Le saint abbé Guérin,
curé de Pontmain aux temps des Apparitions,
a-t-il plu en tout à la très-sainte Vierge et au Bon Dieu...?
 
           
 
        Ce que je vais exposer dans ce nouvel article va faire prendre conscience aux âmes de la réalité apocalyptique de notre temps, immédiatement, sans aucune démonstration théologique... ce que d'aucuns apprécieront. C'est en effet la très-sainte Vierge Marie elle-même qui va nous enseigner que nous vivons la fin des temps, Notre-Dame de Pontmain plus précisément, et il n'est pas besoin de dire que sa révélation lapidaire, sans parole, sera frappée de l'infaillible Sceau du Saint-Esprit. Bienheureuse l'âme de bonne volonté qui écoutera son message, dont je veux être seulement, ici, le "serviteur inutile" (Lc XVII, 10), pas trop indigne j'espère !
  
NDdePontmain26
 
         Je commencerai par dire que la question que j'ai posée en titre semble en soi presque choquante voire contradictoire : Le saint abbé Guérin, curé de Pontmain aux temps des Apparitions, a-t-il plu en tout à la très-sainte Vierge et au Bon Dieu...? Si je qualifie ce bon homme de Dieu de "saint curé", c'est donc, s'il est canonisable, qu'il... a plu en tout à la très-sainte Vierge, qu'il vénérait tant, et au Bon Dieu. Alors, pourquoi donc fais-je ressortir une contradiction ?  
           
        Parce que c'est Notre-Dame de Pontmain elle-même qui manifeste cette contradiction, qu'on trouve en effet dans les changements survenus dans l'Apparition dès que le curé de Pontmain arriva sur les lieux où la très-sainte Vierge Marie daignait apparaître au bon petit troupeau chrétien de Pontmain, changements qui étaient donc l'immédiate conséquence de l'arrivée du prêtre sur le lieu où Notre-Dame apparaissait. Certains changements dans l'Apparition, en effet, manifestent le contentement de la très-sainte Vierge Marie pour le curé Guérin, quand d'autres manifestent son mécontentement. D'où contradiction, qu'il va bien falloir expliquer. La contradiction de ma question ne fait donc qu'être l'écho de l'Apparition elle-même en ce qui concerne le curé Guérin.  
           
        Tout le monde sait que la très-sainte Vierge s'est comportée à Pontmain comme une "maîtresse d'école" pour ses bons petits enfants campagnards (toute la population d'ailleurs, était des enfants à ses yeux...), faisant dérouler sous leurs regards émerveillés, directement pour les voyants et indirectement pour les autres, un "tableau" vivant où certaines choses apparaissaient, remplissaient un rôle, etc., un peu comme une institutrice enseigne ses petits écoliers en écrivant ou faisant des dessins à la craie sur le tableau noir. Et justement, trois nouveautés se rajoutent au "tableau" de l'Apparition au moment précis où le bon curé Guérin arrive sur les lieux où l'Apparition se déroule. Cependant que l'une d'entre elles est extrêmement négative, l'autre certainement positive, et la dernière, de signification également très-négative. D'où la contradiction dans tout cela, sur laquelle il faut plancher pour bien comprendre le message de la Vierge Marie à Pontmain quant au clergé de l'Église de France du XIXème siècle, dont le curé Guérin, certes, était un éminent et très-digne représentant...  
           
