Le ralliement de Léon XIII, par Roberto de Mattei
― Critique de la thèse exposée
Argentré-du-Plessis, ce 7 novembre 2016.
Cher "camarade" de... la lutte FINALE !
Je vous estime trop, docteur xxx, pour ne pas vous dire le fond exact de ma pensée, concernant la thèse développée par De Mattei dans son livre Le ralliement de Léon XIII...
J'ai parcouru le livre en question, en profondeur, mais je l'avoue, sans avoir la force morale de le lire jusqu'au bout, tellement l'attitude de Léon XIII est vomitive pour un catholique qui se respecte : je le savais perverti de républicanisme moderne, et c'est vraiment atroce (la page qui nous relate que lorsque, fortuitement, le nom du "Comte de Chambord" fut prononcé devant lui, c'est à grand'peine si Léon XIII put retenir soudain une explosion de haine, cette page est à pleurer...).
L'ouvrage contient deux choses : 1/ Une masse documentaire impressionnante, intéressante, car elle est basée sur les sources originelles, sur les acteurs principaux du Ralliement. 2/ La thèse de fond développée par l'auteur. Celle-ci, dans l'ordre théologique, est complètement et radicalement FAUSSE, in radice. Elle va même exactement dans le sens contraire à la vérité. De Mattei nous dit qu'au fond, le Ralliement ne fut rien d'autre qu'une pastorale politique désastreuse, qui ne touche en rien à la Constitution divine de l'Église car ce n'est pas un enseignement doctrinal.
... Dites donc, vous qui êtes un vieux tradi de la vieille, cela ne vous rappelle rien ce genre de raisonnement ? Lorsque Vatican II est sorti, les théologiens tradis se sont penchés sur les textes de ce concile universel, et ils y ont trouvé moult hérésies ou positionnements hétérodoxes. Cela commençait à mousser dangereusement, lorsque, tout-à-coup, ô divine surprise !, un magicien a sorti un lapin de son chapeau : le concile était... pastoral ! C'était extramidable, tout le problème théologique était du même coup résolu ! Car les documents magistériaux à saveur hérétique n'étaient soit disant pas dotés du charisme d'infaillibilité ! Or, trente ans après, même ceux qui soutenaient cela, sont revenus sur leur "note de pastoralité" dont ils ont enfin compris l'inconsistance absolue : ce n'était que poudre de perlimpinpinette. Le mot du pape Paul VI a été mal entendu, et on lui a fait dire le contraire de ce qu'il disait : dans sa phrase, complète du tout, Paul VI rappelait en effet l'importance du... Magistère ordinaire & universel employé à Vatican II, et de l'obéissance qui lui était dûe par tout catholique !! Paul VI était donc loin de vouloir donner une "note de pastoralité", c'est-à-dire de non-infaillibilité, aux documents vaticandeux, puisqu'il y disait... le contraire. Il voulait simplement dire que le concile avait une motivation pastorale, loin de vouloir dire qu'il avait une notation théologique pastorale...
Vouloir voir de la pastoralité là où il y a de l'infaillibilité, c'est se planter complètement. Pour le Ralliement comme pour Vatican II, ça ne sert donc de rien de nous dire que c'était une "pastorale politique", soit disant pour dédouaner l'action du pape Léon XIII de toute faute doctrinale, ce qui importe C'EST DE CONSIDÉRER L'ENSEIGNEMENT DOCTRINAL CONTENU INTRINSÈQUEMENT DANS CETTE DITE "PASTORALE POLITIQUE". Car il y a bel et bien un enseignement doctrinal, dans le Ralliement, et un enseignement doctrinal HÉRÉTIQUE.
