La très-moderniste argumentation historiciste
des conservateurs (Brandmüller, Brambilla, Schneider, etc.)
pour prétendument justifier théologiquement
le concile Vatican II
 
           
        C'est une vérité catholique incontestable et de Foi, de fide, que la lettre magistérielle d'un concile universel est faite sous l'inspiration du Saint-Esprit pour être intelligible directement et immédiatement par tous les fidèles. Les plus simples parmi eux, même, mais oui, le bredin du village, sont théologiquement censés être enseignés directement et immédiatement par la lettre obvie du texte magistériel à leur niveau simple d'entendement, même si celui-ci est très-rudimentaire et extrêmement limité, sans avoir aucunement à être initiés de quelque manière et à quelque niveau que ce soit pour la bonne compréhension surnaturelle du texte. Soutenir le contraire, soutenir qu'il faut absolument une initiation très-complexe de la situation historique et sociologique dans laquelle s'est insérée la parole magistérielle de l'Église lorsqu'elle a été prononcée, pour pouvoir comprendre son vrai sens, comme le font actuellement les conservateurs en invoquant l'historicisme pour comprendre Vatican II, est ni plus ni moins faire du Magistère ecclésial une pure gnosis réservée aux cathares, qui doit obligatoirement recevoir une clef d'herméneutique pour pouvoir être déchiffrée, déverrouillée dans l'intelligibilité authentique de son contenu. Ceci est parfaitement hérétique (et de la pire des hérésies, celle moderniste)... mais c'est précisément cette hérésie que nous proposent actuellement les conservateurs pour tâcher de dédouaner Vatican II de son caractère hérétique formel indéniable.
           
        Un théologien tradi de la première génération avait fort bien exprimé la chose, avant que lui aussi, las !, ne vire sa cuti et appelle noir ce qui est blanc et blanc ce qui est noir. Je parle de l'abbé Bernard Lucien, qui réfutait ainsi le P. de Blignières qui avait déjà, à l'époque, c'est-à-dire dans les années 1988, versé dans l'historicisme pour lire Vatican II : "Il est indispensable de se référer avant tout au texte même de l'Autorité, car c'est lui qui est normatif pour tout fidèle. Le texte doit être reçu dans le sens voulu par l'Autorité ; MAIS CE SENS EST CELUI QUI EST OBJECTIVEMENT SIGNIFIÉ DANS ET PAR LE TEXTE. C'est là une donnée essentielle, qui a été plus qu'obscurcie, comme beaucoup d'autres, par le relativisme et l'historicisme des néo-modernistes infiltrés dans l'Église : le contexte historico-social est tout ; le texte, à la limite, n'est plus rien. Le P. L.-M. de Blignières est malheureusement victime de cette tendance, à l'état naissant, lorsqu'il affirme : «l'étude des débats et des relations officielles est nécessaire à la juste compréhension des textes conciliaires». Ériger en nécessité de principe ce qui peut être utile, stimulant, fructueux, ce qui peut apporter des lumières originales sur des points secondaires, périphériques ou anecdotiques : voilà le premier pas de la déviation. (...) En vérité, c'est en droit que l'étude dont nous parle le P. de Blignières [qui porte sur le contexte historique des mots employés dans la Liberté religieuse] n'est pas nécessaire pour la juste compréhension du texte magistériel, du moins dans ce qu'il enseigne directement et qui est formellement garanti par l'assistance divine. Car d'une part cela [le sens théologique exact] est par nature signifié dans le texte, et d'autre part, en vertu de la lumière de la foi, le fidèle se trouve en communion intelligible avec le Magistère dans la Vérité qui se révèle en utilisant l'énoncé magistériel comme instrument. LE THÉOLOGIEN ARCHIVISTE, PAS PLUS QUE LE THÉOLOGIEN HISTORIEN, NE PEUT ÊTRE UN INTERMÉDIAIRE ENTRE LE MAGISTÈRE ET LE CROYANT" (abbé Bernard Lucien, La Liberté religieuse, pp. 23-24 & note 16).
           
        La lecture historiciste des textes magistériels de Vatican II est donc une argumentation parfaitement moderniste pour tâcher de blanchir à la chaux ce concile formellement hérétique, elle n'a même pas besoin d'être réfutée tellement le caractère hérétique formel de la méthode est évident. Cependant, attention !, je ne veux pas dire, bien sûr, que la méthode historiciste n'a aucune valeur en elle-même, elle peut en avoir effectivement beaucoup pour expliquer certaines contradictions dans des enseignements magistériels sur des points doctrinaux secondaires non-dotés de l'infaillibilité ecclésiale, mais JAMAIS dans des enseignements magistériels ayant trait au Dogme, et donc de soi dotés de l'infaillibilité, comme on en trouve à Vatican II. Car ce serait alors supposer que le Dogme immuable s'efface derrière la contingence historique mouvante et accidentelle, et donc, dans les dernières déductions théologiques du raisonnement, mettre antichristiquement l'homme au-dessus de Dieu par anthropocentrisme. Benoît XVI a voulu pouvoir dire, dans son Discours de 2005, que les contradictions qu'on trouve dans Vatican II ne touchent qu'à la contingence historique accidentelle, mais pas au Dogme. Il a tort. Ces contradictions du concile moderne touchent en plein au Dogme, et je vais le montrer tout-à-l'heure.
           
        Pourquoi, en effet, les conservateurs vont-ils chercher l'historicisme pour lire Vatican II ? La réponse est très-inquiétante mais bien connue désormais de tous : parce qu'il appert des textes magistériels eux-mêmes du concile moderne non seulement des ambigüités ou plus exactement dit des ambivalences amphibologiques qui permettent objectivement une lecture favens haeresim de l'enseignement conciliaire, mais, pire, carrément des erreurs ou des hérésies, comme je l'ai, il me semble, bien montré dans mon dernier article (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/l-erreur-profonde-de-benoit-xvi-et-de-sandro-magister-partie-1?Itemid=154). Tout le monde maintenant en prend peu ou prou conscience, même les plus "rangés" des grands-clercs, cependant avec des réactions chez les uns et les autres, fort différentes, et qui, hélas toujours, refusent d'aller au fond vrai du problème.
           
        Justement, je viens de lire le dernier travail de Mgr Athanasius Schneider Quelques réflexions sur le Concile Vatican II et la crise actuelle de l'Église, et je vois qu'il voudrait assimiler cesdites erreurs qu'on trouve dans Vatican II à de simples variations de doctrine sur des questions disciplinaires secondaires, comme on a pu en trouver dans le passé de l'Église sans que cela pose aucun problème théologique de fond insoluble : par exemple, sur le sacrement de l'Ordre, le pape Pie XII avait corrigé l'opinion qui se trouvait pourtant formulée dans le concile de Florence ; ou encore, il cite le pape Martin V approuvant le concile de Constance jusque dans sa proposition hérétique du conciliarisme, alors que son successeur le pape Eugène IV ne ratifiera pas cette proposition hérétique... Et d'en déduire le plus faussement possible, sur l'air de : tout va très-bien Madame la Marquise ! (cf. https://www.youtube.com/watch?v=LEwMIN3nDqM,), que l'on pourra faire la même chose avec Vatican II : un Vatican troisième du nom (III) pourrait par exemple réviser les erreurs qu'on trouve dans Vatican II et les envoyer à la poubelle sans problème ! C'est ce qu'avait déjà exposé il y a quelques années un certain Mgr Gherardini, que j'avais réfuté en 2012, c'était mon tout premier article (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-notation-non-infaillible-du-concile-vatican-ii-selon-mgr-gherardini-du-grand-n-importe-quoi-moderniste?Itemid=154).
           
        Nulle analogie, en vérité, n'est plus spécieuse et mensongère que celle-là, ainsi que je vais le montrer.
           
