Les processions de la Fête-Dieu
dans nos temps modernes :
peuvent-elles plaire à Dieu...???
 
 
           
        Cette année, je n'irai pas à la procession de la Fête-Dieu.
           
        Pourquoi ?
           
        Ce n'est pas parce que j'ai perdu la Foi, Dieu merci. C'est bien au contraire parce que le Bon Dieu daigne, dans sa grande Bonté, me gratifier du don de la Foi plus que jamais, l'augmentant même, pour la confusion de ma propre pusillanimité. Et je me rends compte que certains positionnements, coutumes, adoptés jusque là, ne sont pas compatibles avec le saint exercice de cette Foi, et peuvent même faire obstacle à la réception de la grâce surnaturelle qui en découle.
           
        Je n'irai pas, disais-je, processionner à la Fête-Dieu, parce que l'essence de cette manifestation publique solennelle du Saint-Sacrement, telle qu'elle a été instituée par les papes au Moyen-Âge, n'est pas respectée de nos jours.
           
        Pour le bien comprendre, un petit rappel historique sera utile.
 
Fête Dieu
Procession de la Fête-Dieu à Saint-Paul-en-Jarez, début XXème siècle
 
        Nous devons l'origine de la "Fête-Dieu" ou "Fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ" à une révélation faite à sœur Julienne du Mont-Cornillon vers l'an 1210. Cette révélation demandait l'institution d'une fête annuelle en l'honneur du Saint-Sacrement de l'autel. Malgré une vive persécution contre sœur Julienne et ceux qui souhaitaient que cette fête se répande, le diocèse de Liège l'institua vers l'an 1245, puis le pape Urbain IV, qui avait connu personnellement sainte Julienne, ajouta cette fête au calendrier liturgique et la rendit obligatoire pour toute l'Église en 1264. Voici un extrait de la Bulle d'Urbain IV pour l'institution de la Fête-Dieu dans l'Église universelle : "Qu'en ce jour, les foules empressées du peuple fidèle, accourent dans les temples avec une nouvelle ferveur ; que le clergé et le peuple se lèvent pour faire éclater leur joie dans des cantiques de louanges ; que les cœurs et les désirs, les voix et les lèvres chantent des hymnes joyeux ; que la foi chante, que l'espérance bondisse, que la charité tressaille, que la dévotion applaudisse, que le chœur des prêtres jubile, que l'assemblée des vierges soit remplie de consolation ; que chacun vienne avec un cœur fervent, une volonté empressée, qu'il rende ses devoirs avec zèle, pour célébrer dignement la solennité d'un si grand jour, et puissent tous les enfants du Christ être enflammés d'une telle ardeur pour son service, qu'augmentant de jour en jour le trésor de leurs mérites, ils soient jugés dignes de recevoir comme leur récompense, au terme de leur course, Celui qui sur la croix se livra pour leur rédemption, et dans le Sacrement se donne à eux en nourriture". Saint Thomas d'Aquin prépara la liturgie de cette fête, notamment par la création du Lauda Sion Salvatorem et du Pange Lingua Gloriosi, permettant aux fidèles de chanter triomphalement une catéchèse simple et belle sur la Présence Réelle.
           
        Puis, le pape Jean XXII, en 1318, ordonna dans une Bulle de compléter les cérémonies de la Fête-Dieu par une procession solennelle publique obligatoire où le très Saint-Sacrement serait porté en triomphe, pour sanctifier et bénir, par la divine Présence de Jésus-Christ, les rues et les maisons de nos villes et villages. Les processions du Saint-Sacrement s'inspirent de I Roi VIII, lorsque Salomon fit transporter l'Arche au Temple. Ces processions ne sont donc pas nées de génération spontanée. Au reste, dans les temps du Nouveau-Testament, on faisait déjà, dès l'an 675, une procession du Tabernacle. Ces processions étaient courantes et avaient lieu le dimanche ou pendant le Triduum au XIème siècle. À partir du XIVème siècle, où, grâce aux Fête-Dieu désormais annuellement célébrées avec grandes pompes et publicité extérieures, le culte de l'Eucharistie se développe de plus en plus, l'Ostensoir apparaît en Allemagne et en France où l'hostie consacrée est exposée à l'adoration des fidèles. La pratique courante de l'exposition du Saint-Sacrement date d'ailleurs de la période de l'instauration de la Fête Dieu. Après la Réforme, seuls les pays où l'Église catholique domine continuent à pratiquer les processions rituelles du Saint-Sacrement auxquelles participe l'ensemble des classes sociales : clergé, noblesse, paysans, et les différents corps de métiers. Le Concile de Trente a par ailleurs synthétisé la doctrine de l'Église en la matière par un anathème qu'il est bon de rappeler ici : "Si quelqu'un dit que, dans le Saint Sacrement de l'Eucharistie, le Christ, Fils de Dieu, ne doit pas être adoré d'un culte de latrie, même extérieur et que, en conséquence, il ne doit pas être vénéré par une célébration festive particulière, ni être porté solennellement en procession selon le rite et la coutume louables et universels de la Sainte Église, ni être proposé publiquement à l'adoration du peuple, ceux qui l'adorent étant des idolâtres : qu'il soit anathème" (XIIIème session, 11 octobre 1551).
           
