ? Réponse : je n'en sais rien, nous n'en savons rien, personne n'en sait rien, Dieu seul le sait, et cela me suffit et cela suffit aux âmes chrétiennes. Il est possible, selon la Volonté divine, que l'Église achève encore de mourir avec un seul pape crucificateur, avec François, encore un certain temps... pour que l'Écriture s'accomplisse. Jésus n'est pas mort tout-de-suite, sur la croix. Il serait même possible, pour que le cauchemar soit complet, qu'il y ait encore à venir un autre pape de l'Église après François, ... crucificateur ?, crucifié ?, les deux à la fois cette fois-ci ?, avant que l'Antéchrist-personne n'envahisse définitivement le Siège de Pierre et ne fasse mourir l'Épouse du Christ dans son économie de salut actuelle, dite du Temps des nations et de Rome son centre. Ce que nous savons en toute certitude, et c'est le plus important, c'est que le Bon Dieu nous donnera la force, si nous le voulons, de tenir bon dans la Foi afin d'être sauvés, jusqu'à la fin ultime" (fin de citation).
Que le Bon Dieu accueille par sa grande miséricorde dans son Paradis éternel, celui dont la dernière parole terrestre, fut : "Jésus, je T'aime !"
On a vu une banderole "Santo subito" parmi la foule, lors de ses obsèques, comme avec Jean-Paul II. Je crois, en effet, qu'on va probablement assister dans les prochains mois à un mouvement dans l'Église actuelle vers sa canonisation.
Mais je crois extrêmement plus fort encore qu'il a vraiment besoin de nos prières pour monter au Ciel.
C'est pourquoi, ayant eu quelque petite rentrée d'argent dernièrement, je suis heureux de pouvoir lui offrir une messe à l'intention de son repos éternel en Dieu.
Que le pape Benoît XVI, MALGRÉ TOUT, repose en paix dans le Christ !
Amen.
En la fête de la Conversion de saint Paul,
l'Apôtre des nations,
Ce 25 janvier 2023.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.