        Pour commencer ma démonstration, je vais continuer sur la lancée du propos de Mgr Schneider, je dirai qu'on peut citer bien d'autres exemples tirés de l'Histoire ecclésiastique montrant des "défaillances" magistérielles de cet ordre-là, purement secondaire, dont parle notre évêque conservateur, c'est-à-dire qui n'ont pas trait direct et immédiat avec le noyau dogmatique fondamental, comme c'est le cas formel à Vatican II. Lorsque je rédigeais L'Impubliable, il y a plus de vingt ans maintenant... Dieu, que le temps passe vite !, j'en avais noté non-exhaustivement plusieurs autres (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/LImpubliableCompletTERMINUSDEFINITIF7meEdition2015.pdf) :
           
        1/ Au VIIIème siècle, l'Histoire enregistre l'intrusion sur le Siège de Pierre, d'un... simple laïc, l'antipape Constantin II, qui, homme riche et puissant, réussit, après avoir reçu les ordres à toute vitesse quasi sacrilègement, à se maintenir quelque temps dans le Saint-Siège, mais qui fut ensuite destitué manu militari (pour le punir de son sacrilège, on lui creva les yeux, et peut-être lui coupa-t-on en même temps la langue, les oreilles et le nez, à la délicieuse mode gréco-byzantine d'alors...) ; l'épisode fit un tel scandale dans l'Église d'alors que le pape suivant, légitimement intronisé quant à lui, prit un solennel décret pour réserver le Siège de Pierre désormais uniquement à des clercs tirés du sein de l'église romaine sous peine d'invalidité de l'élection pontificale ; or, depuis ce décret, il y eut plusieurs papes légitimement élus qui ne furent pas tirés de l'église romaine (je ne citerai ici que le pape flamand d'Utrecht Adrien VI, 1459-1523... sans parler d'un certain polonais).
           
        2/ Le pape Nicolas II (1059-1061) prit lui aussi un décret, fait avec cent vingt-cinq évêques ainsi qu'avec le moine Hildebrand lui-même, alors archidiacre, ... le futur pape saint Grégoire VII s'il vous plaît !, où il déclarait soumettre les élections pontificales à l'approbation de l'empereur allemand, sous peine d'invalidation. Inutile de dire que ledit décret fut annulé par la suite, comme parfaitement contraire à la pureté des élections pontificales. Et saint Anselme, dans un livre de réfutation, de commenter : "... Le pape Nicolas II était homme, il a pu faillir par surprise ; le pape Boniface II (530-532) fit de même dans un décret qui fut annulé après sa mort comme contraire aux saints-canons" (Histoire universelle de l'Église catholique, Rohrbacher, t. XIV, p. 257). Saint Anselme fait ici allusion au décret par lequel Boniface II nomma son successeur, ce qui était là aussi contraire à la législation canonique en vigueur quant aux élections pontificales dans les temps ordinaires de l'Église ; l'historien Rohrbacher en dit ceci : "En vertu de ce décret, signé des évêques, Boniface les obligea de reconnaître pour son successeur le diacre Vigile. Il voulait probablement soustraire l'élection du pape à l'usurpation du roi ; mais en même temps il l'ôtait à l'Église" (ibid., t. IX, p. 88).
           
        3/ Le pape Jules II (1503-1513), quant à lui, prit un décret "valable à perpétuité" (!), ratifié par le concile de Latran, qui déclarait nulle toute élection pontificale faite par   simonie ; ce décret fut cependant annulé par le pape saint Pie X, qui garda dans sa constitution apostolique sur les élections pontificales l'excommunication des fauteurs simoniaques d'une telle impure élection au Siège de Pierre, mais annula l'invalidité de ladite élection pontificale faite par simonie, décrétée par Jules II, afin, dit-il avec tant de justesse théologique, "d'ôter un prétexte d'attaquer la valeur de l'élection du Pontife romain"...
           
        Il y a sûrement d'autres "contradictions" ou "défaillances" magistérielles de cet acabit-là dans l'Histoire ecclésiastique (la plus "célèbre", et qui a fait le plus de mauvais bruit chez les tradis, est celle de l'énergumène pape Paul IV et de sa fameuse ou plutôt fumeuse bulle, où, dans le § 6, il osait le plus hérétiquement du monde invalider une élection pontificale approuvée par l'unanimité des cardinaux... alors que les cardinaux dans leur majorité canonique des deux/tiers agissent toujours in Persona Ecclesiae dans toute élection pontificale, et que donc, sous mouvance directe du Saint-Esprit, ils ne sauraient jamais faire une élection pontificale invalide, leur approbation canoniquement unanime du nouveau pape étant même la règle prochaine de la Légitimité pontificale !... ce que, soit dit en passant, les sédévacantistes n'ont pas encore compris). Mais elles sont toutes dûment corrigées, et surtout théologiquement réparées, si l'on se replace dans la contingence historique qui les a vues naître et mourir, comme je le faisais remarquer dans les dernières pages de L'Impubliable. Et justement, ici, la méthode historiciste s'applique en toute légitimité et très-valablement, pour solutionner et réparer ces problèmes. PARCE QUE CESDITES ERREURS NE CONCERNENT PAS LE NOYAU DOGMATIQUE DE LA FOI, QU'ELLES EN SONT AU CONTRAIRE FORT ÉLOIGNÉES ; OU ALORS QU'UNE CERTAINE NON-LIBERTÉ DE L'ÉGLISE, UNE TENSION HISTORIQUE QUI MIT TEMPORAIREMENT L'ÉPOUSE DU CHRIST SOUS "LA PUISSANCE DES TÉNÈBRES", EXPLIQUE CES DÉFAILLANCES ACCIDENTELLES.
           
        Il y a d'ailleurs des "contradictions" doctrinales magistérielles qui n'en sont pas vraiment, et qui manifestent seulement que l'Église n'est pas (encore) éclairée par le Saint-Esprit sur tel ou tel point du dogme. Par exemple, pour la légitimité pontificale, le nouvel élu au Siège de Pierre est-il vrai pape, verus papa, dès qu'il a dit "oui" à son élection dans l'aula conclavique, ou alors, faut-il attendre, pour qu'il soit vraiment vrai pape, son couronnement-intronisation à la face de l'Église Universelle, dans la cérémonie très-solennelle qui a rituellement lieu le dimanche dans l'octave de l'élection ? La réponse n'est pas vraiment sûre, ainsi que je l'expliquais dans certaines pages de L'Impubliable : si les papes des temps modernes ont tous opté, dans leurs constitutions sur les élections pontificales, pour le premier palier (par exemple : Pie XII), les papes d'Ancien-Régime ne sont pas rares, eux aussi dans des bulles, à avoir opté pour le second palier, au point même de supprimer de la liste officielle des papes des successeurs de Pierre qui avaient pourtant été légitimement élus au souverain Pontificat dans un conclave valide mais qui étaient morts avant d'être intronisés. Il serait évidemment totalement vain de voir une "contradiction" magistérielle insoluble entre les deux opinions.
           
        Mais pour en revenir aux cas où l'on détecte vraiment de la contradiction apparente, je n'arguerai que sur l'exemple donné par Mgr Schneider, celui du pape Martin V "corrigé" par son successeur le pape Eugène IV. L'Histoire ici, nous donne la clef pour tout comprendre. Martin V est le pape dont la très-difficile élection au Siège de Pierre éteignit le grand-schisme d'Occident. Or, ce grand désordre au niveau du Siège de Pierre qui dura pas loin d'un demi-siècle avait permis à des prélats corrompus et subversifs d'attenter à la fonction pontificale suprême elle-même en déclarant dans le concile de Constance la doctrine du conciliarisme, c'est-à-dire que le concile général ou universel aurait une autorité supérieure à celle du pape, ce qui était ni plus ni moins vouloir démocratiser l'Église (soit dit en passant, l'évêque Cauchon faisait partie de cette camarilla épiscopale franc-maçonne avant la lettre, et lorsque Jeanne notre divine Pucelle invoqua "l'appel au pape" de sa cause, elle frappa de plein fouet la malice subversive de Cauchon, en remettant publiquement en montre la théocratie pontificale, sans même s'en douter dans son innocence et la grande pureté de sa Foi...). Or, un simple examen du contexte historique nous permet aisément de comprendre pourquoi le pape Martin ne put pas condamner explicitement et publiquement cette hérésie conciliariste quoiqu'ayant la formelle intention de vouloir le faire : c'est parce que les subversifs anti-pontificaux s'étaient montrés avec une telle puissance d'influence dans l'Église à la fin du grand-schisme d'Occident, où la papauté et les cardinaux avaient été si (justement) décriés dans tout l'univers catholique, que condamner le conciliarisme ouvertement, anathème à l'appui, n'était pas possible : les méchants se seraient rebiffés avec hauteur et auraient risqué de créer, la gravissime crise du grand-schisme d'Occident à grand'peine terminée, une autre crise encore plus grave.
           
