Sommes-nous à Sardes ou à Philadelphie,
voire déjà à Laodicée...!?
Preambulum
J'ai rédigé le fond de cet article en 1988, dans les Annexes de L'extraordinaire Secret de La Salette. Cet écrit, moyennant quelques petits remaniements et légères corrections, me semble plus actuel encore aujourd'hui que lorsque je l'ai écrit il y a 28 ans (... déjà !). La grande question qu'il débat revient en effet sans cesse à la surface, d'une manière ou d'une autre, dans l'actualité ecclésiale contemporaine et dans nos âmes catholiques éprouvées : vivons-nous des temps vraiment apocalyptiques qui doivent engendrer en ce très-bas monde le règne de l'Antéchrist-personne, ou bien alors, non, l'Antéchrist-personne n'est pas encore pour tout de suite, la terrible et affreuse crise présente, surtout ecclésiale, surtout surtout sur le Siège de Pierre, devant au contraire se dénouer par une Restauration glorieuse dans un cadre purement historique, en un mot comme en cent, par... le règne du saint-pape et du grand-monarque, que d'aucuns assimilent à un "règne du Sacré-Cœur" et/ou à un "règne du Cœur immaculé de Marie" ?
... Éh bien ! De nature essentiellement apocalyptique ?, ou bien seulement historique ?, cette crise universelle que nous vivons présentement ? Pour suivre l'Apocalypse de saint Jean et son descriptif inspiré des sept églises mystiques embrassant toute l'Histoire de l'Église militante ici-bas dans son économie du Temps des nations et de Rome son centre, la question posée revient à savoir si nous vivons ecclésialement la fin de la cinquième église, Sardes, dans l'attente d'avoir à vivre son passage intra-historique dans Philadelphie, la sixième église, qui serait glorieuse selon certains auteurs, ou bien alors, si déjà nous vivons ecclésialement la fin de Philadelphie, dans l'attente d'avoir à vivre son redoutable passage apocalyptique, extra-historique, dans Laodicée, la septième et toute dernière période ecclésiale, qui finira par la Parousie et qui s'ouvrira par l'irruption brutale et sacrilège de l'Antéchrist-personne légitimement intronisé sur le Siège de Pierre ?
Encore faut-il étayer soigneusement et sérieusement sa pensée quand on opte pour le Plan A ou le Plan B, car le choix de l'un ou l'autre est grandement important sur le plan spirituel quant au salut de nos âmes. Il s'agit donc de le faire au moyen d'arguments de poids catholiquement fondés sur la vérité soit historique soit théologique... et non pas en s'appuyant honteusement, sans aucune réflexion ni esprit critique, dans un mysticisme déplorable, sur les erreurs d'interprétation flagrantes et grossières du bienheureux Barthélémy Holzhauser, dans sa lecture très-illuminée de la sixième église de l'Apocalypse, Philadelphie...
Ma foi, si vous voulez bien me suivre, c'est par ici, explication tout-de-suite :
Comme chacun sait, il s'agit de la prophétie consignée dans les trois premiers chapitres de l'Apocalypse de saint Jean, ch. I à III. Il est de tradition catholique que celle-ci, entre autres sens allégorique, spirituel, etc., décrit chronologiquement les sept périodes mystiques que l'Église aura à vivre ici-bas durant toute sa vie militante, de sa naissance du haut de la Croix du salut, ex corde scisso Ecclesia, Christo jugata, nascitur (De ce Cœur entr'ouvert, l'Église, Épouse du Christ, prend naissance ― Hymne de la fête du Sacré-Cœur), jusqu'à sa mort crucifiée qui sera opérée par la main maudite de l'Antéchrist-personne dans le cadre de son règne, laquelle mort clôturera définitivement le Temps des Nations et de l'Église dans son économie actuelle ayant Rome pour centre et fondement.
Or, la plupart des catholiques actuels, de préférence tradis, s'imaginent que nous vivons la période ecclésiale de Sardes, la cinquième église apocalyptique, plus exactement la fin de cette période, qui, comme toutes les fins, est pénible. Mais ils se rassurent et réconfortent en espérant, après la fin de Sardes, rentrer bientôt, par une charnière qui reste purement intra-historique, dans la nouvelle période ecclésiale de Philadelphie, la sixième église, qu'ils croient être, pour l'Église et par rebond pour la société humaine toute entière, une "gloire crépusculaire" (Raoul Auclair), c'est-à-dire une période où le Bien dominerait à nouveau sur le mal ; crépusculaire, parce qu'ayant lieu juste avant la septième et dernière période de l'Église, Laodicée, celle-ci, très-courte, devant voir le règne de l'Antéchrist-personne et la fin de tous les âges ecclésiaux. Ainsi donc, puisque nous vivrions la fin de Sardes, bien loin que la "grande tribulation, telle qu'il n'y en a pas eu depuis le commencement du monde, et qu'il n'y en aura plus" (Matth XXIV, 21), c'est-à-dire le règne apocalyptique de l'Antéchrist-personne, serait pour tout de suite, il y aurait encore une autre période intermédiaire de l'Église insérée dans l'Histoire s'intercalant auparavant, période par ailleurs glorieuse dans laquelle, croient-ils pouvoir espérer, nous verrions de nouveau un triomphe du Christ sur le mal, que d'aucuns veulent cristalliser dans le règne jumelé d'un saint pape et d'un grand monarque... ou, pourquoi non, dans le "triomphe du Cœur immaculé de Marie" annoncé à Fatima.
D'autres encore, cependant en moins grand nombre que ceux qui se croient à Sardes, voudraient que nous vivions déjà... Laodicée. Leur raison, qui hélas n'est pas du tout illusoire, est que l'iniquité sur le Siège de Pierre est si forte, si incroyablement antéchristique depuis les papes Jean-Paul II, Benoît XVI et François, ce qui n'était même pas prévisible ne serait-ce que sous le pontificat de Jean XXIII ou même celui de Paul VI, qu'à n'en pas douter, c'est sûr de sûr, nous sommes déjà à Laodicée, c'est-à-dire dans cette période où le mysterium iniquitatis est à son summum, vraiment à la toute-fin de la fin des temps, dans l'attente de la Parousie. Cette position extrémiste, qui n'existait pas il y a quelques années, mais qui semble réunir des adhérents à cause même de l'iniquité effectivement tout-à-fait incroyable qui règne actuellement sur le Siège de Pierre, est facile à réfuter : si nous étions déjà à Laodicée, alors, où est l'Antéchrist-personne ? Où est l'avènement de "l'homme d'iniquité" (II Thess II, 3) qui doit s'encadrer très-certainement dans la dernière période de l'Église militante, Laodicée, puisqu'aussi bien c'est lui qui doit en ouvrir l'ère fatale ? Nulle part, il faut en convenir. Or, c'est l'avènement en ce monde de l'Antéchrist-personne qui doit premièrement ouvrir la période ecclésiale de Laodicée. Car d'autre part, théologiquement, le mysterium iniquitatis à son summum doit absolument manifester l'Antéchrist-personne, c'est une certitude de Foi, il ne peut pas rester à l'état inchoatif d'Antéchrist-légion ou collectif que nous vivons encore présentement (cf. mon précédent article, au lien suivant : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/l-antechrist-sera-une-personne-humaine?Itemid=154)... Ainsi donc, l'Antéchrist-personne n'étant pas paru de nos jours, cette opinion que nous sommes déjà à Laodicée est très-certainement fausse, et n'a pas besoin de plus de réfutation.
Revenons donc à ceux qui se croient encore à Sardes. Quant à ceux-là, ils se trompent pour au moins deux raisons. La première, c'est que la sixième église, Philadelphie, ne prophétise pas du tout, dans le texte apocalyptique de saint Jean bien lu et bien interprété, une soi-disant "gloire crépusculaire" du Temps des nations chrétiennes et de l'Église romaine, comme ont voulu le croire certains à la suite du bienheureux Barthélémy Holzhauser (1613-1658), ce dernier la décrivant sous les vêtements d'un règne du grand monarque et du saint pape, en parfaite logique d'ailleurs avec l'économie du Temps des Nations. La deuxième raison, c'est surtout qu'ils sont paresseusement en retard d'un train, car notre période moderne ne vit pas ecclésialement la fin de Sardes, mais, en toute certitude, la fin de... Philadelphie, comme nous l'allons voir ensemble plus loin. Et depuis déjà assez longtemps, et du reste par une rentrée dans Philadelphie extrêmement forte, visible et marquée, beaucoup plus que lorsque Thyatire, la quatrième période ecclésiale, a cédé la place à Sardes, la cinquième (il est donc vraiment très-surprenant qu'ils ne s'en soient pas rendus compte...). Or, nous ne voyons pas vraiment, quoiqu'étant donc dans Philadelphie, et même à la fin de Philadelphie, une victoire du Christ sur le mal dans cette période ecclésiale, relative ou absolue, avec ou sans saint pape et/ou grand monarque... pour parler par un très-doux euphémisme ! Ils s'abusent pour au moins deux raisons, disais-je, et même pour une troisième, quant à ceux qui veulent croire que ce triomphe de l'Église dans la période de Philadelphie doit se concrétiser par le règne jumelé d'un grand monarque et d'un saint pape, attendu que ces prétendus personnages charismatiques à venir ne sont rien d'autre qu'un... mythe, une sorte de réduction obscurantiste du Millenium, c'est-à-dire du Règne terrestre universel futur du Christ en Gloire après la Parousie, à l'économie du Temps des nations et de l'Église romaine (en fait, ce prétendu règne d'un saint pape et d'un grand monarque est tout ce que pouvait concevoir le "Gentil" vivant au temps des Nations, réfléchissant le Règne de la Gloire du Christ à venir avec, dans la tête, les paramètres de l'économie du Temps des nations : autrement dit, c'est, quand on est dé à coudre, réfléchir à la plénitude qui remplirait un tonneau avec ses propres mesures de dé à coudre...).
Or, prenons bien conscience que cette question, de savoir si nous vivons ecclésialement la fin de Sardes ou au contraire, celle de Philadelphie, est extrêmement importante sur le plan spirituel et quant au salut de nos âmes. Il en résulte deux attitudes spirituelles fort différentes, et même radicalement opposées, et, si l'on choisit la mauvaise, cela aura pour conséquence certaine de piéger l'âme dans les filets de l'Antéchrist-personne lorsqu'il paraîtra soudainement et brutalement en ce très-bas monde.
