Deux petites Lettres au ci-devant ministre Vincent Peillon,
sur son projet de fonder une nouvelle... religion (!!).

       

Praeambulum
       
        Va sans dire que lorsque j'ai rédigé au ministre les deux courriers dont on trouvera copie intégrale ci-dessous, je n'étais pas au courant de son antichristianisme radical, et même haineusement virulent, que m'a signalé depuis lors un ami, et qu'il ose exprimer en ces termes dans son livre : "Toute l’opération consiste bien, avec la foi laïque, à changer la nature même de la religion, de Dieu, du Christ, et à terrasser définitivement l’Église"  (Vincent Peillon, Une religion pour la République, p. 277,  édition du Seuil, 2010). Cependant, bien que, si je l'avais su, j'aurai certes rédigé mes deux courriers autrement, il n'en reste pas moins, de mon second courrier, la pointe de l'épée à double tranchant que j'ai fichée fermement au fond de la gorge de notre antichrétien militant : s'il veut fonder une nouvelle Religion dans le monde, il lui faut nécessairement, impérativement, absolument, se faire CRUCIFIER. C'est en effet une loi métaphysique fondamentale de la vie spirituelle. Sinon rien, sine qua non. Laquelle loi fondamentale donc, non-mise en œuvre (ledit ministre étant encore en vie et non-ressuscité aux dernières nouvelles), réduit en poudre son projet religieux actuel et ceux de ses compères francs-maçons. Sans qu'on ait même besoin de s'en occuper le moins du monde. Autrement dit : quand on se mêle de vouloir faire mieux que Jésus-Christ et sa Religion véritable, encore faut-il respecter les règles métaphysiques de la fondation d'une Religion parmi les enfants des hommes, auxquelles règles, d'ailleurs, Notre-Seigneur s'est Lui-même soumis...!! À défaut, on ne fait que montrer à tout regard, pie et impie, qu'on... n'a rien compris à la vie, pour le moins dans sa dimension religieuse, religere. Ce qui, il faut bien l'avouer, la fiche vraiment très-mal quand on a la grande et affichée prétention... de fonder... une nouvelle religion !!! 
 
 
 
  
 Ma première Lettre
 
 
        Ce 23 Juillet 2012.
 
        M. Vincent Peillon,
 
        Je n'écris pas au ministre, mais au philosophe, c'est pourquoi je m'adresse à vous sous votre nom.
 
        Je viens de visionner sur une vidéo (http://www.eschaton.ch/website/2012/quand-vin­cent-peillon-toripillon-indirectement-dignitatis-humanae/), assez ébahi, les remarquables ré­flexions que vous faites sur la question de la Religion qui sous-tend obligatoirement toute Politi­que quelle qu'elle soit, y compris celle post-révolutionnaire qui se déclare athée.
 
        Je suis auteur d'un ouvrage de fond dénonçant la collusion de la papauté avec cette nouvelle forme politique "messianisée" issue de la Révolution, par la pratique concordataire initiée par Pie VII, dont le titre n'a certes pas besoin de glose explicative : "J'accuse le Concordat !"
 
        En tant que catholique, je dénonce ce que j'appelle la gnose "chrétienne-laïque", c'est-à-dire le système politique qui doit aboutir à faire de tout homme, via la République, un "christ républicain" comme vous dites, mais sans la grâce sacramentelle du Christ. Mais mal­heureusement, par le système concordataire, il est hélas trop vrai de dire que les papes ont cédé devant cette nouvelle gnose, IMMÉDIA­TEMENT après la Révolution, dès Napoléon, répudiant la société "chrétienne-sacrale" consi­dérée par eux comme "dépassée". Ils ont certes continué pendant tout le XIXème siècle à dé­noncer théoriquement, dans la Foi, cette gnose "chrétienne-laïque" républicaine, sous l’éti­quette de "libéralisme", etc., mais en fait, dans les Mœurs, ils s'y étaient déjà parfaitement ralliés par la pratique concordataire.
 