        Comprenant cela, l'intelligent pape Martin préféra faire silence sur le décret hérétique conciliariste de Constance, mais il ne faut pas faire de l'argumentum ex silentio une approbation par le pape Martin de la doctrine du conciliarisme, comme a l'air de l'insinuer Mgr Schneider dans son texte, il s'en faut de beaucoup, quand ce bon pape n'attendait qu'une chose : l'étouffer dans l'œuf, mais souffrant de ne pouvoir point le faire, lui personnellement, dans la situation concrète de l'Église quand il occupa le Siège de Pierre. Mû par la sagesse du Saint-Esprit, il laissa donc le soin à son successeur le pape Eugène de le faire, et celui-ci le fit sans tarder, quoiqu'étant lui-même toujours aussi persécuté par les tenants hérétiques du conciliarisme. Le contexte historique bien étudié permet ici, comme on le voit, de bien saisir qu'en fait, il n'y a nulle contradiction entre Martin et Eugène, il n'y eut qu'un contexte historique différent où un pape ne condamna pas le conciliarisme parce qu'il ne le pouvait pas sans grands risques quoique voulant le faire, et où un pape suivant le condamna parce qu'il le put. Mais dans les deux papes, il y a la même volonté de condamner l'hérétique conciliarisme. Ainsi donc, in casu, la méthode historiciste est ici très-positive : elle nous fait comprendre que la contradiction qu'on trouve au for externe entre les papes Martin et Eugène est apparente seulement, mais non-réelle.
           
        Or, avec les décrets doctrinalement peccamineux de Vatican II, nous ne sommes PAS DU TOUT dans ce cas de figure d'apparentes contradictions doctrinales qui en vérité ne sont pas réelles. Comme voudraient le croire à toutes forces de mensonges éhontées les conservateurs... à commencer par le pape Benoît XVI dans son Discours de 2005, ainsi que je l'ai montré dans mon dernier article. TOUT AU CONTRAIRE, avec Vatican II nous sommes dans le cas de figure d'un attentat direct et immédiat contre le noyau dogmatique de la Foi au plus haut niveau, au niveau couvert de soi par l'infaillibilité ecclésiale. Un contexte historique ne peut donc absolument pas réparer sanatio in radice l'hérésie majeure qui, même, si l'on va au fond du raisonnement théologique, est de l'apostasie radicale, qu'on trouve dans certains textes vaticandeux.
           
        Le cardinal Brandmüller dans son délayage d'explication par l'historicisme des hérésies majeures qu'on trouve dans Vatican II, voudrait par exemple, à propos de la Liberté religieuse, qu'il n'y ait aucune contradiction doctrinale antinomique entre elle et les condamnations des papes du XIXème siècle. Je commence par le citer : "Le Syllabus errorum (comme précédemment déjà l’encyclique Mirari vos de Grégoire XVI) visait à réfuter philosophiquement la prétention à l’absolutisme de la vérité, spécialement de la vérité révélée à travers l’indifférentisme et le relativisme. Pie IX avait souligné que l’erreur n’a pas de raison d’être par rapport à la vérité. Dignitatis humanae, par contre, part d’une situation complètement différente, créée par les totalitarismes du XXe siècle qui, à travers la contrainte idéologique, avaient dénigré la liberté de l’individu, de la personne. De plus, les pères de Vatican II avaient sous les yeux la réalité politique de leur époque qui, dans des conditions différentes, mais pas dans une moindre mesure, menaçait la liberté de la personne. C’est pourquoi, au centre de Dignitatis humanae, il n’y avait pas l’intouchabilité (incontestée) de la vérité, mais la liberté de la personne de toute contrainte extérieure en matière de conviction religieuse. (...) En résumé : le Syllabus défendait la vérité, Vatican II la liberté de la personne" (fin de citation).
           
        Il n'y aurait effectivement aucun problème théologique, cardinal Brandmüller, si, et seulement si, la liberté de la personne humaine au for public, qui est le fondement doctrinal de la Liberté religieuse, n'attentait pas de soi, ex se, à... la Liberté de Dieu de régner sur la personne humaine au for public, donc à la Vérité de Dieu. Si la Liberté religieuse telle qu'elle est magistériellement formulée, professée et promulguée dans Vatican II n'attentait pas de soi, ex se, au Droit de Dieu de régner sur l'homme dans le for public, qui est la Vérité de Dieu, alors, effectivement, il y aurait "intouchabilité de la vérité", comme vous dites. Or, IL N'EN EST RIEN, la doctrine de la Liberté religieuse touche de soi, ex se, à ce Droit de Dieu, et donc à sa Vérité, cette même Vérité dont justement les papes Grégoire XVI et Pie IX ont condamné ceux qui attentaient contre elle... et qui donc, condamnent... les Pères de Vatican II.
           
        Car il n'y a même pas besoin d'aucune démonstration théologique pour prouver cet attentat formel des Pères de Vatican II contre la Vérité défendue par les papes du XIXème siècle, cela résulte en effet de... l'évidence même des choses. C'est en effet PAR LE SEUL FAIT MÊME, ipso-facto, de déclarer la liberté absolue de la personne humaine au for public par rapport à la Vérité, puisqu'on prétend la libérer de "toute contrainte extérieure en matière de conviction religieuse", qu'on attente très-véritablement EN MÊME TEMPS à la Liberté de Dieu de régner sur l'homme au for public, et donc à sa Vérité. Contrairement à ce que vous dites, cardinal Brandmüller, il y a donc "touchabilité" (pardon) de la Vérité de Dieu dans Dignitatis Humanae Personae, par le fait même, ipso-facto, de professer la Liberté religieuse, telle qu'elle est enseignée magistériellement dans ledit décret. Ce que les Pères de Vatican II n'ont pas compris, c'est que dégager l'homme de toute contrainte extérieure pour la profession religieuse, le dégage non pas seulement de l'inique contrainte étatique ou venant de l'homme, MAIS LE DÉGAGE AUSSI ET EN MÊME TEMPS DE LA JUSTE CONTRAINTE DU DROIT DE DIEU DE RÉGNER SUR LUI (au moyen de ce fameux "joug" dont parle Jésus dans l'Évangile, un "joug" qui n'est pas du tout un esclavage mais au contraire la seule et véritable libération de l'homme). En professant une Liberté religieuse absolutiste, comme ils l'ont formellement fait dans Dignitatis Humanae Personae, les Pères modernes ont donc en même temps supprimé la contrainte illégitime de l'État sur l'homme... ET SUPPRIMÉ ÉGALEMENT CELLE LÉGITIME DE DIEU SUR L'HOMME. Donc, je dirai, moi, en résumé cette fois-ci vrai de la question, contrairement à vous cardinal Brandmüller : Le Syllabus défendait la vérité ; Vatican II dans la Liberté religieuse, attaquait et attentait à cette même vérité.
           
        La raison théologique fondamentale de ce que je viens de dire, à savoir que l'affirmation de la liberté absolue de l'homme au for public par la Liberté religieuse supprime par le fait même, ipso-facto, le Droit et la Liberté de Dieu de régner sur l'homme au for public, est très-simple : l'homme est une déité, une forme divine. Ainsi créé par Dieu comme tel, il est très-véritablement un dieu, comme d'ailleurs Jésus le rappelle sans équivoque dans l'Évangile, ne faisant d'ailleurs que citer de mémoire le Ps LXXXII : "N'est-il pas écrit dans votre Loi : «J'ai dit : vous êtes des dieux» ? Si la Loi appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l'Écriture ne peut être anéantie, comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : «Vous blasphémez», parce que j'ai dit : «Je suis le Fils de Dieu» ?" (Jn X, 34-36). Notons bien que les interlocuteurs à qui Jésus, maître de Vérité, fait cette révélation, sont, non pas ses Apôtres, mais des pharisiens haineux de Sa mission rédemptrice, dont on peut supposer à tout le moins que certains d'entre eux n'étaient pas en état de grâce ; ce qui signifie que Jésus, en rappelant aux pharisiens qu'ils étaient des dieux, ne faisait pas là allusion à la grâce divine résidant dans les justes, mais à la structure métaphysique de tout homme né en ce monde (ce que son propos d'ailleurs explicite très-bien : les dieux, dit Jésus, sont ceux à qui la Parole de Dieu est adressée, donc les dieux sont tout homme, car Dieu adresse sa parole à tout homme même à celui qui ne la reçoit pas, parce qu'Il "veut que tous les hommes soient sauvés", les dieux ne sont donc pas seulement ceux qui ont reçu et approuvé cette dite Parole de Dieu à eux adressée, dans la vie de la grâce, receptus et probatus).
           
        Or, métaphysiquement, un seul dieu peut régner dans un cosmos donné. Si donc, comme le veut formellement la doctrine vaticandeuse de la Liberté religieuse, je veux que l'homme, qui est un dieu ou déité, règne absolument dans le for public par le signe topique de la liberté absolue à lui accordée en matière de foi religieuse, alors, par le fait même, ipso-facto, sans même que j'ai besoin d'en apporter explicitement la précision théologique, j'interdis formellement au Dieu Transcendant, au vrai Dieu, de régner dans ce même cosmos dès lors absolument occupé par un dieu qui n'est pas Dieu. Autrement dit, la Liberté religieuse, en proclamant le règne de l'homme au for public, déclare par-là même formellement, quand bien même c'est seulement implicitement, le non-Règne de Dieu dans ce même for public, quoique les Pères modernes n'aient pas du tout eu conscience de cette conséquence théologique obligée en promulguant le décret de la Liberté religieuse. Et voilà en quoi la doctrine, ou plutôt, pour appeler les choses de leur vrai nom, l'anti-doctrine de la Liberté religieuse, est une hérésie à caractère formel (c'est même plus exactement dit, une vraie apostasie, puisqu'elle supprime absolument Dieu du for public ― je vais y revenir).
           
