Faire enfin le point exact sur l'unicité pontificale
aux temps ecclésiaux de Benoît et... de François
               
               
        L'association "Terre et famille", de mouvance conservatrice, vient de faire, hier 27 février, l'envoi collectif par courriel, dont j'ai été l'un des destinataires, d'une vidéo exposant la thèse pontificale survivantiste du journaliste italien Andrea Cionci, sans un mot d'accompagnement. On trouvera cette vidéo au lien suivant : https://terre-et-famille.fr/dies-irae-rien-que-la-verite-sur-la-demission-de-benoit-xvi/.
               
        Bien qu'ayant déjà réfuté en règle la thèse survivantiste, qui s'avère n'être en fait qu'une sorte de sédévacantisme original mais illuministe, dans plusieurs articles fort charpentés et construits (cf. notamment : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/12-refutation-de-la-these-survivantiste & https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/encore-du-survivantisme-pontifical?Itemid=1), articles de fond que, bien entendu, ceux qui devraient les lire pour se convertir ne lisent pas parce qu'ils ont peur de... se convertir, j'ai cru devoir à nouveau, une fois visionné un peu par pénitence cette vidéo, rembarrer succinctement et à chaud les faux raisonnements qui y sont exposés, en les réduisant à rien par l'exposé simple de la vérité catholique qu'ils contredisent. Donc, j'ai envoyé un petit courriel de réponse hier à cette association "Terre et famille", ainsi rédigé :   
               
        "Bonjour,
               
        "La thèse exposée sur cette vidéo est radicalement fausse, quoique possédant un fond de vérité.
               
        "Elle est fausse pour deux raisons essentielles :
               
        "1/ Benoît XVI n'était pas du tout un traditionaliste au niveau de la Foi, mais seulement un conservateur parmi les modernistes. Il est donc en soi parfaitement faux de le voir comme un pape tradi défenseur de la Foi catholique intégrale et subissant le martyre pour cela, en fallacieuse opposition dialectique avec le pape François qui, lui, attaque la Foi, comme faisant parti des méchants. Vous le comprendrez en lisant mon dernier article : ‌https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/Que%20le%20pape%20Beno%C3%AEt%20XVI,%20MALGR%C3%89%20%20TOUT,%20repose%20en%20paix%20dans%20le%20Christ?Itemid=1.
               
        "2/ Le cardinal Billot, sous Pie XI, l'avait fort bien dit, et il ne faisait là que résumer la Foi catholique la plus certaine en la matière : le criterium premier de la Légitimité pontificale, en avant de tous les autres, est LA RECONNAISSANCE ECCLÉSIALE UNIVERSELLE DE LA QUALITÉ DE PONTIFE ROMAIN SUR TELLE PERSONNE. L'organe juridique pour poser cette dite reconnaissance est le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique des 2/3. Et il pose cet acte de reconnaissance dans la cérémonie solennelle d'intronisation du pape devant toute l’Église, qui suit généralement dans l'octave l'élection conclavique proprement dite du nouveau pape. Or, Bergoglio a dûment et légitimement bénéficié de cet acte de reconnaissance ecclésiale universelle de sa qualité de pape, puisque tous les cardinaux l'ayant posé sur lui en 2013 étaient certainement vrais cardinaux, ayant tous été créés soit par Benoît XVI soit par ses légitimes prédécesseurs. DONC, Bergoglio est pape. Et donc, le raisonnement qui veut le voir comme un antipape est archi-faux, in radice.
               
        "Pour ces deux raisons, la thèse Cionci est théologiquement insoutenable, irrecevable, une seule de ces deux raisons, d'ailleurs, suffirait à la dirimer.
               
        "Cependant, il y a un grand fond de vrai dans cette thèse qui veut voir le pape Benoît comme «pape empêché». Je l'ai expliqué dans plusieurs autres de mes articles, par exemples : http://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/feedback-sur-le-pape-benoit-xvi-ou-le-mystere-de-la-papaute-bicephale-actuelle-eclaire-et-resolu-par-la-passion-de-l-eglise?Itemid=1‌,
               
        "Ou encore :
               
        "Je vous souhaite une bonne et fructueuse lecture de ces trois articles dont je vous mets les liens ci-dessus.
               