        Fin de mon petit historique, il n'y en a pas besoin de plus pour bien saisir le fond de la question. Je la résume en quelques traits rapides mais essentiels. L'instauration de la Fête-Dieu s'est faite en deux temps principaux : 1/ d'abord l'institution de la fête liturgique elle-même, dans le cadre purement ecclésial, par le pape Urbain IV en 1264, à laquelle institution est liée l'édifiante coutume d'élever à toutes les messes l'hostie tout juste consacrée par le prêtre célébrant, pour l'adoration des fidèles (c'est comme une petite Fête-Dieu à chaque messe) ; 2/ puis, quelque cinquante ans plus tard, en 1318, l'institution par le pape Jean XXII de la procession publique dans les rues de nos villes et villages, pour y porter la Présence sacramentelle de Jésus-Christ, est liée intrinsèquement à la Fête-Dieu, comme en étant un élément constitutif désormais obligatoire. Mais il est important de comprendre que ce caractère public est déjà implicite dans la promulgation liturgique de la Fête-Dieu elle-même par Urbain IV, Jean XXII ne faisant seulement qu'expliciter formellement un peu plus tard ce que son prédécesseur a voulu en instituant la Fête-Dieu.
           
        Parvenue à son achèvement théologique complet sous Jean XXII, la fête du très Saint-Sacrement, appelée dans le langage liturgique, la fête du Corps du Christ, et dans le langage populaire, la Fête-Dieu, est donc une fête dans laquelle l'Église rend les honneurs publics à Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la sainte Eucharistie, c'est-à-dire dans l'espace social et politique. On fait, les autorités civiles étant obligatoirement présentes et participatives, une procession solennelle dans les lieux publics principaux de la cité le jour de la Fête-Dieu, justement, pour bien le montrer. C'est la monstrance publique de Jésus-Christ par son Saint-Sacrement, régnant universellement sur toutes choses, et auquel Homme-Dieu, tous, sans exception, au moins de droit, sont soumis dans ce jour béni de l'année (les punitions exemplaires d'impies ayant voulu publiquement refuser l'adoration du Saint-Sacrement, ne sont pas rares). Jésus-Christ est le Roy, le Bon Pasteur universel, Il règne publiquement sur tous les hommes, pies comme impies, surtout par son immense Amour, au moins un jour dans l'année ; Il règne publiquement sur les animaux (les miracles de bœufs ou d'ânes s'agenouillant spontanément au passage du Saint-Sacrement, dans les processions de la Fête-Dieu, sont bien connus) ; Il règne publiquement sur la Création toute entière, animée et inanimée (les pétales de fleurs rendent elles aussi hommage au Sauveur du monde, etc.). Je dirai presque que la Fête-Dieu, telle qu'elle a été instituée par les papes, est une épiphanie qui prophétise le futur Millenium, si je ne craignais de faire s'émouvoir les scolastiques ensablés dans leur obscurantisme...
           
        Ainsi donc, dans sa maturation théologique achevée, la Fête-Dieu instituée par les papes inclut obligatoirement le caractère public, c'est-à-dire social et politique : c'est très-publiquement que l'hommage au Saint-Sacrement doit être rendu, c'est ainsi que les papes ont institué cette fête et l'ont entendu. Le caractère public-politique est donc dans l'essence même de la Fête-Dieu. Pas de caractère public, pas de Fête-Dieu...
           
        Et c'est ici, ô lecteur, que le problème se pose.
 