        Voilà une évidence théologique que ne comprend absolument pas le cardinal Brandmüller, qui ose écrire : "C’est pourquoi, au centre de Dignitatis humanae, il n’y avait pas l’intouchabilité (incontestée) de la vérité, mais la liberté de la personne de toute contrainte extérieure en matière de conviction religieuse". Mais justement : par le fait même, ipso-facto, de déclarer la liberté absolue de la personne au niveau religieux dans le for public, de TOUTE contrainte, on touche incontestablement à la vérité qui est Dieu en lui interdisant de régner sur l'homme au for public. Si je dis : je déclare la liberté religieuse de la personne humaine au for public, c'est très-exactement comme si je disais : je déclare la touchabilité de la vérité très-incontestablement, j'attente formellement à l'existence de Dieu dans le for public religieux. Ce sont deux propositions théologiquement absolument IDENTIQUES. La seconde proposition faite à partir de Dieu est un gant à l'envers retourné à l'endroit, et qui révèle toute son hérésie, que ne révèle pas immédiatement le gant à l'envers, c'est-à-dire lorsque les choses sont exposées à partir de l'homme, comme dans le décret sur la Liberté religieuse. Et voilà tout le drame du concile moderne, c'est de n'avoir pas saisi ce qui est pourtant une évidence théologique et métaphysique fondamentale, à savoir que proclamer le droit de l'homme dans un cosmos donné est par le fait même, ipso-facto, y déclarer le non-Droit de Dieu...
           
        Certains ont voulu dire que dans le Préambule du décret Dignitatis Humanae Personae, les Pères ont formulé explicitement une phrase par laquelle ils professent l'herméneutique de continuité de la Liberté religieuse avec la doctrine traditionnelle ; voici en effet cette phrase : "Or, puisque la liberté religieuse, que revendique l’homme dans l’accomplissement de son devoir de rendre un culte à Dieu, concerne l’exemption de contrainte dans la société civile, elle ne porte aucun préjudice à la doctrine catholique traditionnelle au sujet du devoir moral de l’homme et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ". Il est bon, premièrement, de rappeler que cette phrase est une incise qui fut insérée dans le décret hérétique grâce aux Pères traditionalistes du Caetus Internationalis Patrum, et particulièrement parmi eux, grâce à un certain Mgr Marcel Lefebvre. Deuxièmement, il est tout aussi bon de faire remarquer que cette phrase tarabiscotée ne fait que reformuler pour sa part... la contradiction doctrinale insoluble que je viens de dénoncer sur le plan théologique... sans la réparer le moins du monde, sans prouver le moins du monde l'herméneutique de continuité de la Liberté religieuse avec la Tradition : les Pères traditionalistes, là, n'ont en vérité rien fait d'autre que... redire pour leur part... la folie des Pères modernes (c'est triste à dire mais fort révélateur de l'impuissance de tous les esprits lorsque l'Église est mise par la Providence divine sous "la puissance des ténèbres" pour vivre sa Passion, même les esprits des meilleurs) ! Nous sommes là seulement en pleine affirmation volontariste de vouloir l'herméneutique de continuité, mais... sans pouvoir le moins du monde démontrer cette herméneutique, et pour cause, car la doctrine exposée dans la Liberté religieuse est une hérésie-apostasie à caractère formel qu'il n'est au pouvoir de personne de droitiser dans le Dogme catholique.
           
        En effet, "l'exemption de toute contrainte dans la société civile" accordée à tout homme, qui est le fond de la Liberté religieuse, est, comme je viens de le dire, ipso-facto le non-Droit de Dieu de régner sur l'homme dans le for public, c'est la négation du Règne social du Christ : donc, par-là même et contrairement à ce que croient pouvoir affirmer les Pères traditionnalistes pour essayer de droitiser la doctrine promue par leurs collègues modernes, la Liberté religieuse "porte préjudice formel au devoir moral de l'homme et des sociétés à l'égard de la vraie religion et de l'unique Église du Christ" ! C'est justement là que réside l'hérésie-apostasie : dans le non-Règne de Dieu sur l'homme dans le for public qui découle formellement de la doctrine de la Liberté religieuse. Donc, cette phrase n'émascule nullement le caractère hérétique formel de la Liberté religieuse, elle ne fait en vérité rien d'autre que bien synthétiser la "si grande contradiction" (He XII, 3) dans laquelle les Pères modernes ont enfermé l'Épouse du Christ, l'Église. Cependant, et c'est certes un constat d'une très-grande importance, cette phrase sert à innocenter les Pères vaticandeux, elle prouve leur bon vouloir d'enter par bon principe la Liberté religieuse sur la Tradition doctrinale, ce que Benoît XVI formulera bien plus tard par sa théorie de l'herméneutique de continuité, mais, concrètement, elle ne fait rien d'autre que prendre acte de la contradiction doctrinale formelle dans laquelle s'est enclavée et verrouillée la Liberté religieuse, entre le droit de l'homme affirmé absolutistement dans le for public... signifiant ipso-facto le non-Droit de Dieu dans ce même dit for public.
           
        Relisons en effet, pour mémoire, le § 2 définitionnel de Dignitatis Humanae Personae : "Ce Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être exempts de toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres". Par conséquence théologique immédiate, mais les Pères modernes ne le verront pas, cette liberté donnée absolument à tout homme de professer SA religion même fausse, non pas seulement au for privé mais encore au for public supprime ipso-facto la Liberté de Dieu de régner sur tout homme dans ce même cosmos de for public. Comme je le disais plus haut, de donner la liberté totale à l'homme dans le for public de professer sa religion, ne supprime pas seulement l'illégitime contrainte venant des hommes sur l'homme, dont se sont obnubilés les Pères modernes, mais encore et en même temps, ipso-facto, très-hérétiquement, elle supprime la très-légitime contrainte du Droit de Dieu de régner sur l'homme...
           
        En fait, les Pères de Vatican II se sont anthropocentriquement tellement obnubilés de l'homme, l'homme et encore l'homme, qu'ils n'ont même plus compris que la dignité humaine ne pouvait exister que par la Présence de Dieu dans l'homme, par sa divine grâce, et donc par la Révélation en lui de sa Religion véritable au for public. Car en effet, l'homme ne peut absolument pas être digne en-dehors de Dieu, de sa Religion vraie et de son Christ, la dignité humaine est juste le surcroît du Royaume de Dieu, c'est-à-dire que contrairement à ce qu'osent professer d'une manière scandaleusement apostate les Pères modernes dans la Liberté religieuse, il n'y a pas de dignité humaine sans le Dieu vrai à la source de cette dite dignité ; une dignité humaine qui prétendument se source ontologiquement sur elle-même, par une immanence vitale très-moderniste, n'existe tout simplement pas.
           
        Ainsi donc, pour manifester la dignité humaine véritable, tout ce que définissent les Pères modernes dans cet hérétique-apostat § 2 n'est vrai que pour la Religion véritable, et pour aucune de toutes les autres religions fausses, comme hélas ils osent le professer. Les Pères modernes veulent que l'homme doit être absolument libre en matière de religion, et pour cela, ils anathématisent toute contrainte de la part des hommes sur d'autres hommes. Mais en même temps, et par le fait même, et quoiqu'ils ne le disent pas car ils n'en ont pas conscience, ils soustraient l'homme à la Contrainte du Règne de Dieu qui procure la vraie liberté à l'homme et sa vraie et authentique dignité. Ils n'oublient incroyablement qu'une chose capitale : la véritable liberté et dignité de l'homme consiste à se mettre... sous le joug dont parle le Christ dans l'Évangile, le joug de la Vérité qui est Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur et Sauveur, le joug d'un Dieu "doux et humble de cœur" qui donne immédiatement "le repos pour vos âmes" et la libération véritable. La doctrine de la Liberté religieuse exprimée à Vatican II est donc une hérésie à caractère formel en cela précisément qu'elle prétend soustraire l'homme, tout homme, à la Contrainte libératrice du Règne de Dieu sur l'homme, tout homme, au for public.
           