        "Passez une bonne fin de journée.
               
        "Vincent Morlier,                
        "Écrivain catholique.                
        "https://www.eglise-la-crise.fr/".               
               
        Puis, le lendemain... c'est-à-dire aujourd'hui même, j'ai réfléchi que réfuter négativement la thèse Cionci n'est pas suffisant, quand bien même c'est nécessaire, il faut de plus expliquer positivement la situation théologique de ce pontificat double que nous ont montré Benoît et François entre 2013 et 2023. Or, ce qui n'est pas très-connu et certainement pas de Cionci, il y a un précédent historique entre deux papes du VIIème siècle, tous deux légitimes et fonctionnant un très-court laps de temps en même temps, qui permet d'exposer la situation théologique précise d'un pontificat fonctionnant en bi-double, à épeler au présent composé. Ce précédent historique permet au catholique de comprendre ce qui s'est passé de nos jours entre Benoît et François, sur le plan de la Légitimité pontificale. Je n'ai pas pensé à le dire hier dans mon courriel, j'ai donc renvoyé un nouveau petit courriel aujourd'hui même à cette association "Terre et Famille", ainsi rédigé :               
               
        "Bonjour,
               
        "J'ai omis, hier, en vous écrivant sur la thèse Cionci, de vous apporter une importante précision, que voici : il y a un précédent historique dans l'Histoire des papes, où l'on a vu deux papes parfaitement légitimes en même temps dans l’Église, et la solution apportée à cette situation par nos Pères dans la Foi nous permet de solutionner aussi notre situation, celle de Benoît et de François. Mais d'abord, voici l'épisode historique :
               
        "«Au mois d'octobre 649, Martin 1er convoqua le célèbre concile du Latran où l'hérésie monothélite fut condamnée. Quatre ans plus tard, le pape fut arrêté [par l'empereur d'Orient, qui favorisait l'hérésie], le 17 juin 653, qui le fit conduire à Constantinople après un an de captivité dans l'île de Naxos. L'enlèvement du pape avait eu lieu dans la basilique constantinienne attenante au Palais du Latran. La soldatesque envahit le saint-lieu, brisant tout sur son passage. Le pontife, malade, fut invectivé par l'exarque, qui lui reprocha de s'être emparé illégalement de ses fonctions et de n'être pas digne d'occuper le Siège apostolique. Condamné à la déposition et à l'exil, Martin fut embarqué le 26 mars 655 pour la Chersonèse où il mourut le 16 septembre suivant, exténué par les privations. Les insultes s'étaient ajoutées aux souffrances. (...) Il fut honoré comme un martyr et sa dépouille mortelle fut ramenée plus tard à Rome où elle repose dans l'église de saint-Martin-des-Monts. À l'automne de 654, saint Martin avait écrit de Constantinople que son exil ne justifiait pas l'élection d'un successeur et que l'archidiacre, l'archiprêtre et le primicier, ou chef des notaires apostoliques, devaient être tenus pour ses représentants pendant son absence [ces dignitaires ecclésiastiques étaient les ancêtres des cardinaux les plus importants, chefs d'ordre]. Aussi, les romains, qui ne voulaient pas qu'on leur imposât un pape monothélite, avait-ils attendu jusqu'au 10 août 655 [donc : avant la mort du pape Martin 1er] pour faire élire [pape] et consacrer le saint clerc Eugène 1er. Martin ne protesta point, se contentant de prier pour que le nouveau Pontife fût préservé de toute hérésie. Tant que vécut Martin, Eugène ne pouvait être tenu pour le Pape légitime, mais à sa mort, il lui succéda sans difficulté. Il se montra aussi ferme que ses prédécesseurs, repoussant toute concession aux professions de foi byzantine favorisant l'hérésie monothélite, etc.» (Histoire des papes illustrée, Gaston Castella, t. I, p. 123).
               