        Mais voyons avec précision quels sont ces trois nouveautés pour commencer, nous en gloserons ensuite. Pour cela, je citerai les deux Relations de l'Apparition de Pontmain qui sont authentiquées comme les seules valables par l'autorité ecclésiastique, à savoir : 1/ le fameux Récit d'un voyant, par le P. Joseph Barbedette ; 2/ L'Évènement de Pontmain, par l'abbé Richard. La relation Richard, écrite quasi au lendemain de l'Apparition, où sont scrupuleusement colligés et synthétisés les témoignages de tous ceux qui ont participé à la merveilleuse Vision (pas seulement les quatre voyants directs, mais encore toutes les autres personnes, à peu près quatre-vingts, qui étaient sur les lieux de l'Apparition, et qui ont vu les réactions des voyants), est certes plus officielle, munie de l'Imprimatur, mais la relation Barbedette, écrite pourtant vingt ans après l'Apparition, est celle qui, incontestablement, est au plus près de la réalité des faits surnaturels qui se sont déroulés le 17 janvier 1871, puisque rien ne saurait dépasser le témoignage d'un voyant direct dans les criterium retenus pour préciser ce qui s'est passé exactement lors d'une Apparition surnaturelle. Le petit voyant d'ailleurs, devenu prêtre, nous dit dans l'introduction de son récit : "Puissé-je compléter le récit, vrai en tous points, de M. Richard, en y ajoutant quelques détails ignorés jusqu'à ce jour, et que nous n'avons pas donnés lors des interrogatoires, parce qu'on ne nous les a pas demandés !" Humblement, il ne manque pas de rendre hommage au récit de l'abbé Richard (les interrogatoires dont il parle font sûrement allusion à ceux, très-nombreux, que fit l'abbé Richard lui-même, dans les jours immédiats qui suivirent l'Apparition), mais tout en signalant bien, pour la vérité de l'Apparition, que son récit à lui, voyant direct, contient des "détails ignorés jusqu'à ce jour"...  
           
        C'est pourquoi je privilégie la relation de Joseph Barbedette, dont, par ailleurs, il nous dit la sûreté de la rédaction : "Ce n'est pas que je craigne de me tromper : tous ces souvenirs [de l'Apparition du 17 janvier 1871], avec leurs moindres détails, sont trop profondément gravés dans ma mémoire, et ils me sont aussi présents que s'ils dataient d'hier".  
           
        Je prends donc son récit là où le curé de Pontmain arrive sur les lieux de l'Apparition, c'est-à-dire à la grange Barbedette :  
           
        "«... La voyez-vous toujours [la très-sainte Vierge Marie] ?» nous cria de loin Sœur Marie-Édouard, qui revenait, accompagnant M. le curé.  
           
        "«Oui, ma Sœur».  
           
        "Sœur Vitaline et les assistants récitaient le chapelet des Martyrs du Japon.
           
        "Au moment où M. le curé s'approchait de la grange, une petite croix rouge, de sept à huit centimètres, se forma instantanément sur le cœur de la belle Dame. Avec la même rapidité et en même temps, un cercle, ou plutôt un ovale, se dessina aussi autour de la belle Dame, large de dix à douze centimètres, d'un bleu plus foncé que celui de la robe. L'ovale entourait la Vision, à la distance de cinquante centimètres environ, laissant en-dehors les trois étoiles du triangle. Quatre bobèches simples, fixées à l'intérieur de l'ovale, portaient quatre bougies, deux à la hauteur des épaules, deux à la hauteur des genoux. Ces bougies n'étaient pas allumées.  
           
        "L'Apparition n'avait pas fait un mouvement, elle nous regardait toujours avec un sourire céleste.  
           
        "«Voilà quelque chose qui se fait !», nous étions-nous écriés ensemble.  
           
        "«Que voyez-vous, mes chers enfants ?», demanda M. le curé.  
           
        "Et nous fîmes la description que je viens de donner" (fin de citation).  
           
        La relation Richard, sur le même passage, a cette précision très-intéressante :  
           
        "Il [= "le bon et digne curé"] s'approchait de la porte de la grange, quand les enfants s'écrièrent tous ensemble : «Oh, voilà quelque chose qui se fait !» -- «Que voyez-vous ?», demanda le bon curé. Etc." (fin de citation). La première phrase montre bien, exactement comme dans la relation Barbedette, que ces changements ont lieu en relation directe avec l'arrivée du curé Guérin sur les lieux de l'Apparition : il s'approche de la grange, donc pénètre dans le lieu de l'Apparition, et, immédiatement, les changements se produisent, "instantanément", comme dit Barbedette. Ils sont donc à l'évidence une réaction directe et immédiate de la très-sainte Vierge Marie à l'arrivée du curé Guérin...  
           