        Nous sommes donc là, avec la Liberté religieuse, en présence d'une doctrine qui est même pire qu'une hérésie à caractère formel, c'est une APOSTASIE, un oubli radical de Dieu : dans le raisonnement théologique de la Liberté religieuse, des prolégomènes à la conclusion, DIEU EST ABSOLUMENT ET RIGOUREUSEMENT EXCLU.
           
        On comprend donc qu'il est inutile d'apporter maintenant la précision qu'aucune réparation historiciste ne pourra peu ou prou apporter la moindre solution à ce problème d'APOSTASIE radicale de toute l'Église en corps d'institution actée à Vatican II, apostasie radicale en corps d'Institution ecclésiale qui trouve une seule analogie dans toute l'Histoire du monde, celle commise par Caïphe, en tant que dernier grand-prêtre légitime de l'Église dans son économie de salut mosaïque-synagogale, lorsqu'il déchira son pectoral, signe topique de l'excommunication qu'il fit rituellement et formellement de Jésus-Christ dans la nuit du Jeudi-Saint, au nom de toute son Église d'alors. Le décret conciliaire Dignitatis Humanae Personae est exactement cette même excommunication de Dieu et de son Christ dans la vie des hommes de notre temps moderne, par toute l'Église Enseignante de 1965. Une fois cet acte posé, rien ne peut plus le réparer, les temps eschatologiques sont ouverts.
           
        Seule "LA PASSION DE L'ÉGLISE" permet de comprendre sans se scandaliser dans la Foi comment une génération ecclésiale de "membres enseignants" donnée, celle de    Vatican II, de soi en possession du charisme d'infaillibilité lorsqu'ils enseignent par le mode ordinaire l'universalité des fidèles, a pu en fait enseigner... l'apostasie radicale. Car ce qui caractérise l'économie de la Passion du Christ, archétypale de toute autre et singulièrement de celle de son Épouse l'Église qui est vécue par et depuis Vatican II, c'est le "être fait péché pour le salut" (II Cor V, 21), et aussi la "si grande contradiction" (He XII, 3), indiqués par saint Paul. Cette si grande contradiction que l'on constate à Vatican II, mais dont ne veulent absolument pas prendre acte les conservateurs, n'est cependant pas formelle ce qui signifierait évidemment que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église", elle n'est que matérielle ce qui est synonyme de crucifixion et d'économie de la Passion. Le bon vouloir des Pères du concile moderne, bien manifesté justement par l'incise que les Pères traditionalistes ont fait insérer dans le décret de la Liberté religieuse, empêche que le péché d'hérésie-apostasie commis dans ce décret in Persona Ecclesiae, dans un cadre d'infaillibilité certain (je vais le montrer tout-à-l'heure), soit formellement commis. L'Épouse du Christ, par le décret Dignitatis Humanae Personae, qui a théologiquement valeur d'exemplaire pour toute "la crise de l'Église", se voit donc être crucifiée, mais non pas anéantie.
           
        Nous nous trouvons là en vérité dans le même cas de figure que pour la Passion du Christ, c'est la mystique de la Passion qui éclaire tout et donne la vraie solution : Jésus, loin d'être vaincu par sa crucifixion et sa mort sur la croix, triomphe au contraire du mal par cette crucifixion-même. Et c'est ce qui va arriver à l'Église, lorsque, après la chute de l'Antéchrist-personne et de son règne maudit, le Christ viendra parousiaquement la ressusciter dans un bouleversement tohu-bohu de toute la Création, apocalyptiquement. La fin de notre affreuse "crise de l'Église" est donc bel et bien le Retour en Gloire du Christ, dont la première cause théologique est de ressusciter l'Église-Épouse mise à mort à Vatican II. L'Antéchrist-personne, en effet, ne fera, dans son règne maudit, que proclamer et enregistrer publiquement cette dite mise à mort... opérée par tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée, celle de Vatican II. Prenons bien conscience que ce n'est pas en fait l'Antéchrist-personne qui fera mourir l'Église dans son économie de salut actuelle, la nôtre, dite du Temps des nations et de Rome son centre, c'est l'Église elle-même qui a fait hara-kiri, qui s'est suicidée elle-même par l'organe de ses "membres enseignants" à Vatican II, exactement comme le dernier grand-prêtre Caïphe fit faire hara-kiri à l'Église mosaïque-synagogale qu'il représentait légitimement, en excommuniant formellement Jésus-Christ dans la nuit du Jeudi-Saint.
           
        Voilà la terrible et affreuse vérité ecclésiale vraie en vérité de notre temps, à cent mille milliards de lieues, ... certes !, des vérités diminuées dans lesquelles les conservateurs veulent s'entretenir.
           
        Mais, continuant pour l'heure à lire le texte de Mgr Schneider, j'y trouve cette erreur très-commune aux conservateurs qui ne veulent pas prendre conscience que l'Église-Épouse est crucifiée à mort entre des principes théologiques contraires dans notre "crise de l'Église", leur péché mignon, à savoir que les erreurs et hérésies contenues dans Vatican II ne seraient soi-disant pas émises dans des décrets de soi couverts par l'infaillibilité ecclésiale.
           
        Et d'évoquer bien entendu la pastoralité du concile moderne qui serait soi-disant suffisante pour conclure à la non-infaillibilité de principe de tous les documents conciliaires. Là encore, dans ce genre de raisonnement, on détecte une profonde erreur de parallaxe, cette erreur en astronomie qui consiste à prendre une mesure à partir d'un mauvais point de vue, et donc la mesure prise est archi-fausse : lorsque le pape Paul VI a invoqué la "pastoralité" pour le concile Vatican II, note qui, soit dit en passant, n'existe pas en théologie pour qualifier les actes d'un concile, il est capital de comprendre qu'il n'avait pas l'intention de noter théologiquement les actes du concile, mais simplement de dire que la motivation principale du concile moderne était d'ordre pastoral. Ce qui signifie que ce n'est pas parce qu'on déclare un concile "pastoral" que cela veut dire qu'il ne puisse pas y avoir dedans des décrets dotés de la note d'infaillibilité. Paul VI, d'ailleurs, aurait-il voulu dire cela, qu'il ne l'aurait pas pu, sa parole n'aurait eu aucune valeur, tout simplement parce que le pape n'est pas au-dessus de la Constitution divine de l'Église et des règles fondamentales qui ne dépendent nullement du pape et qui font que certains actes d'Église sont dotés de l'infaillibilité quand d'autres ne le sont pas.
           
        Mais la vérité, c'est qu'une telle déclaration de "pastoralité" de la part du pape du concile moderne fait beaucoup honte. En effet, de soi, tout concile général, même purement dogmatique, est toujours... pastoral, c'est-à-dire a pour mission première de paître les brebis et les agneaux du Christ ! Paul VI ressemblait donc là, dans cette déclaration de pastoralité du concile Vatican II, au M. Jourdain du Bourgeois gentilhomme de Molière, s'extasiant de faire de la prose rien qu'en parlant !! Tout concile, surtout universel, est pastoral.
           
        On a donc déduit de cette déclaration faite un mois après la clôture de Vatican II, qu'aucun acte du concile ne pouvait dès lors être doté de la note d'infaillibilité, et c'était là le but du jeu. Voilà qui en effet tranquillisait, mais à tort, tout le monde : même si on trouvait des erreurs ou de l'hérésie dans Vatican II, pas grave, pas grave, ... tout va très-bien Madame la Marquise ! (https://www.youtube.com/watch?v=LEwMIN3nDqM,), puisque ça n'était pas doté de l'infaillibilité ! Cependant, le raisonnement est archi-faux par tous les côtés où on le prend, car le pape Paul VI ne faisait pas qu'évoquer la pastoralité, dans cette audience, il parlait aussi de... l'obligation des fidèles de suivre l'enseignement conciliaire à cause même de l'emploi qui y avait été fait... du mode ordinaire & universel magistériel !! Il est bon de rappeler, ici, que Paul VI a parlé à deux reprises, et non seulement dans l'Audience de janvier 1966, de la note théologique qu'il fallait donner aux Actes conciliaires, à savoir dans le Discours de clôture du concile, en décembre 1965, et donc un mois après seulement ladite clôture, dans cette Audience du Mercredi, en janvier 1966.
           
        Voici ce qui, dans ces deux déclarations pontificales, intéresse notre sujet :
           
        ― "... Mais il est bon de noter ici une chose : le magistère de l'Église, bien qu'il n'ait pas voulu se prononcer sous forme de sentences dogmatiques extraordinaires, A ÉTENDU SON ENSEIGNEMENT AUTORISÉ à une quantité de questions qui engagent aujourd'hui la conscience et l'activité de l'homme ; il en est venu, pour ainsi dire, à dialoguer avec lui ; ET TOUT EN CONSERVANT TOUJOURS L'AUTORITÉ ET LA FORCE QUI LUI SONT PROPRES, il a pris la voix familière et amie de la charité pastorale" (In Spiritu Sancto, Discours de clôture du concile, 8 décembre 1965).
           