Fête Dieu Sion 1933
Procession de la Fête-Dieu à Sion (Suisse), 1933
 
        Car il est évident, sous l'angle catholique de la question, que la manifestation du Saint-Sacrement dans l'ordre public doit se faire dans la liberté ABSOLUE des enfants de Dieu. Sinon, rien. L'essence de la Fête-Dieu, en effet, c'est un règne, le Règne universel de Jésus-Christ par son Saint-Sacrement, par sa Présence réelle dans l'ordre public, sociopolitique. Or, par définition, le règne d'un roi, -... et, en l'occurrence, quel roi ! puisqu'Il est Dieu en même temps-, non seulement n'a besoin de la permission de personne pour s'exercer, mais il est absolument nécessaire sine qua non qu'il n'y ait strictement aucune espèce de permission à demander à qui que ce soit pour qu'il s'exerce. Sinon, il y a ipso-facto empêchement dirimant audit règne, et donc il ne peut pas s'exercer. Or, depuis la Révolution et les pouvoirs politiques qui en découlent, tous constitutionnellement athées comme étant basés sur les "droits de l'homme", cette liberté catholique absolue, rigoureusement nécessaire pour la manifestation du Règne du Christ par la Fête-Dieu, n'existe plus du tout, comme elle existait quand la Fête-Dieu a été instituée par les papes dans les temps où l'Ordre très-chrétien était en place, ce qui dura jusqu'à la Révolution...
           
        Pour le bien saisir, plaçons-nous par exemple au XVème siècle. Le jour de la Fête-Dieu arrive, et c'est grande effervescence parmi le peuple, pusillis cum majoribus, pour faire la fête à Dieu et, au fait, se la faire à soi-même, car, quand on est chrétien, la fête de Dieu par son Christ, c'est personnellement "faire la fête" (de ma petite enfance, et c'était dans les années de Vatican II, je me souviens avec émotion que tout un coin du grenier de notre maison bordant la grand'rue de notre commune, était occupé par des tréteaux en bois peints de couleurs vives, par des accessoires divers, servant à la Fête-Dieu de chaque nouvel an ; et à nous enfants, il était strictement interdit d'y toucher, ces instruments servant à la gloire du Saint-Sacrement avaient pour nous un peu comme une aura sacrée ; ils n'étaient d'ailleurs pas notre propriété, mais, confectionnés par des bonnes volontés catholiques, ils étaient la propriété de la paroisse ; et la plupart des greniers des maisons bordant la grand'rue avaient de ces accessoires qui étaient ressortis pour le "beau jour" tous les ans...).
           
        Le clergé, de son côté, se pique de renchérir sur la ferveur populaire pour faire de ce jour béni entre tous, un jour merveilleux de piété publique où Jésus-Christ règnera presque visiblement parmi les enfants des hommes ; pour cela, il va trouver les échevins et autres capitouls, bref les autorités sociopolitiques de la ville, afin de s'entendre avec eux pour l'organisation de la procession.
           
        Lesdites autorités civiles savent, de leur côté, que, fort loin d'avoir à donner une quelconque autorisation pour la manifestation publique du Saint-Sacrement, leur seul rôle, purement subalterne, se borne à l'organiser matériellement, en accord et sous l'autorité du clergé, et ils y sont strictement obligés. L'autorité politique, au XVème siècle, ne penserait pas une seule seconde pouvoir mettre un veto, un non-placet à la procession publique de la Fête-Dieu car non seulement elle sait qu'elle n'y a aucun pouvoir mais surtout que ce serait une atteinte sacrilège à l'autorité de l'Église qui, par ses papes, a institué la Fête-Dieu, atteinte touchant aux fondements même de la société. Autrement dit, le pouvoir politique est entièrement aux ordres de la Fête-Dieu c'est-à-dire du Règne du Christ, puisqu'il s'agit de faire régner le Christ par son Saint-Sacrement, et que l'ordre politique, étant immédiatement dérivé du Christ, a encore plus d'obligation que quiconque à s'y soumettre et à manifester ledit Règne du Christ (on le comprenait tellement bien, avant la Révolution et les "droits de l'homme", que les roys de France par exemple, lors de la fête de l'Épiphanie, portaient solennellement à l'Offertoire de la messe, or, encens et myrrhe, au prêtre célébrant représentant l'Enfant-Jésus dans la crèche, en lieu et place des rois-mages, faisant donc ainsi allégeance de leur pouvoir politique au Christ... et il n'est pas besoin d'apporter la précision qu'ils n'en étaient pas humiliés mais au contraire honorés, tant il est vrai que plier genou devant le Christ-Dieu, c'est se grandir à ses propres yeux et aux yeux de tous).
           
