Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique
ou d'une Église hérétique...?!
 
           
        Au vu des événements dramatiques qui secouent l'Église actuellement, c'est en effet la seule, la vraie, la grande question ecclésiale contemporaine à poser, questio magna. Quand bien même elle semble de prime abord absolument ahurissante.
           
        D'une manière on pourrait dire épidermique, épiphénoménique, sans rentrer du tout dans le fond de la question, on voit actuellement les conservateurs réagir au problème que posent le discours et l'agir magistériels d'un pape François parfaitement et résolument hérétique (et même apostat), en le présentant comme le cas historico-canonique bien connu d'un pape hérétique en tant que docteur privé (cependant, avant les conservateurs, les traditionalistes, à commencer d'ailleurs par Mgr Lefebvre, ont eu le même type de réaction surréaliste avec les papes post-conciliaires modernes précédents, Paul VI ou Jean-Paul II).
           
        Mais il serait temps d'ouvrir les yeux, éventuellement, si besoin s'en fait ressentir, en prenant le collyre que le Saint-Esprit, incisif, conseille à l'église de Laodicée ("oins aussi tes yeux d'un collyre, afin que tu voies" ― Apoc III, 18), et comprendre que, sur le plan théologique, la situation ecclésiale actuelle n'est absolument pas celle-là, celle d'un pape hérétique en tant que docteur privé, cas isolé et individuel, chancre certes cancéreux mais en définitive bénin, dans une Église Universelle qui resterait par ailleurs, quant à elle, exempte de toute hérésie, entièrement pure, non-contaminée et parfaitement sainte sur le plan doctrinal. La vraie et réelle situation actuelle est tout au contraire le cas d'un pape qui ne fait que manifester l'hérésie dont est théologiquement empoisonnée TOUTE l'Église, l'Église Universelle. FRANÇOIS NE MANIFESTE PAS SON HÉRÉSIE PERSONNELLE, IL MANIFESTE L'HÉRÉSIE MAGISTÉRIELLE DE TOUTE L'ÉGLISE MODERNE, EN CORPS D'INSTITUTION.
           
        Et c'est la raison précise, justement, pour laquelle le pape François ne fera aucune réponse, ce qu'il a déjà commencé à faire, aux accusations qui sont faites contre lui personnellement des hérésies qu'il manifeste au for public de la vie ecclésiale. Je suis même certain qu'il en ressent une grande indignation en son for interne. Parce que l'accusation d'hérésie qui est faite contre lui, contre sa personne pontificale privée, est absolument injuste, inique, puisqu'il ne fait que manifester, en tant que pape, la croyance de toute l'Église dont il est le chef actuel. Et je ne peux que lui donner raison sur cela.
           
        Avant de prouver cette phrase affreuse et terrible que je viens d'écrire en majuscules ("FRANÇOIS MANIFESTE L'HÉRÉSIE MAGISTÉRIELLE DE TOUTE L'ÉGLISE MODERNE, EN CORPS D'INSTITUTION"), il est de mon impérieux devoir de prémunir le fidèle catholique du scandale qui pourrait résulter de cette situation absolument apocalyptique pour sa Foi, en apportant dès maintenant la précision qu'elle ne contredit absolument en rien la promesse formelle du Christ quant à son Épouse-Église : "Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle" (Matth XVI, 18). "LA PASSION DE L'ÉGLISE", c'est-à-dire l'économie de la Passion du Christ appliquée à son Épouse dans sa situation actuelle, suffit, en effet, ainsi que je ne manquerai pas de l'expliquer plus loin, à rendre théologiquement compte de cette situation, sans que la Foi soit trouvée le moins du monde en défaut, bien au contraire.
           
        L'hérésie actuelle du pape François n'est pas son hérésie personnelle, elle est celle de l'Église Universelle actuelle.
           
        C'est malheureusement tellement facile à démontrer.
           
        L'hérésie de François se manifeste sous deux aspects, celui des mœurs, celui de la doctrine. L'hérésie quant aux mœurs, étalée impudemment dans Amoris laetitia, n'est pas la plus importante, tant il est vrai que les atteintes contre les mœurs sont en soi toujours moins graves que les atteintes contre la doctrine, contre la Foi au Christ Jésus. C'est l'hérésie contre la Foi qui est particulièrement grave, et qui, d'ailleurs, commande la plupart du temps l'hérésie contre les mœurs. Il est en effet bien connu, en théologie morale, qu'une doctrine corrompue sur les mœurs est quasi toujours la résultante d'une doctrine corrompue quant à la Foi. C'est pourquoi, pour faire plus court, je ne m'occuperai, quant au pape François, que de l'hérésie qu'on lui reproche contre la doctrine ; j'invite cependant le lecteur à bien vouloir prendre acte dès maintenant que tout ce que j'y dirais rejaillira par rebond et de soi sur ce qu'on lui reproche au niveau de l'hérésie contre les mœurs.
           
        La principale hérésie qu'on reproche au pape François, quant à la doctrine, est bien sûr l'hérésie du syncrétisme religieux ou œcuménisme hétérodoxe, "admirablement" synthétisée par lui dans son abominable déclaration d'Abu-d'Ahbi du 4 février 2019, ainsi exprimée : "La diversité des religions est une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains". François vient d'ailleurs de la réitérer perseverare diabolicum les jours derniers, cette déclaration, ce 4 mai écoulé, telle quelle dans son fond formidablement hérétique et même apostat (preuve, s'il en était besoin mais il n'y en a hélas nul besoin, qu'il ne reviendra jamais sur ce postulat hérétique-apostat) ; c'était lors d'une audience aux gardes suisses, et François les appelait à "... reconnaître la diversité culturelle, religieuse et sociale, comme une richesse humaine et non comme une menace, c'est la bonne attitude. C'est particulièrement important dans un monde qui éprouve, comme jamais avant, les mouvements massifs des peuples et des individus".
           
        Or, ce syncrétisme religieux est doctrinalement professé dans le concile Vatican II dans des termes aussi hérétiquement avancés que ceux employés aujourd'hui par François quelqu'un demi-siècle après ; les termes hérétiques de François et du concile Vatican II sont même d'une similitude confondante, impressionnante. Cette dite hérésie est professée dans plusieurs décrets conciliaires, dont je retiendrais seulement le principal, à savoir Nostra Aetate (28 octobre 1965). Ce n'est donc pas une hérésie-apostasie actuelle qui est personnelle au pape François, elle est tout au contraire professée magistériellement par l'Église Universelle... cinquante ans avant qu'il ne la professe. Le pape François ne fait en vérité qu'actualiser et rendre vivant le message de l'Église Universelle qu'il a trouvé dans le concile moderne, et il le fait tellement bien qu'il est peut-être le réveilleur suscité par la Providence divine pour faire comprendre à toute l'orbe catholique, tradis comme modernes du reste, endormie de l'étrange et profond sommeil qui prit les apôtres lorsque Jésus eut son agonie à vivre à Gethsémani, que l'hérésie syncrétiste est magistériellement professée et endossée par l'Église Universelle, et que donc nous sommes dans une situation de fin des temps.
           
        Pour s'en bien convaincre, lisons ensemble quelques extraits significatifs de l'abominable Nostra Aetate. Son Préambule, qui brosse l'idée de fond de la déclaration conciliaire, une idée parfaitement hérétique, commence ainsi : "À notre époque où le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni et où les relations entre les divers peuples augmentent, l'Église examine plus attentivement quelles sont ses relations avec les religions non-chrétiennes. Dans sa tâche de promouvoir l'unité et la charité entre les hommes, et même entre les peuples, elle examine ici d'abord ce que les hommes ont en commun et qui les pousse à vivre ensemble leur destinée".
           
        L'idée de fond de Nostra Aetate est donc essentiellement sociologique, naturelle et non surnaturelle, à vocation hérétique de subvertir la Foi. Il va en effet s'agir, pour les Pères de Vatican II, de discerner ce que les hommes ont en commun sur le plan religieux pour vivre ensemble une communauté mondialiste, car, comme le pape Jean XXIII l'avait déjà dit deux ans et demi seulement avant Nostra Aetate dans Pacem in terris (11 avril 1963), -... mais le pape Pie XII avant Jean XXIII l'avait déjà dit, dans son Noël 1944...!-, une autorité mondiale pour l'actuation du bien commun universel parmi les hommes est désormais, à notre époque, inéluctable, c'est une nécessité morale, c'est "un signe des temps" à prendre de la Main même de Dieu. Donc, alors que nous entrons dans l'ère universaliste que la Providence divine veut pour la terre entière et tous les peuples, il faut que l'Église "examine plus attentivement", selon les Pères modernes, ce qui peut être commun de sa Foi avec les religions non-chrétiennes, pour ne pas risquer d'entraver l'instauration de ce mondialisme voulu par Dieu en laissant subsister des ferments de désunion : ce serait lutter contre le Plan divin... mondialiste, et, en définitive, pécher contre Dieu Lui-même. Le grand péché contre l'instauration du mondialisme d'origine divine, est bien sûr la désunion. Quand tout doit s'unir universellement, il n'y a plus qu'un seul péché : la désunion...
           
        Dans cette optique surnaturellement tordue, qui subordonne hérétiquement une fin surnaturelle à une fin naturelle, les Pères modernes una cum Paul VI vont tâcher de réduire de force les désunions religieuses en présentant très-mensongèrement les diverses religions non-chrétiennes comme des inchoations de la Religion catholique. C'est-à-dire qu'elles auraient soi-disant en elles des semences chrétiennes qui ne se sont pas encore révélées à elles-mêmes qu'elles sont chrétiennes, qui sont encore non-mûries, mais prétendument bonnes en elles-mêmes et donc inchoativement communes avec la Foi catholique, semences dont on veut absolument qu'elles permettent l'union des chrétiens avec les non-chrétiens... C'est pourquoi, sur ces très-hérétiques prolégomènes, Nostra Aetate continue ainsi son exposé où l'on remarquera que la VRAIE Religion, celle du Christ, n'est nullement détachée parmi toutes les autres... elle n'est même pas nommée : "Les hommes attendent des diverses religions la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd'hui, troublent profondément le cœur humain". Ici, on notera que la vue exprimée n'est pas surnaturelle, elle est psychologique : les hommes, en effet, n'attendent pas des religions d'abord une réponse aux questions métaphysiques qu'ils se posent, mais, avant tout, ils en attendent qu'elles les SAUVENT (... hélas, tout est à l'avenant dans Vatican II : derrière des affilongées de phrases captieuses, une logorrhée sirupeuse de mots qui veulent séduire -... "énigmes cachées de la condition humaine" !!-, nous trouvons toujours la même hérétique gnose chrétienne-laïque que j'ai dénoncée dans mes ouvrages, antinomique de la Foi chrétienne-sacrale léguée par le Christ...).
           