Quel est-il, cet enseignement hérétique ? Il est de réputer formellement la validité aux sociétés politiques post-révolutionnaires constitutionnellement athées (d'ailleurs, cet enseignement est non seulement hérétique, mais c'est de l'apostasie pure et simple si l'on va au fond des choses). Cet enseignement pontifical moderne contenu dans la "pastorale politique" du pape Léon XIII (car il y a bel et bien enseignement doctrinal, je vais le démontrer tout-à-l'heure), est hérétique parce qu'il va en effet directement contre l'enseignement de saint Paul en Rom XIII, tel que je l'ai rappelé dans ma Lettre politique suite à un certain sermon récent, qui nous dit que les seuls pouvoirs politiques qui sont valides sont EXCLUSIVEMENT ceux qui sont ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun. Or, des puissances politiques constitutionnellement athées issues de la Révolution ne peuvent bien entendu en aucune manière être constitutionnellement ordonnées à la poursuite du Bien commun, et donc il est hérétique de leur réputer la validité.
C'est ce que les papes modernes, Léon XIII après Pie VII, n'ont pas compris : ils ont voulu au contraire à toutes forces voir dans les républiques post-révolutionnaires athées des républiques naturelles, comme celles de l'Antiquité. Rien n'était plus faux. Les républiques post-révolutionnaires sont des ANTI-républiques, elles n'ont rien de naturel (... les sectaires au pouvoir le criaient pourtant à tue-tête, à cors et à cris, tant qu'ils pouvaient, que l'essence constitutionnelle de la IIIème Gueuse du nom était antichrist ! Mais Léon XIII resta absolument sourd et aveugle à cette grande réalité ! Et, sur le sujet, saint Pie X ne fut et ne fit pas mieux !). Et c'est pourquoi elles n'ont aucune existence métaphysique, et bien entendu : aucune validité. C'est ce qu'enseigne saint Paul de toutes les puissances qui ne sont pas constitutionnellement ordonnées au Bien commun, et il parle, dans Rom XIII, inspiré du Saint-Esprit. Et c'est cet enseignement très-important quant à la question politique constitutionnelle qui a été perverti par les scolastiques modernes et par les papes IMMÉDIATEMENT après la Révolution. Léon XIII, dans la folie la plus totale, osait soutenir : "Respectez la constitution [de la République française], mais changez les lois" : il n'a jamais voulu et/ou pu comprendre que ladite constitution étant intrinsèquement mauvaise, il était impossible pour un catholique d'y œuvrer en y faisant de "bonnes lois" ! Si en effet, à l'extraordinaire, des députés catholiques avaient réussi à faire passer une bonne loi dans le cadre républicain constitutionnellement athée, elle aurait été ANTICONSTITUTIONNELLE !! À vocation certaine d'être expurgée tôt ou tard du corpus des lois, puisqu'elle y est non seulement hétérogène, mais surtout elle y est mortellement opposée : c'est, ou la mauvaise constitution, ou la bonne loi, les deux ne peuvent pas cohabiter ensemble !! Or donc, la constitution de la République française étant intrinsèquement mauvaise, elle est ce "mauvais arbre" dont Jésus ne dit pas tellement, dans l'Évangile, pour parler par antiphrase, qu'on peut en tirer de "bons fruits", ce qui signifie évidemment qu'on ne peut strictement pas faire de bonnes lois dans un cadre constitutionnel mauvais et antichrist : c'est tout de même lamentable de voir qu'un enfant du 1er catéchisme comprendrait tout-de-suite cela, que Léon XIII ne comprit jamais, du haut de son thomisme raffiné et de son latin poétique...
