Les Évêques Réclamants d'Angleterre réclament une seconde fois près le pape Pie VII...
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Les Évêques Réclamants d'Angleterre
réclament une seconde fois près le pape Pie VII...
"Voici que le dominateur,
le Seigneur des armées,
va ôter de Jérusalem et de Juda
l'homme valide et l'homme fort,
toute la force du pain et toute la force de l'eau,
l'homme fort et l'homme de guerre,
le juge et le prophète, le devin et le vieillard,
le chef de cinquante et l'homme au visage vénérable,
le conseiller, les plus sages d'entre les architectes,
et ceux qui ont l'intelligence des paroles mystiques.
Je leur donnerai des enfants pour princes,
et des efféminés domineront sur eux"
(Is. III, 1-4)
... Que prophétise par-là de précis Isaïe, le plus grand des prophètes de Yahweh, et qui nous regarde si fort, tellement fort ?
En ce qui concerne notre ère post-révolutionnaire, il prophétise que le Dieu de Sainteté et de Justice, qui a créé l'homme avec une colonne vertébrale sur le plan spirituel plus encore que sur celui physique, est tellement fâché de voir sa créature la plus parfaite faite "à son image et ressemblance" (Gen I, 26) consentir depuis la Révolution à s'avilir ignominieusement devant Lui, en se comportant, dans ses devoirs d'Amour et de Religion envers Dieu et envers son prochain, comme un mollusque flasque, de la gélatine molle, un ectoplasme de zombie heureux de l'être, qu'Il a décidé d'ôter de ce peuple indigne tout chef et guide qui ressemblerait à un homme avec une colonne vertébrale. Car le peuple a les chefs qu'il mérite ; et on est toujours puni par où l'on a péché et par où l'on persiste à pécher encore. Et l'on a péché et on pèche encore, depuis la Révolution, essentiellement en tuant quant au Politique et en prostituant quant au Religieux, les Institutions de salut données par Dieu à l'homme pour qu'en en usant, il vive avec une colonne vertébrale.
Voilà le grand châtiment du monde des hommes venant après la Révolution, qui, en vérité, n'est plus un monde d'hommes réels mais un monde d'hommes fantomatiques : Tout gouvernant avec une colonne vertébrale, autrement dit qui sait et met en pratique que la Vie de Dieu est la source génésiaque unique de la vie de l'homme sur cette terre sinon rien, sera ôté du milieu du peuple. Comme s'était écrié Léon Bloy, le plus grand des petits prophètes modernes, il y a déjà plus d'un siècle à présent : "Après les hippopotames, nous avons droit aux tapirs !", c'est-à-dire que des invertébrés indignes à face humaine de toutes sortes, sans jamais être autre chose que des invertébrés qui ont "oublié" qu'ils sont des hommes, par ailleurs mâles ou femelles, se succèdent et se succèderont les uns après les autres pour gouverner les hommes sans colonne vertébrale, c'est-à-dire sans Dieu, tant que le châtiment post-révolutionnaire divin durera...
Quant à la massa damnata, comme disait saint Augustin en parlant des foules qui suivent les maximes du monde et sa séduction, les gouvernés qui, depuis la Révolution, boivent les "droits de l'homme" comme de l'eau et sont donc en train de se damner (sans pour autant qu'il faille en conclure qu'ils se damneront certainement, Notre-Dame à Fatima nous ayant demandé de prier expressément pour qu'il n'en soit pas ainsi : "Ô mon Jésus... prenez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde"), de ces peuples indignes désormais gouvernés pour leur punition par des hommes sans colonne vertébrale, voici ce qu'on en peut dire :
"[Ce peuple dégénéré et corrompu] a autant de nerf et de ressort moral qu’une holothurie [= classe d'animaux marins au corps mou et oblong, dénuée de toute structure osseuse] rejetée sur la plage et attendant flasquement la prochaine vague. Son problème est justement l’absence totale de conviction de quelque bord que ce soit, car elle n’est pas CAPABLE d’avoir des convictions. Le fait est que cette entité collective amorphe suivra mollement ce qui bouge, ce qui lui semble avoir le pouvoir, ou même parler le plus fort. Donc pour le moment elle suit les satanistes aux manettes, mais à part constituer un bloc compact mais informe et inanimé, elle ne sert à rien.
"Est-ce ce poulpe mongolien que les optimistes prétendent éveiller ? Mais chers amis, ce poulpe n’a ni pensée ni mouvement propre sauf celui que lui donne la gravité terrestre : lâché d’une certaine hauteur, il tombe jusqu’à atteindre le sol, où il reste immobile. Retournez le bocal (= renversez le pouvoir actuel) et l’acquisition d’une énergie potentielle le fera tomber à nouveau, c’est à dire qu’il suivra le nouveau pouvoir. Que le terme énergie ne vous donne pas de faux espoirs le concernant, il est bien trompeur dans son cas. Il est possible qu’une partie de la masse poulpesque réagisse, autant qu’elle en est capable du moins, lorsque les tyrans [qui la gouvernent] se mettront réellement à «décompenser», comme on parle en psychiatrie, c’est à dire lorsqu’ils passeront à l’action sanglante, ce qui ne saurait guère tarder je le crains. Même là, je pense pourtant que la majorité se laissera exterminer physiquement sans guère réagir, ou tout au plus ce sera la réaction purement nerveuse, et… quelque peu tardive, du canard qui court sans sa tête.
"Le paysage de notre fin des temps étant ainsi brossé, force est de constater qu’au fil de mes méditations sur ce blog, quoique par des chemins divers, je reviens toujours à la même conclusion : en ces temps probablement terminaux, ce que Dieu demande de nous est notre sanctification. Comme dans tous les autres temps de l’Histoire, me direz-vous. Certes, mais le fait que nous soyons sortis ou sur le point de sortir de l’Histoire, ne fait que rendre plus évidente cette exigence, puisqu’on peut dire en simplifiant que ce qui était jusqu’alors notre priorité est devenu par la force des événements eschatologiques notre unique but ou devoir. Dieu nous a tellement ôté toute possibilité d’œuvrer à autre chose qu’il semble difficile de ne pas le comprendre (sauf à vouloir rejoindre la montagne flasque et gluante des holothuries : Dieu nous en garde !)" (L'impuissance et l'indispensable abandon, La Mésange, 15 novembre 2021, cf. https://blogdelamesange.wordpress.com/2021/11/15/limpuissance-et-lindispensable-abandon/).
Isaïe résume très-bien l'affreuse situation applicable à notre monde post-révolutionnaire, ainsi : "Jérusalem chancelle et Juda va tomber, parce que leurs paroles et leurs œuvres sont contre le Seigneur, pour provoquer les yeux de Sa majesté. L'aspect de leur visage témoigne contre eux, et ils ont publié hautement leur péché comme Sodome, et ils ne l'ont point caché. Malheur à leur âme, parce que des maux sont tombés sur eux !" (Is III, 8-9).
Ce qu'Isaïe prophétise là est très-clair pour notre monde de prévarication tous azimuts depuis la Révolution : non seulement les hommes n'ont plus de colonne vertébrale depuis qu'ils ont tué ou prostitué les Institutions politique et religieuse de salut données à l'homme par Dieu et son Christ-Messie, en proclamant orgueilleusement à la Face de Dieu les "droits de l'homme" par lesquels ils prétendent subsister et se sustenter par eux-mêmes, avec eux-mêmes et en eux-mêmes, dans une pseudo-liturgie sataniquement à l'envers, per ipsum et cum ipso et in ipso (car, en effet, l'authentique droit de l'homme n'existe que parce que le Droit de Dieu existe et le fait subséquemment exister), mais en outre, "mettant leur gloire dans ce qui est leur honte" (Phil III, 19), ils montrent devant la Face de Dieu et devant leur prochain, avec une arrogance et une impudence extrêmes et extrêmement insupportables, leur fierté d'être... sans colonne vertébrale, c'est-à-dire sans vouloir plus jamais que le Principe surnaturel donnât vie, innervât, celui seulement naturel, excommuniant en leurs âmes au moins implicitement ce qui vient de Dieu, le juste et le bon, l'intelligent et le vertueux, le beau et le distingué, le divin et la stabilité éternelle, la paix joyeuse et la force virile, pour ne plus faire de ces charismes divins dans leur vie humaine dégénérée que des succédanés très-damnés.
... Évidemment, si on fait une application étroite et étriquée de cette grande prophétie d'Isaïe à l'actu qui buzze et le buzz de l'actu, comme je le faisais pour commencer le discours de fond de mon dernier article, par exemple en l'appliquant au récent remaniement ministériel du pseudo-gouvernement constitutionnellement athée qui régit actuellement la France pour la punition des français, on ne peut qu'être extrêmement frappé de sa formidable justesse de vue et précision... surtout quand on a devant les yeux la mignonnette non moins que poupinette figure de celui qui s'est et qu'on a catapulté dans le rôle de premier ministre pseudo (je crois que si on pressait le nez de cet enfant efféminé, comme dit Isaïe, sûrement il en sortirait encore du lait, car il est permis de douter qu'il soit encore sevré...).
Mais est-il besoin de dire que l'application de la prophétie d'Isaïe à notre époque formatée par la Révolution est beaucoup plus large et générale. Elle ne concerne évidemment pas que la sphère politicarde, la politicaillerie basse, méprisable et sordide du moment, elle concerne surtout celle religieuse par excellence, celle catholique à son plus haut sommet pontifical, et, plus encore, en fait, elle regarde toute la sphère métaphysique de l'homme, tout son cosmos salvifique, tout le domaine de l'homme et de l'humanité ordonné à son salut.
C'est en effet d'une manière vraiment universelle que, depuis la Révolution, il n'y a quasi plus d'hommes sur la terre, ni dans les gouvernants ni dans le peuple ni surtout dans l'Église, plus d'hommes tel que Dieu l'a créé avec une colonne vertébrale, comme vivant de Dieu et ayant conscience que Dieu le fait vivre, qu'il tire de Dieu sa propre vie terrestre et passagère non pas seulement lors de sa naissance mais plus encore si l'on peut dire, jour après jour, instant après instant. Et Isaïe nous dit bien pourquoi, plus loin dans sa grande prophétie, c'est dans son ch. LIX, qui se peut résumer ainsi : "Il n'y a plus d'homme parce que la Vérité est à terre".
Or, la Vérité, c'est Jésus-Christ, le Verbe de Dieu incarné qui s'est déclaré "Voie, Vérité et Vie" (Jn XIV, 6), par qui "toutes choses ont été faites [tout spécialement, l'homme, bien sûr], et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans Lui. En Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes" (Jn I, 3-4). Et Jésus-Christ, Vérité incarnée qui fait vivre l'homme avec sa colonne vertébrale, a, dans son Amour ineffable pour l'homme, instauré une société en adéquation avec elle, à savoir 1/ la Société très-chrétienne sacrale, basée constitutionnellement explicitement sur le Christ, qui, pour faire court, originée à la Noël de l'an 496 par le premier roy très-chrétien, Clovis 1er, au moyen de la Sainte-Ampoule, fut détruite et assassinée radicalement au for public dans la très-sacrilège décapitation de son dernier successeur, Louis XVI, l'an 1792, et 2/ l'Église catholique, apostolique et romaine vivant intégralement au for public de la bonne Foi et dans les bonnes Mœurs, ce qui n'est plus du tout le cas depuis le Concordat au niveau des Mœurs, et encore moins depuis Vatican II, la corruption des Mœurs ayant envahi et corrompu la Foi, tout étant depuis lors entièrement corrompu au for public dans l'Église, prostitué à la Bête apocalyptique.
Si en effet l'Église, contrairement à la première Institution politique de droit divin, ne fut pas radicalement détruite au for public lors de la Révolution, elle n'en fut pas moins radicalement subvertie par le principe révolutionnaire dès cette époque, tout en restant vivante, au moyen collaborationniste du Concordat napoléonien, dès 1801, ce qui la mit sous "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53) et la fit rentrer, dès le sortir immédiat de la Révolution, dans l'économie de la Passion du Christ, étant dès lors "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), sous le rapport des seules Mœurs pour commencer (en attendant que lesdites Mœurs corrompues corrompent la Foi, ce qui aura lieu quelqu'un siècle et demi plus tard, à Vatican II), dans l'attente de sa mort sur la croix, qui aura lieu lors du règne de l'Antéchrist-personne à la toute-fin des temps. Mort qui ne saurait plus tarder à présent, car "quant à l'échéance, elle est surabondamment indiquée par ceci qu'il n'y a presque plus moyen d'attendre, et que l'holocauste va empuantir l'univers, s'il n'est pas bientôt consumé" (Le fils de Louis XVI, Léon Bloy, ch. II).
Mais seuls les hommes avec une colonne vertébrale, dignes de Dieu, vivant de la Vérité intégrale (et non intégriste), peuvent se rendre un compte exact, devant Dieu et dans le miroir de leur âme, de cette vraie situation, affreuse et surnaturellement épouvantable, tous les autres, qui ont abdiqué leur dignité d'homme vivant de Dieu, qui rampent sur la terre en avalant la poussière du sol, ne peuvent plus en prendre conscience...
Homme moderne après la Révolution...
... Oooôôôoooh pardon !! HOLOTHURIE
Ces hommes avec colonne vertébrale, qui ont gardé la Foi intégralement avec les bonnes Mœurs politiques constitutionnelles, sont connus de l'Histoire, quoiqu'il faille devoir se servir d'un microscope très-puissant pour les apercevoir, et même du télescope Hubble, car, comme dit la prophétie, ils sont si peu nombreux qu'ils tiendraient ensemble sous un pommier : ce sont les anti-concordataires catholiques. Et, catholiques, eux seuls, en effet, le sont véritablement, intégralement et authentiquement. Eux seuls, effectivement, ont su garder l'intégralité de la Foi avec l'intégralité des bonnes Mœurs, entendues au sens large et complet du mot, qui inclue suréminemment le domaine Politique constitutionnel.
Nous avons déjà pu nous en rendre compte en étudiant dans mon précédent article les premières Réclamations, etc., des Évêques Réclamants au pape Pie VII, par lesquelles ils dénonçaient son sacrilège attentat contre l'Ordre épiscopal fondé par le Christ c'est-à-dire en fait contre la Constitution divine de l'Église elle-même, en démissionnant de force tout le corps épiscopal national français légitime d'Ancien-Régime (sans même parler de son non moins sacrilège attentat contre le criterium paulinien de validité des sociétés politiques enseigné en Rom XIII, en osant réputer valides et légitimes les nouveaux pouvoirs politiques athées issus de la Révolution, à commencer par l'État français de Napoléon, rien qu'en acceptant comme partenaire concordataire co-contractant, un de ces pouvoirs invalides, l'État français de Napoléon, ce qui était ipso-facto le réputer être valide).
Dans ce nouvel article, nous allons continuer à voir où se trouvent la vraie Foi et les bonnes Mœurs intégrales en étudiant la seconde mouture de leurs Réclamations, etc., aussi catholiquement forte, c'est le moins qu'on puisse en dire, que la première...
Auparavant, cependant, avant de rentrer dans la chair du sujet, il ne me semble pas du tout inutile de méditer le descriptif que, dans le ch. LIX, Isaïe nous fait du monde des hommes sans colonne vertébrale de la post-Révolution, parce qu'ils ont tué la Vérité qui est Jésus-Christ en détruisant ou prostituant les Institutions politique et religieuse de salut qu'Il avait créées pour la faire vivre parmi les enfants des hommes. Considérons avec soin comme ce descriptif est criant de vérité sur notre situation. Jugez-en vous-même, amis lecteurs, je détache chaque verset, car ils méritent vraiment qu'on les rumine lentement, au profond et dans l'intime de nos âmes :
"Ce sont vos iniquités qui ont mis une séparation entre vous et votre Dieu, et ce sont vos péchés qui Lui ont fait cacher Sa face pour ne plus vous exaucer" (v. 2).
"Car vos mains sont souillées de sang, et vos doigts d'iniquité ; vos lèvres ont proféré le mensonge, et votre langue dit l'iniquité" (v. 3).
"Personne n'invoque la justice, et personne ne juge selon la vérité ; mais ils se confient dans le néant et disent des vanités ; ils conçoivent l'affliction, et ils enfantent l'iniquité" (v. 4).
"C'est pour cela que l'équité s'est éloignée de nous, et que la justice ne nous atteint pas. Nous attendions la lumière, et voici les ténèbres ; la clarté, et nous marchons dans l'obscurité" (v. 9).
"Nous tâtonnons comme des aveugles le long des murs, nous marchons à tâtons comme ceux qui n'ont pas d'yeux ; nous nous heurtons en plein midi comme dans les ténèbres, nous sommes dans l'obscurité comme les morts" (v. 10).
"Nous rugissons tous comme des ours, nous soupirons et nous gémissons comme des colombes ; nous attendions le jugement, et il n'est pas venu ; le salut et il est loin de nous" (v. 11).
"Car nos iniquités se sont multipliées devant Vous, et nos péchés témoignent contre nous, parce que nos crimes nous sont présents, et nous connaissons nos iniquités :" (v. 12).
"nous avons péché et nous avons menti contre le Seigneur ; nous nous sommes détournés pour ne pas marcher à la suite de notre Dieu [c'est exactement ce que la Révolution a fait faire aux enfants des hommes, abominablement cautionnés et confortés dans leur rébellion contre l'Institution de salut sociopolitique très-chrétienne par les papes modernes concordataires à partir de Pie VII], pour proférer la calomnie et la violence ; nous avons conçu et fait sortir de notre cœur des paroles de mensonge [= nos nouvelles structures politiques constitutionnellement athées sont aussi valides et légitimes que celles de l'Ordre très-chrétien, si, si !, c'est pourquoi, dira Pie VII, il faut leur faire serment d'obéissance !, c'est pourquoi il faut prier pour leur salut à l'église !, c'est pourquoi il faut attribuer à ces pouvoirs politiques athées les "droits et prérogatives" réservés à l'Ordre très-chrétien !, comme ce pape dégénéré osera le formuler dans les art. VI, VII, VIII & XVI du Concordat]" (v. 13).
"Et la justice s'est retournée en arrière, et la justice se tient éloignée, parce que la vérité a été renversée sur la place publique, et que l'équité n'y a pu entrer" [Depuis la Révolution confirmée par le Concordat sacrilègement parce que religieusement, il n'y a rigoureusement plus aucune possibilité pour l'Ordre très-chrétien d'exister au for public, pour y procurer à l'homme son salut] (v. 14).
"La vérité a été en oubli, ET CELUI QUI S'EST RETIRÉ DU MAL A ÉTÉ DÉPOUILLÉ [... comme cela décrit à merveille la situation faite aux Évêques Réclamants par le pape apostat de l'Ordre très-chrétien, qui leur a invalidement arraché la possession légitime de leurs églises-épouses diocésaines dans l'iniquité la plus totale !]. LE SEIGNEUR L'A VU, et Ses yeux ont été blessés de ce qu'il n'y avait plus de justice" (v. 15).
"Il a vu qu'IL N'Y A PAS D'HOMME, et Il a été étonné que personne n'intervînt [non seulement pour dénoncer la sacrilège iniquité du Concordat de 1801, mais même après l'épopée napoléonienne, lors du concordat avorté de 1817 passé avec Louis XVIII, "personne n'intervînt" pour rétablir véritablement l'Ordre très-chrétien des diocèses, et surtout pas le pape Pie VII, perdu de démocratisme, comme vont excellemment bien nous le dire les Évêques Réclamants d'Angleterre, ainsi qu'on va le voir sans tarder] ; alors Son bras L'a sauvé, et Sa propre justice L'a soutenu" (v. 16).
"Il S'est revêtu de la justice comme d'une cuirasse, et Il a mis sur Sa tête le casque du salut ; Il S'est revêtu de la vengeance comme d'un vêtement, et Il S'est couvert de Sa colère comme d'un manteau" (v. 17).
"Il Se vengera, Il punira dans Sa colère Ses ennemis, Il rendra à Ses adversaires ce qu'ils méritent [punition des méchants et bien sûr, en parallèle implicite, récompense des justes qui auront su garder, au moins dans l'intime de leur âme humiliée et persécutée, la Foi intégrale et les bonnes Mœurs en matière de Politique constitutionnelle, Justice certes à venir, que Dieu accomplira lors de la Parousie, après la chute de l'Antéchrist-personne... car soyons bien convaincus que plus la Justice tarde, moins elle meure, plus elle est vivante, plus elle est glorieuse et forte...]" (v. 18).
Après avoir bien brossé la toile de fond, nous allons donc continuer ensemble, chers amis lecteurs, dans ce nouvel article qui sera une suite directe de mon tout dernier (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/coup-d-il-profond-sur-lactu-qui-buzze-et-le-buzz-de-lactu-invalidit-de-la-destitution-de-mgr-strickland-par-fran-ois-comme-de-celle-des-82-v-ques-fran-ais-par-pie-vii-lors-du-concordat-napol-onien-d-fense-des-v-ques-r-clamants-?Itemid=191), à entretenir notre Foi avec les seuls hommes spirituels forts de la force de Dieu qui, après la Révolution, ont eu l'insigne et très-méritoire courage de manifester sa Vérité et sa Justice intégrales, à savoir les Évêques Réclamants de Louis XVI refusant le Concordat napoléonien attentant, de par la caution pontificale très-hérétique et même apostate du pape Pie VII, à la Constitution divine de l'Église quant à l'Ordre épiscopal, non moins que plongeant l'Église de France (pour commencer ; toutes les autres nations de l'univers, dans le courant du XIXème siècle et début XXème, suivront "la fille aînée de l'Église" désormais concordatairement prostituée à la Bête de l'Apocalypse, sa vocation divine de diriger les peuples au Temps des nations fonctionnant toujours à merveille, certes, car "les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance" ― Rom XI, 29, mais fonctionnant sataniquement à l'envers, "face de Dieu dans les ténèbres" dira Léon Bloy), plongeant l'Église de France disais-je, au beau milieu des ténèbres mortifères de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint en l'obligeant sous peine de damnation à se soumettre à un pouvoir politique constitutionnellement athée, sur le plan des Mœurs (pour commencer, là encore ; cette corruption des Mœurs ecclésiales amenant infailliblement, quelqu'un siècle et demi plus tard, la corruption de la Foi, à Vatican II).
VOTEZ ! VOTEZ !
Il en restera toujours quelque chose...
Mon lecteur se souvient sûrement que ces Évêques dont la colonne vertébrale n'était pas brisée étaient au nombre de trente-huit pour signer en 1803 la première série des Réclamation, etc., au pape Pie VII. Ce nombre d'hommes forts de l'Église réunissait là les vingt-cinq évêques de Louis XVI réfugiés en Allemagne, la plupart à Münster (... dont mes "ancêtres spirituels" si je puis dire, j'ai l'honneur insigne de nommer Messeigneurs Louis-Charles et Jean-Baptiste du Plessis d'Argentré...!), auxquels s'étaient associés treize autres, qui, quant à eux, s'étaient réfugiés en Angleterre, souvent près de Londres.
Or, ceux qui étaient exilés en Angleterre rédigèrent un an après, en 1804, dans la foulée et la continuité catholiquement si forte et saintement virile des premières Réclamations, etc., une seconde série de Réclamations, etc., que cependant, pour des raisons conjoncturelles, ils ne purent faire signer par leurs pairs et frères Évêques Réclamants réfugiés en Allemagne.
Mais plutôt que de faire une présentation de ces dernières, je préfère laisser parler eux-mêmes nos édifiants Pères français dans la Foi, ce sera mieux fait :
"TRÈS-SAINT PÈRE,
"Les Réclamations Canoniques et très-respectueuses contre différens [sic ; comme avec les premières Réclamations, etc., j'avertis que je conserverai l'orthographe vieux-françois du texte de ces secondes Réclamations, etc.] Actes relatifs à l'Église Gallicane que nous avons déjà mises aux pieds de Votre Sainteté, ont eu principalement pour objet les cinq premiers articles de la Convention conclue entre Votre Sainteté et le Gouvernement François, le 15 Juillet 1801 [= le Concordat], et ce qui a été fait ensuite pour mettre ces cinq articles à exécution.