        Dans ce contexte, le Christ, ne rencontrant aucun obstacle de la part des hommes, pouvait régner parfaitement durant ce jour béni par le truchement de son Saint-Sacrement ; et c'est ce qu'Il faisait, pour le plus grand bien spirituel de tous.
           
        Faut-il le dire, hélas oui, il n'en est pas du tout de même dans le cadre de nos sociétés post-révolutionnaires gérées par des pouvoirs politiques basés sur les "droits de l'homme", qui osent prétendre régir la Religion dans la chose publique. La manifestation publique de la Fête-Dieu par la procession dans les rues doit en effet, dans nos temps modernes, recevoir obligatoirement l'aval et le placet du maire de la ville où celle-ci doit avoir lieu, avec pouvoir et même devoir pour celui-ci, de refuser cette manifestation du Règne de Dieu s'il juge, bien entendu à l'aune révolutionnaire des "droits de l'homme", que ladite procession peut contrevenir à la tranquillité et à l'ordre publics. Car, depuis le Concordat de 1801, c'est cedit criterium, d'ordre purement humain et non divin, qu'on ose retenir pour permettre ou non à Dieu de régner le jour de la Fête-Dieu ; et, au surplus, à l'abominable surplus, un criterium dont l'homme politique de la Révolution s'arroge d'être seul juge compétent, par-dessus l'Église : "Article 1 ― La religion catholique, apostolique et romaine sera librement exercée en France. Son culte sera public, en se conformant aux règlements de police, que le Gouvernement jugera nécessaire pour la tranquillité publique" (Concordat) ; et il est parfaitement vain et inutile de dire que le Concordat napoléonien a été aboli en 1905, car l'esprit du Concordat est toujours ce qui régit les relations entre l'Église et l'État, avant comme après son abolition, c'est-à-dire jusqu'aux jours d'annhuy 2016, dans lesquels je suis affligé d'avoir à écrire ces lignes.
           
        Il faut d'ailleurs noter ici une chose très-importante, c'est à savoir que cedit criterium de paix et de tranquillité publiques mis dans les seules mains de l'homme républicain pour juger si la Religion a droit d'exercice public ou bien non, est un fondement des sociétés post-révolutionnaires si important, qu'il forme déjà la teneur d'un article de la "Déclaration des droits de l'homme" : "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public (art. 10)". Or, on est obligé, le rouge de la honte au front, de constater que l'Église, par ses papes, a cautionné cedit fondement révolutionnaire non seulement dans le Concordat napoléonien en 1801, mais dans le décret hérétique de la Liberté religieuse promulgué à Vatican II en 1965, en ces termes proprement scandaleux où les sectes non-catholiques sont appelées... les "groupes religieux" (!) : "Dès lors que les justes exigences de l'ordre public ne sont pas violées, ces groupes [religieux] sont en droit de jouir de cette immunité [que constitue la Liberté religieuse] afin de pouvoir se régir selon leurs propres normes, honorer d'un culte public la Divinité suprême [?!!]" (§ 4). Ainsi donc, dans nos sociétés modernes, non seulement l'exercice public de l'unique Religion véritable, celle catholique, mais encore celui de toutes les fausses religions, sont rigoureusement et obligatoirement normés sur ce criterium, tenu pour suprême par tous... y compris, las !, l'Église, de la paix et de la tranquillité de l'ordre public mis dans les seules mains de l'homme politique révolutionnaire...!!
           