        Je passerai sur la présentation complètement mensongère et hérétique qui est faite dans Nostra Aetate des religions hindouistes, puis bouddhique, puis en finale, judaïque, pour ne citer uniquement que le descriptif pseudo-théologique scandaleux que les Pères modernes font de la religion musulmane, qui, évidemment, nous touche de fort près après la déclaration bergoglienne d'Abu-D'Ahbi : "L'Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s'ils sont cachés, comme s'est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Etc.".
           
        Le mensonge, ici, est absolument flagrant dans tous les mots employés, inouï dans sa radicalité et son impudence mêmes, scandaleux au plus haut point.
           
        Premièrement, les musulmans, en effet, ... fallait-il donc vraiment apprendre une chose catéchétique aussi élémentaire aux deux mil cinq cents Pères de Vatican II et au pape Paul VI !!, n'adorent nullement le VRAI Dieu Un. Car le Dieu Un véritable est aussi et en même temps indissociablement Trine, c'est-à-dire en Trois Personnes divines, sinon, rien, il n'y a pas de Dieu Un sans Trinité. Or, le coranisme professe dogmatiquement, une sourate le dit explicitement, que le Dieu Un n'est pas Trine, en Trois Personnes, que c'est même une abomination de croire cela. Donc le Dieu Un musulman, refusant doctrinalement la Trinité, ne peut pas être considéré comme une inchoation du dogme catholique qui, une fois bien désenveloppée et mûrie, pourrait le révéler... puisque la doctrine musulmane rejette formellement, d'emblée, ce dogme. En vérité, le Dieu Un musulman qui rejette la Trinité n'existe tout simplement pas, il n'est absolument pas "vivant et subsistant" (!!!), et n'a donc et ne peut avoir strictement aucun point de contact théologique, pas même inchoativement, avec le Dieu Un catholique qui existe trinitairement. Les Pères de Vatican II mentent d'une manière éhontée et très-impie lorsqu'ils osent magistériellement dire que les musulmans adorent le Dieu Un, comme s'il s'agissait du VRAI Dieu Un et Trine à la fois, croyance donc, qui pourrait nous unir, nous catholiques, avec eux. Et lorsqu'ils osent rajouter que l'Église les "estime" pour leur croyance dans leur Dieu Un non-Trine, ils rajoutent encore à leur péché... Nous sommes là en plein mensonge éhonté, au plus haut point blasphématoire.
           
        Deuxièmement, la soumission du musulman à la Volonté divine, telle qu'elle est enseignée par le Coran et résumée par la célèbre formule "Inch'Allah !" n'a rien à voir avec la sainte soumission catholique du fidèle à la Providence divine, elle ne peut, là encore, trouver aucun point de contact surnaturel avec elle, aucun fond commun. La soumission musulmane est entièrement mauvaise en soi et ne peut jamais mener à la Religion du vrai Dieu, qui respecte le libre vouloir de l'homme, contrairement à Allah qui ne le respecte pas, ce libre vouloir de l'homme, le traitant en esclave sans aucun droit inhérent à sa personne humaine (l'illustration la plus belle de la sainte-soumission catholique est certes le "fiat" de Marie à l'Annonciation : Dieu n'a pas imposé l'Incarnation à la très-sainte Vierge Marie, c'était certes sa Volonté à Lui, Dieu, que l'Incarnation se fit en Marie, mais Dieu, par l'Ange, lui a demandé son accord à sa Volonté : à supposer, ex absurdo, que Marie aurait refusé, il n'y aurait pas eu d'Incarnation). La soumission du musulman à Allah est un fatalisme esclavagiste, qui montre bien que leur dieu est en fait Satan qui vient remplir le néant métaphysique de leur dieu Un non Trine. Cette soumission musulmane, indigne de Dieu et de l'homme, n'est pas, là encore, faut-il avoir à le dire, un fond commun doctrinal positif avec la vraie Religion, comme l'insinuent très-mensongèrement et très-scandaleusement les Pères du concile moderne.
           
        Mais, la tête complètement enclavée dans leur vision sociologique mondialiste du phénomène religieux parmi les hommes, qui leur fait vouloir vivre dans le mensonge en rejetant la Vérité, les Pères de Vatican II continuent imperturbablement à donner des pierres et des serpents aux fidèles, au lieu de pains, voulant à toutes forces, pour suivre leur gnose mondialiste, qu'il y ait un vrai fond religieux commun entre catholiques et musulmans, ... si, si, si, et donc une entente, une convivialité possibles entre eux, pouvant permettre l'union mondialiste, but suprême du jeu auquel les Pères veulent tout sacrifier, y compris la Vérité de la Religion. C'est très-concret, lisez plutôt : "Si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le Concile les exhorte tous à OUBLIER LE PASSÉ ET À S'EFFORCER SINCÈREMENT À LA COMPRÉHENSION MUTUELLE, AINSI QU'À PROTÉGER ET PROMOUVOIR ENSEMBLE, POUR TOUS LES HOMMES, LA JUSTICE SOCIALE, LES VALEURS MORALES, LA PAIX ET LA LIBERTÉ" (... ne croirait-on pas entendre le pape François...?).
           
        Et, après nous avoir présenté les membres des religions non-chrétiennes comme des frères ayant même destinée éternelle que nous, les Pères conciliaires una cum Paul VI, la tête toujours obsédée de mondialisme sociologique ou de pseudo-Millenium comme on veut, osent, agressivement animés du plus grand nerf par une haine guerrière mortelle et sans merci contre tout ce qui pourrait renverser leur gnose, calés avec une hargne féroce dans une tolérance zéro, conclure ainsi l'hérétique décret magistériel : "Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l'image de Dieu. La relation de l'homme à Dieu le Père et la relation de l'homme à ses frères humains sont tellement liées, que l'Écriture dit : «Qui n'aime pas, ne connaît pas Dieu» (I Jn IV, 8). Par là, est sapé le fondement de toute théorie ou de toute pratique qui introduit entre homme et homme, entre peuple et peuple, une discrimination en ce qui concerne la dignité humaine et les droits qui en découlent [... bien entendu : très-notamment le "droit" à la Liberté religieuse...!]. L'Église réprouve donc, en tant que contraire à l'esprit du Christ, toute discrimination ou vexation opérée envers des hommes en raison de leur race, de leur couleur, de leur classe ou de leur RELIGION".
           
        Or, saint Jean est cité ici à contre-sens flagrant : car, immédiatement après le v. 8 cité par les Pères en tronquant la finale (le v. 8 complet est en effet : "Qui n'aime pas, ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour"), l'Apôtre aimé du Seigneur précise tout-de-suite que l'amour humain dont il entend parler est celui émanant du Christ, et celui-là SEULEMENT : "L'amour de Dieu s'est manifesté parmi nous en ceci : Dieu a envoyé Son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par Lui. L'amour consiste en ce que ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c'est Lui qui nous a aimés le premier, et qui a envoyé Son Fils comme une propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si c'est ainsi que Dieu nous a aimés, nous aussi nous devons nous aimer les uns les autres" (I Jn IV 9-11). L'enseignement johannique est très-clair : nous devons nous aimer les uns les autres "ainsi que Dieu nous a aimés", c'est-à-dire par et dans l'Amour du Christ envoyé par Dieu-Amour. Pour faire concret : je ne peux donc aimer vraiment un non-chrétien qu'en lui témoignant et vivant avec lui l'Amour du Christ. Ce n'est pas du tout le message des Pères de Vatican II dans Nostra Aetate : pour eux, je dois aimer le non-chrétien fraternellement, humainement, sur la prétendue base de sa dignité ontologique de personne humaine, tel qu'il est, avec sa fausse religion s'il en a une. Exactement, soit dit en passant, comme nous le prêchi-prêche le pape François de nos jours. Comme donc on le voit, le mensonge conciliaire s'étend sur tout, y compris sur les citations scripturaires... Une fois qu'on s'est donné au mensonge, rien ne doit plus rester dans la Vérité de Dieu...
           
        Et, immédiatement après cette intimation violente et agressive faite aux fidèles de devoir se "conduire fraternellement avec tout homme créé à l'image de Dieu", l'abominable décret, de se sceller magistériellement en ces termes : "Tout l'ensemble et chacun des points qui sont édictés dans cette Déclaration, ont plu aux Pères du saint Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que le Christ Nous a confié, avec les vénérables Pères, nous les approuvons, les décrétons et arrêtons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que, pour la gloire de Dieu, ce qui a ainsi été établi en Concile, soit promulgué ― Rome, près Saint-Pierre, le 28 octobre 1965. Moi, Paul, Évêque de l'Église catholique ― (suivent les signatures des Pères)".
           
        ... Éh bien !, je dirai que le pape François est, pardon, un sacré bon catholique, contrairement à ce que disent "calomnieusement" contre lui les conservateurs et les traditionalistes. Il obéit en effet on ne peut mieux, on ne peut plus saintement, aux directives du concile œcuménique de Vatican II, donc à l'Église Universelle qui ne peut ni se tromper ni nous tromper car elle est toujours assistée très-immédiatement par le Saint-Esprit, avec un zèle supérieur, un soin extrême, un dévouement héroïque, une chaleur apostolique, qu'il n'est pas besoin de souligner... surtout en direction des migrants musulmans. Je n'ai pas arrêté de penser à lui en relisant Nostra Aetate, et je suis sûr que vous aussi, ô lecteur. Il en est un apôtre achevé.
           