"Nous y avons représenté à Votre Sainteté, avec le profond respect qui lui est dû, et les témoignages les plus expressifs d'une soumission filiale, ce que nous avions reconnu dans l'amertume de notre âme, que, du consentement donné par Votre Sainteté à ces cinq articles et de ce qui a été fait ensuite pour les mettre à exécution, «il résulterait (contre l'intention sans doute de Votre Sainteté [... du moins, les Évêques Réclamants avaient la bonté grande et très-miséricordieuse de vouloir le croire...]) que si l'on ne se hâtait de remédier au mal [en revenant à l'ancien Ordre très-chrétien], si, par des délais, on le laissait s'enraciner, la Catholicité souffriroit un énorme préjudice ; les droits sacrés de l'Épiscopat se trouveroient anéantis ; la Constitution de l'Église se trouveroit altérée ; l'état entier de la Religion deviendroit précaire et incertain, et se verroit à la merci de tout gouvernement civil qui prétendroit dicter des lois, même en ce qui concerne les objets qui appartiennent le plus à l'ordre surnaturel» (Premières Réclamations, etc.) ; qu'enfin toutes les opérations qui avaient eu lieu jusqu'alors dans l'affaire dont il s'agit n'avaient abouti qu'à rendre l'état de la Religion Catholique en France, «plus fâcheux, et le danger de sa perte plus imminent» (Premières Réclamations, etc.).
"En même temps, nous nous sommes aussi réservés «la faculté d'exposer encore d'autres griefs auxquels donnent lieu surtout la Convention conclue entre Votre Sainteté et le Gouvernement François le 15 Juillet 1801 [le Concordat] ; les Articles dits Organiques de cette Convention, publiés à Paris le 6 Avril 1802 ; et tant de faits affligeans qui ayant suivi la publication de ces deux Actes, semblent en être les fruits amers, d'où il résulte que de pernicieuses nouveautés sont introduites dans l'Église ; que la Religion de la Seconde Majesté [Notre-Seigneur Jésus-Christ et Son Église] est lésée ; qu'enfin, les droits de Dieu même et ceux des hommes sont si peu respectés que Dieu n'a plus ce que la piété lui a consacré, et que les hommes se trouvent frustrés de leurs propriétés incontestables» (Premières Réclamations, etc.) ; Griefs auxquels s'étendent nos [premières] réclamations.
"Obligés, pour ne manquer à aucun de nos devoirs, de remplir cette seconde partie d'une tâche si pénible, et d'exposer ces autres griefs que, jusqu'à présent, nous n'avions fait qu'indiquer, nous commençons par celui auquel donnent lieu les articles VI, VII, Vlll, et XVI de la Convention du 15 Juillet 1801 [le Concordat]. Cette marche nous semble tracée par le rang même que les trois premiers de ces articles tiennent dans la susdite Convention. Ces articles portent :
"«Art. VI ― Les Évêques, avant d'entrer en fonctions, prêteront directement, entre les mains du premier Consul, le serment de fidélité qui était en usage avant le changement de gouvernement, exprimé dans les termes suivants : “Je jure et promets à Dieu, sur les saints Évangiles, de garder obéissance et fidélité au Gouvernement établi par la Constitution de la République française. Je promets aussi de n'avoir aucune intelligence, de n'assister à aucun conseil, de n'entretenir aucune ligue, soit au dedans, soit au dehors, qui soit contraire à la tranquillité publique ; et si, dans mon diocèse ou ailleurs, j'apprends qu'il se trame quelque chose au préjudice de l'État, je le ferai savoir au Gouvernement”.
"«Art. VII ― Les ecclésiastiques du second ordre prêteront le même serment entre les mains des autorités civiles désignées par le Gouvernement.
"«Art. VIII ― La formule de prière suivante sera récitée à la fin de l'office divin, dans toutes les églises catholiques de France : “Domine, salvam fac Rempublicam ; Domine, salvos fac Consules” (Seigneur, sauvez la République ; Seigneur, sauvez les Consuls).
"«Art. XVI ― Sa Sainteté reconnaît, dans le premier Consul de la République française, les mêmes droits et prérogatives dont jouissait près d'elle l'ancien gouvernement».
"Nous nous bornerons ici à considérer les effets qu'a produits le consentement donné par Votre Sainteté à de si étonnantes stipulations. Que ces effets sont déplorables !, et qu'il nous seroit difficile de peindre la douleur profonde dont leur vue pénètre des Évêques qui regardent comme un devoir sacré la fidélité inébranlable à leur légitime Souverain.
"Votre Sainteté n'ignore pas que la France a un Roi légitime : elle l'a solemnellement reconnu elle-même en écrivant à cet auguste Prince, comme aux têtes couronnées, pour lui faire part de son avènement au Siège de Saint Pierre.
"En effet, le 14 Mars 1800, Votre Sainteté a adressé à Louis XVIII, Roi Très-Chrétien, une lettre dans laquelle on lit :
"«La divine Providence, toujours impénétrable dans Ses jugemens, a voulu nous charger du très-pesant fardeau de régir et de gouverner son Église..... Une de nos premières pensées au milieu des sollicitudes multipliées dont nous sommes accablés dans ces premiers momens, a été de faire part nous-même à Votre Majesté de la nouvelle de notre élection..... Certes, nous n'omettrons rien pour vous faire connoître notre prédilection particulière, et nous rechercherons avec empressement les occasions de pouvoir montrer à Votre Majesté quelle est notre estime et notre amour pour elle. Nous prions votre Majesté d'être persuadée de ces sentimens intimes de notre cœur, et de croire que nous ne négligerons pas d'offrir à Dieu des vœux continuels pour Votre Majesté Très-Chrétienne, à laquelle et à sa Royale Compagne, nous donnons, avec la plus grande affection de notre cœur, la Bénédiction Paternelle Apostolique (Lettre Carissimo in Christo filio nostro Ludovico XVIII, Regi Christianissimo)».
"Souverain vous-même au temporel dans vos États, Très-Saint Père, en même-temps que chef visible de la Religion seule véritable, sous ce double rapport, vous n'avez assurément voulu nuire en aucune manière aux droits que tient de Dieu le successeur légitime de tant de Monarques qui ont regardé et chéri comme les plus beaux de leurs titres les titres religieux de fils aînés de l'Église, et de Rois très-chrétiens. Cependant, les quatre articles de la Convention contre lesquels nous nous trouvons maintenant forcés de réclamer, ont fait, (contre l'intention sans doute de Votre Sainteté [... veulent toujours croire par très-grande bonté nos très-indulgents Évêques Réclamants...]) sur beaucoup d'esprits, de si funestes impressions, que ces droits incontestables et consacrés par l'autorité de Dieu même, en ont souffert un énorme préjudice" (pp. 3-9).
Drapeau de la France très-chrétienne
Ici, pour bien comprendre la grande justesse et la très-édifiante catholicité de la réclamation faite quant au Politique par les Évêques Réclamants au pape Pie VII trahissant abominablement la Foi par ses décrets concordataires regardant le domaine Politique constitutionnel (mais faisant mine de n'en rien faire, faisant semblant dans sa susdite lettre au roi Louis XVIII, qu'on ne peut que connoter de très-hypocrite, de reconnaître la légitimité de son pouvoir royal sur la France, bien marquée par lui au moins en filigrane ― pour simplifier, je fais ici abstraction de la mystérieuse question de la survie de Louis XVII, car de toutes façons cela ne change rien au fond de l'affaire), il est excessivement important de bien saisir le fond du problème : il regarde essentiellement une question de validité et de légitimité des sociétés politiques, comme étant constitutionnellement et structurellement aptes à procurer le salut éternel de l'homme en étant basées sur le droit divin (direct pour la France et indirect pour toutes les autres Nations), et subséquemment ordonnées à la poursuite du Bien commun, tant sur le plan surnaturel que naturel, criterium fondamental de validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul en Rom XIII, comme je l'ai expliqué dans les premières pages de mon article précédent. Il ne s'agit nullement, qu'on le comprenne bien, d'une question de forme de gouvernement, royauté ou république, mais d'une question de fond.
Qu'on saisisse donc bien que les Évêques Réclamants, ces hommes à colonne vertébrale intacte et non-brisée, ne vont pas, dans la suite de leurs Réclamations qu'on va lire maintenant, reprocher au pape Pie VII d'abandonner une forme particulière de gouvernance des peuples, à savoir la royauté, la question n'est pas du tout là, ils vont lui reprocher, à si juste et si catholique titre, à ce pape abominablement corrompu non pas même dans le républicanisme mais carrément dans le démocratisme sangniériste avant la lettre, ce dont fait (mauvaise) foi son très-exécrable sermon de la Noël 1797 (que Napoléon, l'ayant lu, qualifia de "sermon jacobin"), d'apostasier la Société politique très-chrétienne d'Ancien-Régime dans son acception large, de Clovis à Louis XVI, seule valide et légitime devant Dieu et devant les hommes jusqu'à la fin des temps (ce qu'a prophétisé l'évêque saint Rémy de Reims en sacrant Clovis), parce que basée explicitement sur le droit divin christique et ordonnée constitutionnellement et structurellement à la poursuite du Bien commun, satisfaisant donc au criterium paulinien de validité des sociétés politiques venant de Dieu, omnis potestas a Deo ; et, conséquence inévitable de cette apostasie par Pie VII de la seule Société politique valide et légitime durant tout le Temps des nations (ce qu'il ose professer dans le Concordat, en l'appelant dans l'art. XVI "l'ancien gouvernement", et déjà dans les articles IV & VI, il évoquait sans complexe le "changement de gouvernement"), ils vont lui reprocher en parallèle de réputer valide et légitime l'État français de Napoléon supplantant sataniquement en lieu et place l'Ordre très-chrétien, société politique très-assurément invalide et illégitime car rejetant formellement de se baser sur le droit divin, donc non-ordonnée au salut éternel de l'homme et ne satisfaisant nullement au criterium paulinien de validité des sociétés politiques, et subséquemment d'oser lui donner les droits juridiques fondés sur le droit divin qui n'appartiennent qu'aux sociétés politiques valides et légitimes (ce que Pie VII va oser dire dans le même art. XVI : "Sa Sainteté reconnaît, dans le premier Consul de la République française, les mêmes droits et prérogatives dont jouissait près d'elle l'ancien gouvernement").
C'est en effet essentiellement une question de fond, et non de forme, dont il s'agit, il ne s'agit pas de royalisme ou de républicanisme, il s'agit de sociétés politiques constitutionnellement ordonnées à Dieu et au salut de l'homme, donc valides et légitimes, ou n'y étant pas constitutionnellement ordonnées, donc invalides et illégitimes.
Voilà qui déjà déboute les calomniateurs hypocrites des Évêques Réclamants et des anti-concordataires, ces faux-culs de première qui remplissent tout le XIXème siècle, généralement ensoutanés, et même enturbannés comme le cardinal Pie l'évêque religieusement mondain de Poitiers, grand-phraseur et blablateur s'il en fut jamais, valet suffisant et infatué de lui-même de l'Église concordataire, aimant les honneurs de l'Église et d'y pontifier, ou encore le partisan, escrimailleur mais superficiel abbé Augustin Barruel, le P. de Clorivière même, et tutti quanti s'excitant comme des malades sans aucune Charité et encore moins de raisons théologiques valables contre les anti-concordataires, du haut de leur propre ou plutôt très-sale péché concordataire d'apostasie en matière Politique constitutionnelle, osant juger sans miséricorde la paille des anti-concordataires du haut de leur poutre concordataire, les accuser par exemple de rejeter le Concordat uniquement par leur attachement à une forme de gouvernement, le royalisme. Rien n'était plus faux, gravement calomniateur et mensonger. Mais je me réserve de régler le compte de tous ces "artisans d'iniquité" (Ps XXV, 4 ; Lc XIII, 27) qui se sont fendus à qui mieux mieux de raisonnements captieux contre l'anti-concordatisme, en finale de cet article...
Car si les Évêques Réclamants s'attachent par la Foi à la Société politique d'Ancien-Régime conspuée et méprisée hérétiquement par le pape Pie VII, fieffé démocrate, ce n'est pas du tout par amour de sa forme royale, mais parce que cette dite Société d'Ancien-Régime, certes de forme royale, est constitutionnellement basée sur le droit divin, et que la nouvelle société post-révolutionnaire, républicaine, ne l'est constitutionnellement pas. C'est donc au nom d'une Foi très-pure qu'ils reprochent à si juste titre à Pie VII d'abandonner sacrilègement cette dite Société d'Ancien-Régime, seule légitime et valide devant Dieu et qui donc doit l'être identiquement devant les hommes jusqu'à la fin des temps.
Nous en avons une fort belle preuve avec Mgr Jean-René Asseline (1742-1813), un des plus édifiants Évêques Réclamants de Louis XVI, né soit dit en passant dans les plus basses couches de la société, son père étant palefrenier de la maison d'Orléans, et s'étant élevé par son seul talent qui n'était pas petit, aidé et soutenu à cela par la bonne grâce de la famille d'Orléans, jusqu'à l'épiscopat. Considéré comme "un des plus savants prélats de son temps" et par ailleurs homme très-énergique dès qu'il s'agissait de la défense de la Religion, il est bon de savoir que c'est lui qui prit l'initiative près les Évêques exilés en Allemagne de rédiger les premières Réclamations, etc., que nous avons vues dans mon précédent article. Cependant, quoique très-attaché à la famille royale de France et à la personne de Louis XVIII ("il est en 1807, le confesseur du duc et de la duchesse d'Angoulême, sœur de Louis XVII et il succédera à l'abbé Henri Edgeworth de Firmont comme aumônier de Louis XVIII, à Mitau en Courlande. Il le suit en Suède puis en Angleterre et réside alors à Aylesbury près d'Hartwell"), lorsque celui-ci "lui demande dans une lettre, ainsi qu'à quatre autres prélats des plus distingués et des plus attachés à sa personne, son projet de confier à des prêtres d'élite la mission de ranimer et de soutenir chez les populations l'espoir et l'amour de la royauté, Mgr Asseline lui répond carrément le 31 octobre 1797 : «Il est impossible d'enseigner aux peuples que la religion catholique ne se lie bien qu'à la monarchie…, parce que la vérité est que la religion catholique se lie bien à toute forme de gouvernement légitime»" (cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Ren%C3%A9_Asseline).
... Et que voilà donc là le dernier mot et en même temps le premier, le mot du début, du juste milieu et de la fin de la chose, qui crée un abîme infranchissable, sans pont ni waypoint de passage, entre cette profession de Foi catholique de l'Évêque Réclamant de Boulogne-sur-Mer, et la profession de Foi apostate des papes concordataires et post, à commencer par celle de Pie VII : le mot... LÉGITIME !! Ce qui est important, effectivement, ce n'est pas tellement d'avoir des roys, des présidents, des consuls, des basileus, des archontes, ou tout ce que vous voulez, à la tête des peuples, mais de les avoir dans un gouvernement LÉGITIME, ce qui signifie, nous l'avons vu, que le gouvernement soit fondé constitutionnellement sur le droit divin (et, il est fort important de le bien comprendre, cette fondation politique sur le droit divin inclue obligatoirement le sacre du chef de l'État de droit divin, qu'on le dénomme roi ou non, le sacre étant signe topique signifiant formellement que l'autorité politique exercée par celui qui est sacré EST CELLE DE DIEU ELLE-MÊME, il n'est que le lieutenant, le tenant-lieu de cette Autorité divine qui lui est commise pour gouverner les hommes et les peuples), et qu'il soit subséquemment ordonné au Bien commun tant surnaturel que naturel. Ce que comprenait fort le dernier évêque légitime de Boulogne-sur-Mer (son diocèse fut supprimé concordatairement)... mais plus du tout le pape Pie VII ni plus aucuns de ses successeurs pontificaux qui l'ont suivi post-concordatairement sur le Siège de Pierre jusqu'à François, même les plus saints en leur for privé.
Et tout l'enténèbrement mortifère de l'Église moderne vient de là : ne plus tenir compte du droit divin qui fonde l'existence métaphysique du pouvoir politique dans les Nations après la Révélation, sinon rien...
Mgr Jean-René Asseline (1742-1813)
Car si mon regard courroucé de sainte-colère se tourne vers les papes concordataires et post, je ne peux que constater que c'est cette question de fond super-essentielle justement, d'une Société politique valide d'Ancien-Régime contre une pseudo-société politique invalide d'État français napoléonien née des entrailles pestilentielles et diaboliques de la Révolution, question de fond qui domine toute la problématique, que tous les papes concordataires et post évacueront systématiquement et formellement de leurs raisonnements tordus, comme si elle n'existait pas, d'une manière scandaleuse presque incroyable, complètement apostate plus encore qu'hérétique, ne voulant voir mensongèrement et le plus faussement du monde la problématique que seulement sous une fallacieuse question de forme, ce qui eut pour résultat très-certain et effet damnable de cacher sataniquement à tout regard que la seule vraie question, quant aux sociétés politiques modernes post-révolutionnaires, était la question de fond, celle de la légitimité gouvernementale fondée sur le droit divin et le Bien commun, ou bien la non-légitimité.
C'est tellement vrai ce que je dis que même le "meilleur" des papes post-concordataires, à savoir Pie X (1903-1914), nous donne une illustration fort honteuse de cette attitude aveuglée et mensongère des papes modernes de vouloir voir la problématique des sociétés politiques modernes sur une question exclusivement de forme, et non de fond.
Pie X, en effet, pris d'instinct comme saint-patron des tradis mitigés comme les robinets entre l'eau chaude et l'eau froide, qui se satisfont des vérités diminuées (ne suivez pas mon regard), ne s'est pas du tout montré en reste de l’hérétique discours concordataire. Il est fort éloigné de dénoncer la non-ordonnance constitutionnelle des gouvernements modernes post-révolutionnaires au droit divin et au Bien commun, et donc d'avoir à les connoter formellement d'invalides et d'illégitimes, comme la Foi catholique lui en faisait cependant devoir extrême et très-grave, en tant que Vicaire du Christ-Roy.
Commençons par nous pencher sur ce qu’il écrit dans sa lettre condamnant Le Sillon : "Ce que nous voulons affirmer encore une fois après Notre prédécesseur [Léon XIII, de très-sinistre mémoire ralliériste], c’est qu’il y a erreur et danger à inféoder par principe, le catholicisme à une forme de gouvernement" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 297). Certes, Pie X dénonçait ici Marc Sangnier qui posait que le catholicisme supposait nécessairement la forme démocratique de gouvernement, et ce n'est pas notre problème. Cependant, je cite ce passage parce qu'il illustre bien que Pie X ne comprend pas le vrai problème, le problème de fond. On constate en effet déjà sans peine que dans ce que le pape Pie X dit, il manque juste... ce qu'il ne fallait absolument pas qu'il manque pour faire de son propos, un propos bien catholique en matière politique constitutionnelle : le principe de légitimité. Il manque bougrement à son propos, pourtant apparemment identique à celui tenu au roi Louis XVIII par Mgr Asseline, qu'on vient de voir (= "Il est impossible d'enseigner aux peuples que la religion catholique ne se lie bien qu'à la monarchie…, parce que la vérité est que la religion catholique se lie bien à toute forme de gouvernement légitime"), le principe de légitimité des sociétés politiques. Le propos du pape Pie X aurait été parfaitement catholique, comme celui de Mgr Asseline, s'il avait dit par exemple : "Ce que nous voulons affirmer encore une fois après Notre prédécesseur, c’est qu’il y a erreur et danger à inféoder par principe, le catholicisme à une forme de gouvernement, du moment que ledit gouvernement soit légitime, comme étant constitutionnellement basé sur le droit divin et ordonné au Bien commun". Mais on ne trouve pas cette précision indispensable pour la catholicité du propos chez le pape Pie X, qu'on est heureux de trouver en un seul mot, le si bien nommé dernier mot, chez le très-catholique Évêque Réclamant de Louis XVI, Mgr Jean-René Asseline...
La vérité, c'est que le pape Pie X ne comprend pas plus que ses prédécesseurs post-concordataires (et pas plus que ceux qui le suivront, jusqu'à François), ce fond exact du problème. Arrive pour lui la grande épreuve politico-religieuse de son pontificat, la crise de la Séparation de l’Église et de l’État que ce pape dut affronter en 1904-1905. Dans un très-pénible aveuglement de l'esprit, on va voir que Pie X va y professer sans équivoque aucune le discours concordataire pontifical invariable et hérétique depuis son prédécesseur Pie VII, commun à tous les papes post-concordataires, en ce compris les plus saints en leur for privé comme c’est ici le cas, à savoir l'indifférentisme de principe quant à l'ordonnancement ou bien non des pouvoirs politiques au criterium de validité paulinien des sociétés politiques.
Voyons comment il se défend, dans le feu du combat, contre les sectaires : "Ce que vont être, contre Notre présent décret et Nos ordres, les récriminations des ennemis de l’Église, il n’est point difficile de le prévoir. Ils s’efforceront de persuader au peuple que Nous n’avons pas en vue uniquement le salut de l’Église de France ; que Nous avons eu un autre dessein, étranger [!] à la religion ; que la forme de République en France Nous est odieuse, et que Nous secondons, pour la renverser, les efforts des partis adverses ; que Nous refusons aux Français ce que le Saint-Siège a, sans difficulté [...!!], accordé à d’autres [à savoir, concrètement, de créer et de choisir leur constitution politique moderne, bien sûr républicaine-démocrate basée sur les "droits de l’homme"... athées !, donc non-ordonnée constitutionnellement au droit divin et au Bien commun !, puis, comme Napoléon l'a fait avec Pie VII, d'aller ensuite et par après demander un concordat et un coup de goupillon à l’Église pour la vernir frauduleusement de légitimité ! ; ce que donc, l’Église… accepte SANS DIFFICULTÉ, Pie X ose le dire !!]. Ces récriminations et autres semblables (…), Nous les dénonçons d’ores et déjà et avec toute Notre indignation, comme des faussetés" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 393).
Saint Pie X donc, dénonce avec indignation, c’est lui qui le dit, le fait qu’on veut lui imputer que la constitution républicaine ATHÉE en France lui est odieuse. Mais si elle ne lui est pas odieuse, elle lui est donc... agréable, elle lui plaît, placet ! Il ose déclarer étranger aux sollicitudes de l’Église ce qui concrètement est la non-ordonnance constitutionnelle au droit divin et à la poursuite du Bien commun des gouvernements adoptée dans les nations après la Révolution, il ose se féliciter des concordats d’essence napoléonienne impie passés avec les gouvernements des autres nations, dont les constitutions, elles non plus, ne sont pas plus ordonnées au droit divin et à la poursuite du Bien commun que celle française post-révolutionnaire. Tu quoque, filii…
En vérité, comment ne point voir ici que les vicaires du Christ-... Roy, préparent de leurs propres mains pontificales les conditions politiques idéales pour le triomphe de la subversion de la Liberté religieuse à Vatican II, l’indifférentisme politique constitutionnel qu'ils théorisent et pratiquent hérétiquement sans faille et qu'ils consomment sans modération, eux et personne d'autres, depuis Pie VII et le Concordat, amenant infailliblement à l’indifférentisme religieux, étant en fait rien moins que l’indifférentisme religieux de facto, le tout devant finir par le règne de l’Antéchrist-personne.
Inutile, donc, soit dit en passant, d'aller chercher, par complotisme profondément obscurantiste, à œillères mensongères et inintelligent, des ennemis extra muros de l'Église pour la subvertir, les ennemis intra muros, ... et le plus puissant d'iceux-là puisqu'il s'agit du... pape légitime !, y suffisant fort bien, suffisant bien en effet à vérifier l'adage que le poisson pourrit par la tête (par SA tête, pas par la tête des autres...).
Les papes concordataires modernes,
infiniment plus doués que les franc-maçons
pour subvertir l'Église et le Siège de Pierre...??
À ce sujet, et en contrepoint de ce qui précède, je ne peux manquer ici d'évoquer les très-mauvais raisonnements cathos tradis qui ont été faits à propos des projets franc-maçonniques des carbonari italiens, aux temps des papes Léon XII, Grégoire XVI et de Pie IX. Certes, ceux-ci, en vrais fils de Satan, prévoyaient l'invasion du Siège de Pierre dès le début du XIXème siècle, non par un des leurs mais par un pape acquis aux idéaux de la Révolution. Citons par exemples quelques extraits, significatifs sur cela, de leurs courriers tirés des archives secrètes du Vatican, dont l'authenticité est certifiée par un bref de Pie IX adressé à l'écrivain Crétineau-Joly lorsque celui-ci les fit paraître avec sa bénédiction et presque sous son ordre, au beau milieu du XIXème siècle : "Ce que nous devons demander, ce que nous devons chercher et attendre, comme les Juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins". Ou encore : "On a chargé nos épaules d’un lourd fardeau, cher Volpe. Nous devons faire l’éducation immorale de l’Église, et arriver, par de petits moyens bien gradués quoique assez mal définis, au triomphe de l’idée révolutionnaire par un pape".