        Autrement dit, dans l'ordre politique post-révolutionnaire dans lequel nous vivons, ou plus exactement dit : post-concordataire et post-conciliaire c'est du reste cul et chemise, c'est l'homme qui ose décider si, oui ou non, pour en rester à notre affaire, le Règne du Christ par son Saint-Sacrement peut s'exercer parmi les enfants des hommes pendant un jour de l'année, en jugeant lui-même si ce Règne du Christ ne gênera pas trop la paix et la tranquillité publiques !! Et le juge n'est pas n'importe quel homme, mais celui de la Révolution !!! Il est évident, dans ces conditions, que le Règne du Christ en est tout-à-fait empêché, par-là même d'avoir à être autorisé par les hommes pour s'exercer, qui plus est, par les hommes révolutionnaires. Et donc l'essence de la Fête-Dieu, telle qu'elle a été instituée par les papes, est violée, n'est pas respectée. Si en effet je prétends régner mais que j'ai à demander la permission de régner à quiconque, alors c'est ce quiconque qui est roi sur moi, et quant à moi je ne suis plus roi du tout. Mais c'est le traitement qu'on ose infliger à Notre-Seigneur Jésus-Christ, fort mal nommé pour lors on en conviendra, depuis le Concordat renforcé par Vatican II, pour chaque et toutes les Fête-Dieu annuelles...
           
        Les papes du Moyen-Âge catholique qui ont institué la Fête-Dieu auraient été complètement scandalisés, horrifiés, de voir que la Fête-Dieu ne puisse avoir lieu que par... la permission de l'homme, et donc sous le règne de l'homme, ce qui annihile le Règne du Christ ipso-facto, in radice, et même pire, cela produit exactement l'effet inverse de ce que ces papes voulaient en instituant la Fête-Dieu, puisqu'au lieu du Règne du Christ sur l'homme, on a le règne de l'homme sur le Christ !! Ils en auraient, dans une sainte-colère, fulminé les pires anathèmes à juste titre. Prenons donc bien conscience qu'il y a un blasphème intégral dans les processions post-concordataires de la Fête-Dieu. Au for externe, l'esprit superficiel peut certes s'illusionner : on processionne en chantant les beaux et édifiants hymnes de saint Thomas d'Aquin, on est dans les rues, on chante à tue-tête et de plein cœur notre Foi catholique, mais, mais... c'est avec la permission de l'homme politique que le Christ "règne" ce jour de la Fête-Dieu !! Et comme cet homme, ainsi que je l'ai déjà dis, est celui de la Révolution, alors, on en arrive, dans les dernières déductions de la question, à ce que, dans notre monde post-concordataire, c'est par la permission de Satan que le Christ est autorisé à régner le jour de la Fête-Dieu !!! Mille tonnerres de Boanergès, où en est-on bien rendu !!!
           
        Car le blasphème est en effet doublé par le fait que l'homme politique dont il s'agit, c'est-à-dire tout maire de toute ville ou village français actuel, qui prétend avoir le droit d'autoriser ou non le Christ à régner le jour de la Fête-Dieu sur les hommes, est, quant à la nature de son autorité politique, ennemi déclaré du Christ. Ceux qui en douteraient n'ont qu'à se rendre dans les grandes salles de toutes les mairies de France & de Navarre, là où se tiennent les conseils municipaux et où se font les mariages (... pour tous), pour apercevoir, à la place d'honneur, un buste de la catin Marianne (c'est en effet une putain de Paris qui fut "intronisée" Marianne, sacrilègement assise sur l'autel majeur de la cathédrale Notre-Dame, lors de la Révolution...), celle-ci symbolisant depuis lors le pouvoir politique des "droits de l'homme" qui régit la société française toute entière, du plus petit niveau communal jusqu'à la présidence de la République, en passant par tous les pouvoirs intermédiaires, garde-champêtre y compris. TOUT MAIRE FRANÇAIS ACTUEL EST DONC UN OFFICIER RÉPUBLICAIN RÉVOLUTIONNAIRE DANS LE FOR PUBLIC, DONT LE CREDO OBLIGATOIRE EST "LES DROITS DE L'HOMME" SANS DIEU NI SON CHRIST. Dès lors qu'il accepte son mandat de maire quand il est élu, il souscrit obligatoirement à cette toute première règle du jeu, quand bien même, en son for privé, ce serait le meilleur des hommes, voire le meilleur des catholiques. Il lui est donc, de par la nature révolutionnaire de sa fonction publique même, radicalement IMPOSSIBLE de se soumettre au Droit de Dieu dans la vie publique des hommes, en mettant par exemple, le jour de la Fête-Dieu, son pouvoir de maire aux ordres et au service du Règne du Christ par son Saint-Sacrement, tel son ancêtre échevin était tellement honoré de le faire et comme lui-même il devrait l'être pareillement. Car la nature profonde du pouvoir révolutionnaire, et c'en est l'élément le plus constitutif, est justement de mettre le pouvoir politique de l'homme au-dessus de tout et de tous, y compris bien sûr au-dessus du Règne du Christ, par principe même de la question, à chaque et toutes les fois que l'occasion s'en présente ; et la manifestation publique de la Fête-Dieu n'est évidemment pas exclue, bien au contraire. C'est aussi simple que cela, et c'est dans la constitution républicaine...
           