        En tous cas, nous comprenons tous, parvenus ici, à quel point "édifiant" le pape François puise dans le concile Vatican II ses hérésies, à quel point il en applique les enseignements hérétiques à la lettre de la lettre, et plus encore dans l'esprit. Pour en revenir à notre problématique, le problème actuel n'est donc pas du tout l'hérésie personnelle du pape François, MAIS L'HÉRÉSIE DE TOUTE L'ÉGLISE, L'HÉRÉSIE DE L'ÉGLISE UNIVERSELLE EXPRIMÉE SOLENNELLEMENT EN CONCILE UNIVERSEL. François, actuellement, n'est en vérité que le révélateur providentiel de l'hérésie de l'Église Universelle, il est un providentiel aiguillon mis dans les côtes des catholiques pour qu'ils arrêtent de roucouler imbécilement des thèses de pape hérétique en tant que docteur privé, s'en gargarisant scrupuleusement et rituellement tous les matins avant de prendre leur petit déjeuner. Nous sommes en effet bien obligés de prendre conscience que c'est l'Église Universelle qui promulgue, le plus magistériellement du monde, le décret hérétique Nostra Aetate. Car le concile Vatican II voit la réunion de tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape actuel, et c'est cela qui réalise ipso-facto l'Église Universelle. Et c'est pourquoi la conclusion théologique est certaine : cette hérésie syncrétiste de Nostra Aetate est formellement endossée par l'Église Universelle.
           
        Parvenus ici, il nous faut comprendre maintenant la place théologique du concile Vatican II pour que nos âmes puissent saisir ce que le Saint-Esprit veut nous dire dans le problème posé par Nostra Aetate, qui, au premier abord, semble incroyable, impensable : un décret magistériel hérétique promulgué par l'Église Universelle...
           
        Après beaucoup de lectures, la plus belle formule que j'ai trouvée pour définir Vatican II sous le rapport de l'autorité magistérielle, est celle signée par un "rallié", l'abbé Christian Gouyaud, qui, sous le titre L'autorité du magistère actuel, a écrit dans La Nef 158 (2004) : "On peut donc dire que l'Église, à Vatican II, a usé d'une forme magistérielle extraordinaire (un concile œcuménique) pour un contenu ordinaire (le Concile s'étant abstenu de proposer des définitions dogmatiques infaillibles en bonne et due forme). Cette assemblée, constitutive d'«une communion en acte» des successeurs des apôtres avec le successeur de Pierre, mettait singulièrement en valeur l'aspect universel du magistère ordinaire". La forme de Vatican II fut bel et bien extraordinaire quand son contenu, son fond, fut l'expression certaine du Magistère ordinaire & universel, infaillible de soi dès lors qu'il y eût enseignement simple de la Foi enté sur la Parole de Dieu, par une telle assemblée universelle autorisée. C'est singulièrement bien vu et tout aussi bien dit, cela rejoint d'ailleurs le propos judicieux de Mgr Ocariz, qui nous dit magistralement : "Le charisme de vérité et l'autorité magistérielle y furent [à Vatican II] certainement présents, au point que les refuser à l'ensemble de l'épiscopat réuni cum Petro et sub Petro pour apporter un enseignement à l'Église universelle, ce serait nier une partie de l'essence même de l'Église". Là aussi, on ne saurait mieux dire. Mais le Père Héris, o.p., affine encore la question en nous permettant de discerner ce qui est doté de l'infaillibilité magistérielle dans Vatican II et ce qui ne l'est pas : "Pour reconnaître les cas où l'infaillibilité de l'Église est engagée, il suffit de se rappeler que toute doctrine enseignée universellement par les pasteurs chargés de conduire le troupeau du Christ, et donnée manifestement comme appartenant directement ou indirectement à la Révélation, est infaillible" (L'Église du Christ, Le Cerf 1930, pp. 44-45).
           
        Donc, le syncrétisme religieux hétérodoxe professé par Nostra Aetate sans être mis en relation, ni directement ni indirectement, avec la Révélation ou Parole de Dieu, ne serait pas un acte d'enseignement doctrinal intégré au Magistère ordinaire & universel doté de l'infaillibilité. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, car nous sommes bien obligés de prendre acte que la doctrine hérétique de certains décrets vaticandeux a bel et bien été entée sur la Révélation, ainsi en est-il par exemple de Dignitatis Humanae Personae sur la Liberté religieuse, dont la doctrine hérétique fut mise, quant à elle, en relation directe avec la Parole de Dieu et la Révélation, dans son § 2 définitionnel et plus encore clairement en son § 9 ; or, la doctrine hérétique de la Liberté religieuse est en connexion très-intime avec la doctrine syncrétiste de Nostra Aetate... Cependant, admettons que Nostra Aetate ne soit pas une expression formelle du Magistère ordinaire & universel. Cela ne résout de toutes façons strictement rien, car, quant à Nostra Aetate, demeure un problème théologique gravissime quant à la Foi et à la Constitution divine de l'Église, qu'on peut ainsi poser : est-il théologiquement admissible que l'Église Universelle puisse proposer à croire une doctrine hérétique à l'universalité des fidèles, du moment qu'elle ne met pas ladite doctrine hérétique en relation, directement ou indirectement, avec la Révélation, c'est-à-dire sans en faire un acte formel du Magistère ordinaire & universel ?
           
        La réponse est non, bien sûr. Car si le décret magistériel Nostra Aetate n'est pas un acte formel du Magistère ordinaire & universel strictement doté de l'infaillibilité, il n'en est pas moins formellement un acte de l'Église Universelle dont la Foi nous enseigne qu'elle est toujours assistée, sans hiatus, par le Saint-Esprit dans tout ce qu'elle fait. Il est donc rigoureusement impossible, absolument, d'admettre que l'Église Universelle, sous mouvance directe et immédiate du Saint-Esprit, ... donc, très-notamment quand elle a promulgué Nostra Aetate !, puisse promulguer une doctrine hérétique pour l'universalité des fidèles, ce serait supposer une fois la non-assistance du Saint-Esprit dans la Vie de l'Église Universelle, ce qui n'est pas catholique. Si en effet l'Église Universelle n'est pas toujours stricto sensu sous le couvert de l'infaillibilité dans tous ses actes, elle est par contre toujours, sans exception aucune, sous l'Assistance du Saint-Esprit, qui, de soi, ne peut qu'exclure absolument toute hérésie dans les actes de l'Église Universelle, et bien au contraire, y éclairer la Foi des fidèles.
           
        Donc, rien à faire, on ne peut pas sortir de l'impasse théologique.
           
        Si Nostra Aetate hérétique ne semble pas vraiment sous le couvert de l'infaillibilité par le mode ordinaire & universel, l'hérétique décret est tout-de-même, via l'Église Universelle, sous Assistance directe du Saint-Esprit qui ne peut pas permettre l'hérésie. Et puis, et puis, et de toutes façons, il y a bien plus grave dans Vatican II, je l'ai rappelé plus haut : Dignitatis Humanae Personae est bel et bien, quant à lui décret à la doctrine formellement hérétique, un acte non moins formel du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité ecclésiale. Car la relation de la doctrine hérétique y professée avec la Parole de Dieu et la Révélation y est en effet "manifestement" (Héris) formulée : "Le Concile du Vatican déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'a fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même" (§ 2) ; "Qui plus est, cette doctrine de la liberté [religieuse] a ses racines dans la révélation divine, ce qui, pour les chrétiens, est un titre de plus à lui être saintement fidèles [!!!]" (§ 9). Nous sommes là en pleine application pratique de la norme des actes dotés de l'infaillibilité, rappelée par le P. Héris que j'ai cité plus haut : "Pour reconnaître les cas où l'infaillibilité de l'Église est engagée, il suffit de se rappeler que toute doctrine enseignée universellement par les pasteurs chargés de conduire le troupeau du Christ, et donnée manifestement comme appartenant directement ou indirectement à la Révélation, est infaillible".
           
        La conclusion de l'enquête est donc plus que certaine. Ces décrets hérétiques formellement promulgués à Vatican II par l'Église Universelle, ce qui, faut-il le dire, n'est jamais arrivé de toute l'histoire de l'Église, nous oblige à voir que le signe eschatologique de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint est accompli de nos jours. Le Lieu-Saint, en l'occurrence, c'est l'Église Universelle elle-même, souillée par l'hérésie. La Foi nous enseigne que nous vivons donc très-certainement, depuis le concile Vatican II, la période ultime de la fin des temps. Nous sommes donc très-proches du règne de l'Antéchrist-personne, préface négative de la Revenue du Christ en Parousie pour délivrer le monde et l'Église du mysterium iniquitatis.
           
        Qu'est-ce que l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, signe eschatologique ? Dans le cadre de ce nouvel article, je serai court (j'ai traité cette question d'une manière très-approfondie dans mon grand article http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf), je vais seulement résumer lapidairement la question en disant que ce signe eschatologique consiste à voir dans l'Église ce qui ne doit absolument pas y être vu eu égard à sa divine Constitution, essentiellement, à voir de l'impiété ou du péché dans le sacré qui ne doit contenir absolument et exclusivement que de la piété ou de la sainteté. Définition un peu courte sans nul doute, mais juste. Par exemple, voir de l'hérésie dans le Magistère de l'Église noté d'infaillibilité. Cela, c'est de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. C'est précisément exactement ce que nos yeux sont obligés de voir, aux termes de notre enquête démarrant surréalistement par l'hérésie "personnelle" du pape François et finissant réalistement dans l'hérésie magistérielle de l'Église Universelle, à Vatican II. Nous sommes donc très-certainement à la fin des temps, de tous les temps historiques, dans cette période-charnière apocalyptique annoncée par les saintes-Écritures qui doit voir l'apparition sur cette terre du personnage de l'Antéchrist-personne établissant son règne maudit entre tous, période qui doit se finir elle-même par la Parousie du Christ glorieux venant dans notre univers physique sur les Nuées du ciel. Car, faut-il avoir à le redire, aucune autre époque historique de la vie de l'Église militante depuis sa naissance il y a 2 000 ans, n'a vu, de près ou de loin, l'Église Universelle promulguer l'hérésie dans un cadre... infaillible. C'est la première fois de toute l'histoire ecclésiastique qu'une telle chose arrive, parce que c'est aussi la dernière, cela manifeste un signe eschatologique advenu, et donc la fin des temps... Le Retour glorieux du Christ est donc pour bientôt.
           
        Ceci dit, et qui met nos âmes dans la vérité vraie de notre temps par ce que nos yeux, dessillés éventuellement par le collyre du Saint-Esprit, voient dans l'Église, il n'en reste pas moins que notre quête théologique nous laisse cruellement sur notre faim, elle reste lancinante, douloureuse, terriblement angoissante, comme une pointe d'épée fichée en plein cœur de notre Foi : l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint renverse-t-elle la Constitution divine de l'Église ? N'est-ce pas ce que l'on doit croire depuis Vatican II qui enregistre des actes formellement dotés de l'infaillibilité par le Magistère ordinaire & universel et qui cependant enseignent non moins formellement l'hérésie ? Ce théologique constat, indubitable, ne semblerait-il pas nous obliger, nous acculer, à devoir conclure in fine que "Les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église" ? Impossible, en effet, au premier degré de lecture, d'éviter l'hypothèse théoriquement possible de cette dramatique et tragique conclusion.
           