Or, ces lettres ont pratiquement tout le temps été citées inintelligemment, à l'appui de thèses contre-révolutionnaires partisanes, obscurantistes et complotistes, voulant que l'ennemi soit toujours à situer à l'extérieur de l'Église, et jamais, ô grand jamais !, à l'intérieur. Mais, avec l'affaire du Concordat, nous sommes en train de nous rendre compte que les Nubius et autre Volpe, ces adeptes carbonari, étaient complètement... dépassés !, ils avaient vraiment raté le train ! En effet, il suffit de lire le sermon démocrato-sangniériste de Chiaramonti futur Pie VII pour se rendre compte qu'il est complètement converti, déjà en 1797, avant même d'être élu pape, à l'idée, maçonnique s'il en est, de la démocratie en Politique, où l'homme prétend exister en lui-même, par lui-même, pour lui-même et avec lui-même, à l'exclusion formelle de Dieu ! Il suffit aussi de prendre acte que c'est Pie VII lui-même soi-même qui faisait rentrer les ennemis dans le Sacré-Collège puisque, par l'art. XVI du Concordat, il donnait des cardinaux avec droit d'exclusive au conclave à la République française... athée !! Mais en vérité, comment donc mieux faire que le pape Pie VII le fit dans le Concordat, pour arriver à faire élire un pape acquis "à l'idée révolutionnaire", que de donner des droits d'élection active et passive dans le conclave à des cardinaux qui étaient les instruments dociles d'un pouvoir politique maçonnique constitutionnellement... athée ?!! Heureusement, sûrement par une grâce d'aveuglement de la Providence divine, les impies à la tête de l'État français post-révolutionnaire constitutionnellement athée ne se rendirent pas compte que le pape du Concordat leur avait donné un tel incroyable pouvoir sur l'élection pontificale... mais s'ils s'en étaient rendus compte, ils auraient très-bien pu actionner par le cardinal français à leur botte et dévotion ce droit d'exclusive que Pie VII avait concordatairement mis dans leurs mains, pour, sinon mettre un mauvais pape des leurs sur le Siège de Pierre, à tout le moins empêcher l'élection d'un bon pape !!!
Voici en effet le détail de ces "droits et prérogatives" auxquels faisait allusion Pie VII dans l'art. XVI du Concordat, d’après Boulay de la Meurthe : «La principale est d’avoir des cardinaux [!] ; il faut aussi mentionner le droit pour le gouvernement français d’avoir à Rome un cardinal-protecteur, un auditeur de Rote, un ambassadeur avec des préséances, une juridiction et l’exclusive dans le conclave [!!], des établissement, une académie des arts et une poste particulière [dans Rome]»" (Documents, t. III, p. 758, cité par DTC, art. "Concordats", col. 753). Tuediable & morsangbleu ! Est-ce qu’on se rend bien compte de ce qu’on vient de lire ?! Le pape Pie VII, de par le Concordat, plus satanique encore en vérité que la Révolution ne le fut car elle, au moins, affichait couleurs et gonfanon de Satan, accordait en droit à la République française constitutionnellement athée, des... cardinaux ayant droit d’exclusive dans le conclave !!
Donc, en fait, loin qu'il faille s'imaginer d'une manière fort malsaine, et même dangereuse pour la Foi, des complots ourdis dans la noirceur ténébreuse des arrières-loges maçonniques contre le Siège de Pierre (il en existe sans doute, mais ils sont loin d'être le facteur principal de la pénétration subversive du Saint-Siège que l'on constate de nos jours), convient-il surtout de prendre acte que ce sont les papes eux-mêmes qui se sont déjà pervertis à l'idéal maçonnico-démocratique dès le Concordat napoléonien, dès... 1801 ! C'est sans doute un peu moins glorieux, mais c'est ainsi. Un psychiatre pourrait dénoncer ici un évident transfert de culpabilité : les milieux catholiques, à commencer par les papes du reste car c'est Pie IX qui veut révéler, par l'écrivain Crétineau-Joly, ces lettres de la franc-maçonnerie italienne, ne voulaient absolument pas prendre conscience ni admettre leur propre et gravissime faute commise par le Concordat, c'est-à-dire, concrètement, leur affreuse conversion aux idéaux maçonniques dans les Mœurs politiques constitutionnelles, et c'est pourquoi ils la mettent publiquement, cette faute, pour s'en dédouaner eux-mêmes et paraître rester doctrinalement "tout blanc", sur le dos de méchants situés extra muros... C'est certes toujours plus facile de frapper sa coulpe sur la poitrine de son ennemi que sur la sienne propre...
C'est donc le pape Pie IX qui lance le premier le bouchon dans l'eau, un bouchon que, par exemple, Mgr Marcel Lefebvre gobera on ne peut mieux, mordant dans l'hameçon pontifical. Léon XIII suivant Pie IX, tombera lui aussi dans ce "transfert de culpabilité" en tâchant de dire, dans son célèbre exorcisme, que c'étaient les méchants (et eux seuls) qui tâchaient de subvertir le Siège de Pierre : "L'Église, épouse de l'Agneau Immaculé, la voici saturée d'amertume et abreuvée de poison, par des ennemis très rusés ; ils ont porté leurs mains impies sur tout ce qu'elle désire de plus sacré. Là où fut institué le siège du bienheureux Pierre, et la chaire de la Vérité, là ils ont posé le trône de leur abomination dans l'impiété ; en sorte que le pasteur étant frappé, le troupeau puisse être dispersé". La tirade est fort belle assurément, très-lyrique, presque romantique, mais un peu de mea culpa sur la poitrine pontificale n'aurait pas fait de mal, car qui donc, incontinent depuis le Concordat, subvertissait le plus le Siège de Pierre sinon le pape moderne lui-même soi-même, par la pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement non-ordonnés au droit divin et à la poursuite du Bien commun, ce qui était très-concrètement pourrir les Mœurs des catholiques, à vocation certaine que cesdites Mœurs pourris pourrissent elle-même, plutôt tôt que tard, la Foi ?!?
Les tradis sont donc tombés dans le panneau de ce "transfert de culpabilité". Mgr Lefebvre, pour en rester à lui, avait beaucoup retenu ces histoires de francs-maçons que l'historien Crétineau-Joly, aiguillé par le pape Pie IX, avait trouvé dans les archives secrètes du Vatican, et révélé dans son histoire L'Église romaine en face de la Révolution, ouvrage qui fut réédité comme par hasard en 1976, l'année même où Mgr Lefebvre montait au créneau pour lancer son combat contre la subversion de la Foi à Vatican II.
Les méchants au reste, dans l'affaire, apparaissent comme ce qu'ils sont : de parfaits crétins complotant et supputant pour un futur qu'ils espéraient proche une subversion du Siège de Pierre qui était... déjà arrivée dans l'Église ! Ce dont, les sots, ils ne s'étaient même pas rendus comte !! "Le triomphe de l'idée révolutionnaire" sur le Siège de Pierre ? Mais c'est en effet... LE CONCORDAT NAPOLÉONIEN, tout simplement ! La suite, l'envahissement progressif de l'Église par les idéaux maçonniques, se transvasant par lentes graduations des Mœurs dans la Foi comme le rêvaient les méchants, n'en était que subséquence, conséquence, jusqu'à Vatican II qui verra crever l'abcès. Et ce ne sont pas eux, les méchants, qui l'ont fait triompher, cette "idée révolutionnaire", ce sont les papes eux-mêmes, essentiellement PAR LA PRATIQUE CONCORDATAIRE PONTIFICALE AVEC DES ÉTATS CONSTITUTIONNELLEMENT ATHÉES. Avec l'accord au moins tacite des grands-clercs de toute une génération ecclésiale, puisque, pour en rester à Pie VII, je rappelle qu'il fut élu alors que les grands électeurs près le Siège de Pierre étaient parfaitement au courant de son tristement fameux sermon démocrato-sangniériste de la Noël 1797...
Mais, après cette digression importante, nécessitée par les graves erreurs de raisonnement adoptées par la généralité des cathos de préférence tradis, j'en reviens à présent au pape Pie X. Dans la question politique constitutionnelle, il n’est que trop vrai de dire qu'il fut aussi lamentable que son prédécesseur Léon XIII de mortifère mémoire ralliériste, et, au vrai, que tous les papes qui lui succèderont, jusqu'à François. Ainsi, toujours dans cette crise de la Séparation de l'Église et de l'État en 1904-1905, l’on voit Pie X réunir un consistoire secret, faire calmement devant les cardinaux le constat de l'antichristianisme virulent du gouvernement français, puis poursuivre : "… Tandis que les actes publics du Saint-Siège disent hautement qu'à ses yeux la profession du christianisme peut s'accorder parfaitement avec la forme républicaine, ceux-là [le gouvernement Combes], semble-t-il, veulent, au contraire affirmer que la République, telle qu'elle existe en France, ne peut avoir rien de commun avec la religion chrétienne. Double calomnie [!] qui blesse les Français, à la fois comme catholiques et comme citoyens" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 372).
Quelle pénible chose d'avoir à commenter ici que le saint pape ne comprend rien à rien du fond vrai du problème, se trompe bougrement, complètement, voulant le plus follement possible s'en tenir à une question regardant la forme des gouvernements dans l'abstraction complète de la question de fond, et que les sectaires ont... cent mille fois raison contre lui ! Quelle humiliation de voir que les méchants crient la VÉRITÉ ! Et que le pape, le saint pape en plus, NE L'ENTEND ABSOLUMENT PAS ! Que lui crient-ils ? Ils lui crient que la République en France est constitutionnellement et obligatoirement antichrétienne, et ne peut qu'être ainsi (en effet, la forme gouvernementale en France ne peut être, par Volonté divine, que royale théocratique ; si donc l'on supprime les roys très-chrétiens, la république qui les supplante contre la Volonté divine ne peut évidemment qu'être... antichrétienne viscéralement, elle ne peut être donc que non-ordonnée constitutionnellement au droit divin et à la poursuite du Bien commun).
Or, Pie X, la tête embarbouillée de l'utopie de Léon XIII à base d'une très-mauvaise scolastique, fait semblant de croire, ... ou malheureusement croit véritablement !, que ce n'est pas vrai, que les sectaires mentent, qu'en France, une république peut très-bien être constitutionnellement chrétienne et donc ordonnée à la poursuite du Bien commun ! Mais comment pouvait-il faire un raisonnement aussi fou et insensé par tous les côtés, puisque la République qu'il avait en face de lui, en 1905, était constitutionnellement... athée ?!?, comme toutes les républiques en France, d'ailleurs, le furent depuis l'État français de Napoléon ?!? C'était donc toujours et encore l'idolâtrie de l'en-soi politique, scolastiquement entendu, qui possédait son esprit comme celui de tous les papes modernes post-concordataires : la République de 1905 était une société constituée, un gouvernement établi, donc, elle ne pouvait QUE venir de Dieu et y ordonner son agir politique, raisonnement qui se déduit d'une lecture hérétique absolutiste de Rom XIII...
Oh, combien, ici, se vérifie douloureusement une nième fois de plus que les fils des ténèbres sont plus habiles que les fils de la Lumière ! La Providence divine, cela crie dans l’occurrence, voulait réapprendre une bonne leçon au Saint-Siège défaillant depuis Pie VII et même Pie VI (je veux parler du Pie VI de 1796, celui de Pastoralis Sollicitudo, Bref dont j'ai dénoncé la doctrine abominable dans le premier de ma trilogie d'articles sur la question, cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=1). Or, l'on voit fort bien dans ce passage que Pie X sent l’aiguillon de la providentielle leçon, mais… il ne la comprend pas, il n'en tire absolument rien, lui non plus, en restant d'une manière très-obsédée à une question gouvernementale de forme, quand il s'agissait essentiellement d'une question gouvernementale de fond. La preuve, c'est sa conclusion : "double calomnie !", s’écrie-t-il, indigné. Pour lui donc, c'est une calomnie de dire qu'en France, il ne peut y avoir une république chrétienne sur une constitution post-révolutionnaire… athée !!! Avouez qu'on est vraiment là en pleine folie, en pleine folie pontificale totale...
Sous l'apparence tellement trompeuse d'une "union sacrée",
d'un très-hypocrite baiser Lamourette entre l'Église et l'État,
TOUS les articles du Concordat étaient hérétiques et apostats...
Mais il est temps que je me rabatte maintenant sur le sujet principal de mon article, revenons-en à la brebis dont on est en train de tondre la bonne laine... Je pense avoir bien montré que pour comprendre les reproches et réclamations que les Évêques Réclamants de Louis XVI vont faire au pape Pie VII, dans la première partie de leurs Réclamations, etc., dénonçant l'hétérodoxie des art. VI, VII, VIII & XVI du Concordat professant la validité de l'État français de Napoléon... invalide, il faut bien saisir que la question essentielle est la validité et la légitimité de la Société politique d'Ancien-Régime basées sur le droit divin et son ordonnance constitutionnelle à la poursuite du Bien commun, et, en parallèle, l'invalidité et l'illégitimité de toute société politique née de la Révolution, comme ne satisfaisant nullement au criterium de validité paulinien des sociétés politiques, ainsi que l'était, dans l'occurrence du Concordat, l'État français de Napoléon. Tout le reste n'a, à vrai dire, aucune importance, surtout quant à la forme de cesdits gouvernements respectifs, royaliste ou républicaine. Or, Pie VII, homme d'Église sans colonne vertébrale apostasiant réellement la Foi à la Face de Dieu et des peuples en s'abouchant et faisant s'aboucher l'Église avec la société politique issue de la Révolution, osant, dans le même acte, sacrilègement réputer aboli radicalement "l'ancien gouvernement" très-chrétien d'Ancien-Régime basé sur le droit divin, voyait, en face de lui, des Évêques Réclamants mener courageusement le bonum certamen certavi, le bon combat de la Foi, hommes à colonne vertébrale intacte qui lui rappelaient que la seule société politique à exister métapolitiquement devant Dieu et les hommes était encore et toujours celle d'Ancien-Régime basée sur le droit divin, Dieu, aux toutes dernières nouvelles à la fraîche, n'ayant donné son placet strictement à aucune autre.
Dans les premières Réclamations, etc., dont les extraits principaux ont rempli mon précédent article, nos Évêques Réclamants ont fort bien montré et dénoncé l'inconstitutionalité radicale des cinq premiers Articles du Concordat, lesquels regardaient la destitution des évêques français d'Ancien-Régime en corps national ainsi que la destruction de la structure géographique diocésaine remontant aux premiers âges chrétiens de la France, et la reconstruction ex nihilo par-dessus d'une toute nouvelle réorganisation diocésaine, tant au niveau du personnel épiscopal qu'à celui géographique, véritable nouvelle Église de France formatée pour être entièrement soumise au premier Consul Napoléon et donc, derrière lui, à un État politique invalide et illégitime. Le tout par le seul, unique et exclusif moyen d'un simple motu proprio pontifical. Ce qui était théologiquement radicalement attentatoire à la Constitution divine de l'Église, de plusieurs manières et sous plusieurs chefs, comme on l'a vu.
Suivons à présent nos chers Évêques Réclamants dans leurs secondes Réclamations, etc. Ils vont commencer cette fois-ci par montrer l'inconstitutionalité non moins formelle des articles concordataires suivant les cinq premiers, VI, VII et VIII, plus le XVIème, par lesquels le pape osait réputer et professer on ne peut mieux, non moins qu'hérétiquement, la validité et la légitimité de l'État français napoléonien constitutionnellement... athée, en faisant prêter aux clergés du premier et du second ordre (les évêques et les curés), obligatoire serment solennel devant Dieu d'obéissance inconditionnelle audit État... athée, assorti, s'il vous plaît, d'un formel devoir de délation audit État de tout opposant venant à leur connaissance (art. VI & VII), en faisant prier rituellement à l'église les fidèles pour le salut (!!!) dudit État... athée... très-certainement pour que le Bon Dieu, dans sa très-grande Miséricorde, accordât à cet État la grâce des grâces d'être encore plus athée qu'il ne l'était déjà (art. VIII), et en donnant les droits et prérogatives réservés à un État fondé sur le droit divin, audit État napoléonien... qui n'y était pas fondé (art. XVI).
Nous avons vu, donc, que nos bons Évêques Réclamants se récrient de "si étonnantes stipulations", très-doux euphémisme, en vérité, de leur miséricordieuse part pour stigmatiser comme il convenait la véritable apostasie que constituaient cesdits articles du Concordat, se récrient d'une telle réputation de validité et de légitimité faite par le pape au nom de l'Église à un État napoléonien parfaitement invalide et illégitime, qui entraînait de soi et ipso-facto la suppression sacrilège de l'Ordre très-chrétien, et donc des droits de Louis XVIII qui en était le légitime représentant. Voyons maintenant l'exposé de leurs raisonnements imparables pour dénoncer l'hétérodoxie de cette incroyable et très-scandaleuse réputation de validité de l'État napoléonien dans le Concordat, griefs auxquels Pie VII ne fera pas plus de réponse (Pie IX le confirmera dans une lettre que nous verrons en finale des présentes lignes), pour cause d'impuissance radicale à en faire, que François n'en a fait aux Dubia des cardinaux lui reprochant l'hétérodoxie d'Amoris lætitia... :
"Plusieurs de ceux qui avant le Concordat conclu entre V. S. et le Gouvernement François, regardoient ce Gouvernement comme illégitime, ainsi qu'il l'est en effet ; qui étoient bien convaincus que le descendant, l'héritier, le successeur légitime de St. Louis, avoit seul droit de régner sur le peuple que ce Saint Roi a gouverné avec tant de gloire ; qui en conséquence conservaient religieusement à leur Roi la fidélité qu'ils lui doivent, par le fait même de leur naissance, ont paru depuis la publication des quatre articles dont il s'agit [VI, VII, VIII & XVI], avoir changé d'idées et de sentiments : et dès lors, appuyés sur l'aveu qu'il leur a semblé que V. S. donnoit aux droits de la nouvelle puissance, leur conviction s'est affoiblie et ils ont cherché à se persuader que le Gouvernement actuel était légitime ; que l'héritier de St. Louis étoit déchu du droit au sceptre que ce saint Roi a porté : qu'enfin ils étaient eux-mêmes déchargés de toute obligation envers le Prince dont Dieu les a faits naître sujets ; comme si ces quatre articles se réunissoient à prouver que V. S. reconnoît que le Gouvernement actuel de la France est légitime ; que l'héritier de St. Louis n'a plus de droit à la couronne, et que les François n'ont plus de devoirs à remplir envers le successeur des Rois qui, durant tant de siècles, ont gouverné leurs pères. Hélas ! il n'a malheureusement été que trop facile d'insinuer cette fausse opinion à des esprits inconsidérés. (...) On n'a pas balancé à dire :
"1° ― Sa Sainteté a consenti que les Évêques et les Ecclésiastiques du second ordre prêtassent serment de fidélité et d'obéissance au gouvernement établi par la constitution de la République Françoise, jusqu'à s'engager à faire savoir à ce gouvernement tout ce qu'ils apprendraient se traiter quelque part que ce fût, au préjudice de l'État ; mais il est hors de doute que le Gouvernement qui exige ce serment, regarde comme préjudiciable à l'État tous projets qui auraient pour but le rétablissement du Souverain légitime : que c'est nommément de ces projets, s'il s'en formoit quelques-uns, qu'il est jaloux d'être instruit ; et qu'il faudroit s'aveugler volontairement pour ne point voir que ce gouvernement, en prescrivant le serment dont s'agit, il entende qu'il s'étende auxdits projets : ainsi Sa Sainteté, qui ne peut assurément tolérer qu'aucun serment soit fait autrement que selon l'intention de celui qui l'exige, connue par celui qui le prête, a réellement consenti que Ies Évêques et les Ecclésiastiques du second ordre prêtassent serment d'obéissance et de fidélité au gouvernement établi par la Constitution de la République Françoise, jusqu'à s'engager à faire savoir à ce gouvernement, tout ce qu'ils apprendroient se projeter, quelque part que ce pût être, dans Ia vue de rétablir le Souverain légitime : mais Sa Sainteté auroit-elle pu donner un pareil consentement, si elle ne regardoit le gouvernement actuel de la France comme légitime, et l'héritier de St. Louis, comme déchu du droit au trône ?
"2° ― Sa Sainteté a ordonné que dans toutes les Églises Catholiques de France, après les offices divins, on priât en ces termes : Domine, salvam fac Rempublicam ; Domine, salvos fac Consules. Seigneur, sauvez la République ; Seigneur, sauvez les Consuls.
"Et par conséquent, elle a prescrit des prières publiques pour demander à Dieu la conservation de la nouvelle forme de gouvernement introduite en France : or Sa Sainteté auroit-el!e pu prescrire cette manière de prier, et en même temps considérer le gouvernement actuel de la France comme illégitime ? Seroit-ce une chose conforme à la piété que d'ordonner de prier pour la conservation d'une forme de gouvernement qu'on juge être née du crime, et porter encore, parce que rien ne l'a effacée, la tache affreuse de sa coupable origine ? Prier à cette fin, que seroit-ce, sinon demander à Dieu qu'il conserve une forme de gouvernement contraire à l'ordre qu'Il a établi, un état de choses qu'Il ne peut manquer d'avoir en horreur, puisqu'il blesse grièvement sa Souveraine Majesté ? [Considérez comme on retombe là dans les anathèmes prophétiques d'Isaïe que j'ai cités en commençant ces lignes ! : "Leurs paroles et leurs œuvres sont contre le Seigneur, pour provoquer les yeux de Sa majesté" !]. Et peut-on penser que le chef visible de l'Église ait voulu faire retentir tous nos temples d'une pareille invocation ? [Hélas oui, on peut le penser...]
"3° ― Sa Sainteté a déclaré qu'elle reconnaissoit dans le premier Consul de la République Françoise les mêmes droits et privilèges dont l'ancien gouvernement jouissoit auprès du St. Siège : il est assurément impossible de se dissimuler l'étendue de cette déclaration : Sa Sainteté y reconnoît (et telle étoit aussi l'intention indubitable du gouvernement avec lequel elle traitoit) dans le premier Consul de la République Françoise, non seulement l'exercice des droits et privilèges dont les Rois Très-Chrétiens jouissoient auprès du St. Siège, mais ces droits et ces privilèges eux-mêmes [nos Évêques Réclamants voient fort bien que Pie VII n'hésite pas à aller jusqu'au fond, jusqu'au bout de son péché : il ne donne pas à Napoléon ces droits et prérogatives en effet, seulement dans le de facto, il les lui donne dans le de jure !] : or, Sa Sainteté auroit-elle pu reconnoître dans le premier Consul de République françoise ces droits et privilèges eux-mêmes si elle croyoit que l'héritier de St. Louis en est encore investi, si elle pensoit que ce Prince conserve encore quelque droit à la couronne à laquelle ces droits et ces privilèges appartiennent ?
"Cette erreur sur les droits du Roi s'est répandue dans le public, et elle a été entretenue par des écrits qu'on fait paroître des Évêques nommés ensuite de la convention du 15 Juillet 1801 [le Concordat]" (pp. 10-14).
On ne saurait franchement mieux dire, que ne le font ici nos Évêques Réclamants. Que ces serments, prières rituelles et attributions des droits et prérogatives des pouvoirs politiques légitimes donnés pontificalement à un pouvoir politique illégitime, que toutes ces abominations réputassent formellement non moins que sacrilègement validité et légitimité à l'État français de Napoléon constitutionnellement athée et donc invalide, je l'avais fort remarqué dans ma trilogie d'articles mentionnée dans mon précédent article, et concluais cette abomination mise hérétiquement en œuvre par le pape Pie VII, ainsi :
"Récapitulons cette multiple et abominable abomination de la désolation dans le Lieu-Saint [qu'est le Concordat]. Nous en sommes à cinq affirmations formelles de la validité de l'État français dans le Concordat, très-fort cautionnées et voulues par le pape Pie VII. 1/ l'acceptation de l'État français dans un concordat dont la forme juridique synallagmatique présuppose systématiquement et formellement la validité de tous et chacun des co-contractants concordataires acceptés ; 2/ le serment solennel obligatoire passé devant Dieu, intimé aux clergé français "du premier et du second ordre" envers la République de Napoléon (art. 6 & 7) ; 3/ les prières publiques à l’Église pour ladite République (art. 8) ; 4/ les mêmes prérogatives et droits transférés tels quels de l’ancien au nouveau gouvernement de ladite République (art. 16), dont 5/ les plus suprêmes et suréminents sont la nomination des premiers pasteurs de France accordée à l'État français de Napoléon (art. 4 & 5).
