Les musulmans croient-ils au vrai Dieu,
qui serait donc le même que le nôtre, catholique...?
J'ai bien conscience que ce que je vais dire aujourd'hui dans ce nouvel article va aller complètement à contre-courant radical de la pensée théologique dominante actuelle sur la question, je n'ose écrire "la pensée unique", mais, comme le dit un proverbe arabe ou chinois (les meilleurs) : "C'est en nageant à contre-courant qu'on attrape de l'eau fraîche"...
La pensée dominante en la matière est celle-ci : Le musulman croit au vrai Dieu, il adore le vrai Dieu ; quand bien même il Lui rend un faux culte, il adore le Dieu Un, donc le vrai Dieu. Une formule latine résume la thèse, falsus cultus veri numinis, le faux culte rendu au vrai Dieu. Cette assertion doctrinale est professée par un nombre très-impressionnant, et, à l'abordage de la question, fort troublant, de grands théologiens des siècles passés, de saints docteurs in utroque, de papes à leur scolastique suite, etc., etc.. Et, sur la question, il n'est que trop vrai que les modernes vaticandeux n'ont rien fait d'autre que suivre leur doctrine "traditionaliste", fort notamment dans le très-sulfureux décret magistériel conciliaire Nostra Aetate ; bien évidemment tellement heureux de pouvoir le faire, ça va sans dire, car est-il besoin de préciser que ladite assertion apporte beaucoup d'eau à leur moulin œcuméniste hétérodoxe. C'est ainsi par exemple que le pape saint Jean-Paul II, en disant aux jeunes musulmans "Nous croyons au même Dieu" (discours de Casablanca, 19 août 1985), n'a rien fait d'autre qu'être l'écho très-parfait de ce qu'a professé en son temps un autre saint pape, Pie X, dans son catéchisme en 1905, y disant très-clairement quant à lui que les musulmans "admettent le seul vrai Dieu, ammettendo l’unico vero Dio". Car si, bien sûr, les musulmans admettent le seul vrai Dieu comme croit pouvoir le professer Pie X, comme d'autre part nous catholiques admettons aussi le seul vrai Dieu, alors, conclusion syllogistique obligée et formelle, c'est donc que nous, musulmans et catholiques, admettons, croyons et adorons, le même Dieu, Jean-Paul II faisant ici allusion uniquement à la Substance divine Une à laquelle fait également allusion Pie X, et non pas à la structure Trinitaire de Dieu. Jean-Paul II a donc eu raison d'aller jusqu'au bout du théorème... tirez en effet la chevillette de son syllogisme, et la bobinette cherra.
Pourquoi m'arrêterai-je en si bon chemin ? Il convient d'ailleurs de bien exposer la thèse de la "pensée dominante" en la matière, avant d'en discuter et d'en faire une mise à plat chirurgicale. Voici donc quelques dires de quelques auteurs anciens et nouveaux en la cruciale matière, j'en tire la petite liste d'auteurs "ralliés" qui, par un grand et sûrement ahanant travail sur moult et moult années, s'en sont fait une grosse, grosse, grosse collection, et je gage fort qu'ils s'en gargarisent scrupuleusement et religieusement la glotte tous les matins à jeun avant de prendre leur petit dej' :
- Le théologien Francisco Suarez (1548-1617) : "Et cette raison est probante en général pour le cas des Sarrasins, et des autres infidèles connaissant et vénérant le seul et unique vrai Dieu, quant aux rites non-contraires à la raison naturelle" (Tractatus de fide theologica, commentant un texte de saint Thomas (II-II, q. 10, a. 11), in Opera omnia, Paris, Vivès, t. XII (1858), n° 9-10, p. 451-452) ― "De cette façon, c’est la religion juive et peut-être de nombreuses manifestations religieuses des mahométans et autres infidèles similaires, qui adorent le seul vrai Dieu" (Tractatus Primi de Fide Theologica, parte secunda, sectio IV, Disp. XVIII).
- Le Cardinal de Lugo, théologien post-tridentin, écrit, en 1646 : "Car parmi eux [les infidèles], il y en a qui, bien qu’ils ne croient pas à tous les dogmes de la religion catholique, reconnaissent néanmoins le Dieu un et véritable [agnoscunt tamen Deum unum, & verum], tels sont les Turcs, et tous les Mahométans, ainsi que les Juifs" (De virtute fidei divinæ, disp. 12, n. 50, Lyon, 1646, volume 3, 286).
- L’abbé Jacques-Paul Migne, dans sa célèbre Encyclopédie théologique du XIXème siècle : "ALLAH. Nom de Dieu chez les Arabes. Il faut se garder de le prendre pour le nom d’une divinité particulière, car les Musulmans adorent le vrai Dieu et ont en horreur le culte des idoles" (t. XXIV, p.128, 2ème col.).
- Le théologien Pierre le Chantre, mort en 1197, va même, en plein Moyen-Âge, jusqu'à oser soutenir, quant aux chrétiens sans église dans les pays musulmans : "Les chrétiens pèchent-ils s’ils adorent avec ceux-là même qui adorent un seul Dieu comme nous, que nous adorons ? Réponse : Si cela peut être fait sans scandale, ils ne pèchent pas (de Summa de sacramentis et animæ consiliis, cap. V, § 219 ; texte inédit publié et annoté, Volume 3, Nauwelærts, p. 195). Du coup, voilà-t-il pas absous tous les papes post-conciliaires se rendant dans les mosquées, avec ou sans babouches... car si le Vicaire du Christ le fait, ça ne peut être que sans scandale.
- Mgr Fernando Vellosillo, mort évêque de Lugo en 1587, quant à lui, prend à tâche de réfuter l’opinion que les infidèles n’adorent pas le vrai Dieu : "Nous disons que les philosophes naturels, qui n’étaient pas idolâtres, connaissaient le vrai Dieu, & l’adoraient [quant à ceux-là, la thèse est exacte] ; les sarrasins aussi croient et adorent le vrai Dieu [Deum sarraceni etiam & verum deum credunt & colunt], de même les Juifs : ils se trompent cependant sur quelques [...!] articles, davantage en ce qui concerne l’incarnation du Christ [... et peut-être aussi quant au dogme trinitaire, n'est-il pas ?]" (Advertentiæ Theologiæ Scolasticæ in B. Chrysost. et quatuor Doct. Ecclesiae, 1601, p.344).
- Le Père Jacques Bonnetat (1867) : "Parmi les peuples infidèles, les musulmans connaissent le vrai Dieu" (Pie IX en face de la révolution, p. 86).
- Le théologien et canoniste Vitus Pichler (1670-1736) écrivait ceci : "Car on appelle païen, ceux qui nient le vrai Dieu et adorent les idoles, les Sarrazins adorent vraiment le seul et véritable Dieu" (Summa jurisprudentiæ sacræ universæ, Secundum quinque Decratalium Gregorii Papæ IX, Lib V, Titulis VI, col. 239).
- Les théologiens Regatillo & Zalba, en 1954, développant la thèse de "la pensée dominante commune" en la matière jusqu'à son ultime conséquence anté(i)christique, vont, très-logiquement remarquons-le bien, jusqu'à supposer "une église dans laquelle le vrai Dieu sera adoré, et dans cette catégorie les auteurs placent généralement la mosquée musulmane" (cf. Theologia Moralis, 1954). Zist & zest !, du coup, voilà la multi-église d'Abou-d'Ahbi canonisée... bien avant Vatican II.
- Le P. Boubée, pour la revue jésuite Études (1922), professe, quant à lui : "Son DIEU [au juif] est le DIEU des musulmans, le DIEU de tous les monothéistes, le vrai DIEU des chrétiens" (n° 171, p. 740).
Je n'aurai certes garde d'oublier de citer les papes modernes, qui, on s'en doute, souscrivent tous à cette "pensée dominante commune" en la matière, qu'ils soient post-concordataires ou post-conciliaires. Les "ralliés" citent de Pie XI par exemple les passages de deux encycliques, Caritati Christi Compulsi du 3 mai 1932 et Divini Redemptoris du 19 mars 1937, et ils sont tout-à-fait fondés à en déduire qu'on ne peut tirer du propos pontifical autre chose que le musulman croit au vrai Dieu, puisque le pape y professe que, après la Révélation, l'immense majorité des hommes adorent le vrai Dieu, ce qui serait impossible si les musulmans n'étaient pas à comprendre dans le nombre. Mais lisons Pie XI : "Dans une telle union d’esprits et de forces, ceux-là, naturellement, doivent être les premiers qui se glorifient du nom de chrétiens, fidèles à la glorieuse tradition des temps apostoliques, quand la multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme ; mais que tous ceux qui admettent encore un Dieu et lui adressent leurs adorations apportent, eux aussi, leur concours sincère et cordial, afin d’éloigner de l’humanité le grand danger qui la menace tout entière" (Caritate Christi compulsi).
Pie XI revient sur cette idée parfaitement juste et par ailleurs moralement roborative, dès lors qu'on veuille bien la professer catholiquement, à savoir que la majorité des hommes n'ont effectivement pas répudié la croyance au vrai Dieu (ou, sans doute, pour la plupart des non-chrétiens, à une inchoation du vrai Dieu), DANS LEUR PERSONNE PRIVÉE, EN LEUR FOR PRIVÉ, MAIS NULLEMENT PAR LE CANAL DE LEURS FAUSSES RELIGIONS QUI NE LEUR ENSEIGNENT PAS LE VRAI DIEU EN CE COMPRIS LE MAHOMÉTISME, comme les "ralliés" corrompent et subvertissent leur Foi en voulant le professer : "Dans ce combat engagé dans la puissance des ténèbres contre l’idée même de la Divinité, Nous gardons l’espérance que la lutte sera vaillamment soutenue, non seulement par ceux qui se glorifient de porter le nom du Christ, mais aussi par tous les hommes (et ils sont l’immense majorité dans le monde) qui croient encore en Dieu et l’adorent" (Divini Redemptoris). À la vérité, cette pensée que les non-chrétiens peuvent très-bien en leur for privé croire au vrai Dieu est déjà connue dès les premiers temps du christianisme. C'est pourquoi saint Augustin, sur la fin du IVème siècle, formulait : "Il y en a qui appartiennent au Corps de l'Église sans appartenir à son Âme [les mauvais chrétiens en état de péché mortel], et d'autres qui appartiennent à son Âme sans appartenir à son Corps [les païens ou adeptes de fausses religions de bonne volonté qui désirent le vrai Dieu dans leurs cœurs, et qui y conforment leurs mœurs et leurs vies, autant qu'il est en eux de le faire]".
Je vais arrêter là mes citations, on en a en effet assez, dans tous les sens du terme y compris ad nauseam, pour comprendre la thèse de la "pensée commune et dominante" en la matière qui, pour en rester et se circonscrire au sujet de mon article, est : le musulman croit et adore le vrai Dieu.
... Que bien penser d'une telle doctrine si étrange ?, de "si étonnantes stipulations", comme disaient les Évêques Réclamants des articles sulfureux du diabolique Concordat napoléonien ? Que, premièrement, le catholique, qui vit du Saint-Esprit depuis qu'il a reçu le Sacrement de Confirmation, ne peut, dès l'abord, qu'être infiniment choqué dans sa Foi d'une telle affirmation, à savoir, donc, pour en rester à notre catégorie d'infidèles, que le musulman croit au vrai Dieu, qu'il adore en Allah le vrai et unique Dieu, quand bien même on complète en disant qu'il L'adorerait par un mauvais et faux culte.
Et cette première réaction de sa Foi, à la fois instinctive et irrépressible, qui lui vient du Saint-Esprit, est confirmée par l'examen théologique de ladite doctrine, que je vais m'employer à faire maintenant avec rigueur et vigueur. Voyons cela ensemble de très-près, en effet, en prenant les choses par le haut ou plutôt par le Très-Haut, par le raisonnement qui sera supérieur à tout raisonnement, c'est-à-dire par le raisonnement métaphysique.
Je commencerai justement par rappeler quelque chose de très-important, qui n'est, pour parler par euphémisme, que bien peu perçu de nos jours enténébrés et sataniquement humanisés, c'est à savoir que la métaphysique, science qui s'occupe des causes premières des choses dans le Réel, est au-dessus de toute autre science, comme le Ciel dépasse la terre. Lorsqu'elle fait un raisonnement sur une chose ou objet, ce raisonnement est ipso-facto la clef de voûte de tout autre raisonnement basé sur toute autre science, qui ne pourra que lui être inférieur et subordonné, en subséquente dépendance totale de celui-ci. Tout raisonnement en effet tenu contre le raisonnement métaphysique sur un sujet donné est condamné et se condamne lui-même, comme voulant s'établir en rejetant la pierre d'angle, la clef de voûte, ce qui arriva aux pharisiens : "Jésus leur dit : N'avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient, celle-là même est devenue la tête de l'angle ; c'est le Seigneur qui a fait cela, et c'est une chose admirable à nos yeux ? Et celui qui tombera sur cette pierre, s'y brisera, et celui sur qui elle tombera, elle l'écrasera" (Matth XXI, 42 & 44).
Or, voici. Je vais maintenant asseoir le raisonnement métaphysique dans la question qui nous occupe. L'objet traité est "Dieu". Je vais mettre en rouge et en gras le raisonnement métaphysique sur "Dieu", tous les mots que je vais écrire seront d'essence métaphysique, et donc obligeront formellement à la croyance celui qui les lira, si tant est qu'il est, veut rester ou (re)devenir, catholique :
Dieu est Un ET Trine. En Dieu, la Trinité EST l'Unité. En Dieu, l'Unité EST la Trinité.
Ce simple (et sublime) énoncé suffit à résoudre absolument la question musulmane de soi, ex se. Tout autre raisonnement tenu en la questio, qui ne pourra qu'être de nature inférieure à celui-là qui est purement métaphysique, ne pourra qu'y être obligatoirement en adéquation subséquente, sous peine de montrer, et sa forfaiture, et sa radicale fausseté.
Avant de voir comment la susdite assertion métaphysique, que j'ai mise en rouge gras, résout radicalement la question musulmane, méditons un peu sur elle. On ne peut disconvenir qu'elle prend vraiment aux tripes notre pauvre intelligence humaine, limitée par tous les côtés et surtout par le haut : mais comment, en Dieu, l'Unité puisse-t-elle ÊTRE à la fois et en même temps la Trinité ? Et de même : comment, en Dieu, la Trinité, être de même l'Unité ? À la vérité, je n'en sais rien, mais ce qui s'appelle vraiment : absolument rien. Et vous non plus. Et personne n'en sait rien. Tout le monde connaît l'histoire que rapporte saint Augustin sur sa propre expérience personnelle. Un jour, au bord d'une plage, méditant sur le Mystère de Dieu le plus que son esprit très-profond pouvait le faire à l'aide de force dialectique, tâchant d'essayer d'essayer d'essayer de saisir comment l'Unité pouvait en même temps et à la fois être Trinité, et vice-versa, il aperçoit tout-à-coup, sortant soudain de sa vaine introspection intellectuelle, un enfant qui, pendant qu'il s'efforçait de penser, courait quant à lui vers la mer remplir d'eau un coquillage, puis, revenant, qui versait le minuscule contenu dans un trou de sable qu'il avait fait non loin d'Augustin, répétant sans cesse l'opération dans des allées et venues incessantes. Ne pouvant s'empêcher d'être interpellé par le manège insolite et obsédant de l'enfant, saint Augustin, rompant sa réflexion, sortant de son intellect, finit par lui dire : "Mais que fais-tu, enfant ?" ― Et l'enfant, qui n'était rien d'autre que l'Enfant-Jésus Lui-même, de lui répondre : "J'ai l'intention de mettre toute la mer dans ce trou de sable" ― Saint Augustin, de s'exclamer : "Mais tu n'y arriveras jamais !" ― "Pas plus que toi, Augustin, tu n'arriveras à comprendre le Mystère de la Sainte-Trinité divine", lui rétorqua l'Enfant divin qui, après cette parole, s'évanouit du regard d'Augustin. De l'épisode merveilleux, saint Augustin comprit qu'il devait s'en tenir à l'assertion métaphysique impérée par la Foi, à savoir que Dieu est à la fois et en même temps Un et Trine, Trine et Un, sans aller plus loin.