        ET CEPENDANT, nous savons bien sûr que cette conclusion est fausse, car la Foi nous enseigne que "Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre l'Église". Pas plus à la fin des temps qu'en d'autres temps. Mais nous avons le formel devoir d'en convaincre notre âme, par l'intelligence de la Foi. Saint Paul nous dit que nous devons toujours être prêt et capable de répondre de notre Foi à qui nous interpelle... mais nous le devons d'abord, ce devoir, à notre propre âme lorsqu'elle nous pose question ! "Charité bien ordonnée..."
           
        Or, c'est "LA PASSION DE L'ÉGLISE" qui donne cette intelligence de la Foi, ainsi que je le disais en commençant ces lignes. L'économie de la Passion du Christ appliquée à son Épouse l'Église qui vit actuellement sa propre fin des temps à elle, sa personnelle co-Passion, va en effet suffire à résoudre exhaustivement et supérieurement la question dans la Foi, loin que, comme il fallait s'y attendre, celle-ci soit trouvée en défaut le moins du monde.
           
        Scrutons donc l'économie de la Passion, qui va nous apporter la solution théologique complète de notre apocalyptique situation ecclésiale. Saint Paul définit la Passion du Christ en deux phrases lapidaires, mais qui illumine de la Lumière du Saint-Esprit toute l'économie terrible et affreuse de la Passion, dont on va se rendre compte que l'Église la vit (et la meurt) de nos jours. Il révèle aux Corinthiens que lorsqu'Il eut sa Passion à vivre et à mourir, Jésus fut "fait péché pour notre salut" (II Cor V, 21) ; il complète sa définition de l'économie de la Passion en révélant cette fois-ci aux Hébreux que lorsque Jésus-Christ vécut sa Passion, il souffrit une "si grande contradiction" (He XII, 3). Le Christ Lui-même achève la définition paulinienne de l'économie de la Passion, en précisant que d'être fait péché pour le salut et être mis dans une si grande contradiction, révèle que l'acteur de la Passion est mis invinciblement sous le règne maudit de "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53).
           
        Nous avons donc deux certitudes absolues quant au Christ, lorsqu'Il eut à vivre l'économie de la Passion : 1/ Il fut fait péché ; 2/ Il resta parfaitement saint de toute sainteté, une fois fait péché, car, comme le dit lapidairement saint Paul, Il fut fait péché pour le salut. Si en effet la manière dont le Christ fut fait péché dans sa Passion contenait la plus petite ombre de coulpe séparant de Dieu, alors, le Christ n'aurait pas pu être fait péché pour le salut, Il aurait été fait péché pour la damnation. Nous avons donc une certitude absolue que le Christ, lorsqu'Il fut cependant fait très-réellement péché, resta parfaitement saint (ce qui d'ailleurs est une évidence, puisque le Christ est Dieu). Et la théologie morale nous permet d'affiner la question : un péché qui ne contient aucune coulpe s'appelle un péché matériel. Le Christ donc, lorsqu'Il vécut sa Passion, fut fait péché matériel.
           
        Il en est exactement de même pour l'Épouse du Christ, l'Église, lorsqu'elle aussi doit vivre (et mourir) sa co-Passion propre et personnelle, en décalcomanie pourrais-je dire de la Passion archétypale de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et ce sont nos jours vaticandeux qui enregistrent cela. Lorsqu'elle est plongée dans l'économie de la Passion, elle est, elle aussi : 1/ faite péché ; 2/ et elle reste parfaitement sainte de toute sainteté, de telle manière que la deuxième Note qui la caractérise formellement, Une, Sainte, catholique et apostolique, ne souffre aucune diminution ni atteinte d'aucune sorte, quelle qu'elle soit.
           
        Cette première conclusion est évidemment très-importante. L'Église est faite péché à Vatican II, péché d'hérésie par le moyen des actes magistériaux hérétiques, donc elle rentre à partir de là dans l'économie de la Passion-fin des temps, mais nous savons déjà par la Foi qu'elle est faite péché pour le salut, c'est-à-dire dans un but de co-Rédemption, et donc, sans coulpe aucune de sa part. L'Église également, comme le Christ, est donc à Vatican II, faite péché matériellement seulement.
           
        Le principe de la Foi, par l'économie de la Passion du Christ, évacue donc tout scandale. C'est pourquoi je disais plus haut que "LA PASSION DE L'ÉGLISE" prémunit l'âme fidèle de tout scandale. Nous ne pouvons pas plus être scandalisé dans notre Foi de voir l'Épouse du Christ, l'Église, être faite péché pour le salut à Vatican II, que d'être scandalisé du Christ lorsque Lui aussi fut fait péché pour le salut quand Il vécut sa Passion il y a 2 000 ans.
           
        Il faut maintenant, bien sûr, passer du principe de la Foi à la pratique de la Foi, bien expliquer comment cedit principe s'applique concrètement dans la situation ecclésiale contemporaine qui nous montre que l'Église est faite péché à Vatican II, très-certainement par le constat absolument vrai d'actes magistériaux parfaitement hérétiques. Comment l'Église Universelle peut-elle être faite péché pour le salut ? En péchant seulement matériellement dans cesdits actes magistériaux hérétiques. Les Pères modernes, agissant dans cesdits actes in Persona Ecclesiae, ne doivent donc professer l'hérésie qu'on y trouve que matériellement. De telle manière que, effectivement, l'Église Universelle qu'ils représentent formellement dans cesdits actes n'ait à endosser aucune coulpe dans cette promulgation des hérésies vaticandeuses, c'est-à-dire qu'elle soit bien faite péché pour notre salut.
           
        Je suis en train de dire que les Pères de Vatican II ont promulgué les hérésies vaticandeuses dans l'inadvertance totale. On voudra bien sûr une preuve concrète de cette affirmation : s'il en est bien ainsi que je viens de l'écrire, alors, on doit constater, dans la rédaction du décret en soi hérétique formel de la Liberté religieuse (pour en rester à ce qui est le plus grave dans Vatican II, car formellement doté de l'infaillibilité du Magistère ordinaire & universel), une absence totale, de la part des Pères conciliaires, de prise de conscience de la malignité de cette hérésie, de son caractère hérétique formel, autrement dit on doit constater l'inadvertance complète des Pères conciliaires, cette pure inadvertance qui, en théologie morale, fait le "péché matériel" exempt de coulpe (latin médiéval inadvertentia, du latin classique advertere : tourner son attention vers ; et donc, pour que la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" soit confirmée, on doit constater, obligatoirement, que les Pères conciliaires ont eu leur attention absolument détournée du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse en promulguant ce décret hérétique).
           
        Cette démonstration n'est pas bien difficile à faire, l'inconscience totale et même carrément insensée, folle, des Pères de Vatican II una cum Paul VI d'avoir à faire à une hérésie à caractère formel quant à la Liberté religieuse, étant révélée quant et quant dans le texte magistériel lui-même de promulgation du Décret... hérétique. Lisons par exemple le § introductif 1 : "Or, puisque la Liberté religieuse que revendique l'homme dans l'accomplissement de son devoir de rendre un culte à Dieu concerne son immunité de toute contrainte dans la société civile, elle ne porte aucun préjudice à la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral de l'homme et des associations à l'égard de la vraie religion et de l'unique Église du Christ" (soit dit en passant, ce membre de phrase que j'ai mis en italique, empêchant que l'hérésie de la Liberté religieuse soit promulguée de manière formelle, est dû au Caetus Internationalis Patrum et, en son sein, principalement à un certain Mgr Marcel Lefebvre). Plus avant, toujours dans cette Introduction du décret hérétique, les Pères avaient déjà dit : "Considérant avec diligence ces aspirations [de l'homme moderne à la Liberté religieuse], dans le but de déclarer à quel point elles sont conformes à la vérité et à la justice, etc." On trouve par ailleurs moult autres passages dans le corps du décret, allant dans le même sens, il déborderait le cadre de cet article de tous les citer.
           
        Il est évident, ici, que les Pères de Vatican II n'ont pas la moindre conscience de la malignité ni de l'hétérodoxie formelles de la Liberté religieuse, puisque, certes en se trompant bougrement et fort péniblement, ils affirment dans le document magistériel qu'elle est... conforme à la Foi ! Benoît XVI n'a jamais rien fait d'autre, par sa fameuse et surtout fumeuse "herméneutique de continuité", que d'être l'écho de cette utopie chimérique, qui du reste avait déjà été sienne à l'époque, en tant qu'acteur majeur de Vatican II. En tous cas, nous avons là la preuve que les Pères de Vatican II, en promulguant cette hérésie à caractère formel, ne l'ont pas fait dans un acte de péché formel puisqu'il y manque totalement l'advertance ou connaissance pleine et entière de la malignité de la faute commise, de l'hétérodoxie doctrinale de la Liberté religieuse. Or, puisqu'ils agissaient in Persona Ecclesiae en promulguant la Liberté religieuse, cela signifie donc que c'est l'Église Universelle elle-même qui a matériellement professé l'hérésie. Mais une hérésie professée matériellement seulement n'entache en rien la note de sainteté de l'Église ; par contre, certes, cela la met automatiquement dans l'économie de la Passion, c'est alors que, par de tels actes magistériaux, l'Épouse du Christ est "faite péché [d'hérésie] pour notre salut". Aux fins supérieures de vivre une co-Passion qui, à terme, lui méritera d'être co-Rédemptrice.
           
        Rappelons-nous que l'Église est une "Personne morale" (Can. 100, § 1). En tant que telle, comme toute personne, elle peut donc pécher, ou, pour employer la langue de saint Paul, être faite péché. Un péché qui sera évidemment sans coulpe aucune, une simple matière de péché ou "péché matériel", puisque cette dite personne, l'Église, est sainte de toute sainteté, parfaitement immaculée, comme étant l'Épouse du Christ. Or, cette mise de l'Église dans l'état de péché matériel sans coulpe est nécessaire de toute nécessité, quand, dans les mystérieux Décrets divins, l'Église-Épouse, à la suite du Christ-Époux, doit, elle aussi, sauver le monde en co-Rédemptrice, c'est-à-dire être mise dans l'économie propre à la Passion du Christ, que saint Paul, vraiment inspiré quand il a écrit cela, a résumé d'un trait lapidaire et récapitulatif, en disant que cela consiste essentiellement à être "fait péché pour le salut". La mystique de la Passion n'est en effet pas difficile à comprendre : pour racheter le péché du monde, il faut absolument que l'acteur de la Passion, soit le Christ Lui-même soit son Épouse l'Église, soit identifié au péché, "fait péché", pour, en tant que victime expiatoire, pouvoir par-là même brûler, réduire en cendres et anéantir le péché du monde, le racheter. Et c'est ce que la Personne morale de l'Église vit, à la suite du Christ, depuis Vatican II.
           