J'ai lu la seule biographie complète qui existe sur Barnabé Chiaramonti, futur pape Pie VII : il est aussi perverti de démocratisme sangnériste avant la lettre (= Marc Sangnier) que Léon XIII !! À la Noël 1798, pesez bien la date cher "camarade" de la lutte FINALE, devant l'invasion de l'Italie du nord par les armées napoléoniennes, le cardinal Chiaramonti ose faire un sermon à ses ouailles d'Imola, dont certaines avaient pris les armes, encore plus sensationnel que le toast d'Alger de Lavigerie, pour leur signifier avec force que leur devoir de chrétien consistait à se rallier à la forme démocratique post-révolutionnaire : "La forme du gouvernement démocratique adoptée parmi nous [!], ô très-chers frères, non, N'EST PAS EN OPPOSITION AVEC LES MAXIMES ÉVANGÉLIQUES ET N'Y RÉPUGNENT PAS" (sic) !!! Et notez comme notre Chiaramonti futur Pie VII parle de démocratie, et pas de république ! En vérité, ce qu'a fait Léon XIII avec les chefs politiques de la IIIème Gueuse du nom, n'est rien d'autre qu'un copier-coller de ce qu'a fait Pie VII avec Napoléon (comme me disait mon vieux curé tradi, hélas sédévacantiste : "La plus grande preuve apologétique de la divinité de l'Église, c'est qu'elle a vécu 2 000 ans MALGRÉ LES CURÉS").
Dans sa p. 12, De Mattei résume sa thèse de manière synthétique, ce qui permet d'y dénoncer facilement la grosse erreur de fond qu'il commet, grave et dirimante. Et du même coup, cela va me permettre de faire cette démonstration dont je parlais tout-à-l'heure, à savoir qu'il y a bel bien enseignement doctrinal doté de soi de l'infaillibilité dans la "pastorale politique" du Ralliement de Léon XIII. Mais je la cite, cette p. 12, pour commencer : "La disparition de Pie IX posait de façon plus urgente que d'ordinaire les questions que soulève chaque changement de pontificat : le nouveau pape suivra-t-il les traces de son prédécesseur ou inaugurera-t-il une politique différente ? La question ne touchait pas le domaine du magistère, toujours caractérisé par une continuité doctrinale dans la ligne de la Tradition de l'Église, mais était de l'ordre du gouvernement ecclésiastique. Vatican I avait défini comme vérité de foi la Primauté du pontife romain, mais l'infaillibilité, garantie à son magistères à certaines conditions, n'est pas assurée aux actes du gouvernement du pape, à ce qu'on appelle couramment sa politique" (fin de citation).
Quand je vous disais dans un courriel que De Mattei raconte "n'importe quoi" en matière d'infaillibilité pontificale, nous en avons là une belle illustration. De Mattei "oublie" tout simplement que l'Église catholique n'est pas infaillible seulement quant aux choses de la Foi mais quant aux choses des Mœurs. Or, c'est toucher formellement aux Mœurs que de changer pour l'Église Universelle le criterium de validité quant aux sociétés politiques. Et c'est bien ce que faisait Pie VII en 1801, et Léon XIII après lui par le Ralliement qui n'était qu'une réactivation musclée du Concordat napoléonien, en réputant la validité à un État constitutionnellement athée. Réputer valide un État constitutionnellement athée (c'est ce que Pie VII faisait rien que par le fait de signer Concordat avec lui, à cause de la structure juridique synallagmatique de tout concordat, qui présuppose obligatoirement la validité de tout co-contractant concordataire), c'était changer les Mœurs de l'Église, auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle. Et Léon XIII, lorsqu'il oblige les catholiques français à donner à la Gueuse IIIème du nom le devoir d'obéissance et de respect intimé par l'Apôtre des Nations en Rom XIII aux seules puissances politiques certainement valides, lui répute donc par-là même la validité. Car ledit devoir d'obéissance et de respect n'est dû qu'aux puissances politiques certainement valides. Donc, quand De Mattei nous dit que "la question ne touchait pas le domaine du magistère" sous-entendu dans son expression infaillible, il se plante complètement. Cela touchait le domaine du magistère infaillible du pape, par le biais des Mœurs, directement objet, elles aussi, du charisme de l'infaillibilité magistérielle du pape.