Voilà. C'est tout, en effet. Dieu est Un ET Trine, Trine ET Un. Et c'est amplement suffisant, surtout pour résoudre radicalement et absolument notre problématique musulmane du moment. À la limite d'ailleurs, je n'ai même pas besoin d'en écrire plus pour les gens intelligents qui liront ceci (il n'y en a pas d'autres, d'ailleurs, qui me lisent...), l'assertion métaphysique résout par le haut ou plutôt par le Très-Haut notre question du jour en condamnant comme fausseté radicale, in radice, la doctrine qui nous occupe, à savoir que le musulman croit au vrai Dieu, adore le vrai Dieu. Il n'y a pas grand raisonnement à faire, en effet, pour le comprendre. Puisque, en Dieu, la Trinité EST l'Unité et que l'Unité EST la Trinité, cela signifie que quand on parle de l'Unité de Dieu, cela, métaphysiquement, s'épèle en outre très-immédiatement c'est-à-dire en même temps et à la fois, et non médiatement, T-r-i-n-i-t-é ; et de semblable et identique façon et manière, quand on parle de la Trinité de Dieu, cela s'épèle en outre très-immédiatement, et non médiatement, U-n-i-t-é de Dieu. Quand bien même on ne sait pas comment ça marche, aucune "mécanique de Saint-Simon" ne pouvant rationnellement, humainement, expliquer la chose...
Dès lors, par ce raisonnement métaphysique qui, ainsi que je l'ai dit, soumet à sa loi, comme lui étant infiniment supérieur, tout autre raisonnement d'autre nature, fût-il scolastique, il est impossible de dire que le musulman croit au vrai Dieu et l'adore. En effet, sa doctrine coranique le fait rejeter formellement le dogme de la Trinité divine, voici en effet les sourates ou versets les plus marquants qui le lui enseignent : "Ô gens du Livre [= la Bible] ! N’exagérez pas dans votre religion et ne dites, sur Dieu, que la vérité (...) et ne dites plus «Trois». Cessez ! Ce sera bien mieux pour vous. Votre Dieu est un Dieu unique. Il est trop parfait pour avoir un fils" (Coran IV, 171) ― "Ce sont certes des mécréants ceux qui disent : «En vérité, Dieu est le troisième de trois», alors qu’il n’y a pas d’autre divinité à part Dieu»" (Coran V, 73) ― "… Votre Dieu est un Dieu unique. Quiconque espère rencontrer son Seigneur, qu’il fasse de bonnes actions et qu’il L’adore sans rien Lui associer [sous-entendu formel : Lui associer des Personnes divines]" (Coran XVIII, 110) ― "N’attribue donc pas d’autres divinités à Dieu, sinon tu seras jeté dans l’enfer, blâmé et réprouvé" (Coran XVII, 39). Etc., etc.
Or donc, puisque métaphysiquement la Trinité EST l'Unité, le malheureux musulman, en disant : "Je ne crois pas à la Trinité divine", dit en même temps et à la fois, quoiqu'il n'en ait pas conscience : "Je ne crois pas au Dieu Un, à l'Unité divine". Mais dès lors que sa profession de foi lui fait endosser qu'il ne croit pas au Dieu Un par le simple et seul fait ipso-facto qu'il ne croit pas au Dieu Trine, il ne peut donc croire et ne croit donc malheureusement pas au vrai Dieu. Ce qu'il fallait démonter et démontrer, hélas, cqfd, et qui convainc de fausseté radicale, et surtout scandaleuse au regard de la Foi, l'assertion scolastique épousée communément par les tradis comme par les modernes, qui voudrait qu'en professant un Dieu Un, rejetant conséquemment tout polythéisme et/ou idolâtrie, cela serait théologiquement suffisant pour faire du musulman un adorateur du vrai Dieu...
Il n'est pas bien difficile de prendre une comparaison dans l'ordre humain pour bien faire ressortir cette conclusion que je viens de poser, à savoir que le musulman, de par sa fausse religion coranique, ne croit pas au vrai Dieu ni ne L'adore, quand bien même par ailleurs il aurait en son for privé bonne, véridique, voire ardente et édifiante intention de découvrir ce vrai Dieu, aux fins de Le servir et de L'aimer (disposition intérieure qui lui est comptée, bien sûr, par le Bon Dieu, et qui lui mérite des grâces surnaturelles pour l'amener à conversion véritable). Prenons l'exemple de la personne humaine. Le catéchisme nous apprend qu'elle est composée d'un corps et d'une âme. Et prenons maintenant Grosjean, l'idiot du village, qui professerait qu'il croit à la personne humaine en cela uniquement qu'elle a une âme, mais refusant formellement de croire qu'elle a un corps ; il croit que la personne humaine a une âme, mais il refuse de croire qu'elle a un corps, professant en cela l'hérésie docète. Questio. Est-ce que, par sa seule croyance que la personne humaine a une âme, qui est une des deux composantes métaphysiques de la personne humaine, cela serait suffisant pour dire que Grosjean croit à la personne humaine ? Bien sûr que non. Pour que Grosjean puisse être dit croire à la personne humaine, il faut absolument qu'il croit, et à l'existence de l'âme, et à l'existence du corps, dans la personne humaine. Le simple fait de croire seulement à l'existence de l'âme dans la personne humaine n'est pas suffisant pour qu'il puisse être dit que Grosjean croit à la personne humaine. Et, le lecteur l'a déjà compris, il en est exactement de même pour la croyance en Dieu : le simple fait que le musulman dit croire au Dieu Un mais en couplant formellement sadite croyance avec le rejet formel de la croyance au Dieu Trine, n'est pas plus suffisant qu'avec Grosjean pour qu'on puisse dire de lui qu'il croit au vrai Dieu, c'est au contraire fort dirimant.

Contre cette doctrine, à la fois catholique et métaphysique, que je professe et qu'il me semble tout catholique doit professer, les scolastiques anciens et modernes, pour soutenir la leur, invoquent le quid et le quis, c'est-à-dire dissèquent par l'intellect les choses abordées (pour simplifier, je laisse de côté le qualis, c'est-à-dire la question des Attributs divins, car cela ne change rien au raisonnement de fond, et permet d'éviter des longueurs inutiles). Laissons le P. Basile Valuet, champion (hélas) bien connu de la mauvaise cause "ralliée" qui s'évertue perseverare diabolicum à blanchir à la chaux pharisaïque les pires hétérodoxies pontificalo-ecclésiales modernes vaticandeuses et post, nous exposer ce raisonnement, il le fait d'ailleurs très-bien (cf. L’Église au défi des religions, Basile Valuet, pp. 235-240) :
"a) quant au quid, à la réalité désignée [de Dieu], à la substance [divine] dont il s’agit, les juifs et les musulmans parlent bien de la même réalité que nous [oui, mais ils en parlent de manière seulement métaphorique, parabolique, en image, et même, hélas souvent, en mirage dans le désert des Tartares, et non pas dans le Réel métaphysique, comme nous le faisons, nous, chrétiens ; je vais développer cela, qui est essentiel à saisir et qui marque un abîme infranchissable entre la croyance musulmane et la nôtre chrétienne, tout-à-l'heure] : ce point n’a jamais été mis en cause dans l’histoire de la théologie ; il suffit pour s’en convaincre de consulter les discussions des chrétiens avec les juifs, et les musulmans à travers les siècles, ainsi que les assertions des théologiens sur le falsus cultus veri numinis, le faux culte rendu au vrai Dieu. Les mêmes idées se retrouvent par exemple dans nos anciens catéchismes diocésains.
"b) Quant au quis, c’est-à-dire à la personnalité de Dieu, il est évident que les musulmans nient que cette réalité créatrice de l’univers soit tri-personnelle. En ce sens «ils n’ont pas le même Dieu», c’est-à-dire quant à ce qu’ils affirment de Lui. Évidemment, il ne s’agit nullement d’une question mineure, mais cet aspect ne remet pas en cause le 1er sens (a)".
"... cet aspect ne remet pas en cause le 1er sens (a)". Sur cette lancée formidablement de travers, en ce qu'elle dissèque dans des cloisonnements séparés le quid du quis, voulant à tort que l'un et l'autre, dissocié l'un de l'autre, puisse tenir indépendamment dans l'existence réelle, notre auteur, de finir son exposé en prenant soigneusement à tâche de synthétiser dans des mots choisis toute sa thèse, qui donc n'est rien d'autre que celle de tout ce courant "traditionaliste" en la matière que nous avons vu que dessus, professée communément par les tradis et les modernes ensemble cul et chemise, avant comme après Vatican II qui, ici, in casu, n'est même pas une ligne de démarcation entre le bien et le mal : "Selon la foi et la théologie catholiques, ces hypostases, sujets ou personnes (Père, Fils et Esprit Saint), réellement distincts entre eux par une opposition de relations réelles, sont toutefois réellement identiques à cette substance, la divinité. (...) Mais on peut penser et exprimer les uns sans les autres, car il y a une distinction de raison entre personnes et substance divine (on peut connaître celle-ci, en ignorant, voire en niant celles-là)". La première phrase est correcte ; la seconde est hérétique. La première, d'ailleurs, ce que n'a pas remarqué le P. Valuet qui n'a pas l'air de comprendre ce qu'il écrit lui-même, condamne formellement la seconde, car si les Personnes divines sont dites être identiques à la Divinité Une, c'est-à-dire métaphysiquement, elles ne sauraient en être... dissociées.
Pour le bien saisir, j'en reviens à la métaphysique, justement. Car c'est elle, encore et toujours, qui a le dernier mot qui est aussi le premier, alpha & oméga, et qui va trancher de manière décisoire et formelle notre question, faisant radicalement ressortir l'hérésie de cette seconde phrase, laquelle s'avère être toute l'assise théologique de l'assertion "traditionaliste" que nous étudions, à savoir que le musulman croit au vrai Dieu Un, adore le vrai Dieu Un.
Le P. Valuet croit pouvoir asseoir que le musulman croit au vrai Dieu Un, parce qu'il y a "une distinction de raison entre personnes et substance divine (on peut connaître celle-ci, en ignorant, voire en niant celles-là)". Et donc, quand bien même le musulman récuserait les Personnes divines, cela ne l'empêcherait pas de croire véritablement à la Substance divine, Une. Ce raisonnement est parfaitement hérétique.
Une distinction de raison qui philosophiquement s'assimile à l'être de raison, en effet, fait référence à un être qui n'a de substance que dans la pensée, en opposition avec l'être réel (le philosophe cartésien Baruch Spinoza 1632-1677, qui fut le premier à employer la formule "être de raison", la définit comme "une façon de penser qui sert à retenir, expliquer et imaginer plus facilement les choses connues"). C'est-à-dire que c'est par intellection (= acte de l'intellect), in abstracto, qu'on conçoit les êtres de raison, et non point du tout dans le réel, in concreto. Métaphysiquement, la conclusion est simple : concevoir en Dieu les Personnes divines et la Substance divine par un acte d'intellection qui conceptualise des êtres de raison différents, n'autorise absolument pas à pouvoir les faire vivre et exister en séparé dans le Réel, le in concreto. Autrement dit, l'affirmation de notre auteur, à savoir que l'on peut très-bien croire à la Substance divine tout en reniant les Personnes divines, est parfaitement hérétique, et même insensé. Pour le bien comprendre, reprenons l'exemple de la personne humaine dotée d'un corps et d'une âme. C'est par des êtres de raison que je sais que la personne humaine est composée d'un corps et aussi d'une âme, différents entre eux. Mais ces êtres de raison ontologiques ne peuvent pas exister en séparé dans le Réel, dans le in concreto : on n'a jamais vu, en effet, une personne humaine-corps seulement, ou une personne humaine-âme seulement. Et de même, il ne saurait exister de croyant professant sa Foi seulement dans la Substance divine à l'exclusion formelle des Personnes divines, comme le veulent tous les auteurs scolastiques qui soutiennent la thèse que je mets dans cet article à l'examen. Autant la personne humaine n'existe pas dans le Réel si elle n'est à la fois et en même temps corps et âme, autant le Dieu vrai n'existe pas dans le Réel s'Il n'est à la fois et en même temps Substance et Personnes divines trines...
Nous sommes là en présence, justement, avec le très-gros défaut des scolastiques, leur faille abyssale, leur tentation immanente, parce qu'ils tombent souvent dans l'abus de l'intellection des choses, de s'imaginer que ce qu'ils ont conçu en termes d'êtres de raison par leur intellect est par-là même revêtu de l'existence dans le Réel des choses, c'est-à-dire faire exister in concreto ce qui n'est que dans l'intellect in abstracto. C'est une sclérose du scolastique qui hélas peut souvent tourner vinaigre en nécrose mortifère. On en a un exemple flagrant, frappant, dans "la crise de l'Église", avec les tradis guérardiens tombant dans cette scolastique erreur grave de mettre in concreto ce qui n'a l'existence qu'intellectuellement, in abstracto, lorsqu'ils en font l'application à la personne pontificale (tout pape en effet, professent-ils, est composé d'une matière et d'une forme, qui sont effectivement des êtres de raison parfaitement discernables dans la fonction pontificale ; mais ils poursuivent de manière complètement absurde et hérétique en voulant faire exister dans le in concreto un pape-matière seul, qu'ils ont baptisé materialiter -néologisme inventé pour les besoins de leur mauvaise cause semi-sédévacantiste-, sans qu'il soit revêtu à la fois et en même temps de la forme pontificale ou Autorité divine : c'est tomber à deux pieds joints dans l'erreur de vouloir faire exister dans le Réel un être de raison qui n'existe que dans l'intellect).
En somme, en voulant faire subsister métaphysiquement ce qui n'existe pas réellement, mais seulement in abstracto, le P. Valuet tombe dans l'erreur de Gilbert de la Porrée, évêque de Poitiers au XIIème siècle : "… Son défaut, comme celui d'Abailard son contemporain, fut de vouloir expliquer les dogmes de la théologie par les abstractions et les précisions de la dialectique. Il disait que la divinité ou l'essence divine est réellement distinguée de Dieu. C'est le mot réellement qui constitue l'erreur. Si Gilbert s'était borné à dire que Dieu et la Divinité ne sont pas la même chose formellement, ou in statu rationis comme s'expriment les logiciens, sans doute il n'aurait pas été condamné ; cela signifierait seulement que ces deux termes, Dieu et la Divinité, n'ont pas précisément le même sens, ou ne présentent pas absolument la même idée à l'esprit. Mais ce subtil métaphysicien ne prenait pas la peine de s'expliquer ainsi" (Dictionnaire des hérésies, Migne, p. 1122). C'est la même chose hérétique lorsqu'on dit que la Substance divine puisse être réellement distinguée des Personnes divines, c'est le mot réellement qui constitue l'erreur. Il ne peut pas exister de croyant qui ne croit qu'à la Substance divine Une sans croire en même temps et à la fois aux Trois Personnes divines qui composent cette dite Substance : ce croyant-là ne croirait pas au vrai Dieu Un, mais seulement à un fantôme de Dieu Un, non-substantiel. Professer le contraire, comme le fait le P. Valuet, est parfaitement hérétique.
Comme disait le jésuite Jean Perrone (1794-1876), à propos du nestorianisme (un P. Perrone fort estimé par Vacant dans son article sur le Magistère ordinaire & universel, qui l'appelle "le théologien le plus autorisé du temps") : "Ainsi, il n'est pas un seul instant, soit avant, soit après l'Incarnation, pendant lequel on puisse supposer ou concevoir l'humanité du Christ existant en dehors de la Personne du Verbe. Car, si on examinait cette humanité à part et en dehors de cette subsistance ou Personne, ce ne serait plus l'humanité du Christ, c'est-à-dire du Verbe incarné, mais bien une pure abstraction, ou un être de raison [= idem pour notre affaire : la Substance divine sans les Personnes divines ne serait qu'un être de raison n'ayant aucune existence dans le Réel, une pure abstraction, c'est-à-dire qu'à partir d'elle seule, il serait métaphysiquement impossible de poser l'acte de croyance dans le Dieu vrai Un et Réel...]" (Théologie dogmatique, t. III, p. 190).