        C'est bien cela que l'Église a à vivre (et à mourir, au terme du processus), dans, par et depuis Vatican II, voilà la grande révélation de "la crise de l'Église" : Dieu veut que l'Église vive la Passion du Christ, et donc, par les causes secondes, humaines, Il la met complètement dans l'économie du péché matériel, sous "la puissance des ténèbres", très-notamment en aveuglant invinciblement l'esprit des "membres enseignants" de la génération ecclésiale prédestinée par Dieu à introduire l'Église dans sa propre et personnelle Passion. Lesquels, una cum le pape, ont alors commis in Persona Ecclesiae un péché matériel d'hérésie par la promulgation de la Liberté religieuse, sans coulpe aucune de la part de l'Église, aux fins ultimes et supérieures de la faire vivre désormais dans l'économie propre à la Passion, d'être ainsi "faite péché". Car l'heure pour elle, cette heure dont le Christ a dit, quant à Lui, "Voici l'heure" (Lc XXII, 53) quand sa Passion a commencé au jardin de Gethsémani, est venue, et c'est l'heure co-rédemptrice du concile Vatican II, son jardin de Gethsémani à elle.
           
        Le proverbe antique dit : Jupiter aveugle ceux qu'Il veut perdre, Quos vult perdere Jupiter dementat. Nous sommes exactement dans ce cas de figure. Dieu, dans ses mystérieux Décrets providentiels, a aveuglé l'esprit des Pères conciliaires pour les perdre, c'est-à-dire pour perdre l'Église comme Il a perdu son Fils bien-aimé, en qui, pourtant, Il a mis toutes ses complaisances, lorsqu'Il L'a abandonné à "la puissance des ténèbres" pour qu'elle Le "fasse péché pour le salut", c'est-à-dire pour que la Rédemption puisse s'accomplir. Car la cause première et essentielle de l'économie de la Passion, c'est cela, c'est "être fait péché" pour pouvoir opérer le salut universel. Si l'acteur de la Passion, l'Église-Épouse de nos jours après le Christ il y a 2 000 ans, n'est pas "fait péché", alors, la Rédemption ou la co-Rédemption ne peut pas s'opérer. Et c'est pourquoi, l'heure étant venue de nos jours où l'Église doit devenir co-Rédemptrice, les Pères de Vatican II una cum Paul VI, c'est-à-dire l'Église Universelle, ont été perdus par la Providence divine, qui les a laissé dans un aveuglement complet quant au caractère hérétique formel, par exemple, de la Liberté religieuse ou du syncrétisme religieux hétérodoxe qu'on trouve dans Nostra Aetate.
           
        Si ce péché matériel commis in Persona Ecclesiae à Vatican II n'a aucune incidence sur la note de sainteté de l'Église, il en a par contre, et terriblement, pour revêtir au for externe l'Église de malédiction suprême, d'apparence de péché, ce qui la fait rentrer dans l'économie de la Passion. C'est d'ailleurs précisément ce qui explique que l'Église moderne, maudite comme une lépreuse depuis Vatican II et de plus en plus léprosée plus le temps avance (elle est vraiment couverte de pustules purulentes et répugnantes sous le pape François ― un vrai "cloaque d'impureté" comme avait prophétisé Notre-Dame de La Salette de la génération cléricale de la fin des temps, beaucoup moins quant aux mœurs sexuelles que quant au mode général de vie des clercs, ce qui rejoint d'ailleurs l'analyse de Benoît XVI dans ses Notes, comme on le verra plus loin : "Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres, par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les saints Mystères, par l'amour de l'argent, l'amour de l'honneur et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d'impureté"), l'Église moderne disais-je, désormais, depuis Vatican II, pieds et mains liés, ligotée jusqu'à la paralysie sous "la puissance des ténèbres", radicalement impuissante au for externe public contre toute forme de mal, n'aura plus aucune force contre "l'homme de péché", l'Antéchrist-personne, lorsque celui-ci paraîtra en ce très-bas monde, pour la punition des impies et la parfaite purification des justes, lequel Antéchrist-personne, pour sa condamnation, mettra à mort l'Épouse du Christ léprosée et en stade terminal, dans son règne.
           
        Considérons bien que puisque l'acte de la Liberté religieuse est doté de l'infaillibilité ecclésiale, alors, c'est le Saint-Esprit qui veut cet acte, par l'organe immaculé de l'Église. Mais que veut-Il donc dire à nos âmes fidèles, puisque cet acte ecclésial est un péché matériel d'hérésie ? La réponse est toute simple. Le Saint-Esprit, par-là, nous dit, nous montre, qu'Il met Lui-même (c'est ce que signifie la note d'infaillibilité) l'Église du Christ dans l'économie de la Passion, puisque le péché matériel en est la caractéristique essentielle, et que cet acte le manifeste formellement. Voilà le sens de cette infaillibilité dont sont dotés ces actes de péché matériels commis par l'Église à Vatican II... À Vatican II, les Pères modernes crucifient la Foi de l'Église, la font donc rentrer par-là même dans l'économie de la Passion du Christ, mais ils ne renient pas la Foi de l'Église par un péché formel d'hérésie (croyez bien que c'est la même chose pour le pape François : il n'a nulle conscience de professer l'hérésie...).
           
        Il me semble que je peux arrêter là cet exposé sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE", qu'on trouvera écrit plus ex professo au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf. "LA PASSION DE L'ÉGLISE" fait triompher la grâce de Dieu sur le mysterium iniquitatis à l'oeuvre dans "la crise de l'Église", et elle seule le fait.
           
        Comprendre et admettre que nous vivons la fin des temps-Passion de l'Église n'est pas forcément donné à tout le monde. Certaines âmes, mêmes si les choses de la Passion sont clairement dites, ne peuvent pas comprendre, ne comprennent toujours pas. Je n'en ai que trop fait l'expérience depuis plus de vingt ans que je prêche "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Elle déchire un voile dans l'âme, qui anéantit radicalement tout concept humanisé ou mondain du salut... C'est pourquoi lorsque saint Pierre refuse la Passion, Jésus, scandalisé, lui rétorque : "Tu as le goût des choses de ce monde, et non celles de Dieu" (Matth XVI, 23). Il faut vraiment sacrifier toute son humanité pour rentrer dans l'économie de la Passion. Je serai donc fort étonné que tous comprennent ce que je viens d'exposer. Il me semble l'avoir fait cependant le plus simplement, le plus clairement, le plus parfaitement qu'il m'a été possible de le faire, pour que tout le monde comprenne, mais je sais que cela ne sert de rien pour éclairer certaines âmes. Jésus aussi ne fut pas compris lorsqu'il annonça sa Passion à ses Apôtres : comment prétendrais-je, moi petit disciple, être au-dessus du Maître ? Reprochera-t-on à Jésus d'avoir mal expliqué aux Apôtres la Passion ? Non, bien sûr. Jésus est le maître de doctrine, et en plus, aimant les âmes, il est le meilleur pédagogue qu'on puisse trouver pour les enseigner.
           
        Cependant, quand Il prophétise clairement Sa Passion à ses Apôtres, l'homme, dans les Apôtres, dit qu'il "ne comprend rien à cela". Or, pourtant, le Christ la leur annonce en termes simples, faciles à comprendre, absolument non-équivoques, sans images paraboliques, au surplus Sa Passion était déjà révélée dans les écrits inspirés des prophètes de Yahweh que connaissaient fort bien les Apôtres, et auxquels, d'ailleurs, Jésus les renvoie explicitement : "Ensuite, Jésus prit à part les douze, et leur dit : «Voici que nous montons à Jérusalem, et tout ce que a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l'homme s'accomplira. Car Il sera livré aux gentils, et on se moquera de Lui, et on Le flagellera, et on crachera sur Lui ; et après qu'on L'aura flagellé, on Le fera mourir ; et le troisième jour, Il ressuscitera». Mais ils ne comprirent rien à cela ; ce langage leur était caché, et ils ne saisissaient point ce qui était dit" (Lc XVIII, 31-34). Convenons pourtant que c'était on ne peut plus clairement dit ! En soi, donc, il n'y avait pas... à ne pas comprendre. Il y avait juste à entendre le sens obvie, simple et non-équivoque, des mots prononcés par Jésus...
           
        C'est donc bien la chose en elle-même que les Apôtres ne pouvaient admettre, accepter, représentant pour lors tous les hommes dans ce refus de conscientiser la Passion. Et en effet, la Passion est tellement insupportable à l'homme, tellement contre sa nature, qu'il la rejette instinctivement, sans même y réfléchir : elle est vraiment extra-humaine, j'allais écrire... extra-terrestre. Il faut d'ailleurs noter soigneusement que même la très-sainte Humanité du Christ a voulu la rejeter dans un premier mouvement, lequel premier mouvement n'est donc en soi entaché, le Christ étant parfaitement saint, d'aucun péché ("Père, s'il se peut, que ce Calice s'éloigne de Moi..."). Il ne l'a acceptée ("... cependant, non ma Volonté mais la Vôtre" ― Matth XXVI, 39), qu'après être passé par une effrayante suée de sang de tout son Corps, une hématidrose comme l'expriment les spécialistes, c'est-à-dire une sorte d'explosion interne de tout le tissu sanguin sous-cutané, sous le coup d'une émotion extrêmement forte et violente, capable de faire mourir celui qui l'éprouve, un véritable tsunami métabolique, une révolte universelle irrépressible de tout le corps (certains spirituels considèrent d'ailleurs, à très-juste titre, l'Agonie de Jésus au jardin des Oliviers comme une première mort ; il est parfaitement vrai que le Christ serait effectivement mort sur-le-champ s'Il n'avait été physiquement soutenu et conforté par l'Ange envoyé par son Père pour L'assister alors).
           