        "Il est facile de voir l'impressionnant parallèle avec notre situation pontificale Benoît-François. Le saint pape Martin fut mis par les méchants dans l'impossibilité d'exercer le ministerium (= "faire le pape", comme dit le chroniqueur de la vidéo que vous avez envoyée hier à vos correspondants), quoique restant le pape véritable de l'Église en possession du munus (= "être le pape", redit-il dans sa vidéo). Exactement comme Benoît fut mis lui aussi dans l'impossibilité d'exercer son ministerium, tout en gardant le munus. Cependant, pour remplacer les deux papes «empêchés», afin de permettre au ministerium pontifical d'être toujours mis en œuvre et en activité dans l'Église, ceux qui ont pouvoir et mandat divins de le faire ont alors élu deux nouveaux papes, et, ce faisant, ils n'ont pu le faire qu'en leur communiquant obligatoirement, de droit divin, le munus (car il est rigoureusement strictement impossible, théologiquement, de mettre en oeuvre le ministerium si l'on n'est pas en possession du munus) : Eugène pour remplacer Martin, et François pour remplacer Benoît. Or, notez bien que «Martin ne protesta point» contre l'élection pontificale d'Eugène... de même que Benoît n'a pas protesté, et il ne l'a jamais fait, contre l'élection pontificale de François. Martin se contenta et se cantonna juste à un devoir de prière pour celui qui le remplaça dans le ministerium... et, là encore, ce fut très-exactement la même fort édifiante attitude qu'adopta le pape Benoît envers François, beaucoup plus édifiante encore, d'ailleurs, de sa part, que chez le pape Martin (car Eugène qui remplaça Martin était dans le camp ami et du même parti catholique que Martin, tandis que François qui remplace Benoît est dans le camp ennemi qui persécuta Benoît).
               
        "Car, comme je vous le disais hier dans mon courriel, ce qui fait qu'un pape est vrai pape est, d'abord et en avant de toutes autres conditions, qu'il soit désigné par l'Église Universelle pour l'être, c'est la règle prochaine et le droit divin de la Légitimité pontificale. Or, Eugène est légitimement désigné par l'Église Universelle représentée par l'unanimité des grands-clercs romains de l'époque pour remplacer Martin... et François, de nos jours, est légitimement désigné exactement de même par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique représentant l'Église Universelle, pour remplacer Benoît. ILS FURENT DONC TOUS DEUX, EUGÈNE ET FRANÇOIS, DÈS QUE FUT POSÉ SUR EUX L'ACTE DE RECONNAISSANCE ECCLÉSIALE UNIVERSELLE DE LEUR QUALITÉ DE PAPE, TRÈS-CERTAINEMENT VRAIS PAPES, VERUS PAPA, C'EST-À-DIRE EN POSSESSION DU MUNUS. Quand bien même, très-anormalement et contradictoirement eu égard à la Constitution divine de l'Église, les papes «empêchés» qu'ils remplaçaient gardaient eux aussi la possession dudit munus. Mais puisque un seul pape peut être en possession actuelle du munus, les nouveaux papes Eugène et François, tant qu'ont vécu leurs prédécesseurs «empêchés» Martin ou Benoît, ne purent être tenus que comme papes virtuels. Ils ne furent vraiment pape que lorsque leurs prédécesseurs «empêchés» moururent : «À sa mort [de Martin], il [Eugène] lui succéda [comme vrai pape] SANS DIFFICULTÉ». Et de même pour notre situation à nous, François n'étant, comme Eugène, que pape virtuel tant que Benoît vécut, il lui succéda comme vrai pape sans difficulté lorsque Benoît mourut. Et tous les actes pontificaux posés par Eugène et François sous le mode d'un "munus passif" dû au fait que leurs prédécesseurs "empêchés" vivaient encore, prennent rétroactivement tous leurs effets, pleins et entiers, lorsque, à la mort de Martin et de Benoît, ils deviennent ipso-facto actifs. Par exemple, la création des cardinaux par François avant que Benoît ne meure, par un munus sous mode passif, devient effective et réelle sans autre forme de procédure, dès que Benoît meurt : ils sont dès lors vraiment cardinaux, par le seul fait que le munus de François, de passif, devient actif à la mort de Benoît.
               