Si en effet je crois que je vis ecclésialement la fin de Sardes, alors, je considère que l'Église n'est pas irrémédiablement et mortellement atteinte par l'iniquité que je vois actuellement dans l'Église et singulièrement sur le Siège de Pierre, depuis Vatican II pour faire court, à l'instar du Christ en croix mis à mort (qui, quoique encore vivant, n'a plus qu'une issue, une fois crucifié : la mort). Cette iniquité n'est pas radicale et surtout pas irréparable, tout au contraire, puisque je crois que dans Philadelphie, les papes doivent se convertir et convertir l'Église (!), comme le prêchent certains doux illuminés, et ceci nous fera connaître cette "gloire crépusculaire" à partir du Siège de Pierre, dont ils s'illusionnent. Cette iniquité pontificale présente, mais qui n'est pas radicale, ne doit donc pas déboucher sur un dénouement apocalyptique qui enregistrera la mort de l'Église dans son économie actuelle du Temps des nations, par l'apparition de l'Antéchrist-personne assis sur le Siège de Pierre et, à partir du Siège de Pierre, exigeant de tout homme vivant lors de son règne, maudit entre tous, le reniement complet de Jésus-Christ, mon Sauveur et le vôtre. Si en effet nous vivons la fin de Sardes, alors, l'entrée dans la période suivante, Philadelphie, se fait dans un cadre historico-canonique normal, sans Antéchrist-personne ni subséquente Parousie, exactement comme quand l'Église est passée de la période Thyatire à celle de Sardes, et, nous le verrons, ce fut au XVIème siècle. Ce qui signifie de très-important pour le catholique, qu'il soit tradi ou non, que Rome va rester Rome dans l'âge ecclésial suivant, c'est-à-dire que le salut du Christ sera toujours présent sur le Siège de Pierre, et donc que le fin du fin, pour le catholique, dans la situation présente, est, malgré l'effrayante et très-humiliante crise vaticane actuelle, de ne pas se préparer à devoir se couper absolument et radicalement avec cette Rome dès qu'elle rentrera dans l'âge ecclésial suivant. Car, après sans doute de grands châtiments mais de nature purement historique, que l'Histoire a déjà enregistré (... "la banalité historique de tous les siècles", comme disait si bien Léon Bloy !), par exemple "une troisième guerre mondiale", le saint pape ne tardera pas à se manifester, opérant en même temps la conversion de Rome (!). Pour ceux qui croient que nous vivons la fin de Sardes, il s'agit donc coûte que coûte, en contradiction complète pourtant avec l'examen théologique véritable de la situation ecclésiale actuelle, surtout sur le Siège de Pierre, de ne pas prendre conscience de l'iniquité antéchristique radicale de "la crise de l'Église" issue de Vatican II, même au prix de constructions intellectuelles et pseudo-théologiques complètement aberrantes, folles, hérétiques, schismatiques, scandaleuses, directement attentatoires à la Constitution divine de l'Église...
Or, la vérité vraie de la situation ecclésiale actuelle est aux antipodes : la nature profonde de "la crise de l'Église" actuelle est d'être antéchristique radicale, surtout sur le Siège de Pierre, et c'est ce qui prouve précisément que nous vivons la fin de Philadelphie, et donc cette dite crise doit se dénouer par l'avènement de l'Antéchrist-personne en ce monde à partir du Siège de Pierre, parce que, dans "la crise de l'Église" qui marque la fin de Philadelphie, la Constitution divine de l'Église est atteinte mortellement et doit se dénouer dans la prise de possession par l'Antéchrist-personne du Siège de Pierre, dès que Laodicée commence.
Les adeptes de Sardes entretiennent donc présentement en leur âme une terrible et bien funeste illusion. L'iniquité que tout catholique digne de ce nom voit depuis Vatican II sur le Siège de Pierre, et de plus en plus et de pire en pire plus les temps avancent, ne peut déboucher que sur la mort de l'Église dans son économie actuelle, opérée par l'avènement de l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre. Comme je l'ai montré avec soin dans mon dernier article en effet (cf. https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/12-la-passion-de-l-eglise/articles-fond/15-l-antechrist-personne-devant-clore-notre-fin-des-temps-sera-t-il-le-dernier-pape-legitime-de-l-eglise-catholique), l'Antéchrist-personne doit être... le dernier pape légitime de l'Église catholique, ou, à tout le moins, recueillir le plus légitimement du monde la succession pontificale parmi tous ses autres pouvoirs le constituant Empereur universel (comme d'ailleurs, si nous avions été un peu attentifs au sens obvie des mots, la très-sainte Vierge Marie, Reine des prophètes, l'avait révélé sans fard ni voile, crûment et fort explicitement, dans le Secret de La Salette : "Rome... deviendra le Siège de l'Antéchrist").
Donc, pour faire court : si le passage de Sardes à Philadelphie ne voit pas Satan prendre la succession pontificale sur le Siège de Pierre par le truchement de l'Antéchrist-personne, c'est exactement le contraire qui va arriver quant au passage de Philadelphie à Laodicée. Le devoir du catholique est donc exactement contraire dans l'un et l'autre cas : autant, si l'on vit la fin de Sardes, il doit s'attendre à devoir rester attaché comme toujours au Siège de Pierre lorsque l'âge ecclésial de Philadelphie s'ouvrira, autant il doit se préparer à se couper radicalement de la Rome ecclésiale lorsque, après la fin de Philadelphie, Laodicée s'ouvrira, puisque le tout premier signe de l'ouverture de Laodicée sera que l'Antéchrist-personne sera... sur le Siège de Pierre, en tant que dernier pape légitime de l'Église catholique ! Celui qui ne le fera pas court le grand risque de se faire piéger par l'Antéchrist-personne avec la conséquence que l'on sait quant au salut de son âme.
Pour l'instant certes, il n'y a pas de différence entre les catholiques qui s'imaginent faussement vivre la fin de Sardes, et ceux qui ont compris que l'Église vit la fin de Philadelphie : le devoir de rester attaché au Siège de Pierre dans "la crise de l'Église" actuelle (c'est-à-dire, vue la situation : exactement comme le Christ fut attaché à la croix, écartelé et martyrisé dans sa Foi), est le même dans l'un et l'autre cas, il consiste essentiellement et très-pénitentiellement à reconnaître la légitimité des papes modernes actuels, ce cher François, premier du nom, pour le présent (les sédévacantistes ne sont que des lâches, des rebelles orgueilleux et des hérétiques, qui fuient l'Église lorsqu'elle vit sa Passion, pour ne pas avoir à la vivre avec elle, s'auto-créant par ailleurs en ghetto des petites églises qui surnaturellement... n'existent pas). Mais c'est la suite qui sera radicalement opposée : celui qui se croit à la fin de Sardes se prépare à ouvrir son cœur sans réserve et même avec enthousiasme au saint pape qui ne manquera pas d'être élu et intronisé lorsque Philadelphie s'ouvrira, veut-il croire ; celui qui sait que la fin que nous vivons est celle de Philadelphie se prépare tout au contraire, le plus qu'il peut, à rejeter violemment et radicalement, à VOMIR (Laodicée), à l'instar du Christ Lui-même qui le fera, l'Antéchrist-personne qui, soudain, fera irruption sur le Siège de Pierre, le plus légitimement du monde en tant que dernier Pontife romain, lorsque Laodicée s'ouvrira.
... Oh ! alors, dans quel péril spirituel extrême se met le catholique de nos jours, qui, voulant se croire faussement à la fin de Sardes, attend, horresco referens, ce que de méprisables et misérables faux-prophètes, de préférence en soutane et soutane tradi, lui font attendre, à savoir... un saint pape, se préparant intérieurement à s'élancer de joie dans ses bras, alors que cela risque fort de le faire s'élancer dans les bras... du plus grand ennemi du Christ et du nom chrétien assis sur le Siège de Pierre, à savoir l'Antéchrist-personne revêtu légitimement des livrées pontificales du Christ, le fameux Agneau à la voix de dragon dénoncé par saint Jean quelques chapitres après celui prophétisant les sept églises, plus loin dans son Apocalypse !!
La question, on le comprend mieux à présent, est donc extrêmement importante de savoir si nous vivons actuellement la fin de Sardes ou bien alors la fin de Philadelphie.
Je résume encore un coup la problématique : une vue historiciste-ecclésiale de la situation actuelle, qui exige absolument de continuer à rester attaché à Rome lorsque le prochain âge ecclésial s'ouvrira, ou bien alors, une vue apocalyptique-ecclésiale, qui exige exactement le contraire, de se couper radicalement avec cette dite Rome dès que le nouvel âge s'ouvrira ? On comprend qu'il est très-important de répondre à cette question qui engage le salut de nos âmes. Ne nous méprenons pas sur cette importance. N'oublions pas que ce qui a contribué à faire s'égarer l'hérésiarque Luther (1483-1546), lors du passage du quatrième âge ecclésial, Thyatire, au cinquième âge, Sardes (qu'il vivait, et dont d'ailleurs il fut un des principaux signes, puisque ce passage, nous allons le voir tout-de-suite, se situe en 1517), c'est de s'être cru à la crise apocalyptique alors qu'il ne vivait qu'une crise historique de l'Église (il vaticinait en effet contre le pape Léon X, ne l'appelant plus que la "bête de l'Apocalypse"). Mais, quant à nous, catholiques de la fin des temps, prenons bien garde de commettre l'erreur inverse, tout aussi funeste pour le salut de nos âmes ! Car il est tout aussi funeste pour notre salut, lorsque l'Heure apocalyptique est venue, celle dont Jésus a dit en ce qui Le concernait "Voici l'Heure et la puissance des ténèbres", de ne pas se préparer à se couper radicalement avec le pape de Laodicée qui occupera légitimement le Siège de Pierre, et qui sera l'Antéchrist-personne, pour manifester le summum de l'iniquité !
Éh bien, alors : vivons-nous ecclésialement Sardes ? Philadelphie ? La meilleure méthode, pour trancher ce difficile débat, est évidemment d'aller à la source de la Prophétie, c'est-à-dire au texte même de l'Apocalypse de saint Jean, ch. I à III.
Je serai rapide sur les quatre premiers âges ecclésiaux, qui ne souffrent pas de difficulté ni d'équivoque, les dates historiques auxquelles ceux-ci s'incarnent dans l'Histoire faisant en effet l'unanimité des différents auteurs. Pour mémoire, je rappelle que les sept Églises sont expressément désignées dans l'Apocalypse, et dans l'ordre : "Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises qui sont dans l'Asie, à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée" (Apoc I, 11).