        Suit, dans la relation Richard, le même descriptif que celui de la relation Barbedette, sauf que les nouveautés dans l'Apparition ne sont pas citées dans le même ordre, l'ovale est cité d'abord, puis les quatre bobèches à l'intérieur dudit ovale, et seulement et enfin, la petite croix rouge sur le cœur de Notre-Dame. Cette différence d'ordonnance dans les deux relations des faits de Pontmain n'a pas d'importance quant à la signification de cesdits trois signes nouveaux dans l'Apparition puisque, de toutes façons, ils apparaissent "en même temps" (Barbedette).  
           
        Il faut quand même remarquer avec soin, car c'est extrêmement important, que Joseph Barbedette, témoin direct, est frappé uniquement par la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge. Son témoignage est sans équivoque sur ce point, mon lecteur peut le relire ci-dessus : des trois nouveaux signes consécutifs à l'arrivée du curé de Pontmain sur les lieux de l'Apparition, celui-là seul, manifestement, le frappe beaucoup, il cite les deux autres sans émotion et presque en annexes. Est-ce parce qu'il est prêtre lorsqu'il rédige son récit, qu'il comprend mieux que les autres voyants, qui étaient encore enfants lorsqu'ils furent colligés par l'abbé Richard, que la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge Marie regarde essentiellement le clergé...? Notons en effet que l'abbé Richard, sur ce passage crucial qui nous intéresse, enregistre le témoignage des voyants "tous à la fois" (Richard) ; sa relation mélange en effet les nouveautés dans l'Apparition à la venue du curé de Pontmain sans aucune considération de rang d'importance, les tirant collectivement de la bouche des quatre voyants qui, au lendemain de l'Apparition, sont tous des petits enfants en ce compris Joseph Barbedette, et qui, très-certainement, ont dû, lorsqu'il furent interrogés séparément et individuellement par l'abbé enquêteur, ne pas les citer tous dans le même ordre. Il en est bien autrement de la relation Barbedette, laquelle, fidèlement, indique, par le voyant direct devenu prêtre et ayant mûri ce qu'il avait vu étant enfant, quel était, des trois signes, le plus important. N'oublions pas l'avertissement de Joseph Barbedette devenu prêtre, dans l'introduction de sa relation : "Puissé-je compléter le récit, vrai en tous points, de M. Richard, en y ajoutant quelques détails ignorés jusqu'à ce jour, et que nous n'avons pas donnés lors des interrogatoires, parce qu'on ne nous les a pas demandés !" Ici, quant à la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge, ce n'est pas un complément matériel que Joseph Barbedette fait, car la relation Richard l'enregistre également, mais un complément dans la signification profonde des faits eux-mêmes, mettant à la première place parmi les trois signes nouveaux dans l'Apparition, celui qui avait le plus d'importance...  
           
        Je vais dire un mot d'abord sur les deux autres signes, et je reviendrai ensuite sur le premier des trois signes, la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge Marie, qui est effectivement extrêmement important, pour en donner l'explication.  
           
        Le plus facile à interpréter des deux autres signes, est l'apparition des quatre bobèches à l'intérieur de l'ovale qui se crée, entourant intégralement la Vierge de Pontmain. Tout le monde y a vu une allusion de la très-sainte Vierge à la belle coutume qu'avait prise l'abbé Guérin d'allumer quatre bougies devant une statue de la Vierge placée derrière l'autel, au moment de la Consécration et à chaque messe. Ce n'est certainement pas de ce côté-là que notre bon curé marial crucifie de manière sanglante sa vénérée Patronne... Ce signe-là est incontestablement positif, et positif seulement.  
           