Et plus loin, à propos de l'adoptianisme, ce "roman du nestorianisme", le P. Perrone de continuer judicieusement son explication : "Comme nous l'avons fait observer plus haut, la nature humaine du Christ ne peut pas être considérée d'une manière purement abstractive et par une simple opération de l'esprit en dehors et à part la divinité ; CAR ELLE NE SERAIT PLUS SUBSISTANTE, puisque toute la subsistance de cette humanité est la personne du Verbe divin ; si, par conséquent, on enlève cette subsistance, CETTE HUMANITÉ N'EXISTERAIT RÉELLEMENT PAS DANS LA NATURE DES CHOSES. Car rien n'existe au concret, si ce n'est par la subsistance [= de la même manière, la Substance divine Une ne peut pas être considérée d'une manière purement abstractive et par une simple opération de l'esprit en dehors et à part les Trois Personnes divines, car elle ne serait plus subsistante, puisque toute la subsistance de cette Substance divine Une est les Trois Personnes divines, etc.]. De plus, l'Humanité de Jésus-Christ, séparée de la Divinité, ne serait plus l'Humanité du Christ, mais bien celle de tout autre individu qui ne serait pas le Christ ; car la notion de Christ emporte nécessairement celle de Verbe fait chair [= de la même manière, une Substance divine Une toute seule, sans les Trois Personnes divines qui la composent métaphysiquement, pourrait tout-à-fait bien être... n'importe quel Être prétendument suprême, décliné hérétiquement de manière infiniment polymorphique par les religions fausses inventées par les pauvres humains tarés du péché originel et assis à l'ombre de la mort, sans oublier l'influence du démon soufflant sur les fumées du mensonge et de l'erreur !]" (ibid., t. III, p. 219, note 1).
En conclusion, je dis et affirme que la métaphysique interdit formellement de dire que le musulman croit et adore le vrai Dieu Un.
... Mais au fait, au fait, il est grand'temps maintenant de répondre à la question que présuppose mon titre, Les musulmans croient-ils au vrai Dieu Un, qui serait donc le même que le nôtre, catholique...?, à laquelle donc, j'ai répondu par la négative : si donc les musulmans ne croient pas au vrai Dieu, mais alors, à quel dieu croient-ils...?, quel dieu adorent-ils...?, dont par ailleurs il est tout-à-fait possible qu'ils l'adorent avec grande sincérité et élan d'amour dans leurs âmes plongées dans l'ignorance invincible...?, peut-être dans certains cas, plus et mieux, que tant de chrétiens tièdes, dont j'espère je ne fais pas partie, le font envers le vrai et réel Dieu Un et Trine...?
Ma réponse est la suivante. 1/ ce qui est très-positif chez lui, c'est que le musulman n'est pas polythéiste, il rejette toute idolâtrie et croit très-fort à l'Unicité de Dieu, et ceci ne peut que lui être compté à grand et bon crédit par le Bon Dieu ("Allah est une abréviation pour Al-Elah, le Dieu ; il vient de la racine alah, adorer, d'où dérive aussi l'Eloah des Hébreux, qui l'un et l'autre signifient l'adorable ; c'est donc un des noms les plus dignes d'être donnés à cet Être souverain qui mérite les hommages de tous les hommes et de toutes les créatures" ― Migne, t. XXIV, p. 128, col. 2). Mais 2/ il ne croit cependant pas au Dieu Un, j'entends le vrai Dieu Un Réel, puisque métaphysiquement cette croyance inclut obligatoirement et formellement de croire en même temps et à la fois au Dieu Trine, comme je l'ai expliqué plus haut.
Alors, à quoi donc croit le musulman sincère et de bonne volonté dans sa croyance, comme il en existe sûrement beaucoup parmi eux, c'est du moins à espérer, car "Dieu notre Sauveur, veut que tous les hommes soient sauvés, et qu'ils parviennent à la connaissance de la vérité" (I Tim II, 4), Vérité qui n'est rien d'autre, substantiellement, que Dieu Lui-même par Jésus-Christ Notre-Seigneur et grand'Frère à tous...? Si l'on veut être exact et véridique, il faut dire et répondre que le musulman croit à l'idée du vrai Dieu Un, à sa métaphore. Ayant détaché un être de raison, la Substance divine Une, pour le faire vivre indûment dans le Réel, cette dite Substance ne peut donc être que fantomatique, ectoplasmique diraient les spirites de la fin du XIXème siècle, non-réelle, non-vraie, non-véridique, comme nous l'a fort bien expliqué tout-à-l'heure le P. Perrone. La métaphore est le transport du sens propre au sens figuré, parabolique. Elle se définit comme "une figure par laquelle on transporte, pour ainsi dire, la signification propre d'un mot à une autre signification qui ne lui convient qu'en vertu d'une comparaison qui est dans l'esprit" (Traité des Tropes, César Chesneau-Dumarsais). Définition qui convient admirablement bien à l'acte de croyance musulmane posé à partir d'un être de raison mis indûment dans le Réel. Le rhétoricien français Pierre Fontanier définit la "métaphore" comme l'emploi d'"un mot dans un sens ressemblant à, et cependant différent de son sens habituel" (Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Tzvetan Todorov et Oswald Ducrot, p. 354). Là encore, c'est on ne peut mieux dit.
Prenons un exemple pratique pour bien faire comprendre les choses. Le mot "flamme" désigne dans son sens premier et réel, la flamme d'un feu, avec tous ses attributs, chaleur, lumière, vie et consomption ; mais on peut l'employer, par déviation et dérivation de son sens métaphysique premier, de manière métaphorique, par exemple : "La flamme de sa passion l'a mené aux pires excès". Cette flamme métaphorique n'a plus ni chaleur, ni lumière, ni pouvoir de consomption. C'est seulement de cette dernière manière métaphorique, donc par déviation et dérivation, que le musulman peut être dit croire au Dieu Un : il ne s'agit en fait que d'un pseudo-Dieu Un puisqu'il est radicalement déconnecté des Trois Personnes divines, mais le musulman le fait ressembler au vrai Dieu Un, notamment par le qualis, les Attributs divins dont le musulman le dote, Allah est juste, miséricordieux, tout-puissant, créateur du Ciel et de la terre, etc., etc..
Croire donc en un Dieu Un métaphorique, parabolique, c'est certes déjà beaucoup, cela purge le croyant de toute idolâtrie polythéiste, mais cela n'est évidemment pas suffisant pour faire du mahométan un croyant au vrai Dieu Un qui, Lui, est Réel, métaphysiquement réel, comme étant Un et Trine à la fois et en même temps.
D'où l'énorme scandale et blasphème gravissime de lire dans le vaticandeux Nostra Aetate que le musulman croit au Dieu... vivant et subsistant, blasphème éhonté que j'ai déjà vigoureusement dénoncé dans un précédent article (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/sommes-nous-dans-le-cas-d-un-pape-heretique-ou-d-une-eglise-heretique?Itemid=1) : "L'Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant". Le mensonge blasphématoire, ici, est absolument flagrant dans tous les mots employés, inouï dans sa radicalité et son impudence mêmes, scandaleux au plus haut point. Dès lors que Dieu, en effet, est dit être "vivant et subsistant", il s'agit obligatoirement du vrai Dieu Un ET Trine, d'une vraie flamme de feu qui répand dans l'âme lumière, chaleur et vie, c'est-à-dire du Dieu réel, non-métaphorique, non-parabolique, auquel dieu métaphorique croit le musulman se confinant dans l'être de raison non-trinitaire : c'est seulement lorsqu'Il est Un ET Trine qu'Il vit éternellement, qu'Il subsiste éternellement, c'est de cette seule et exclusive manière qu'Il peut être dit VIVANT ET SUBSISTANT.
Le blasphème vaticandeux n'est pas moins grand lorsque Nostra Aetate dit que le musulman croit au Dieu "Créateur du Ciel et de la terre", car le Dieu qui crée ne peut également être que le vrai Dieu Réel vivant et subsistant, par conséquent Un ET Trine, précisément par le Verbe, deuxième Personne de la Sainte-Trinité par Qui tout a été fait, à commencer par le Ciel et la terre bien entendu, "toutes choses ont été faites par Lui, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans Lui" (Jn I, 3), et non le Dieu métaphorique que le musulman s'imagine en croyant et adorant un non-substantiel être de raison, métaphysiquement radicalement incapable et impuissant à créer quoi que ce soit, surtout pas le Ciel et la terre... Certes, nous disons dans le Credo, "Je crois en Dieu le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre", mais c'est par la Seconde Personne-Verbe de la Sainte-Trinité que la Création est faite, saint Jean, infailliblement de par le Saint-Esprit, nous en fait la révélation dans le Prologue de son Évangile. Celui qui récuse donc l'existence du Fils puisqu'il refuse de croire en la Trinité des Personnes en Dieu, un Dieu qui, prétendument et blasphématoirement, serait soit disant "trop parfait pour avoir un fils" (Coran, sourate IV), ce qui est le cas du musulman, ne peut donc pas être dit croire au Dieu "Créateur du ciel et de la terre". C'est un vrai scandale de voir les Pères de Vatican II una cum Paul VI, puis tous les papes qui vont les suivre, mentir magistériellement à ce sujet.

Nous avons vu plus haut une grande liste de scolastiques de tout poils, tradis et modernes, professant que le musulman croit au vrai Dieu Un. Il faut cependant prendre en note qu'un très-grand théologien du XVIème siècle, Michele Ghislieri, le cardinal Alexandrin qui deviendra le pape saint Pie V, s'inscrit radicalement en faux contre cette opinion. Rappelons que sous le pontificat du très-irascible et très-rigoriste pape Paul IV, de sinistre mémoire, maniaquement pointilleux sur la question doctrinale (jusqu'à calomnier très-gravement en les traitant d'hérétiques de saints évêques qui n'avaient rien à se reprocher sur la Foi, c'est le moins qu'on puisse dire d'eux dont certains étaient des saints), le cardinal Alexandrin était rien moins que le Maître du Sacré-Palais, c'est-à-dire que Paul IV, en raison de sa très-grande science théologique, avait fait de ce dominicain le grand-inquisiteur pour toute l'Église Universelle, rien de moins (excusez du peu). Or, pour le pape Pie V, le Pacha turc musulman ne croit pas au vrai Dieu, et il entend la chose de par sa profession de foi musulmane et non pas au niveau de sa personne individuelle privée. Il le dira vertement, en des termes fâchés, au faible roy de France Valois, Charles IX, qui, dans une missive au pape, avait appelé "empereur" le Pacha turc musulman :
"Nous avons reçu la lettre que Votre Majesté vient de Nous adresser. (...) Il est un point que Nous n'avons pu lire, ni sans étonnement, ni sans un profond chagrin, et sur lequel Nous avons cru devoir Nous expliquer avec Votre Majesté, en mettant dans nos plaintes l'accent de liberté qui convient au caractère dont Nous sommes revêtu. En effet, Votre Majesté désigne le tyran le plus inhumain, qui est en même temps l’ennemi le plus acharné de la Religion chrétienne, sous le nom d’Empereur des Turcs, COMME SI CELUI QUI NE CONNAÎT PAS LE VRAI DIEU pouvait jamais être Empereur ! Très cher fils en Jésus-Christ, donner le nom d’empereur à un tyran et à un infidèle, ce n’est pas autre chose que d’appeler le mal, bien, et le bien, mal. Votre Majesté ignore-t-elle qu'en décorant de ce nom l'ennemi de Dieu tout-puissant, elle scandalise les fidèles adorateurs de Jésus et leur est une pierre d'achoppement ? Quant à cette amitié formée par les rois vos ancêtres d'illustre mémoire, et que Votre Majesté nous écrit vouloir conserver dans l'intérêt même des chrétiens en général, Nous pensons qu'elle se trompe gravement [le pape faisait allusion à l'alliance contre-nature que François 1er avait faite avec le turc musulman, et que donc Charles IX son successeur au trône de France se proposait de continuer]. (...) Pourquoi en effet, lier amitié avec ceux qui haïssent le Seigneur ?" (Saint Pie V, un pape pour notre temps, Pierre Tilloy, p. 248, citant Histoire de saint Pie V, Pape, de l'Ordre des Frères Prêcheurs, Comte de Falloux, t. II, pp. 240-241, 3ème éd., 1858).
"Comme si celui qui ne connaît pas le vrai Dieu pouvait jamais être Empereur !" Affirmation formidable, en vérité ! Elle contient deux enseignements fondamentaux de tout premier ordre. Le premier regarde au premier chef notre sujet, à savoir que le turc, de par sa profession de foi musulmane, ne connaît pas le vrai Dieu, la suite de la lettre pontificale l'explicite en précisant qu'il est l'ennemi de Dieu tout-puissant, il fait partie des infidèles qui haïssent le Seigneur (on est vraiment aux extrêmes antipodes de ce qu'osent dire les Pères de Vatican II una cum Paul VI, qui regardent "avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant"...). Le second, qui n'intéresse pas notre sujet au premier chef, est cependant par trop important pour ne pas manquer de l'agrafer tout en haut du tableau noir, en tête d'affiche : le pape saint Pie V fait dériver la validité du pouvoir politique de sa subordination et son allégeance formelles et obligatoires à la vraie Religion, grande loi métapolitique que le moderne... ne peut même plus comprendre, en nos jours post-révolutionnaires démocratiques spirituellement lobotomisés. Autrement dit, il enseigne que le Politique dérive métaphysiquement du Religieux, tout pouvoir politique post-christique qui ne s'appuie pas sur le Dieu vrai Un et Trine et sur son Christ-Messie, explicitement et surtout constitutionnellement (suivez mon regard en direction des Démocraties modernes post-révolutionnaires dont la plupart, d'ailleurs, de nos jours, tournent salement de l'œil en Démonazies, en mayonnaise ratée), n'existe... tout simplement pas.
Mais ce double enseignement corrélé du pape très-catholique qu'était le grand saint Pie V n'est plus accepté par les papes modernes. Saint Pie V n'aurait par exemple jamais accepté, au grand jamais !, de passer un concordat à parité de parties avec un État constitutionnellement musulman, comme l'a par exemple fait sans vergogne Paul VI, en 1964, avec le Maroc (ne faisant d'ailleurs en cela que suivre la pratique concordataire pontificale hétérodoxe avec tous États, même constitutionnellement athées, hérétiquement initiée par Pie VII avec Napoléon en 1801...). Tout simplement, on vient de le lire, parce qu'il est hors de question, théologiquement, de reconnaître une quelconque validité à un pouvoir politique qui n'est pas basé constitutionnellement sur la vraie Religion, validité que présuppose formellement la structure juridique synallagmatique de tout concordat à toute partie co-contractante acceptée dans l'acte concordataire ; d'autant plus, comme je le rappelais dans mon précédent article, qu'il est pareillement tout-à-fait hors de question pour la Société suréminemment de droit divin qu'est l'Église-Épouse du Christ d'accepter une partie étatique co-contractante concordataire qui n'est pas, quant à elle, de droit divin.