Puis, l'on voit nos édifiants et chers Évêques Réclamants avoir la force morale (je confesse admirer leur courage, mais quant à moi, je m'honore de ne l'avoir point du tout), de citer les abominables mandements de quelques épiscopes concordataires qui, à peine nommés pour remplir les Sièges nouveaux en 1801, n'eurent rien de plus pressé, avant même d'adorer Dieu, que de se dépêcher de monter avec la plus grande hâte dans leur cathèdre épiscopale pour y éructer et débiter à leurs ouailles, avec une flamme infernale, d'insupportables flagorneries flatt'merde & lèche-cul envers Napoléon, et plus encore d'inadmissibles mensonges sacrilèges et scandaleux, à la suite apostate de Pie VII, sur la légitimité du nouveau pouvoir post-révolutionnaire de Napoléon. Désirant garder quant à moi un fond de bile à peu près sain, je n'aurai la force que d'en citer ceci, qui vaut son pesant d'assignats et plus encore de fumier :
"Quelle dette est donc la nôtre, nos très-chers frères, envers le gouvernement, envers son chef suprême surtout..... En toute occasion, nous dirons aux peuples que votre autorité vient de Dieu, et nous avertirons quiconque vous résisteroit, qu'il est rebelle à l'ordre que Dieu a établi [Notons avec soin comme l'épiscope concordataire, à la suite de Pie VII, reprend là la lecture absolutiste hérétique de Rom XIII, comme quoi TOUT pouvoir politique, qu'il soit ou non ordonné constitutionnellement au Bien commun, est légitime...]. Tels sont les devoirs et la morale des Évêques et des ministres de l'intérieur du Sanctuaire. Vous êtes les évêques du dehors : c'est de ce nom que les Saints ont appelé la puissance que vous avez de protéger l'Église, et votre Épiscopat [... Napoléon : un Évêque du dehors avec un É majuscule !!!] n'est pas moins un devoir envers elle que le nôtre : elle fonde sur l'un et sur l'autre de grandes espérances (Lettre pastorale de M. de Pancemont -nommé ensuite de la Convention [le Concordat]-, Évêque de Vannes. Donnée à Vannes le Jeudi 1er Fructidor an 10 -19 Août 1802-)" (pp. 16-17). Un autre épiscope de la cuvée concordataire prostituée osera éructer très-religieusement : "... C'est comme citoyens, c'est comme fidèles, que vous devez servir un gouvernement qui se lie à tous les intérêts de l'Église, comme à ceux de la prospérité publique. Les desseins de la Providence sont remplis ; et vous devez, François et Chrétiens, servir de toutes vos facultés, environner de votre amour et de votre reconnoissance ce gouvernement protecteur, ce gouvernement légitime, à la fois national et catholique, sans lequel nous n'aurions ni culte ni patrie (Instruction pastorale de M. de Boisgelin -nommé ensuite de la convention [le Concordat]-, Archevêque de Tours, aux curés des églises paroissiales et aux desservants des Églises succursales de son Diocèse. Donnée à Tours l'an de Notre-Seigneur 1802, le 30 décembre -9 Nivôse an XI de la Rép. franç.-)" (pp. 15-16).
... Autant de mots, autant de mensonges ; autant de flagorneries, autant de sacrilèges...
Loin des Évêques Réclamants, hommes si dignes, un tel avilissement ignominieux, un tel reniement sacrilège de la Foi au for public ! C'est pourquoi on les voit conclure : "À la vue de cet égarement de l'opinion [autant, donc, dans les chefs que dans les peuples, tous devenus des holothuries sans colonne vertébrale, suivant flasquement et mollement la puissance de la Bête apocalyptique, comme disait La Mésange...], de cet oubli de la Religion de la seconde Majesté [= Notre-Seigneur Jésus-Christ et son Église, dans l'Institution christique sacrée de l'Ordre très-chrétien], il nous a été impossible de garder le silence, et pour remplir les obligations que nous impose la double qualité d'Évêques et de sujets, nous avons déclaré, dans un acte dressé à cet effet, que notre très-honoré Seigneur et Roi légitime, Louis XVIII, conserve dans toute leur intégrité les droits qu'il tient de Dieu à la couronne de France, que rien n'a pu dégager les François de la fidélité qu'ils doivent à cet auguste Prince, en vertu de la loi de Dieu ; et nous avons protesté contre tous actes contraires à cette déclaration. Nous mettons aux pieds de Votre Sainteté un exemplaire de nos susdites déclaration et protestation" (p. 17).
Je ne saurai dire ce qui est le plus admirable ici, chez nos si édifiants Évêques Réclamants, de leur courage à dénoncer, quasi seuls devant la massa damnata des holothuries, l'hétérodoxie formelle du Concordat professant hérétiquement la validité de l'État français de Napoléon constitutionnellement athée, ou de mettre en montre glorieusement la pérennité de l'Institution sociopolitique très-chrétienne, nullement abolie, car elle ne pourrait l'être que par Dieu qui ne l'a point fait, ni par la décapitation sacrilège de Louis XVI, ni par le Concordat napoléonien prostitué et parjure, et qui se continuait tant bien que mal avec le roi Louis XVIII.
Le roi Louis XVIII (1755-1824)
Je ne saurai manquer de faire remarquer qu'ils étaient très-fondés à s'appuyer sur le roi Louis XVIII (quand bien même sa Restauration n'en était pas vraiment une, au niveau du droit divin elle n'était pas du tout une reprise constitutionnelle à l'identique de l'Ancien-Régime, il s'en faut extrêmement, et c'est une des raisons principales d'ailleurs pour laquelle les anti-concordataires resteront campés sur leurs positions, même après la Restauration). Ce premier roy de la Restauration après l'évanouissement de l'épopée napoléonienne, pourtant catholiquement peu fervent en son privé paraît-il (un vieil article de L'Ami du Clergé a été jusqu'à croire devoir s'inquiéter, mais à tort, s'il avait daigné recevoir les derniers Sacrements avant de mourir), saura en effet cependant bien entrevoir un Concordat catholique avec l'Église, sur le modèle très-orthodoxe du premier Concordat ayant existé dans l'Histoire de l'Église, celui de Bologne avec François 1er, l'an 1516, infiniment plus catholique en cela que le pape, que Pie VII. Louis XVIII avait préparé à cet effet une Charte avec les français en 1814, qu'il aurait voulu voir tout naturellement se transmuer en Concordat authentique et officiel avec l'Église, mais l'affaire avorta, et, si on va au fond de la question, le principal fauteur en fut toujours et encore le très-démocrate Pie VII. Et il n'est pas bien difficile de deviner pourquoi : un vrai Concordat catholique, c'était implicitement un cinglant rappel à l'ordre pour un pape hérétiquement très-défaillant sur le chapitre, qui par ailleurs tout imbu de démocratisme sangniériste dès avant son élection au Siège de Pierre (son sermon scandaleux à ses ouailles d’Imola à la Noël 1797 le prouve suréminemment), gardait une mauvaise dent, et même deux, pour tout ce qui pouvait sentir ou ressembler à un roi très-chrétien...
La Charte de 1814, passé par le roy avec les français, et que Louis XVIII voulait donc convertir en Concordat contenait certes un art. V libéral voulant donner sa part aux "droits de l’homme", ainsi rédigé : "Chacun professe sa religion avec une égale liberté et obtient pour son culte la même protection…", mais ce libéral art. V était immédiatement complété par l’art. VI suivant, ainsi rédigé : "… Cependant, la religion catholique, apostolique et romaine, EST LA RELIGION DE L’ÉTAT".
Or, on ne peut pas même s'étonner de voir le pape Pie VII préférer son Concordat napoléonien athée à cette Charte catholique, qu'il ne voulut jamais convertir en Concordat, il serait plus exact de dire qu'il la haïssait sourdement ! Comparez en effet les deux formules : "Le gouvernement de la république reconnaît que la religion catholique, apostolique et romaine est la religion de la grande majorité des français" (Concordat napoléonien ― N'oublions pas que Napoléon refusa totalement de déclarer que la Religion catholique était la Religion de l'État, ce qu'accepta hérétiquement Pie VII, et qui, théologiquement, rendait parfaitement invalide son Concordat), avec : "La Religion catholique, apostolique et romaine est la Religion de l’État" (Charte de Louis XVIII, devant servir de base au nouveau Concordat), … et dites laquelle est la plus catholique !
"On aboutit, après de longs pourparlers [entre le Saint-Siège et Louis XVIII], à la convention du 25 août 1816 d’après laquelle le concordat de 1516 [de Bologne, passé avec le roi François 1er] devait être rétabli. Celui de 1801 n’était ni désavoué, ni expressément révoqué, mais devait cesser de porter son effet : les Articles organiques étaient abrogés, et c’est pour obtenir ce résultat que Pie VII avait consenti à abandonner le concordat de 1801 [… seulement, donc, pour cela, et nullement parce que la nouvelle convention concordataire de Louis XVIII basée sur la Charte contenait, contrairement au Concordat napoléonien, la déclaration que le catholicisme "était Religion d’État" ! Il est affligeant de constater que ce "détail" n’a aucune importance pour le Vicaire du Christ-Roi, pour Pie VII…]. Les gallicans n’étaient cependant pas encore satisfaits, et le roi ne ratifia la convention que sous réserve «des libertés de l’Église gallicane». Devant cette nouvelle prétention, le pape refusa de ratifier le traité ; le concordat de 1801 rentrait en vigueur. De nouvelles négociations aboutirent à la conclusion du concordat du 11 juin 1817. Les propositions du pape y étaient admises en principe, mais avec des restrictions qui permettaient pratiquement de les éluder quand le roi le jugerait bon. (…) Le pape, fatigué de ces variations incessantes du gouvernement français, et peu satisfait d’ailleurs d’une convention qu’il n’avait signée que comme un pis-aller [… car même sans les outrances gallicanes hétérodoxes, Pie VII préférait en soi son Concordat athée à celui catholique proposé par Louis XVIII…], déclara par un «Proprio motu» du 23 août 1819, maintenir provisoirement le Concordat de 1801. Ce provisoire, comme il arrive souvent, devint définitif, et l’on s’en tint finalement au concordat de 1801 [qui donc, de par la volonté de Pie VII, continua à faire régner l'athéisme d'État dans les Mœurs de l'Église de France, jusqu’à sa dénonciation en 1905 par le gouvernement français sectaire]" (Histoire des papes illustrée, Gaston Castella, t. II, p. 340).
Selon le DTC, "le cardinal Consalvi [cheville ouvrière, rappelons-nous, du Concordat napoléonien], redevenu secrétaire d’État, répondit [à la proposition du Concordat faite par le roi Louis XVIII] qu’il était de la dignité du pape de ne pas revenir sur l’acte de 1801 et de la dignité de l’épiscopat de ne point sembler à la merci du pape" (DTC, art. "Concordats", col. 776). Tuediable & morsangbleu !, voilà qui ne manque vraiment pas de sel !! C'est dommage que Consalvi n’ait pas pensé à la dignité des évêques de Louis XVI, bien autrement supérieure à celle des évêques concordataires prostitués à un pouvoir politique athée, lorsque le pape osa exiger brutalement d'eux, sans raison autre que satisfaire l'athéisme constitutionnel de Napoléon, leur démission en corps national d’institution…!!!
"Un concordat est un acte entre deux parties
dans lequel chacune donne à l'autre
ce qu'elle n'a ni le droit ni le pouvoir de lui donner"
Mais, après la dénonciation ô combien justifiée des art. VI, VII, VIII & XVI du Concordat, voici un autre grief d'une gravité extrême exposé par les Évêques Réclamants contre le Concordat, ils ciblent cette fois-ci son art. XIII, ainsi rédigé : "Sa Sainteté, pour le bien de la paix et l'heureux rétablissement de la Religion catholique, déclare que ni elle ni ses successeurs ne troubleront en aucune manière les acquéreurs des biens ecclésiastiques aliénés ; et qu'en conséquence la propriété de ces biens demeurera incommutable entre leurs mains ou celles de leurs ayants cause".
C'était ni plus ni moins, de la part du pape, absoudre le voleur sans que celui-ci n'ait le moins du monde à reconnaître son péché de vol, dont la matière est de soi toujours grave et mortelle, ni encore moins à restituer le bien volé, ce que la loi divine non moins que celle de l'Église exige formellement pour l'absolution valide du péché de vol...
Laissons nos Évêques Réclamants bien exposer la question dans toute son étendue, moralement griève et gravissime, ce qui va remplir quasi les deux/tiers de ces secondes Réclamations, etc., tellement l'affaire est importante. Ils vont commencer l'exposé de ce grief plus que fondé en citant textuellement ce qu'ose dire le pape Pie VII dans la Bulle Ecclesia Christi du 15 Août 1801, qui, souvenons-nous, parut le même jour que la promulgation du Concordat lui-même, et que voici : "Persistant dans la résolution de condescendre, pour le bien de l'unité, à tous les sacrifices auxquels il est possible de se prêter en conservant la Religion, et aussi pour coopérer, autant qu'il est en nous, à la tranquillité de la France, qui seroit de nouveau plongée dans le trouble s'il fallait revendiquer les biens ecclésiastiques aliénés, et afin (ce qui est le plus important) que l'heureux rétablissement de la Religion Catholique ait lieu, nous, suivant les exemples de nos Prédécesseurs, déclarons que ceux qui ont acquis les biens ecclésiastiques aliénés, ne seront inquiétés en aucune manière, ni par nous ni par les Souverains Pontifes nos successeurs : et en conséquence, la propriété de ces mêmes biens, les revenus et droits y attachés, demeureront incommutables entre leurs mains, et celles de leurs ayant-cause".
Or, deux mois après avoir accédé au Siège de Pierre, le même pape Pie VII, par lettre-encyclique du 15 mai 1800, condamnait clairement... le vol des biens appartenant à l'Église de France, simple écho dans cette condamnation de toute la Tradition catholique en la matière, basée sur la plus élémentaire et fondamentale loi morale de justice et d'équité, comme ne vont pas manquer de le rappeler les Évêques Réclamants... au même pape Pie VII donc, soudainement défaillant sur cela quelqu'un an seulement plus tard dans le Concordat :
"Votre Sainteté elle-même, dans la lettre qu'elle a adressée à tous les Évêques catholiques [de France], au commencement de son Pontificat, nous a rappelé de la manière la plus solennelle les devoirs que nous avons à remplir à l'égard des biens consacrés au Seigneur : «Qu'avons-nous à vous prescrire, Vénérables Frères (lisons-nous dans cette lettre) sur ce qui concerne le dépôt des biens de l'Église, qui sont, comme l'enseignent et le déclarent les Pères, les Conciles et les divines Écritures, des offrandes faites au Seigneur, des deniers sacrés, la subsistance des Saints, la chose de Dieu et dont l'Église se trouve aujourd'hui misérablement privée et dépouillée ? Nous ne vous enjoignons qu'une seule chose à cet égard, savoir, de n'omettre ni soins ni efforts pour que chacun comprenne et grave dans son esprit la décision courte, claire et exacte donnée autrefois par un Concile d'Aix-la-Chapelle en ces termes : Quiconque aura enlevé ou entrepris d'enlever ce que d'autres fidèles ont consacré à Dieu des biens qui leur sont échus en héritage pour les besoins de leurs âmes, pour l'honneur et la splendeur de l'Église et l'entretien des ministres, fait indubitablement servir les offrandes des autres, à mettre son âme en danger. Si nous nous déterminons à réclamer ces biens, dont il nous est ordonné d'être de prudens et fidèles dispensateurs, et certes (et nous pouvons en toute manière l'assurer, aussi bien que St. Agapet notre prédécesseur), nous ne sommes point mûs par un attachement sordide aux choses de la terre et aux intérêts temporels mais par la considération du compte qu'il en faudra rendre au jugement de Dieu».
"Et en lisant ce passage de la lettre de Votre Sainteté, nous avons cru entendre retentir à nos oreilles le langage uniforme de Ia tradition de tous les siècles de l'Ère Chrétienne : c'est ainsi en effet que se sont expliqué sur cet objet les Souverains Pontifes vos prédécesseurs, les Conciles et les Évêques qui se sont rendus les plus recommandables par les services immortels qu'ils ont rendu à la Religion" (pp. 18-19).
... Comme on est hélas obligé de s'en rendre compte ici : la contradiction sur le Siège de Pierre, le tout et le contraire de tout pontificalement dit à quelque très-courts temps d'intervalle, ne prend pas date seulement au souverain Pontificat de notre inénarrable François, n'est pas seulement le fait du jésuitisme, comme on a pu le lire à son propos, Barnabé Chiaramonti futur Pie VII étant bénédictin avant de monter sur le Siège de Pierre ! Tant il est vrai que si je me consacre pour un but mauvais et œuvre pour le mal, comme hélas on voit les papes modernes le faire au for externe, je suis, avec moi-même pour commencer avant de l'être avec Dieu, en pleine contradiction, signe topique du règne de Satan dans mon âme.
En tous cas, le premier positionnement adopté par Pie VII de condamner le vol des biens ecclésiastiques de France était un bel écho de toute la Tradition. Les Évêques Réclamants n'ont pas manqué de le lui dire, puis de lui rappeler pour illustration la ferme et magnifique lettre du pape Nicolas 1er (858-567), son lointain prédécesseur, sur le sujet :
"Nous avons appris, dit ce pape aux habitants de l'Aquitaine, que parmi vous, quelques-uns s'élèvent contre le Seigneur, de manière..... qu'ils ne craignent point de piller les Églises et de détourner les choses qui leur appartiennent..... Il nous seroit impossible d'exprimer la douleur dont une pareille entreprise a pénétré notre âme. C'est pourquoi, nos très-chers Fils, nous avons soin de vous exhorter, pour l'intérêt de votre salut, non-seulement à mettre fin à une si étrange barbarie, mais encore à réparer un si énorme sacrilège, en rendant tout ce qu'en contravention de la loi, vous avez enlevé, ou par violence, ou de quelqu'autre manière que ce puisse être. En effet, quoique la terre et tout ce qu'elle contient soit au Seigneur, cependant on ne balance pas à regarder les biens que des princes religieux, ou d'autres personnes pieuses, quelles qu'elles soient, ont donné aux lieux-saints, comme appartenant spécialement au Seigneur, puisqu'on les voit consacrés à son culte, d'où il résulte que quiconque ose usurper ces biens, et s'en emparer d'une manière illicite, pèche indubitablement contre le Seigneur et est convaincu de lui porter préjudice..... C'est pourquoi nous vous prions et conjurons..... de rendre sans délai à chaque lieu consacré au Seigneur, ce qui est à lui..... car si tous ceux qui ravissent le bien d'autrui doivent....., à moins qu'ils ne réparent leur injustice, être punis très-sévèrement, sinon dans cette vie par le jugement des hommes, certainement dans l'autre par le jugement de Dieu, quel châtiment pensez-vous que doivent subir ceux qui sont manifestement coupables de grands maux commis contre le Seigneur lui-même.... Ainsi, parce que c'est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant, nous vous avertissons et vous exhortons à n'user d'aucun retardement ni délai pour rendre les biens des Églises que vous retenez injustement..... Que si quelqu'un d'entre vous méprise nos salutaires avis, et ne se met aucunement en peine de nous obéir....., en observant et accomplissant ce que nous nous efforçons de vous persuader....., qu'il soit entièrement privé de la communion du corps adorable et du précieux sang de Notre Seigneur Jésus Christ" (pp. 20-21).
Puis dans la suite de leur édifiant texte, nos Évêques Réclamants de citer plusieurs écrits des saints Pères pour condamner le vol des biens d'Église, si enrichissants pour l'entretien de notre Foi rien qu'à les lire, ... ils sentent si bons l'odeur de Jésus-Christ, et nous la sentons si peu nous autres, de la part de nos "membres enseignants" !, mais que je ne peux trop reproduire, pour éviter les longueurs dans mon article déjà conséquent. Ils évoquent par exemple la lettre du pape Grégoire IX (1227-1241) à Frédéric roi de Sicile, où ce saint pape équivaut le vol des biens ecclésiastiques à un "outrage au Rédempteur" (p. 21), puis citent la Lettre synodale des Pères du concile de Toul aux factieux du temps de Charles-le-Chauve (823-877), où on peut lire : "Plusieurs d'entre vous, renonçant à la crainte de Dieu....., enlèvent les possessions des Églises....., qui ont été données à Dieu par ceux qui, avant vous, ont fait profession de la Religion Chrétienne, (...) et parce que Dieu ne se venge pas sur le champ, vous possédez avec une espèce de sécurité ce que vous lui avez ravi..... Ce crime énorme par lequel vous faites tort à vos contemporains et aux générations futures, Dieu s'en vengeroit dès à présent parce qu'il est juste, s'il n'étoit patient : mais qu'il est à souhaiter que la patience de Dieu conduise à la pénitence tous ceux qui en agissent ainsi..... ; que si l'on s'obstine dans des crimes de cette nature, moins on est puni maintenant, plus le châtiment que l'inflexible vengeance fera subir dans la suite, sera rigoureux : Dieu l'a dit : Je me suis tu, me tairai-Je toujours ? Cette parole signifie : je n'agis point durant cette vie, Je punirai dans l'autre" (pp. 22-23).
Pour nos Pères dans la Foi qui avaient des colonnes vertébrales, l'on peut bien voir que le vol des biens ecclésiastiques est un grand crime qui, s'il n'est dûment réparé ici-bas comme il se doit, le sera terriblement dans l'Au-delà...
Puis encore, de citer saint Boniface (675-754), Archevêque de Mayence, Légat du St. Siège en Allemagne, écrivant à Athelbalde, Roi d'Angleterre : "On nous a rapporté que vous aviez violé beaucoup de privilèges des Églises et des Monastères, et que vous en aviez enlevé quelques biens : Si cela est vrai, il est manifeste que c'est un grand péché, selon le témoignage de la Ste Écriture, qui porte : Celui qui dérobe quelque chose à son Père et à sa Mère, et qui dit que ce n'est pas un péché, a part au crime des homicides (Pr XXVIII, 24). Dieu sans doute est notre Père, il nous a créés : l'Église est notre Mère, elle nous a spirituellement régénérés dans le baptême : par conséquent, celui qui par fraude ou par violence s'empare des deniers de Jésus-Christ et de l'Église, sera réputé homicide en présence du juste Juge.....; celui qui ravit les deniers de son prochain, commet une injustice ; mais celui qui enlève les deniers de l'Église commet un sacrilège" (pp. 23-24). Et de rapporter pour finir, le célèbre décret du Concile de Trente (22ème session tenue le 17 septembre 1562), qui résume synthétiquement toute cette doctrine catholique quant au vol des biens ecclésiastiques, en fulminant l'anathème latæ sententiæ à tout voleur desdits biens, réservant la levée dudit anathème au seul Souverain Pontife, après restitution des biens d'Église volés.
Puis enfin, de conclure : "C'est ainsi que l'Église, toujours attentive à veiller à la conservation des grands principes de morale et de justice, et animée d'un saint zèle pour le salut de ses enfans, réprime les injustices et les scandales : [Et, se remettant soudain devant les yeux l'incroyable dol et vol universels dont s'est rendu coupable la République française en s'attribuant purement et simplement la possession et la disposition de TOUS les biens ecclésiastique sis en France, sans en excepter aucun, par décret inique de l'Assemblée Nationale révolutionnaire du 2 novembre 1789, de s'exclamer devant l'énormité du crime inconnue des siècles passés :] Éh ! quelle injustice plus énorme que de faire servir, par esprit de cupidité, par force et par menaces, la spoliation entière de l'Église [de France], l'envahissement de ses ornemens précieux, jusqu'aux vases sacrés, et la vente même de ses édifices, au succès de la révolte et au triomphe de l'iniquité [Car en effet, les biens ecclésiastiques volés pendant la Révolution ne le sont pas que par de simples voleurs, ils le sont par les ennemis jurés de l'Église, qui veulent sa mort...] ! Non jamais, cette Mère tendre n'aurait pu à plus juste titre déployer sa miséricordieuse sévérité, dans la seule vue de soustraire des coupables à ce jugement sans miséricorde, qui attend tous ceux qui obstinés dans leurs injustices, auraient méprisé ses salutaires terreurs. Si cependant, des motifs de prudence et de charité l'ont empêché quelquefois d'appliquer dans toute leur rigueur les lois qu'elle a rendues contre les spoliateurs de ses biens, qui pourrait croire qu'elle voulût jamais consacrer des invasions dont l'objet est de la détruire elle-même ?" [comme n'a pas été rebuté de le faire sacrilègement le pape Pie VII en promulguant cet incroyable art. XIII dans le Concordat, aussi diabolique dans son essence que les autres...].