        Le deuxième signe, à savoir l'ovale au bleu sombre qui se dessine immédiatement autour de la Vierge de Pontmain quand le curé Guérin arrive au lieu de l'Apparition, l'englobant complètement, est, quant à lui, de signification beaucoup plus négative que positive. Je me souviens d'un vieil auteur, décédé à présent, René-Salvator Catta, petit-fils du romancier René Bazin, artiste et auteur prolifique lui-même, parti dans les années 1950 au Canada, qui, tradi dans les dernières années de sa vie, rédigea un commentaire poétique du Récit d'un voyant de Joseph Barbedette, intitulé La Tour de David. Ce commentaire, qui ne contient que peu de passages vraiment inspirés, n'eut qu'une diffusion dactylographiée fort restreinte, presque sous le manteau, dans les années 1980.
 
        Cependant, il y a quelques passages éclairants dans son étude, à citer, dont celui-ci, qu'il faisait quant à notre ovale : "Il est de tradition d'inclure dans un ovale une personne glorifiée ; le Moyen-Âge, l'époque byzantine, en portent maintes traces dans la sculpture et la peinture. L'ovale nous avertit donc de la nature glorieuse de la Personne présentée à l'intérieur. Cette gloire est cependant voilée, assombrie [par "le bleu plus foncé que celui de la robe" qui peint l'ovale, précise Barbedette dans sa relation]. L'ovale d'un bleu sombre, plus sombre que la robe de la Vierge, pourrait donc signifier que les temps qui vont s'ouvrir obscurciront, au moins pour nous, vivants sur la terre, la gloire de Marie, et que nous n'en serons que plus plongés dans les ténèbres". Ce commentaire-là a sûrement grande valeur. Mais il ne dit pas tout. En effet, il ne faut pas oublier que cet ovale est créé dans l'Apparition au moment précis où le curé Guérin arrive sur les lieux où la Vierge apparaît. Alors, on dirait que la très-sainte Vierge, en se réfugiant immédiatement dans un ovale où tout est de l'ordre de la gloire surnaturelle au moment précis où le curé Guérin arrive sur les lieux de l'Apparition, se garde précipitamment d'un mortel danger que représente pour elle et l'ordre de la Grâce, le nouvel arrivant (exactement comme quelqu'un sur le pas de sa porte, rentrerait précipitamment dans sa maison, fermant la porte sur lui à double-tour de clef, en voyant arriver dans la rue un homme armé). Ce nouvel arrivant est en effet un danger pour la vie de la Grâce surnaturelle et donc pour la très-sainte Vierge qui en est parfaitement inhabitée, puisqu'il la crucifie mortellement de manière sanglante en touchant directement son Cœur immaculé. Cet ovale épais apparaît donc comme une armure sans fissure, puisqu'il entoure complètement la très-sainte Vierge, comme une cuirasse invincible de protection de la Vierge contre le curé de Pontmain.  
           
        ... Mais, mais, tuediable !!, quelle est donc bien cette énigme si terrible, si incroyable, où l'on voit l'Apparition à la fois traiter le curé de Pontmain en ami (= les quatre bobèches), mais encore et surtout hélas, en ennemi mortel et implacable dont il faut se garder avec un soin extrême, car il crucifie au cœur, c'est-à-dire mortellement (= l'ovale-cuirasse de la Belle Dame de Pontmain & la petite croix rouge sur son cœur)...??  
           
        Avant d'en donner l'explication hélas tellement simple mais si obscurcie surtout chez les catholiques, qu'ils soient modernes ou tradis du reste, il convient de donner la signification de la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge : j'en ai trop parlé pour ne pas continuer à le faire.  
           
        Marie est la figure de l'Église, à la fois son archétype et le prototype le plus parfait, tous les théologiens savent bien cela. Une petite croix rouge sur le cœur de la Vierge signifie donc que le curé Guérin crucifie l'Église, crucifie Dieu, crucifie le Ciel tout entier. Et d'une manière particulièrement atroce, sanglante, puisque la croix est rouge sang et qu'elle est placée sur le coeur de la Vierge. Lorsqu'en effet l'on dit d'une personne : "Untel est vraiment une croix pour moi", cela signifie que cette personne nous fait beaucoup souffrir, qu'elle nous anéantit à mort ; la terrible nouveauté de la petite croix rouge apparaissant "instantanément" (Barbedette) sur le cœur de la Vierge à l'arrivée du curé Guérin a donc la signification certaine de dire qu'il fait beaucoup souffrir la très-sainte Vierge qui semble, ici, figurer l'Église elle-même, et le Ciel tout entier derrière elle, à commencer par le Bon Dieu...  
           