Mais, comme je le disais plus haut, la déviance gravissime en la matière n'est même pas le fait de Vatican II et post, c'est déjà bien avant, dès le Concordat napoléonien de 1801, que l'hétérodoxie est promue par le Siège de Pierre en la matière qui, si elle ne touche pas encore la Foi, attente mortellement aux Mœurs par le vecteur du Politique constitutionnel. Ne se doutant pas le moins du monde qu'ils se condamnent eux-mêmes en rapportant positivement la chose, les "ralliés" évoquent par exemple l'adresse que fit Pie XII en juin 1950 au représentant musulman du gouvernement indonésien, par laquelle il est trop manifeste qu'il donne une note théologique des plus positives au dieu inscrit dans la constitution musulmane de l'Indonésie, l'assimilant et l'identifiant sans aucune réserve ni restriction aucunes au vrai Dieu Un : "Mr le Ministre, à votre première entrée solennelle dans votre haute Mission, en parlant au nom de vos citoyens, vous avez rendu hommage à l’ultime et richissime source de véritable et authentique paix. Dans les principes de base proclamées par votre État naissant, dans le «Pantjasila» (constitution), le nom et l’autorité suprême du Tout Puissant prend la première place [il est manifeste ici que Pie XII considère le dieu musulman auquel fait formelle allusion ladite constitution politique indonésienne comme étant le vrai Dieu Un, qui nous est commun, nous catholiques, avec eux, musulmans...]. Là où la primauté due à Dieu et à Lui seul est reconnue et soutenue, les hommes, les nations, la démocratie et une conscience sociale droite naturellement et avec une harmonie, forte et pleine de fruits, trouvent leur place propre dans la hiérarchie des valeurs" (Catholic News Service, 5 Juin 1950 ― aussi rapporté dans The Times, Indonesian envoy at the Holy See, Rome, May 25).
Saint Pie V a dû s'en retourner de honte et de sainte-colère Boanergès dans sa tombe : que n'aurait-il tancé et fustigé d'importance son indigne successeur sur le Siège de Pierre, quand on le voit vertement reprendre le roy français Charles IX pour une faute infiniment moins grave que celles commises par Pie XII et Paul VI ! Pour, par ailleurs, n'évoquer que ces deux seuls cas qui se sont multipliés quasi à l'infini depuis !!...

Mais on me dira sans aucun doute qu'il y a beaucoup moins de théologiens à soutenir l'hétérodoxie de la doctrine qui veut que le musulman croit et adore le vrai Dieu Un, que de théologiens à la trouver très-orthodoxe. Dans l'état actuel des choses, sur le plan doctrinal, c'est sans doute vrai. Certains d'ailleurs se croiraient autorisé à poursuivre volontiers en allant jusqu'à dire que ladite doctrine, étant donc communément professée par la généralité des auteurs et théologiens probes et sérieux de nombreux siècles, ne peut qu'être dotée de l'infaillibilité ecclésiale. La thèse est cependant très-fausse, généralité relative n'étant pas synonyme d'universalité, seule note théologique ayant droit à l'infaillibilité ecclésiale. Nous en avons la preuve dans des cas de même genre que la doctrine qui veut que le musulman croit et adore le vrai Dieu Un, qui, rassemblant pourtant sur eux, pendant un long temps, un consensus général inférieur à la note d'universalité, se sont en définitive avérés être faux, lorsque le Saint-Esprit, le fil du temps passant, les a décantés dans la Vérité.
J'en aperçois deux exemples éclatants au moins dans l'Histoire de l'Église : quant à la doctrine de l'Immaculée-Conception ; et surtout quant à la doctrine du Millenium, nouvelle économie de salut venant parousiaquement après l'extinction de notre actuel Temps des nations et de Rome son centre qui aura lieu dans et par le règne de l'Antéchrist-personne. Les deux doctrines sont d'ailleurs si intimement liées qu'elles ont toutes les deux subies le même obscurcissement néo-pharisaïque général de la part des scolastiques aux esgourdes ensablées dans leurs êtres de raison n'accédant pas à la vérité métaphysique des choses, la dernière doctrine, celle du Millenium, étant encore actuellement, en Église, complètement sous le boisseau et non sur le chandelier où elle devrait glorieusement être.
Quant à ceux qui demeureraient étonnés de voir la majorité, et même la grande majorité, des docteurs, des Pères, des meilleurs théologiens, etc., privilégier communément et pendant un long temps une mauvaise orientation doctrinale en Église, on va leur dérouler un abrégé de l'histoire du dogme de l'Immaculée-Conception de la Vierge Marie qui va les convaincre que la chose, certes peu reluisante pour l'esprit humain, est tout-à-fait possible. Sans que, par ailleurs, cela touche le moins du monde au dogme de l'infaillibilité ecclésiale.
Avant de commencer, je souligne à nouveau, car c'est très-important, la très-grande connexité entre la doctrine de l'Immaculée-Conception de la Vierge-Mère et celle du Millenium, à savoir la réintégration post-parousiaque de la Création terrestre dans sa perfection originelle dans le cadre d'une nouvelle économie de salut qui durera mille ans avant la fin du monde (on appelait cela palingénésie au XIXème siècle), Millenium qui n'est rien moins que l'ultime effet béni, l'ultime désenveloppement dogmatique et explicitation dans la vie terrestre de l'Église militante, du dogme de l'Immaculée-Conception de la Vierge-Mère. Il faut même formuler le point doctrinal suivant : le futur avènement du Millenium est certain à présent, depuis qu'en 1854 on sait de Foi, de fide, que la Vierge-Mère est immaculée dans sa Conception. On va d'ailleurs se rendre compte que les théologiens qui rejettent la croyance dans l'Immaculée-Conception de la Vierge-Mère sont les mêmes qui refusent la doctrine du Millenium...
Mais voici cet historique, qui intéresse beaucoup notre sujet, parce qu'il prouve dans les faits qu'une opinion doctrinale partagée au fil des siècles par un grand nombre de théologiens, de Pères, de docteurs, voire de papes, etc., sans que ce grand nombre ne puisse cependant prétendre s'identifier avec l'Église Universelle, n'est pas dotée de l'infaillibilité ecclésiale (ce qui est tout-à-fait le cas pour la thèse qui occupe mon présent article, à savoir que le musulman croit et adore le vrai Dieu Un). Je tire cet historique d'un remarquable petit ouvrage, La Vierge immaculée, histoire et doctrine, Éphrem Longpré, o.f.m., aux Éditions franciscaines, 1939. Je l'avais déjà relaté dans les annexes de mon Bientôt le Règne millénaire, grand historique apologétique sur le millénarisme, que j'avais écrit en 1992 sous la signature pseudonymique Louis de Boanergès.
On va commencer par ce point important : "Dès les temps apostoliques, la croyance de l'Église à la toute sainteté de Marie" (p. 9), est chose déjà parfaitement connue et communément admise... de même donc, que l'espérance en le Millenium partagée majoritairement par les premiers chrétiens durant les trois premiers siècles chrétiens.
"Toutefois, il fallut des siècles d'ardentes spéculations avant de percevoir en pleine lumière que cette foi, si formellement exprimée par la liturgie et la théologie orientales surtout, et perçue avec tant de profondeur et d'émotion par le sens chrétien, contenait le dogme de l'Immaculée-Conception.
"Dès le XIIème siècle, des sentiments divers se manifestent. Aux uns, il paraît impossible de concilier la perpétuelle sainteté de Marie dans sa conception, avec le dogme de la déchéance universelle et la foi au Christ, universel Rédempteur. On s'étonnera toujours de voir saint Bernard lui-même, le héraut de Marie-Médiatrice, se rallier avec éclat au sentiment "maculiste" [= ceux qui ne croyaient pas que Marie était immaculée dans sa conception], dans sa lettre historique aux chanoines de Lyon, vers 1138. D'autres, au contraire, héritiers immédiats de la pensée anselmienne et plus en contact avec la liturgie anglo-saxonne et normande, n'hésitent pas, à l'heure où l'art gothique crée Chartres et Notre-Dame de Paris, à proclamer la non-déchéance de la Vierge.
"Au XIIIème siècle, la situation se modifie avec l'entrée en scène de l'Université de Paris [à tendance "maculiste" et... anti-millénariste], et l'avènement de sa suprématie intellectuelle dans l'Église. Les témoins de l'Immaculée-Conception disparaissent de l'histoire [!], et seul, le puissant évêque de Lincoln, Robert Grossetête, paraît continuer la tradition immaculiste [notons bien la très-significative attitude, par les tenants de l'une ou l'autre opinion, soit adopter la thèse maculiste en même temps que rejeter le joachimisme, qui était un millénarisme abâtardi, ou soit, au contraire, adopter la thèse immaculiste et aussi celle joachimite : 1. L'Université de Paris est en même temps maculiste et anti-joachimite ; 2. L'évêque Grossetête est immaculiste et joachimite ; 3. Le courant général est, à très-grande majorité, pour l'enfouissement voire l'anathème des deux doctrines, immaculiste et joachimite...]. L'autorité de saint Bernard s'impose à la théologie mariale [comme celles des saints Augustin et Jérôme s'imposent à celle eschatologique concernant le Millenium].
"(...) Malgré toute la plénitude et le lyrisme de sa doctrine et de sa dévotion mariale, saint Bonaventure [1217-1274] ne dépasse pas ce sentiment [pro-maculiste], mais le soutient sans réserve. «Il est, à son avis, le plus communément accepté, le plus rationnel, le plus sûr dans la foi, et le plus conforme à la doctrine des saints. Personne, ajoute-t-il, de ceux que nous avons entendu de nos propres oreilles, n'a osé affirmer que la Vierge est exempte du péché originel» (III Sent. ; d. 3, a. 1, q. 2, éd. Quaracci, 1887, III 68) [Là encore, remarquons soigneusement que saint Bonaventure a la même attitude quant à la doctrine eschatologique : dans ses "Hexamoron", il tâche de faire un exposé approchant du joachimisme, mais sans jamais le professer]" (p. 11).
À propos de cet impressionnant : Personne au siècle bonaventurien ne professe plus la doctrine immaculiste quant à la Vierge-Mère bénie, Perrone corrige cependant l'affirmation en faisant remarquer que la thèse maculiste ne faisait que sembler avoir la profession de foi de tout l'univers, en fait, c'était une fausse impression donnée par le grand nombre des scolastiques qui, sur le sujet, ne faisaient que se copier les uns les autres : "Les scolastiques l'agitaient [la thèse maculiste] d'après les principes théologiques reçus alors, avec lesquels la vérité de cette pieuse croyance [immaculiste] était presque inconciliable, et comme l'oiseau suit celui que le précède, ils se copiaient de même mutuellement, comme on le voit en les lisant [... et l'on constate exactement la même chose quant à la doctrine qui veut que le musulman croit et adore le vrai Dieu Un : il n'y a qu'à relire les citations que je fais en tête de mon article des auteurs qui professent cette fausse doctrine pour se rendre compte qu'effectivement, ils se copient les uns les autres dans ce qu'il est convenu scolastiquement de dire]" (Théologie dogmatique, Perrone, t. II, p. 443). Pour autant, il n'en reste pas moins que le vent, nullement soufflé par le Saint-Esprit, était très-majoritairement à la thèse maculiste, il l'était même vent debout, agressivement.
"À sa suite [de saint Bonaventure], tous s'engagent dans la voie de la négation [c'est aussi saint Bonaventure qui a effacé le joachimisme chez les Franciscains...]" (ibid.). Jusqu'à Olivi, pourtant favorable au joachimisme, qui durcit le mouvement maculiste : "L'opposition devient si véhémente qu'il repousse la thèse de la non-déchéance comme une hérésie et une impiété suprême, dans les fragments de ses écrits découverts récemment à Padoue et à Florence" (ibid.). Ainsi, au XIIIème siècle, non seulement la très-grande majorité des docteurs et théologiens est contre la thèse immaculiste, mais même le camp franciscain (qui pourtant, par la suite, va être le plus ardent promoteur du dogme de l'Immaculée-Conception de la Vierge-Mère) : "Pas un écrivain franciscain, au XIIIème siècle, théologien ou mystique, prédicateur ou exégète (sauf dans une certain mesure le Bx Raymond Lulle), qui affirme le dogme en question. En-dehors de l'école franciscaine, la situation n'est guère différente : les hautes gloires de l'école dominicaine, saint Thomas d'Aquin et saint Albert le Grand, et après eux Pierre de Tarentaise et Bombologni de Bologne, adoptent une attitude doctrinale analogue à celle de saint Bonaventure. De même Gilles de Rome et les maîtres du clergé séculier : Gérard d'Abbeville, Godefroy de Fontaines et Henri de Gand lui-même, bien qu'il s'applique, dans un effort dialectique très-appréciable, à placer la sanctification de la Vierge à l'instant même de sa conception et assure qu'elle n'a été sous l'empire de la faute originelle qu'un instant fugace, «non nisi in instanti et transitu». L'accord est si complet que, dans sa lutte contre Duns Scot en 1340, l'un des maîtres les plus brillants de Paris, Jean de Pouilly, déclare solennellement «qu'aucun livre approuvé ou édité par l'Université de Paris avant lui, ne se prononce en faveur de l'Immaculée-Conception»" (pp. 11-12).
Voilà qui se passe de commentaire. La thèse maculiste a donc pour elle une généralité impressionnante d'auteurs les plus recommandables quant à leur orthodoxie, sans cependant que la chose accède à l'universalité... comme celle qui veut que le musulman croit et adore le vrai Dieu Un. Comment, quant à la question immaculiste, la réaction dans le bon sens va-t-elle s'affirmer ? Par un docteur de l'Église complètement isolé, le Bienheureux Jean Duns Scot (v. 1266-1308) : "À chacun sa gloire : ç'a été celle de Duns Scot de se déclarer résolument en faveur du privilège de Marie, à Paris et à Oxford, et de le défendre sur le terrain théologique avec une dialectique triomphante" (p. 12), et l'on verra des théologiens scolastiques s'opposer à lui au nom de "la Physique d'Aristote" (ibid.) ! "Étudiée dans l'ensemble de ses textes, la pensée de Duns Scot sur le problème de l'Immaculée-Conception est d'une unité parfaite. (...) Écrivant en 1302, contre la majorité des docteurs et des mystiques, à l'heure où l'Église n'avait aucunement défini sa position, Scot ne pouvait proposer son opinion que comme une probabilité, en réservant le jugement de l'Église Romaine. Telle est exactement son attitude, sans nul fléchissement [Telle va être également la mienne, à son humble exemple, quant à la thèse que je soutiens en cet article contre l'opinion commune en la matière, à savoir que je nie que le musulman croit et adore le vrai Dieu Un, je vais mieux le dire dans ma conclusion]. Sa dialectique va droit aux objections et ne s'embarrasse point d'arguments sans valeur [... et je pense que la mienne en fait autant !].
"(...) Scot fonde son argumentation sur le dogme de la Rédemption et l'excellence du Christ dans sa fonction médiatrice. Le Christ est un médiateur parfait, dit-il en substance, il convenait qu'Il exerçât un acte de médiation souveraine à l'égard de quelque créature : cet acte ne se réalise que s'il la préserve du péché originel. Loin de soustraire la Vierge à l'influence des mérites du Christ [comme l'en accusaient les scolastiques "maculistes"], un tel acte suppose au contraire une application plus noble et plus efficace de son influence rédemptrice [... et soit dit en passant, voilà qui condamne le double-bémol mis très-inintelligemment par un document magistériel récent, Mater Populi fidelis du 7 octobre dernier, c'est encore tout chaud ça vient de sortir du four, sur la doctrine de Marie co-Rédemptrice : loin que cette doctrine mariale des plus orthodoxes, n'en déplaise au cardinal Victor-Manuel Fernandez approuvé par le pape Léon XIV, fasse obstacle ou écran opaque à la Rédemption du Christ, c'est exactement le contraire qui est vrai, la co-Rédemption de la Vierge-Mère donne le plus grand éclat au dogme de la Rédemption du Christ ― Et derechef, toujours de la même manière et par le même raisonnement théologique vrai, loin que la doctrine du Millenium dévalue la Rédemption du Christ, comme le soutiennent les anti-millénaristes bornés, elle est tout au contraire la manifestation "plus noble et plus efficace de l'influence rédemptrice" du Christ à la terre...]. Exaltation ultime de Marie, la conception dans la grâce et la pureté la plus parfaite dans l'ordre surnaturel, après la sainteté du Verbe Incarné, constitue le plus haut titre de gloire du Christ-Jésus. Or, Duns Scot pose partout ce principe : «J'aime mieux excéder que défaillir dans la louange du Christ»" (ibid.).