"Ayant reçu ces renseignernens de ceux qui, pendant tant de siècles, ont été regardés comme les colonnes de l'Église elle-même, si nous réclamons aujourd'hui, et si nous rappellons l'observation des règles qui nous ont été tracées par des autorités si graves sur ce qui a rapport aux biens consacrés à Dieu, nous pouvons, d'après le témoignage de notre conscience, assurer, comme [le pape] St. Agapet, que nous ne sommes point mûs par «un attachement sordide aux choses de la terre et aux intérêts temporels» (S. Agap. pp. 1. Epist. 6 ad Cæsar. Arelat.). (...) Non, aucun sacrifice personnel ne nous coûtera, et nous embrassons volontiers la pauvreté jusqu'au tombeau, mais nous ne pouvons perdre de vue «le compte qu'il nous faudra rendre au jugement de Dieu» (St. Agapet, ibid.), du patrimoine de nos Églises ; la considération de ce redoutable jugement nous presse de ne rien omettre pour n'être exposés à aucun reproche sur la fidélité à conserver ce dépôt : enfin, de remplir autant qu'il est en nous cette partie de notre devoir :
Le pape Pie VII, signant le Concordat...
"Premièrement, nous ne dissimulerons point à Votre Sainteté les fâcheuses impressions d'étonnement et de tristesse qu'a produites sur une multitude d'esprits, la déclaration énoncée en l'article XIII, rapporté ci-dessus, de la Convention du 15 Juillet 1801 [le Concordat], et ratifié ensuite par la Bulle Ecclesia Christi, qui pareillement a déjà été citée.
"À peine cette déclaration a-t-elle été rendue publique, qu'on a entendu dire de toutes parts : Pourroit-on regarder comme un apanage de la primauté d'honneur et de juridiction dans toute l'Église, qui appartient de droit au successeur de Saint Pierre, que le Souverain Pontife puisse, de son propre mouvement et par un seuI acte de sa volonté [motu proprio], transférer en d'autres mains la propriété de tant de biens (ensemble des droits et revenus y attachés), dont se trouvent dépouillés 136 tant Archevêchés qu'Évêchés, autant de Chapitres Métropolitains et Cathédraux ; plus de 40,000 Cures ; toutes les Abbayes, Prieurés, Églises collégiales, Monastères, Congrégations ; en un mot tous les bénéfices et établissemens religieux d'un grand royaume ; et livrer à des usages profanes tous ces biens que les pieux fondateurs avaient consacrés au culte divin, à l'entretien des ministres de l'Église, au soulagement des pauvres ? [Notons soigneusement comme là encore, le pape outrait derechef et outrepassait scandaleusement dans l'abus son pouvoir pontifical en prenant cette mesure de l'art. XIII de liquider les biens ecclésiastiques de France par simple "motu proprio" pontifical, sans aucunement en référer aux évêques français, alors qu'il n'en avait rigoureusement pas plus le droit que de destituer les Évêques de Louis XVI ou de détruire tous les diocèses d'Ancien-Régime en employant toujours et encore le même seul et théologiquement insuffisant procédé du "motu proprio" pontifical, comme vont maintenant, à juste droit, le lui souligner en gras de gras et en rouge vif les Évêques Réclamants :]
"Pourrait-on regarder comme un apanage de la Primauté, que le Souverain Pontife puisse faire une opération d'une aussi grande conséquence ?
"1° ― À l'insu des Évêques légitimes qui, par leur titre même, ont le droit incontestable et sont dans l'indispensable obligation de veiller à la garde de tous les biens consacrés à Dieu dans leurs Diocèses respectifs ?
"2° ― À l'insu du Souverain légitime protecteur-né de ces biens, et qui de plus représente ses glorieux Ancêtres, qui ont fondé dès l'origine, ou augmenté par des donations postérieures, une si grande partie de ces établissemens de piété ?
"3° ― Au préjudice des intérêts spirituels d'une multitude de fondateurs qui avoient donné une partie de leurs biens pour s'assurer à eux-mêmes, à leurs auteurs, et à leurs descendans des prières dont tous se trouvent désormais privés ?
"4° ― Au préjudice des intérêts temporels de beaucoup d'héritiers frustrés de biens, dont les saisiroit la volonté toujours inviolable des fondateurs ? Il y a en effet beaucoup de fondateurs qui ont expressément stipulé, dans les actes même de fondation, que si la bonne œuvre pour laquelle ils donnoient leurs biens cessoit un jour d'avoir son exécution, ces mêmes biens retourneroient alors à leurs héritiers. C'est à cette condition que lesdites fondations ont été faites et acceptées : et malgré cet engagement sacré, beaucoup d'héritiers voient aujourd'hui attribuer à d'autres la propriété incommutable de biens, dont selon toutes Ies lois, la volonté si respectable de leurs auteurs les saisissoit comme seuls légitimes propriétaires.
"5° ― Sans avoir pris aucune précaution efficace pour assurer la subsistance des titulaires de bénéfices, des membres actuels de monastères, de congrégations ?
"6° ― Enfin, pour faire servir ces biens au maintient de la rébellion et au renversement de l'Autel et du Trône ? [En effet ! La République française n'est pas seulement un simple voleur, c'est un voleur qui vole pour anéantir l'Église, le but de son vol est la destruction de l'Église elle-même !, ce qui aggrave considérablement son péché... et celui de Pie VII qui s'en rend complice !]
"Non, les annales de la Religion ne fournissent aucun trait semblable : non, durant ce long espace de dix-huit siècles qui se sont écoulés depuis l'établissement de l'Église, aucun Souverain Pontife n'a rien entrepris de pareil, aucun ne s'est attribué un pouvoir si exorbitant. (...) Telles sont, disons-nous, les réflexions qui ont été faites de toutes parts, et qui donnent assez à connoître les impressions fâcheuses d'étonnement et de tristesse qu'a produite sur une multitude d'esprits cet article [XIII] qui déclare que la propriété des biens ecclésiastiques aliénés, les droits et revenus y attachés demeureront incommutables entre les mains des acquéreurs de ces mêmes biens, ou de leur ayant cause.
"En second lieu, nous sommes forcés de mettre sous les yeux de Votre Sainteté une autre considération qui, par son importance, demande à être, de préférence à toutes les autres, attentivement pesée : c'est que, si l'on a égard surtout aux circonstances qui ont précédé et suivi la convention conclu entre Votre Sainteté et le Gouvernement François le 15 Juillet 1801 [le Concordat], il est visible que l'article XIII de cette Convention, que votre Sainteté s'est déterminée à confirmer, dans la vue de procurer l'heureux rétablissement de la Religion Catholique en France (Bulle Ecclesia Christi), y a porté au contraire à cette Religion sainte, le plus grand préjudice, et même un coup mortel, si le présent ordre des choses subsiste.
"Ceux qui avoient formé le funeste projet de dépouiller l'Église de France, et de lui ôter absolument toutes les ressources temporelles, n'ont pas trouvé de moyen plus propre à les conduire aux fins criminelles qu'ils s'étaient proposées, que de faire décréter par I'Assemblée Nationale, que les biens Ecclésiastiques étoient à la disposition de la Nation : aussi les a-t-on vus, dès qu'ils eurent réussi à faire donner à cette erreur, une apparence de loi (L'Assemblée Nationale déclare que tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation. Décret, 2 novembre 1789), envahir aussitôt tout ce qui avoit été consacré a Dieu durant une si longue suite de siècles ; l'usurper, s'en emparer, et en disposer de la manière la plus arbitraire, avec une entière indépendance, et sans connoître à cet égard d'autre règle que leur volonté. Certes, il suffit de jeter un coup d'œil sur les vénérables monumens de la tradition pour juger combien une assemblée politique qui s'est saisie de la force, abuse de cette force, dont elle s'est emparée, lorsqu'elle ne craint point d'afficher ce prétendu droit, et qu'au mépris de toutes les règles, elle se permet d'exercer.
"En effet, de tous les gouvernemens Chrétiens, Monarchiques ou Républicains, quelqu'étendue qu'ils aient donné au droit de haut domaine sur les propriétés de leurs sujets, aucun n'a jamais érigé en principe le droit d'en disposer à son gré, de quelque nature que fussent ces propriétés. C'est cependant ce principe monstrueux que l'Assemblée Nationale n'a pas craint de proclamer à l'égard des propriétés ecclésiastiques, par ce décret qui porte : Les Biens Ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation.
"Il est vrai qu'on a vu des puissances abuser de leurs forces, et, sans établir le droit en principe [comme l'a fait sacrilègement la Révolution], dépouiller l'Église et ses ministres de toutes leurs propriétés [de facto seulement, comme l'a fait par exemple le petit-fils de Charlemagne, Charles-le-Chauve au IXème siècle] ; mais ces spoliations universelles rappellent toujours le temps des factions, les divisions dans l'État, les guerres civiles, Ies persécutions, et la détermination de détruire la Religion, dont on usurpoit les possessions. Jamais on n'auroit imaginé que le sacrifice entier de ces biens, fait aux spoliateurs, fût un moyen de rétablir la Religion [comme osait le dire le pape Pie VII dans sa Bulle Ecclesia Christi complétant le réprouvé art. XIII du Concordat]" (pp. 25-33)
Une chose en effet est que ces spoliations ecclésiastiques soient toujours considérées comme un mal, comme ce fut le cas dans tous les siècles chrétiens du passé, les spoliateurs restant toujours des spoliateurs obligés, tôt ou tard, à rendre les biens spoliés, tout autre chose est de connoter in fine comme un bien ces spoliations, ainsi que le faisait Pie VII en déclarant incommutables dans les mains des spoliateurs les biens ecclésiastiques volés sous prétexte que c'était pour le Bien du rétablissement de la Religion en France. Comme si un vol non-absous, un péché de soi mortel, pouvait jamais servir au Bien de la Religion !, ce que font remarquer à si juste titre nos Évêques Réclamants. Un fondement essentiel de la théologie morale, en effet, n'est-il pas qu'il n'est jamais permis de faire un mal pour obtenir un bien ? Pie VII, comme pour tout le reste, l'avait donc "oublié".
En tous cas, on ne saurait mieux dire ni poser la question dans la vérité vraie de la chose que ne le font nos chers et bons Évêques Réclamants. Des gens à courte vue, comme il n'en manque jamais chez les holothuries, ... et, O tempora, O mores !, y a-t-il désormais une autre race sur cette terre depuis la Révolution où tout le monde, chefs et peuples, s'est cassé la colonne vertébrale...?, veulent croire superficiellement que ce n'est pas si mal que ça que les bâtiments ecclésiastiques appartiennent à l'État après la Révolution, car c'est lui qui est obligé de financer leur coûteux entretien. Ils n'oublient qu'une chose, la plus importante, c'est à savoir que celui qui est plein-propriétaire d'un bien, comme donc l'État français s'est formellement réputé l'être sacrilègement depuis la Révolution des biens ecclésiastiques de France, peut juridiquement lui donner la destination qu'il veut. Pour l'instant certes, les bâtiments d'églises qui donc n'appartiennent plus à son légitime propriétaire, la Sainte Église de Jésus-Christ mais à leur spoliateur et voleur, l'État républicain français, ont une destination cultuelle, mais si l'État constitutionnellement athée voulait tout-à-coup leur donner une autre destination non-cultuelle et non-catholique, il serait juridiquement parfaitement fondé à le faire, libre et autorisé, en droit (républicain), de le faire.
Car n'oublions pas que l'État athée post-révolutionnaire n'a passé en France un Concordat avec la Religion catholique que parce qu'elle est la Religion "de la majorité des français" (art. 1er). Alors, ce n'est pas compliqué : si demain c'était la religion athée (car c'en est une, comme le disait l'ancien ministre Vincent Peillon), plus encore que la religion musulmane, qui devenait la religion de "la majorité des français", ... mais que dis-je bien, demain !!, puisque c'est déjà le cas aujourd'hui !, alors, suivant la loi qu'il a posée dans l'art. 1er du Concordat, c'est-à-dire prenant comme criterium premier et très-démocratique "la religion de la majorité des français", l'État athée changerait comme tout naturellement et à son gré, sans même besoin de faire de nouvelles lois, juste en suivant son (pseudo-)droit républicain, la destination catholique des bâtiments d'églises qui lui "appartiennent" par spoliations et vols approuvés par le pape Pie VII dans l'art. XIII du Concordat... "pour l'heureux rétablissement de la Religion en France" (Bulle Ecclesia Christi), en en faisant des centres culturels, des musées, des, pourquoi pas, boîtes de nuit, des salles de gymnastiques, ou les vendant à des hommes d'affaires qui en feraient des hôtels-restaurants de luxe, comme cela s'est déjà vu, etc. ... comme du reste ladite République l'avait déjà fait en pleine période révolutionnaire après 1789, en faisant des églises de France, autant d'écuries, de granges à foin, d'étables et magasins de fourrage pour l’armée, de temples de la Raison, etc.
Et nos Évêques Réclamants de faire remarquer dans leur suite, justement, la différence essentielle entre l'inique Concordat et les temps très-chrétiens où le Principe de justice et d'équité restait debout, quand bien même il pouvait y avoir parfois des atteintes aux biens ecclésiastiques, car les méchants existent de tout temps :
"Qu'ils ont été différens [de ceux de Pie VII] les sentimens du Prince et de l'État lorsqu'ils ont été animés du désir sincère de rétablir la Religion et de réparer ses pertes ! Leur premier soin a été de remettre en vigueur des principes oubliés et des droits foulés aux pieds, dans des temps d'anarchie, où l'on ne connoissoit d'autres lois que celles de la force et du brigandage [contrairement donc à Pie VII qui sacrifie sacrilègement ces droits et ces principes... fondés sur le droit divin]. La Nation, et son auguste Souverain, Charlemagne, nous en offrent un bel exemple dans Ia requête que le peuple présenta à l'Empereur sur cet objet au Concile de Worms, et dans la réponse que l'empereur fit à cette requête de son peuple :
"«Nous savons que les biens de l'Église sont consacrés à Dieu : nous savons que ce sont des offrandes faites par les fidèles pour la rémission de leurs péchés : c'est pourquoi, si quelqu'un les enlève aux Églises à qui ils ont été donnés par les fidèles pour être consacrés à Dieu, il est hors de doute qu'il commet un sacrilège : il faudroit être aveugle pour ne pas le voir : en effet, quiconque d'entre nous donne ses biens à l'Église, les offre et consacre au Seigneur Dieu et à ses Saints, et non à aucun autre : car voici ce qu'il dit, voici ce qu'il fait : Il dresse un acte énonciatif des objets qu'il désire donner à Dieu, et tenant en main cet acte devant ou au-dessus de l'autel, il dit aux prêtres et aux gardiens du lieu : J'offre et consacre à Dieu tous les objets mentionnés dans le présent acte, pour la rémission de mes péchés, de ceux de mes parens et de mes enfans, (ou pour quelqu'autre motif que ce puisse être qui le détermine à cette offrande), afin qu'ils servent à Dieu pour les sacrifices, pour les solemnités des messes, pour les prières, pour le luminaire, pour l'entretien des pauvres et des clercs, et pour l'avantage de cette Église : Que si quelqu'un (ce que je ne crois nullement) les enlève, il deviendra coupable de sacrilège et en rendra un compte très-sévère au Seigneur, à qui je les offre et consacre..... Si prendre quelque chose à son ami, c'est un vol ; frustrer l'Église de ce qui lui appartient, c'est incontestablement un sacrilège : c'est pourquoi les Saints Canons, qui ont été faits avec l'assistance de l'esprit de Dieu, portent : Si quelqu'un veut recevoir ou donner hors de l'Église, ce qui a été offert à l'Église, et en agir ainsi sans l'aveu de l'Évêque ou de celui à qui ces fonctions sont commises..... qu'il soit anathème. Afin donc que tout ceci soit observé dans les temps à venir avec une entière exactitude, par vous et par nous, par vos successeurs et par les nôtres, ordonnez qu'il en soit fait mention dans vos Capitulaires».
"À des représentations si religieuses et si équitables [de son peuple] l'Empereur répondit : «Nous octroyons ce que vous avez demandé... Nous savons que la chute de plusieurs Royaumes et de leurs Rois a eu lieu, parce qu'ils ont dépouillé les Églises, qu'ils en ont ravagé, aliéné, pillé les biens; et qu'ils les ont enlevé aux Évêques et aux Prêtres, et qui plus est, à leurs Églises. Et afin que ce que vous venez de nous demander soit plus religieusement observé dans la suite, nous ordonnons et enjoignons que personne, soit de nos jours, soit dans les temps à venir, ne demande jamais, soit à nous, soit à nos successeurs, sans le consentement et la volonté des Évêques respectifs, les biens des Églises, et n'ose entreprendre de les envahir, de les ravager, ou de les aliéner de quelque manière que ce puisse être. Que si quelqu'un le fait, qu'il soit de notre temps et du temps de nos successeurs, soumis aux peines du sacrilège : qu'il soit légalement puni par nous, nos successeurs et nos juges, comme sacrilège, comme homicide, comme voleur sacrilège, et qu'il soit excommunié par nos Évêques» (Cap. Franc., Tom. 1)" (pp. 34-36).
Puis, après avoir rappelé ce qu'étaient capables d'édicter les peuples et les rois qui avaient une colonne vertébrale, vivant avec le droit de Dieu précisément pour vivre authentiquement et concrètement leur droit de l'homme vrai et véritable, les Évêques Réclamants de conclure :
"Il n'est, en effet, aucun gouvernement qui n'ait senti qu'ériger en principe le droit de disposer à son gré des biens consacrés à Dieu, comme de sa propriété, étoit commettre un attentat contre l'ordre social et renverser toutes les idées de justice et de Religion, pour leur substituer une erreur manifestement contraire à la gloire de Dieu, parce qu'elle tend à faire disparoître de dessus la terre l'éclat des honneurs qui lui sont dus. Les fabricateurs de ce mensonge (Jb XIII, 4) veulent éteindre la gloire du temple du Seigneur et de son autel (Est XIV, 9). Cette erreur détourneroit infailliblement les hommes d'aimer la beauté de la maison du Seigneur. On ne les verroit plus rien entreprendre, faire aucun sacrifice pour la splendeur du culte divin : et qui voudra jamais consacrer une partie de ses biens à la subsistance des ministres, à la pompe des solemnités, à l'entretien des temples, à la décoration des autels, s'il est reçu que cette destination si sainte peut être changée au gré de la force séculière ; que celle-ci peut arbitrairement s'emparer de ces biens, et sans aucun égard à la volonté des pieux donateurs, les employer à des usages profanes, peut-être même, comme nous avons eu le malheur de le voir, les faire servir à la ruine de la Religion, dont ils étoient le patrimoine ?
"Aussi, le prédécesseur immédiat de Votre Sainteté, Pie VI, s'est-il élevé avec une grande force contre ce décret de l'Assemblée Nationale. «Nous passons maintenant (écrivoit cet illustre Pontife, dans sa lettre Apostolique donnée à Rome, à St.-Pierre, le 10 Mars 1791), à l'envahissement des biens Ecclésiastiques, autre erreur de Marsille de Padoue..... condamnée par une constitution de Jean XXII, et long-temps avant, par cette décision du Pape St. Boniface 1er : Il n'est permis à personne d'ignorer que ce qui a été une fois donné au Seigneur, lui demeure irrévocablement consacré, et appartient au droit des prêtres : c'est pourquoi l'on est inexcusable d'enlever, de ravager, d'envahir ou de piller ce qui est à Dieu ou à l'Église : et quiconque se rend coupable de pareils délits doit être regardé comme sacrilège jusqu'à ce qu'il se soit amendé et qu'il ait satisfait à l'Église : et celui qui refuse de s'amender doit être excommunié..... mais que ceux qui participent à l'usurpation dont il s'agit lisent la vengeance que Dieu a tirée d'Héliodore et de ses complices, parce qu'ils avaient entrepris d'enlever du temple des trésors qui y étaient déposés. L'Esprit de Dieu s'est fait voir d'une manière bien sensible pour réprimer leur audace, en sorte que tous ceux qui avaient osé obéir à Héliodore étant renversés par une vertu divine, furent tout d'un coup frappés d'une terreur qui les mit hors d'eux-mêmes. Qu'il est aisé de voir que dans cet envahissement des biens Ecclésiastiques [fait par la Révolution en France] on s'est proposé, entr'autres choses et on a eu en vue de profaner les saints temples, d'attirer le mépris général sur les ministres de l'Église, et de détourner les autres de s'engager désormais dans la milice du Seigneur ! Car à peine avoit-on commencé à envahir ces biens que l'abolition du culte de Dieu s'en est aussitôt suivie ; les temples ont été fermés ; les ornemens sacrés ont été enlevés ; et il a été prescrit de cesser dans les Églises Ie chant des divins office" (Lettre apostolique, 10 mars 1791).
Le diable inspirant de Talleyrand-Périgord,
de proposer à l'Assemblée nationale de nationaliser
les biens ecclésiastiques, le 2 novembre 1789...
"Cependant, Ie gouvernement avec lequel Votre Sainteté a conclu la convention déjà tant de fois mentionnée, du 15 Juillet 1801 [le Concordat], professe hautement cette même erreur dans laquelle avaient donné ceux qui les premiers ont décrété que les biens consacrés à Dieu étaient à la disposition de la Nation" (pp. 35-39).
Et de citer Portalis, ce misérable impie très-actif dans les hauts-rouages juridiques de l'État napoléonien, blabateur pseudo-philosophique orgueilleux, franc-maçon très-distingué qui, tout au service de la cause révolutionnaire, trompait avec astuce et mensonge ceux qui avait la sottise de l'écouter, dans une langue très-hypocrite, fielleuse et mielleuse, un Portalis que Napoléon avait fait son ministre des cultes (notez bien le pluriel), mais qu'il complimentait en l'appelant "notre plus grand orateur de France s'il avait su s'arrêter".
Qu'on juge de l'ignoblerie du personnage par ce qu'il ose dire sur notre sujet, et qu'on veuille bien noter comme cet impie caresse avec grande tendresse Pie VII, comme aidant tellement et si bien à l'impiété révolutionnaire qu'il défend et cautionne pour sa réprouvée mais pontificale part : "Nous avons dit que, dès les premières années de la révolution, le Clergé Catholique fut dépouillé des grands biens qu'il possédait : le temporel des états, étant entièrement étranger au ministère du Pontife de Rome, comme à celui des autres Pontifes [... par exemples, les Évêques diocésains où ces biens étaient sis, leurs seuls légitimes propriétaires !], l'intervention du Pape n'était certainement pas requise pour consolider et affermir la propriété des acquéreurs des biens ecclésiastiques : les ministres d'une Religion qui n'est que l'éducation de l'homme pour une autre vie, n'ont point à s'immiscer dans les affaires de celle-ci : mais il a été utile que la voix du Chef de l'Église, qui n'a point à promulguer des lois dans la société, pût retentir doucement dans les consciences [!!!], et y apaiser des craintes et des inquiétudes que la loi n'a pas toujours le pouvoir de calmer [!!!]. C'est ce qui explique la clause [le très-exécrable non moins que sacrilège art. XIII du Concordat] par laquelle le Pape, dans sa convention avec le Gouvernement, reconnoît les acquéreurs des biens du Clergé comme propriétaires incommutables de ces biens" (Discours prononcé par le citoyen Portalis, orateur du Gouvernement, dans la séance du Corps Législatif du 15 Germinal an X, sur l'organisation des Cultes)" (pp. 39-40).
Puis, nos bons Évêques Réclamants, pleins de justice et de vérité, font remarquer que l'État napoléonien a pris des mesures pour empêcher juridiquement que les possesseurs de biens ecclésiastiques qui s'en sont rendus peccamineusement acquéreurs mais qui en éprouvent un juste remord, puissent ultérieurement jamais les redonner, sous forme déguisée de fondation libre, à l'Église de France, leur propriétaire légitime, invoquant à cet effet... le droit des familles à ne pas être dépossédées d'un bien acquis...!