        René-Salvator Catta, dans son laïus mélangé, finit cependant par taper dans le mille lorsqu'il en est à commenter la fameuse petite croix rouge sur le cœur de la Vierge au moment précis où le curé Guérin arrive sur les lieux de l'Apparition. Voici comment il commente le crucial passage de la relation Barbedette Au moment où M. le curé s'approchait de la grange, une petite croix rouge se forma instantanément sur le cœur de la Belle Dame : "La coïncidence impose l'interprétation : la petite croix désigne M. Guérin, et par lui, tous les prêtres. Mais pourquoi une croix ? Et pourquoi est-elle rouge ? Et pourquoi posée sur le cœur de Marie ? On peut répondre de plusieurs façons. (...) Ne serait-ce pas aussi le signe que les prêtres sont une croix pour Marie, Reine du clergé ?", finissait par dire notre auteur, après quelques tâtonnements interprétatifs peu inspirés.  
           
        Cependant, bien que cette dernière interprétation fût la vraie, cet auteur se trompait lorsqu'il voulait discerner la cause de cette petite croix rouge sur le cœur de la Vierge, dans le fait que les prêtres, trop rationalistes, trop cartésiens, refusent généralement le Surnaturel lorsque le Ciel s'invite sans prévenir sur la terre ; ce qui donc, selon lui, aurait fait souffrir la très-sainte Vierge à Pontmain, d'où la petite croix rouge sur son cœur. Il remarquait en effet que la première réaction du curé Guérin, lorsque Sœur Marie-Édouard vient lui dire qu'il y a une Apparition de la Vierge Marie, là, tout près, tout-de-suite, à quelques pas du presbytère, dans sa paroisse à lui, ... circulez pas M'sieur l'curé, y'a quelque chose à voir !!, est une réaction tout ce qu'il y a de plus négative, peu édifiante pour le moins, et même bien peu mariale : "... Un prodige ! La Sainte Vierge ! Mais, ma Sœur, vous me faites peur !" et il reste là, beugaü-la-lune comme un Gros-Jean, pétrifié comme statue de sel dans son presbytère, très-loin de manifester la moindre joie prudente, et même la moindre joie mariale...! C'est la main forcée par sa gouvernante, qui allume d'autorité la lanterne pour sortir dehors en lui intimant quasi l'ordre d'aller y voir (Catta veut y voir du matriarcat dans les mœurs de Pontmain !!!), qu'il se rend sur les lieux de l'Apparition...  
           
        Pour autant, cette explication ne rend absolument pas compte de la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge : notre bonne et miséricordieuse Mère du Ciel sait fort bien en effet de quelle pâte sordide sont faites nos pauvres âmes depuis le péché originel, elle sait trop que les pauvres cloportes du Seigneur que nous sommes tous, en ce compris bien sûr les prêtres, ne peuvent pas avoir immédiatement une réaction positive lorsqu'un Fait surnaturel se produit parmi les enfants des hommes. Il est donc impossible de supposer qu'elle s'en offusquerait à ce point de douleur extrême et indépassable que signifie la petite croix rouge qui apparaît sur son cœur, à l'arrivée du curé Guérin près d'elle. D'autant plus qu'elle sait fort bien, qu'au fond, il l'aime, le curé Guérin, et elle lui a signifié, par le signe des quatre bobèches, qu'elle savait qu'il l'aimait, c'est un touchant retour de gage d'amour, comme s'en échangent entre eux les amoureux. Cette explication n'est donc pas la bonne.  
           