La première période, Éphèse, est celle de la naissance de l'Église, celle des douze Apôtres, qui va de la mort du Christ en croix jusqu'à la mort du dernier des Apôtres, saint Jean (Éphèse signifie : J'envoie), soit approximativement de l'an 33 à l'an 90.
La seconde période, Smyrne (qui étymologiquement vient de myrrhe, la souffrance), regarde la difficile croissance de l'Église des catacombes, sous le joug cruel et homicide de l'Empire romain, c'est l'Église des martyrs mais encore des premiers grands docteurs et Pères (de l'an 90 à l'an 313, date du libérateur Édit de Milan).
La troisième période, Pergame, voit l'Église sortir des catacombes avec la conversion de l'Empereur Constantin-le-Grand (312), pour commencer à conquérir librement les Nations (qui, toutes, sont prédestinées au Christ), avec le rôle extrêmement important de la toute première d'entre elles : la France, objet d'une élection divine particulière à vocation universelle (ceux qui n'en sont pas convaincus, le seront après avoir lu mon grand Traité de la religion royale française ou le vrai visage de Clovis, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/TRRFCompletDuToutAvecNDDeGraçayA4.pdf). C'est le temps vigoureux et roboratif des grands évêques et des moines évangélisateurs qui sillonnent en tout sens et labourent en profondeur l'Europe ou Grande-France, fondements de la civilisation chrétienne préparant l'apogée de la quatrième Église. Sans eux, la réussite de Thyatire eût été impossible. "Cette troisième église durera (...) jusqu'à ce que Charlemagne, Empereur d'Occident, instaure une sorte d'équilibre entre les deux pouvoirs, spirituel et temporel ; le temporel toutefois ne se reconnaissant de validité qu'autant qu'il aura été confirmé par l'Autorité spirituelle" (Histoire & prophétie, Raoul Auclair, p. 120).
Les trois premiers âges ecclésiaux manifestent donc, à divers titres, la croissance victorieuse de l'Église catholique, apostolique et romaine dans le monde, et de la civilisation qui en découle.
"Et le quatrième temps, temps central, sera Thyatire. Temps le plus long (800 à 1517), le temps de l'expression la moins imparfaite de ce qui constitue en propre la civilisation chrétienne. Sept siècles, de Charlemagne à Charles Quint, de Léon III à Léon X" (ibidem). Cette quatrième période ecclésiale manifeste le règne et la domination de l'Église sur le monde, qui est douceur, comme le joug de son Divin Maître.
Avec la cinquième Église et les deux suivantes commence la décadence de l'Église, et concomitamment sa subversion, qui deviendra de plus en plus radicale, jusqu'à sa consomption, sa mort, sous le règne de l'Antéchrist-personne : cette cinquième église, Sardes, s'ouvre avec Luther et la Réforme protestante en 1517, "immense brèche dans l'édifice jusqu'alors si solide de la société chrétienne. (...) Sardes sera précisément l'Église allégorique de ce déclin de la civilisation chrétienne, cependant que par un mouvement inverse et simultané l'on verra l'essor d'une civilisation nouvelle, de moins en moins religieuse, de plus en plus laïque et profane. (...) Le moteur des peuples était religieux ; il deviendra politique. Les nations vont s'affirmer dans leur caractère propre et s'enfermer dans leur singularité" (ibid., pp. 120 & 133). C'est l'Église sous laquelle les mouvements de Révolution universelle, de nature antéchristique, prennent re-naissance, sapant avec de plus en plus de force et de réussite les deux principaux piliers de la civilisation chrétienne en ce bas-monde, à savoir l'Église romaine et les Trônes des roys très-chrétiens des Nations.
Ici, il s'agit, évidemment, de bien saisir ce qui caractérise cette cinquième période de la vie militante de l'Église, Sardes, commencée en 1517 (révolte de Luther), afin d'en discerner la fin, objet du litige, sans équivoque possible.
Chaque Église-période est caractérisée par un nouveau rapport dans le conflit irréductible qui oppose l'Église au monde, les deux antagonistes étant irréconciliables comme nous en a averti Notre-Seigneur. La première, c'est la constitution toute surnaturelle d'une Force, à partir du Sacrifice divin du Christ et des douze Apôtres, capable d'engager la lutte, quand elle sera bien structurée, contre le monde symbolisé par l'Empire romain. La deuxième, c'est l'engagement de cette lutte par cette Force surnaturelle devenue constituée et organisée, contre l'Empire romain, mais ce dernier est et reste dominateur. La troisième, c'est la victoire de droit de cette Force de l'Église sur le monde (avec la conversion de Constantin-le-Grand), puis la conquête dans les faits, libre et progressive, de ce monde. La quatrième, la conquête du monde étant réalisée de droit et de fait, c'est l'établissement du règne de l'Église et son apogée dans la société convertie à elle : c'est la Loi de l'Église, la Loi d'Amour du Christ, qui régit désormais le monde. Mais la cinquième voit la re-naissance des forces néo-païennes (devenues antéchristiques, puisque le Christ a paru dans le monde), s'ingéniant à miner, saper, la prédominance de l'Église sur le monde, ceci de manière occulte puisque l'Église est toujours dominatrice sur la subversion antéchristique seulement naissante. La sixième verra l'aboutissement de ce lent mais universel travail de sape qui se concrétisera par une victoire de droit du néo-paganisme antéchristique sur l'Église et les Nations chrétiennes, et, dès lors, la conquête progressive dans les faits, par violence, menée par l'Antéchrist-légion, desdites Nations, pour les déchristianiser sociopolitiquement. La septième, mystère d'iniquité, est la "victoire" de droit et de fait, de l'Antéchrist-personne sur l'Église et la civilisation qui en découle dans les Nations, enregistrant la mort de l'Église dans la figure du monde qui passe (cette pseudo-victoire du mal sur le Bien étant elle-même radicalement anéantie par le Retour en Gloire du Christ, par la Parousie).
Pour Sardes, on discerne donc deux caractéristiques principales : 1/ L'Église est toujours dominatrice et Loi du monde, comme dans la précédente période, Thyatire, 2/ mais elle est attaquée par les ferments mortels de la subversion néo-païenne antéchristique.
C'est bien pourquoi l'Esprit-Saint dit à l'Église de Sardes : "Vous avez la réputation d'être vivante et vous êtes morte" (Apoc III, 1). C'est la première parole qui lui est adressée, c'est donc celle qui la caractérise le mieux. Lorsque ces mouvements antéchristiques mortifères qui la minent finiront par prendre le dessus sur l'Église et les Nations chrétiennes, lorsque, pour que le mystère d'iniquité connaisse une "victoire" afin que "l'Écriture s'accomplisse" pour l'Église comme pour le Christ, l'Église ne dirigera plus du tout les destinées du monde comme dans Thyatire et encore dans Sardes, alors l'Église n'aura plus "la réputation d'être vivante", un nouveau palier sera franchi, une nouvelle période de l'Église s'ouvrira, celle où, comme l'annonce la Prophétie faite à la sixième Église, Philadelphie, l'Église "aura peu de forces" (Apoc III, 8). Car, quant à Philadelphie, sa caractéristique prophétique, double également, consiste en : 1/ La victoire de droit des forces néo-païennes antéchristiques sur l'Église ; 2/ la conquête dans les faits des nations du monde entier à ce reniement abolissant radicalement le Christ de la face de la terre, détricotant systématiquement ce qui avait été fait par les moines et les évêques sous Pergame, pour aboutir au règne universel, de droit et de fait, de l'Antéchrist-personne.
Mon travail est donc avant tout historique. Il consiste à chercher s'il n'y a pas eu un moment, une période-charnière dans l'Histoire, où, depuis 1517 qui a vu la naissance de Sardes, le mouvement néo-païen antéchristique a pris le pas d'une manière décisive et nette sur l'Église, concrétisant et consacrant pour lui une victoire de droit reprenant à l'Église la direction des destinées du monde, la supplantant dans ce rôle. Si l'on trouve une réunion de faits qui montrent, par leur confluence, que l'Église perd la prépondérance sur le monde, alors il sera prouvé que nous vivons depuis ce moment dans Philadelphie.
Or, si, depuis 1517, la révolte contre l'Ordre très-chrétien prend corps essentiellement dans les sectes protestantes, laïcistes et maçonniques, qui minent activement de plus en plus mais occultement les États catholiques et l'Église romaine, si donc la balance penche de plus en plus en sa faveur, il n'y a pas cependant, avant la funeste Révolution française, de décisive avancée. 1789, et surtout 1793 année de la décapitation du roy Louis XVI, voit une gravissime cassure dans l'Ordre très-chrétien établi : la Révolution universelle jette son masque, s'affirme à découvert, brise l'équilibre catholique jusque-là maintenu tant bien que mal sur le monde civilisé (malgré la terrible déchirure du protestantisme), et fragilise considérablement la prépondérance de l'Église sur le monde en gagnant une grande bataille contre la première nation parmi les nations chrétiennes. Est-ce à dire cependant que cette funeste période serait le passage recherché entre la cinquième et la sixième Église, entre Sardes et Philadelphie ?
Certes non, parce que ce n'est pas la Forteresse entière qui est abattue mais seulement sa principale Tour de défense, la France. La civilisation très-chrétienne est en effet toute fondée sur la Pierre d'angle qu'est l'Église catholique, mais sa protection est assurée par la Royauté davidique qui gît dans la Maison de France, elle-même assistée dans sa haute mission par les Monarchies et principautés européennes (lesquelles, soit dit en passant, avaient toutes un lien de parenté, proche ou éloigné, avec les Bourbon ou les dynasties antérieures ; qu'on sache bien que la Royauté française "est autant au-dessus des autres Couronnes du monde que la dignité royale surpasse les fonctions particulières", comme n'hésitera pas à dire le pape saint Grégoire-le-Grand au pourtant obscur roy mérovingien Childebert II...).