        Pour faire court. Vous avez bien vu que la politique post-révolutionnaire s’est dotée d’une religion, parce que métaphysiquement elle était obligée de le faire, quant à moi, j’apporte cette précision capitale que les papes, et donc l’Église catholique derrière eux, se sont pratiquement ralliés à cette nouvelle forme politico-religieuse, y ont souscrits dans les faits et les mœurs, parfaitement consentants, dès Napoléon, par le système concordataire. Di­gnitatis Humanae, le document sur la Liberté religieuse de Vatican II, n’est rien d’autre que la codification doctrinale de toute la pratique concordataire pontificale mise en œuvre dès 1801...
 
        Je vous cite un passage de mon livre (Introduction) : "... Il faut prendre acte que la génération ec­clésiale moderne est toute imbue, comme éponge plongée dans l’eau depuis longtemps, de ce que j’ai baptisé dans mes ouvrages «la gnose chrétienne-laïque». De quoi s’agit-il ? De cette doctrine très-simple qui consiste à croire que les vertus morales et naturelles sont suffisantes pour manifester le Christ aux âmes, qu’il n’y a plus besoin, pour ce faire, de la proclamation explicite et sacramentelle du Christ, ce que Mgr Lefebvre appelait «le règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ», autrement dit de «la doctrine chrétienne-sacrale». En bref : il ne faut plus explicitement invoquer le Christ pour faire passer la vie de la grâce dans les âmes, l’implicite suffit ("[Le pape Benoît XVI] a expliqué que la vocation spécifique des laïcs «consiste à imprégner l'ordre temporel d'un esprit chrétien et à le transformer selon le dessein de Dieu»" (agence de presse Zénith, 11 septembre 2008 ― Allocution aux évêques du Paraguay). Or, les sept fameux discours de Noëls honteusement onusiens du pape Pie XII durant toute la seconde guerre mondiale, 1939, 40, 41, 42, 43, 44 & 45, sont non seulement tout imbus de cette nouvelle doctrine, mais s’en font les très-ardents propagandistes auprès des fidèles. Toute pénétrée de cette véritable gnose qui déclare abolie l’ère «chrétienne-sacrale», voulant voir ouverte celle «chrétienne-laïque», sorte de nouvel âge historique de l’Église que, pour sa part, l’Action catholique de Pie XI avait formidablement vulgarisé dans la pratique pour les fidèles, il ne faut donc pas s’étonner de voir la génération ecclésiale de Vati­can II une avec le pape en faire l’application au niveau des États dans le décret hérétique sur la Liberté reli­gieuse, doctrine pourtant jusque là condamnée magistériellement par les papes du XIXe siècle notamment sous l’étiquette «indifférentisme»… du moins en théorie, comme nous le verrons. C’est facile à comprendre. Si les vertus morales naturelles sont suffisantes pour manifester la vie de la grâce, de soi surnaturelle, alors, ce n’est pas compliqué, tous les hommes peuvent accéder à celle-ci, c’est-à-dire au royaume de Dieu, en se fondant sur la dignité humaine déconnectée de la proclamation de la religion véritable" (fin de citation).
 
        Je pense que vous pourriez être très-intéressé, M. Peillon, par ce que je développe dans ce livre. C'est pourquoi, pour vous être utile et pour l’avancement des idées, je crois bon de vous met­tre le lien Internet où je l’ai mis :
       
        Je ne connais pas du tout vos idées au niveau religieux, mais croyez, M. Peillon, à toute ma considération pour votre réflexion philosophique, ou plutôt religieuse, sur la chose politique moderne,
Vincent Morlier,
auteur-éditeur.
 
 
 
 
 
Réponse de M. Vincent Peillon,
En date du 2 août 2012
Sur bristol du Ministère de l’Éducation Nationale
 
 
 
            "Cher Monsieur Morlier... [la loi interdisant la reproduction publique d'écrits privés, je résume son mot de réponse en disant qu'il a manifesté un grand intérêt pour les idées contenues dans ma première lettre ci-dessus]".
 
 
  
 
 
 
Ma seconde Lettre
 
       
        Ce 23 Janvier 2013.
 