        Par conséquent, si l'on va au fond des choses, les processions post-concordataires de la Fête-Dieu, qui toutes, se sont déroulées et se déroulent encore aujourd'hui de par l'autorisation de l'homme politique républicain (avant comme après Vatican II qui, ici, n'est même pas une ligne de démarcation entre le Bien et le mal, ce concile hérétique n'ayant fait qu'augmenter et aggraver le mal du Concordat...), sont une abomination aux Yeux de Dieu. Elles sont loin de pouvoir attirer des bénédictions non seulement sur nous, catholiques, mais sur nos concitoyens, elles attirent plutôt la malédiction vengeresse et les foudres Boanergès de Dieu sur tout le monde, pie et impie.
           
        Certains tradis on cru pallier à cette situation révolutionnaire déplorable en faisant la procession de la Fête-Dieu dans des parcs privés. Les maires des grandes villes de France où gîtent certaines chapelles tradis en effet, sont loin de vouloir leur accorder l'autorisation républicaine de faire la procession de la Fête-Dieu dans les rues de la ville, pour ne pas dire qu'ils la refusent systématiquement... avant même que la requête leur en soit formulée (j'ai presque envie de dire : au moins, eux, maires républicains, ils sont logiques avec leurs principes laïques ou plutôt athées ; si, après la Révolution, les bons, ... à commencer par les papes hélas, hélas !!, avaient été aussi logiques avec leurs principes que les méchants le furent avec les leurs, et le sont toujours d'ailleurs, nous n'en serions certes pas là où nous en sommes actuellement). Alors, certaines chapelles tradis de grandes villes de France se sont imaginées résoudre le problème en faisant lesdites processions dans quelque grande propriété privée appartenant à un sympathisant tradi. Et l'illusion est quasi parfaite : le parc est fort grand, les allées spacieuses et longues, le jardinier du maître des lieux, complaisant, a passé la tondeuse avant le grand jour, il est tout-à-fait possible d'y recréer "l'ambiance Fête-Dieu", avec reposoirs bien placés sous plusieurs tonnelles feuillues et ombragées, petites filles en blanc lançant des pétales de fleurs en l'air devant le Saint-Sacrement, et tout et tout, et tutti quanti. Mais le lecteur l'a déjà deviné : le simple fait que la procession a lieu en-dehors de l'espace public fait que l'essence de la Fête-Dieu voulue par les papes en instituant cette solennité, n'est pas satisfaite, respectée. Ce palliatif à la situation post-concordataire est tout ce qu'on veut, une belle manifestation de dévotion privée (... mais qui peut être spirituellement dangereuse, en illusionnant les tradis qui la pratiquent qu'ils font une vraie procession de la Fête-Dieu, alors qu'il n'en est rien...), mais, en tout état de cause, c'est clystère sur jambe de bois, ce n'est pas une vraie procession de la Fête-Dieu, laquelle doit obligatoirement avoir lieu dans l'espace public-politique, comme l'ordonna et le voulut le pape Jean XXII, finalisant ce qu'avait théologiquement ébauché son prédécesseur le pape Urbain IV.
 
Fête Dieu2
Carl-Emil Dœpler (1824-1905)
Procession de la Fête-Dieu (v. 1860)
 
        Debriefing. Que ce soit donc d'une manière ou d'une autre, il faut bien prendre conscience et reconnaître avec courage que les processions de la Fête-Dieu, telles qu'elles ont été voulues et ordonnées par les papes bien catholiques du Moyen-Âge, sont radicalement impossibles, impraticables, dans nos temps modernes, c'est-à-dire depuis le Concordat de 1801 fort aggravé de Vatican II. Soit on est obligé, pour respecter le caractère public intrinsèque à la Fête-Dieu, de soumettre contradictoirement la manifestation publique du Règne du Christ dans son Saint-Sacrement au pouvoir politique de l'homme mauvais, avec faculté par trop réelle pour celui-ci de la refuser (et cela, par le fait même, annihile radicalement l'essence de la Fête-Dieu ; cette dite soumission est même blasphémer le Nom du Christ et violer son Règne), soit on fait une copie infidèle de la Fête-Dieu, en la célébrant dans le domaine purement privé, non-public...
           