Voilà ce merveilleux équilibre politico-religieux que la subversion doit d'abord casser pour prendre le pas sur l'Église et lui ravir sa prépondérance dans le gouvernement de ce monde, et donc nous faire passer de Sardes à Philadelphie. Mais bien sûr, à partir de la destruction de la Tour principale, la France très-chrétienne, l'Église, dès lors, ne sera plus défendue que par les Tours subalternes des Monarchies et principautés européennes qui, elles-mêmes, n'étant plus soutenues par la Tour principale de France, qui les coordonnait, les unifiait et les rendait invincibles contre la subversion néo-païenne antéchristique active depuis Sardes, seront de plus en plus en butte aux attaques victorieuses de la Révolution universelle (même quand elles feront front commun ensemble dans la Sainte-Alliance), jusqu'à leur propre anéantissement.
Les forces néo-païennes antéchristiques vont donc, à partir de cette gravissime cassure de 1793 qui est une sorte de prophétie de la rentrée prochaine dans Philadelphie, avoir de plus en plus les coudées franches pour attaquer l'Église directement, aux fins de lui enlever de droit la prépondérance sur le monde, ce qui aura pour conséquence de nous faire rentrer ecclésialement dans Philadelphie. Elles penseront même, fortes de leur terrible et grand succès sur la Royauté française en 1793, arriver à la vaincre quasi tout-de-suite, dès la rentrée dans le XIXème siècle, en faisant mourir d'épuisement le pape Pie VI à Valence, le 29 août 1799, et surtout en empêchant toute élection nouvelle d'un futur pape. Souvenons-nous. Pie VI, qui ressemble physiquement d'une manière si émouvante à Louis XVI, est dépouillé, outragé par les créatures du Directoire, qui le traînent brutalement sur les routes de l'exil : "Le Père commun [Pie VI], épuisé par les douleurs et vaincu par l'émotion, arrive enfin à la citadelle de Valence. La paralysie gagne tous ses membres, et le Directoire veut encore qu'il marche. Pie VI ne résiste pas, ce sont les médecins qui s'opposent à cette impitoyable translation : ils déclarent que le moribond n'a plus que très-peu de jours à vivre. Le Pontife expira en effet le 29 août 1799, à l'âge de 80 ans et demi. (...) Il n'y avait plus de pape, il ne devait plus y en avoir ; plus d'Église, par conséquent. La Révolution se félicitait, avec le Directoire, de régner au Capitole et de commander au Vatican. Elle s'applaudissait d'avoir dispersé le Sacré-Collège et de rendre ainsi tout conclave impossible. Les jours marqués par le Philosophisme uni aux Jansénistes et aux Constitutionnels civils, arrivaient à pas précipités. L'Église romaine allait tomber par morceaux comme un vieux mur qui n'a plus d'étais, quand tout-à-coup, la face des évènements change avec une rapidité providentielle. Ce qui jusqu'à ce jour a été la chose impossible (réunion du conclave), devient soudain la chose la plus réalisable. Des rivalités, des malentendus, de sourdes ambitions, de tristes mécomptes avaient, depuis 1792, maintenu entre les cabinets des Puissances, une fatale division. Leurs armées, se mettant en ligne et se faisant abattre les unes après les autres, n'avaient produit ni un grand capitaine ni un grand fait militaire. Tout-à-coup, l'empereur Paul 1er de Russie se place à la tête d'une alliance formidable. (...) Chose extraordinaire ! Les princes oublient leurs différends, les ministres ne se souviennent plus de leurs passions : tous sont équitables, tous sont modérés. Bientôt, les ambitions et les intérêts reprendront leur empire ; mais dans ce moment, chacun est dominé par une pensée plus élevée. On dirait que le Ciel, daignant concourir à leur œuvre de réparation, inspire à tous un profond sentiment de justice. Des russes, des anglais et des turcs, se sont improvisés les alliés de la catholique Autriche ; par une suite non-interrompue de victoires, ils ouvrent au Sacré-Collège les portes du Conclave. Les cardinaux, abrités par les baïonnettes de Souwarow, sortent de tous les lieux où la Démagogie les relégua. (...) La République française et son Directoire ont détrôné le pape Pie VI et persécuté l'Église romaine. La République n'existe déjà plus que de nom ; le Directoire a sombré le 18 brumaire aux acclamations universelles, et vingt-deux jours après, le Conclave s'assemble paisiblement..." (L'Église romaine en face de la Révolution, Crétineau-Joly, t. I, pp. 218, sq.).
Cette page historique est vraiment impressionnante, frappante. Que les adeptes de Sardes n'oublient surtout pas d'en tirer l'enseignement fort qu'elle contient : dès la fin de la Révolution française, les forces subversives néo-païennes antéchristiques sont déjà si fortes sur le monde à partir de la première nation d'entr'icelles toutes, la France, qu'elles ont conquise et mise à terre, qu'il s'en est fallu d'un très-mince cheveu que nous ne passassions, dès 1799 donc, dans Philadelphie...! Mais la Providence divine n'en avait pas décidé ainsi, ce que montre très-bien cette soudaine et quasi miraculeuse réunion du conclave élisant le premier pape venant après la Révolution, Pie VII, lequel pape commencera, quant à lui, une nouvelle longue période où, par la pratique concordataire pontificale romaine avec des États post-révolutionnaires constitutionnellement athées, à commencer par le diabolique Concordat passé avec Napoléon en 1801, ce seront eux, les papes, qui, l'esprit incroyablement aveuglé, précipiteront le plus qu'ils pourront la victoire de droit des forces néo-païennes antéchristiques sur l'Église, c'est-à-dire précipiteront cette ouverture de Philadelphie...
Mais, au sortir de la Révolution, nous n'y sommes pas encore. L'Église restait debout, toujours Loi de droit du monde, de par Dieu et de par Lui seul et sûrement pas de par les papes concordataires, grâce à la réaction musclée des Tours européennes ensemble, quand bien même la Tour principale de défense était déjà irrémédiablement écroulée, à terre.
Alors les forces néo-païennes antéchristiques prendront astucieusement prétexte de l'unification de l'Italie pour supprimer les petits États temporels de l'Église, ceinture de protection et de soutien matériel pour le Saint-Siège assurant son indépendance au sein des nations, indispensable pour assurer sa prépondérance spirituelle sur le monde (l'Italie, dans son unité moderne totalement artificielle, n'est qu'une pseudo-nation, d'érection purement maçonnique). C'est dès 1817 que ce travail de sape commence, par le carbonarisme franc-maçon, pour finir victorieusement en 1870 par la suppression des États pontificaux et la conquête de Rome, achevant ainsi l'unification maçonnique de l'Italie. Dans le même temps, les Monarchies et principautés européennes sont minées de plus en plus fortement et victorieusement par les ferments révolutionnaires attaquant l'autorité de droit divin des roys et princes autrefois très-chrétiens, eux-mêmes très-affaiblis intérieurement par l'esprit philosophique les corrompant, à l'instar des papes post-révolutionnaires eux-mêmes convertis au principe démocratique dès Pie VII. Comme l'écrira fort bien Léon Bloy : "Les rois n'ont plus la force de soutenir leur diadème et s'évanouissent sous le fardeau de leur dérisoire Majesté" (Le symbolisme de l'Apparition, p. 157).
Tout le XIXème siècle mais surtout sa fin, enregistre donc une affreuse et effrayante avancée dans le monde et dans l'Église des forces néo-païennes antéchristiques, sous le double rapport 1/ de l'affaiblissement et l'affaissement progressifs et rapides des Monarchies et principautés européennes (dont le fer de lance était devenu l'Empire austro-hongrois, l'Österreich, c'est-à-dire la "France de l'Est", celle-ci ayant pris la succession, à un plus bas niveau, de la France Très-Chrétienne abattue en 1793, dans la défense de l'Église et de la civilisation très-chrétienne, et permettant encore à l'Église, tant bien que mal, de toujours subsister dans la période de Sardes), 2/ ainsi que de la suppression des États Pontificaux. À la fin du XIXème siècle cependant, sous les papes Pie IX et Léon XIII "glorieusement" régnants, on ne peut pas dire que l'Église n'est plus, de droit, la Loi du monde, principalement grâce à l'Empire d'Autriche-Hongrie maintenant encore les Tours européennes debout. Quoique derrière la façade des Institutions, en ce compris et même surtout celle du Saint-Siège, tout soit déjà vermoulu et prêt à tomber. Tout ne tient plus qu'à un fil, une façade. Que les Monarchies et principautés européennes, et surtout leur Tour principale qui est l'Autriche-Hongrie, soient encore l'objet d'un sérieux coup de boutoir réaménageant les forces politiques d'Europe au profit de la Révolution, et alors le basculement des pôles spirituels aura lieu, laissant une Église romaine tragiquement sans appuis naturels, isolée au milieu d'un monde redevenu complètement païen, une Église pas encore subvertie elle-même mais ayant totalement perdu sa prépondérance métapolitique sur le gouvernement du monde, qu'elle possédait plénièrement dans Thyatire et encore, mais de moins en moins, dans Sardes.
Et alors, nous ne serons plus dans Sardes, mais dans Philadelphie.
Force est de constater, dès que nous tournons la page tourmentée et déliquescente du XIXème siècle, que la première guerre mondiale fabriquée par les forces révolutionnaires néo-païennes antéchristiques aux fins d'abattre l'empire d'Autriche-Hongrie (par l’assassinat perpétré par une sorte d'adepte carbonaro, le dimanche 28 juin 1914, contre l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l'Empire austro-hongrois, et son épouse la duchesse de Hohenberg), saute immédiatement aux yeux, et s'identifie d'une manière flagrante avec ce moment historique recherché. En fait, il s'agit plus précisément de l'année 1917, date et axe eschatologiques par excellence, extrêmement forts et marqués dans l'histoire des hommes. Juste 400 ans après la révolte de Luther (Déclaration de Wittemberg), cette année 1517 qui voyait aussi l'occupation d'Israël par les Turcs ottomans, qui n'en partiront, là encore, qu'en... 1917.
Je suis tombé dernièrement sur un livre qui intéresse extraordinairement notre sujet. Sans rentrer du tout dans notre problématique prophétique du passage de Sardes à Philadelphie, en s'appuyant uniquement sur l'aspect politique international des choses, Pierre Virion a brossé tout son ouvrage L'Europe ― Après sa dernière chance, son destin, sur l'extrême importance de cette année-charnière s'il en fut jamais, de mémoire d'homme et d'Église : 1917.