        L'acceptation nécessaire de la Passion par l'âme fidèle est donc le point du dogme catholique le plus difficile, le plus névralgique, crucial, la pierre de touche du vrai chrétien. Il n'est pas inutile de rappeler que ce fut le seul vrai obstacle que Clovis, notre premier et glorieux roy très-chrétien, eut grand'peine à franchir pour achever sa conversion commencée à Tolbiac ; Grégoire de Tours dans son Historia Francorum nous révèle en effet sa répartie scandalisée à l'évêque Rémy qui le catéchisait, lorsque celui-ci lui lisait le récit de la Passion du Christ ; il sortait alors colériquement son scramasaxe de son fourreau et s'écriait : "Si j'avais été là avec mes francs, JAMAIS le Christ n'aurait été crucifié !" Le brave et fier Sicambre, qui avait alors environ 25 ans, eut tant de mal à accepter que le Christ ait à passer nécessairement par la Passion pour sauver les hommes, que cela retarda l'administration de son Baptême, qui n'eut lieu, contre les coutumes liturgiques de l'époque, qu'à la Noël (on lira avec grand fruit tout le détail de cette remarquable conversion de Clovis, fort intéressante, fort édifiante, en cliquant sur le lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/L'extraordinaireConversionDeClovis.pdf)... En soi donc, il n'est pas du tout étonnant, ni même aucunement répréhensible quant au premier mouvement de révolte de la nature humaine, de voir l'homme, quel qu'il soit, rejeter la Passion le plus loin possible de lui. Surtout quand elle a lieu en Église...
           
        Mais qu'est-ce donc bien que la Passion, pour être aussi insupportable à la nature humaine ? Pour que même le Christ, dans un premier mouvement, s'y recule ? L'Apôtre des nations est celui qui a le mieux défini la Passion du Christ, dont il synthétise admirablement toute l'économie spécifique par ces mots inspirés : "Le Christ a été fait péché pour notre salut". Oh ! alors, on comprend d'un seul coup pourquoi c'est tellement insupportable d'avoir à vivre la Passion, son économie spécifique, car c'est voir tout son être, toute sa personne, invinciblement formaté à la matière du péché ; et ce, nonobstant le for interne de celui qui est "fait péché", qu'il soit parfaitement innocent quand il s'agit du Christ ou de l'Église, ou bien plus ou moins innocent, quand la Passion visite les âmes des pauvres cloportes du Seigneur que nous sommes tous. C'est extraordinairement contraire à la nature humaine créée par Dieu pour le Bien, et c'est pourquoi une autre formule de saint Paul est de définir la Passion comme "une si grande contradiction" (He XII, 3).
           
        Or donc, si je médite ainsi sur la Passion, c'est parce que l'Église catholique, apostolique et romaine, la vit de nos jours, dans le cadre apocalyptique de la fin des temps. Et c'est pourquoi il est si dur pour les théologiens, d'en prendre bon acte : "Tout, Seigneur, mais pas ça", clament-ils tous dans le fond secret de leurs âmes, les tradis comme les modernes, en écho bien peu glorieux aux onze Apôtres fuyant la Passion (dont il faut se rappeler que l'un d'entre eux est mort en odeur de damnation...), secouant leurs manteaux dans la poussière à l'instar des juifs rebelles et orgueilleux. L'examen théologique rigoureux et complet des assises de la "crise de l'Église" révèle en effet formellement et sans fard la "si grande contradiction" où elle se trouve depuis Vatican II avec sa Constitution divine, sa mise en état de péché matériel pour notre salut, et révèle donc que l'Église vit la Passion.
           
        Oui, même lorsque la Passion-fin des temps s'actualise clairement dans le monde et dans l'Église, l'humain ne veut pas le voir (contre le précepte formel de Jésus-Christ : "Quand vous VERREZ ces signes, etc." ― Matth XXIV, 33), ne veut pas en prendre conscience, avec pourtant devant les yeux les évidences les plus criées par le Saint-Esprit qu'il en est bien ainsi. Et c'est pourquoi le Saint-Esprit lui propose un collyre pour ouvrir ses yeux.
           
        L'homme moderne ne veut pas ouvrir ses yeux sur les signes eschatologiques infailliblement annoncés par le Saint-Esprit dans la sainte-Écriture pour révéler formellement que nous sommes à la Passion-fin des temps, et tous actualisés formellement dans notre contemporanéité... Et pourtant, il se rend bien compte qu'ils sont réalisés, ces signes, mais factuellement seulement. Le fait lui-même du signe eschatologique advenu à son époque dans le monde et l'Église va jusqu'à le bouleverser, le commotionner beaucoup, mais il ne comprend pas que... c'est un signe eschatologique !!
           
        Je vais en prendre un exemple illustre dans la personne de Benoît XVI. J'ai lu avec un grand intérêt ses Notes relatives au gravissime problème des mauvaises mœurs dans l'Église contemporaine, rédigées en vue du sommet des présidents des conférences épiscopales convoqué à Rome par le pape François, du 21 au 24 février dernier. Benoît XVI est une âme attachante et émouvante. Ce bulldozer de la pensée est un allemand et, inné en lui, il a la qualité du génie catholique allemand, à savoir une spiritualité chaude et cordicole, fondée sur l'amour mystique et vécue concrètement, toute empreinte d'une ferveur simple, familiale et communicative. Malheureusement, Joseph Ratzinger est né à l'époque des faux-prophètes, et il a ingurgité, dans tout l'élan généreux de sa jeunesse sacerdotale, le poison moderne et même moderniste, qui a perverti son grand esprit, il semble bien, hélas, à jamais quant à cette terre. Cependant, surtout dans ces dernières années, même avant sa démission du Siège pontifical, il a manifesté, et de plus en plus et de mieux en mieux, une volonté sincère de conversion véritable, pour revenir au vrai de la Religion. C'est singulièrement perceptible et émouvant dans ses Notes. Dieu lui en tiendra sûrement un grand compte.
           
        Ceci dit, son esprit est toujours dans l'aveuglement de l'homme moderne. Sa conversion spirituelle personnelle, manifestée d'une manière si édifiante dans lesdites Notes, ne va pas jusqu'à expurger de sa Foi les hérésies de Vatican II, très-notamment la très-athée Liberté religieuse, ne va pas jusqu'à conscientiser les signes eschatologiques que manifeste "la crise de l'Église". Il n'est pas le seul, parmi les hauts-prélats actuels, à ne pas pouvoir le faire, quand bien même il y a de leur part constat très-réaliste, mais seulement factuel, de "la crise de l'Église" et de la Foi. Je fais allusion notamment au cardinal Sarah, conservateur, qui, lui aussi, dénonce bien le fait de "la crise de l'Église", mais sans mieux comprendre que Benoît XVI que ce fait constaté est... l'irruption soudaine, dans la vie des hommes et de l'Église, d'un signe eschatologique formel advenu à notre époque (et à notre époque seulement), signifiant que nous vivons les temps ultimes du monde avant la Parousie.
           
        Voyons cela de plus près. Benoît XVI, dans ses Notes, a très-bien posé le diagnostic précis de "la crise de l'Église" : l'absence de Dieu, la perte de la Foi en Dieu même dans l'Église. Je laisse le cardinal Sarah, qui s'est, à juste titre, enthousiasmé de ces Notes de Benoît XVI, nous le dire dans la synthèse qu'il en a faite :
           
        "Comment pourrions-nous résumer la thèse de Benoît XVI ? Permettez-moi de le citer simplement : «Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En dernière analyse, la raison en est l’absence de Dieu» (III, 1). Tel est le principe architectonique de toute la réflexion du pape émérite. Telle est la conclusion de sa longue démonstration. (...) La crise de la pédophilie dans l’Église, la multiplication scandaleuse et effarante des abus a une et une seule cause ultime : l’absence de Dieu. Benoît XVI le résume en une autre formule tout aussi claire, je cite : «C’est seulement là où la foi ne détermine plus les actions de l’homme que de tels crimes sont possibles» (II, 2). (...) Mesdames, Messieurs, le génie théologique de Joseph Ratzinger rejoint ici non seulement son expérience de pasteur des âmes et d’évêque, père de ses prêtres, mais aussi son expérience personnelle, spirituelle et mystique. La crise des abus sexuels est le symptôme d’une crise plus profonde : la crise de la foi, la crise du sens de Dieu. (...) Le Pape Ratzinger veut montrer et démontrer qu’un climat d’athéisme et d’absence de Dieu crée les conditions morales, spirituelles et humaines d’une prolifération des abus sexuels. (...) Les explications psychologiques ont certes leur intérêt, mais elles ne font que permettre de repérer les sujets fragiles, disposés au passage à l’acte. Seule l’absence de Dieu peut expliquer une situation de prolifération et de multiplication si épouvantable des abus. (...) il faut dire que les enquêtes à propos des abus sur mineurs ont fait apparaître la tragique ampleur des pratiques homosexuelles ou simplement contraires à la chasteté au sein du clergé. Et ce phénomène est lui aussi une douloureuse manifestation, comme nous le verrons, d’un climat d’absence de Dieu et de perte de la foi" (fin de citation). Et Benoît XVI, de dire : "Une société sans Dieu (une société qui ne le connaît pas et qui le considère comme n'existant pas) est une société qui perd sa mesure. C'est à notre époque que le slogan «Dieu est mort» a été forgé. Lorsque Dieu meurt effectivement au sein d'une société, elle devient libre, nous assurait-on. (...) La société occidentale est une société dont Dieu est absent de la sphère publique et qui n’a plus rien à lui dire" (Notes).
           
        ... Fort bien ! Le constat est fort bien fait. Mais ni Benoît XVI ni le cardinal Sarah ne prennent la moindre conscience que leur constat dramatique et très-bien diagnostiqué d'une perte générale de la Foi dans toutes les âmes, cause formelle de l'affreuse débandade des mœurs dans le monde entier (et pas seulement chez les clercs), révèle ipso-facto, par le fait même, l'incarnation dans le monde et l'Église d'un signe eschatologique.
           