Au fait, que sont donc les Mœurs, quant auxquelles la Foi nous enseigne que l'Église ne peut pas plus se tromper lorsqu'elle en traite magistériellement, que lorsqu'elle nous enseigne la Foi ? "Mœurs : habitudes (d'une société, d'un individu) relatives à la pratique du bien et du mal" (Petit-Robert, 1990). Un vieux dictionnaire qui me tombe sous la main a une définition à peu près semblable, plus précise encore : "Habitudes considérées par rapport au bien ou au mal dans la conduite de la vie" (Littré, 1877). Or, donner tout-à-coup une direction radicalement opposée en ce qui concerne le criterium fondamental de la validité du pouvoir politique d'une manière générale, c'est, je crois bien, toucher formidablement aux Mœurs des fidèles !!
Avant le Concordat de 1801, les fidèles croient, de par Dieu et l'Église, que sont valides uniquement les pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, justement pour suivre l'enseignement clair de saint Paul dans Rom XIII, enseignement scandaleusement trafiqué par les scolastico-pontificalo-modernes ; les fidèles croient que leur foi politique ne doit être donnée qu'aux chefs des gouvernements qui proclament constitutionnellement Dieu et son Christ dans la vie publique et dont, au fait, ceux-ci n'avouent être que les représentants, voire le "tenant-lieu" direct, théocratique, pour ce qui concerne le roy Très-Chrétien et le "saint royaume" comme disait le pape Grégoire IX de la France.
Après le Concordat de 1801, c'est tout le contraire, très-exactement et très-scandaleusement le contraire, qui est affirmé par le pape au fidèle, à savoir qu'un gouvernement athée qui n'est pas ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, est réputé valide. C'est donc désormais appeler bien ce qui était considéré comme mal, et inversement... c'est donc toucher aux Mœurs, objet de l'infaillibilité ecclésiale.
Avec le Concordat comme avec le Ralliement, nous ne sommes pas là, en effet, avec ce que De Mattei appelle "de l'ordre du gouvernement ecclésiastique", évidemment non-doté de l'infaillibilité, qu'on pourrait aussi appeler les choses de la politique accidentelle, par opposition aux choses de la politique constitutionnelle. Pour prendre exemple, si Pie XI, en 1925, avait fait une allocution solennelle place Saint-Pierre à Rome pour dire aux italiens que le meilleur chef d'État en Italie serait Benito Mussolini et que le devoir de tout catholique italien était de voter pour lui, sans aucun doute la faute aurait été grave, infiniment déplorable, mais enfin la Constitution divine de l'Église, quant à l'infaillibilité magistérielle, n'en aurait été touchée d'aucune manière, ç'aurait été un simple "dérapage" sur une question de politique accidentelle. Mais, en vérité vraie, Pie XI a fait… bien pire que recommander Mussolini, il a, entre autres hélas, signé en 1933 un concordat avec Hitler et les nazis, assorti d'un exécrable "serment" de fidélité audit gouvernement anti-Dieu exigé des grands-clercs allemands, et là, nous sommes en plein dans une question de politique constitutionnelle. Parce que, depuis le Concordat de 1801, archétypal de tous les concordat suivants qui furent passés dans le XIXème siècle et le XXème suivant avec des États constitutionnellement athées, c'est PAR PRINCIPE que le pape s'autorise à signer des concordats avec des États pourtant constitutionnellement athées, en leur réputant formellement la validité, et c'est au nom DU MÊME PRINCIPE que Léon XIII oblige les catholiques au Ralliement à la Gueuse.