Voici comment il débute son livre : "Il est, dans le cours des temps, des conjonctures, des périodes qui déterminent l'avenir sans retour, ou, si l'on veut, des journées décisoires dirons-nous, pour emprunter au langage juridique un terme qui semble bien convenir à cette année-là : 1917. Année capitale qui eût pu, en terminant la première guerre mondiale, voir ressurgir en Europe une vie nouvelle et des forces civilisatrices dont elle avait toujours été capable. Année fatidique aussi parce que c'était la dernière chance de l'Europe chrétienne, la dernière chance de l'Europe tout court, dont la malice des hommes a fait un désastre. ET CE FUT L'ÉCROULEMENT D'UN MONDE, LA NAISSANCE D'UN AUTRE, que les partis-pris les plus optimistes ne parviendront jamais, les suites en sont trop amères, à représenter comme un instant bénéfique pour l'humanité. Pour quiconque voudra bien loyalement et avec attention méditer les perspectives de 1917, cette année sera le dernier carrefour sans pareil des courants, des forces et des machinations ténébreuses où s'est déployé sur la trame d'une inexpiable guerre, L'HOMICIDE CONFLIT DE LA RÉVOLUTION RELIGIEUSE ET POLITIQUE AVEC L'IRRÉDUCTIBLE VÉRITÉ. Mais tout le drame a pratiquement tourné autour du refus de l'offre de Paix séparée entre l'Autriche et les Alliés (...) qui eût donné le coup d'arrêt à la Révolution galopante favorisée par la paix wilsonnienne, par les menées des Puissances qui, de Washington à Londres et Paris, furent dès cette année 1917, responsables de l'explosion communiste. Sous le regard des foules crédules, trompées, abreuvées d'idées fausses, CES PUISSANCES ONT CHANGÉ À LEUR PROFIT LA FACE ET LA VOCATION DE L'EUROPE, provoqué la seconde guerre mondiale de 1940 et ses suites désastreuses. Nous n'exagérons rien. (...) On saisira mieux les malheureuses incidences du refus de Paix séparée en le plaçant dans le contexte terriblement révélateur que fut l'année 1917. Rarement a-t-on eu l'occasion de voir s'exercer en même temps toutes les forces diverses parfois contraires à l'intérieur d'une société. AU BOUT DE LA ROUTE OÙ, DEPUIS BIENTÔT DEUX SIÈCLES SE SONT SUCCÉDÉS ET COMBATTUS LES IMPÉRATIFS MAJEURS ESSENTIELS DE LA TRADITIONNELLE SOLIDITÉ DE L'EUROPE CHRÉTIENNE AVEC LES FACTEURS RÉVOLUTIONNAIRES QUI LA RONGENT, L'AN 1917 LES VOIT SE DRESSANT ENSEMBLE LES UNS EN FACE DES AUTRES COMME À UN DERNIER RENDEZ-VOUS OÙ LE CHOIX DES HOMMES VA ENFIN DÉCIDER. Ce sera hélas!, au mépris de l'Histoire garante à la fois de la grandeur et de la liberté de l'Europe !" (pp. 7-9).
On ne saurait être plus clair ! Voilà une vue politique chrétiennes des choses qui s'élève jusqu'à l'aspect apocalyptique, et qui résout par-là même et sans l'aborder, notre problème prophétique. Plus loin dans son ouvrage, tellement l'année 1917 frappe les esprits intelligents qui veulent un peu réfléchir, ce qui est visiblement le cas de l'auteur, Pierre Virion d'écrire : "LA DERNIÈRE CHANCE ― Le monde bouleversé ? Si peu enclin soit-on à accorder quelque crédit à des messages d'ordre surnaturel, on ne peut guère dénier à ce mot datant de 1830, un dynamisme prophétique ARRIVÉ À PLEINE RÉALISATION EN 1917 [l'auteur fait allusion à ce que la très-sainte Vierge avait prophétisé à sœur Catherine Labouré en 1830, à la Rue du Bac : "Le monde sera bouleversé"]" (p. 35). Et, plus loin encore : "Ribot [le machiavélique agent des Loges maçonniques pour empêcher la Paix séparée] vociférait devant la Chambre des Députés, cette traîtresse et irréparable imposture : «Il faut que dorénavant la justice ait pour garantie cette Ligue des Nations [la SDN] qui s'organise sous nos yeux et qui demain sera MAÎTRESSE DANS LE MONDE»" (p. 54). Hélas ! Les Vicaires du Christ concordatisés de l'époque, Benoît XV pour ne pas le nommer, avec un certain Monsignore Eugenio Pacelli futur Pie XII pour le pousser à fond dans cette direction, sont déjà pratiquement d'accord avec cet ennemi de l'Église, sur cela (cf. mon précédent article L'Antéchrist-personne devant clore notre fin des temps sera-t-il... le dernier pape de l'Église catholique ?). Paul Morand (1888-1976), cet homme politique de la première guerre mondiale, "publiant ses notes il y a quelques années, a écrit une préface dans laquelle on peut lire : «Cette extraordinaire année 1917 sera aussi importante que 1789 pour l'histoire de l'Europe». Mais il avoue lui-même n'en avoir pas eu conscience en 1917" (Le mensonge historique, André Gillois, 1990, p. 61).
Le lecteur comprend sans peine à quel point ces constats intelligents intéressent notre sujet : 1917 est cette année-charnière qui voit le basculement de la prépondérance de l'Église sur le monde au profit des forces néo-païennes antéchristiques ; à partir de 1917, la Loi qui mène le monde est désormais celle de l'Antéchrist-légion, plus celle de l'Église. Dernier bastion important à empêcher que l'Église ne perde sa prépondérance spirituelle et métapolitique sur le monde entier, l'Empire d'Autriche-Hongrie est la grande victime de la première guerre mondiale : après 1917 tout particulièrement, qui scelle définitivement l'écroulement complet de cette Tour de défense principale des Monarchies et principautés européennes (et qui d'ailleurs entraîne dans sa chute l'écroulement des empires russes et allemands, toutes les Tours de défense européennes tombent en effet à peu près en même temps à la fin de la première guerre mondiale), la Forteresse entière tombe, s'écroule irrémédiablement, et l'Église en est réduite à se réfugier dans le Donjon central, seule désormais en face du monde désormais complètement repossédé par les forces néo-païennes antéchristiques déguisées sous les oripeaux "nationalistes" ou "démocrates" qui ne veulent plus que des États-nations constitutionnellement athées, ce qu'elles ont obtenu radicalement dans tous les peuples après la première guerre mondiale, et qui donc a enfin consacré cette victoire de droit sur l'Église tant recherchée par elles depuis 1793, pour lui ravir le contrôle des destinées du monde entier.
La loi qui mène le monde, à partir de 1917, c'est dorénavant celle de la subversion. C'EST DONC TRÈS-CERTAINEMENT À CE MOMENT-LÀ QUE NOUS QUITTONS SARDES POUR RENTRER DANS PHILADELPHIE.
L'examen au niveau politique international amène donc à cette conclusion absolument indubitable. Mais si nous élevons à présent notre regard au niveau eschatologique, alors, combien plus encore l'an 1917 apparaît comme une charnière radicale entre deux âges ecclésiaux ! À ce niveau supérieur, c'est carrément... du crève-l'œil :
1/ Cette année 1917 voit s'initier le grand Retour des juifs, l'Aliyah, radicalement impossible depuis la destruction de Jérusalem l'an 70 par les romains, dans "la terre que J'ai donnée à vos pères" (Ez XXXVI, 28), improprement appelée Palestine, et notamment à Jérusalem ; signe eschatologique des plus importants, car prophétisé par Jésus comme devant être signe topique formel de la fin des temps ("Jérusalem sera foulé aux pieds par les nations jusqu'à ce que le temps des nations soit accompli" ― Lc XXI, 24). Même sans l'aspect politique international des choses de 1917 que nous venons de voir ensemble (et qui, à lui seul, est suffisant pour trancher notre question), ce signe du grand Retour des juifs en Israël serait amplement suffisant à lui tout seul pour prouver que 1917 est une année à signification eschatologique, faisant rentrer l'Église et le monde entier dans les derniers temps : or, c'est dans les deux dernières Églises mystiques, Philadelphie et Laodicée, que l'Antéchrist, lui aussi signe topique de la fin des temps, commence à prendre pied sur la terre, d'abord sous la forme légion ou "dix rois" dans Philadelphie, puis sous la forme personnelle dans Laodicée. Le Retour des juifs signifie donc que nous rentrons dans Philadelphie.
2/ 1917 voit également la naissance en Russie du communisme d'État, c'est-à-dire de la prise de possession par l'Antéchrist-légion d'une nation, qui est anéantissement radical et d'une manière systématique, en droit, de la Loi de l'Église et du Christ dans une nation, satanique prophétie de ce qui doit dès lors arriver à toutes les autres nations (et pas forcément sous la forme soviétique : le capitalisme, qui est la loi fondamentale de toutes les démocraties post-révolutionnaires modernes, n'est rien d'autre qu'un... communisme de l'argent, exactement aussi antéchristique que le communisme soviétique !). Le fait que ce nouvel ordre sociopolitique antéchristique puisse prendre pied dans une nation, manifeste on ne peut mieux le passage de Sardes à Philadelphie, c'est-à-dire ce changement que nous recherchons et qui consiste en ce que les forces néo-païennes antéchristiques reprennent le pas, quant à la direction des destinées du monde, sur l'Église. Encore une démonstration nette et formidablement... décisoire, comme dit Pierre Virion, de la rentrée dans Philadelphie par l'an 1917.
3/ Comme si cela ne suffisait pas amplement, 1917 a en outre la grâce insigne de voir une extraordinaire Apparition mariale, absolument, et de loin, inconnue des temps chrétiens passés : Fatima, de portée mondiale, dont la signification profonde est que la très-sainte Vierge Marie vient pour assister l'Église et les nations chrétiennes dans le dernier combat apocalyptique qui se dessine dès lors pour elles à partir de cette année-clef, parce que l'Église a plus besoin d'elle, ayant "peu de force" comme le révèle clairement l'Ange à Philadelphie. Claire Ferchaud, la mystique de Loublande, dont la première mission s'inscrit dans le cadre de la première guerre mondiale, a reçu elle aussi confirmation par le Ciel d'une aide surnaturelle supplémentaire apportée à la terre et à l'Église à partir de... 1917 : "1917 marque, selon Claire Ferchaud, le signal de l'accomplissement d'un temps, le temps d'une action divine, moins apparente sans doute que l'action diabolique de ceux qui veulent perdre et la France et l'Église, mais souveraine, inexorable dans sa Puissance, sa Majesté, sa Justice, et finalement sa Miséricorde. Ces temps ont débuté en 1917, ils ne sont pas encore terminés, ils sont «actuels». C'est bien ce que la Très Sainte Vierge nous suggère à Fatima en cette même année 1917" (Au plus fort de la tourmente..., Claude Mouton, p. 13).
