Lettre au TRP Antoine de Fleurance
sur une grave question politique
 
 
 
Argentré-du-Plessis,                                                                      ce 27 mai 2020.
 
           
        Très-Révérend Père Antoine de Fleurance,
           
        J'ai pris connaissance sur Internet de votre Communiqué relatant la "victoire" de Civitas [lire ci-dessous], et il m'a beaucoup déplu, en tant que catholique.
           
        En effet, vous vous entretenez encore, très-malsainement sur le plan spirituel, dans l'utopie du pape Léon XIII, voulant à toutes forces mais contre la réalité politique des choses de l'après-Révolution, qu'il y ait une possibilité de restauration chrétienne de la société dans le cadre républicain actuel.
           
        Or, il n'y en aura aucune. Parce qu'il ne peut y en avoir aucune. C'est vouloir vivre sa Foi dans une illusion cruelle et fort dangereuse que de vouloir croire le contraire.
           
        Nos sociétés politiques post-révolutionnaires qu'un Louis Veuillot appelait les filles de Babylone sont en effet toutes CONSTITUTIONNELLEMENT ATHÉES. Il n'y a donc strictement aucune possibilité de restauration chrétienne à attendre à partir d'elles, par exemple en les forçant à faire des "bonnes lois". L'utopie de Léon XIII qui posait faussement : "Respectez la constitution, mais changez les lois" est une folie totale. Il suffit de lire l'Évangile pour comprendre, par la bouche de la Vérité et de la Sagesse incarnées, qu'un mauvais arbre ne peut produire de bons fruits, comme le voulait Léon XIII et comme vous continuez à le vouloir à sa suite. À supposer en effet qu'une bonne loi respectant Dieu et/ou la loi naturelle puisse être passée au législatif dans nos sociétés politiques constitutionnellement athées, elle serait... inconstitutionnelle ! Et ne tarderait donc pas à être expurgée du corpus législatif, comme étant antinomique audit corpus, car toute loi dudit corpus doit être en adéquation obligée avec la constitution athée et anti-naturelle de la République française v. 5.0. Par le constat du fiasco total de la "politique" de Léon XIII il y a plus de cent ans maintenant, les catholiques sérieux auraient tout-de-même dû, ... depuis le temps !!, se rendre compte de son erreur totale.
           
        La vérité vraie de notre situation est qu'il n'y a plus rien à faire dans le contexte sociopolitique actuel, sauf à souffrir au pied de la Croix, parfaitement et complètement impuissants, ligotés de partout comme le Christ de la Passion le fut. Spirituellement, cela n'équivaut cependant pas à ne rien faire, il s'en faut, il s'agit, ce qui est très-différent, de faire rien, c'est-à-dire en fait, il s'agit de faire TOUT, comme le Christ a TOUT fait du haut de sa Croix il y a 2 000 ans : il s'agit, TOUT EN RESTANT PARFAITEMENT IMMOBILES AU FOR EXTERNE, d'être crucifiés et par-là même, d'Å“uvrer en co-rédempteurs au salut des âmes, dans la position certes bien éprouvante d'être foulés aux pieds et conspués par le monde, un monde maudit pour lequel il est bon de se rappeler que le Christ a dit qu'Il "ne priait pas"  (Jn XVII, 9).
           
        Donc, mon Très-Révérend Père, ne prenez pas le "succès" de Civitas, mouvement activiste genre catholepéniste que les prêtres tradis ont hélas créé dans leur profond aveuglement, comme un bouleversement de fond, ce n'est à tout le plus qu'une victoire dans l'épiphénomène des choses, une petite vaguelette sans doute étonnante mais sans suite, sans lendemain. Rappelez-vous "l'anti-89" de l'abbé Paul Aulagnier, où, en plein centre de Paris, dans l'année tristement commémoratrice 1989, des milliers de tradis avaient manifesté librement leur réprobation de la Révolution ; c'était autrement "emblématique" que la petite victoire actuelle de Civitas ! J'entends encore l'abbé Aulagnier dire solennellement : "Il y aura un avant notre anti-89, et un après", sous-entendu : c'est une vague de fond qui va absolument tout bouleverser dans les esprits, tout changer dans les mentalités en France. Demain, la Chrétienté !... Allons, allons !, soyons sérieux, remettons les pieds sur terre : qui se souvient encore, en 2020, de cette "victoire" de "l'anti-89"...?!! Non, la vérité, c'est : Demain, le règne de l'Antéchrist-personne, qui sera la Passion-fin des temps de la société et de l'Église. Usque ad mortem.
           
        Pour le vrai catho de nos jours, il s'agit en effet de mourir en union avec le Christ sur la croix. C'est difficile ? C'était difficile aussi pour Jésus, notre Maître à tous. Il l'a fait. Il veut que nous le fassions à Sa suite.
           
        ... Aurez-vous le courage d'aller jusque là ? Je crois que saint François d'Assise, votre très-saint Patron, lui, aurait eu ce courage. Nous sommes aux temps de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", mon Très-Révérend Père, je vous répète qu'il s'agit donc non pas de ne rien faire, ce qui est de l'oisiveté passive, mais de faire rien, ce qui est l'acte surnaturel le plus méritant et méritoire quand il est accouplé à celui du Christ vivant sa Passion sur la croix.
           
        Par égard pour vous, mon Très-Révérend Père, voyant avec pitié et inquiétude le fort mauvais chemin que vous empruntez (non certes pas par malice bien sûr), je veux, par Charité vraie, faire l'effort de vous désillusionner de vos illusions de trop vouloir faire, aux temps de la Passion de l'Église. C'est pourquoi je vous envoie par les présentes un tirage papier spécial de mon dernier article qui vous révèlera, car vous ne les connaissez pas pour l'instant, les assises profondes de "la crise de l'Église". Voici le titre de cet article : Les MÅ“urs ecclésiales concordataires avec les États modernes athées sont la cause première de "la crise de l'Église" ; la subversion de la Foi à Vatican II n'en est que le fruit pourri.
           
           
        Je prie pour que vous ayez le bon et chrétien courage de vous y intéresser, et surtout d'accepter, pour le plus grand bien spirituel de votre âme et des âmes que vous avez sous votre responsabilité sacerdotale et morale, la vérité que vous y lirez.
           
        Avec tout mon respect,
           
        Veuillez agréer, Très-Révérend Père Antoine de Fleurance, l'expression de mes sentiments les plus catholiques,  
 
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
http://www.eglise-la-crise.fr/
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Communiqué des Capucins de Tradition
à la suite de la victoire obtenue devant le Conseil d’État
pour rendre la Messe aux catholiques
  
 
21 mai 2020
           
        Il faut saluer la belle victoire remportée par les laïcs de Civitas et de tous ceux qui leur ont emboîté le pas pour obtenir devant le Conseil d’État la condamnation du gouvernement français et le contraindre à réformer son décret du 11 mai 2020 gravement attentatoire aux libertés du culte et des catholiques.
           
        Ces catholiques, par leur initiative, leur détermination réfléchie et leur courage, viennent de démontrer qu’un combat politique contre l’arbitraire et l’oppression était possible et nous tenons à les remercier de tout cÅ“ur et à les encourager dans leurs entreprises pour le règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
           
        Au vu de ce succès emblématique, nous prions Dieu pour que leur action dans la cité soit soutenue par un nombre grandissant de catholiques.
           
        Avec ma bénédiction.
 
Très Révérend Père Antoine de Fleurance,
Custode des Capucins de Tradition
 

 

15-06-2020 08:53:00
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