        ― "Étant donné le caractère pastoral du Concile, celui-ci a évité de proclamer selon le mode extraordinaire des dogmes dotés de la note d'infaillibilité… CEPENDANT, le Concile a attribué à ses enseignements l'autorité du magistère suprême ORDINAIRE, lequel est si manifestement authentique qu'il doit être accueilli par tous les fidèles selon les normes qu'a assignées le Concile, compte tenu de la nature et du but de chaque document" (Audience du Mercredi, 12 janvier 1966).
           
        Je me suis permis, dans ces textes, de mettre simplement quelques majuscules idoines parce qu'elles révèlent bien le sens exact de la pensée de Paul VI.
           
        Malgré la finale fort embrouillée de l'Audience, il est clair que Paul VI évoque là bel et bien le mode magistériel ordinaire & universel. Or, il ne faudrait tout-de-même pas "oublier", en ces temps d'obscurcissement complet sur la question de l'infaillibilité magistérielle (plus encore peut-être chez les tradis que chez les modernes), que cedit mode est lui aussi, au même titre que l'extraordinaire, couvert par l'infaillibilité. Et Paul VI a raison de l'évoquer pour son concile : ce dernier mode est bel et bien employé à Vatican II, très-notamment dans l'acte magistériel de la... Liberté religieuse.
           
        Pour le bien comprendre, rappelons d'abord la définition fort claire de Vatican 1er quant au mode ordinaire & universel : "Est à croire de Foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la Parole de Dieu ou écrite ou transmise, et que l'Église, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire & universel, propose à croire comme divinement révélé" (DS 3011). Or, ce mode magistériel ordinaire & universel s'exerce dans l'Église d'une manière extrêmement simple, contrairement aux graves mensonges hérétiques qui ont été soutenus sur la question, très-notamment par les lefébvristes qui ont tâché de la sophistiquer d'une manière retorse presque diabolique, pour ne pas vouloir prendre acte de la "si grande contradiction" que manifeste Vatican II, s'autorisant par-là à fuir hérétiquement "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Il faut, pour qu'un acte magistériel d'Église ressortisse formellement du mode ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité, il faut et il suffit, de voir toute l'Église Enseignante théologiquement réunie una cum le pape actuel, cum Petro et sub Petro (qu'elle soit assemblée en concile universel ou dispersée dans l'orbe catholique n'a strictement aucune importance), professer en direction de l'universalité des fidèles, une doctrine en l'originant sur le Dépôt révélé. Le Père Héris, o.p., résume fort bien la question ainsi : "Pour reconnaître les cas où l'infaillibilité de l'Église est engagée, il suffit de se rappeler que toute doctrine enseignée universellement par les pasteurs chargés de conduire le troupeau du Christ, et donnée manifestement comme appartenant directement ou indirectement à la Révélation, est infaillible" (L'Église du Christ, Le Cerf 1930, pp. 44-45).
           
        Or, c'est exactement le cas de la Liberté religieuse. 1/ Tous les Pères actuels de l'Église, una cum le pape, cum Petro et sub Petro, réalisant l'universalité de l'Église Enseignante comme JAMAIS dans toute l'Histoire de l'Église depuis le Christ elle ne fut ainsi réalisée (aucun concile universel, en effet, ne réunit 2 500 évêques comme à Vatican II !), professent une doctrine en direction de l'universalité des fidèles ; 2/ cette doctrine de la Liberté religieuse est explicitement et théologiquement entée par eux sur le Dépôt révélé, en deux endroits du peccamineux décret, que voici : "Le Concile du Vatican déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'a fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même" (§ 2) ; "Qui plus est, cette doctrine de la liberté [religieuse] a ses racines dans la révélation divine, ce qui, pour les chrétiens, est un titre de plus à lui être saintement fidèles [!!!]" (§ 9). Les deux SEULES conditions nécessaires pour faire un acte magistériel par le mode ordinaire & universel sont donc bien réunies dans le décret Dignitatis Humanae Personae, il s'agit bel et bien d'un acte dudit Magistère de soi couvert par l'infaillibilité ecclésiale. Nous sommes en vérité, comme on le voit, à quelques années-lumière du concile "pastoral", donc non-infaillible ! 
           
        Ainsi donc, dans Dignitatis Humanae Personae, il n'y a pas moyen, si l'on veut rester honnête avec son âme, d'éviter la conclusion d'une crucifixion parfaite de l'Église entre des principes théologiques fondamentaux parfaitement contraires. D'un côté, un acte magistériel de soi doté de l'infaillibilité par le mode ordinaire & universel d'enseignement, et de l'autre côté, un contenu doctrinal pire qu'hérétique, carrément apostat, dans la Liberté religieuse. "Voilà les termes du problème", comme disait un expert progressiste juste après Vatican II...
           
        J'ai bien écrit, en effet, on ne s'est pas trompé en me lisant : Dignitatis Humanae Personae est une proclamation d'APOSTASIE de la part de tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape légitime, cum Petro et sub Petro. Cette apostasie qu'on trouve doctrinalement dans le § 2 définitionnel dudit décret, et que j'ai théologiquement dénoncée plus haut, se trouve on pourrait dire encore plus clairement visible lorsque les Pères, après avoir défini leur anti-doctrine dans l'énoncé du § 2 définitionnel, en feront l'application pratique dans les § 4 & § 5 du décret. Comme disait Mgr Duchesne : "Il n'y a rien de plus pratique qu'un principe". Éh bien !, voyons ensemble à quoi aboutit le principe apostat de la Liberté religieuse dans la pratique, en continuant à lire Dignitatis Humanae Personae :
           
        "4. Liberté des groupes religieux. ― La liberté ou absence de toute contrainte en matière religieuse qui revient aux individus doit aussi leur être reconnue lorsqu’ils agissent ensemble. Des communautés religieuses, en effet, sont requises par la nature sociale tant de l’homme que de la religion elle-même.
           
        "Dès lors, donc, que les justes exigences de l’ordre public ne sont pas violées, ces communautés sont en droit de jouir de cette absence de contrainte afin de pouvoir se régir selon leurs propres normes, honorer d’un culte public la divinité suprême, aider leurs membres dans la pratique de leur vie religieuse et les sustenter par un enseignement [... hérétique], promouvoir enfin les institutions au sein desquelles leurs membres coopèrent à orienter leur vie propre selon leurs principes religieux".
           
        En vérité, l'apostasie du Dieu vrai et véritable, Père, Fils & Saint-Esprit, est si claire, si criante, si palpable et évidente, dans cet abominable § 4, que toute démonstration en devient, ... hélas !, parfaitement inutile. DIEU EST VRAIMENT COMPLÈTEMENT ABSENT, RÉPUTÉ ABSOLUMENT INEXISTANT DANS CE § 4, D'UNE MANIÈRE CRUE PRESQUE INCROYABLE. Les Pères nous parlent sans gêne aucune de "groupes religieux", comme s'il pouvait exister en-dehors de l'Église catholique des associations religieuses qui ne soient pas autre chose que des SECTES (mais l'appellation ici choisie par les Pères de Vatican II cautionne une fois de plus le sens œcuméniste hétérodoxe par trop présent dans les textes du concile moderne, à savoir que l'Esprit-Saint pourrait être, de quelque manière, présent dans ces sectes, ... oh pardon !, dans ces "groupes religieux"). Les Pères osent nous parler aussi de la "Divinité suprême" qu'adorent cesdits "groupes religieux", sans rougir de honte jusqu'à la crête de leur APOSTASIE du vrai Dieu ainsi sémantiquement manifestée d'une manière si impudente et même théologiquement si impudique, par cette appellation catholiquement scandaleuse de "Divinité suprême", que ne répudieraient pas les pires des franc-maçons.
           
        Les Pères modernes osent nous parler encore des "justes exigences de l'ordre public" dans ce § 4, ils nous avaient en effet déjà parlé d'un "ordre public juste" dans le § 3 du décret, dans lequel sont censés devoir grouiller ensemble les individus comme les groupes religieux normés par la Liberté religieuse (comme asticots sur morceau de viande avariée). Mais dès lors que les Pères modernes ont ôté LE JUSTE, l'HOMME-DIEU, du for public, par la doctrine de la Liberté religieuse, c'est-à-dire Notre-Seigneur Jésus-Christ, comment peuvent-ils oser avoir l'impudence blasphématoire de parler d'un ordre public juste... qui exclue par principe Jésus-Christ, seul et unique géniteur dudit ordre public juste ? Cet ordre public juste ne peut tout simplement pas exister sans le Christ, pas plus que "l'ordre moral objectif" dont ils glosent dans un autre § de la Liberté religieuse, le § 7, comme je le faisais remarquer dans mon précédent article, l'objectivité étant en effet un apanage exclusif de Dieu... qu'on a exclu par principe dans le cosmos de la Liberté religieuse.        
           