        C'est pourquoi, finissant par comprendre quant à moi la non-catholicité viscérale des processions de la Fête-Dieu dans nos temps modernes (et, je le dis pour mon humiliation : le comprenant assez tardivement, il y a seulement quelques années), je n'irai pas cette année processionner à la Fête-Dieu, et ce, afin de rendre... publiquement hommage au Saint-Sacrement (j'y tiens, certes) ; pas plus ne le ferai-je les années prochaines.
           
        Mais comment, pour la Fête-Dieu, rendrai-je publiquement hommage au Saint-Sacrement, que je révère comme mon unique salut ? Ce qui est de mon devoir de chrétien, dans la mesure possible des choses ? Éh bien, ce sera par ce présent article livré dans le domaine public sur mon site le jour même de la Fête-Dieu, et qui y restera dans l'octave jusqu'à la solennité dominicale de ladite fête, que je le ferai ; article que je remettrai en devanture sur mon blog dans les mêmes temps, bon an mal an, toutes les années que Dieu me donnera encore à vivre, ou plutôt à survivre, en ce très-bas monde, marquant publiquement ainsi chaque Fête-Dieu des mauvais ans nouveaux à venir, rendant personnellement ainsi, quant à moi, franc hommage public au Saint-Sacrement...
           
        ... Jusqu'à temps que NOTRE-SEIGNEUR Jésus-Christ, dans sa grande Pitié pour les vrais fils de Dieu, décide de mettre enfin le holà à l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint qui est nôtre tout azimuts, par son Intervention inévitablement apocalyptique...
           
        Qu'on se le dise. Et quiqu'engroigne. Et honni soit qui mal y pense.
 
            En la solennité de la Fête-Dieu,
ce 29 mai 2016.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
 Lauda Sion, op. 73
Félix Mendelsshon-Bartholdi (1809-1847)
 
 

 01:24 1. Coro, Andante maestoso

(I) Lauda Sion salvatorem
lauda ducem et pastorem,
in hymnis et canticis.
 
(II) Quantum potes tantum aude,
quia major omni laude,
nec laudare sufficis.
(1) Sion, louez votre Sauveur,
louez votre chef et votre pasteur,
par des hymnes et des cantiques.
 
(2) Tout ce qui vous est possible, osez-le ;
car il est au-dessus de toute louange,
et vous ne pouvez suffire à le louer dignement.

 

06:32 2. Coro, Andante con moto

(III) Laudis thema specialis,
panis vivus et vitalis
hodie proponitur.
 
(IV) Quem in sacræ mensa cœnæ,
turbæ fratrum duodenæ
datum non ambigitur.
(3) Quel touchant sujet de louanges !
Un pain vivant et vivifiant
nous est présenté en ce jour.
 
(4) C'est ce pain, nous le savons,
que Jésus-Christ donna
à ses douze disciples au festin sacré de la Cène.

 

09:22 3. Soprano solo e Coro, Sostenuto

(V) Sit laus plena, sit sonora,
sit jucunda, sit decora
mentis jubilatio.
 
(VI) Dies enim solemnis agitur,
in qua mensæ prima recolitur
hujus institutio.
(5) Que nos louanges soient parfaites,
qu'elles retentissent avec une douce et agréable harmonie,
au milieu de pieux transports de nos âmes.
 
(6) Car nous célébrons aujourd'hui
la fête solennelle de l'institution
de ce divin banquet.

  

12:01 4. Quartetto, Andante

(VII) In hac mensa novi Regis,
novum Pascha novæ legis,
phase vetus terminat.
 
(VIII) Vetustatem novitas,
umbram fugat veritas ;
noctem lux eliminat.
 
(IX) Quod in cœna Christus gessit,
faciendum hoc expressit
in sui memoriam.
(7) À cette table de notre souverain Roi,
la pâque nouvelle met fin
à la pâque ancienne.
 
(8) La victime antique fait place à la nouvelle,
la figure à la vérité ;
la nuit est repoussée par la lumière.
 
(9) Ce que Christ a fait à la Cène,
il nous a ordonné
de le faire en mémoire de lui.

  

16:07 5. Coro, Grave

(X) Docti sacris institutis,
panem, vinum in salutis
consecramus hostiam.
 