On pourra noter l'extraordinaire confluence de ces trois grands signes eschatologiques marquant 1917, qui se précipitent tous en même temps, en octobre et début novembre de cette année inouïe : en octobre, c'est la victoire des Bolcheviks en Russie et la très-sainte Vierge vient immédiatement assister les nations le 13 du même mois, chiffre symbolique marquant la malédiction antéchristique dans laquelle l'Église et le monde s'engouffraient ; en novembre, le 2 voit la délivrance, sur papier pour commencer, de Jérusalem, et le 3... Léon Bloy, le plus grand des petits prophètes modernes, en mourait, rendant à Dieu son âme héroïque (la délivrance effective de Jérusalem se fera à toutes vitesses dès le mois suivant, en décembre 1917).
À vrai dire, c'est bien plus qu'il nous en faut pour conclure formellement que les forces néo-païennes antéchristiques ont pris le pas sur l'Église en 1917, et que donc cette année prodigieusement fatidique enregistre l'entrée du monde et de l'Église dans Philadelphie. Il est tout-de-même incroyable qu'une coupure aussi spectaculaire, nette, fracassante, à la fois dans l'Histoire et dans l'Eschatologie (bien plus visible que l'année 1517, passage de Thyatire à Sardes !), soit passée complètement inaperçue aux yeux du plus grand nombre des catholiques (de préférence tradis, et de préférence prêtres du Seigneur...) ! On ne peut qu'y voir du néo-pharisaïsme conservateur, de l'obscurantisme, de la paresse spirituelle, voire plus gravement de l'idolâtrie de l'économie de salut en cours, celle du Temps des nations et de l'Église romaine. Certains tradis se montrent en effet tellement attachés à un dénouement de "la crise de l'Église" DANS un cadre exclusivement historique, DANS l'économie du Temps des Nations sinon rien, qu'on se demande s'ils ne versent pas, pour leur part, dans l'hérésie des… Éternals. "Éternals : Hérétiques qui, dans les tout premiers siècles de l'ère chrétienne, croyaient à l'éternité du monde tel qu'il est présentement. La résurrection de la chair et le Jugement dernier, qu'ils ne niaient pas, n'apporteraient aucun changement à l'état du monde et scelleraient, au contraire, son caractère éternel" (Dictionnaire des hérésies dans l'Église catholique, Hervé-Masson, p. 145) ! C'est tout simplement le péché d'idolâtrer l'économie de salut en cours, à l'instar des antiques pharisiens. Mais hélas, combien parmi les tradis, surtout ceux infectés de maurrassisme et de scolastique ultra, considèrent le Temps des Nations ainsi, comme s'il était déjà... l'Éternité commencée !!!
... Mais, voudra-t-on objecter, mais, mais, puisque nous vivons depuis 1917 dans Philadelphie, où est donc cette "gloire crépusculaire" promise à cette période ecclésiale, si bien vaticinée par le bienheureux Holzhauser dans son Interprétation de l'Apocalypse renfermant l'histoire des sept âges de l'Église catholique (publié par le chanoine de Wuilleret en 1857, édition Louis Vivès), et que j'ai là à témoin, présentement sous la main ?
Je l'ai dit plus haut en commençant ces lignes : il n'y a pas, dans le texte prophétique lui-même de l'Apocalypse, de gloire annoncée pour la période ecclésiale de Philadelphie, avec ou sans saint pape et/ou grand-monarque. Pour le bien saisir, je commence par rappeler, au mot et à la virgule scripturaires près, in extenso & ne varietur, l'adresse de l'Ange à l'Église de Philadelphie :
"Écrivez aussi à l'Ange de l'église de Philadelphie : Voici ce que dit le Saint et le Véritable, qui a la clé de David, qui ouvre, et personne ne ferme, qui ferme, et personne n'ouvre : Je sais quelles sont vos œuvres : Je vous ai ouvert une porte que personne ne peut fermer parce que vous avez peu de force et que vous avez gardé ma Parole et n'avez point renoncé mon Nom. Je vous amènerai bientôt quelques-uns de ceux qui sont de la synagogue de Satan, qui se disent juifs et ne le sont point, mais qui sont des menteurs : Je les ferai bientôt venir se prosterner à vos pieds : et ils connaîtront que Je vous aime. Car vous avez gardé la patience ordonnée par ma Parole ; Je vous garderai Moi aussi de l'heure de la tentation qui viendra dans tout l'univers pour éprouver ceux qui habitent sur la terre. Je viendrai bientôt ; conservez ce que vous avez reçu, de peur qu'un autre ne prenne votre couronne. Quiconque sera victorieux, Je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu ; il n'en sortira plus ; et J'écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel, venant de mon Dieu et mon Nom nouveau. Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Église" (Apoc III, 7-13).
Ce qui caractérise la sixième période ecclésiale, Philadelphie, c'est donc qu'elle a "peu de force" mais qu'elle garde la Foi, ne "renonce point mon Nom" malgré le handicap de sa grande faiblesse. Et cela cadre très-bien avec l'ordre chronologique des Églises mystiques dans le rapport de force entre l'Église et le monde, comme nous l'avons vu ensemble plus haut : après la cinquième période ecclésiale de Sardes attaquée par la maladie mortelle des forces néo-païennes antéchristiques re-naissantes mais cependant toujours maîtresse des destinées du monde, nous voyons bien que ce "peu de force" signifie que les forces néo-païennes antéchristiques ont désormais repris le pas sur elle, elles ont réussi à gagner une victoire de droit sur l'Église, renversant ce qui s'était passé entre Smyrne et Pergame, à savoir une victoire de droit de l'Église sur le monde, par la conversion de Constantin-le-Grand. Là, c'est tout le contraire : Philadelphie enregistre une victoire de droit du monde sur l'Église. L'Ange qui dans l'Apocalypse s'adresse aux Églises mystiques, loin de promettre à Philadelphie une quelconque "gloire crépusculaire", autrement dit une nouvelle victoire du Bien sur le mal, lui prophétise tout au contraire que le règne de l'Antéchrist-personne, qui consacrera définitivement la victoire de droit des forces néo-païennes antéchristiques que subit Philadelphie en y joignant une radicale et complète victoire de fait qui mettra à mort l'Église, est ce qui l'attend "bientôt", dans un tout proche avenir, puisqu'aussi bien, ce sera la période ecclésiale immédiatement suivante qui verra ce règne maudit entre tous, Laodicée...! Mais que Philadelphie se rassure : par cette mort dans la figure du monde qui passe, elle vaincra à l'instar du Divin Maître. "Car vous avez gardé la patience ordonnée par ma Parole ; Moi aussi Je vous garderai de l'heure de la tentation qui viendra dans tout l'univers pour éprouver ceux qui habitent sur la terre".
Il est donc loin d'être question, dans le texte apocalyptique lui-même concernant Philadelphie, d'une quelconque victoire ecclésiale sur le mal, quand l'Ange lui prophétise exactement le contraire, le règne de l'Antéchrist-personne après l'agonie morale sous "la puissance des ténèbres" que subit Philadelphie qui a "peu de force"...!
Le seul passage qui pourrait être invoqué dans Philadelphie comme une prophétie d'un règne royal pour le Bien, serait "la clef de David". Cette clef de David concerne en effet une royauté sacrale au Nom de Jésus-Christ. On le voit par exemple dans Is XXII, 22, où un roy juif est intronisé par Yahweh, qui le met ainsi en possession du pouvoir royal : "Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David ; il ouvrira, et personne ne fermera, et il fermera, et personne n'ouvrira". Mais même Holzhauser, qui pourtant veut discerner dans Philadelphie une "gloire crépusculaire", est bien obligé de convenir qu'ici, le principe royal annoncé dans Philadelphie ne concerne pas une royauté temporelle, mais celle de Jésus-Christ Lui-même : "De plus, il est dit ici que le Christ a la clef de David parce que David et son règne furent la figure de Jésus-Christ et de son règne, comme on le voit dans les livres des prophètes". On voit la même chose d'ailleurs dans l'annonciation de l'Ange Gabriel à la Vierge Marie : "Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu Lui donnera le trône de David Son père, et Il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et Son règne n'aura pas de fin" (Lc I, 32-33). Il ne s'agit donc pas ici d'un règne du Christ dans le cadre restreint et enclavé d'un âge ecclésial inhérent au Temps des nations et de l'église romaine, genre règne du saint-pape et du grand-monarque, mais de l'espérance à venir du Règne de la Gloire du Christ, c'est-à-dire du Millenium qui aura lieu après la chute du règne de l'Antéchrist-personne, qui en est satanique contrefaçon-anticipation.
Tout se comprend dès lors fort bien, si l'on veut lire la Prophétie avec intelligence : après avoir prophétisé à Philadelphie l'épreuve redoutable qui l'attend, à savoir le règne de l'Antéchrist-personne qui est contrefaçon-anticipation du Millenium, l'Ange apporte la seule contrepartie spirituelle capable de contrebalancer "la tentation universelle" antéchristique dans les âmes des fidèles de Philadelphie, seule capable de leur donner la patience nécessaire pour la supporter : l'espérance du Millenium, justement, de la nouvelle économie de salut pleine de la Gloire du Christ qui sera instaurée juste après la chute de l'Antéchrist-personne et de son règne maudit. La "clef de David" dont il est question à Philadelphie, c'est donc LA SAINTE ET GRANDE ATTENTE DU MILLENIUM À VENIR. Cette "clef de David" qui "ouvre une porte" salvatrice pour les fidèles de Philadelphie, leur permettant d'échapper ainsi spirituellement aux griffes diaboliques et redoutables de l'Antéchrist-personne, c'est le Millenium, c'est l'ouverture prophétique sur la Délivrance surnaturelle que constituera pour le fidèle de Philadelphie, le Millenium. C'est pourquoi il est dit : "Voici le Saint et le Véritable, qui a la clef de David, qui ouvre, et personne ne ferme ["Je vous ai ouvert une porte que personne ne peut fermer"... pas même la Bête antéchristique, qui, pourtant, a pouvoir de fouler aux pieds les saints du Très-Haut comme en avertit le prophète Daniel, saint Jean de son apocalyptique côté nous dit même que l'Antéchrist-personne aura pouvoir de "vaincre les saints" ― XIII, 7 !], qui ferme et personne n'ouvre [... seuls les fidèles de Philadelphie qui "ont peu de force" mais qui n'ont "pas renié mon Nom", ce qui est très-méritoire, ont accès à cette porte prophétique qui les garde de la "tentation universelle", personne d'autre n'y a accès !]". Cette "clef de David" ne prophétise donc pas du tout un triomphe de l'Église dans ses structures actuelles inhérentes à l'économie du Temps des nations, on est loin de compte quand on s'imagine une "gloire crépusculaire" DANS Philadelphie, avec ou sans saint-pape et grand-monarque... Dans cette prophétie, il s'agit essentiellement de consolations et d'encouragements donnés à des opprimés voire des martyrs livrés aux mains de leurs ennemis. Ce qui caractérise Philadelphie, c'est qu'elle est toute tendue vers la grande épreuve antéchristique à passer, que lui annonce l'Ange, après laquelle seulement l'Église sera glorieusement étendue à toute la terre d'une manière qu'elle n'a jamais connue, "nouvelle Jérusalem qui descend d'auprès de Dieu" (Apoc. XXI, 2).