"Et nous ne pouvons nous empêcher d'observer ici, qu'il a été pris un parti bien funeste aux acquéreurs des biens ecclésiastiques, quand on leur a ôté la faculté d'effectuer maintenant la restitution de ces biens, dont au dernier jour il leur faudra rendre compte au Souverain Juge. Qu'il est a craindre, en effet, que tant qu'ils auront en possession ces biens mal acquis, Dieu ne leur soit point propice, et ne répande point sur eux ses bénédictions ! Non, jamais les dépouilles des Églises et des pauvres n'ont présagé des événemens favorables..... Jésus-Christ, qui est la souveraine justice, ne souffre pas que ces spoliateurs aient une heureuse issue. Voilà donc à quoi expose les acquéreurs ce déplorable article XIII du Concordat, qui leur persuade, contre l'intention de Votre Sainteté, que les fruits de l'iniquité deviennent légitimes entre leurs mains, et cette mesure plus déplorable encore du Gouvernement qui met obstacle aux restitutions que leur conscience, mieux éclairée, pourroit leur suggérer. Est-ce donc en perpétuant l'injustice que l'heureux rétablissement de la Religion aura lieu ? Comment la raison d'État peut-elle mettre obstacle à ces restitutions qui, n'étant commandées que par le cri de la conscience, loin de troubler l'État, rendent à la patrie des citoyens probes et religieux. La Religion est tellement inséparable de la Justice, que c'est s'abuser que de croire qu'à la faveur des décrets du Gouvernement et des renonciations alléguées, les spoliateurs puissent revenir sincèrement à Dieu" (pp. 43-45).
Puis encore, nos Évêques Réclamants font judicieusement remarquer que le scandale de l'art. XIII est beaucoup plus grand et peccamineux que s'il regardait seulement les biens de l'Église : car en effet, dès qu'il a été appris que le pape l'avait signé et promulgué pour les biens ecclésiastiques, il a aussitôt été fait la réflexion que les biens nationaux vendus mais n'appartenant ni de près ni de loin à l'Église, seulement à des particuliers, souvent aux français qui avaient émigré et qui, ayant été déclarés "ennemis de la République", s'étaient vus spolier par l'État tous leurs biens, que ces biens nationaux non-ecclésiastiques disais-je, devaient recevoir le même traitement que ceux ecclésiastiques. Car si le pape passait l'éponge sur le dol et le vol des biens ecclésiastiques qui de soi sont sacrés, déclarant propriétaires incommutables leurs acquéreurs, a fortiori devait-il donc en être de même pour les biens nationaux non-sacrés, comme appartenant simplement à des particuliers...! Et cela, en invoquant, plus scandaleusement encore sur le plan moral, "l'heureux rétablissement de la paix en France", une paix décidément diabolique, basée sur le dol et le vol des révolutionnaires. Si, pour la tranquillité de la France, Pie VII exigeait qu'on n'inquiétât pas les acquéreurs des biens nationaux ecclésiastiques, tout le monde en France ne pouvait que suivre l'exemple de celui qui a la plus haute autorité morale au monde, mais cette fois-ci pour les biens non-ecclésiastiques "parce que d'un côté, ces biens, qui n'appartenoient ni aux Églises ni à aucun autre établissement de piété, n'étoient assurément pas plus sacrés que les biens ecclésiastiques eux-mêmes : et que de l'autre, la tranquillité de la France demandoit que les uns et les autres, qui ont été aliénés par la même autorité ne fussent point redemandés aux acquéreurs. Cependant, qu'une pareille assertion est opposée aux véritables règles de la justice !" (pp. 45-46)
Par cet abominable art. XIII, le pape cautionnait moralement, donc, en réalité, par rebond, TOUT le vol des biens, à la fois ecclésiastiques et non-ecclésiastiques, dont la Révolution s'était rendue coupable envers les prêtres et les simple français rejetant la Révolution, qui donc majoritairement étaient des gens de bien attachés à l'Ordre très-chrétien, en envahissant les biens très-notamment des émigrés... mais pas que, il s'en faut de beaucoup, extrêmement même. Avant les émigrés, avant même ceux qu'on déclarait mensongèrement émigrés pour pouvoir s'emparer de leurs biens, et ces malheureux ne furent pas peu nombreux, il y avait en effet ceux que la Révolution guillotinait et dont les tribunaux révolutionnaires ne rougissaient pas d'avouer souvent que c'était pour remplir le Trésor national, leur seul crime étant en fait de... posséder des biens. Combien furent guillotinés uniquement pour que leurs biens deviennent biens nationaux !
Il y a donc derrière ce blanchissement de sépulcres qu'est l'appellation "biens nationaux" non seulement le péché de vol et de dol mais au moins à égalité avec lui, l'infiniment plus grave péché encore, de crime et d'homicide, de calomnie et de mensonge, notamment en déclarant "émigré" des particuliers qui demeuraient encore en France, tous péchés de malice infernale et de passion ténébreuse dans le crime... Et voilà donc maintenant, depuis l'art. XIII du Concordat, la lâcheté et la trahison tellement coupable du pape Pie VII, tous ces biens tout ce qu'il y a de plus mal acquis, "odieux amas de rapines" (p. 50), devenus des biens déclaré possessions légitimes... pour "la tranquillité et le rétablissement de la paix en France" !! Comme commentaient, horrifiés, les Évêques Réclamants : "Qui pourra jamais entendre sans horreur proclamer le meurtre comme un titre en vertu duquel on acquiert Ia propriété des biens de celui à qui l'on a fait subir une mort injuste ? Qui peut, au contraire, ignorer le terrible jugement que Dieu Lui-même a porté contre Achab et Jézabel après que cette reine impie eût fait lapider Naboth, afin de pouvoir s'emparer de sa vigne et par-là satisfaire la convoitise du Roi son époux (cf. I Reg XXI) ?" (p. 52)
Formidable, affreux délit, en vérité, de la part de Pie VII, que cet art. XIII du Concordat, dont il devra rendre compte rigoureux à Dieu...
Mais ce pape concordataire, qui avait décidé de manger avec le diable sans longue cuillère, ne peut que se contredire lui-même, vivre dans la contradiction, comme on en a déjà noté deux tout-à-l'heure, puisqu'il suit un mauvais chemin (comme l'on voit : le pape François n'est pas le premier à nous abrutir de contradictions...). Ainsi, ne le voit-on pas, lorsque les armées de la République envahissent les États Pontificaux et se mettent à y "acquérir" des biens, eux aussi appelés Nationaux, condamner pro domo ces agissements ! Nos Évêques Réclamants le lui font remarquer : "Obligés par notre ministère de conserver dans toute son intégrité le dépôt non seulement de la foi, mais aussi de la morale évangélique, sur laquelle tout l'ordre social porte comme sur la base la plus solide, nous ne pouvons nous empêcher d'élever la voix pour réclamer contre une aussi pernicieuse altération des principes de la Justice [à laquelle mène l'abominable art. XIII du Concordat, qui renverse radicalement toute idée de propriété, de justice, abolissant le péché de vol, etc.]. En remplissant cette partie de nos devoirs, nous avons pour guide Votre Sainteté elle-même durant ces temps orageux qui ont aussi pesé sur la souveraineté temporelle de Votre Sainteté. Il s'y est fait de semblables aliénations de biens qui ont de même été appelés : Nationaux ; et, après un mûr examen, Votre Sainteté par un édit solemnel a déclaré que les acquéreurs de ces sortes de biens ne pouvoient légitimement, ni en retenir la possession, ni exercer sur eux aucun droit de propriété, parce que l'un et l'autre est contraire aux règles, soit du droit public, soit de la justice particulière (Editto daro delle Stanzo del Quirinale, questo di 24 octobre 1801)" (pp. 48-49)...!!
Mais il faut suivre jusqu'au bout de l'infamie nos Évêques Réclamants dans leur dénonciation des conséquences les plus damnables de ce révoltant art. XIII. Puisque donc le pape l'avait promulgué, il ne restait plus aux prêtres, quels qu'ils soient, qu'à le suivre. Jusqu'à déclarer propriétaires incommutables, non seulement les acquéreurs des biens ecclésiastiques, mais aussi ceux qui avaient acquis des biens NON-ecclésiastiques, c'est-à-dire ceux des émigrés, des guillotinés, etc !! Il est par ailleurs à peine besoin de préciser que les nouveaux Évêques concordataire se donnèrent à cette tâche... apostolique que leur assignait le pape, presque... à cœur joie. Ne s'agissait-il point, mes très-chers frères, de travailler à "l'heureux rétablissement de la paix et de la tranquillité en France", comme disait Pie VII...?
"Les Ecclésiastiques requis par les possesseurs de biens nationaux de déclarer s'ils peuvent les retenir, sont obligés de répondre, afin que la paix publique et l'ordre social ne soient point troublés [!], que personne ne peut s'opposer aux lois existantes rendues par le gouvernement souverain, relativement à ces biens, et qu'en conséquence, ils peuvent légitimement retenir la possession de ces mêmes biens [qu'il s'agisse de biens ecclésiastiques OU NON-ECCLÉSIASTIQUES !] ; et plusieurs Évêques nommés d'après le Concordat, l'ont publiée ; en attribuant à Son Eminence le Cardinal Légat a latere de Votre Sainteté et du St. Siège Apostolique, et enjoignant de la manière la plus pressante aux Ecclésiastiques de s'y conformer, comme on le voit par ce qui suit : «Le Cardinal Légat nous a transmis une décision sur l'aliénation des biens nationaux qu'il importe de vous communiquer..... Son Éminence..... veut, sans aucune distinction, que les prêtres, interrogés par les acquéreurs des biens nationaux, leur répondent qu'ils peuvent légitimement retenir la possession de ces biens» (Extrait d'une lettre de M. Cambacérès -appelé Archevêque de Rouen, suivant la nouvelle circonscription-, contenant diverses instructions pour les Ecclésiastiques de son Diocèse).
"«Nous sommes informés que plusieurs d'entre vous, nos chers Coopérateurs, se permettent de troubler les consciences des acquéreurs des biens nationaux..... Ils prétendent que la possession n'en est pas légitime, qu'ils ont été usurpés sur les propriétaires, qu'ils sont mal acquis, et qu'on ne peut, sans crime, en conserver la possession..... Ces plaintes ont été d'autant plus sensibles pour nous, que les dispositions des prêtres qui les ont occasionnées, annoncent qu'ils sont dirigés par des principes contraires aux lois de l'Église et de l'État, et qu'ils sont animés d'un zèle exagéré, et point assez éclairé. Cependant, nous vous avons transmis dans le rescrit du Légat a latere la règle de conduite que vous aviez à tenir à l'égard des acquéreurs des biens nationaux : nous avions donc droit d'attendre de vous, nos chers Coopérateurs, que vous vous y conformeriez..... Nous sommes infiniment peinés d'avoir à reprocher à des prêtres, qui doivent l'exemple de la soumission, une infraction aux lois de l'Église et de l'État : notre devoir et la sagesse de nos principes ne nous permettent pas de nous taire plus long-temps sur une pareille conduite..... Nous vous déclarons que ceux des ecclésiastiques de notre Diocèse qui ne se conformeront pas à l'avenir aux lois de l'Église et de l'État, perdront notre confiance, et encourront les peines que le gouvernement ne manquera pas de leur infliger» († Metz, le 15 Février de l'an de N. S. 1803, 26 Pluviôse an XI de la République) [Il est à peine besoin de faire remarquer ici que l'épiscope concordataire, sans sûrement s'en rendre compte lui-même, unifie comme si elles n'étaient qu'une, les lois de l'Église et de l'État, un État constitutionnellement... athée !, les lois athées étant donc celles, aussi, de l'Église... concordatisée, comme il fallait s'y attendre]
"On voit même, continuent nos Évêques Réclamants, cette décision appuyée sur votre autorité par M. Rousseau (appelé Évêque de Coutances, suivant la nouvelle circonscription) dans sa lettre adressée à un acquéreur de biens laïcs qui le consulte, et qui est conçu en ces termes : «Je suis, Monsieur, édifié de la délicatesse de votre conscience [!!], et je m'empresse de la tranquilliser. Le Souverain Pontife a déclaré que les acquéreurs des biens nationaux en étaient détenteurs légitimes : ainsi l'on peut les posséder religieusement [!!!] sans aucune inquiétude» (Signé : Claude-Louis, Évêque de Coutances, 9 Pluviôse an XI).
"Qui pourrait néanmoins, sans être pénétré de la plus vive douleur, penser aux maux que cette décision à déjà occasionnés ?
"Avertis par les remords de leur conscience, plusieurs de ceux qui ont acquis des biens laïcs dits Nationaux, avoient reconnu les droits des propriétaires légitimes ; la justice et la paix allaient s'embrasser, lorsque tout-à-coup la décision dont nous parlons [celle de Votre Sainteté dans l'art. XIII du Concordat, confirmée et mise concrètement en œuvre par Votre Légat a latere] a détruit ces heureuses dispositions, apaisé les remords, et anéanti toutes les idées de justice. Les acquéreurs des biens dits Nationaux, qui n'appartenoient ni aux Églises, ni à aucuns autres établissements de piété, ayant une fois reçu cette décision qui flatte leur cupidité, l'ont regardée comme un oracle d'après lequel ils pouvoient, sans aucun scrupule, retenir la possession desdits biens : en conséquence, les légitimes propriétaires, frustrés de l'espérance qu'ils avoient conçue, n'ont que trop senti que cette même décision leur portoit un énorme préjudice, puisqu'elle leur arrachoit l'adoucissement de leur malheureux sort, au moment où il leur sembloit être sur le point de l'obtenir. Ainsi cette funeste décision a, tout à la fois, retiré les uns des sentiers de la justice dans lesquels ils rentroient, et replongé les autres dans les angoisses de la pauvreté d'où ils alloient sortir" (pp. 56-60)
Et nos Évêques Réclamants de citer une lettre écrite au pape Pie VII par quelques émigrés dépossédés de leurs chez eux français : "Il restoit encore une étincelle de justice dans le cœur de ceux qui ont acquis nos biens..... Déjà plusieurs nous avoient écrit pour nous proposer un accommodement..... ainsi nous avons vu luire l'espérance de pouvoir au moyen des arrangemens qui nous étoient offerts, recouvrer une partie de nos propriétés..... et par-là pourvoir à nos besoins..... mais cet espoir, si consolant pour nous, est devenu bien éloigné lorsque..... tout récemment il a été décidé qu'il ne falloit plus contester la légitimité de la détention de nos biens, et que les prêtres ne pouvoient pas refuser d'absoudre sous prétexte de leur injuste détention..... Si une pareille décision pouvoit subsister, il n'est, Très-Saint Père, aucun homme sage qui ne voie, qu'au mépris des commandemens de Dieu, il faudroit dire avec des philosophes novateurs qu'un crime heureux cesse d'être crime : c'est pourquoi, ayant à nous plaindre d'un sort si énorme qui nous a été fait, nous nous prosternons humblement aux pieds de Votre Sainteté, et la supplions de ne pas permettre qu'une pareille décisions subsiste" (p. 60).
... Las !, pauvres malheureux !, c'était Pie VII lui-même soi-même qui, principalement par l'art. XIII du Concordat, avait pris cette décision ! Comment voulez-vous qu'il la rapporte, cette décision, puisque, fort loin d'ailleurs de la regretter, il s'y était engagé et y avait engagé tout son pouvoir pontifical devant tous les peuples et tous leurs chefs, surtout celui, Napoléon, dont il était littéralement obsédé, et ce, le plus publiquement possible !
... Dieu !!!, alors, quelle trahison inouïe dès 1801 sur le Siège de Pierre, sous tout rapport !! Et, considérant, affligés, atterrés, interdits, le pape Pie VII et tous les papes qui le suivront pendant tout le XIXème siècle puis le XXème, qui de plus aggraveront considérablement leur cas à partir de Vatican II, y corrompant la Foi par la corruption concordataire des Mœurs, jusqu'à François, considérant disais-je, tout cet amas d'iniquités pontificales, combien le redoutable mystère de Judas, mysterium iniquitatis, s'impose soudain à la réflexion catholique !
Pour finir l'exposé de leurs justes et catholiques griefs faits au pape Pie VII quant à l'affaire du Concordat, par trop bien fondé en Église et dans la Foi, les Évêques Réclamants sortent du Concordat à proprement parler, pour dénoncer quelques propositions hérétiques et antichrétiennes du Code civil napoléonien, dont la cheville ouvrière principale fut le franc-maçon Portalis, sur la question du mariage ; ce qui prouve outre-mesure, s'il était encore besoin de le faire mais il n'en est nul besoin, que l'État français de Napoléon (et de toutes les Républiques post-révolutionnaires qui le suivront) n'était pas ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, condition essentielle et fondamentale pour la validité du pouvoir politique comme l'enseigne saint Paul, condition subséquente, je le rappelle, pour avoir le droit d'être accepté validement dans un Concordat passé avec l'Église du Christ...
Jean-Étienne Portalis (1746-1807)
âme doctrinaire damnée de Napoléon
Nos Évêques Réclamants n'ont aucun mal à montrer que le Code Civil attaque très-hérétiquement les décrets du concile de Trente ainsi que les commentaires plus qu'autorisés qu'en a donnés le grand canoniste qu'était le pape Benoît XIV (1740-1758), sur beaucoup de points regardant le mariage, tel qu'il a été rétabli dans sa pureté originelle par Notre-Seigneur Jésus-Christ, à savoir :
1/ Donner à l'État le pouvoir de faire des dispenses d'empêchements dirimants, consanguinité ou autres (ce misérable impie plein d'orgueil qu'était Portalis osera par exemple dire : "Dans l'ancienne jurisprudence, les dispenses étaient accordées par les ministres de l'Église, mais en ce point, dans tout ce qui concernait le contrat, les ministres de l'Église n'étaient que les vice-gérens de la puissance temporelle" ― p. 69) ;
2/ Donner à l'État le pouvoir de faire la validité du mariage et l'enlever à l'Église ("Le mariage est un contrat qui, comme tous les autres, est du ressort de la puissance séculière à laquelle seule il appartient de régler les contrats..... Il est donc évident qu'il doit être défendu aux ministres du culte d'administrer le sacrement de mariage toutes les fois qu'on ne leur justifiera pas d'un mariage civilement contracté" ― p. 68...! Étonnez-vous, cher lecteur, qu'après ce sacrilège empiètement de l'État républicain athée sur les Droits de l'Église dérivant de ceux divins de Notre-Seigneur Jésus-Christ quant aux unions matrimoniales, fort bien acté comme on le voit dès les années 1800 du Code Civil, étonnez-vous disais-je, de la répartie de Colette Capdevieille, députée socialiste de la 5ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques, montant au créneau pour faire passer la loi Taubira : "Le mariage est une institution républicaine, et grâce à ce texte [la loi Taubira] il le deviendra encore davantage. Mais le mariage n’est pas sacré [!!!], sauf à considérer que le principe de laïcité est devenu caduc" ― Intervention de la ci-devant ci-derrière à l'Assemblée nationale, le 30 janvier 2013) ;
3/ Et bien entendu, donner à l'État le pouvoir d'introduire le divorce dans les mœurs matrimoniales des français (Une autre mauvaise herbe que Portalis, de commenter superbement, au nom du Gouvernement : "Le divorce ne doit pas être signalé comme un mal, s'il peut être un remède quelquefois nécessaire..... Dans les maux physiques, un artiste habile est forcé quelquefois de sacrifier un membre pour sauver le corps entier ; ainsi des législateurs admettent le divorce pour arrêter des maux plus grands : puissions-nous un jour par de bonnes institutions en rendre l'usage inutile ! (...) Mais jusque-là, gardons-nous de repousser un remède que l'état actuel de nos mœurs rend encore, et trop souvent nécessaire" ― Motifs de la septième loi, exposés par le citoyen Treilhard. Cod. Civil. tom. 1, Paris an XI, 1803 ― p. 75).
Nos chers Évêques Réclamants sont on ne peut plus fondés à fustiger d'importance et couvrir de confusion les sycophantes républicains impies et hypocrites de la Religion catholique dans ses Mœurs pures : "Ainsi Jésus-Christ se seroit trompé en rappelant pour toujours le mariage à son indissolubilité primitive ! C'est lorsque la terre couverte des ténèbres épaisses de l'idolâtrie étoit en même temps inondée d'un déluge de crimes, que le Dieu des sciences (I Reg II, 3), celui à qui aucune créature n'est cachée, aux yeux duquel tout est à nue, à découvert (Hebr IV, 13), qui connoît toutes choses avant même qu'elles se fassent (Dan XIII, 42), a statué que l'union conjugale seroit désormais indissoluble, comme elle l'avait été au commencement (Matth XIX, 8) : mais s'il faut en croire l'orateur dont il vient d'être fait mention, quand Jésus-Christ en qui habite véritablement et substantiellement toute la plénitude de la Divinité, a défendu pour toute la suite des siècles que l'homme séparât des époux que Dieu auroit unis, il n'a point aperçu cet abîme de désordres dans lequel se précipiteraient un jour des peuples qui auroient reçu la connaissance du vrai Dieu : il n'a pas prévu que dix-huit cents ans après sa vie mortelle, la corruption dès mœurs parmi des hommes qui feroient profession d'être ses disciples, seroit portée au point qu'il en résulterait une nécessité indispensable d'admettre le divorce, et il a fallu que la sagesse des législateurs modernes, suppléant au défaut de la législation de l'Homme-Dieu, apportât à la dépravation de ceux à qui ils donnent des lois, un remède proscrit par l'Évangile !" (pp. 75-77)
... On ne saurait mieux dire !! Combien, dans leurs judicieuses réflexions, se voient ici en transparence l'impiété et l'orgueil des révolutionnaires ! Mais on ne sera pas sans remarquer que cette prétendue justification d'une soi-disant nécessité de déborder la morale enseignée par Jésus-Christ qui avait lieu dans la période immédiatement post-révolutionnaire, se reproduit quasi à l'identique... de nos jours. La bénédiction des homosexuels n'est-elle pas dire à la Providence divine : "Tu n'as pas su prévoir que dans la période après Vatican II, les hommes n'auraient plus la force morale de respecter la Création de Dieu le Père, homme et femme, dorénavant il faut donc donner un statut moral aux hommes qui s'unissent entre eux..." !
Après avoir mis en montre l'impiété et la non-ordonnance au Bien commun, tant naturel que surnaturel, des sociétés politiques post-révolutionnaires, nos Évêques Réclamants commentent judicieusement et mettent le doigt où ça fait mal quant à l'illusionnisme mortifère dans lequel Pie VII voulait entretenir à faux son esprit, perverti de démocratisme et s'obsédant, s'obnubilant perseverare diabolicum sur une très-funeste et antichristique chimère : "Or, qui ne voit combien ces entreprises multipliées [de l'État républicain] sur les droits de l'Église, ces systèmes opposés à son enseignement, ces renversements de sa discipline, qui sont autant de traits lancés contre la Religion Catholique, s'accordent peu avec l'heureux rétablissement de notre Sainte Religion que Votre Sainteté avoit en vue de procurer en France" (pp. 70-71)... c'est le moins qu'on puisse dire !!
Mais laissons nos Pères françois dans la Foi conclure eux-mêmes la seconde série de leurs remarquables et si édifiantes Réclamations, etc. :
"À la vue de tous ces maux et de tant d'autres que nous passons encore maintenant sous silence [bien d'autres griefs pourraient en effet tout-à-fait encore être rajoutés...], nous ne pouvons nous empêcher d'adresser à votre Sainteté les mêmes paroles qu'adressait autrefois Saint Bernard au pape Eugène III votre prédécesseur : «Voyez, ô Père commun ! jusqu'à quel point votre religion a été surprise..... l'apparence du bien vous a trompé..... Mais maintenant que le zèle se lève, et qu'il déploie toute son énergie..... que Dieu vous inspire d'accueillir avec des sentiments paternels nos respectueuses représentations, et de faire une réponse [il n'y en aura aucune...] qui, donnant l'espoir de voir le bien renaître, procure une vraie consolation à nous tous qui sommes désolés à l'excès, et affligés au-delà de toutes expressions» (Epist. CCLXX ad Dominum Papam Eugenium).
"Et, prosternés aux pieds de Votre Sainteté, nous la conjurons humblement de nous accorder sa Bénédiction Apostolique.
"De Votre Sainteté,
"TRÈS-SAINT PÈRE,
"Les très-humbles et très-obéissans
"Serviteurs et Fils"
(p. 77).
[Suivent les signatures
des treize Évêques Réclamants
résidant en Angleterre]
"Le titre authentique était : Canonicæ et reverendissimæ
expostulationes apud SS. DD. Pium VII, divina Providentia Papam,
de variis actis ad Ecclesiam Gallicanam spectantibus.