Or, faut-il le dire, théologiquement, l'Église n'a pas le droit de réputer la validité à des puissances politiques constitutionnellement athées. Si elle le fait, comme elle l'a fait depuis 1801, elle se crucifie par-là même, et rentre dans l'économie de la Passion du Christ... usque ad mortem. Et il est inutile de chercher à biaiser pour dédouaner l'Église de son péché concordataire hérétique, en alléguant que le pape Pie VII n'a pas fait d'enseignement doctrinal à proprement parler, pour enseigner ces nouvelles mœurs en matière de politique constitutionnelle, dans une encyclique où il aurait déclaré par exemple : "Je définis qu'il est catholique de considérer les puissances politiques issues de la Révolution, cependant constitutionnellement athées, comme pleinement valides". Certes, il n'y a pas d'encyclique pour dire cela, mais ce serait s'abuser étrangement de s'imaginer que, étymologiquement, le "Magistère" ne peut qu'avoir une expression orale ou écrite. Le Magistère infaillible peut tout aussi bien revêtir l'appareil d'un acte théologiquement signifiant. Comme l'est par exemple l'acte concordataire. Ou la "pastorale politique" du Ralliement. Par l'acte concordataire de 1801, il y a en effet bel et bien, ou plutôt fort mal, enseignement universel du pape quant à la validité d'un État constitutionnellement athée, en direction de tous les fidèles (car le Concordat de 1801 n'est pas seulement français, en fait c'est l'archétype qui servira à tous les concordats passés depuis lors avec tous les États du monde...). Et cela suffit pour que l'infaillibilité soit engagée, n'en déplaisent aux dilueurs de tout poil qui déforment le concept du Magistère dans son mode ordinaire & universel.
Or, les incidences de ce changement fondamental sur la vie pratique des peuples sont innombrables, et de tout premier ordre. Ne prenons qu'un exemple, celui du mariage. Avant le Concordat, ce qui faisait la réputation du mariage dans la chose publique, c'était le mariage religieux. Mais après le Concordat, ce qui répute le mariage dans la chose publique, c'est le contrat civil passé devant César, devant le maire (Article organique LIV. "Ils [les curés] ne donneront la bénédiction nuptiale qu'à ceux qui justifieront, en bonne et due forme, avoir contracté mariage devant l'officier civil" ; et qu'on ne dise pas qu'il s'agit d'un article organique non-approuvé par le pape, car il est rentré dans les lois françaises de nos jours et l'Église s'y est soumise). Et notez bien comme il est formellement interdit sous peine de graves sanctions, de ne point faire passer l'homme avant Dieu, dans cette société concordatisée : le curé qui ferait un mariage sans avoir le certificat du maire, serait pénalement sanctionné… Autrement dit : Dieu, depuis le Concordat, pour unir un homme et une femme, doit demander la permission à César, et un César qui, la plupart du temps, n'est pas, constitutionnellement, seulement SANS Dieu mais CONTRE Dieu. Alors que… c'est Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est venu rétablir le mariage dans sa dignité première !! Chaque mariage depuis l'entrée en application du Concordat, est donc en vérité une grave injure, un outrage à Jésus-Christ, qui reçoit une gifle à chaque mariage depuis le Concordat. Croyez-vous vraiment qu'Il ait envie de donner autant de bénédictions aux mariages concordataires qu'aux mariages avant le Concordat ? Moi, je crois bien que non. On ne saurait exiger de Celui qu'on outrage, autant de grâces. Et c'est peut-être bien une cause MAJEURE de l'augmentation des divorces depuis lors. Et cela, on le doit à Pie VII et à tous les papes qui l'ont suivi sur le Siège de Pierre jusqu'à nos jours, y compris les plus saints en leur for privé, tels Pie IX et Pie X (car si ces papes saints ont pris quelque peu leur distance par rapport aux pires avancées d'un Pie VII ou d'un Léon XIII, ils ne sont jamais revenus sur le principe concordataire moderne, qu'ils n'ont pas aboli).