On pourrait aussi évoquer le passage de Philadelphie où des ennemis du Christ sont humiliés devant les serviteurs de Dieu, pour cautionner un triomphe temporel du Bien sur le mal pendant cette période ecclésiale : "Je vous amènerai bientôt quelques-uns de ceux qui sont de la synagogue de Satan, qui se disent juifs et ne le sont point, mais qui sont des menteurs : Je les ferai bientôt venir se prosterner à vos pieds : et ils connaîtront que Je vous aime". Mais cette prophétie de l'Ange à Philadelphie regarde là encore un futur, le futur du Millenium, où, effectivement, la Gloire de Dieu humiliera tout impie devant les justes, et non dans le temps même de Philadelphie : il est prophétisé en effet que ce sera "bientôt" que cela arrivera, et donc, ce n'est pas pour tout-de-suite, pas dans l'immédiat du temps de Philadelphie, en relation avec l'autre "bientôt" de la prophétie faite à Philadelphie ("Je viendrai bientôt") qui fait allusion certaine à la Revenue en Gloire du Christ et à l'établissement du Millenium. Par conséquent, ce passage ne prophétise pas une humiliation des méchants devant les justes pendant Philadelphie, mais seulement dans le Millenium à venir "bientôt".
... Alors, se demandera-t-on, mais sur quoi donc s'est basé Holzhauser et ceux qui le suivent sur ce terrain, pour nous prophétiser une "gloire crépusculaire" dans Philadelphie ? La réponse est simple. Holzhauser se base uniquement sur... une analogie mystique avec le sixième Âge : a) ce qu'il appelle la sixième époque du monde ("Nous trouvons le type de cette période -la sixième Église- dans la sixième époque du monde"), b) le sixième jour de la Création ("C'est aussi à cette sixième période -la sixième Église- qu'en raison de la similitude de sa perfection se rapporte le sixième jour de la Création, lorsque Dieu fit l'homme à sa ressemblance et lui soumit toutes les créatures du monde pour en être le seigneur et le maître"), c) le sixième esprit du Seigneur ("C'est encore à cette sixième période que se rapporte le sixième esprit du Seigneur, savoir : l'esprit de sagesse que Dieu répandra en abondance sur toute la surface du globe en ce temps-là").
Nul doute, certes, que l'analogie mystique basée sur le chiffre six (signifiant une perfection) soit très-exacte. Par contre, l'interprétation, l'application temporelle à Philadelphie de cette dite analogie mystique est fort délicate à faire par un lointain prophète, même catholique et fort respectable : elle n'est révélée vraiment par le Saint-Esprit aux hommes qu'au moment où la Prophétie s'accomplit, dans les temps même où elle s'accomplit. Car c'est le suc de la Prophétie dont la connaissance est seulement utile au salut de ceux qui ont ce temps à traverser. Nous avons donc, nous autres qui vivons Philadelphie, un immense avantage sur Holzhauser, qui a rédigé son ouvrage... en 1620, dans les lointains commencements de Sardes, ayant par ailleurs beaucoup souffert dans son apostolat vénérable, des hérétiques protestants, et voulant espérer, c'est humain et excusable, une période de l'Église où les méchants seraient abattus. Or, nous sommes bien à même de voir que cette application qu'il fait à Philadelphie de la perfection du sixième âge, sous la forme d'un triomphe temporel avec le règne jumelé d'un saint pape et d'un grand monarque, n'est pas du tout exacte. Que le sixième âge (que ce soit celui du monde, des dons du Saint-Esprit, de la Création, ou de l'Église) soit marqué par une perfection, c'est une grande vérité ; en déduire, comme le fait Holzhauser, et tant d'autres à sa suite, que cette perfection dans Philadelphie doit être EXTÉRIEURE ET GLORIEUSE, non seulement rien n'est moins sûr mais cela est formellement contredit par l'Ange qui enseigne à Philadelphie ce qu'elle aura à vivre, qui est exactement contraire, nous venons de le voir.
Raoul Auclair, voulant suivre en cela Holzhauser, s'est échiné dans ses ouvrages mélangés à concilier dans Philadelphie une Église sur laquelle l'Ennemi a pouvoir de mettre son joug odieux (car elle n'est plus maîtresse des destinées du monde dans cette époque de sa vie militante), avec un triomphe extérieur de cette même Église sous le règne d'un saint-pape et d'un grand-monarque. Peine perdue !, la contradiction est évidemment trop flagrante... Quant à Holzhauser, il est si illuminé de son analogie avec le sixième âge des choses, qu'il veut absolument traduire en une gloire temporelle très-certaine pour Philadelphie, qu'il n'est pas gêné d'attribuer le "peu de force" dont l'Ange qualifie cette sixième Église, et qui contredit bien sûr de plein fouet cette prétendue gloire extérieure qu'il veut voir dans Philadelphie, à... la fin de Sardes, en contradiction totale avec la révélation apocalyptique : "... Car, vers la fin des temps du cinquième âge, ceux-ci [les serviteurs de Dieu] ayant peu de force, s'élèveront néanmoins contre les pécheurs qui auront renié la Foi à cause des biens terrestres, etc." !
Holzhauser, ici, trafique carrément le texte apocalyptique, sans vergogne aucune (c'est tout-de-même bien surprenant...), en attribuant à Sardes ce que l'Ange dit de Philadelphie !! Évidemment, à partir de là, on peut faire dire tout et n'importe quoi au texte révélé. C'est dire le peu de valeur de son Interprétation, etc., toute entière basée sur l'a-priori illuministe total et presque forcené d'une prétendue gloire temporelle de l'Église pendant Philadelphie, décidé par lui une fois pour toutes en prolégomènes...! On pourra noter ici, un rien goguenard, que le marquis de La Franquerie et son éditeur Jean Auguy (éd. de Chiré), dans la plaquette Le saint pape et le grand monarque d'après les prophéties, 1980, ont recopié inintelligemment telle quelle, pp. 7 & 8, dans le contresens et l'obscurantisme le plus total, l'erreur fort grossière d'Holzhauser, ... sans aller même vérifier dans l'Apocalypse !, attribuant le "peu de force" à Sardes alors que saint Jean, de par Dieu, l'applique à Philadelphie ! C'est bien sûr bougrement gênant d'appliquer le "peu de force" à Philadelphie quand on a décidé que cette sixième église devait voir le règne glorieux du saint pape et du grand monarque...!!!
Or bien, donc, la perfection inhérente au sixième âge de l'Église, Philadelphie, est réelle, mais de nature purement INTÉRIEURE et non extérieure, ce qui était complètement impossible, d'ailleurs, étant donné ce "peu de force" qui la caractérisait essentiellement. C'est la très-sainte Vierge Marie, Reine des Prophètes, qui, un peu avant que Philadelphie ne s'ouvrît, en 1846, alors que Sardes était déjà bien fort avancé, a révélé par avance aux fidèles de Philadelphie quelle serait la nature exacte de la perfection du sixième âge ecclésial. Ce qu'elle fait dans le Secret donné à Mélanie Calvat, quand, sortant de la vision affreuse de l'Apocalypse, elle s'adresse avec un Amour inexprimable aux fidèles qui auront à passer le temps de la sixième Église, martyrisés par l'Antéchrist-légion. Considérons et méditons bien ce qu'elle dit, chacun de ses mots est une révélation : "MAIS LES ENFANTS DE LA FOI, MES VRAIS IMITATEURS, CROÎTRONT DANS L'AMOUR DE DIEU ET DANS LES VERTUS QUI ME SONT LES PLUS CHÈRES. HEUREUSES LES ÂMES HUMBLES CONDUITES PAR L'ESPRIT-SAINT ! JE COMBATTRAI AVEC ELLES JUSQU'À CE QU'ELLES ARRIVENT À LA PLÉNITUDE DE L'ÂGE". Il y a là comme qui dirait une explicitation de ce que la très-sainte Vierge viendra faire à Fatima, de ce surcroît d'aide surnaturelle qui sera donné aux fidèles dès lors que Philadelphie s'ouvrira, en 1917, comme l'avait bien vu Claire Ferchaud.