Tout ce raisonnement scotiste qui remet si bien à l'endroit (par le haut, par l'Amour divin !) ce que la scolastique bornée avait mis à l'envers par des raisonnements trop discursifs et humains, à base d'êtres de raison, s'applique extraordinairement bien au Millenium. N'est-il pas la manifestation à la terre du summum de l'Amour du Christ ? Notre-Seigneur ne va-t-Il pas lui enlever le revêtement du péché (dont elle revêtue, nous enseigne saint Paul, "non par sa faute" ― Rom VIII, 20), et la remettre dans son premier état immaculé parce qu'Il est tout-puissant et qu'Il nous aime tout-puissamment ? De la même manière qu'il est nécessaire qu'il y ait une créature immaculée, n'est-il pas aussi nécessaire que la Création reprenne le vêtement immaculé qui était celui que le Créateur divin lui avait donné à l'origine des temps, à cause de l'Amour tout-puissant du Christ ? Et, pour fonder ce raisonnement théologique scotiste, n'est-ce pas le lieu de rappeler ici que le Christ épancha de son Sacré-Cœur tout son Amour aux hommes, au soir du Jeudi-Saint : "Jésus, après avoir aimé les Siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin" (Jn XIII, 1), in finem dilexi, ce qui, selon le mot latin, signifie aussi jusqu'à l'excès (car tout Amour véritable est excessif par rapport à la Loi)... Cela ne signifie-t-il pas, après et pour finir l'Immaculée-Conception : jusqu'au Millenium ? Jusques à quand opposerons-nous notre vanité superficielle et notre prétendue sagesse à œillères à la réalité de l'Amour divin du Christ pour nous ?
"J'établis donc, conclut Duns Scot dans son Cours d'Oxford, que la Vierge n'a pas contracté le péché originel, par l'excellence de son Fils en tant qu'Il est Rédempteur, Réconciliateur et Médiateur" (ibid.). On est pareillement fondé de soutenir le même raisonnement quant au Millenium : J'établis donc que la terre n'est pas irrémissiblement souillée par le péché originel, à cause de l'excellence de Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc. (...) Appuyé sur le dogme de la Rédemption et de l'excellence du Christ Médiateur, fondement inébranlable, le raisonnement scotiste suffit, en bonne logique, à ruiner définitivement toutes les oppositions. Pourtant, à la mort du Docteur, le 8 novembre 1308, à Cologne, la lutte ne fait que s'engager : c'est une querelle de Chrétienté qui va se prolonger, dans la suite des siècles, jusqu'à Pie IX" (p. 17). (...) Les oppositions ne manquèrent point. À Paris, Jean de Pouilly, dès 1310, s'élève avec une véhémence tragique contre la thèse de la Conception immaculée et, après s'être acharné à renverser l'argumentation proposée par Scot, il réclame avec fougue, en cas d'obstination, les procédures classiques par le feu qui, à cette date, conduisent au bûcher les Templiers déchus et torturés. Sans déployer ce zèle par trop intempestif, des théologiens de marque et en nombre imposant, se refusent à accepter la thèse scotiste : tels Jean de Naples et Grégoire de Rimini, ce dernier au nom de la théologie augustinienne. Même à l'intérieur de l'Ordre franciscain, l'autorité théologique de Scot ne s'impose point absolument, du moins dans la première partie du XIVème siècle.
"(...) Sans se lasser de cette opposition, sans cesse renaissante, les disciples de Scot diffusent cependant sa doctrine dans la plupart des universités d'Europe" (p. 18). Malgré un certain progrès immaculiste constaté dans le XIVème siècle, la doctrine resta stationnaire "tant que le Saint-Siège réservera son attitude. Or, jusqu'à la fin du XVème siècle, Rome, dans l'expectative, refusera de s'engager dans la direction indiquée par Duns Scot. C'est ainsi que, pour faire pièce aux tendances antiromaines du concile de Bâle, le Saint-Siège refuse d'entériner les décrets de ce concile concernant la doctrine immaculiste. (...) Tout au plus, malgré les réserves de Jean XXII et de Clément VI, qui s'étaient prononcés, à titre de docteurs privés, contre le privilège marial, la fête de la Conception fait-elle son entrée, sans éclat d'ailleurs et sans contenu défini, à la Curie romaine, en Avignon, vers le milieu du XIVème siècle. L'élévation à la tiare de Sixte IV va permettre au Saint-Siège de définir une première fois son attitude. (...) Jusqu'à son pontificat, les luttes autour de la non-déchéance se sont principalement livrées à Paris et à Bâle. Dans la seconde moitié du XVème siècle, elles s'élèvent soudain en Italie avec un caractère agressif qu'elles n'avaient eu jusqu'alors que sous la plume de Jean de Pouilly et de Jean de Montson. Dès 1467, un théologien humaniste fort apprécié, Raphaël de Pornaxi, dénonce la définition du concile d'Avignon ; en 1470, il renouvelle plus directement ses critiques contre la doctrine de la non-déchéance dans son Traité sur les prérogatives de Notre-Seigneur, ce qui lui vaut, l'année suivante, une réfutation du futur Sixte IV.
"Cinq ans après, vers 1475, un collègue des plus doctes, Vincent Bandelli, entre à son tour en scène, et publie, à Milan, un opuscule retentissant où il s'applique à prouver que c'est une impiété de soustraire la Vierge bénie à la loi commune du péché originel. «Ô prodige stupéfiant !, s'écrie-t-il, que quelques va-nu-pieds modernes, pleins de vent et vides de sagesse, aient si facilement saisi ce que les anciens docteurs, illustres par leur sainteté et leur génie, n'ont pas compris ! Enveloppés des ténèbres de l'ignorance, ils dédaignent d'apprendre quel fut sur cette question le sentiment des Apôtres et des Docteurs qu'illuminait la grâce divine ! Égarés et délirants, ils ne voient point que nier le péché originel dans Marie, c'est nier sa Rédemption». On juge de l'émotion soulevée dans la Chrétienté par un manifeste aussi provoquant et qui prétendait s'appuyer sur l'autorité de «deux cents maîtres très-illustres», qu'il énumérait avec éclat [soit dit en passant, les "ralliés" en énumèrent moins pour la doctrine qui veut que le musulman croit et adore le vrai Dieu Un !]. (...) Après de longs débats à la cour pontificale entre Bandelli et le ministre général des Frères Mineurs, Sixte IV se décide à intervenir [et le fera en approuvant un Office marial] où se lit la profession de foi la plus explicite du privilège de la non-déchéance de Marie" (p. 22), le 29 avril 1476. À partir de là, le renversement de tendance va s'affirmer, et l'on verra les immaculistes gagner de plus en plus de terrain jusqu'à Pie IX.
Mais on ira si loin dans l'anathématisation des immaculistes, que le même pape qui avait approuvé l'Office immaculiste, se vit obliger de sévir. "Il intervient donc cette fois avec toutes l'autorité du Saint-Siège, par la célèbre constitution Grave nimis de 1482. Après avoir rappelé «avec douleur» que des théologiens et des prédicateurs «n'ont pas rougi d'affirmer dans leurs prédications populaires et ne cessent de prêcher tous les jours aux foules que ceux qui tiennent et affirment que la glorieuse et Immaculée Vierge-Marie a été conçue sans péché, sont des hérétiques, et que l'Église elle-même ne célèbre pas la conception mais la sanctification de la Vierge», il ajoute : «Nous blâmons et condamnons les affirmations des prédicateurs qui se laissent emporter au point de prétendre que c'est un péché de croire ou de soutenir que la Mère de Dieu a été préservée de la tache originelle. Nous blâmons et condamnons ces affirmations, en vertu de l'autorité apostolique, comme fausses, entachées d'erreur et absolument éloignées de la vérité, ainsi que les livres qui les contiennent»" (pp. 24-25).
"La science franciscaine avait parlé avec Scot, l'autorité pontificale s'était exprimée avec Sixte IV. La sainteté devait élever la voix : son heure se fit attendre longtemps. Elle vint enfin avec l'un des grands apôtres modernes, saint Léonard de Port-Maurice (1751)" (p. 27). On ne saurait évidemment relater au long le valeureux combat de ce saint pour la bonne cause. Citons simplement cet extrait d'une de ses lettres, qui nous remplit d'une émotion profonde : "... Prions avec instance, afin que l'Esprit-Saint inspire à notre Saint-Père le Pape, la volonté de s'occuper avec ardeur de cette œuvre de tant d'importance [de proclamer urbi et orbi le dogme immaculiste], dont dépend le repos du monde : car je tiens pour une chose très-certaine que si l'on rend cet honneur à l'impératrice du monde, on verra à l'instant se rétablir la paix universelle ! Oh, quel grand bien !" Ici, il est évident que, par une vue prophétique, saint Léonard plongeait dans l'ultime aboutissement du dogme immaculiste qui est le dogme millénariste. En ce début du XXIème siècle où j'écris et où vous me lisez, amis lecteurs, on voit en effet assez que la proclamation du dogme de l'Immaculée-Conception en 1854 n'a pas engendré l'immédiate paix universelle sur la terre, mais... qu'en serait-il si l'Église définissait l'ultime aboutissement du dogme immaculiste qui est le dogme du Millenium ? On pourrait croire qu'à l'instant même le Millenium viendrait et que Jésus ne pourrait plus s'empêcher de manifester Sa Gloire à la terre puisque son Épouse la proclamerait ! Certes, l'obscurcissement de la doctrine millénaire dans l'Église par l'abus de la science scolastique est encore plus grand que celui constaté pour le dogme immaculiste, mais n'est-ce pas normal ? L'excès de l'Amour in finem dilexi n'entraîne-t-il pas préliminairement l'excès de l'opprobre ? Il n'en reste pas moins que ce petit historique que je viens de brosser nous permet de constater ceci : pendant plusieurs siècles, l'Église officielle suivie de ses plus grands docteurs et saints voire même de la papauté, soutint l'opinion maculiste...
On a bien compris pourquoi j'ai rappelé longuement et avec force détails, tout cet historique, d'ailleurs en soi passionnant et si instructif par tous les côtés, sur l'Immaculée-Conception de la Vierge-Mère, surtout quand il est couplé à la doctrine du Millenium : une opinion doctrinale dans l'Église professée par une généralité même grande mais souffrant des exceptions ne saurait être couverte par l'infaillibilité ecclésiale, laquelle n'est promise qu'à l'universalité sans faille, dont le signe topique est le Magistère de l'Église. Or, la doctrine qui veut que le musulman croit et adore le vrai Dieu Un est à ranger dans cette catégorie non-infaillible de généralité relative, et non dans l'universalité ecclésiale infaillible.

On voit même de saints docteurs raconter à peu près n'importe quoi sur notre sujet, à cause de leur obscurcissement d'esprit sur la question du Millenium. Ainsi, les "ralliés", plus inintelligents encore que cesdits docteurs inintelligents qu'ils citent, rapportent le commentaire incroyable de stupidité, je suis morfondu et désolé d'avoir à l'écrire mais ce n'est que trop vrai, de saint Robert Bellarmin sur la prophétie de Jérémie XXXI. Mais je cite d'abord son texte bellarminien plus que tiré par les cheveux :
"«Je donnerai ma loi dans leurs viscères, et je l’écrirai dans leurs cœurs, et un homme n’enseignera plus son prochain en disant : connais le Seigneur. Car tous me connaîtront du plus petit jusqu’au plus grand». Je réponds avec saint Augustin dans son livre de l’esprit et de la lettre, 24, que ces paroles (je donnerai ma loi) signifient la grâce du nouveau testament, c’est-à-dire la foi opérant par la charité, que le Seigneur infuse dans nos cœurs, pour que non seulement nous connaissions mais pour que nous observions les commandements divins. Ces paroles (et il n’enseignera plus) signifient la récompense de la foi, c’est-à-dire la béatitude, dans laquelle tous les élus verront Dieu face à face.
"Si quelqu’un veut à tout prix que ces dernières paroles s’entendent de ce siècle, on pourra répondre que le prophète ne parle pas ici des mystères absconds de l’Écriture, mais de la connaissance d’un seul Dieu. À l’époque de l’ancien testament, ce n’était pas seulement les Gentils qui adoraient les faux dieux, le peuple de Dieu lui-même se tournait fréquemment vers les idoles et les faux dieux. Jérémie a prédit qu’il arriverait un temps, celui du nouveau testament, où tous les hommes connaîtraient le Dieu unique, ce que nous voyons maintenant accompli. Car, les Gentils se sont convertis à la foi ; et même s’ils sont impies, les Juifs et les Turcs adorent un seul Dieu" (Les Controverses de la Foi Chrétienne contre les Hérétiques de ce Temps. Tome 1 : Les règles de la foi. 1ère Controverse : la parole de Dieu, écrite ou conservée par la tradition, l. IV. Livre 3 : L’interprétation de la parole de Dieu).
Or, cette prophétie de Jér. XXXI, sur laquelle glose notre saint Bellarmin n'importe comment, annonce les Temps du Millenium qui n'ont, en soi, strictement rien à voir avec ceux du Temps des nations. Ce qui le prouve, c'est que l'économie du Temps des nations a comme assise théologique fondamentale d'être hiérarchisée, hieros - archos, elle est basée sur le commandement sacré, ce que la théologie a synthétisé dans les formules "membres enseignants" et "membres enseignés". Or, Jérémie, de par le Saint-Esprit, nous prophétise tout au contraire, ici, dans son ch. XXXI, un Temps ou économie de salut où, tout au contraire et à rebours, il n'y aura plus de membres dans l'Église à enseigner d'autres membres, car personne ne dira plus à une autre personne : Connais Yahweh, car tous Le connaîtront de par eux-mêmes, les petits comme les grands, sans intermédiaire hiérarchisé. C'est assez dire de manière éclatante et si visible, sauf pour les aveugles scolastiques qui ne veulent pas voir, à l'instar des antiques pharisiens, que cette prophétie, en tout état de cause, ne concerne pas et ne peut pas concerner le Temps des nations, l'économie de salut du Nouveau Testament qui est nôtre, mais regarde le seul Millenium, dont le caractère théologique essentiel sera précisément que la Connaissance de Yahweh sera, par l'Opération ineffable du Saint-Esprit, démocratisée, synodalisée, si l'on peut me permettre l'emploi de ces termes actuellement tellement sulfureux. Vouloir donc appliquer à une chose ce qui lui est antinomiquement opposé, c'est à peu près vouloir appliquer à un rond les attributs d'un carré, et c'est exactement ce qu'on voit saint Robert Bellarmin faire dans sa glose imbécile, par obscurcissement anti-millénariste complet et radical (j'ai donné la véritable exégèse de Jér. XXXI, que je ne fais ici que résumer, dans l'article suivant, auquel on voudra bien se reporter, si l'on veut approfondir cette prophétie très-importante : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-conception-liturgique-pseudo-millenariste-de-mgr-arthur-roche-prefet-de-la-congregation-pour-le-culte-divin-anticipation-vaticandeuse-luciferienne-d-une-nouvelle-economie-de-salut-2?Itemid=1).
Vouloir donc lire une prophétie d'un rond en pensant carré ne peut, on le conçoit aisément, qu'aboutir à se planter complètement, et à tomber, tôt ou tard dans sa glose, dans une erreur grossière et honteuse. Saint Robert Bellarmin n'y manque pas, rien n'éclaire son esprit en effet, de A à Z dans son raisonnement, lorsqu'il finit sa glose absurde en disant que si on applique à notre Temps des nations la prophétie de la Connaissance universelle de Dieu par les humains, qui donc sera seulement le fait advenu du Millenium, cela ne peut vouloir que dire que tous les hommes de ce Temps qui est nôtre... connaîtront le vrai Dieu... y compris bien entendu les pires adeptes des fausses religions (suivez son regard, ou plutôt ne le suivez pas), car la prophétie de Jérémie le veut ainsi puisqu'elle parle de l'universalité des hommes... y compris donc, cqfd, les musulmans.