Faire donc un tel changement dans la politique constitutionnelle, comme l'a fait Pie VII en signant son concordat napoléonien, oh oui, je crois bien que c'est toucher formidablement aux Mœurs des fidèles ! Cette inversion radicale du criterium de la légitimité des mariages introduite par le Concordat, faisant passer César avant le Christ, admise donc, au moins implicitement, par la papauté concordataire, va finir par aboutir, en 2013, lors des débats faits dans le cadre de l'infâme loi Taubira, à ce que le mariage va être antéchristiquement considéré comme une chose qui appartient uniquement à la République, Jésus-Christ, le Restaurateur du mariage, va, quant à Lui, en être dépossédé complètement. Mais ce sont les Pie VII et les Léon XIII qui ont fléché la direction pour aboutir à cette abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. Voyez cette incroyable déclaration de Colette Capdevieille, députée socialiste de la 5ème circonscription des Pyrénées- Atlantiques : "Le mariage est une institution républicaine et grâce à ce texte [la loi Taubira], il le deviendra encore davantage. Mais le mariage n'est pas sacré, sauf à considérer que le principe de laïcité est devenu caduc" (intervention de la ci-devant-ci-derrière à l'Assemblée nationale, le 30 janvier 2013) !!! Une telle évolution impie de la pensée sur le mariage aurait-elle été possible, cher "camarade" de la lutte FINALE, si le pape en était resté à exiger catholiquement que tout mariage soit légitimité devant Dieu AVANT d'être enregistré par César...? C'est-à-dire s'il avait refusé de se prostituer concordatairement à un État constitutionnellement athée...?
Copuler (pardon) avec un État constitutionnellement athée dont on répute la validité, quand on s'appelle l'Église du Christ, est source de sacrilèges multiples, sans cesse revenus, et de péril immédiat pour la Foi. En voici une illustration tirée de l'Ami du Clergé, dans sa livraison n° 42 du 20 octobre 1910, trouvée, tout-à-fait par hasard au cours des recherches que je fis pour rédiger mon J'accuse le Concordat !, entre cent mille milliards de mille millions à grouiller dans la crotte en nos sinistres jours concordatisés : "Liturgie. - [Question angoissée d'un prêtre à l'Ami du Clergé :] À certains jours, les représentants des nations étrangères assistent en corps à la messe, et on leur donne à baiser l'instrument de paix [= la croix du Christ]. Comme il y en a qui sont franc-maçons et d'autres protestants, si le sous-diacre les connaît, que doit-il faire ? [Réponse embarrassée, dilatoire et diluée, de l'Ami du Clergé :] En principe, les franc-maçons et les protestants, connus comme tels, ne devraient pas être admis à baiser l'instrument de paix ; mais en raison des complications graves qui pourraient résulter d'un refus public, il n'appartient pas au sous-diacre de trancher lui-même la question, mais il doit en référer à l'autorité supérieure et se conformer à ce qu'elle en ordonnera"…! Et voilà à quelles situations sacrilèges est obligée de se soumettre l'église concordataire ! Va sans dire d'ailleurs que "l'autorité supérieure" a dû faire exactement le même raisonnement que l'Ami du Clergé, c'est-à-dire reculer, préférer le sacrilège divin au scandale humain ! Comment voulez-vous que cette église concordataire soit bénie de Dieu, elle rougit de Lui devant l'homme !!!
En fait, ce n'est pas sa thèse à lui, que De Mattei développe dans son livre, elle ne fait qu'épouser et exposer l'utopie des papes du XIXème siècle suivant Pie VII, qui s'imaginent tous, de Léon XII à Léon XIII, mener le bonum certamen contre la subversion révolutionnaire en étant de leur côté "tout blancs", purs de toute faute quant à eux chefs de l'Église ; alors qu'en fait, la vérité vraie c'est qu'ils ont déjà cédé radicalement à la subversion révolutionnaire, par la pratique concordataire pontificale avec des États post-révolutionnaires constitutionnellement athée pratiquant l'indifférentisme au for public en matière de religions, pratique initiée par le premier pape du XIXème siècle dès 1801. Or donc, pas plus que les papes du XIXème suivant Pie VII, les Léon XII, les Pie VIII, les Grégoire XVI, les Pie IX, et donc Léon XIII lui-même soi-même, De Mattei ne prend conscience de la déviance fondamentale, directement attentatoire à la Constitution divine de l'Église, que constitue ladite pratique concordataire ecclésiale avec des États constitutionnellement athées, dont le Ralliement ne fut rien d'autre qu'une réactivation musclée.