        Ils auraient dû commencer par remarquer une chose extraordinaire, qu'ils n'ont même pas remarqué, c'est à savoir que la disparition, l'anéantissement radical de la Foi et de la croyance en Dieu dans les âmes de toute une génération in globo, touchant avec une soudaineté étrange et spectaculaire l'humanité et l'Église dans les années 1968 et post, période que retient à fort juste titre Benoît XVI, EST ABSOLUMENT UNIQUE DANS TOUTES LES ANNALES DE L'HISTOIRE DU MONDE ET DE L'ÉGLISE DEPUIS LE PASSAGE DU CHRIST SUR LA TERRE IL Y A 2 000 ANS. IL N'Y A PAS DE PRÉCÉDENT HISTORIQUE DANS AUCUN SIÈCLE CHRÉTIEN D'UNE TELLE SITUATION DE PERTE UNIVERSELLE ET RADICALE DE LA FOI DANS LES ÂMES D'UNE GÉNÉRATION, DE PRÈS OU DE LOIN. Mais ni Benoît XVI ni le cardinal Sarah n'ont noté cela, qui était le plus important à remarquer, et qui leur aurait révélé immédiatement la signification, le sens profond de cette situation spirituelle globale d'anéantissement de la Foi dans les âmes à notre époque et à notre époque seulement, à savoir : L'INCARNATION DU SIGNE ESCHATOLOGIQUE DE LA GRANDE APOSTASIE ANNONCÉE PAR SAINT PAUL COMME SIGNE TOPIQUE DES TEMPS DE LA FIN OÙ DOIT SE MANIFESTER L'ANTÉCHRIST-PERSONNE : "Que personne ne vous séduise en aucune manière [en vous faisant croire que la Parousie est proche] ; car il faut que l'apostasie arrive auparavant, et qu'on ait vu paraître l'homme de péché, le fils de la perdition" (II Thess II, 3). Le terme grec apostasie signifie en effet : perte radicale et complète de la Foi.
           
        ... Éh bien ! Voyez, considérez, touchez du doigt comme l'aveuglement possédant les meilleurs esprits, sur l'actuation de la fin des temps à notre époque, est vraiment stupéfiant, presque incroyable. Benoît XVI, le cardinal Sarah, sont on ne peut plus conscient du fait du signe eschatologique de la grande Apostasie, ils en ont vraiment pris conscience, d'une manière édifiante, mais... ils ne prennent pas du tout conscience qu'il s'agit d'un signe eschatologique !!! Et ils ne prennent pas plus conscience que Vatican II concrétise l'incarnation du signe eschatologique de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint...
           
        C'est pourquoi on voit Benoît XVI dans ses Notes, et le cardinal Sarah après lui, se tromper d'une manière fort grave quant à l'avenir de l'Église, qu'ils ne voient pas du tout devoir mourir aux termes eschatologiques de cette crise ecclésiale pourtant finale que nous sommes en train de vivre (et de mourir). Je cite : "... Alors Mesdames, Messieurs, pour conclure je vous redis avec le Pape Benoît : oui, l’Église est pleine de pécheurs. Mais elle n’est pas en crise, c’est nous qui sommes en crise. Le diable veut nous faire douter. Il veut nous faire croire que Dieu abandonne son Église. Non, elle est toujours «le champ de Dieu. Il n’y a pas seulement l’ivraie mais également les moissons de Dieu. Proclamer ces deux aspects avec insistance ne relève pas d’une fausse apologétique : c’est un service qu’il est nécessaire de rendre à la vérité», dit Benoît XVI. Il le prouve, sa présence priante et enseignante au milieu de nous, au cœur de l’Église, à Rome nous le confirme. Oui, il y a parmi nous de belles moissons divines". Et Benoît XVI, de préciser : "Il est très important de contrer les mensonges et demi-vérités du diable au moyen de la vérité tout entière : oui, il y a des péchés dans l’Église, il y a du mal. Mais aujourd'hui encore il y a la sainte Église, qui est indestructible. Aujourd'hui il y a beaucoup de gens qui croient, souffrent et aiment humblement, dans lesquels le vrai Dieu, le Dieu d’amour, se montre à nous. Aujourd'hui encore Dieu a ses témoins (ses «martyrs») dans le monde. Nous devons simplement veiller, pour les voir et pour les entendre" (Notes).
           
        L'Église, pas en crise ? Allons, cardinal Sarah, ayez le bon courage de la Foi. Si "la crise de l'Église" ne nous obligeait pas à faire le constat d'actes magistériels hérétiques dotés de l'infaillibilité, comme c'est éminemment le cas avec Dignitatis Humanae Personae, alors, effectivement, l'Église ne serait pas "en crise" attaquant le cœur même de sa Constitution divine. Mais, je l'ai montré au début de ces lignes, ce n'est pas du tout le cas. Vatican II prouve formellement que c'est d'abord l'Église qui est en crise, nous les simples fidèles ne sommes "en crise" qu'après coup.
           
        L'Église, pas indestructible ? Hélas ! Aux temps du Christ, les juifs pieux pensaient la même chose de leur Église dans son économie synagogale-mosaïque de constitution divine. L'Ancien-Testament l'atteste : elle avait, elle aussi tout comme notre économie de salut du Temps des nations et de Rome son centre, reçu de Yahweh des promesses d'indéfectibilité et surtout d'éternité... et cependant, l'évènement l'a prouvé, elle a été destructible. Et le même sort attend notre économie de salut ecclésiale actuelle. Et la raison théologique en est que l'Église est certes éternelle dans son Principe divin (elle naît en effet dans le Sein de Dieu avant tous les Temps et y retourne à la fin du monde), mais les différentes économies de salut par lesquelles l'Église s'incarne sur cette terre, in via, ne sont pas, quant à elles toutes et chacune, éternelles.
           
        L'Église, pas abandonnée par Dieu ? C'est refuser la réalité profonde des choses ecclésiales actuelles. Car, contrairement à ce que dit le cardinal Sarah, ce n'est pas du tout le diable qui veut faire croire à l'abandon de l'Église. L'Église est vraiment abandonnée par Dieu. Exactement comme le Christ fut abandonné par Dieu son Père sur la croix. Et Jésus, Lui, contrairement à nos conservateurs et à nos traditionalistes qui ne veulent pas conscientiser le fond des choses, s'en rendit bien compte, Il ne chercha pas à travestir les faits en refusant d'en prendre conscience, au contraire, Il cria à son Père qu'Il L'abandonnait, carrément, crûment, sans fausse honte : "Eli, Eli, lamma sabachtani !, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-Tu abandonné ?" Si Benoît XVI et le cardinal Sarah, pour ne parler que d'eux, s'étaient inspirés de la prophétie de La Salette, ils l'auraient compris, cet abandonnement, la très-sainte Vierge prophétisant clairement dans le Secret donné à Mélanie Calvat, pour les temps de l'Antéchrist-personne : "Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes", abandon général qui bien entendu regarde au premier chef l'Église elle-même.
           
        Il faut d'ailleurs faire une réflexion spirituelle très-importante, sur cela : certes, dans la période de la fin des temps, les hommes abandonnent Dieu par la grande Apostasie, puisque c'est un signe eschatologique, mais en un mouvement on pourrait dire simultané, Dieu, en même temps, abandonne les hommes. Alors, qui... commence ? Est-ce Dieu qui d'abord abandonne les hommes en retirant d'eux sa Grâce dans leur vie, et alors, les hommes, déboussolés, abandonnent Dieu à leur tour ? Ou alors, sont-ce les hommes qui commencent à abandonner Dieu eux les premiers, et alors, Dieu, par punition, se retire de leur vie, les abandonne à Son tour ? Je crois que c'est Dieu qui commence. D'ailleurs, c'est toujours Lui qui commence, l'homme ne fait que suivre. Lorsque son Père a abandonné Jésus à "la puissance des ténèbres" pour qu'Il vive la Passion et donc pour qu'Il puisse opérer la Rédemption, Jésus, faut-il avoir à en apporter la précision, n'était, de Sa part, coupable d'aucun abandon préalable de Dieu. Il n'avait pas abandonné Dieu son Père. Cela n'a pas empêché que Dieu L'a abandonné. Il en est de même pour l'humanité présente vivant sa Passion-fin des temps : c'est Dieu qui abandonne l'homme, non pour le perdre, mais pour lui faire vivre une Passion en le plongeant dans une kénose de tout son être. Car l'être de l'homme, plus encore lorsqu'il s'agit de "l'homme multiplié", comme disait Dom Guéranger de l'humanité entière, n'est plus rien quand Dieu se retire de lui... Alors, n'étant plus rien, la boussole de son être ayant disparue, ce que remarque très-bien Benoît XVI dans ses profondes Notes, l'homme s'affole, et a la tentation de quitter la voie du salut. C'est là la grande différence avec Jésus : d'être plongé dans la kénose de son être ne Le fait pas quitter la voie du salut ; tandis que l'homme moderne, lui, ne supportant pas cette kénose, ne soutient pas l'épreuve sans se mettre étourdiment dans des voies de péché...
           
        Il est bien vrai par ailleurs, et il est important de le dire certes, qu'il y a toujours, ... Dieu merci !, de belles âmes aimant Dieu et se sanctifiant à la fin des temps ultimes, exactement comme en tous les temps de l'Église, comme le remarquent Benoît XVI et le cardinal Sarah. Mais que l'homme superficiel n'en profite pas pour s'illusionner sur l'abandon mystique de l'Église par Dieu, bien réel, ni non plus sur le fait que l'Église va mourir dans son économie de salut actuelle dite du Temps des nations avec Rome son centre ; qu'il n'en profite pas, donc, pour refuser de conscientiser qu'il vit la fin des temps.
           
        Benoît XVI, et le cardinal Sarah avec lui, prennent donc bien conscience du fait factuel d'un signe eschatologique actualisé, incarné à notre époque, mais ils ne prennent nullement conscience qu'il s'agit... d'un signe eschatologique ! Quel étrange et incroyable aveuglement !!! Et les traditionalistes n'ont pas une autre attitude. Eux aussi prennent bien conscience du fait de l'hérésie doctrinale dans Vatican II, mais ils ne veulent pas conscientiser que cedit fait révèle l'actuation formelle d'un signe eschatologique qui s'appelle... l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. S'ils sont lefébvristes ou assimilés, ils refusent de le conscientiser en rejetant hérétiquement la note d'infaillibilité attachée au décret Dignitatis Humanae Personae (ce qui leur permet, ledit décret n'étant soi-disant pas couvert par l'infaillibilité, de nier que Dignitatis Humanae Personae manifeste l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint) ; s'ils sont sédévacantistes, ils refusent de le conscientiser en niant schismatiquement que le pape signataire dudit décret hérétique soit pape, rejetant hérétiquement la règle prochaine de la Légitimité pontificale que j'ai rappelée dans mon dernier article, à savoir l'infaillibilité de la reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur un tel, dont Paul VI, évidemment, avait dûment bénéficié (ce qui leur permet de fuir la "si grande contradiction" manifestée par un vrai pape signataire d'un décret magistériel matériellement hérétique, donc de nier eux aussi que Dignitatis Humanae Personae manifeste l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint).
           