Or, la prémisse du raisonnement bellarminien étant radicalement fausse, sa conclusion l'est donc tout aussi radicalement : il est évident que l'universalité des hommes de notre Temps des nations ne réalise nullement la prophétie de Jérémie XXXI, il y a une proportion impressionnante d'hommes, bien plus d'une moitié certainement par rapport aux chrétiens, qui ne professent nullement de par leur religion fausse le vrai Dieu, même si l'on prend en compte que certains hommes enfermés dans leur fausse foi religieuse croient cependant au vrai Dieu dans leur for privé connu de Dieu seul, Jér XXXI ne s'appliquera en réalité que dans le Temps du Millenium post-parousiaque où Dieu répandra son Esprit-Saint sur toute chair vivant dans cette nouvelle économie salvifique. De toutes façons, comme je viens de le dire, il est rigoureusement impossible que Jér XXXI concerne notre Temps des nations, puisque non seulement la connaissance de Dieu sera l'universel partage de tous les humains, mais surtout, cette dite connaissance le sera de manière non-hiérarchisée, comme Jér. XXXI l'explicite si bellement et si formellement, ce qui, là, ne supporte aucune équivoque, quant au fait que cela n'est pas réalisé et ne peut théologiquement pas l'être, dans notre Temps actuel des nations dont l'essence est justement d'être hiérarchisée... cqfd. Or, puisque je viens de prouver que c'est à faux qu'on puisse dire que la Connaissance universelle de Dieu est le fait de tous les humains vivant dans notre économie de salut du Temps des nations, il est donc impossible stricto sensu d'en déduire théologiquement, comme le fait saint Bellarmin et nos "ralliés" à sa suite, que les musulmans croient au vrai Dieu.
Je ferai par ailleurs remarquer que saint Bellarmin glose n'importe comment sur la prophétie "Un homme n'enseignera plus son prochain en disant : connais le Seigneur. Car tous me connaîtront du plus petit jusqu’au plus grand", en osant la commenter ainsi : "Ces paroles (et il n’enseignera plus) signifient la récompense de la foi, c’est-à-dire la béatitude, dans laquelle tous les élus verront Dieu face à face". Il est évident, sauf donc pour notre scolastique coincé dans ses petites catégories mentales, que le prophète parle là d'un temps terrestre qui n'a rien à voir avec le Ciel éternel, même en tirant à fond l'élastique d'un sens accommodatice jusqu'à la faire péter, puisqu'il nous entretient d'un homme qui n'enseignera plus un autre homme, cela donc, ne peut s'appliquer au Ciel éternel où il n'y a plus d'hommes (... ni non plus de femmes, ben non, désolé, Mahomet, absolument désolé !), cela a trait à la terre, en tout état de cause, dans quelque économie de salut de son choix on veut en faire l'application...
Pour finir, je dirai, après lecture de ce morceau bellarminien, qu'on comprend mieux maintenant comment les scolastiques se sont plantés, entraînant derrière eux les papes (cependant, de manière non-infaillible), c'est au fond par hérésie aloge. L'hérésie aloge, a-Logos, est le rejet et refus de la Prophétie en Église, elle est déjà connue et sévit déjà dès les premiers siècles chrétiens. Évidemment, une des toutes premières règles de cette hérésie, c'est de rejeter tout Temps ou économie de salut prophétique post-Temps des nations, rejeter la prophétie vétérotestamentaire en lecture première et immédiate obvie dérivée du Saint-Esprit, que Yahweh fait du Millenium, dans lequel, et dans lequel seulement, est prophétisé que tous les hommes auront universellement la Connaissance du vrai Dieu.
Mais comme cette prophétie ne saurait être récusée puisqu'elle vient de Dieu par la sainte-Écriture, alors, comme les scolastiques ont supprimé le seul Temps où elle est destinée à s'accomplir providentiellement, qui est le Millenium post-Temps des nations, ils sont donc bien obligés de l'appliquer à la seule économie de salut que leur hérésie aloge leur fait obligation de croire, à savoir celle du Temps des nations et de Rome son centre, c'est-à-dire notre Temps, l'appliquant donc hérétiquement à un Temps qui théologiquement ne lui correspond absolument pas, qui lui est même antinomiquement opposé quant au modus théologique, ce qu'on voit saint Bellarmin très-clairement faire dans sa glose de Jér. XXXI. Mais, et c'est là que se construit l'hérésie, professer que tous les hommes de notre Temps des nations ont universellement la Connaissance du vrai Dieu oblige donc à professer que, à quelque catégorie de religion ils appartiennent même radicalement fausse, ils n'en croient pas moins, tous, au vrai Dieu, quand bien même on complète en disant qu'ils le feraient par des faux et mauvais cultes. Tout particulièrement bien sûr, la catégorie d'humains très-nombreuse des musulmans, qu'on ne saurait exclure de la croyance au vrai Dieu sans récuser que l'universalité des humains croient au vrai Dieu dans notre Temps des nations.
C'est ainsi que partant d'une prémisse très-fausse, les scolastiques finissent par aboutir à une conclusion radicalement hérétique et surtout à vocation de finir apostate et anté(i)christique, dans la Babel des religions et le règne de l'Antéchrist-personne... comme ne le montre que trop l'atroce formule du pape François, ultime perversion achevée, aboutie, finalisée, de la pensée hérétique qu'on est en train d'étudier, véritable abomination de la désolation dans le Lieu-Saint : "LA DIVERSITÉ DES RELIGIONS EST UNE SAGE VOLONTÉ DIVINE, PAR LAQUELLE DIEU A CRÉÉ LES ÊTRES HUMAINS" (déclaration d'Abu-d'Ahbi du 4 février 2019). Si, en effet, on veut que dans le Temps des nations qui est nôtre, tous les hommes, universellement, croient au vrai Dieu quoiqu'on soit bien obligé de prendre acte que la majorité d'entre eux soient enfermés dans une fausse religion, alors, ce qui compte, ce n'est plus la fausse religion mais le fait que tous les hommes croient au vrai Dieu. Dès lors, il n'y a plus qu'un pas à franchir pour dire qu'en définitive, lesdites religions fausses, simples écorces des choses sans aucune valeur, pourraient bien être elles-mêmes voulues par le Bon Dieu pour respecter le caractère spirituel particulier dominant de chacune et toutes les races humaines, différent selon lesdites races, puisqu'en fait elles n'ont aucune importance, n'empêchant nullement l'universalité des hommes de croire au vrai Dieu, donc de pouvoir assurer leur salut éternel.
Tirez en effet la chevillette...
J'ai lu par ailleurs, toujours dans la boîte de Pandore des "ralliés", que si l'on récuse que le musulman croit au vrai Dieu pour la raison qu'il ne croit pas au dogme de la Très-Sainte Trinité qui est à la fois Un et Trine, alors il faut en dire autant des orthodoxes grecs schismatiques qui ne professent pas non plus une doctrine exacte sur la Très-Sainte Trinité, récusant quant à eux la Procession du Saint-Esprit, émanant et du Père et du Fils. Or, bien sûr, c'est impossible de dire que les orthodoxes grecs ne croient pas au vrai Dieu, quoique se trompant quant au dogme de la Très-Sainte Trinité. Donc, cqfd, le même raisonnement est à faire pour les musulmans, également : quand bien même ils ne croient pas au dogme Trinitaire, ils n'en croient pas moins, comme les orthodoxes grecs schismatiques, au vrai Dieu.
L'objection, une fois de plus, ne tient pas la route et fait pschiiiiiiiit. On ne peut effectivement pas dire que les orthodoxes grecs, qui ne croient pas à la Procession du Saint-Esprit émanant du Père et du Fils, ne croient pas au vrai Dieu, mais uniquement parce que le dogme de ladite Procession pneumatologique, quoique très-important, est second, et non primordial à l'essence divine, comme l'est le dogme de la Trinité que récusent en bloc et in globo les musulmans. Ainsi donc, les orthodoxes grecs, quand bien mêmes ils sont hérétiques quant à la Procession du Saint-Esprit, n'en croient pas moins au vrai Dieu, mais pas les musulmans qui rejettent le dogme de la Trinité. Pour satisfaire théologiquement à l'acte de croyance au vrai Dieu, en effet, il faut et il suffit de croire à la fois et en même temps, et au dogme de l'Unité divine, et à celui de la Trinité des Personnes divines, cela seul est requis, mais absolument requis. Or, l'orthodoxe grec croit effectivement bien à l'Unicité divine, et il croit aussi au dogme trinitaire des Trois Personnes divines. C'est pourquoi son cas n'est pas assimilable à celui du musulman. Par contre, l'hérétique Arius ne pouvait pas être dit croire au vrai Dieu, car son hérésie sur le Fils de Dieu était trinitaire avant d'être christologique, il professait en effet que Dieu le Fils, Deuxième Personne de la très-sainte Trinité qui donc s'était incarnée en Jésus-Christ, avait été créé par le Père, ou du moins qu'Il était d'une substance divine inférieure à celle du Père, en fait seul vrai Dieu existant pour Arius (il faisait par ailleurs le même raisonnement hérétique pour le Saint-Esprit que pour le Fils). Ce grand hérésiarque s'avérait être carrément, en fait, un monothéiste non-trinitaire tout-à-fait assimilable, théologiquement parlant, au musulman.

Autre fausseté fort grave des "ralliés". Ils arguent mensongèrement (à les lire, on est obligé, avec affliction et sainte-colère, ils fatiguent vraiment les nerfs, de constater qu'ils n'arrêtent pas de se mentir à eux-mêmes avant de mentir à ceux qu'ils trompent...), qu'Abraham ne croyait pas à la Trinité, ils ne croyaient qu'à l'Unicité du Dieu. C'est pourquoi, selon eux, les papes modernes ont donc bien raison de dire qu'Abraham est le père des monothéistes, que ceux-ci croient ou bien non au dogme trinitaire, c'est-à-dire qu'ils soient chrétiens, juifs ou musulmans... Or donc, je continue leur raisonnement basé sur le mensonge, puisque la Foi nous enseigne qu'Abraham croyait au vrai Dieu quoique ne croyant qu'à l'Unicité divine, la même conclusion est à retenir pour le musulman qui, ne croyant lui aussi qu'à l'Unicité divine, croit donc effectivement comme Abraham au vrai Dieu. Malheureusement pour lesdits "ralliés" qui ne cessent de prostituer leur Foi aux pires déviances modernes par le mensonge, le raisonnement est faux à la base : Abraham croyait, à tout le moins inchoativement, au dogme de la Trinité divine, il savait que Dieu était composé de Trois Personnes divines. La révélation lui en avait été faite magistralement et sans voile à Mambré, dans ce qui est un des chapitres les plus touchants de la Sainte-Écriture :
"Le Seigneur apparut à Abraham en la vallée de Mambré, lorsqu'il était assis à la porte de sa tente dans la plus grande chaleur du jour.
"Abraham ayant levé les yeux, trois hommes lui apparurent, debout près de lui. Aussitôt qu'il les eut aperçus, il courut de la porte de sa tente au-devant d'eux, et se prosterna en terre [Il y a ici, que le juif et l'arabe ne manquent pas de le remarquer avec grand'soin, une révélation vétérotestamentaire du Dieu Un en Trois Personnes, c'est-à-dire du vrai Dieu : Abraham en effet, et toute son attitude le dit tellement bien, de manière si émouvante, comprend très-immédiatement, lorsqu'il voit ces "trois hommes", qu'il est en présence de Dieu, et c'est pourquoi il va tout-de-suite Les adorer...].
"Et il dit : Seigneur, si j'ai trouvé grâce devant Vos yeux, ne passez pas devant Votre serviteur sans Vous arrêter.
"Je Vous apporterai un peu d'eau pour laver Vos pieds, et Vous Vous reposerez sous cet arbre ;
"Et je Vous servirai un peu de pain pour reprendre Vos forces ; et Vous continuerez ensuite Votre chemin : car c'est pour cela que Vous êtes venus vers Votre serviteur. Ils lui répondirent : Faites ce que vous avez dit.
"Abraham entra promptement dans sa tente, et dit à Sara : Pétrissez vite trois mesures de farine, et faites cuire des pains sous la cendre.
"Il courut en même temps à son troupeau, et il y prit un veau très tendre et excellent qu'il donna à un serviteur, qui se hâta de le faire cuire.
"Ayant pris ensuite du beurre et du lait, avec le veau qu'il avait fait cuire, il le servit devant eux ; et lui, cependant, se tenait debout auprès d'eux sous l'arbre.
"L'Un d'eux [... comme il est trinitairement révélateur, ce scripturaire "L'Un d'eux" !] dit à Abraham : Je reviendrai vous voir dans un an, en ce même temps, et Sara votre femme aura un fils, etc." (Gen XVIII, 1-10).
Il est donc clair qu'Abraham, et après lui, Moïse, avait la révélation de la Trinité des Personnes en Dieu, Foi qu'ils ont universellement transmise pendant des siècles à tous les juifs antiques précédant la Venue de Jésus-Christ. Le vrai juif avant le Christ croit au moins inchoativement à la Trinité en même temps qu'au Dieu Un, et donc croit au vrai Dieu comme Abraham, et c'est pourquoi, devant ce juif édifiant, à la Foi pure et pleine d'énergie spirituelle, Jésus, admiratif, dit (à propos de Nathanaël, qui deviendra un des douze Apôtres, saint Barthélémy) : "Voici un véritable fils d'Israël, un homme qui ne sait pas mentir, en qui ne se trouve point de fraude" ― Jn I, 47). Dans le si bel et spirituellement profond épisode de Mambré, où l'on voit Abraham se mettre en quatre et même en huit, d'une manière si édifiante, pour bien recevoir les trois Hôtes divins qui se présentent à la porte de sa tente, qu'il reconnaît tout-de-suite être Dieu et qu'il appelle indistinctement "Seigneur", il est révélé très-clairement à Abraham l'existence des Trois Personnes divines en Dieu. La vraie religion juive issue d'Abraham, prédestinée à faire bon accueil à Jésus-Christ Fils de Dieu et Dieu Lui-même, professe en effet le dogme de la Trinité divine. La notion de Parole ou Verbe de Dieu en tant qu'entité divine spécifique mais intégrée à la Divinité unique, était en effet parfaitement connue des vrais juifs de l'Antiquité, pieux et droits avec leur Foi, tels Nathanaël ou Nicodème ou encore Joseph d'Arimathie, que Jésus était heureux de pouvoir honorer.
Tandis que le juif après le Christ, le juif talmudique, par haine de la Révélation évangélique où Jésus révèle très-clairement les Trois Personnes divines (par exemple et très-notamment dans la formule du baptême : "Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit" ― Matth XXVIII, 19), va cesser de croire au dogme divin trinitaire, se confinant hérétiquement dans la croyance à un Dieu un qui ne pourra plus, dès lors, qu'être métaphorique. Puisqu'en effet les juifs judaïques refusent la Messianité de Jésus, messianité qui révèle qu'Il est le Fils de Dieu, c'est-à-dire une Personne divine distincte de Dieu son Père que Jésus invoque sans cesse dans l'Évangile, distincte également de l'Esprit de Dieu, autre entité divine elle aussi évangéliquement invoquée par Jésus-Christ, les trois Personnes formant la Très-Sainte Trinité, alors, ils ne pouvaient subséquemment que rejeter le dogme de la Très-Sainte Trinité divine trop imbriquée et liée à Sa Bonne Nouvelle messianique, où Il s'annonçait en Fils de Dieu incarné différent du Père. Ce n'est qu'à partir du IIème siècle de notre ère chrétienne que les juifs, devenus judaïques par leur rejet de Jésus-Christ et de sa Révélation qui incluait le dogme trinitaire divin, ne voudront plus croire et ne croiront plus à la Trinité divine ni non plus, bien sûr, à la Divinité du Messie... Et en cela, dont ils contamineront la croyance arabe (car le Coran est l'œuvre de juifs talmudiques), les juifs, après le passage du Christ sur cette terre et singulièrement chez eux, ne peuvent plus être dits croire au Dieu vrai. Ni le juif talmudique post-christique, ni le musulman post-talmudique, ne peuvent plus être dits croire au vrai Dieu Un, c'est pourquoi ils ne peuvent donc plus être dits fils d'Abraham quant à la Foi, comme les papes modernes mentent effrontément et scandaleusement en le disant (par exemple, François, dans son voyage en Irak, du 5 au 8 mars 2021).