Imprimée à Londres une traduction française en parut à Bruxelles l'an 1804,
une autre à Londres, l'an 1813, sous le titre indiqué plus haut.
Parmi les signataires figuraient trois noms nouveaux,
ceux des évêques de Tarbes, d'Orape, coadjuteur de l'évêque de Metz
et de «l'ancien évêque» de Rieux. Ne figurait pas l'évêque de Grenoble"
(Cf. Revue des sciences religieuses, t. XVI, 1936, C. Constantin, p. 371)
Tout au long de notre lecture de ces très-admirables Réclamations, etc., seconde mouture, comme du reste dans la première, on ne peut manquer de remarquer à quel point, dans tout leur texte, les Évêques Réclamants vénèrent la fonction pontificale de Pierre dans la personne de Pie VII, et d'en être profondément édifiés. Ils ont un tel respect du pape pourtant tombé dans les pires reniements au for public concordataire, qu'ils emploient moult et sans cesse la formule "contre l'intention de Votre Sainteté" lorsqu'ils sont obligés d'exposer les pires conséquences hérétiques du Concordat, ayant visiblement à cœur d'en décharger le pape, contre même, hélas !, l'évidence des actes ou décrets posés par Pie VII. Il n'est pas étonnant, dès lors, que leurs Réclamations, etc., première et seconde moutures, servirent de véritable bible à tous les groupes anti-concordataires qui vont naître dans la mouvance morale de nos bons Évêques Réclamants, se constituant par la suite ecclésialement ou bien non en Petite-Église. Et le comportement chrétien très-digne de la plupart d'entre les anti-concordataires, au niveau de leur piété, de leurs mœurs, souffrant sans haine la persécution de l'Église concordataire, fut souvent remarqué, avec étonnement, par les observateurs se penchant plus ou moins sociologiquement sur leurs communautés. L'accusation de jansénisme qui a été faite par certains contre eux n'est qu'une calomnie de plus à leur endroit : n'oublions pas qu'il faut salir préalablement celui qu'on a décidé d'égorger, ce qui est le propre de l'esprit sectaire, qu'on trouve en vérité beaucoup plus chez les concordataires que chez les anti-concordataires...
À propos de calomnies, je ne saurai passer sans réagir sur la Première lettre pastorale aux dissidents de la Petite-Église, à l'occasion du jubilé demi-séculaire, 25 octobre 1851, du cardinal Pie. Cette lettre infâme est une véritable et ignoble salauderie pleine d'emphase pompeuse, remplie hypocritement de mots de la Charité mais sans la Charité, dégoulinant de graisse ecclésiastique impure, pleine de suffisance de pharisien, et n'ayant en définitive qu'un seul et misérable but non-avoué : écraser l'anti-concordataire et ne pas même lui laisser la peau sur les os.
Qu'on en juge ! Cet évêque de Poitiers que des conservateurs obscurantistes ont dressé en statue à vénérer à genoux dans certains milieux tradis peu doués du côté de la cervelle, qui ne fut cardinal qu'un an avant de mourir, après avoir hypocritement esquivé la question doctrinale de fond, très-gênante en effet pour des carriéristes concordataires de son espèce, n'a voulu superbement en rester dans sa lettre "pastorale", qu'à étaler indécemment et mettre en grand relief l'état déplorable où subsistaient les anti-concordataires dans son diocèse. Il ose prendre comme base de son pamphlet scandaleux la situation misérable où ils se trouvaient réduits, souffrant dans leurs vies humaines forcément réduites sur le plan social, affligés de faim spirituelle, absence de Sacrements, etc., à cause de leur fidélité même à la pureté de la Foi : "Il n'entre pas dans notre dessein, ose dire cet histrion emphatique, de traiter à fond des questions [doctrinales ayant trait au Concordat] parfaitement éclaircies par tant de controverses pleines d'érudition et de solidité [mensonge éhonté, scandaleux, effet d'affiche misérable et hypocrite : ces controverses soi-disant victorieuses contre l'anti-concordatisme... n'existent pas ! Mais ce gros mensonge avait pour but d'assommer les gens simples que le méprisable orateur avait en face de lui...]. C'est en prenant la Dissidence dans son état actuel que nous voulons lui montrer qu'elle est évidemment hors de la vérité"...! C'est tout-à-fait comme si, pénétrant dans un camp de concentration nazi pendant la seconde guerre mondiale, vous jetiez à la tête des prisonniers dans un état physique lamentable, mourant de faim, de soif, etc., que leur état déplorable était la preuve que leur combat antinazi était mauvais !! Une telle attitude juge non pas les victimes mais celui qui les accuse, et peut-être même l'Église concordataire et pharisienne qui se cachait derrière le cardinal Pie.
Par contre, la lettre que le pape Pie IX lui-même adressa à quelques anti-concordataires en 1854, équilibrée et dépourvue de tout orgueil et de toute haine, est fort intéressante quant à l'exposé bien fait des raisons de fond que l'Église prétend donner pour soutenir l'orthodoxie du Concordat, elles nous permettent de voir qu'elles sont toutes controuvées et fausses. Je commence d'abord par citer intégralement cette missive du pape Pie IX, puis je la commenterai ensuite :
"Aux honorables Félix Costes et autres signataires de la lettre collective à nous adressée. PIE lX , PAPE.
"Hommes honorables, salut.
"La lettre par laquelle vous témoignez de votre dévouement envers notre personne et le Saint-Siège, a été pour nous un grand sujet de consolation. Quant aux questions que vous posez, nous répondons que Pie VII, notre prédécesseur, de glorieuse mémoire, dans le Concordat de 1801 et dans ses actes de la même année et de la suivante, après mûr et libre examen de l'état des choses, a, il est vrai, usé de remèdes extraordinaires pour rétablir en France l'exercice public de la religion catholique et obvier ainsi aux périls que couraient les âmes, en raison de la difficulté des secours spirituels, mais qu'il n'a jamais rien statué ni fait contre la doctrine proclamée par Pie VI, son prédécesseur, dans ses lettres apostoliques concernant les affaires de France ; nous répondons ensuite que Pie VII lui-même n'a jamais, en aucune manière, approuvé les réclamations des évêques qui n'avaient pas voulu consentir aux mesures prises par lui pour la réorganisation des Églises de France, et que, bien plus, ces mêmes réclamations ont été condamnées par un décret de la Congrégation de l'Index et par l'autorité du même souverain pontife ; nous répondons, en outre, que Pie VII, le 24 mai 1802, a publiquement demandé la correction des articles organiques, peu de jours auparavant décrétés à son insu par le gouvernement français et promulgués à Paris en même temps que le Concordat, et il n'a cessé, dans la suite, d'improuver par des plaintes réitérées ces mêmes articles, en tant que contraires aux lois divines et ecclésiastiques ; nous répondons enfin que non seulement vous pouvez, mais encore que vous devez absolument vous mettre en communion avec les prêtres qui exercent parmi vous le saint ministère, sous l'autorité de notre vénérable frère Jean-François Croizier, qui a été fait évêque de Rhodez par notre prédécesseur immédiat, Grégoire XVI, et qui gouverne cette église en pleine communion avec nous.
"En effet, les véritables enfants du Saint-Siège et de la sainte Église catholique doivent reconnaître comme les vrais pasteurs des diocèses de France tous les prélats qui ont été préposés aux Églises de France par Pie VII, ou par ses successeurs Léon XII, Pie VIII et Grégoire XVI, ou par Nous-même. Rappelez-vous la déclaration dogmatique du Concile de Trente sur cette matière, dans sa session XXIII, canon 8, qui porte : "Si quelqu'un dit que les évêques qui sont établis par l'autorité du pontife romain ne sont pas légitimes et vrais évêques, mais une invention humaine, qu'il soit anathème !" Hâtez-vous d'acquiescer à nos avertissements, et, sans plus tarder, revenez à l'obéissance à votre évêque, auprès duquel vous trouverez tous les secours spirituels dont vous avez besoin, afin que, purifiant vos âmes des œuvres mortes et accomplissant les commandements de Dieu et de Son Église, vous obteniez le salut, qui est la fin de votre foi. Quant à nous, dans notre sollicitude à cet égard, nous vous recommandons à Dieu et à la parole de Sa grâce, et nous aimons à espérer que bientôt nous recevrons l'heureuse nouvelle de votre retour à la communion de votre évêque ; c'est alors que nous pourrons reconnaître dans chacun de vous un fils bien-aimé, réellement uni et respectueusement soumis au Saint-Siège et à Nous, qui y sommes assis, et vous donner, avec toute l'affection de notre paternelle charité, la bénédiction apostolique.
"Donné à Naples, au faubourg de Portici, le dix mars de l'année 1854, le quatrième de notre pontificat.
"PIE IX, PP.
"Nous certifions que cette traduction remplit fidèlement le texte original et y est en tout point conforme.
"CÉLESTIN, card. Du PONT, Archevêque de Bourges".
Cette lettre émanant du pape Pie IX en tant que docteur privé n'est qu'un tissu de faux raisonnements, dont il est évidemment très-important de montrer au grand jour les sophismes pour la gloire et le triomphe de la Vérité vraie, au moins dans les âmes, à cause même, bien évidemment, de l'autorité suréminente de son auteur pontifical.
Le raisonnement de fond de Pie IX pour justifier le Concordat est de dire, d'ailleurs à la suite de son prédécesseur Pie VII, que ce dernier a "usé de remèdes extraordinaires pour rétablir en France l'exercice public de la religion catholique et obvier ainsi aux périls que couraient les âmes".
Premièrement, son pouvoir pontifical suprême, même étendu dans la plénitude absolue de son exercice, n'était pas habilité à user des remèdes extraordinaires dont il s'est servi, et dont le principal est bien sûr la totale, incroyable et radicale refonte des diocèses en France, comme comprenant absolument toutes les personnes épiscopales et toutes les structures géographiques remontant aux assises chrétiennes mêmes de la France. Je l'ai exposé dans mon premier article : de par la Constitution divine même de l'Église, le droit divin pontifical n'est pas absolutiste comme les concordataires veulent le croire, mais seulement tempéré. C'est-à-dire que si le pape est effectivement bien le maître de la juridiction, si même il est au-dessus du Droit canon, il n'a cependant aucun pouvoir sur le droit divin constitutif de l'Église, tel que le Christ l'a confectionné lorsqu'Il est venu sur terre il y a 2 000 ans, très-notamment le droit divin épiscopal une fois celui-ci mis canoniquement en œuvre.
Si le pape a effectivement bien un pouvoir discrétionnaire absolu sur la juridiction épiscopale en amont, c'est-à-dire pour donner à un évêque une portion du troupeau du Christ, une église particulière ou diocèse (aucun évêque en effet n'a le pouvoir de se donner à lui-même une juridiction en Église), une fois et dès lors qu'il a institué canoniquement le nouvel évêque dans cette église particulière qui devient très-théologiquement son épouse, le droit divin épiscopal se développe immédiatement à équiparité en face du droit divin pontifical. On pourrait tout-à-fait dire, en prenant la juste comparaison avec ce qui se passe dans les périodes de vacance du Siège de Pierre par mort de pape, lorsque tous les cardinaux, assumant en corps d'institution la Juridiction universelle mettent rituellement leur rochet à découvert par-dessus tous leurs autres vêtements, insigne vestimentaire qui symbolisait leur pouvoir juridictionnel : une fois l'évêque canoniquement institué dans son diocèse par le pape, dès lors véritablement uni par un lien sponsal très-sacré créé par le Saint-Esprit avec son épouse-église, il a immédiatement et formellement, lui aussi, son rochet à découvert. Ce qui signifie, et les Évêques Réclamants le diront assez et en exposeront avec soin les assises et racines scripturaires et traditionnelles très-catholiques (et non gallicano-conciliaristes, comme de vils calomniateurs ou ignorants ne connaissant pas leur théologie tâcheront en pure perte de le faire accroire) dans leur première mouture de Réclamations, etc., comme nous l'avons vu ensemble dans mon précédent article, ce qui signifie disais-je, que le pape, sur l'évêque une fois dûment institué, n'a pas le pouvoir de le destituer par seul motu proprio pontifical (il y faut adjoindre alors, pour la validité de la destitution, soit l'accord de l'évêque lui-même, soit procès en cour de Rome prononçant légitimement la destitution de l'évêque, et dans ce cas, le motif n'en peut être qu'une faute grave de l'évêque, à l'exclusion de toute autre raison). Supposer que le pape aurait le droit de destituer validement un évêque par seul motu proprio pontifical serait juste supposer que le droit divin du pape a le pouvoir de supprimer le droit divin de l'évêque, ce qui, théologiquement, est bien sûr une aberration, une absurdité complète, comme aboutissant à une sorte de hara-kiri radical de l'Église.
Rochet plissé
Deuxièmement, à supposer, ce qui n'est donc absolument pas le cas, que le pape Pie VII aurait eu le pouvoir de destituer tous les évêques de Louis XVI par seul et simple motu proprio pontifical, comme il l'a fait, mais de soi invalidement, dans le Concordat, le but d'un tel acte, comme croit pouvoir l'affirmer mais à gtand'tort le pape Pie IX après Pie VII, n'était pas du tout "pour rétablir en France l'exercice public de la religion catholique", mais pour établir en France, et non rétablir, son exact et satanique contraire : un succédané très-damné de Religion catholique, amputé d'un de ses deux éléments constitutifs essentiels, à savoir les Mœurs. La Religion catholique, en effet, ce n'est pas seulement la Foi, c'est, à égalité, la Foi ET les Mœurs. Or, pour que le rétablissement authentique de la Religion catholique dans un pays donné soit un fait avéré, que le but affiché par Pie VII soit vérifié, il faut sine qua non que, non pas seulement la Foi, mais les Mœurs avec la Foi, soient rétablies dans toute leur intégrité catholique, ce qui présuppose et exige formellement que la Religion catholique soit la seule Religion à régner au for public, sociopolitique, c'est-à-dire soit Religion d'État. Sinon, à défaut de la liberté des enfants de Dieu dans le for public, à défaut du rétablissement intégral des Mœurs autrement dit, il est totalement faux et mensonger de parler de rétablissement de la Religion catholique, comme l'a prétendu Pie VII, et comme, à sa suite, le prétend Pie IX dans sa lettre. Le rétablissement de la Religion catholique, c'est en effet à la fois le rétablissement de la Foi et des Mœurs, et si l'un seulement est rétabli à défaut de l'autre, la Foi sans les Mœurs, ou les Mœurs sans la Foi, alors, c'est mentir de dire qu'il y a rétablissement de la Religion catholique. La Religion du Dieu véritable, en effet, c'est tout, ou rien. Pour bien le comprendre, on peut prendre l'exemple de l'être humain. Un être humain, c'est une âme et un corps. Il serait vain, et on le comprend facilement, de prétendre qu'un être humain puisse être dit existant avec seulement une âme (= la Foi), sans que son corps (= les Mœurs) existât et lui soit obligatoirement adjoint.
Or, l'État constitutionnellement athée français de Napoléon fait régner dans le for public, ce qui a directe incidence sur les Mœurs, non pas la Religion catholique, mais l'indifférentisme religieux le plus absolu tiré d'un principe constitutif de sa constitution athée, toutes les religions, la vraie mélangée avec les fausses étant toutes constitutivement réputées égales en droit. Le Concordat ne rétablissant donc en France la Religion catholique que seulement au niveau de la Foi, mais ne la rétablissant nullement au niveau des Mœurs (c'est tout le contraire qui est vrai, car il détruit très-concrètement les Mœurs catholiques rien qu'en acceptant comme partenaire concordataire l'État français athée qui professe l'indifférentisme religieux dans les Mœurs au for public), il est donc totalement faux et mensonger de parler de rétablissement de la Religion catholique en France par le moyen du Concordat, comme le font tous les papes concordataires et post, Pie IX, donc, ainsi qu'on vient de le lire, après Pie VII. Le rétablissement de la Religion catholique en France aurait été vrai après le Concordat, si, et seulement si, comme dans les temps très-chrétiens d'Ancien-Régime, la Religion catholique avait été déclarée par l'État seule Religion existante au for public, ce qui n'est pas du tout le cas après le Concordat.
Mais puisque donc le but de l'opération concordataire était un mauvais but, non pas le rétablissement de la Religion catholique en France mais l'établissement nouveau d'un succédané très-damné de Religion catholique soumise à une puissance politique constitutionnellement athée corrompant radicalement ses Mœurs, Pie VII n'était théologiquement fondé à n'employer aucun moyen, qu'il soit extraordinaire ou bien non, pour le mettre en œuvre, attendu que le pape n'a le droit d'œuvrer légitimement en Église que pour le Bien-Fin de l'Épouse du Christ et jamais pour un mauvais but.
C'est donc rien moins que sous deux motifs théologiques fondamentaux, dont l'un comme l'autre est formellement dirimant pris tout seul, que le pape Pie VII n'avait pas le droit d'employer ce que Pie IX appelle "les remèdes extraordinaires" : 1/ son pouvoir pontifical ne pouvait théologiquement s'étendre jusqu'à les employer ; et 2/ le but mauvais qu'il poursuivait, cependant, comme le disent si bien les Évêques Réclamants, "contre l'intention de Votre Sainteté", Pie VII n'ayant certes aucune mauvaise intention de mal faire, lui interdisait formellement de les prendre, eût-il pu théologiquement les prendre...
Troisièmement, le pape Pie IX croit pouvoir préciser, dans la dernière partie de sa formulation, que le rétablissement de la Religion catholique en France, "obvi[ait] ainsi aux périls que couraient les âmes". Allons...!!, voyons, soyons sérieux : comment supposer une seule seconde que, les Mœurs de cet établissement nouveau de l'Église catholique en France, et non son rétablissement, étant complètement prostituées à un État constitutionnellement athée, ce succédané très-damné de Religion catholique puisse favoriser et travailler au salut des âmes...?!? Les papes concordataires et post, se mettant un bandeau d'aveuglement sur les yeux, naviguent là en pleine absurdité, en plein mensonge même.
Pour n'évoquer que quelques faits qui contredisent totalement que le Concordat œuvrait au salut des âmes, au salus animarum, est-ce en faisant sacrilègement prier à l'église, dans les solennités du rite, pour le salut d'une République constitutionnellement athée... que le Concordat œuvrait au salut des âmes ? Est-ce en faisant des évêques et des curés, des serviteurs à la botte d'un État constitutionnellement athée, en les obligeant rigoureusement à lui prêter serment et à lui dénoncer tout opposant au régime athée... que le Concordat œuvrait au salut des âmes ? Est-ce en obligeant les fidèles à rendre le devoir d'obéissance aux lois civiles républicaines athées, n'ayant sournoisement en vue profonde que la destruction de la Religion catholique, comme le divorce, le fait de réputer valide le mariage par l'État et non plus par l'Église, ce qui est parfaitement hérétique et condamné par le concile de Trente, le fait de voir l'État athée s'arroger le droit sur les dispenses de mariage... que le Concordat œuvrait au salut des âmes ? Est-ce en faisant table rase du droit de propriété, en légitimant par l'art. XIII le vol et le dol des biens non seulement ecclésiastiques, mais par extension morale tous les biens volés des émigrés et des français ayant déplu à la Révolution (et c'était donc la sanior pars des français), d'une manière en définitive très... communiste !... que le Concordat œuvrait au salut des âmes ? Est-ce en donnant sacrilègement "les droits et prérogatives" réservés aux rois très-chrétiens, aux consuls de l'État français constitutionnellement athée, avec possibilité pour eux de se servir du droit d'exclusive dans le conclave (!)... que le Concordat œuvrait au salut des âmes ?
Et je pourrai encore continuer très-longtemps la maudite liste. Il suffit d'ailleurs de relire les Réclamations, etc., première et seconde moutures, pour voir que la matière ne manque hélas pas... Mais ce qui était indiscutablement le point le plus préjudiciable au salus animarum des français, résidait évidemment dans le non-Règne du Christ et de sa Religion véritable au for public de l'État français de Napoléon. Tout le reste en découlait. Comme disaient si bien les Évêques Réclamants : "ils [les sacrifices faits par Pie VII sur l'autel de Napoléon] n'ont abouti qu'à rendre plus déplorable l'état de cette Religion sainte [en France], et à la mettre, pour ainsi dire, à deux doigts de sa ruine totale".
La vérité, en effet, c'est que les Mœurs concordataires pourries ainsi confectionnées ne pouvaient avoir la vocation réprouvée que de pourrir tôt ou tard, quoique occultement et insensiblement au fil du temps, la Foi elle-même des catholiques obligés de vivre ces Mœurs pourries, par contamination obligée... ce qui a fini par être explicité abominablement, au bout de quelqu'un siècle et demi, au concile Vatican II. De plus, il ne faudrait pas oublier le point essentiel du débat : le pape Pie VII attentait au criterium de validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul en Rom XIII, rien qu'en acceptant comme partenaire concordataire un pouvoir politique constitutionnellement athée, réputant ainsi formellement la validité à une puissance qui était invalide comme n'étant pas ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, ce qui est hérétique.
Mais je continue maintenant à lire l'intéressante missive du pape Pie IX. Il nous affirme que le pape Pie VII "n'a jamais rien statué ni fait contre la doctrine proclamée par Pie VI, son prédécesseur, dans ses lettres apostoliques concernant les affaires de France". Si l'on regarde uniquement la grande affaire de la Constitution civile du Clergé, à laquelle semble faire allusion Pie IX, c'est presque vrai. Je dis presque, parce que si, théoriquement, le pape Pie VII n'a rien supprimé des justes et catholiques condamnations de Pie VI relativement à la Constitution civile du Clergé, il n'en a pas moins, cependant, dans la restructuration fort impurement mélangée de l'épiscopat français suite au Concordat, laissé beaucoup d'évêques constitutionnels remplir les nouveaux Sièges épiscopaux sans faire ni vouloir faire aucune abjuration (ce que Napoléon avait exigé, et, comme pour tout le reste et le reste du reste, Pie VII fut obligé de lui céder sur ce point), comme l'ont bien fait remarquer nos Évêques Réclamants dans la première série de leurs Réclamations, etc. Voilà qui nuance un peu et même sévèrement, le propos de Pie IX.
De plus, il n'est pas du tout vrai de dire que Pie VII n'a rien fait contre ce qu'a fait Pie VI pour lutter contre la Révolution : en 1790-91, nous l'avons vu dans la première mouture des Réclamations, etc., Pie VI s'était opposé fermement au désossement, à la désarticulation des diocèses français déjà voulue par l'Assemblée Nationale, se retranchant d'ailleurs fort habilement, on l'a vu, derrière l'autorité des évêques français ; or, l'État français de Napoléon reprenant dans le Concordat pour copie conforme et ne varietur le projet des révolutionnaires qui ne datait que de dix ans, Pie VII s'est quant à lui positionné au rebours complet de ce positionnement catholique de Pie VI, non seulement en acceptant la restructuration tabula rasa des diocèses français, mais de plus, loin de respecter et de se retrancher derrière l'autorité des évêques, il n'a fait que suivre la volonté "apostolicide" de Napoléon en les guillotinant pontificalement ! C'était bel et bien là se positionner du tout au tout, radicalement, contre ce qu'avait fait le pape Pie VI ! Autre point aussi grave où l'on trouve Pie VII en contradiction flagrante et formelle avec Pie VI : son très-exécrable art. XIII, qui légitime la possession par vol des biens ecclésiastiques, ce que Pie VI avait formellement condamné, comme on l'a bien vu. Le moins qu'on puisse dire, donc, c'est qu'on ne peut vraiment pas souscrire à l'affirmation de Pie IX, comme quoi Pie VII n'aurait rien fait contre le positionnement à la fois doctrinal et pratique de son immédiat prédécesseur, Pie VI, dans la période révolutionnaire...
Mais j'arrive maintenant, dans la lettre de Pie IX, à la cerise sur le gâteau. "Nous répondons ensuite que Pie VII lui-même n'a jamais, en aucune manière, approuvé les réclamations des évêques qui n'avaient pas voulu consentir aux mesures prises par lui pour la réorganisation des Églises de France, et que, bien plus, ces mêmes réclamations ont été condamnées par un décret de la Congrégation de l'Index et par l'autorité du même souverain pontife".