(XI) Dogma datur christianis,
quod in carnem transit panis,
et vinum in sanguinem.
 
(XII) Quod non capis, quod non vides,
animosa firmat fides,
præter rerum ordinem.
(10) Instruits par ces divins préceptes,
nous consacrons le pain et le vin,
en une victime de salut.
 
(11) C'est un dogme de la foi chrétienne,
que le pain est changé au corps,
et le vin au sang de Jésus-Christ.
 
(12) Ce que vous ne pouvez ni voir ni comprendre,
ce qui s'élève au-dessus de l'ordre de la nature,
une foi vive vous le persuade fortement.

  

18:56 6. Coro, Allegro maestoso

(XIII) Sub diversis speciebus,
signis tantum, et non rebus,
latent res eximiæ.
(13) Sous des espèces différentes
qui n'ont plus que l'apparence de leur nature,
se cachent de merveilleuses réalités.

 

21:40 7. Soprano solo, Andante

(XIV) Caro cibis, sanguis potus ;
manet tamen Christus totus
sub utraque specie.
 
(XV) A sumente non concisus,
non confractus, non divisus ;
integer accipitur.
(14) La chair de Jésus-Christ est une nourriture,
son sang un breuvage ;
et il demeure tout entier sous les deux espèces.
 
(15) On s'en nourrit, mais sans le couper,
sans le rompre, ni le diviser ;
on le reçoit tout entier.

 

24:45 8. Soprano solo e Coro, Grave 

(XVI) Sumit unus, sumunt mille ;
quantum isti, tantum ille ;
nec sumptus consumitur.
 
(XVII) Sumunt boni, sumunt mali ;
sorte tamen inæquali,
vitæ vel interitus.
 
(XVIII) Mors est malis, vita bonis ;
vide paris sumptionis,
quam sit dispar exitus.
 
(XIX) Fracto demum Sacramento,
ne vacilles, sed memento,
tantum esse sub fragmento,
quantum toto tegitur.
 
(XX) Nulla rei fit scissura ;
signi tantum fit fractura ;
qua nec status, nec statura
signati minuitur.
(16) Un seul le reçoit, mille s'en nourrissent ;
un seul reçoit autant que mille ;

tous s'en nourrissent sans le consumer.
 
(17) Les bons s'en approchent, les méchants aussi ;
mais, par un sort différent, les uns trouvent la vie,
les autres la mort.
 
(18) Il est la mort des méchants, et la vie des bons ;
la nourriture a été la même,
mais hélas !, quels effets bien différents.
 
(19) Quand l'hostie est rompue,
restez ferme dans votre foi ;
et rappelez-vous que Jésus-Christ est aussi entier
sous chaque partie que dans l'hostie entière.
 
(20) Son corps ne peut se rompre ;
le signe seul est brisé ;
mais Celui-ci, toujours même,
ne souffre aucune altération.

 

27:50 Quartetto e Coro, Andante maestoso

(XXI) Ecce panis angelorum,
factus cibus viatorum,
vere panis filiorum,
non mittendus canibus.
 
(XXII) In figuris præsignatur,
cum Isaac immolatur,
agnus Paschæ deputatur,
datur manna patribus.
(21) Voici le pain des Anges
devenu la nourriture des hommes voyageurs ici-bas,
le vrai pain des enfants
qui ne doit pas être jeté aux chiens.
 
(22) Il fut annoncé en figure
par le sacrifice d'Isaac,
par l'immolation de l'agneau pascal,
et par la manne donnée à nos pères.

 

31:38 Alla breve non troppo Allegro

(XXIII) Bone pastor, panis vere,
Jesu, nostri miserere ;
tu nos pasce, nos tuere,
tu nos bona fac videre,
in terra viventium.
 
(XXIV) Tu qui cuncta scis et vales,
qui nos pascis hic mortales ;
tuos ibi commensales ;
cohæredes et sodales
fac sanctorum civium. Amen.
(23) Bon pasteur, pain véritable,
Jésus, ayez pitié de nous ;
soyez notre nourriture et notre soutien,
faites-nous jouir des vrais biens,
dans la terre des vivants.
 
(24) Vous dont la science
et le pouvoir sont sans borne,
vous qui êtes notre nourriture ici-bas,
daignez nous recevoir à votre banquet des cieux,
à l'héritage et à la société des saints. Amen.

 

 

29-05-2016 07:01:00
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