        Au passage, les Pères modernes, dans ce § 4, légitiment par la Liberté religieuse l'hérétique liberté de la presse, anathématisée dans des termes très-sévères par les papes du passé, notamment dans la crise protestante, tant il est vrai que les hérésies s'engendrent entre elles : "Les communautés religieuses ont aussi le droit de ne pas être empêchées d’enseigner et de manifester leur foi publiquement, de vive voix et par écrit". Et là, il y a contradiction réelle de doctrine, que l'historicisme ne pourrait pas du tout réparer...
           
        ... Plus on lit Dignitatis Humanae Personae, plus hélas on est obligé de prendre conscience que nous sommes en pleine et révoltante APOSTASIE, à tous les mots, toutes les lignes...
           
        Après l'application de la doctrine apostate de la Liberté religieuse aux "groupes religieux", le § 5 s'occupe, quant à lui, d'en faire l'application aux familles. Il n'est pas moins apostat, je l'avais souligné dans mon dernier article. D'après la doctrine de la Liberté religieuse, en effet, tout parent a le droit "primordial" (§ 5) d'enseigner son enfant "selon ses propres convictions religieuses" (§ 5), même lorsqu'il a passé l'âge de raison. Alors que le droit primordial n'est que l'apanage de Dieu.
           
        Ainsi donc, le père musulman a le droit d'enseigner son enfant qui a passé l'âge de raison, que Jésus n'est pas Dieu et que la Trinité divine est une abomination religieuse "pire que l'excrément et l'urine" (Coran). Il est trop clair dans ce genre de raisonnement que, pour les Pères de Vatican II, DIEU N'EXISTE PLUS, L'HOMME SEUL EXISTE. Or, la vérité catholique pour l'éducation religieuse de l'enfant, bien rappelée par saint Thomas d'Aquin lorsqu'il traite de la question, c'est que, une fois passé l'âge de raison, un seul droit existe, le Droit de Dieu de sauver l'enfant qui, ayant passé l'âge de raison, doit être mis dans la voie du salut pour qu'il puisse éviter la damnation. Ainsi donc, le seul Droit qui existe pour l'enfant ayant passé l'âge de raison, est le Droit d'être éduqué dans la Religion catholique qui révèle le vrai Dieu, afin de le mettre dans la voie du salut. Et les premiers à devoir mettre en oeuvre cedit Droit de Dieu de sauver tout enfant, sont les instruments naturels que Dieu a choisis pour former l'enfant, à savoir ses propres père et mère. Comprenons bien, ce Droit de Dieu PRIMORDIAL est si fort qu'il s'applique même aux parents non-catholiques, qui n'ont qu'un seul droit, en matière d'éducation religieuse de leurs enfants : les éduquer selon la Foi catholique. Les parents musulmans, par exemple, qui enseignent leurs enfants ayant passé sept ans dans la foi coranique, pèchent donc très-réellement en ne leur enseignant pas le vrai Dieu, car ce Droit de Dieu qui consiste en ce que tout enfant doit être enseigné dans la vraie Religion, est aussi un devoir formel pour tout parent.
           
        Les Pères de Vatican II vont nous dire tout le contraire, dans ce § 5 de Dignitatis Humanae Personae. Car, nous l'avons vu avec le § 2 définitionnel de la Liberté religieuse : le vrai Dieu n'existe pas pour les Pères de Vatican II, Il est réputé être radicalement absent du for public et privé normé par la Liberté religieuse. C'est pourquoi, quant à l'éducation des enfants, ils osent professer leur radicale apostasie en ces termes :
           
        "5. Liberté religieuse de la famille. ― Chaque famille, en tant que société jouissant d’un droit propre et primordial, a le droit d’organiser librement sa vie religieuse à la maison, sous la direction des parents. À ceux-ci revient le droit de décider, selon leur propre conviction religieuse, de la formation religieuse à donner à leurs enfants. C’est pourquoi le pouvoir civil doit leur reconnaître le droit de choisir en toute liberté les écoles ou autres moyens d’éducation, et cette liberté de choix ne doit pas fournir prétexte à leur imposer, directement ou indirectement, d’injustes charges. En outre, les droits des parents se trouvent violés lorsque les enfants sont contraints de suivre des cours ne répondant pas à la conviction religieuse des parents ou lorsque est imposée une forme unique d’éducation d’où toute formation religieuse est exclue".
           
        On croit franchement rêver, ou plutôt cauchemarder, de lire un manifeste aussi clair d'apostasie, de la part de tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée, celle de Vatican II... mais hélas, la vérité est là, dans cet abominable constat. La méthode historiciste ne peut évidemment rien réparer théologiquement, à ce stade où elle est complètement impuissante, ce serait poser clystère sur jambe de bois, donner des cachets d'aspirine pour un cancer généralisé en phase terminale.
           
        Or bien, cette APOSTASIE de toute une génération d'hommes, en ce compris et même hélas surtout leurs chefs spirituels, comme c'est ici tellement manifestée dans le concile Vatican II, a un nom, en prophétie : il s'agit de la grande Apostasie prophétisée par saint Paul comme devant être le signe topique, c'est-à-dire accompagnant au plus près et au plus serré (comme la fumée quant au feu), la venue de l'Antéchrist-personne. "Que personne ne vous séduise en aucune manière [en vous faisant croire que la Parousie est proche] ; car il faut que l'apostasie arrive auparavant, et qu'on ait vu paraître l'homme de péché, le fils de la perdition" (II Thess II, 3).
           
        Et bien voilà, de nos jours, l'apostasie, la grande apostasie puisqu'elle est le fait de... l'Église, est arrivée auparavant. Elle est arrivée en notre temps, il y a même déjà plus d'un demi-siècle. Le règne de l'Antéchrist-personne n'est donc certainement pas loin à présent, car on aura bien noté dans la prophétie de saint Paul, qu'il lie les deux évènements dans la concomitance : apostasie générale & règne de l'Antéchrist-personne...
           
        Parvenu ici dans mon exposé, il ne me semble pas nécessaire d'en ajouter beaucoup : nous sommes tous au pied de la croix où est pendue cette fois-ci non plus le Christ mais son Épouse, l'Église, notre Mère surnaturelle. À nous, âmes catholiques, généreusement, fidèlement, de nous unir à cette Passion que, présentement, vit et meurt à la fois notre Mère l'Église. Sans chercher honteusement à la fuir, comme l'ont fait il y a 2 000 ans onze Apôtres sur douze (dont l'un d'eux, il est fort bon de s'en souvenir, est mort en odeur de damnation), et comme le font actuellement les conservateurs de tout poil, sans oublier les tradis ni non plus, évidemment, les modernes.
           
        En finissant ce nouvel article, il me vient à l'esprit une précision à faire, soulevée par les arguties de Sandro Magister dans ses articulets, et qui est d'ordre terminologique : il voudrait qu'il y ait une différence de fond entre la formule herméneutique de continuité et herméneutique de la réforme. Or, en fait et en droit, il n'y en a aucune, les deux formulations signifient la même chose. En effet, dans la pensée de Benoît XVI, l'herméneutique de la réforme présuppose théologiquement qu'elle s'inscrit dans la continuité doctrinale parfaite avec la Tradition. Or, comme ce qui importe dans le débat théologique qui nous occupe est que l'herméneutique choisie pour lire Vatican II s'inscrive dans la continuité doctrinale, il vaut mieux privilégier la formulation herméneutique de continuité plutôt que herméneutique de la réforme, cette dernière formulation ne le disant pas à l'affiche. Il n'y a donc pas là de raccourci fautif, comme a l'air de le penser presque avec hargne notre journaliste conservateur, Sandro Magister.
           
        En conclusion, et solennellement, je défie maintenant le cardinal Brandmüller, l'évêque Brambilla et tutti quanti des conservateurs de seconde zone tel le journaliste Sandro Magister, de donner l'interprétation catholique de la définition du "Dieu" musulman faite dans Nostra Aetate. Et que le cardinal Brandmüller ne dise pas qu'il ne s'agit là que d'un texte magistériel de seconde importance, le titre officiel dudit décret le dément formellement : "PAUL, ÉVÊQUE, SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU, AVEC LES PÈRES DU SAINT CONCILE, POUR QUE LE SOUVENIR S'EN MAINTIENNE À JAMAIS" (... mille fois hélas !!, on s'en souviendra, en effet, à jamais...) ; et la conclusion magistérielle de cet abominable décret conciliaire Nostra Aetate n'est pas moins forte : "Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette déclaration ont plu aux Pères du Concile [donc : aussi, la définition qui a été faite du "Dieu" musulman...]. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit [y compris donc, la définition du "Dieu" musulman...], et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu. Rome, à Saint-Pierre, le 28 octobre 1965. Moi, Paul, évêque de l’Église catholique".
           