        M. Vincent Peillon,
 
        Vous souvîntes-vous d'une lettre écrite au "philosophe" que vous êtes, le 23 juillet dernier, où je portais à votre connaissance mon dernier livre "J'accuse le Concordat !" ? C'était suite au constat que j'avais fait, ébahi, de vos remarquables réflexions sur le fait que la politique post-révolutionnaire est sous-tendue par une véritable religion. Cela rejoignait étonnamment mes propres conclusions.
 
        Vous m'avez répondu sur bristol du Ministère en date du 2 août suivant, que les miennes de réflexions [avaient suscité en vous un grand intérêt].
 
        Quant à moi, je suis un grand naïf. Né naïf, je mourrai sûrement naïf, Dieu soit béni de tout ! Lorsque je vous ai écrit, enchanté de voir un ministre républicain socialiste comprendre qu'une religion sous-tend la politique post-révolutionnaire, je ne savais pas du tout que vos sympathies, vos racines familiales et autres accointances métaphysiques étaient du côté des francs-maçons, des juifs et autres anti-catholiques. Les miennes, comme je vous l'ai écrit le 23 juillet, étant catholiques pur jus pur fruit (bio), nous sommes donc entre... ennemis.
 
        Lorsque mes conclusions ont abouti au même point que vous, à savoir qu'une religion sous-tend métaphysiquement la politique post-révolutionnaire, loin de l'exalter comme vous, moi, c'était pour condamner la chose, qui fait abstraction de la grâce divine et transcendante du Christ pour sauver l'homme, et surtout pour dénoncer la lâcheté et la trahison des papes post-révolutionnaires qui, par la technique concordataire, s'y sont attelés et y ont attelés à hue et surtout à dia, c'est-à-dire à diable, le monde catholique tout entier, et pas seulement les français (le concordat napoléonien est en effet archétypal de tous les concordats qui furent passés, par après, avec les États républicains constitutionnellement athées des autres nations, d'abord européennes puis ensuite, progressivement, du monde entier) ; quand bien même les papes se sont récriés très-fort de le faire, en opposant leurs encycliques doctrinales durant tout le XIXème siècle (il y a une vraie contradiction entre les Mœurs et la Foi, chez les papes post-concordataires).
 
        Nous sommes donc entre ennemis. Éh bien, cela m'indiffère.
 
        Puisque le but de mon premier courrier était de vous aider, de faire avancer les idées, je vais continuer, pour vous, oui, pour vous, à le faire. Ce qu'un catholique commence avec une bonne motivation, il le finit toujours. Après tout, ma naïveté était sans doute providentielle, voulue par Dieu...
 
        ... Vous voulez donc re-fonder une religion républicaine, M. Peillon !?! J'ai lu hier, encore plus ébahi que la première fois, mais pas dans un sens positif cette fois-ci, des propos qui vous sont attribués et que voici : "Ce miracle de l'engendrement par lequel l'enfant, dépouillé de toutes ses attaches pré-républicaines, va s'élever jusqu'à devenir le citoyen sujet autonome… c'est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l'école et par l'école, cette nouvelle Église, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi… c'est au socialisme qu'il va revenir d'incarner la révolution religieuse dont l'humanité a besoin".
 
        Je note au passage que, pour décrire votre palingénésie politique, vous employez des termes point du tout philosophiques, mais purement théologiques, et même d'une théologie spécifiquement catholique : "miracle", "incarner", et surtout "transsubstantiation" ; "nouvelle naissance" est aussi un pur copier-coller d'une épître de saint Paul. Vous vous proposez donc rien moins que de transformer métaphysiquement l'être de l'homme, changer sa nature en une autre nature, comme le signifie le mot "transsubstantiation", terme théologique radical (en somme, vous voulez réaliser le vœu de Jérôme Bonaparte : "Ce qu'il faut à l'homme, c'est une révolution qui soit autre chose que du fumier retourné"). Par ailleurs, ces mots, ces raisonnements théologiques dans votre bouche, étonnants, détonants, signifient que, peut-être inconsciemment, vous êtes extrêmement travaillé dans votre for interne, M. Peillon, par la question religieuse et même catholique pure : à vous lire, c'est évident...
 