Il est pourtant facile de voir en quoi consiste l'hétérodoxie viscérale de cette pratique : à cause de la structure juridique synallagmatique de tout concordat, qui est toujours un acte de portée internationale, diplomatique et solennel, tout co-contractant concordataire, en effet, est réputé être formellement valide. Donc, rien qu'en acceptant l'État français post-révolutionnaire constitutionnellement athée comme co-contractant concordataire, le pape lui réputait par le fait même, ipso-facto, validité et, subséquemment, légitimité de toutes les œuvres politiques qu'il tire de son fond constitutionnel. Or, un État constitutionnellement athée, logique avec lui-même, professe et pratique au for public... l'indifférentisme en matière de religion. D'où la "si grande contradiction" (He XII, 3) de tous les papes du XIXème siècle, qui, de jure, dénoncent l'indifférentisme religieux au for public dans de belles encycliques, et qui, de facto, ratifient cedit indifférentisme hétérodoxe par la pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement athées.
Car il est aisé de saisir que si l'Église répute la validité à des pouvoirs politiques qui pratiquent l'indifférentisme religieux au for public, il va bien falloir qu'un jour, l'Église reconnaisse la doctrine de la Liberté religieuse elle-même, cette Liberté religieuse qui est l'expression théologique dudit indifférentisme religieux au for public. Si en effet je reconnais une existence métaphysique à des êtres, j'en reconnais donc aussi implicitement aux œuvres qu'ils tirent de leur essence, de leur fond, quand bien même je ne prends pas conscience tout-de-suite de cette conséquence obligée. Donc, par le seul fait de réputer la validité à des États constitutionnellement athées qui, quant à eux, pratiquent logiquement la Liberté religieuse, comme la tirant de leur propre fond, je reconnais une valeur métaphysique formelle à la Liberté religieuse elle-même. Et voilà tout le mal. Car si moi, catholique, je ne vis pas comme je pense (ma Foi condamne la Liberté religieuse), tôt ou tard je vais être obligé de penser comme je vis (canoniser la Liberté religieuse). Si l'Église pratique la Liberté religieuse par le système concordataire avec des États constitutionnellement athées, elle va être inéluctablement obligée de penser, puis de poser en droit, c'est-à-dire dans la Foi, cette Liberté religieuse tôt ou tard, si elle ne veut pas revenir sur cette mauvaise pratique, ce qu'elle n'a jamais voulu faire (il serait plus exact de dire qu'elle n'y a même pas pensé !).
Comprenons bien que la Liberté religieuse de Vatican II est la réponse du berger à la bergère, le répondant de jure de la pratique pontificale concordataire post-révolutionnaire de facto, dont le Ralliement léontreizien ne fut qu'un jalon parmi tant d'autres : à mauvaises mœurs, mauvaise doctrine. En fait "la crise de l'Église" commence par une déviance au niveau des Mœurs, auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle, et cette déviance, insidieusement, a, pendant un bon siècle et demi, de 1801 à 1965, corrompu de plus en plus la Foi elle-même de l'Église, jusqu'à arriver à la proclamation en droit de la Liberté religieuse dans un décret magistériel doté de l'infaillibilité ecclésiale sous le mode ordinaire & universel... Nous sommes là au fond même du fond de "la crise de l'Église".
Donc, la thèse de De Mattei, non seulement est absolument fausse, mais pire, elle exprime exactement le contraire de la vérité théologique en la matière. Je lis au dos du livre, qui ne fait que résumer fidèlement la pensée de fond de l'auteur : "... Et si le Ralliement n'avait été qu'une mesure d'apaisement ? Et s'il n'avait eu d'autre but, en rétablissant le dialogue avec les États européens, que de réaffirmer la Primauté du Pontife romain ? Et si l'on avait fait d'une manœuvre circonstancielle une doctrine définitive emportant avec elle une attitude d'esprit et un mode de décision déterminant pour l'histoire catholique au XXème siècle ?" (fin de citation).