Il ressort donc de cette révélation mariale impressionnante que les fidèles de la sixième Église, ceux "qui ont peu de force mais qui n'ont pas renoncé mon Nom" (et c'est l'humilité certes le meilleur moyen pour garder la Foi quand on est faible), PAR LE SEUL FAIT DE GARDER LA FOI, bien que cette Foi soit terriblement foulée aux pieds par la Bête (surtout sur le Siège de Pierre !), CROÎTRONT en sainteté jusqu'à devenir les plus grands saints que l'Église ait jamais enfantés ! Car dans cette croissance, ils seront conduits par l'Esprit-Saint dont le propre est précisément d'opérer une sainteté de PERFECTION dans les âmes qu'Il conduit. La sainteté à laquelle doivent aboutir tous les fidèles de la sixième Église qui, à la fin, n'auront point renoncé le Nom de Jésus-Christ, est une sainteté de PERFECTION, une sainteté sous les auspices bénis de Marie. Or, cette sainteté de perfection qu'aucun âge de l'Église n'aura jamais connue même de loin, qui élèvera considérablement chaque chrétien vers les sommets spirituels, dont sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, avec sa petite voie d'enfance spirituelle, fut pratiquement, juste avant que ne s'ouvrît Philadelphie, le phare et le modèle achevé, sera acquise progressivement dans un grand mystère entre l'âme et Dieu, tout au long de la très-purificatrice sixième Église... un mystère si grand que l'âme même n'en a pas absolument conscience, si tant est qu'elle l'a. C'est cette croissance extraordinaire menant à une sainteté de plénitude jamais atteinte dans tous les âges de l'Église, que nous révèle la très-sainte Vierge à La Salette : "Je combattrai avec les enfants de la Foi, mes imitateurs, jusqu'à ce qu'ils arrivent à la plénitude de l'âge". Car la recherche et la poursuite par les âmes fidèles de la perfection est elle-même perfection, il est dit, en effet "Cherchez et vous trouverez", sous-entendu : immédiatement ; le futur employé, ici, n'est pas lointain et séparé du présent, il lui est immédiat et surtout lié (c'est ce temps que la grammaire française a baptisé : futur immédiat).
C'est pourquoi, cette perfection intérieure qui n'éclatera qu'à la fin du sixième âge de l'Église, à la fin de Philadelphie, est l'attribut BIEN RÉEL de toute la durée de Philadelphie.
Voilà donc le véritable sens de la perfection du sixième âge ecclésial, de Philadelphie : une perfection toute INTÉRIEURE, c'est-à-dire qu'il sera donné aux fidèles de Philadelphie une grâce de sainteté mariale que n'aura jamais eue aucun autre âge de l'Église. Et dont on peut penser qu'elle leur servira pour "acheter" la grâce du Millenium : n'est-ce pas ainsi qu'il faut comprendre les choses, en méditant sur la manne dans le désert ? Pendant cinq jours, il fallait en ramasser une mesure par jour, mais pendant le sixième jour, une double mesure, à valoir, et pour le sixième et pour le septième jour où il fallait se reposer... C'est alors que se comprend fort bien la plénitude de l'âge dont jouiront les heureux privilégiés qui accèderont au Millenium, que saint Irénée de Lyon nous décrit ainsi : "Que toute créature [accédant au Millenium] doive, selon la volonté de Dieu, croître et parvenir à la plénitude de sa stature, pour produire et faire mûrir de tels fruits, c'est ce que dit Isaïe : «En ce temps-là, toutes les montagnes les plus hautes, et toutes les collines les plus élevées seront arrosées de ruisseaux d'eaux courantes. (...) Alors la lumière de la lune deviendra comme la lumière du soleil ; et la lumière du soleil sera sept fois plus grande, comme serait la lumière de sept jours ensemble, lorsque le Seigneur aura bandé la plaie de son peuple, et qu'Il aura guéri la blessure qu'il avait reçue» (Is XXX, 25-26)". Et de préciser, plus loin : "C'est réellement que l'homme s'exercera à l'incorruptibilité, qu'il croîtra et qu'il parviendra à la plénitude de sa vigueur aux temps du Royaume, jusqu'à devenir capable de saisir la gloire du Père" (Contra Haereses, Livre V). Les fidèles de Philadelphie sont donc formés par la très-sainte Vierge Marie elle-même, pour atteindre la plénitude de l'âge qui sera le modus commun de tous les hommes dans le Millenium...
Car au fait, entre Philadelphie et le Millenium, il n'y a qu'une très-courte parenthèse, quand bien même elle est fort redoutable, celle du règne de l'Antéchrist-personne qui, dans le cadre de Laodicée, ne durera que très-peu de temps.
Et justement, deuxième sens de cette perfection toute intérieure qui marquera Philadelphie, pendant que les fidèles souffriront le martyre (de l'âme et/ou du corps), tout au long du sixième âge de l'Église que possèdera implacablement l'Antéchrist-légion, pendant qu'ils croîtront spirituellement et d'une manière fort cachée et secrète pour parvenir à la plénitude de l'âge, pendant ce temps-là donc, les Anges feront le marquage des élus... dont l'infâme 666 sera la contrefaçon diabolique dans Laodicée, dès que Philadelphie sera clos : "Je vis encore un autre ange qui montait du côté de l'orient, ayant le sceau du Dieu vivant : et il cria à haute voix aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de frapper de plaies la terre et la mer, en disant : Ne frappez point la terre, ni la mer, ni les arbres, jusqu'à ce que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu" (Apoc VII, 2-3). Voilà une autre forme de la perfection intérieure inhérente à Philadelphie, et qui est le marquage des élus, car ceci se passe à l'ouverture du sixième Sceau... donc pour la sixième Église, c'est-à-dire tout du long de cette sixième période ecclésiale. Or, cette marque surnaturelle qui sera apposée sur les fidèles de Philadelphie, ce signe électif, c'est... la très-sainte Vierge Marie elle-même. Écoutons-la nous le révéler à Marienfried, en 1947 : "Je suis LE SIGNE DU DIEU VIVANT. J'imprime mon sceau sur le front de mes enfants. L'Étoile persécutera mon Signe, mais mon Signe vaincra l'Étoile" (soit dit en passant, il n'est pas anodin de remarquer que non seulement le matériel de guerre soviet mais aussi celui américain, porte l'Étoile...). Philadelphie est donc dans une grande perfection spirituelle intérieure. C'est pourquoi l'on notera avec soin qu'elle est la seule Église parmi les sept Églises mystiques de l'Apocalypse à laquelle l'Ange ne fait aucun reproche, comme il en fait à toutes ses consœurs : c'est en relation certaine avec cette perfection spirituelle intérieure qui la caractérise...
Conclusion : la perfection du sixième âge de l'Église, Philadelphie, est donc purement INTÉRIEURE, et non pas extérieure. Je préfère quant à moi suivre sur cela la très-sainte Vierge Marie à La Salette, dans son Secret si extraordinaire pour peu qu'on le médite, plutôt que le bienheureux Holzhauser, si saint soit-il par ailleurs, ce que cet apôtre qui fit beaucoup pour réparer les méfaits du protestantisme en Allemagne était certainement (il est bon ici de rappeler, pour ceux qui auraient tendance à prendre son commentaire apocalyptique comme Parole d'Évangile, que lorsque l'Église déclare un bienheureux, elle ne canonise nullement ses écrits, moins encore ses prophéties ; il est par ailleurs assez étrange que Holzhauser ait arrêté son commentaire de l'Apocalypse au ch. XV parce qu'il ne se sentait plus... inspiré de Dieu pour continuer, comme il l'avoue lui-même en toute humilité à ses disciples : "Lorsque ses disciples lui en demandèrent la raison, il leur répondit ingénument qu'il ne se sentait plus animé du même esprit, et qu'il ne pouvait pas continuer" - Préface, chanoine de Wuilleret). Au demeurant, on est bien obligé de constater que l'interprétation faite par Holzhauser de la prophétie de Philadelphie, la sixième Église de l'Apocalypse, est entièrement basée sur la seule analogie mystique du sixième âge, et non point sur le texte littéral apocalyptique lui-même qu'Holzhauser n'hésite point à contredire s'il le trouve en désaccord avec son interprétation, comme on l'a vu. C'était pratiquement faire de son interprétation... une nouvelle prophétie dans l'Église ! Cette nouvelle "prophétie" holzhausérienne avait donc grandement besoin elle-même de passer au feu de la vérité incarnée dans la réalisation prophétique qui a lieu, quant à Philadelphie, à partir de 1917, pour être vérifiée authentique ou bien non.
Et le fait est que, passée au crible de la vérité, il n'en reste... rien.
L'examen rigoureux de la question posée en titre de ce nouvel article Sommes-nous à Sardes ou à Philadelphie, voire déjà à Laodicée...!? aboutit donc à cette indubitable et sûre conclusion : NOUS VIVONS, NOUS LES CATHOLIQUES POST-VATICAN II, LE SIXIÈME ÂGE ECCLÉSIAL DE PHILADELPHIE, plus exactement, la fin de cet âge marqué par "la crise de l'Église", qu'à La Salette la Reine des prophètes avait qualifiée d'"affreuse"... Et Dieu sait assez si la réalité présente, surtout sur le Siège de Pierre, vérifie la prophétie salettine ! Ce qui signifie donc que nous nous apprêtons à vivre la redoutable charnière apocalyptique qui nous conduira à Laodicée, âge ecclésial ultime qui s'ouvrira avec l'apparition de l'Antéchrist-personne intronisé légitimement, en tant que pape, sur le Siège de Pierre, et ce sera, certes, l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint à son summum indépassable.
... Maintenant, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas : je ne dis pas que notre actuel pape François sera le tout dernier pape de Philadelphie avant l'avènement de l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, je dis simplement qu'il vit, et nous avec, la fin de Philadelphie. Mais est-il le dernier pape ou l'avant-dernier, l'antépénultième ou le pénultième, avant Laodicée, ou bien faut-il en compter plusieurs après lui, continuant à nous faire mourir la fin de Philadelphie de cette mâlemort spirituellement atroce et affreuse qu'humainement parlant nous ne pouvons plus supporter ? Sans que l'âge ecclésial de Laodicée ne s'ouvrît encore apocalyptiquement ?
Je n'en sais rien, strictement rien, absolument rien. Je m'en remets à Dieu, Lui demandant seulement de prendre à Sa garde ma propre sanctification. Si l'on m'avait dit, lorsque j'ai rédigé la première mouture de cet article dans les Annexes de L'extraordinaire Secret de La Salette il y a 28 ans déjà (!), en 1988, Jean-Paul II étant pape antéchristiquement régnant, qu'après lui il y aurait encore deux papes à remplir le Siège de Pierre sans que nous vissions poindre à l'horizon la fin de Philadelphie, Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?, j'avoue que j'aurai eu beaucoup de mal à y croire.
Alors, maintenant, à l'heure d'annhuy 2016, combien doit-il y avoir de pape(s) après le pape François, si tant est qu'il doit y en avoir encore un seul, sans voir la fin achevée de Philadelphie, c'est-à-dire l'introduction apocalyptique dans Laodicée par, hélas !, hélas !, hélas !, l'intronisation légitime de l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre ?
Dieu, et Lui seul, dont je suis et veux rester l'humble, aimant, et très-inutile serviteur, le sait... et cela me suffit.
En la fête de la Purification
de la très-sainte Vierge Marie,
ce 2 février 2016.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.