Abraham, ecclésialement, messianiquement et théologiquement, n'est le père spirituel que de la SEULE religion monothéiste VÉRITABLE parmi les trois en présence, à savoir celle chrétienne, qui professe, et la Divinité de Jésus-Christ Fils de Dieu incarné et Messie de tous les hommes, et la Trinité des Personnes divines en l'Unicité intégrale de Dieu. Car c'est seulement ainsi, en professant ces deux dogmes, qu'on est un VRAI monothéiste. Ce n'est plus seulement que racialement, et non religieusement, qu'Abraham est père des juifs et des arabes, selon que la Genèse en fait certes le récit très-précis dans ses ch. XV à XVIII & XXI, en engendrant d'abord avec la servante Agar, Ismaël, le père des arabes, et en engendrant ensuite avec sa femme légitime Saraï, Israël, le père des juifs. Faire l'amalgame, comme n'ont pas honte de le faire les papes modernes vaticandeux, entre le racial et le religieux, en trichant au préalable sans vergogne sur la Foi d'Abraham qui, soit disant, ne serait que monothéiste sans être trinitaire, est une erreur si grossière, qu'il faut vraiment être à notre temps tout donné à "la puissance des ténèbres" antéchristiques, pour qu'elle puisse faire figure de vérité parmi les enfants des hommes, et ne pas crouler immédiatement sous le ridicule et les lazzis...

Je vais donner maintenant le lien d'un remarquable article de théologie, signé Maxime Georgel (... et tant pis s'il a l'air d'être protestant voire même calviniste : comme j'aurai voulu trouver un si bel et savant article sous la signature et plume d'un scolastique catholique !), qui prouve magnifiquement tout ce que je viens de dire, à partir des textes juifs antiques (cf. https://parlafoi.fr/2017/08/14/les-juifs-antiques-croyaient-ils-en-la-trinite/), et en citer de larges extraits, mais il faut absolument que le lecteur lise en entier tout l'article, qui n'est pas très-long, article tout-à-fait exceptionnel pour notre sujet, qui est de pourfendre radicalement la mauvaise foi des juifs judaïques béni-oui-oui par les papes modernes depuis le scandaleux décret Nostra Aetate de Vatican II.
L'auteur commence par fort bien brosser la problématique d'ensemble, ainsi : "Il est vrai que la doctrine de la Trinité a été précisée et précisément définie uniquement par les chrétiens car ils ont reçu une révélation plus claire par l’Incarnation du Fils. Mais il est faux de penser que cette doctrine s’opposait aux attentes juives au sujet du Messie. Nous montrerons ainsi que ceux-ci attendaient un Messie qui est Dieu d’un côté, et de l’autre que ceux-ci croyaient en un Dieu multi-personnel".
Et il poursuit : "Un aveu des spécialistes Juifs.― Le Docteur Juif Benjamin Sommer, dans sa conférence au sujet des «corps de Dieu» affirme que les Juifs ont tort de se moquer des chrétiens trinitaires puisque cette doctrine tire son origine du judaïsme antique. Celui-ci donne des exemples de textes Juifs qui confessent un Dieu en trois personnes. Il admet même que lorsqu’il faisait ses recherches pour écrire son livre à ce sujet, il n’avait pas du tout pour but de prouver que les juifs étaient trinitaires mais c’est la conclusion auquel il dit être forcé par soucis d’honnêteté intellectuelle.
"Nous présenterons donc ici des anciens textes juifs qui appuient les affirmations de ce docteur et invitons nos lecteurs à écouter sa conférence en entier.
"Le Métatrôn ou Ange de l’Éternel.― Commençons donc par le Talmud Babylonien. Dans ce Talmud Babylonien 38b, en commentant Exode 24:1, le rabbin signale que quand Dieu dit «monte vers l’Éternel» (et non «monte vers moi»), il parle du Métatrôn et non de Lui-même. Le Métatrôn est un titre du messager le plus élevé de Dieu, celui que l’Ancien Testament appelle «Ange de l’Éternel». Ainsi, le rabbin attribue à ce Messager le nom YHWH, le Nom que Dieu a révélé à Moïse comme étant Son Nom propre.
"Et nous ne devons pas nous tromper ici, ce n’est pas parce que le titre d’ange lui est donné qu’il est considéré comme un être créé. Le mot Mlak en hébreu que nous traduisons par Ange signifie simplement Messager ou Représentant. Ainsi quand Jacob envoie des messagers à son frères Esaü en Genèse 32:3, le mot hébreu utilisé est le pluriel de Mlak, le pluriel d’ange. C’est ainsi que le rabbin pouvait dire que le Messager de Dieu est YHWH, l’Éternel.
"Le spécialiste Juif Nahum Sarna reconnait ainsi : il est clair que dans plusieurs textes, la distinction entre Dieu et son Ange s’estompe (Gen. 16:7-9, 11; 22:11-12, 15-18; Exod. 3:2, 4; Jug. 6:11-23). Lors de l’Exode hors d’Égypte, c’est tantôt Dieu (Exod. 13:21), tantôt son Ange (14:9) qui mène le camp des Israélites (Nahum Sarna, Genesis, The JPS Torah Commentary, page 383)".
Ce qui signifie formellement que le juif antique perçoit déjà deux Personnes divines en Dieu. Ici, il n'est pas inutile de noter que saint Hilaire de Poitiers (315-367) professe aussi exactement la même doctrine que nos bons juifs antiques, lorsqu'il considère l'Ange de l'Éternel dans l'Ancien-Testament comme étant le Verbe de Dieu Lui-même, la deuxième Personne de la Sainte-Trinité divine, c'est ce qu'il dit dans son Traité sur la Trinité. Mais continuons à lire la fort intéressante étude :
"De même, le Targum juif parle d’une certaine entité appelée Memra (ou Parole) de Dieu qui est une personne distincte de Dieu, mais qui partage les attributs de Dieu. Ainsi le Targum, en expliquant de nombreux passages de la Bible qui décrivent une action de Dieu, dit que c’est en fait la Parole de Dieu qui est à l’œuvre". Et de citer dans un tableau impressionnant, vingt occurrences bibliques qui le montrent, prises dans la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome, les Juges, Josué et Isaïe. Puis, de continuer : "Ainsi, le Targum affirme que la Memra de Dieu crée l’homme, révèle les 10 commandements, sauve Israël, assiste Moïse, etc., lui attribuant ainsi des actions divines tout en la distinguant de YHWH. Il est clair aussi que la Parole de Dieu est une personne pour les Juifs antiques. L’Ange (ou la Parole) de Dieu sont ainsi, dans le Targum, ce qui permet d’être en relation avec Dieu".
Les juifs antiques discernent aussi l'Esprit de Dieu, le Saint-Esprit, comme entité divine différente du Père créateur et de son Verbe :
"Mais le Targum connait aussi une troisième entité, appelée Saint-Esprit, intercédant entre l’Éternel et Israël. Ainsi le Docteur Michael Brown dit : «Lamentations Rabbah 3:60,9 rapporte qu’après que l’empereur romain Hadrien ait exécuté deux Juifs, le Saint-Esprit se mit à crier Tu as vu, Ô Éternel, le mal qui m’est fait. Prends en main ma cause ! Tu vois leur vengeance, leurs complots contre moi. Voilà un exemple du Saint-Esprit intercédant. Selon Lévitique Rabbah 6:1, le Saint-Esprit est un conseiller-avocat qui parle de la part du Seigneur à Israël et de la part d’Israël au Seigneur… Dans toutes ces citations, qui peuvent être facilement multipliées (voyez par exemple, Genèse Rabbah 84:11 ; Cantique des cantiques Rabbah 8:16, Lamentations Rabbah 1:48), il est clair que le Saint-Esprit est considéré comme une personne, un qui et non un quoi, avec une dimension personnelle et non simplement un pouvoir impersonnel. Il est considéré comme Dieu Lui-même et toutefois comme une entité distincte de Dieu qui peut intercéder entre Dieu et l’homme» (Dr. Michael Brown, Answering Jewish Objections to Jesus, volume 2, Page 55-56).
"Philon d’Alexandrie [-20-45], un juif Alexandrin [qui vit donc exactement au temps de Jésus-Christ], dit aussi, dans ses écrits, qu’il existe trois Figures Divines dans l’Ancien Testament qui font ce que Dieu seul fait. Il parle premièrement, comme le Targum, de la Parole : « … par la Parole, la cause de toutes choses, par qui tout a été créé» (Philon d’Alexandrie, Les sacrifices d’Abel et de Caïn, 8).
"Il suggère aussi que le Messie, dont il est question en Zacharie, ne serait pas un simple homme, mais une personne divine : «… Voici, un homme dont le nom est Orient !» (Zacharie). Voilà une appellation nouvelle, si vous considérez que cela est dit d’un homme fait d’un corps et d’une âme; mais si vous considérez que cela concerne un être incorporel qui ne diffère en rien de l’Image Divine, vous reconnaitrez que le nom d’Orient fut donné à celui qui est bienheureux. Car le Père de l’univers l’a causé à apparaitre comme Fils Ainé, celui qu’il appelle ailleurs le Premier-né, qui, étant ainsi né, imitant les voies de son Père, a formé telle et telle espèce» (Philon d’Alexandrie, Sur la Confusion des Langues, 14.62-63). Il fait donc un lien entre les prophéties de Zacharie sur le Messie et la figure de l’Image, du Premier-né, du Fils, c’est-à-dire de la Parole.
"Le spécialiste juif Alan F. Segal remarque au sujet de Philon : «Philon affirme que le logos (la Parole) était le partenaire de Dieu dans la création. Ainsi, il appelait le logos, le Commencement, le Seigneur des anges, et plus significativement, le Nom de Dieu. Puisqu’il voyait le logos comme une émanation de Dieu, il pouvait en parler comme de sa descendance, ou comme le premier-né de Dieu. Il était considéré comme immortel, un homme céleste, vrai père de l’humanité» (Alan F. Segal, Two Powers in Heaven, [Brill Academic, 2002], p. 173 quoting Leg. All. Iii, 96 ; Conf. 146; Agr. 51 ; Fug. 72, etc.).
"Des rabbins du second siècle rapportent des croyances similaires venant de la période du Second Temple et de la période Tannaïtique.
"De même, pour Philon, le Saint-Esprit est Divin (Sur les Géants, chapitre 11), il viendra demeurer dans des personnes pour les aider à faire la volonté de Dieu (Les Lois spéciales, I, 54), il sera répandu sur des personnes (Sur les Vertus, 39), il conduira les personnes à chercher Dieu et à l’adorer (Les Lois spéciales, I, 48).
"Enfin, Philon rapporte, au sujet de Genèse 18:2 où l’Éternel apparait à Abraham et celui-ci en levant les yeux voit trois hommes, une tradition juive disant que ces trois sont Dieu. Il dit : «Il est raisonnable que l’un soit trois et que les trois soient un» (Philon d’Alexandrie, Sur Abraham, 199-122).
"Le Messie s’appelle YHWH (l’Éternel)
"Des spécialistes modernes Juifs comme Daniel Boyarin et Alan F. Segal ont prouvé dans leurs livres que les Juifs pré-Chrétiens et non-Chrétiens au début de l’ère chrétienne affirmaient que le Dieu unique était constitué de multiples personnes, rapporte Reformed Apologetics Ministries."Boyarin conclue au sujet des anciens Juifs : «(Ils) croyaient que Dieu avait un Adjoint ou Émissaire ou même un Fils divin, exalté au-dessus des anges, qui agissait comme intermédiaire entre Dieu et le monde dans la création, la révélation et la rédemption» (Daniel Boyarin, The Jewish Gospels, The New Press, 2012).
"Les recherches d’Alan F. Segal, un Juif non-Chrétien, se résument ainsi : «Les anciens Israélites connaissaient deux YHWH – l’un invisible, un esprit, l’autre visible, souvent sous forme humaine. Parfois les deux YHWH apparaissent ensemble dans le texte, parfois ils sont distincts, parfois non. (…) Ils ne voyaient pas cela comme une violation du monothéisme car les deux étaient YHWH. Il n’y avait donc pas de second dieu distinct gérant le cosmos [comme dans le manichéisme]. Durant la période du Second Temple, les théologiens et écrivains juifs ont spéculé sur l’identité du second YHWH. (…) Ces spéculations n’étaient pas vues comme non-orthodoxes. Toutefois, les choses changèrent lorsque certains Juifs, les premiers Chrétiens, ont fait la connection entre Jésus et ce concept juif orthodoxe [de second YHWH]. Cela explique pourquoi ces Juifs, les premiers convertis à suivre Jésus le Christ, pouvaient adorer simultanément le Dieu d’Israel et Jésus tout en refusant de reconnaître un autre dieu. Jésus était le second YHWH, le YHWH incarné. En réponse à cela, comme le montre Segal, le judaïsme a rejeté comme hérésie l’idée des deux pouvoirs (célestes) au second siècle après Jésus-Christ» (Michael S. Heiser, Two Powers in Heaven).
On voit donc ici à quel point sont coupables les juifs judaïques du temps de Jésus, qui oseront Le faire mourir sous le motif qu'Il s'était dit Dieu, ce qu'Il était réellement, puisque leur tradition doctrinale la plus pure professait que le Messie serait Dieu...
"En appelant le Messie YHWH [donc, en l'identifiant formellement à Dieu], ils ne faisaient en fait que reprendre ce que les prophètes eux-mêmes avaient annoncé : «Je susciterai à David un germe juste ; il règnera en roi et prospérera, il pratiquera le droit et la justice dans le pays. En son temps, Juda sera sauvé, Israël aura la sécurité dans sa demeure. Et voici le nom dont on l’appellera : YHWH notre Justice» (Jér. 23:5-6). Ce passage de Jérémie 23:6 n’est pas appliqué au Messie par les Chrétiens uniquement mais ce sont les Juifs eux-mêmes qui appliquaient ce verset au Messie : «Dieu appellera le Roi-Messie par son Nom, comme il est dit Voici le nom dont on l’appellera : Yahvé, notre Justice» (Midrash Rabba sur les Psaumes, chapitre 21). Et encore : «Quel est le nom du Roi-Messie ? Rabbi Abba Bar-Kahana a dit : YHWH est son Nom, ainsi qu’il est écrit : voici le Nom dont on l’appellera, YHWH, notre Justice» (Midrash Rabba sur les Lamentations, chapitre 1, verset 16). Cela est confirmé par le Talmud : «Concernant le Messie, voici le nom dont il sera appelé : YHWH notre Justice» (Talmud de Babylone, Baba Bathra75b), ainsi que par le Midrashei Ge-oula : «Et le Messie fils de David s’assiéra dans la Yéchiva d’en haut, par le Saint, béni soit-Il, et il sera appelé YHWH, comme est d’habitude appelé son Possesseur (le possesseur du Nom), ainsi qu’il est écrit, et voici le Nom dont il sera appelé : YHWH notre Justice» (Pirqei Mashiah, Midrashei Ge-oula.
"Dans le Midrash des Psaumes, il est écrit que Dieu appelle le Messie de Son Nom, et quel est Son Nom ? La réponse donnée est : «YHWH, Homme de guerre» (Exode 15:3).
"Le nom d’un individu fait référence à son identité-même, sa personne, son être. Dire que le Nom de Dieu est en quelqu’un ou que quelqu’un porte le Nom de Dieu, c’est dire qu’il est Dieu. C’est comme si un musulman disait que le Messie s’appelle Allah.
"Ainsi, il est reconnu que les textes Juifs attribuaient le Nom de Dieu, et par cela l’identité de Dieu, au Messie.
"Mais, là encore, laissons la parole à un rabbin très apprécié des prosélytes musulmans, Moïse Ben Maimoun, aussi appelé Maïmonide.