... Tuediable !! Tous les mots de cette analyse sont autant de petits scandales à l'état pur qui me hérissent le poil, sur le plan de la Foi.
Le Ralliement, une "mesure d'apaisement"...? Mais une pastorale contenant formellement un enseignement hérétique ne peut strictement pas être employée par l'Église comme "mesure d'apaisement", voyons ! La théologie morale enseigne en effet, et c'est un de ses principes de base, qu'il n'est JAMAIS permis de faire un mal pour opérer un bien. A fortiori quand on s'appelle le pape et qu'on agit in Persona Ecclesiae, nom d'un chien ! Mais remarquons bien, une fois de plus, la parfaite décalcomanie de Léon XIII avec Pie VII qui disait à qui voulait l'entendre qu'il avait voulu le Concordat napoléonien pour... "le bien supérieur de l'Église".
Le Ralliement présuppose "le rétablissement du dialogue avec les États européens"...? Mais il n'est absolument pas permis à l'Église, puissance surnaturelle immédiatement ordonnée à Dieu, de dialoguer avec les États européens modernes, qui sont tous des Républiques post-révolutionnaires constitutionnellement athées. Car le mot dialogue ici, est entendu au sens moderne du terme, à savoir qu'il ne s'agit pas du tout de convertir constitutionnellement lesdits "États européens", mais seulement de traiter avec eux à parité, c'est-à-dire en leur reconnaissant une existence métaphysique et donc la validité de leurs Institutions, à l'instar de celle de l'Église. Or, théologiquement, il n'est absolument pas permis à l'Église de réputer la validité à des gouvernements constitutionnellement athées qui ne sont pas ordonnées à la poursuite du Bien commun, c'est absolument hérétique et condamné par saint Paul en Rom XIII.
Le Ralliement, la "réaffirmation de la Primauté du Pontife romain"...? Impossible, là encore théologiquement, de considérer qu'un moyen hérétique puisse œuvrer à la soit disant réaffirmation de la Primauté du Pontife romain, ce serait sous-entendre que le Christ a besoin de Bélial pour établir son Royaume ici-bas dans et par l'Église !!
Le Ralliement, une simple "manœuvre circonstancielle...? Mais on ne saurait catholiquement supposer que l'Église, dont la deuxième Note nous enseigne qu'elle est parfaitement sainte, on est heureux de le chanter le plus fort possible dans toutes les messes au Credo, puisse employer une "manœuvre circonstancielle"... couvant l'hérésie comme serpent lové en son sein.
"On" aurait indûment fait du Ralliement, "une doctrine définitive emportant avec elle une attitude d'esprit et un mode de décision déterminant pour l'histoire catholique au XXème siècle"...? Quel hypocrite mensonge, que cette présentation des choses pleine de malice ! Ce n'est pas "on", un "on" bien anonyme, qui a fait du Ralliement une doctrine définitive devant être désormais enseignée et crue obligatoirement par les fidèles, CE SONT TOUS LES PAPES MODERNES DE PIE VII À FRANCOIS QUI L'ONT FAIT TELLE ET VOULU AINSI. Il y a ici un mensonge grossier et hypocrite. Et lesdits papes modernes l'ont fait telle et voulu ainsi, souvent avec un militantisme incroyablement agressif pour tout celui qui les contredirait sur cela, très-anathématisant...
J'arrête ici.
Bien à vous, Dr xxx. Gardons la Foi, l'Espérance & la Charité. Là où Dieu nous a mis et nous fait œuvrer.
Vincent Morlier,
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PS : Je n'ai pas personnellement de contact avec De Mattei, dont je n'aime pas du tout la pensée qui ne va pas au fond des choses (c'est un journaliste et un historien avant tout, mais certainement pas un théologien). Mais si vous, vous en avez, vous pouvez tout-à-fait, et ce serait même très-souhaitable, lui faire connaître ma critique, c'est-à-dire cette présente lettre. Je vous prophétise avec grande facilité qu'il n'aura rien à y rétorquer.