        Vous dites que les inspirateurs de votre grand projet seraient les Jules Grévy, Jules Ferry, Ferdinand Buisson, le si attachant Pierre Leroux (dont la plus belle parole, à méditer à genoux, est d'avoir dit : "Ô désir de réalisation, combien tu en as égaré !", n'est-ce pas qu'elle est belle, cette parole, M. Peillon...), etc., etc.
 
        En vérité vraie, il me semble que vous allez beaucoup plus loin : votre projet rejoint non pas les "ancêtres", mais les "grands-ancêtres", il faut remonter à la Théophilanthropie de La Révellière-Lepaux pour bien cadrer votre projet.
 
        ... Éh bien ! Que vaut-il ce projet de fonder une nouvelle religion pour l'humanité ?
 
        Je laisserai de Talleyrand-Périgord vous donner la  leçon, M. Peillon. Écoutez-la bien, oh oui écoutez-la, cette leçon, je vous en prie, de quelqu'un qui était de votre bord (il était franc-maçon), ce n'est donc pas un catholique qui vous la fera, et cette leçon fondamentale vous apprendra une grande chose, que vous ne savez sans doute pas encore. Un jour que La Revellière-Lepaux, son compère du Directoire, par ailleurs franc-maçon lui aussi, lui bassinait la tête une fois de plus avec sa nouvelle religion basée sur la loi naturelle et la morale naturelle, l'ex-évêque d'Autun, ce génial diplomate façonné par neuf siècles de traditions catholiques, familiales et françaises (ses quartiers de noblesse remontaient jusqu'à Hugues Capet), malgré sa corruption et le malheur de sa vie claudicante, moralement et physiquement (suite à une chute en bas-âge qui lui avait cassé le pied, on en avait fait un évêque forcé au lieu qu'il aurait dû embrasser la carrière militaire, dès lors impossible pour lui car son pied bot l'empêchait de monter à cheval), cet homme plein de sagesse à la fois théorique et pratique héritée des siècles très-chrétiens, qui en était trop pétris pour pouvoir se tromper grossièrement sur les lois fondamentales de la vie, le ci-devant prince de Talleyrand-Périgord disais-je, lui rétorqua : "MON CHER, IL NE TE RESTE PLUS QU'À TE FAIRE CRUCIFIER POUR TA RELIGION, ET J'Y CROIRAI".
 
        Ainsi donc, M. Vincent Peillon, M. le ministre de l'Éducation nationale, M. le re-fondateur d'une nouvelle religion, vous avez le choix entre deux possibles, et deux seulement, pour "transsubstantier" tout petit écolier français actuel en un christ républicain :
 
        - soit vous crucifier vous-même ou vous faire crucifier, bien entendu jusqu'à ce que mort s'ensuive (médiatiquement, de préférence, pour que tout le monde le voit bien) ;
 
        - soit, crucifier tous les adeptes de votre nouvelle religion, c'est-à-dire tous les petits français et françaises actuels sans en oublier un seul, tel un nouvel Hérode.
 
        La fondation d'une vraie religion exige en effet sine qua non LE SACRIFICE D'UN HOMME : si ce n'est pas le fondateur de la religion lui-même qui se fait crucifier, homme individuel, alors, "l'homme" qui doit être crucifié, c'est tous les adeptes de la nouvelle religion, homme collectif. Pour paraphraser un certain Caïphe : vaut-il mieux qu'un seul homme meure pour toute la nation, ou bien alors est-ce toute la nation qui doit mourir comme un seul homme ?
 
        C'est à vous, bien sûr, M. Peillon, qu'il appartient de répondre à cette très-redoutable et très-terrible question, puisque vous avez pris à incroyable tâche de fonder une religion...
 