        Et cependant, on en revient toujours là, c'est bien lui, curé de Pontmain, figurant le clergé dans son ensemble, qui est la cause de cette terrible petite croix rouge sur le cœur de la Belle Dame, René-Salvator Catta a bien raison de le souligner.  
           
        ... Alors, alors, quid, en quoi donc le cher et bon et saint et fervent curé Guérin, si pieux, si marial, peut-il faire souffrir mortellement autant la très-sainte Vierge et tout le Ciel derrière elle, au point de douleur extrême d'être une croix rouge sang sur le cœur du Bon Dieu, que représente la Vierge Marie à Pontmain...???
 
 
NDdePontmain 
           
        Je crois bien être le seul à oser le dire dans tout le monde catholique, modernes et tradis mélangés, sur cela cul et chemise.  
           
        Je vais le dire encore une fois. C'est parce que le curé Michel Guérin est un prêtre de l'Église de France concordatisée avec des puissances politiques post-révolutionnaires constitutionnellement ATHÉES. Et ceci est une abomination aux Yeux de Dieu, une abomination de la désolation dans le Lieu-Saint qui est l'Église. Car cela attente mortellement à sa Constitution divine, c'est la clouer sur la croix jusqu'à ce que mort s'ensuive. C'est ce que Notre-Dame de Pontmain a révélé dans l'Apparition. Or, l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint est un signe eschatologique qui signifie la fin des temps, les temps apocalyptiques. Nous sommes donc, depuis le Concordat napoléonien, dans la période de la fin des temps (on pourra noter en effet qu'il ne saurait être question du Ralliement, dans cette dénonciation par la Vierge Marie des Mœurs du clergé français, puisque l'Apparition a lieu en 1871 et que le Ralliement n'aura lieu qu'en 1892 ; par contre, le curé de Pontmain est bel et bien sous le régime du Concordat napoléonien qui, en 1871, régit toujours l'église de France...).  
           
        Il y a donc, dans le curé Guérin de Pontmain, un distinguo à faire entre son for privé, qui est saint (nul n'en doute, certes), et son for public qui est abominable, en tant que prêtre concordatisé à un pouvoir politique constitutionnellement athée.  
           
        Voilà ce que l'Épouse du Saint-Esprit a révélé, entre autres choses, à Pontmain, de manière simple et obvie, sans parole.  
           
        Il ne va pas être très-difficile de montrer en quoi le Concordat est une abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, et combien la très-sainte Vierge avait raison de dénoncer à Pontmain un prêtre concordatisé à une puissance politique impie et athée.  
           
        Le pape Pie VII, l'esprit déformé par la scolastique sur la question politique constitutionnelle, voulant croire que saint Paul, dans son fameux ch. XIII de l'Épître aux romains, a enseigné que "TOUT pouvoir vient de Dieu", même s'il est constitutionnellement antichrist, s'est autorisé à signer un concordat avec un État constitutionnellement athée. C'était hélas du même coup lui réputer formellement la validité, à cause de la structure juridique de tout concordat.  
           
        Tout concordat en effet est un acte diplomatique, solennel, synallagmatique, c'est-à-dire qui inclut une obligation contractuelle entre les partis. Or, seul un parti co-contractant formellement valide peut poser un acte synallagmatique, un parti qui ne serait pas valide, aurait-il la volonté d'acter une obligation contractuelle synallagmatique dans un concordat, il ne le pourrait pas. Ce qui signifie bien sûr que le simple fait d'accepter comme co-contractant concordataire un parti, quel qu'il soit, est ipso-facto lui réputer formellement la validité. Ce que donc faisait Pie VII envers la République française constitutionnellement athée représentée par Napoléon, rien qu'en l'acceptant comme partenaire co-contractant concordataire, en signant l'acte avec lui. Or, réputer la validité à un pouvoir politique constitutionnellement athée est hérétique au dernier degré, surtout quand on s'appelle le pape et qu'on agit in Persona Ecclesiae, c'est aller carrément contre l'enseignement de saint Paul en Rom XIII, je veux dire : compris comme il doit l'être, lequel consiste à ne reconnaître valides que les pouvoirs politiques constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun (le drame, c'est que c'est précisément par la mauvaise compréhension scolastique de Rom XIII, qui veut que saint Paul ait enseigné que TOUT pouvoir quelqu'il soit, même antichrist, "vient de Dieu", que les papes se sont autorisés à considérer les démocraties post-révolutionnaires constitutionnellement athées comme valides, et donc à pouvoir passer concordat avec elles !).  
           