        Il est temps de finir mon travail. L'article de l'abbé Jean-Michel Gleize, de la Fsspx, dans Le courrier de Rome d'avril 2019 (année LIII, n° 620), va m'en donner l'occasion et le larron. J'y lis que notre clerc lefébvriste critique avec hauteur l'exposé qu'a fait Mgr Athanasius Schneider, assez remarquable, sur le cas d'un pape hérétique en tant que docteur privé (on peut trouver son étude ici : https://www.medias-presse.info/une-etude-de-mgr-schneider-face-au-cas-tragique-dun-pape-heretique/106513/). Le texte est critiquable, c'est sûr, mais la position ecclésiologique de Mgr Lefebvre quant à cette question... l'était bien davantage. Il aurait été souhaitable que l'abbé Gleize s'en souvienne et balaye devant la porte de la Fsspx avant de s'autoriser à balayer devant celle des autres. Présenter en effet la position de Mgr Lefebvre dans "la crise de l'Église", ainsi que le fait l'abbé Gleize dans son article, comme le fin du fin d'une "sagesse toute surnaturelle" de ce qu'il fallait faire et ne pas faire, est théologiquement... indécent.
           
        Certes, il faut reconnaître à Mgr Lefebvre le rare et grand mérite d'avoir été "le premier et le seul", c'est vrai, "à dénoncer efficacement le grand scandale introduit dans l’Église par le concile Vatican II et entretenu depuis par Paul VI et tous ses successeurs", c'est encore parfaitement vrai. Mais il est encore plus vrai qu'il ne prit jamais, et ne voulut jamais prendre, la mesure théologique authentique de "la crise de l'Église", celle ordonnée apocalyptiquement à la fin des temps que je mets sur le chandelier dans cet article. À savoir que le problème de fond est l'hérésie, non pas d'un pape en tant que docteur privé, mais de toute l'Église Universelle. Il s'est enlisé lui aussi, comme tout le monde et pas mieux que tout le monde, dans la dialectique "unacumiste-non-unacumiste", c'est-à-dire dans la fausse problématique de faire résider le problème théologique de "la crise de l'Église" sur la question d'un pape hérétique en tant que docteur privé, et dont il faut savoir s'il est légitime ou bien non. Ce qui est un faux problème ; le vrai problème, que je viens de rappeler, étant celui d'un pape manifestant l'hérésie de l'Église Universelle et non la sienne personnelle. Et ça, Mgr Lefebvre ne l'a jamais compris en son temps, et pas plus ne le comprennent de nos jours aucun de ses fils spirituels, à commencer par l'abbé Gleize.
           
        Par ailleurs, même si l'on restait dans la problématique d'un pape hérétique en tant que docteur privé, il serait bon que l'abbé Gleize saisisse que la position adoptée par Mgr Lefebvre face à ce cas d'école, loin d'être le fin du fin de la "sagesse toute surnaturelle" en telle occurrence, est... la plus scandaleuse de toutes. Sa solution prétendument supérieure consistait en effet à fuir le problème, sous le vain et très-mauvais prétexte que le plus important est de s'occuper à entretenir la Foi d'une manière pratique, en laissant de côté si un pape hérétique en tant que docteur privé l'est vraiment, et s'il doit être déposé ou bien non, etc. Or, Mgr Lefebvre, et ses fils prêtres actuels et singulièrement leur theologus attitré l'abbé Gleize, n'ont oublié qu'une chose, mais elle est capitale : c'est que la Foi catholiquement et authentiquement vécue dans "l'aujourd'hui de l'Église" inclut d'avoir à savoir formellement quel est le pape actuel, puisqu'il est... règle prochaine de la Foi ! On ne saurait donc prétendre vivre pratiquement de la Foi... si l'on ne sait pas quel est le pape actuel. Car la Foi ne peut être connue, dans une génération ecclésiale donnée, que par le pape actuel. Donc, arguer, comme le faisait Mgr Lefebvre, que, en présence d'un pape hérétique en tant que docteur privé, la "sagesse toute surnaturelle" consiste à laisser le problème de côté, en continuant simplement à faire vivre doctrinalement et liturgiquement la Foi du passé dans les âmes, c'est-à-dire à entretenir sa petite popote de Foi domestique, est... professer implicitement l'hérésie. L'hérésie, à laquelle les lefébvristes ne nous ont que trop habituée, à savoir de penser qu'on peut entretenir la Foi actuelle soi-même tout seul sans le pape actuel, un pape actuel pourtant toujours règle prochaine de la Foi.
           
        Le premier devoir du catholique, s'il y avait une fois dans la vie de l'Église militante le cas d'un pape hérétique en tant que docteur privé (il est bon de rappeler que c'est un cas d'école purement hypothétique, qui non seulement n'est jamais arrivé dans l'Église de manière formelle depuis 2 000 ans, les Libère et autres Honorius n'ayant été hérétiques que matériellement et très-faiblement -si tant est qu'ils l'aient été, c'est loin d'être sûr historiquement-, mais qui ne peut pas même arriver à cause de la Constitution divine de l'Église, ainsi que le professe par exemple saint Robert Bellarmin), ce premier devoir disais-je, est, à l'opposé de ce que pensait Mgr Lefebvre : de commencer par régler ce problème. Et non pas de l'évacuer par une fuite lâche et honteuse, qui montre soit dit en passant, qu'on ne comprend pas le fondement de la Foi basé sur l'expression infaillible du Magistère actuel résidant in capite dans le pape actuel, et qu'on a une pratique de la Foi à saveur schismatique. Et il n'est pas nécessaire de pousser beaucoup l'hétérodoxie du raisonnement de Mgr Lefebvre, pour arriver à l'hérésie lefébvriste qui consiste à nier le Magistère de l'Église du présent pour s'en tenir, par un jugement de "libre-examen" hérétique, tout ce qu'il y a de plus protestant, à l'Église du passé ou Tradition.
           
        Repousser l'examen de l'hérésie d'un pape en tant que docteur particulier à plus tard, "dans vingt ou quarante ans" est tout simplement une fuite lâche et honteuse similaire à celle des onze Apôtres fuyant et abandonnant le Christ lorsqu'Il eut à vivre sa Passion. Et soit dit en passant, on voit de nos jours l'inanité complète de ce raisonnement fait par Mgr Lefebvre dans les années 1980 : car... nous y sommes, nous, en 2019, "quarante ans" après !! Et le problème ne s'est pas résolu tout seul, comme ça, par miracle, c'est encore et toujours la bouteille à l'encre pour ceux qui veulent en rester à la fausse perspective de vouloir considérer "la crise de l'Église" sous l'angle complètement erroné d'un pape hérétique en tant que docteur privé. Et c'est pourquoi, quarante ans après que Mgr Lefebvre ait prononcé sa phrase qui fuit lâchement et honteusement le problème de fond, on voit les tradis qui veulent s'en tenir là fonctionner toujours et encore dans ce mortifère et scandaleux "cercle d'erreurs et de disputes, qui tourne incessamment sur lui-même" (saint Hilaire de Poitiers, au temps de l'arianisme), ... entre sédévacantisme et unacumisme mon cœur balance !, se battre dans des combats qui, dans la situation apocalyptique VRAIE de "la crise de l'Église", n'ont théologiquement ni queue ni tête, inspirés qu'ils sont par le diable qui, soufflant en riant sur les braises de l'imbécilisme et du sectarisme tradi, en tire seul, quant au salut des âme, tout profit, autour de la fausse question de la légitimité ou bien non des papes modernes... ou de fuir la question tout en y restant pour le fond, en prétendant vivre sa Foi sans tenir compte du pape actuel, tel Mgr Lefebvre.
           
        Pour finir, je trouve que le rôle que prend l'abbé Gleize dans son article par rapport à Mgr Athanasius Schneider, celui d'un donneur de leçons, ne lui convient pas vraiment ; je lui suggère plutôt de prendre une ardoise d'écolier et d'y inscrire à la craie blanche dessus ce que la Fsspx n'a encore jamais voulu admettre, à commencer certes par Mgr Lefebvre de son vivant, à savoir que le concile œcuménique de Vatican II est l'expression formelle du Magistère ordinaire & universel, et que, si tous les décrets vaticandeux n'en sont pas pour autant dotés de l'infaillibilité, certains le sont indéniablement, tel par exemple Dignitatis Humanae Personae. Quand il aura réussi à écrire cela à la craie blanche comme la soutane du pape sur son ardoise scolastique, il pourra penser à apporter voix au chapitre. À toutes bonnes fins utiles, je mets ici le lien de ma réfutation en règle de la position théologique hétérodoxe de la Fsspx dans "la crise de l'Église" : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/8-refutation-de-la-these-lefebvriste.
           
        ... Quand je pense aux tradis, à quelque mouvance ils appartiennent, me tourne et retourne dans la tête la boutade qu'un vieil ami, décédé maintenant, m'avait sortie un jour : "Si on a les châtiments, ce sera à cause des tradis !" Non, ils ne valent vraiment pas mieux que les modernes...
           
        Une fois n'est pas coutume, je prendrai pour finir de finir mon article, un texte tiré de... l'Église moderne, de son Catéchisme de l'Église Catholique, texte que n'a pas manqué de remarquer Mgr Athanasius Schneider et qu'il a cité, dont il est d'ailleurs vraiment permis de se demander comment l'Église moderne a bien pu encore avoir la grâce de le professer, au sein de ses indénombrables matériels reniements, hérésies et apostasie, puisqu'il professe la vérité apocalyptique des derniers temps de l'Église :
           
        "L'Épreuve ultime de l'Église.
           
        "675. Avant l'Avènement du Christ, l'Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la Foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre, dévoilera le «mystère d'iniquité» sous la forme d'une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes, au prix de l'apostasie de la vérité. L'imposture religieuse suprême est celle de l'Anti-christ, c'est-à-dire celle d'un pseudo-messianisme où l'homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair".
           
        ... Nous sommes prévenus donc, même par... l'Église moderne !!
           
        Je souhaite bon courage à tous mes lecteurs pour garder la Foi jusqu'au Retour du Christ glorieux.
 
En la grande fête de l'Ascension,
ce jeudi 30 mai 2019.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
30-05-2019 08:25:00
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