        Talleyrand avait supérieurement bien vu les choses. Une religion qui est fondée parmi les hommes sans sacrifice humain est métaphysiquement un fantôme, un ectoplasme de spirite, du vent, des mots sans aucune consistance ni effet, des flatulences verbales. Son inconsistance métaphysique radicale fait naturellement rire tout homme supérieur et sensé. C'est ce qui est arrivé à de Talleyrand-Périgord, bien trop intelligent pour faire autre chose que de rire, lorsque ses hautes fonctions politiques dans le Directoire l'obligèrent en quelque sorte à présider la première de ces grandiloquentes et fort grotesques "grand'messes" théophilanthropiques devant le peuple parisien ; avant de grimper sur l'estrade pour jouer au grand-prêtre, il lâcha ce bon mot à ses amis : "Risum teneatis, amici !" (surtout, ne me faites pas rire !). D'ailleurs, Dieu Lui-même rit d'un tel absurde projet, pas seulement les hommes. Après avoir évoqué le dessein des princes et des peuples de rejeter la vraie religion, ce qui présuppose d'avoir à en fonder une autre, le psalmiste continue, lapidaire : "Celui qui habite dans les cieux, se rira d'eux, et le Seigneur se moquera d'eux" (Ps II, 4). En fait, dites-vous bien que prétendre fonder une religion sans sacrifice humain, ça fait rigoler tout le monde.
 
        Je connais UN SEUL HOMME, M. Vincent Peillon, qui a fondé une religion salvatrice de l'homme, de tout homme, et qui a immédiatement pensé et compris qu'il fallait se faire crucifier pour cela, et qui l'a fait, c'est Jésus appelé le Christ, vous savez Celui qui est né il y a 2 000 ans du côté de Bethléem (Israël). Certains vitraux de nos cathédrales représentent Jésus tout petit en train de fabriquer dans l'atelier de menuiserie de son père Joseph, une croix de bois, on Le voit en train de taper avec son petit marteau sur des clous pour fixer les deux branches de la croix. C'est émouvant au possible. Dès son enfance, Il y pensait. Car Il était la sagesse incarnée, et Il savait instinctivement le fond des choses, tout petit.
 
 
 
       
        Lorsqu'Il eut rempli sa mission publique, c'est-à-dire lorsqu'Il eut fini d'enseigner sa nouvelle religion aux hommes, miracles à l'appui (ça vous manque, là aussi...), Il dit : "Voici l'heure pour laquelle Je suis venu". Quelle heure donc, M. Peillon ? L'heure où Il devait être crucifié puisqu'Il avait pris à tâche de fonder une nouvelle religion (ou plutôt restaurait-Il celle antique d'avant le péché originel). L'heure pour laquelle Il est venu sur terre n'est pas celle de son enseignement spirituel aux hommes, c'est celle où il se fait crucifier pour donner la vie à cedit enseignement religieux, c'est Lui-même qui nous le dit. Il savait tellement que la crucifixion était nécessaire pour le bon succès de sa fondation religieuse, qu'Il n'y voulut aucun adoucissement, c'est pourquoi Il refusa le petit verre de liqueurs amères qui estompait quelque peu les atroces souffrances des crucifiés, l'Évangile nous l'apprend à deux endroits (est-ce que vous croyez être capable de faire ça ?).
 
        Je vous souhaite bien le bonjour catholique, M. Vincent Peillon.
 
        Ainsi que "bon courage". Il va vous en falloir. Non seulement il vous faut être crucifié, en mourir de mâlemort, mais ça n'est encore rien, tout le monde est capable de se faire crucifier et de mourir, mais... après, trois jours après, il vous faut impérativement ressusciter, pour montrer que le principe qui est en vous est supérieur à la mort et au néant métaphysique, qu'il est divin ! Et c'est alors, et alors seulement, que votre nouvelle religion, goûtant, suçant quotidiennement comme aux mamelles de la vie ce principe surnaturel tout-puissant et éternel qui est en vous, pourra prendre corps et essor parmi les enfants des hommes...
 
        ... Tuediable ! Fonder une nouvelle religion !!! Est-ce que vous comprenez mieux maintenant à quel point c'est impossible à la nature humaine ?
 
        Tenez, voici une très-belle parole du philosophe espagnol Donoso Cortès, que je vous conseille amicalement de méditer bien fort (je veux oublier que nous sommes ennemis) : "Notre-Seigneur Jésus-Christ  est venu au monde pour constituer, en Lui et par Lui, l'unité du genre humain. De tous les péchés possibles, aucun n'égale celui par lequel l'homme veut se substituer à Dieu, ou prétend réaliser, à d'autres fins et de diverse manière, ce que Dieu s'est proposé. Deux fois, l'homme a succombé à cette tentation satanique : la première, quand il a cherché à ériger la Tour de Babel ; la seconde, pas plus tard qu'aujourd'hui, où une démocratie insensée essaie de mener à bien, pour son compte, l'UNITÉ DU MONDE". C'était écrit aux alentours de 1840, ça n'a pas pris une ride, bien au contraire, n'est-ce pas ?...
 