        L'État français post-révolutionnaire représenté par Napoléon était en effet complètement athée, antichrist, comme étant métapolitiquement basé sur les "droits de l'homme et du citoyen" (1791). Cette fameuse Déclaration de l'homme qui, réuni avec ses semblables, proclame solennellement son autonomie radicale par rapport à Dieu, Lui jetant ainsi une véritable déclaration de guerre, prétend en effet L'exclure radicalement de la vie des hommes, fait radicale profession de foi d'athéisme, ce qui est très-perceptible lorsqu'elle en vient à définir la source du pouvoir politique : "Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation" (art. 3) ; et, à l'article 2 du titre III de cette même constitution, elle renchérit : "La nation, de qui seule émanent tous les pouvoirs, etc.", toutes formules athées directement contraires et antinomiques à l'affirmation de saint Paul : "Tout pouvoir vient de Dieu". Ne professe pas moins l'athéisme complet de ladite Déclaration, fondement de l'État français au temps de Napoléon, l'art. 10, ainsi rédigé : "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi". Notez bien comme le rédacteur fait abstraction totale de l'existence du vrai Dieu, ce qui est bien pire, bien autrement grave, que s'il ne Lui reconnaissait aucun droit après avoir professé son existence : nous sommes donc là, en présence d'un athéisme absolument complet et radical. Or, c'est sur ce principe de base qu'est constitutionnellement fondée la République française issue de la Révolution...  
           
        Impossible, par ailleurs, de voir le Concordat comme seulement un Indult, un Privilège concédé par le pape à César sur les biens spirituels de la France, comme l'auraient voulu certains ultramontains du XIXème siècle. Selon cette thèse fausse, seuls le pape et l'Église qu'il représente seraient juridiquement existants dans l'acte concordataire, et il est facile de deviner qu'alors la partie étatique du Concordat, étant juridiquement inexistante, n'a pas à être forcément un gouvernement valide. Mais cette question n'est plus discutée (elle l'a été beaucoup dans les années 1880), et on ne saurait douter, je l'explique longuement dans J'accuse le Concordat !, que le Concordat soit un vrai contrat synallagmatique, c'est-à-dire qui présuppose juridiquement la validité de toutes et chacune des parties co-contractantes audit acte. Ce qui signifie bien sûr, je le répète, que le simple fait par le pape d'accepter une partie co-contractante dans tout Concordat, c'est ipso-facto lui reconnaître ou lui réputer, ce qui revient au même, d'être valide. Or, la République française représentée par Napoléon au Concordat est constitutionnellement athée. Or enfin, c'est introduire l'abomination de la désolation dans l'Église que de reconnaître ou réputer la validité à un État constitutionnellement athée.  
           
        Je ne fais ici que résumer la dénonciation des mœurs ecclésiales concordataires post-révolutionnaires que j'expose au long dans mon J'accuse le Concordat ! ainsi que dans plusieurs autres de mes articles récents : je ne compte pas, en effet, me répéter une énième fois dans ce nouvel article quant aux raisons profondes qui me font rejeter le Concordat au même titre que Vatican II. On pourra consulter ce livre au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/JaccuseLeConcordat.pdf ; et la critique que je formule quant à la thèse du Ralliement soutenue par Roberto de Mattei expose elle aussi lesdites raisons profondes, on pourra aussi la consulter au lien suivant : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-ralliement-de-leon-xiii-par-roberto-de-mattei?Itemid=154.  
           