Voilà qui rappelle que lorsque Notre-Seigneur Jésus-Christ comparut devant le sanhédrin et Caïphe, après leur avoir vertement rappelé la vérité, un sbire le gifla. "Un des satellites, qui se trouvait là, donna un soufflet à Jésus, en disant : «Est-ce ainsi que Tu réponds au grand prêtre ?» Jésus lui répondit: «Si J'ai mal parlé, montre ce que J'ai dit de mal ; mais, si J'ai bien parlé, pourquoi Me frappes-tu ?»" (Jn XVIII, 22-23)
Je crois que les Évêques Réclamants pourraient en dire de même : POUR QUELLE VÉRITÉ DANS NOS RÉCLAMATIONS, ETC., NOUS SOUFFLÈTES-TU, NOUS FRAPPES-TU, Ô ROME CONVERTIE À LA BABYLONE ANTICHRISTIQUE DES NATIONS DEPUIS LE CONCORDAT ?
Quel scandale digne de pharisiens, que cette inique mise à l'Index des vérités qui dérangent, que les grands-prêtres, pardon, les papes concordataires ne peuvent faire taire, n'ayant plus dès lors que l'issue des méchants, scandaleuse et réprouvée, de les assassiner ecclésialement ! Comme ce genre de procédé est honteux pour l'Église concordataire, comme il dénonce bien son mauvais chemin emprunté !! On ne peut plus penser à de l'innocence, là, nous sommes en pleine malice de pharisien, et il est bon de rouvrir certaines pages d'Évangile... Cette condamnation ecclésiastique du Juste persécuté ne dérange cependant pas beaucoup. Attendu que le premier excommunié injustement par une Église officielle, s'appelle Jésus-Christ Lui-même Soi-même. Et ma foi, le sort n'est pas trop mauvais de se trouver en compagnie de Jésus-Christ condamné injustement non moins qu'ecclésialement. C'est en souriant comme le fit Mgr Lefebvre dans son sermon du sacre des quatre évêques en juin 1988, que je dirai moi aussi : "Ils vont encore nous dire schismatiques !, ils vont lancer haut en l'air le grand mot de schisme !" disait-il en riant...
Quant aux Articles organiques, le pape Pie IX ne pouvait, dans sa lettre, qu'avoir vraiment beaucoup de mal à s'en... dépatouiller et à en... débarbouiller son prédécesseur Pie VII. Pie VII n'a cessé, durant de longues et infructueuses années, s'empresse-t-il de mettre en montre et en avant, de réclamer leur abolition près l'État français de Napoléon ? C'est très-exact, mais ce qui l'est encore plus, c'est que, dans le principe de la chose, il s'était engagé lui-même, pape Pie VII, dans le corps du texte concordataire, à l'art. 1, à... les suivre, à y obtempérer ! Les Évêques Réclamants soulignaient à combien juste titre cette contradiction tellement significative de Pie VII, une de plus soit dit en passant, rappelons-nous, c'était dans leurs premières Réclamations, etc. : "Plût à Dieu qu'on n'eût pas donné occasion à ces Articles [organiques], en souscrivant purement et simplement, sans aucune précaution, à la seconde partie du premier article de la susdite Convention du 15 Juillet 1801, lequel est conçu en ces termes : «La Religion catholique, apostolique et romaine sera librement exercée en France..... en se conformant aux règlements de police que le Gouvernement jugera nécessaires pour la tranquillité publique»". Or, les Articles organiques n'étaient rien d'autres que ces... "règlements de police que le Gouvernement a jugé nécessaires pour la tranquillité publique"...! Il est bien dit là, le plus clairement du monde, que c'est le Gouvernement qui a l'autorité pour juger ce qui est nécessaire à la tranquillité publique, et lui seul ! Sans avoir à en référer au pape, ni lui demander son avis, encore moins son placet. Stipulation que le pape a acceptée rien qu'en signant le Concordat. Le Gouvernement n'a donc fait que mettre en application cet art. 1er par les Articles organiques. Mais qu'avait donc à y redire Pie VII, sinon à manger la honte de son inconséquence ?
Et les Évêques Réclamants d'en conclure fort justement : "Hélas ! cette Convention [le Concordat], prise dans tout son ensemble, loin de guérir les maux de l'Église, n'a fait que les aigrir (sans doute contre l'intention de V. S.) mais la seconde partie de l'article premier lui a été spécialement funeste, parce qu'elle a fourni à la Puissance séculière l'occasion de s'emparer du Gouvernement spirituel, occasion qu'elle n'a eu garde de laisser échapper. Oui, voilà ce qui lui a applani le chemin pour en venir à tant d'étonnantes dispositions, auxquelles un Catholique ne peut penser sans la plus vive douleur. Et comme, d'une part, V. S. a formellement reconnu dans son Allocution du 24 Mai 1802, que lesdits Articles, tels qu'ils sont, mettent obstacle à l'exécution de ce qui est prescrit par la Constitution de notre Sainte Religion, ainsi qu'à l'exacte et fidèle observance de la Discipline établie par les loix de l'Église ; et que de l'autre ces mêmes Articles, tels qu'ils existent, sont des règlements de Police qui ont force de loi en France, et auxquels on est tenu de se conformer dans l'exercice de la Religion ; il s'en suit évidemment que la Religion catholique, apostolique et romaine, est aujourd'hui exercée en France, sous la condition expresse, que ses Ministres obéiront à des réglemens qui, au jugement de V. S. elle-même, s'opposent à ce que l'on pratique ce qu'exige la divine Constitution de notre Sainte Religion, et à ce que l'on observe fidèlement la salutaire Discipline que l'Église a établie par ses loix" (Premières Réclamations, etc., pp. 94-101). Et que voilà-t-il pas, soit dit en passant, une raison de plus, que j'ai oubliée de consigner tout-à-l'heure, comme quoi il était faux et mensonger de dire, comme Pie IX voulait le dire, que le Concordat "obvi[ait] ainsi aux périls que couraient les âmes" ! Loin d'y obvier, il y précipitait les âmes, en les obligeant, par l'inconséquence damnable de Pie VII, à l'obéissance aux Articles organiques !!
Avouez qu'on ne saurait mieux dire que ne le firent nos chers Évêques Réclamants... mais Pie IX, quant à lui, se garde bien de le dire ! Il préfère souscrire, comme on le comprend, à l'interdiction pharisaïque de lire ces vérités dénonciatrices condamnant le très-mauvais chemin pris par la papauté concordataire et post...!
... Quant à moi, écrivain catholique ainsi que je signe tous mes articles, et de plus l'étant de manière insupportablement invétérée et, j'espère, impénitente, n'ayant abyssalement que foutre ni que faire des oukase pharisiens de l'Église concordataire cependant légitime, lesquels n'ont aucune valeur devant la Cour éternelle de Dieu, je préfère de beaucoup m'inspirer, genou en terre, en tant que catholique véritable, des derniers cris du cœur de Mgr Alexandre de Lauzières-Thémines (1742-1829), l'évêque Réclamant si édifiant de Blois, qui sentent si bons la bonne odeur du Juste persécuté, et auxquels mes deux derniers articles tâchent un peu de faire écho et de répondre : "Le plus nécessaire sera de parler après notre mort, pour que les simples fidèles soient sauvés dans leur simplicité, et que les enfants de lumière marchent dans la Lumière... Plaise au Ciel que les Réclamations et Oppositions de l'Église Gallicane soient perpétuées jusqu'au redressement des torts et des injures, qu'un cri Apostolique fasse entendre partout, comme il s'est déjà entendu quelque part : PERSONNE DANS L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST N'A LE DROIT DE FAIRE DES INTRUS" (Lettre à Louis XVIII, 15 octobre 1817) ; dans un autre endroit, le même prélat, de s'écrier : "Si tout est perdu, la vérité nous reste !" ; ou encore ceci, qui, bien sûr, n'est pas sans me toucher personnellement et même profondément : "Plusieurs prétendent que les laïques ne doivent pas se mêler de cette affaire religieuse, et moi je dis que la succession Apostolique est au contraire le dogme salutaire de tout le monde. OMNIS HOMO MILES [Tout homme est soldat]" (Lettre à un ancien magistrat, 20 août 1825) ― (cf., pour les citations de ce § : https://www.jstor.org/stable/44814719).
Mgr de Lauzières-Thémines, issue d'une vieille et noble famille de France, "se voua à l'état ecclésiastique avec élan et piété. Il avait une belle fortune et tous les avantages de la naissance, de l'éducation et du talent. Il fut, tout jeune, grand-vicaire de Senlis et aumônier du Roi. À trente-trois ans, il était appelé à l'épiscopat et sacré à Blois, le 6 octobre 1776. Pendant vingt-cinq ans, il administra son diocèse dans la paix et la charité, et sa vie était aussi édifiante que bien remplie. Il parut quelquefois dans les chaires de Paris en de solennelles circonstances, comme par exemple pour prêcher l'Oraisons funèbre de l'Impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, le 30 mai 1781, en l'église Cathédrale, devant le plus brillant auditoire. Mgr de Thémines était un digne et pieux évêque, entouré de la vénération du clergé et des fidèles. Tous lui en donnèrent la preuve, quand la Constitution civile fut décrétée. La lettre si touchante qu'il écrivit aux administrateurs du département de Loir-et-Cher est instructive à cet égard. «... Ce serait, dit Mgr de Thémines, un honneur et un devoir très consolant pour moi de n'avoir qu'à vous remercier des égards que M. le Président a bien voulu me témoigner de votre part ; mais les ministres de Jésus-Christ ne peuvent plus guère apercevoir des égards, dès qu'ils n'accompagnent que la subversion des règles et de l'autorité de l'Église : ils ne peuvent y répondre que par l'expression de leurs sentiments et de leur douleur».
"Il se livra un rude combat dans son cœur quand il fallut prendre parti. «... Des fidèles qui se croient abandonnés ! Des vierges consternées dans les cloîtres ! Le jeune clergé qui se voit sans appui ! Nous nous sommes trouvé accablé sous le poids de tous ceux qui gémissent ; et quand on est pasteur, conseil et père de cette nombreuse famille, ah ! il faut avoir un cœur de bronze pour ne pas défaillir comme Rachel, “qui ne veut pas se consoler, parce ses enfants ne sont plus”. Il est des moments où il faut, comme les Apôtres, entrer dans le Cénacle avec les gens de bien, pour demander les secours que la terre ne fournit pas». Il protesta avec force et dignité contre l'élection de l'intrus Grégoire [venant usurper son Siège de Blois, comme évêque constitutionnel civil], qui devait devenir le chef de l'Église constitutionnelle ; et ce devoir accompli, il prit avec une grande tristesse le chemin de l'exil. Il ne se consola jamais d'être éloigné de son diocèse et de sa cathédrale, et il conserva, jusqu'à son dernier jour, l'espérance d'y reprendre sa place. À la Restauration de 1814, pressé à diverses fois par ses amis de revenir à Paris, comme plusieurs de ses confrères, il répondit : «Pour ramener un évêque français dans sa patrie après tant de tourmentes, il ne suffit pas de la restauration de la monarchie, il faut de plus l'entière et parfaite restauration de la religion de nos pères». Mgr de Thémines quitta l'Angleterre pour venir se fixer à Bruxelles, où il vécut en paix ses dernières années. Il mourut à Bruxelles, le 2 novembre 1829, à l'âge de quatre-vingt-huit ans (cf. http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2019/06/17/37417472.html)".
Mgr Alexandre de Lauzières-Thémines (1742-1829)
... Une grande tristesse et souffrance morale,
celle du Juste persécuté, n'est-elle pas empreinte sur le visage
de cet homme dont les habits ne sont plus vraiment ceux d'un évêque ?
"La vérité a été en oubli, et celui qui s'est retiré du mal a été dépouillé" (Is LIX, 15)
À son lit de mort ou peu s'en faut, Mgr de Lauzières-Thémines se résigna héroïquement à faire sa soumission au pape Pie VII, et reconnut, dans le principe de l'acte, le Concordat. En cela, et comme je le professe de faire moi-même, il accepta d'être crucifié avec l'Église, de vivre (et mourir en même temps) "LA PASSION DE L'ÉGLISE", endossant généreusement et prenant là le rôle de saint Jean au pied du Calvaire Rédempteur, quand, de leur côté très-imparfait, les clercs, grands ou petits, de l'Église concordataire, rejetant très-loin d'eux d'embrasser cette "PASSION DE L'ÉGLISE", ne voulant surtout pas prendre conscience de l'hétérodoxie viscérale et irréformable de la doctrine du Concordat qui leur aurait fait comprendre cette "PASSION DE L'ÉGLISE", frayaient donc avec les onze Apôtres sur douze qui fuirent coupablement la Passion du Christ, et dont l'un d'entre eux, il est toujours bon de s'en rafraîchir la mémoire, est mort en odeur de damnation.
Il est en effet très-important, dans notre affaire, de comprendre ceci : une chose est d'accepter l'acte magistériel du Concordat, qui sont les clous qui crucifient l'Église sur la croix de la co-Rédemption, parce qu'il émane du pape légitime, une toute autre chose ou plus exactement dit un autre devoir aussi grand et aussi nécessaire à remplir quand on est catholique, est de condamner absolument la doctrine du Concordat moderne post-révolutionnaire, un devoir que ne comprennent absolument pas ceux qui font haro sur les anti-concordataires, ces derniers étant catholiques dans cette dénonciation et condamnation quand les concordataires ne le sont pas de ne pas la dénoncer ni la condamner. On est catholique véritable quand on satisfait à l'un ET à l'autre devoir, on ne l'est pas si l'on remplit seulement l'un SANS l'autre, soit condamner la doctrine du Concordat mais en refusant de faire allégeance au pape Pie VII et donc reconnaître la validité du Concordat, à la manière schismatique des sédévacantistes actuels, soit accepter le Concordat et bien sûr la légitimité du pape Pie VII mais sans dénoncier ni condamner l'hétérodoxie doctrinale du Concordat (et les deux devoirs peuvent et doivent être remplis tous les deux, attendu, quant au second, que le péché doctrinal du Concordat est ordonné à l'économie de la Passion du Christ, au "être fait péché pour le salut" que saint Paul enseigne en II Cor V, 21, c'est-à-dire à un simple péché matériel sans coulpe, et non bien sûr à un péché formel qui ne pourrait que signifier que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église", ce qui bien sûr est impossible). La perfection catholique réside en effet dans l'acceptation crucifiée de l'Acte concordataire, tout en condamnant et rejetant la doctrine hérétique qu'il contient de très-multiples façons (c'en est même un feu d'artifices...).
Justement, le pape Pie IX finit sa missive sur le prêchi-prêcha facile et ficelle, venant de l'Église concordataire certainement légitime, celle de Rome, en direction de fidèles anti-concordataires sur sa marge, dans "les périphéries" dirait François : Revenez, chers enfants du Seigneur, dans le Bercail du Christ. Il faut continuer à en dire quelques mots, pour bien exposer ce qu'est "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
Bien sûr, c'est vrai, il faut vivre sa Foi en Église en étant dans l'obédience des prêtres, et évêques, et papes, certainement légitimes. Mais je le redis encore une fois ici, car c'est le plus important à comprendre : dans le contexte cataclysmique et apocalyptique de "la crise de l'Église", qui commence au Concordat et qui se continue par Vatican II en attendant le règne de l'Antéchrist-personne, la seule manière de vivre sa Foi en Église en toute orthodoxie est de professer puis de vivre spirituellement "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
Seule en effet, "LA PASSION DE L'ÉGLISE" peut permettre au catholique de comprendre que l'Épouse du Christ puisse être "faite péché pour le salut" (II Cor V, 21), sans pour cela aucunement qu'elle le soit avec coulpe, faute réelle séparant de Dieu, et bien entendu, subséquemment, sans qu'elle ne soit plus l'Épouse légitime du Christ. Que ce soit dans l'occurrence peccamineuse du Concordat, quant au péché pontifical commis contre les Mœurs, ou dans celle non moins peccamineuse du Concile Vatican II, quant au péché pontifical commis cette fois-ci contre la Foi. C'est ainsi, et ainsi seulement, par "LA PASSION DE L'ÉGLISE", que le fidèle catholique peut être prémuni du scandale de la Foi, sans verser de babord ou de tribord, ni dans le schisme ni dans l'hérésie voire l'apostasie. Appréciation réelle de la situation ecclésiale moderne qui permet donc au catholique, et elle seule le lui permet, de continuer à entretenir sa Foi, comme il doit le faire, dans l'Église de Rome, toujours légitime, tout en prenant parallèlement bien conscience, ce que ne font pas les concordataires ou les conciliaires, du péché matériel inhérent à l'économie de la Passion du Christ, dans lequel péché matériel, désormais, gît, et vit et meurt, l'Église, qu'il s'agisse du péché concordataire ou de celui conciliaire, signe topique de sa crucifixion sur la croix de co-Rédemption, dans l'attente non certes de sa mort mystique qui aura lieu dans et par le règne de l'Antéchrist-personne, mais plutôt de sa Résurrection lors de la Parousie qui seule, pourra terminer et terminera "la crise de l'Église".
Ceci, de fondamental, étant dit, revenons à la vraie question à poser en l'occurrence des anti-concordataires, suite à l'exhortation que le pape Pie IX leur fait en finale de sa lettre d'avoir à rentrer dans l'Église de Rome, question qui est la suivante : se sont-ils vraiment retirés schismatiquement de l'Église légitime de Rome, hélas devenue concordataire, c'est-à-dire "faite péché pour notre salut" (ce dont, soit dit en passant, ni Pie IX ni aucun autre pape moderne ne prennent conscience) ?
D'une manière pratique, certes, les anti-concordataires s'en sont retirés, mais très-probablement pas d'une manière théorique, à la manière doctrinale sédévacantiste que nous montrent les extrémistes et/ou fanatiques de nos jours vaticandeux, du moins pour la plupart d'entre eux. La situation est en effet la suivante, après la signature du Concordat. Ceux qui le refusaient, le déclarent tout de go et naturellement en effet, dans un premier temps, à leurs frères chrétiens avec lesquels ils ont l'habitude de frayer, qui, quant à eux, acceptant le Concordat, ne tardent évidemment pas à leur faire reproche de le rejeter, puis tardent encore moins à leur déclarer qu'ils ne peuvent être catholiques s'ils n'acceptent pas le Concordat. Et, les positions se cabrant rapidement sous l'impulsion des passions humaines, les concordataires, le cardinal Pie l'a honteusement montré, montrant autant de passion à traiter en ennemis les anti-concordataires que ces derniers à s'exclure de la communion des concordataires, tout le monde arrive presque sans y penser à un clivage radical, sans cependant que des positions doctrinales schismatiques aient été vraiment formellement posées de la part des anti-concordataires, c'est plutôt de manière pratique qu'ils se retirent et s'excluent de l'Église officielle.
Nous en avons une belle preuve dans la lettre que les anti-concordataires enverront aux Pères du concile de Vatican 1er, et qu'ils préparent avec beaucoup d'énergie et de soins dès 1868, faisant de grandes réunions entre eux dès qu'ils ont vent de l'intention de Pie IX d'ouvrir un concile universel, lettre dont l'intitulé est fait au pape et à tous les évêques de l'orbe catholique tout entière, qui contient des formules d'obédience parfaite de leur part, en tant qu'enfants soumis de l'Église. Ce qui aurait été bien sûr impossible si les anti-concordataires avaient été de vrais schismatiques ou sédévacantistes (exactement d'ailleurs, il faut le remarquer, de la même manière totalement soumise au pape que l'ont fait les Évêques Réclamants dans leurs Réclamations, etc. ; et le plus probable, d'ailleurs, c'est que c'est précisément en suivant l'humble exemple de ces bons pasteurs d'âmes, qu'ils vénèrent dans leur lettre, que leurs ouailles se déclarent soumises entièrement et sans réserve au pape Pie IX et à tous les évêques catholiques, dans leur grande lettre envoyée à tous les membres du concile Vatican 1er, avec les Réclamations, etc., en pièce jointe s'il vous plaît, lettre qu'on peut lire intégralement, ici : https://www.jstor.org/stable/44814719).
Mais en voici assez dit, il me semble, pour la lettre du pape Pie IX. J'ai lu également, dans les documents historiques si l'on peut dire des argumentaires anti-concordataires, le délayage verbeux insupportable, entrelardé de mensonges au moins implicites, de l'abbé Augustin Barruel, contre-révolutionnaire bien connu mais d'esprit très-partisan. Il n'y a rien à dire de ce texte d'une superficialité lamentable étant donné la gravité du sujet, on a affaire à un discours bassement polémique et théologiquement complètement insuffisant, un verbiage inconsistant et insipide.
Et je terminerai cette recension pénible d'auteurs s'imaginant dans leur vacuité spirituelle régler leur compte aux anti-concordataires, par le Père de Clorivière, contre-révolutionnaire lui aussi complètement insuffisant dans ses réflexions d'une lâcheté vraiment honteuse à dénoncer le Concordat, ce qui est du devoir de tout catholique. Qu'on en juge sur pièce : "Je viens de lire le Concordat, ma chère fille, et mon cœur en est navré de douleur. Cependant, le dogme catholique est à couvert [!!!] ; la religion sera publiquement exercée [mais.. quelle religion ? Le P. de Clorivières ne se pose même pas la question ! Or, il s'agit d'un Religion émasculée de ses Mœurs catholiques, dont le for public est radicalement subverti par l'indifférentisme religieux professé et imposé par l'État français républicain... athée. Mais voilà qui ne trouble point trop le très-cher P. de Clorivières...] ; bien des personnes pourront être secourues ; mais l’Église et ses ministres seront dans l’oppression exposés de la part des méchants à toutes sortes de vexations [Ah !, tout-de-même !, un peu de bon sens !] ; le chef de l’Église en qui je vénère l’autorité de Jésus-Christ, a cru pouvoir tolérer toutes ces choses pour le salut du peuple et le bien même de l’Église et de la religion. Je me soumets et je ne veux rien examiner ; Dieu sait tirer le bien du mal. Ce premier pas peut nous acheminer vers quelque chose de mieux. Tout coopère au bien de ceux qui aiment Dieu. Bornons là toutes nos vues, tous nos désirs, et rien de ce que font les hommes ne pourra nous nuire".
Quant à moi, ma conclusion générale sur le Concordat, la voilà. S'il m'est permis de penser qu'il puisse encore rester en ce très-bas monde un ressort dans le ventre mou et spongieux des holothuries (ce que ne sont certainement pas mes lecteurs qui m'ont lu jusque là !), je leur conseille de méditer cette conclusion générale que j'ai déjà formulée dans mon précédent article, et je ne vois pas mieux à faire pour ce présent article que de la recopier ici à nouveau, car elle me semble synthétiser fort bien ce qui est le plus important à comprendre et retenir, dans cette terrible et affreuse affaire du Concordat de 1801, déclenchant, il y a plus de deux siècles à présent, notre apocalyptique "crise de l'Église" :
"C'est donc bien à partir du Concordat que l'Église-Épouse du Christ est «faite péché pour notre salut» (II Cor V, 21), qu'elle vit dès lors dans la «si grande contradiction» (He XII, 3), sous «la puissance des ténèbres» (Lc XXII, 53), autrement dit qu'elle rentre dans l'économie spécifique de la Passion du Christ, pour vivre «LA PASSION DE L'ÉGLISE» et, in fine, à la toute-fin du processus, en mourir de mâlemort sous le règne de l'Antéchrist-personne. On ne s'en rendit absolument pas compte lors du Concordat et après, parce que cette mise de l'Église dans le «être fait péché pour le salut» co-Rédempteur fut vécu occultement de 1801 jusqu'au concile Vatican II, seulement au niveau des Mœurs ecclésiales, la Foi restant contradictoirement encore sauve au for externe public et ecclésial des choses, trompant ainsi toutes les âmes, on ne s'en rendit généralement compte qu'au moment fatidique où la corruption des Mœurs ayant infesté et infecté occultement la Foi pendant plus d'un siècle et demi, la corruption de la Foi perça soudainement et brutalement à Vatican II dans les années 1961-65, comme elle avait spectaculairement et non moins brutalement percé au niveau des seules Mœurs, en 1801. Et toujours, remarquons-le avec soin, par un pape, Pie VII puis Paul VI... tant il est vrai que le poisson, qui fut pris comme symbole du christianisme dans la primitive Église, pourrit par la tête. Tout le mouvement tradi, par exemple, a fondé sa juste et légitime réaction à l'hétérodoxie de Vatican II sans prendre du tout conscience, à commencer par Mgr Marcel Lefebvre, de ce grand point : le premier épisode de «la crise de l'Église» qui donc est «PASSION DE L'ÉGLISE», est le Concordat napoléonien et nullement Vatican II, qui n'en est que subséquente et lointaine suite et débouché débauché..." (fin de citation)
En la fête de la Conversion de Saint Paul,
l'Apôtre des nations,
Ce 25 janvier 2024.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.