        "Si donc, pour conclure d'une manière générale, il est possible de dire que François ne fut pas pleinement pape en 2013, n'étant alors que pape virtuel, il l'est désormais maintenant, depuis que Benoît est mort le 31 décembre 2022. Et il l'est ipso-facto, c'est-à-dire par le fait même de la mort de Benoît, sans qu'il soit besoin d'aucune autre procédure canonique ou théologique supplémentaire de légitimation de sa Charge pontificale, l'ayant reçue dûment dès son intronisation en 2013 ; Eugène succéda à Martin de la même manière, par le seul fait ipso-facto de la mort de Martin.
               
        "Il nous faut donc bien saisir ceci. En fait et en droit, Martin et Eugène ne furent qu'un seul pape, certes pendant un très-court laps de temps, seulement un bon mois, et il en fut de même de nos jours pour Benoît et François, pour un laps de temps cette fois-ci beaucoup plus long, neuf années. Benoît avait donc fort bien raison de dire sans cesse, pendant ces neuf longues années, très-intelligemment : «IL N'Y A QU'UN SEUL PAPE» sans JAMAIS préciser la personne humaine, de lui ou de François, endossant cette unicité pontificale. Et si on l'avait obligé à préciser, il aurait fallu qu'il nomme, et François, et lui-même, Benoît. Exactement de la même manière qu'aux temps de l'hérésie monothélite, il n'y avait qu'un seul pape, dans un laps de temps certes beaucoup plus court que les neuf longues années de Benoît et de François, seulement un mois bien tassé, du 10 août 655 au 16 septembre 655, et c'étaient à la fois Martin et Eugène...
               
        "Voilà. Fin de ma démonstration.
               
        "Je ne sais pas comment contacter Cionci, n'arrivant pas à trouver son e-mail même sur son blog (...?), mais il serait bon qu'il prenne connaissance de cette démonstration que je viens de faire, qui montre l'inanité complète de sa thèse et sa fort dangerosité pour la Foi (c'est en effet du sédévacantisme à la fois hérétique et schismatique, à vocation sectaire certaine), Foi catholique que nous devons entretenir en nous pure de tout illusionnisme sédévacantiste hérétique, de tout illuminisme schismatique Petite-Église, qui pourrait mettre gravement en péril notre salut si nous y accrochions notre âme.
               
        "Passez une excellente journée sous le regard de Dieu, en ce saint temps de Carême.
               
        "Vincent Morlier,                
        "Écrivain catholique.                
               
         Cette situation pontificale qui fonctionne un temps au présent composé est de toutes façons une situation tout-à-fait extra-ordinaire, qui ne peut avoir pour cause qu'une très-grande contradiction subie et vécue de force par l'Église. Prenons bien conscience que l'écartèlement qu'elle manifeste va presque à renverser la Constitution divine de l'Église fondée par le Christ. Et, quant à nous qui vivons la fin des temps, qui l'avons vu exister pendant neuf longues années interminables fort significatives, très-loin du seul mois où elle a existé fugitivement et comme en passant au VIIème siècle, elle ne peut vraiment se comprendre que par "LA PASSION DE L'ÉGLISE", ainsi que je l'ai expliqué il me semble aux mieux dans l'article Feedback sur le pape Benoît XVI, etc., qu'on pourra consulter au lien Internet rappelé ci-dessus.
               
        Je souhaite un très-bon temps pénitentiel de Carême à mes lecteurs.
 
 
En la fête de saint Romain, martyr,
ce 28 février 2023.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
Basilica dei Santi Silvestro e Martino ai Monti
 Basilique mineure Saint-Martin-des-Monts (Rome)
où repose le saint pape martyr Martin 1er (v. 600-655)
 
 
 
 
 
 
28-02-2023 17:53:00
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