        Or, voici donc, pour que le souvenir en effet s'en maintienne à jamais, ce que dit Nostra Aetate : "L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, VIVANT ET SUBSISTANT".
           
        Notre cardinal conservateur Brandmüller, fort gêné dans son verbiage amphigourique quand il évoque ce passage de Nostra Aetate, ne s'en est pas moins escrimé à vouloir lui appliquer, si, si... l'herméneutique de continuité, au forcing et aux forceps !! Voici son explication filandreuse dont, hélas, la malhonnêteté n'a pas besoin d'être  soulignée : "... À ce stade, il est nécessaire de rappeler d’une manière particulière le passage de Nostra Aetate qui fait référence à l’islam. Le texte n’est pas seulement accusé d’indifférentisme. Il faut tout d’abord noter, à cet égard, que le décret est certes «cum aestimatione quoque muslimos respicit», mais absolument pas l’islam. On ne parle pas de son enseignement, mais des personnes qui le suivent. Le fait que dans les formulations ultérieures, derrière des mots identiques ou similaires, se cache une compréhension très différente est évident pour l’islamologue d’aujourd’hui. À ce passage du document, qui vise à ouvrir la voie à un dialogue pacifique, il ne fallait pas appliquer la stricte aune d’une terminologie dogmatique, pour autant qu’un engagement en ce sens eût été souhaitable. De fait, le texte a été publié en 1965. Pour notre compréhension actuelle, le problème prend un tout autre aspect : c’est l’islam qui a profondément changé au cours du dernier demi-siècle, comme le montre le degré d’agression et d’hostilité de l’islam envers l’Occident «chrétien». Sur fond de l’expérience des décennies écoulées depuis le «9-11», un tel décret devrait dire tout autre chose. Dans le cadre d’une herméneutique sérieuse du concile, il est donc inutile de revenir sur le texte de 1965 et de polémiquer contre lui : le décret n’a plus qu’un intérêt historique".
           
        Ce délayage volontairement fumeux et fort gêné dans l'expression est scandaleusement bourré de mensonges flagrants à tous les niveaux. Premièrement, il est faux de commenter le passage qui concerne les musulmans dans Nostra Aetate en disant qu'il s'occupe seulement des hommes musulmans mais pas de la religion musulmane. Il y a bel et bien, ou plutôt for mal, dans ledit passage musulman, l'affirmation théologique hérétique que le "Dieu" musulman est vivant et subsistant, et voilà, ... faut-il avoir à en apporter la précision !, qui concerne la religion musulmane et qui n'a rien à voir avec "les personnes qui la suivent". Brandmüller ose continuer en disant qu'il "ne faut pas appliquer la stricte aune d'une terminologie dogmatique" à ladite définition ! Mais dire cela, c'est juste vouloir montrer... sa malhonnêteté intellectuelle et spirituelle de ne pas vouloir prendre conscience et acte de la formulation hérétique du "Dieu" musulman dans Nostra Aetate. Ce que montre donc, sans vergogne, sans honte aucune, notre cardinal conservateur. Il est de plus parfaitement faux de dire que le texte magistériel concernant les musulmans est orthodoxe en 1965 à cause de l'état de l'Islam à ce moment-là, soi-disant tolérant et modéré, mais qu'il ne l'est plus après le 11 septembre, donc de nos jours ; car à l'époque de Vatican II comme à la nôtre d'époque, l'Islam enseigne la même chose à ses adeptes : détruire et tuer le mécréant qui ne croit pas en Allah, à sa discrétion ! Pour finir, ... et je fais remarquer que nous en sommes en seulement quelque lignes à déjà trois mensonges ou faussetés !, on notera que Brandmüller est en contradiction totale avec le titre de Nostra Aetate, "Pour que le souvenir s'en conserve à jamais", lorsqu'il insinue que le texte concernant les musulmans dans Nostra Aetate n'a plus aucune valeur aujourd'hui sauf pour le théologien archiviste...! C'est passer muscade et l'éponge avec une légèreté spirituelle scandaleuse sur la dénomination hérétique du "Dieu" musulman faite dans Nostra Aetate, dont on s'est interdit de faire l'honnête constat... aussi hérétique en 1965 qu'il l'est en 2020.
           
        La vérité honteuse, comme on vient de le voir avec Brandmüller, c'est que nos conservateurs sont prêts à s'inventer tout et n'importe quoi pour refuser d'avoir à poser le constat indéniable de l'hérésie formelle dans Vatican II. Pour cela, on les voit se réfugier dans un intellectualisme forcené complètement déconnecté de la réalité, se gorgeant et gargarisant l'âme de mots et de théories insipides et insensées. Ils sont vraiment devenus des "princes des nuées" (Les fleurs du mal, Baudelaire), incapables de saisir la réalité surnaturelle de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", non pas parce qu'elle est trop compliquée à comprendre mais parce qu'ils ne veulent pas la comprendre et encore moins la vivre et la mourir pour leur salut et celui des âmes dont ils ont la charge pastorale. Les gnostiques adoraient le Nuage de l'Inconnaissable à la place du Dieu vrai et véritable, ils n'en sont pas loin, pour ne pas dire qu'ils y sont en plein.
           
        Jugez-en plutôt, ami lecteur, sur la finale du discours complètement déconnecté du réel d'un autre prélat conservateur, Mgr Franco Giulio Brambilla, qui prétend défendre Vatican II et que Sandro Magister cite presque à deux genoux sinon à trois, dans laquelle finale cet évêque conservateur se fend de prophétiser l'avenir spirituel de Vatican II pour notre génération post-conciliaire désormais lointaine de l'évènement lui-même :
           
        "... On pourrait délimiter le thème de l’héritage [de Vatican II] en trois mouvements :
           
        "1/ le concile Vatican II comme style : retrouver la façon originale des Pères conciliaires (que les historiens nous ont fait connaître) de poser les problèmes avec la méthode et les ressources qu’ils avaient mises en œuvre pour apporter une réponse aux défis de leur temps dans l’interaction entre sujets, «corpus» de texte et nouveaux lecteurs ;
           
        "2/ le principe de pastoralité : faire émerger l’originalité de Vatican II, ses idées créatives et ses intuitions de base aussi bien dans le domaine méthodologique qu’au niveau du contenu ;
           
        "3/ le futur du Concile : retrouver l’état d’inventivité qui a caractérisé ce tournant majeur et qui a besoin aujourd’hui, au début du troisième millénaire, d’un élan créatif et d’une nouvelle pragmatique ecclésiale ;
           
        "C’est avec ces trois mouvements que se déroule le passage de l’interprétation théologique de Vatican II au Concile en tant qu’herméneutique de l’avenir de l’annonce chrétienne pour l’église du XXIe siècle".
           
        ... Capish ? ... Moi, pas capish, j'ai rien compris...!
           
        Impossible, en vérité, au niveau de la Foi et de la mise en oeuvre concrète de cette Foi dans ma vie personnelle de chrétien, de pouvoir rien tirer de concret de ce verbiage de coque absolument vide, de cosse de haricot sans haricot dedans, qui est vraiment un sommet du genre ! Quel baratin de ratichon moderniste !! Quelle pseudo-intellection des choses qui n'est en vérité que de l'intellectualisme déconnecté radicalement de la réalité, qui n'a plus les pieds sur terre, qui ne pose plus le raisonnement théologique sur la réalité des choses !
           
        Je disais dans mon dernier article que les conservateurs "lancent des grenades fumigènes un peu partout" pour qu'on ne puisse plus rien voir quant à la réalité théologique vraie des choses ecclésiale vaticandeuses qui consiste dans l'hérésie-apostasie formelle présente dans le concile moderne, nous en avons ici une belle illustration.
           
        Quant à nous, âmes fidèles, restons courageusement aux pieds du Calvaire de l'Église, prions, sacrifions-nous, sanctifions-nous, c'est là que le Salut viendra nous trouver...
           
        Il n'est vraiment pas du tout sûr qu'Il vienne nous trouver ailleurs...
 
En la fête de saint Jacques le Majeur,
Apôtre du Seigneur,
ce 25 juillet 2020.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
 
25-07-2020 19:17:00
Print