        Est-ce que ce n'est pas un peu ce grand péché-là, M. Vincent Peillon, que vous commettez, inconsciemment j'en suis sûr ? Et peut-être même avec la meilleure bonne volonté du monde ? Vouloir fonder une nouvelle religion !!! Allons donc...! Le Dieu vivant y a pensé bien avant vous. Et avec puissance surnaturelle, contrairement à vous...
 
        Jésus a fondé une nouvelle religion et s'y est fait crucifier. Vous, personne, moi le premier, n'est capable de faire comme Lui. Parce que, aussi bien, il fallait être à la fois homme, fils de l'Homme, et Dieu, en même temps, théandriquement dans une seule personne, pour faire ça. C'est déjà très difficile de suivre la religion vraie, qui nous est cependant donnée toute faite clé en main par Dieu (croyez-m'en d'expérience, c'est un sacrifice mystique quotidien), alors, alors, de créer une religion, de préférence la vraie, c'est bien entendu totalement, viscéralement impossible à l'homme, à tout homme.
 
        Il n'y a donc pas besoin d'inventer une nouvelle religion, mais seulement de réactiver celle christique qui existe et qui, seule, a de par Dieu un pouvoir salvifique opérateur sur tout homme. Et c'est certes très-difficile en ces temps de la fin que nous vivons, parce qu'en ces temps-là, in illo tempore, "la Charité sera refroidie". Ce qui signifie que le monde vit présentement une sorte de mort mystique dans l'attente de la "révolution religieuse" à venir parousiaquement, de par Dieu. En tous cas, pour le présent hic et nunc, essayer de remettre le Christ Jésus, son Amour divin pour les hommes, dans les cœurs de tout enfant des écoles de France & de Navarre, c'est notre devoir et c'est bien cela que je ferai, moi, si j'étais ministre de l'Éducation nationale (... ce que je ne pourrais être que sous un roy très-chrétien basant la politique sur les droits de Dieu incluant intrinsèquement les droits de l'homme naturel, et pas sous un président républicain post-révolutionnaire basant la politique sur les droits de l'homme idéologique !). Cela solutionnerait instantanément tous les problèmes, surtout ceux inhérents au "lien social" et à l'épanouissement véritable et mature de l'homme, qui vous tient tant à cœur... Seul Jésus-Christ, en effet, a la solution théorique de la vie, et aussi celle pratique, soit individuelle, soit sociale. Tous azimuts. Quotidiennement.
 
        Pour finir, encore quelques paroles fortes de Donoso Cortès, qui ne sont pas piquées des vers : "La république subsistera en France, parce qu'elle est la forme nécessaire du gouvernement chez les peuples ingouvernables". Pourquoi sont-ils ingouvernables, ces peuples ? Parce qu'ils ne sont plus catholiques, répond notre philosophe : "Je ne sais s'il y a quelque chose sous le soleil de plus vil et de plus méprisable que le genre humain hors des voies catholiques". Il a encore cette truculence métaphysique que vous goûterez sûrement : "Toute vérité politique ou sociale se convertit nécessairement en une vérité théologique" ; ou encore : "Toute parole qui sort des lèvres de l'homme est une affirmation de la divinité, même celle qui la maudit ou qui la nie". Mais je garde le meilleur pour la fin. Savez-vous pourquoi j'aime le socialisme ? Parce que, comme dit Blanc de Saint-Bonnet, autre philosophe contre-révolutionnaire lyonnais que vous n'avez hélas sûrement pas beaucoup plus pratiqué que Donoso Cortès, "le socialisme présuppose l'immaculée-conception de l'homme"...
 
        Avec tout mon entier et plein respect, M. Vincent Peillon, bien sincère croyez-le (sinon, je ne vous aurai pas écrit aussi long).
 
Vincent Morlier.

23-01-2013 18:05:00
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