"Maïmonide dit que le Nom YHWH est le seul qui fait explicitement référence à l’essence de Dieu, son Être-même, sa nature. Et ce nom est celui du Messie. Tous les autres noms ne sont que relatifs ou dérivés, c’est-à-dire lié à une action divine. Par conséquent, la manière la plus explicite de dire que le Messie est Dieu c’est de dire que son nom est YHWH. Même si l’on dit «le Messie est Dieu (Elohim)», cela est un nom dérivé, moins explicite que si l’on dit «le Messie est YHWH». Maïmonide rajoute : «En somme, ce qui fait que ce Nom a une si haute importance et qu’on se garde de le prononcer, c’est qu’il indique l’Essence-même de Dieu de sorte qu’aucun être créé ne participe à ce qu’il indique» (Maïmonide, Guide des égarés, chapitre 61).
"Si aucun être créé ne participe à ce Nom et que le Messie le porte, permettez-nous de conclure que le Messie n’est pas créé. Encore une fois, le tétragramme [= YHWH] désigne exclusivement l’essence divine, les Juifs l’ont bien compris. Et les anciens textes Juifs donnent ce Nom au Messie, en accord avec le témoignage des prophètes.
"Si personne, si ce n’est Dieu, ne peut être porteur de ce Nom et que le Messie le porte, cela ne nous laisse que peu d’options quant à l’identité du Messie.
"Et pourtant le Messie s’appelle YHWH, toujours selon les rabbins. Il apparait alors clairement que pour ces rabbins le Messie n’est pas «quelque chose d’autre» que Dieu. Il est Dieu. C’est ainsi que le Rabbi Simeon Ben Jochai, en commentant le Zohar, dit : «Il existe un homme parfait, qui est un Messager. Ce Messager est le Metatrôn, le Gardien d’Israël ; Il est à l’Image du Saint, béni soit-Il, qui est une émanation de Lui. Oui, il est YHWH ; de lui on ne peut pas dire qu’il est créé, ni formé, ni fait ; mais il est une émanation de Dieu. Cela s’accorde avec ce qui est dit par Jérémie. (…) Il est YHWH notre Justice» (Jérémie 23:5-6)» (Rabbi Simeon ben Jochai. The Propositions of the Zohar, cap. 38, Amsterdam edition)".
L'auteur rapporte plusieurs autres témoignages des juifs anciens, prouvant que la doctrine de la Divinité du Messie était parfaitement connue des juifs anciens jusqu'à l'époque de Jésus, puis, il poursuit :
"C’est dans ce contexte religieux que le Christianisme est apparu et c’est pour cela que les premiers chrétiens ont identifié Jésus comme étant ce deuxième qui est Yahweh (Jean 1:1-3, 10; Colossiens 1:15-17, Hébreux 1:8, 10-12).
"Le spécialiste J. C. O’Neill écrit donc : «Il n’y a aucun doute quant au fait qu’il existait des Juifs avant Christ qui reconnaissaient que, bien que Dieu soit Un, il est aussi Trois» (J. C. O’Neill, Who Did Jesus Think He Was ?, Brill 1995, p. 94).
"Conclusion
"En regardant les sources juives ainsi que leurs analyses faites par des spécialistes et docteurs tant Juifs que Chrétiens, une conclusion s’impose : la notion d’un Dieu multi-personnel n’est pas une idée inventée par les chrétiens ni volée aux païens.
"Comme nous l’avons dit, ce sont eux qui ont formulé précisément la doctrine trinitaire, mais ils ont derrière eux une longue tradition juive reconnaissant un Ange/Parole/Fils/Sagesse et un Esprit appelés, avec le Père, Yahweh, et accomplissant des œuvres divines. Leur relation avec le Père étant décrit comme “procédant de” Lui ou “émanant de” Lui. Ainsi, sans confesser explicitement la Trinité, ils allaient dans le sens de celle-ci, la formulaient comme en balbutiant.
"Une formulation imprécise qui essaye de rendre cohérentes les données de l’Ancien Testament. ― L’éclairage du Nouveau Testament permettra aux Chrétiens de confesser avec une précision admirable ces vérités. Et c’est en réaction aux chrétiens que les Juifs [judaïques] ont changé leurs interprétations [à cause de leur haine de Jésus-Christ], progressivement, tout au long du Moyen-Âge, comme en témoignent les pères de l’Église comme Justin Martyr, contemporain des premiers changements d’interprétation".
(fin de citation)
On saisit mieux à présent, à quel point d'apostasie incroyable sont rendus les papes modernes depuis Vatican II, en prétendant que les juifs judaïques sont monothéistes, et donc eux aussi fils spirituels d'Abraham, puisque le VRAI monothéisme inclut obligatoirement le dogme trinitaire ainsi que celui de la Divinité du Messie... au rapport même des juifs de l'Antiquité... desquels, très-mensongèrement, les juifs judaïques post-christiques prétendent tenir leur doctrine d'un monothéisme non-trinitaire et non-messianique !
Or, cette foi nouvelle et hérétique du juif judaïque post-christique, qui, si l'on va en son fond théologique, pourrait même être considérée comme, pardon pour l'oxymore, un athéisme transcendant, une sorte d'adoration gnostique de l'Inconnaissable, il la transmettra via le Coran aux arabes qui deviendront les musulmans non-trinitaires et non-messianiques en tant qu'ils refusent de croire à la Divinité de Jésus, leur communiquant par ailleurs non seulement leur péché mais la condamnation de leur péché, à savoir que ni les juifs talmudiques ni les musulmans post-talmudiques ne peuvent plus être dits croire au vrai Dieu, comme les scolastiques modernes et anciens blasphèment, prostituent et apostasient eux-mêmes leur Foi en le prétendant.

De plus, ... et quel plus !, non seulement, comme on vient de le voir, le Dieu prétendument Un des musulmans ne l'est pas puisque leur monothéisme n'est ni trinitaire ni messianique, mais leur conception métaphysique de ce Dieu Un en tant que telle est radicalement fausse, même si l'on fait abstraction de leur non-trinitarisme et de leur non-messianisme.
En effet, contrairement à ce qu'affirme leur Coran (= "Dites-leur [aux gens du Livre] : «Nous croyons à ce qui nous a été révélé et à ce qui vous a été révélé. Notre Dieu et le vôtre ne sont qu’Un. Et nous Lui sommes soumis» (sourate 29, 46), leur conception du Dieu Un, abstraction faite du trinitarisme et du messianisme, est radicalement différente du Dieu Un catholique, c'est-à-dire du Dieu Un véritable.
Premièrement, le Dieu Un musulman n'est pas un Père. Or, si le Dieu Un n'est pas un Père, il n'est pas Dieu du tout, car le Père n'est pas un accident, un attribut du Dieu Un qui, si on le supprime, n'attente en rien à l'intégrité parfaite de l'essence du Dieu Un, comme si on enlève un vêtement à une personne, celle-ci reste intégralement la personne qu'elle est, le Père est au contraire un des Noms du Dieu Un en tant qu'essence, ce qui veut bien sûr dire que si on rejette de conceptualiser le Dieu Un par le Père, alors, ce prétendument vrai Dieu Un n'est plus rien du tout, ce n'est plus qu'un grand vide métaphysique.
Or, "Allah rejette catégoriquement toute paternité à l’égard de sa création (5, 18). La seule relation possible de la créature avec Allah est celle d’esclave à maître : «Il ne sied pas au Tout-Clément d’avoir un enfant ! Il n’est pas (un seul être), parmi ceux qui sont dans les cieux et sur terre, qui ne doive venir en serviteur devant le Tout-Clément» (Coran, sourate 19, 92-93)" (Avons-nous le même Dieu que les musulmans ?, abbé Alexis Piraux, 25 juillet 2024). La religion coranique refuse donc pour Dieu d'être un Père ad intra (dans les cieux) et ad extra (sur la terre).
Mais le Dieu véritable, que révèle la vraie Religion, est métaphysiquement un Père, Il est tellement Père que si on lui ôte ce Nom divin, Il n'est plus Dieu du tout, ni Trine ni Un. Et c'est pourquoi c'est vrai autant ad intra, comme le dogme trinitaire le professe puisque Dieu a un Fils Unique, qu'ad extra, c'est-à-dire pour nous ses enfants qui sommes ses créatures. Pour en rester à l'ad extra, l'Ancien-Testament comme le Nouveau le révèlent de nombreuses fois, le plus formellement et clairement possible. "«Vous êtes les enfants de Yahweh, votre Dieu» (Deut XIV, 1) ; et un exemple dans le Nouveau Testament : «Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. En effet, vous n’avez point reçu un Esprit de servitude, pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, en qui nous crions : Abba ! Père ! Cet Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu» (Rom VIII, 14-16). D’autres passages scripturaires véhiculent cette vérité (par exemples, pour l’Ancien Testament : Ex IV, 22 ; Dt XXXII, 6 ; XXXII, 18 ; Is LXIII, 16 ; pour le Nouveau Testament : Mt VI, 9 ; Jn XX, 17 ; He XII, 7). (...) [Le fait que la religion coranique ne veut pas que Dieu soit Père,] cela est en partie lié au fait que le Coran ne conçoit pour la divinité la possibilité d’avoir un fils que de manière charnelle, par relation sexuelle : «Créateur Originel des cieux et de la terre, comment, quand Il [Allah] n’a pas de compagne, aurait-Il un enfant ?» (Coran, sourate 6, 101)" (ibid.).
Secondement. Or, n'étant pas Père, Allah n'est pas l'Amour substantiel et éternel, autre Nom du Dieu Un en tant qu'essence, révélé par la Religion véritable, et par elle seule (aucune autre religion que celle chrétienne, en effet, ne révèle que Dieu est Amour). "Le Dieu biblique «est amour» (1 Jn IV, 8), d’abord «ad intra», c’est-à-dire : entre les Personnes de la Trinité, qui s’aiment mutuellement et de toute éternité, comme peuvent nous le laisser entrevoir certains versets du Nouveau Testament (par exemple : Jn XIV, 31 ; XV, 9). Le Dieu biblique est également amour «ad extra», c’est-à-dire qu’il aime sa création, et spécialement l’humanité. «Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle» (Jn III, 16). Dieu le Fils assume une vraie humanité, avec laquelle il donne sa vie par amour pour les hommes, et pour chacun individuellement (Gal II, 20). Et l’Esprit Saint est donné aux croyants (Rom V, 5) et habite en eux (I Cor III, 16). En retour de l’initiative d’amour de Dieu, les hommes sont appelés à l’aimer (1 Jn IV, 19 ; Matth XXII, 37), et à s’aimer les uns les autres (I Jn IV, 11).
"De son côté, le Coran ne présente pas Allah comme étant amour. Bien que deux versets semblent présenter Allah comme «le tout-aimant» (11, 90 et 85, 14), «cette affirmation n’implique cependant pas la profondeur de l’amour dans la nature de Dieu, telle qu’elle apparaît dans la déclaration biblique “Dieu est amour”» (The Love of God in the Quran and in the Bible, John Gilchrist). En effet, il semble que l’expression veuille signifier qu’Allah aime celui qui se tourne vers lui et se repent, et donc que l’amour d’Allah est la conséquence, la réponse du repentir de l’homme (Cf. le tafsir d’Al-Tabari sur 11, 90). De plus, Allah donne son pardon, mais il ne se donne pas lui-même [ce qui est exigé sine qua non par l'Amour véritable]. D’autres passages du Coran laissent penser que l’amour d’Allah, au lieu de précéder la réponse de l’homme, répond aux actions de ce dernier : «Allah aime ceux qui combattent pour Sa cause en rang, semblables à un édifice solidement bâti» (61, 4 ; voir aussi 2, 195). «C’est un fait, nulle part dans le Coran il n’est dit que Dieu aime quelqu’un qui ne l’aime pas d’abord, et l’amour de Dieu n’est jamais utilisé comme facteur de motivation central pour attirer quelqu’un près de lui» (Cf. Anonyme, The Character of God in Bible and Qur’an. A Study In Contrasts). Enfin, tandis que le Dieu biblique appelle les hommes à l’aimer plus que tout (Dt VI, 5 ; Matth XXII, 37), Allah ne demande pas l’amour des hommes, mais leur soumission (par exemple : 3, 32 ; 58, 13 ― Cf. Interroger l’islam. Mille et une questions à poser aux musulmans, abbé Guy Pagès, p. 48-49)" (ibid.).
Il n'est que trop clair maintenant que par tous les côtés où l'on prend la question du dieu des musulmans, il ne saurait d'aucune façon être assimilé au Dieu Un véritable... même si on déconnecte la problématique du Trinitarisme et du Messianisme.

... Mais, mais, mais, s'il était vrai que le musulman croit au vrai Dieu Un, malgré tout ce que dit que dessus, et qui prouve par de multiples voies formellement tout le contraire ? S'il était vrai que la thèse que j'exprime en ce nouvel article était quand même fausse, ce que je dis sans le croire aucunement ? Car ici, à l'instar de Jean Duns Scot, je ne peux formuler ma thèse qu'à rebours complet de tout le monde sauf de saint Pie V (et sans doute de quelques autres), qu'à titre d'opinion à laquelle n'opine pour le moment pas encore l'Église Universelle, dont le catholique que je suis sait pertinemment bien qu'elle est seule habilitée en ce monde à trancher doctrinalement toute doctrine, Roma locuta, causa finita est (... si tant est qu'on puisse supposer qu'un jour futur, elle puisse retrouver un Magistère ordonné au for public à la Vérité, digne de ce nom, avant le règne de l'Antéchrist-personne, ce qui semble tout-à-fait impossible...). J'en profite du reste pour mettre ici l'avertissement classique que font les bons auteurs qui sont obligés d'émettre des propositions doctrinales nouvelles dans leurs livres et écrits, avertissement classique revu et corrigé cependant pour que les petits insectes que Léon Bloy appelait "les très-petits docteurs" ne se prennent pas à eux tout seuls pour l'Église Universelle :
"Je soumets mon texte, en tout comme en partie, sans réserve aucune, au SEUL jugement que je vénère, celui de l’Église Catholique, Apostolique & Romaine INFAILLIBLE, y réprouvant par avance ce qu’elle y réprouvera... y bénissant aussi ce qu’elle daignera bien y vouloir bénir".
Mais je continue ma supposition ex absurdo de croire que ma thèse est fausse. En ce cas, nolens volens, il n'en resterait pas moins que tout le monde, à commencer par tous les scolastiques dont j'étrille dans cet article l'opinion qui veut que le musulman croit et adore le vrai Dieu, serait de toutes façons d'accord sur le fait que le musulman rend un mauvais et faux culte à ce vrai Dieu. Si alors seulement ce dernier point était vrai dans notre problématique musulmane, il serait amplement suffisant pour condamner à lui seul formellement, en tout état de cause de la question, l'attitude et le comportement des papes modernes qui frayent au for public avec les musulmans, pour en rester à la seule catégorie d'infidèles sujet de mon article, sans jamais leur prêcher urbi et orbi, pour en rester là, le dogme capital de la Trinité divine. Imagine-t-on le grand saint Pie V baiser le livre du Coran, que soit dit en passant le musulman veut croire être rien moins qu'une émanation de Dieu, ... il serait donc une sorte d'incarnation divine, oui-da !!, précédant ce baiser de Judas par l'incroyable souhait : "Que Jean-Baptiste bénisse l'islam !", comme a osé le faire ce Napoléon pontifical du post-concile moderne qu'était saint Jean-Paul II...?!?
Ceci dit, quand bien même je suis fort certain de ma thèse, sur l'affaire, je salue un meilleur jugement, Salvo meliore iudicio.
Et, pour mettre le point final quant à ce que je dis dans ce nouvel article, je ne saurai déroger, bien sûr, à ma petite coutume humoristique :
"C'est mon opinion et je la partage" (les deux Dupont/d, dans Tintin & Milou). On appelle ça, en théologie, la communication des idiomes (mais là, c'est plutôt la communication des idiots).
En la fête de saint Nicolas 1er, pape,
Ce 13 novembre 2025.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
Saint Nicolas 1er, pape (v. 800-867)