        ... Et c'est pourquoi le curé Guérin, prêtre de l'église de France concordatisée, a beau être saint tout ce qu'on veut en son for privé, il n'en est pas moins, à son for public, qui, depuis 1801, est, de par le pape, prostitué à un pouvoir politique constitutionnellement athée, une petite croix rouge sang sur le cœur de la Vierge de Pontmain. Notons d'ailleurs que la très-sainte Vierge ne fera que redire en 1871 à Pontmain ce qu'elle avait déjà dit en 1846 à La Salette, dans le Secret donné à Mélanie Calvat : "Malheur aux prêtres et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles, par leur infidélité et leur mauvaise vie, CRUCIFIENT de nouveau mon Fils !" 
 
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        Amen dico vobis, nous vivons, depuis le Concordat napoléonien, des temps d'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, directement précurseurs du règne de l'Antéchrist-personne, ce règne maudit étant lui-même annonciateur de la Parousie, étant une sorte de préface ténébreuse du Retour du Christ en gloire sur notre terre, dont la première divine et admirable Opération parmi nous sera justement d'anéantir radicalement le mystère d'iniquité récapitulé dans la personne de l'Antéchrist, et de tous les misérables qui se seront donnés à lui sans retour. Un Antéchrist-personne d'ailleurs, qui pourrait bien avoir recueilli en toute légitimité la succession pontificale, être... le dernier pape de l'Église, comme j'en expose l'hypothèse plus que crédible hélas, dans ce grand article : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/12-la-passion-de-l-eglise/articles-fond/15-l-antechrist-personne-devant-clore-notre-fin-des-temps-sera-t-il-le-dernier-pape-legitime-de-l-eglise-catholique. 
           
        Et donc, il faut bien prendre conscience que ce mysterium iniquitatis devenu si abominablement puissant dans nos temps de la fin, au point de renverser le Nom du Christ par toute la terre, n'est si puissant justement, que parce qu'il a trouvé et trouve encore aujourd'hui la complicité et l'aide prodigieuses des papes modernes, ceux-ci engageant toute la puissance de l'Église, ... ô contradiction !!, derrière leur dévoiement. Ce dévoiement consiste principalement à vouloir construire la tour de Babel, il épouse le projet des mondialistes : ériger une société universellement conviviale et toute humaine, sans Dieu à la première place, que dis-je, sans Dieu du tout (quand bien même cesdits papes modernes, de Pie VII à François, ne veulent pas le mal en épousant ainsi le mysterium iniquitatis, mais ce n'est pas parce qu'ils prennent le mal qu'ils opèrent en ce très-bas monde depuis le Concordat napoléonien, pour "le bien supérieur de l'Église" comme disait Pie VII en signant cet abominable Concordat, que cela en fait un bien objectif : c'est toujours un mal ; et certes, le drame cornélien de voir l'Église, entraînée par ses papes, soutenir le mysterium iniquitatis, est si extraordinaire à constater, que toutes les tragédies imaginées par le grand Racine, à côté de ce drame immense, ne sont rien...).  
           
        Oh ! je sais bien. Ceux qui aiment les vérités diminuées se récrieront aux cent mille diables d'enfer de ce que je viens d'écrire là, qui paraît sacrilège à leurs âmes éprises de faussetés et de mensonges...! Les pauvres petits, cela les empêche de vivre la Foi domestique en toute tranquillité, car ces âmes tièdes et mondaines, hélas, ne semblent pas rechercher autre chose que ce qu'elles osent appeler "la tranquillité de l'ordre" établi. Mais la vérité intégrale seule importe, car c'est elle seule, non les vérités diminuées que vomit le Saint-Esprit dans les saintes-Écritures, qui fait vivre l'âme spirituelle qui aime son salut...  
           
        Elle fait vivre en tous cas mon âme, et ne demande pas mieux que de faire vivre celle des hommes de bonne volonté qui me lisent.
 
En la fête de saint Jacques de la Marche,
Ce 28 Novembre 2016.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
28-11-2016 16:48:00
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